Volet 3 du voyage.
Résumé condensé, accompagné de quelques photos, de notre
circuit
Treize petits diaporamas sont visibles, voir à la fin du récit...
Vendredi 21 Janvier
8 heures. L’arrivée à l’embarcadère de Nyaung Shwe est un
enchantement, nous découvrons un chenal aux eaux rougeoyantes encore couvert
par une petite brume matinale. La journée devrait être intéressante et riche en
émotions.
L’embarcadère est un imbroglio de pirogues traditionnelles ou à moteur, moyen de transport utilisé sur le lac.
Nous prenons place dans l’une d’elles, celles pour touristes ont cinq chaises posées les unes derrières les autres, permettant d’admirer facilement le lac, ses villages et ses habitants. Couverture, parapluie et …. gilet de sauvetage sont à notre disposition. Le matin à cette saison, la température sur le lac peut être fraîche, vaut mieux prévoir un pull et un bon coupe-vent.
Le lac Inlé, (point N° 13 carte itinéraire) la perle du plateau shan, est un lac d’eau douce (22kms x 11kms) son altitude est de 884 m, peu profond : de 2,10 m à 4 m selon les saisons, c’est la destination touristique majeure du pays.
Quatre
villes ont été construites sur ses rives, mais de nombreux petits villages ont
été bâtis sur le lac lui-même, les maisons sur pilotis sont construites en bois
et palmes tressés. Cette région s’enorgueillit de se nommer « la Venise de
l’Orient » Les 800 000 habitants, des « Shan » sont
principalement pêcheurs ou fermiers.
L’origine des villages
lacustres. Les Intha (les fils du lac) seraient les descendants des
habitants de Tavoy, carrefour de routes commerciales de la péninsule
indochinoise convoité au 12ème siècle. Punis de leur résistance, ils
furent asservis dans les quatre villages autour du lac.
Les Inthas bâtirent des zedis et monastères sur les rives, mais rapidement, les berges du lac ne leur suffirent plus et ils se mirent à construire des habitations sur l’eau. Aujourd’hui on dénombre une vingtaine de villages lacustres.
La balade sur le lac est soumise à un droit d’accès, avec l’obligation d’être rentrés avant la nuit. La partie Nord pas habitée, est le domaine des pêcheurs Inthas, nous les rencontrons rapidement, ils guettent le poisson à l’aide de nasses ou de simples filets.
Leur façon de pêcher est très particulière, unique au monde : en équilibre debout à l’avant de leur embarcation, ils enroulent leur jambe autour d’une gaffe, puis la pousse pour faire avancer leur esquif. Cette manière ancestrale leur permet de progresser dans les canaux très étroits sans s’empêtrer dans la végétation, de distinguer le fond du lac et d’avoir une main de libre. Ils enfoncent lentement la nasse sous l’eau transparente à l’endroit où ils ont repéré le poisson, qui est ensuite harponné. Le poisson le plus abondant dans le lac est la carpe, une des bases de l’alimentation.
Voici la pagode Phaung Daw Oo :
(Xllème siècle) la plus vénérée du lac, construite sur pilotis et très agrandie au fil du temps. A l’intérieur le grand autel central abrite 5 petites statues d’époque, statues rendues difformes par les couches d’or successives apposées par les dévots, on dirait des grosses calebasses
« Ladies are prohibited » encore ! merci Gérard pour le gros
plan de ces semblants de bouddhas sacrés !!!
A proximité de grands hangars qui abritent la barge royale représentant le Karaweik (l’oiseau doré de la mythologie birmane)
En Octobre a lieu le grand festival de la pagode, des dizaines
de barques décorées forment une longue procession précédant la barge royale, ce
bateau sacré et gardé, abrite quatre des statues de la pagode, qui seront honorées
par les moines des différents monastères lacustres.
Dans ces barques, des dizaines de jeunes garçons Inthas, vêtus du costume traditionnel se tiennent debout à l’abri d’ombrelles bouddhiques, ils actionnent les rames avec une seule jambe comme les pêcheurs, à un rythme cadencé et rapide.
Au pied de
la pagode, notre pirogue nous attend, le lac commence à s’animer, nous croisons
de longues barques effilées transportant des passagers ou chargées de provisions, longeons quelques villages.
Les mouettes tournent au-dessus de nos têtes en quête d’un morceau de nourriture.
Les habitants fabriquent de nombreux produits traditionnels, dont ils font commerce : cigares, tissages de soie, pirogues en teck, ombrelles, outils de ferronnerie… ces multiples talents ont fait de cette ethnie l’une des plus riches du pays. Ces divers ateliers font partie du circuit touristique classique, et c’est tant mieux ! ne sont-ils pas l’âme de ce lac !
Un premier atelier : la
fabrique de cheerots, cigares verts de différentes tailles, roulés à la main, cette
petite industrie apporte un revenu régulier à une poignée de femmes. Le filtre
est en papier maïs, le tabac est mélangé avec des herbes. Chaque femme, assise
sur le sol, peut en rouler jusqu’à 1000 par jour. Au fond de la pièce, une étagère
avec divers objets touristiques : objets laqués de qualité, ombrelles,
bijoux, cigares …. Un vase peint d’un motif à l’or fin me tente, son
coût : 15 dollars, lui aussi devra rentrer dans les valises, peut-être
rempli de chaussettes….
Quelques
maisons plus loin, l’atelier familial des forgerons. On y trouve bijoux,
couteaux, hachoirs, statuettes, outils de ferme, gongs, ces forgerons sont
réputés partout dans le
pays. Le fer est récupéré
sur les carcasses des automobiles.
Ce travail de force, exténuant, dans des conditions archaïques, comme d’ailleurs presque partout au Myanmar, se fait à l’aide d’outils manuels.
Une femme, la grand-mère ? assise en hauteur tient deux tiges de bambou reliées à des soufflets, et d’un mouvement répétitif elle donne de la vigueur au feu qui peut atteindre les 800 °. Un artisan chauffe l’objet à façonner.
Les lames de sabre qui servent pour les travaux des champs sont façonnés par trois, voir quatre personnes qui en cadence donnent des coups de massue sur l’enclume. Quant on voit la taille des masses, on ne peut être qu’admiratifs devant cette énergie, cette habilité, et surtout cette dextérité…
Atelier de tissage de soie. Ces maisons construites sur
pilotis abritent une filature de tissus de soie, de coton mais aussi de fils
de lotus. Ces fils serviraient à confectionner des écharpes, des châles, ainsi
que des robes pour les statues de Bouddha… nous y retrouvons les vieux métiers
à tisser en bois sur lesquels s’affairent de jeunes femmes, les fileuses et
leurs roues de vélos.
Extraire la fibre du lotus est une occupation confiée aux femmes plus âgées. Après avoir trempé les tiges de lotus dans l’eau pour les assouplir, cette femme, en coupe une dizaine de cms et tire doucement les fils qui se trouvent à l’intérieur, ceux-ci sont ensuite embobinés, préparés pour le tissage.
Déjeuner au restaurant Golden Kite implanté au milieu du lac. De la salle nous assistons au va et vient incessant des pirogues chargées de primeurs ou autres diverses marchandises, les femmes reviennent du marché, un paysans pousse la bande de terre vers sa maison, un autre guide sa pirogue remplie d’algues.
Les femmes ont une façon plus traditionnelle de ramer, des deux mains et assises les jambes croisées, à l’avant du bateau.
Nous arrivons dans une zone moins habitée, plus sauvage, ce sont :
Les jardins flottants : les débris végétaux
et de sédiments ont produit des masses dérivantes d’humus qui se sont
amalgamées sur environ un mètre d’épaisseur. Les paysans achètent et découpent
des bandes qu’ils cultiveront. Ces jardins ancrés au fond du lac par des
piquets de bambou de 6 m de haut, montent et descendent avec le niveau de
l’eau, recouverts ensuite d’argile, de boue et d’algues, ils sont extrêmement
fertiles. On y travaille en famille, qui y fait pousser une multitude de
légumes, beaucoup de tomates, la tomate du lac est célèbre dans tout le pays,
des fruits, des fleurs….
Le monastère Nga Phe (1843) est surtout connu des
touristes sous le nom du monastère des « chats sauteurs » son
fondateur recueillit quelques chats errants et s’amusa à les dresser, les
moines successifs en ont fait de même, depuis cette habitude perdure.
En principe c’est un
moine qui devrait en faire la démonstration, mais aujourd’hui ils sont
invisibles, peut-être dorment-ils ? une femme nous fera voir ces chats
bien nonchalants qui pour 2 croquettes sortent de leur léthargie, le
temps de
sauter à travers un cerceau.
Hormis cette
démonstration touristique et rentable si vous donnez un petit billet… le
monastère est de grande valeur. Construit sur pilotis, entouré d’un grand
jardin, il est le plus ancien du lac, 654 poteaux de teck, dont 200 peints couleur
or supportent l’édifice depuis plus de 150 ans.
Au centre,
sur des trônes de bois et mosaïques richement décorés, 70 statues de bouddhas
offertes par les habitants du lac afin de voir se réaliser leurs souhaits de
bonheur. Au fond de la salle, un couloir de boutiques de souvenirs, splendides
tee-shirts représentant les pêcheurs sur le lac, mais la taille s’arrête au 42 je crois qu’il va
falloir faire comme les moines, ne manger qu’un seul repas de riz à midi !
Moteur
au ralenti, notre pirogue avance doucement au cœur des villages, délimités par
une passerelle ou des piquets de bambou, les habitants nous regardent passer le
sourire aux lèvres.
Ces maisons possèdent un toit en feuilles de palmier, des murs en paille tressée, de nombreux escaliers et passerelles de bambou, dans l’ensemble elles paraissent solides, surtout celles en bois recouvertes de tôles, certaines cependant sont dans un piteux état, les cloisons de bambou bien abîmées.
Parfois on aperçoit une petite annexe « la cabane au fond du jardin » aurait chanté Cabrel, ce cabanon sert de toilettes.
Chaque famille possède sa pirogue, sa barque, son jardin, le lac est son quotidien, sa pièce supplémentaire, les femmes y lave leur linge, les hommes leurs dents...
15h30. C’est la fin de la journée d’un écolier, impressionnant de voir tous ces petits bouts de choux, habillés d’un longwy vert, revenir de l’école et manier ce bateau à fond plat avec une telle aisance.
Ils sont
entre trois à cinq par pirogues, il y en a partout, on les double à droite, à
gauche, ils nous gratifient d’un
salut de la main. « Mingala Ba »
Nous arrivons au
village de Nam Pam, réputé pour sa fabrique de pirogues, la traditionnelle de 10
mètres demande un mois de travail à cinq ouvriers.
Après être recouverte d’une résine noire résistante à l’eau, elle sera vendue aux alentours de 2000 € et devrait, si elle est bien entretenue, durer 30 ans. Le teck utilisé provient des forêts de l’Eta Kaya.
Voici une superbe et riche maison de bois, c’est un petit élevage de chats birmans, une trentaine vivent dans cet univers doré, ils sont superbes, dans un coin une maman et ses petits.
Notre
journée sur le lac est terminée, ce fut à la hauteur de nos espérances,
magnifique ! certes les ateliers étaient peut-être touristiques, mais ils
nous ont toutefois permis de voir et apprécier les diverses activités de ces
habitants, ce fût un plaisir par nos achats, de faire marcher l’économie
locale, les Inthas sont de grands travailleurs, il était normal de venir
admirer ce remarquable peuple des eaux.
L’endroit n’est pas encore marqué par le tourisme de masse. Souhaitons qu’il continue longtemps sa vocation initiale, la pêche … car le lac souffre de l’augmentation de sa population, la déforestation pour le bois de chauffage. L’augmentation des jardins flottants diminue sa surface, celle de l’agriculture contribue à combler le lac de vase.
La jacinthe
d’eau pose aussi un problème majeur, elle obstrue les canaux et couvre de
larges surfaces, privant les plantes de la lumière du soleil.
Le soleil se couche, les eaux rougeoient, au loin on distingue les derniers pêcheurs, les femmes sont rentrées, demain sera un autre jour.
Au port de
Nyaung Shwe, nous prenons place dans un trishaw. Vu la corpulence de mon homme,
nous en demandons deux, mais Mi-Mi insiste pour qu’on prenne le même ! Le trishaw (ou
pousse-pousse) est un peu différent de ceux rencontrés dans d’autres pays
d’Asie, au Myanmar c’est une bicyclette à trois roues, une sorte de side-car ou
peuvent s’asseoir deux passagers dos à dos.
De cette
façon le passager n’est pas derrière le conducteur mais à sa hauteur et peut
ainsi faire la conversation….. les sièges sont petits et compacts, ce qui fait
que le trishaw est facile à piloter, passe partout dans les petites rues et les
ruelles, principalement dans les villes, mais ces sièges si peu larges
conviennent plutôt pour des tailles
« mannequin »… on en est toujours à penser
« régime ! »
Négociation faite par Mi-Mi : 1500
kyats.
En début de journée, ces conducteurs de trishaw bénissent le guidon de leur vélo ! mais pourquoi donc ? Réponse : ils demandent à Bouddha du travail pour la journée. L’argent versé va directement au conducteur, c’est un besoin pour lui pour faire vivre sa famille. Il nous mènera en quelques minutes à l’hôtel et n’aura pas trop peiné, la route étant plate, dommage que la barrière linguistique nous empêchera d’échanger ne serait-ce que quelques mots.
Dîner à l’hôtel, suivi d’un spectacle de danses shan, sur la terrasse des jardins de l’hôtel.
Une jeune fille explique en anglais les différents tableaux : la présentation du drapeau, celui-ci symbolise les caractères du peuple Shan, le jaune pour le bouddhisme, le vert pour l’agriculture, le rouge symbolise le sang du peuple, le cercle blanc : la pureté de la lune, des couples effectuent de jolies danses, un garçon joue avec des torches enflammées, et enfin, un splendide dragon tout de plumes rouges qui fait le pitre et finira par quémander quelques billets aux spectateurs.
Samedi 22
Janvier
Transfert pour l’aéroport d’Heho. Vol d’une heure pour Yangon avec Air-Bagan. Déjeuner au restaurant du service culturel de l’Ambassade de France.
Yangon
(point 14 carte itinéraire) Nous retrouvons le centre ville, ses
immeubles en pleine décrépitude, ses trottoirs défoncés, attention aux entorses
…. ses fils électriques forment une toile d’araignée au-dessus des
carrefours…
Nous voici à
déambuler dans
« China Town » quartier chinois pour
ceux qui n’auraient pas compris ! marché plein de saveurs et d’aromes qui
prend de l’importance surtout en fin de soirée. Nous nous frayons
difficilement un passage parmi les échoppes colorées, les vendeurs ambulants
empiétant sur les trottoirs, les restaurants de plein air, les barbecues, les
fritures de crevettes…
Les ingrédients bien qu’on n’y connaisse pas grand-chose paraissent légèrement différents des marchés birmans, kilomètres de saucisses confites, pousses de bambou, galettes de riz gluant recouverts d’huile de palme, crabes, langoustes, et même vers blancs grillés …. Bon appétit !
Promenade au bord de la rivière Yangon, l’activité y est bouillonnante à chaque arrivée de ferry qui effectue la traversée d’une rive à l’autre, les pirogues de marchandises font elles aussi un va et vient incessant.
Le reste de l’après-midi sera
utilisé à revoir, sous le soleil ! la pagode
Shwedagon, pillée par les britanniques, c’est aujourd’hui la plus belle du
monde, la plus impressionnante, la plus grandiose, la plus
sacrée, la plus quoi !….. Pagode construite entre le VIe
et le Xe siècle par les Môns, elle contiendrait les reliques des 4
anciens Bouddhas, dont huit cheveux du Bouddha Gautama, le premier, celui qui
reçut l’illumination. Aujourd’hui, c’est une foule fervente qui se presse en
ses murs, chacun réalisant ainsi le vœu le plus cher dans une vie de
bouddhiste : fouler le sol de Schwedagon.
La base du
grand stûpa est faite de briques recouvertes de milliers de plaques d'or. La
pagode principale de 100m de haut se trouve au milieu d'un vaste complexe de 72
autres pagodes, pagodons, clochetons, salles de prières et autres édifices
religieux aux arêtes richement décorées et ciselées offerts par de riches
familles, ainsi que de très nombreuses statues de bouddhas et de nats. Sa
girouette est incrustée de 2400 pierres précieuses. A son sommet, un globe en
or de 25 cm de diamètre est serti d’environ 4000 pierres précieuses.
Une tenue
correcte est recommandée. Entrée 5 dollars pour les étrangers, recette qui ira
dans les caisses du régime en place ! Consigne à chaussures payante… Nous
y entrons par l’ascenseur de l’entrée Est. C’est par cet escalier que
les anglais attaquèrent et prirent la pagode lors de l’invasion de Yangon au 19ème
siècle. Il y a beaucoup de monde, les fidèles en prière indifférents à
l’agitation se mélangent aux touristes, ils viennent pour rendre hommage au
Bouddha avec diverses offrandes sur les autels (encens, fleurs,
nourriture) le remercier de son enseignement, racheter leurs fautes afin de
renaitre dans les meilleures conditions.
Les nats. On répand de l’eau fraîche
sur les postes planétaires correspondant au jour de sa naissance. A chaque jour
sont affectés un astre, un chiffre et un animal. Je suis née un Mardi, ma
planète est Mars, mon chiffre le 3 et mon animal le lion, curieux si je vous
dis que je suis née le 3
Août, signe
astrologique : Lion, les deux astrologies se superposent
… L’eau fraîche est utilisée
pour éteindre symboliquement les foyers de la souffrance.
Un peu partout, des boites transparentes où moyennant un petit billet, vous gagnerez des mérites …
Pour chaque acte important de sa vie, le Birman consulte un des innombrables astrologues ou alchimistes présents aux entrées des pagodes, sa destinée étant étroitement liée avec le jour et l’heure de sa naissance, son nom est également fixé d’après ce jour.
Comme tout bon pèlerin, j’entame le tour du stûpa en contournant les bouddhas par la gauche.
Voici
l’oratoire du mercredi matin, du samedi
la pagode du soleil
le monument des Etudiants
un bouddha couché.
Dans le
coin Nord-Ouest la cloche de Singu (24 tonnes) offerte en
1778, un symbole fort. Lors du pillage de 1824 par les Anglais, la cloche coula
lors de son transport vers Calcutta, les Birmans proposèrent de la récupérer à
condition de la remettre à son emplacement originel, les Anglais convaincus de
l’échec de l’opération
acceptèrent. Les Birmans,
grâce à des milliers de bambous glissés ingénieusement réussirent, la cloche
fut réinstallée en 1926, son bronze corrodé témoigne de son long séjour dans
l’eau. Deux siècles plus tôt, une cloche avait déjà été volée par les
Portugais, elle coula et est toujours au fond de l’eau.
Le temple de l’Empreinte du
pied de Bouddha, nombreuses offrandes (noix de coco et bananes)
Aux abords de l’escalier de l’entrée Nord, de nombreuses échoppes qui vendent tout ce qui est nécessaire à un bon bouddhiste : fleurs pour offrandes, jouets de papier mâché, statuettes de Bouddha, et plus encore ….. J’admire quelques instants cet artisan qui, patiemment, colle des feuilles d’or sur une statue.
le pavillon de la Cloche de
Tharyarwady, cloche fondue en 1841 par ce roi qui espérait devenir bouddha
dans une autre vie
un bodhi, bouture du banian sacré
(arbre sous lequel Bouddha l’Eveillé aurait reçu l’illumination)
la chapelle du Mardi
le temple offert par le roi
Dhammazedi, sanctuaire fort vénéré.
la chapelle du Lundi……..
La pagode est un lieu étonnant, ce n’est pas simplement un lieu de ferveur, mais aussi un lieu de vie, on y vient pour passer la journée en famille, pique-niquer, discuter entre amis, se reposer.
Nous croisons à plusieurs reprises ces jeunes femmes le balai à la main, c’est un honneur pour elles de balayer ce sol sacré, elles doivent s’inscrire, l’attente peut être longue. Devant elles, marchant à reculons, un homme tel un chef d’orchestre, donne ses ordres en gesticulant « fais pas ci, fais pas ça, c’est comme ci, c’est comme ça ! »
17h30. Les lumières des
projecteurs commencent à faire briller tout cet or, le moindre coin est éclairé,
chaque temple, chaque niche de Bouddha, on ne regarde pas à la dépense, il n’y
aura pas de coupures d’électricité pour ce lieu hautement dédié à Bouddha. Plus
le crépuscule tombe, plus l’atmosphère devient envoûtante parmi cette
multitude de croyants qui déambule sans cesse entre les sanctuaires et stûpas.
Dîner au « Monsoon » Sur scène quelques musiciens et une jeune chanteuse interprètent des chansons anglaises…
Nous retrouvons notre hôtel, le « Yuzana » le 7ème étage est à la limite de la propreté, les moquettes du couloir sont arrachées, le personnel de surveillance dort à même le sol dans la lingerie, la toile du sommier est déchirée, l’enduit des bas de murs tombe en morceaux, mais je ne vais pas tout de même pas vous parler du lézard qui courait sur les murs, zut je l’ai dis ! on l’a chassé…. compensation : la vue de la pagode Shwedagon illuminée.
Cette pagode a été le témoin de la « révolution de safran » nommée ainsi en référence à la couleur de la robe des bonzes. Les habitants du Myanmar se révoltèrent à plusieurs reprises contre le régime autoritaire en place. Le 8 Aout 1988, ce sont plusieurs milliers d’étudiants qui protestèrent, cette révolution se terminera dans un effroyable bain de sang avec près de 3000 morts. Tout récemment, chacun s’en souvient très certainement ! ce fut la révolte des moines.
La révolte des moines Les manifestations débutent
le 19 Août 2007 à Yangon, la population se contente simplement d’applaudir les
moines. Le 5 Septembre, 500 moines de Pakkoku (ville plus au Nord à 500 kms)
impuissants devant la population désespérée qu’ils voient défiler dans leurs
monastères, il faut aussi rappeler que ces moines sont dépendants des dons de
cette même population, avaient protesté contre les importantes
hausses
des prix de plusieurs sources d’énergie, hausses décrétées par la junte
militaire.
Le régime ne tolérant aucune manifestation, les bonzes furent brutalisés par les forces policières. Cette brutalité renforcera le mouvement de révolte et le 26 Septembre, ils sont 30 000 moines et 70 000 civils à manifester dans les rues de Yangon (il est dit …. que ce jour là le régime aurait infiltré des soldats parmi les moines pour faire sortir les opposants de leur silence…) Les armes auront, une nouvelle fois, raison de la démocratie. La Chine, grande puissance économique soutient le régime, tout s’écroule. Des centaines de manifestants sont tués, des milliers arrêtés, les monastères sont saccagés, les moines en fuite, la peur a repris le quotidien des Birmans. (photo publiée sur Internet par Jacques Cartis, journaliste)
Quelques images tournées clandestinement avaient alors été placées sur Internet, permettant au monde de prendre conscience de la vague de protestation et de sa répression. Aujourd’hui encore, l’attroupement de moines en dehors du monastère est interdit, nous ne les verrons d’ailleurs jamais plus de trois ou quatre ensemble.
Dimanche 23
Janvier
Ce matin, immersion dans le quartier « downtown » nous apercevons bâtie au centre d’un rond point la pagode Sule que l’on devine sous son échafaudage de bambou, sa base est aménagée en de multiples échoppes bétonnées. Ce quartier regorge d’anciens édifices coloniaux, tel que la Haute tour de Justice et l’hôtel de ville, peint en jaune moutarde
Voici la « Bengali Sunne Jameh Mosquée » blanche rayée de rouge. Cette mosquée fut construite par la population musulmane pendant l’occupation britannique.
Une courte balade sur Sule pagoda Road, quelques petits commerçants s’activent sur les trottoirs, un gamin prépare et vend ses chiques de betel. Nous voici revenus à la pagode Sule.
La Pagode Sule, contenant un cheveu du
premier bouddha, rapporté d’Inde, elle aurait plus de 2000 ans, mais fut maintes et maintes fois remaniée. Durant les manifestations
pro-démocratiques de 1988 et de 2007, elle fut, comme celle de Shwedagon, l'un
des lieux de rassemblement des manifestants. Aujourd’hui la pagode est
considérée comme le centre de Yangon
Découverte du « Strand
Hôtel » construit en 1901, il était l’un des plus luxueux de l’empire
britannique. Superbe établissement de style victorien, redevenu un palace après
une période de délabrement. Dans l’entrée, un musicien accueille les visiteurs
en jouant agréablement de la harpe, les parties communes sont aménagées de
beaux meubles, de
tableaux et
peintures, d’objets luxueux, c’est presque un musée.
La pagode
Botataung. Son histoire est quasiment similaire à celle de Sule, elle fut
construite il y a plus de 2000 ans par un ministre qui s’était vu remettre des
cheveux de Bouddha. Une armée de mille soldats venus d’Inde se chargea
d’escorter le coffret sacré jusqu’en Birmanie.
Entièrement détruite par les
bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, elle sera reconstruite
à l’identique grâce à la grande générosité du peuple. C’est lors du déblaiement
des ruines que seront trouvés des coffrets et des reliques, il fut supposé que
l’un d’eux contenait le cheveu sacré, celui-ci était enroulé et fixé avec un
vernis sur lequel on a trouvé des traces d’or, des statuettes de nats lui
servant de sentinelle.
C’est la seule où il est possible de
pénétrer et d’apercevoir « le cheveu sacré » au terme d’un labyrinthe
de petits espaces miroitants. Il y a tant de lumière, de brillance, de
panneaux dorés à l’abri derrière des vitres réfléchissantes, que finalement
nous ne voyons pas ce cheveu et il y a tant de monde que c’est impossible de
monopoliser l’espace et rester à scruter…. il serait sous une cloche de verre.
A l’extérieur une passerelle surplombe un lac peuplé de tortues d’eau, un peu plus loin, sous un porche, une splendide grande statue d’un bouddha assis.
Les rues avoisinantes foisonnent de commerçants qui vendent des corbeilles d’offrandes faite d’une couronne de bananes entourant une noix de coco ou une mangue, travail d’artiste, pour faire encore plus clinquant, il y est rajouté des boules brillantes, des fleurs, des bâtonnets d’encens….. magique !
Déjeuner au Royal Thazin
Marché
Bogyoke Aung San, appelé aussi Scott Market, du nom de son
fondateur britannique, inauguré en 1926, il a été rebaptisé empruntant le nom
du héros national, le général Aung San. Cet immense marché couvert, le plus
grand de la ville, a conservé son bel agencement colonial et constitue une
attraction touristique en soi. Il offre tout ce dont vous avez besoin et même
plus … !
Il comprend plus de 2 000 magasins (bijoux, antiquités vraies ou fausses, artisanat, mode, marchandises de contrebande, pittoresques et colorés étals de viandes et légumes, quelques restos et maisons de thé, cheroots, longwys, laques, rotin, tongs, marionnettes, instruments de musique, bijoux or et jade) et j’en passe…….. Il fait bon y passer du temps, se perdre dans les différentes ruelles, mais un petit conseil, avant de vous y perdre, repérez la rue principale…
15 heures. Sonne la fin du
séjour pour la majeure partie du groupe qui n’a pas pris l’excursion « le
Rocher d’Or ». 16h30 nous disons adieu à Mi-Mi, aux chauffeur et assistant
ainsi qu’à nos compagnons de découverte comme toujours dans ce genre de voyages,
des échanges se sont faits, des liens se sont tissés, tiendront-ils ? ça
c’est une autre histoire !
Tout près de l’hôtel, un temple, le style est différent de ce
que nous avons vu jusqu’à présent, je crois que c’est une pagode chinoise. Un
jardinier m’aperçoit hésitante en bas des escaliers, me fait signe de venir,
j’y vais, j’y vais pas ? !.. je suis seule, mon homme est resté à se
reposer à l’hôtel. Je ne le regretterais pas, c’est splendide, moins de dorures,
moins fouillis, plus sobre. Cette pagode est entourée d’un joli jardin frais
et arrangé avec goût, ainsi que de plusieurs habitations.
Immédiatement je ressens la différence d’être seule ou en groupe, car spontanément on vient à ma rencontre, on me propose un verre d’eau en me demandant « Where do you come from ? » « French » ! ça n’a pas l’air de trop les inspirer… j’explique dans un anglais approximatif que c’est à l’Ouest de l’Europe. Notre conversation s’arrêtera la, mais je suis heureuse de ce contact.
Je continue
ma petite exploration en solo, pas trop loin, car la nuit va venir, je fais le
tour de l’hôtel et là c’est le choc, je suis dans une petite rue typique de la
Birmanie pauvre, une
de celles que les voyagistes ne font pas voir, un mur de 2,50m rehaussé d’un
mètre de barbelés sépare cette ruelle de l’arrière de l’hôtel, les commerçants
exercent leur métier sous des bâches ou des parasols, activité dépendante de la
lumière du jour, c’est malgré tout vivant, ils sont dans leur élément. J’y
achète un jus de fruits, la bouteille est recouverte de poussière, mais c’est
accompagnée d’une tonne de sourires que je retourne à l’hôtel.
Gérard, le Nordiste, me fera parvenir quelques photos, celle prise avec un zoom puissant de sa fenêtre de chambre est parlante, ce n’est plus ou moins qu’un bidonville, probablement caché derrière la ruelle que je viens de décrire, les gens vivent dans des abris recouverts de bâches, avec un seul meuble fait de planches, probablement sans électricité, le sol est en terre, parfois recouvert de planches. La misère profonde côtoye le luxe démesuré de la pagode Shwedagon….
Je rejoins mon homme dans notre
chambre minable et attendons que le guide qui nous accompagnera au Rocher d’Or
nous contacte. Il nous a été demandé de préparer un bagage léger, que l’indispensable
pour les deux journées, les valises resteront à la consigne de l’hôtel. Bonne
nuit
Lundi 24
Janvier
8 heures. Nous faisons la connaissance de Myit-Myit et de Kyaw Kyaw. C’est à bord d’une confortable Toyota que nous partons seuls (excursion à la carte donc individuelle) à la découverte de ce mythique « Rocher d’or »
190 kms (5 heures de route) nous en séparent. Nous sommes en Basse-Birmanie, la Birmanie du delta, des rizières, des cultures de coton et d’hévéa.
9h30 on s’arrête, déjà ! ils ne sont pas croyables, ces birmans, ils mangent à toute heure ! le chauffeur se régalera autour d’une assiettée de nouilles sautées, et Myit-Myit s’offrira une « too shre » une galette de riz, accompagnés comme il se doit… de bon nombre de sauces.
Le cyclone NARGIS. Le 3 Mai 2008, un cyclone s’abat sur la région côtière de Yangon, 5000 km² submergés, 140 000 morts, 450000 demeures anéanties, sans compter les monastères, pagodes, routes…. détruites. Le cyclone à également anéanti les semences, les outils, le bétail. Les secours se heurtèrent au gouvernement, celui-ci refusant l’aide internationale de peur d’une infiltration de la presse et de la perte de contrôle d’un pays tenu d’une main de fer. C’est la population birmane elle-même qui aménagera et partagera l’aide alimentaire venue de tout le pays, aidera à dégager les débris et reconstruire.
Nous reprenons la route, traversons de pittoresques villages et arrivons au nouveau pont sur la rivière Sittoung. Nous sommes au milieu d’une campagne luxuriante, domaine du riz, des champs de pastèques, la campagne birmane vit encore nonchalamment au rythme des saisons, beaucoup de paysans travaillent avec des bœufs pataugeant dans l’eau des rizières.
Sur le bord de la route, des vendeurs de « seinsaroo » sorte de pommes vertes, trop acides à mon goût. Myit Myit en achète quelques kilos…. dont l’odeur particulière imprègnera l’intérieur du taxi …
Fervente bouddhiste, elle égrène son chapelet, fidèle
compagnon, il a 108 perles correspondantes aux 108 épreuves qu’a subi Bouddha
pour atteindre l’illumination, à ses 108 noms… c’est le chapelet de la
méditation, et Myit Myit elle médite beaucoup…..
13 heures, déjeuner dans un petit restaurant local « le Belay » ces petits restos sont à l’air libre, bas, très sombres, leurs sols sont en terre battue.
Les assortiments de viandes baignent allégrement dans l’huile, nous choisirons un plat que nous n’avons pas eu l’occasion de goûter : des crevettes, plus grosses que la langoustine mais d’un gout exquis, un peu celui de la langouste, ce plat est accompagné de riz et de plusieurs assiettes de sauces ou chacun plonge son morceau de viande, ou de poisson.
Les 2 plats de crevettes + 2 bouteilles d’eau capsulées = 5000 kyats (5€)
Peu avant Kinmon, des étendues de manguiers et d’arbres à noix de cajou.
14h30. Kinmon (camp de base) terminus et halte obligatoire, on y trouve des restos et des hébergements. La rue flanquée de marchands de souvenirs, d’articles religieux, d’offrandes mais aussi de ravitaillement pour les pèlerins, correspond au départ d’un long sentier. Nous quittons Kyaw Kyaw, nous le retrouverons demain en fin de matinée et nous dirigeons vers l’esplanade d’où partent les camions montant à proximité du Rocher d’Or.
Myit-Myit négocie, nous fera mettre à l’avant du pick-up, là où
les jambes ont un peu plus de place et où on pourra se tenir a la barre du
casier à bagages, pour cela elle fait déplacer des locaux, j’avoue que même si
je trouve ce procédé un peu gênant, je
ne vais pas bouder cette proposition, car au milieu nos statures auraient eu
bien du mal à trouver place, faut dire aussi que nous occidentaux n’avons ni
la souplesse ni la finesse de ces birmans.
Jamais vu un entassement pareil ! nous sommes une bonne cinquantaine assis sur des bancs de 10 cms de large, espacés de 30 cms, serrés les uns contre les autres. Ces camions de chantier aux moteurs puissants, partent dès qu’ils sont bondés….. Les bagages sont jetés dans une sorte de soute grillagée à l’arrière du véhicule, avec bien souvent deux ou trois personnes assises par dessus.
Nous partons quatre véhicules en file indienne, il n’y a ni feu rouge, ni vert, la règle d’or : éviter les croisements. Les camions sont débâchés, prions Bouddha que le ciel reste sans nuages. Les paysages de montagne tropicale sont jolis, mais la route extrêmement sinueuse, cahoteuse et pentue rend très pénible ce trajet de 45 minutes.
Un arrêt a été aménagé à mi-parcours pour laisser passer les 4 véhicules
descendant, les virages sont secs, a chaque fois vous avez le réflexe de vous
accrocher, nous ça va, on a notre barre mais je plains ceux qui sont en plein
milieu… ça monte beaucoup, sur onze kilomètres, on grimpe du niveau de la mer
à plus de 1000 m d’attitude….
Pour la descente de demain ça promet ! …
15h30. Nous voici débarqués sur une esplanade de terre entourée de boutiques et de petits commerces, une foire d’empoigne !... très grande animation entre les pèlerins qui cherchent le camion qui les montera au rocher, les femmes qui portent tout et n’importe quoi sur leurs têtes, les porteurs de bagages, les porteurs de touristes ….
L’hôtel n’est qu’à …… 10 minutes de marche à pied, mais dans la
montée… alors que nous entamions celle-ci, Myit Myit a déjà négocié avec les
porteurs qui nous porteront jusqu’au rocher, avec une halte à l’hôtel. Le
palanquin est un fauteuil de toile dont les bras sont deux grosses tiges de
bambou, le tout étant porté par quatre birmans vêtus tous de la même
chemise
bleu roy.
Vous vous demandez peut-être pourquoi des porteurs avant l’hôtel ? Myit Myit, sans même nous en avoir parlé, avait déjà fait la négociation, peut-être a-t-elle jugé que c’était mieux pour nous. Pour avoir lu plusieurs récits, je savais que cette excursion demandait une assez bonne condition physique, inutile non plus de faire le fanfaron et de jouer avec sa santé.
Sur des forums ou même certains récits personnels de voyage, j’y
ai lu, je « cite » « il est déshonorant d’utiliser ces porteurs » ou encore « les riches Thaïlandais se
vautrent sur des chaises à porteurs » ou plus modéré : « il y a des chaises a porteurs
pour les gens très fatigués, handicapés ou un peu .....fainéants ! »
Je réagis à ces propos, trouvant inadmissible de donner avec
véhémence ce genre d’impressions, peut-être que ces personnes sportives sont
dans la force de l’âge, ou qu’elles ont un cœur et des poumons d’acier. Elles pensent
probablement que la montée au Rocher d’Or est à proscrire si vous êtes seniors
ou fragilisés, et que dans ce cas vous n’aviez qu’à rester chez vous.
Je confirme, photo à l’appui, c’est de la montée costaude, près de 2 kilomètres de chaussée en dalles de béton dont la pente frise presque en permanence les 40 %.
Il est vrai que se faire porter par quatre hommes donne l’impression
d’être à l’époque coloniale, mais n’oublions pas que s’ils sont là, ce n’est
pas pour faire figuration mais pour gagner leur vie car ils ne
transportent QUE…. les touristes (qui ne sont
pas légion !) car les pèlerins birmans utilisent les camions
jusqu’au
sommet et les bonzes montent… a pied, mérites oblige ! Porteur ou pas,
c’est le choix de chacun, mais ce n’est ni déshonorant ni
avilissant pour le birman, d’ailleurs ils nous sollicitent sans cesse.
Nos porteurs, solides gaillards, doubleront sans peine nos quatre amis Lillois qui sont allés jusqu’à l’hôtel, ils nous diront plus tard que ce fût très dur, ils n’hésiteront pas d’ailleurs à utiliser leurs services pour aller de l’hôtel au Rocher d’Or, et même en revenir !
Après avoir déposé notre bagage et fais un brin de toilette nous allons, à l’heure convenue, à la rencontre de nos 8 porteurs. Il est 16h30, il fait moins chaud, mais c’est toutes sueurs qu’ils nous porteront jusqu’à l’entrée « payante » du site. On donnera 10 dollars par personne, pour uniquement l’aller à partir de l’arrêt des bus. (ça ne nous a pas ruinés ! vous ne pensez pas qu’ils méritent qu’on les fasse travailler ?)
Une chose qui nous a un peu
décontenancés, ils s’arrêteront à trois reprises devant les boutiques de
boissons pour quémander des canettes de bières ou de coca, Myit Myit ne nous
ayant pas prévenu de cette façon de faire, nous nous considérons pris pour des pigeons
américains, ce qui nous exaspère un peu, je leur propose des bouteilles
d’eau bien fraîche qui à mon avis leur calmera mieux la soif qu’une canette de
boissons sucrées, mais d’un ensemble parfait ils me font signe que non …. tiens
donc !
De l’hôtel la montée se fera en 30 minutes, nous arrivons à un bureau, Myit Myit montée en camion règle le droit d’entrée (qui va directement enrichir le gouvernement) nous enregistre en tant qu’étrangers et nous donne notre laisser-passer … Ca ne sera donc pas à la sueur de notre front que nous atteignons ce rocher d’or mais cette excursion nous assurera malgré tout, la prospérité….…
Kyaik-Hti-Yo (le Rocher d’Or) (point N° 15 carte itinéraire)
Nous y sommes ! dans un endroit difficile d’accès, mais ça
vous l’aviez compris ! ce site a 1100 mètres d’altitude est considéré
comme une des « sept merveilles du monde birman » De ce
bureau où nous ont déposé nos porteurs, il faut marcher encore plusieurs
centaines de mètres, gravir de nombreuses marches, il se fait mériter…
Nous arrivons sur une vaste esplanade, bordée de temples, d’autels, d’oratoires, mélange de culte bouddhique, d’esprits, de superstitions locales et de médecines traditionnelles ancestrales. L’esplanade est en rénovation, de toutes jeunes femmes portent des tas de briques sur la tête, tout en grimpant les marches …
Gros rocher de forme crânienne, entièrement recouvert de feuilles d’or, il est en équilibre au bord d‘un précipice. Il est dit qu’une pression de trois hommes suffirait pour le faire tomber…. Une des légendes prétend qu’il ne doit son équilibre précaire qu’au cheveu de Bouddha enchâssé dans le pagodon qui coiffe le sommet du rocher.
Le Rocher d’Or, surnommé « la tête de l’ermite » est l’un des plus hauts lieux du bouddhisme birman, pèlerinage essentiel dans la vie d’un birman. Le stupa de 5,40m a été construit, il y a plus de 2500 ans au sommet d’un rocher d’une circonférence de 15 mètres.
En principe, en Janvier il
devrait être caché sous un échafaudage pour ne réapparaître tout clinquant qu’en
Mars, le voir ainsi est une véritable chance, car le spectacle est vraiment
subjuguant, magique, époustouflant !
Nous nous promenons en long, en large et en travers sur cette
esplanade, pieds nus sur les dalles, devant… derrière… le rocher.
Je suis impressionnée
de voir juste au-dessous de ce caillou qui semble défier les lois de la
pesanteur, une grande terrasse où les pèlerins déambulent, je sais que leur foi
les préserve et les sauve, mais tout de même ! on ne va trop s’y attarder, d’autant que
la vue est plus jolie d’en haut.
Voici une autre terrasse, l’endroit idéal pour bien se rendre compte de la précarité de l’équilibre, mais « ladies are not allowed to enter » !
Le rocher est bien entendu interdit à la gente féminine, il y a
des gardes à l’accès de la passerelle, je charge mon homme de l’opération
photo, pourvu qu’il n’y s’y appuie pas !…. On croise quelques touristes,
des pèlerins qui prient, des bonzes, des nonnes, finalement pas énormément de
monde, faut dire aussi qu’on arrive en fin de journée.
Le soleil commence à se coucher, une ligne jaune-orangé-marron s’est dessinée à l’horizon, que c’est beau ! Les projecteurs ont remplacé la lumière du jour, le rocher passe de la couleur or aux différents tons de cuivré, c’est purement splendide.
Près du rocher, des bâtons d’encens plantés dans des vasques sur trépieds, chatouillent nos narines.
Je suis heureuse, pas tout à fait rassasiée de ce spectacle,
mais il faut bien songer à redescendre. Myit Myit prend une petite ruelle qui
passe par des escaliers faciles, nous longeons de nombreuses échoppes sombres,
qui proposent des herbes médicinales, elle connaît tous les vendeurs, ceux-ci
l’apostrophent, elle nous présente quelques articles, dont le fameux
« Baume du Tigre » le produit miracle qui guérit tout.
Mais maintenant ça se complique, les marches sont beaucoup plus hautes, mal foutues, irrégulières, bosselées, les boutiques comment à se raréfier, et il fait brun…. Nous avons bien la lampe prise à l’hôtel, mais elle n’était pas chargée … heureusement nous avions avec nous notre pile Wonder, qui ne s’use que si l’on s’en sert ! ….. plus bas on retrouve la route, quelques camions montent encore, ils nous offrent quelques secondes de lumière.
Cette descente, à cause de la pente importante, si l’on y rajoute l’obscurité ! est loin d’être évidente, les genoux et les chevilles ont souffert. Avec les arrêts faits aux échoppes, nous mettrons près d’une heure pour regagner l’hôtel depuis notre départ du rocher.
Dans la salle du restaurant nous retrouvons nos quatre Lillois
et leur guide, échange d’impressions, ils sont redescendus beaucoup plus tôt
avec les porteurs. Nous leur disons adieu leur souhaitons bon voyage, demain matin
ils partiront plus d’une heure avant nous, pour être certains d’avoir leur
avion, logiquement, nous ne devrions plus les revoir !
Mardi 25 Janvier
Départ à 8 heures. Déjà une grande animation aux abords de
l’hôtel, nous voyons passer des camions remplis de pèlerins, qui en montant
crachent leur monoxyde de carbone, des bonzes en quête de leur nourriture. Les
porteurs ont déjà entamé leur journée, touristes dans le
palanquin, ou bagages dans des paniers.
Nous nous apprêtons à vivre la même expérience qu’hier, mais en descente, ouille, ouille ! Arrivés au départ des bus, c’est déjà l’effervescence.
Nous avions demandé à Myit-Myit de tenter de nous garder les places à l’avant, comme hier. Il y a déjà tellement de monde que nous attendrons le camion suivant, et encore le suivant, nous ne voulons pas qu’elle fasse déplacer tous ces gens déjà installés qui se faufilent et s’y engouffrent plus vite que nous.
Et c’est parti ! seul mot d’ordre, s’accrocher à la barre qui retient les bagages, et nous par la même occasion, et regarder ses pieds. Une dizaine de français qui ne savent où mettre leurs longues jambes… nous accompagne.
Un camion remplis de
moinillons nous croise, ils se moquent de nous en nous voyant en si mauvaises
postures ….évidemment, eux ils ont Bouddha qui les protègent … 40 minutes plus
tard, à moitié ankylosés nous descendons les derniers, et retrouvons Kyaw Kyaw
et sa toyota.
Direction Bago, nous retrouvons la campagne luxuriante, les rizières, les gamins grimpés sur ces buffles, d’autres se baignant, des paysans qui battent traditionnellement le riz, ils étalent les tiges sur le sol et les font piétiner par les buffles, bref, la vie paysanne birmane !!!
Arrêt pour voir une fabrication artisanale de fauteuils de transat en bambou.
Toute la famille y travaille, la grand-mère à l’aide d’un vilebrequin perce, une autre tout en fumant son gros cheroot positionne les lanières sur l’ossature.
Chacun paraît avoir une tâche particulière, les plus jeunes, taillent de fines lanières, d’autres coupent les troncs pour en faire l’ossature.
Très bel objet artisanal, certainement très confortable, mais un peu encombrant dans les valises…. tant pis !
Voici un village de pêcheurs,
le poisson mis à sécher sur des claies est ensuite mis en vente dans ces
petites officines sur le bord de la route, une forte odeur s’émane de ces
échoppes, Myit-Myit, achète…. oh rage ! oh désespoir, on va empester d’ici
ce soir !.... elle nous affirme que la tête de serpent (?) est
excellente ! on ne sait pas vraiment quels poissons sont pêchés, la
traduction française est trop approximative, mais tout ici est vendu séché et
en vrac…..
Peu avant le pont moderne sur la Sittoung, la douane contrôle les véhicules, présentation des documents de l’agence, avec nos noms et numéros ou photocopies de nos visas probablement ….. l’essentiel du trafic est tourné vers la frontière thaïe de Myawadi-Mae Sot. Frontière fermée aux étrangers.
Déjeuner dans un restaurant « local » nous avions aimé ces grosses crevettes, nous en redemandons, c’est alors qu’avec surprise, nous voyons entrer nos amis Lillois, ils ont visité Bago, pas nous ! ….
Nous allons maintenant admirer quelques uns des vestiges du
prestigieux passé de cette ville, ancienne capitale möns, il commence à faire
très chaud !
Bago. (point N° 16 carte
itinéraire)
Ville créé en 825 avant J.C. par deux commerçants möns. Elle connût bien des épisodes malheureux, occupée, dominée, mise à sac, reconstruite, puis capitale sous le règne de Byinnya-U en 1551 qui en conquérant les Etats Shan et le Siam, y construisit le deuxième empire de Myanmar. Ce roi cruel mais fervent bouddhique construisit des pagodes et fit des dons généreux à des monastères. Bago sera abandonnée lorsqu’ Ava deviendra la capitale, puis colonisée par les Britanniques en 1952. Elle est principalement une ville-étape sur la route du « Rocher d’Or »
Kambawaza
Thadi Palace a été construit par le roi Bayint Naung, ce palais reflétait la
majestueuse splendeur de ce grand empire du continent du Sud-Est asiatique. Au
cours d’une bataille, il fut incendié. Les fouilles de 1990 mirent à jour les
fondations en briques, les piliers et quelques anciennes statues mises
aujourd’hui à l’abri dans un musée. Bago attachée à son passé a reconstruit à
l’identique ce fabuleux palais. Superbes dorures, salles d’audience du roi,
salle du trône du lion, carrosses….
La pagode Shwemawdam, avec ses 114 mètres est
encore plus haute que Shwedagon à Yangon, recouverte d’or elle doit elle aussi
son existence à des cheveux offerts par Bouddha à deux marchands qui, en
retour, édifièrent un petit stûpa. Plusieurs fois agrandie et élevée, elle
sera reconstruite en 1950 après un tremblement de terre. Deux « chintes »
lions protecteurs gardent son entrée. Elle est aujourd’hui entourée d’un
manteau de cloisons de bambous, je suis toujours admirative devant ce système
d’échafaudages qui épousent parfaitement la forme du stûpa.
La
pagode Shwethalyaung, cache sous un hangar clair, un bouddha couché souriant, l’un
des plus longs bouddhas couchés de Birmanie : 16m x 55 m, construit au
Xème siècle par le roi Mingadepa pour marquer sa conversion au bouddhisme, il
est représenté les yeux ouverts et les doigts de pied en éventail, position du
repos.
Des Episodes de sa vie sont racontés par des bas reliefs illustrés placés dans son dos.
Restauré à la fin du XVème siècle, puis victime de pillage, puis abandonné, il sera redécouvert à la fin du XIXème. Protégé depuis 1906, il est aujourd’hui magnifiquement restauré.
Le temps d’admirer cet énième bouddha, mais magnifique j’en conviens, Myit Myit s’éloigne, elle va s’agenouiller devant la statue et faire ses prières…
Nous lui
demandons de s’aventurer dans les petites ruelles adjacentes, véritables
fourmilières d’artisans, dans ce quartier, les rues sont en sable, les maisons
construites sur pilotis, nous nous reposons de cette chaleur près d’un atelier de tissage et couture,
chaque demeure a son métier à tisser, les femmes de la maison confectionnent
les habits nécessaires à la famille, à l’aide d’une ancienne machine Singer…..
la femme vend de nombreux coupons de tissus pour en faire des longys, et Myit-
Myit achète, achète !……..
Le longyi est le traditionnel vêtement qui habille aussi bien hommes que femmes. Celui des hommes, porté par 90 % d’entre-eux, n’est qu’un tube qu’ils nouent devant, il est souvent vert, brun foncé ou à petits carreaux, celui des femmes est coloré, il est d’un seul morceau qu’elles entourent et nouent sur le coté avec une ceinture.
Un peu plus loin, au cœur du
village,
un atelier de fabrique de
cigares,
cinq femmes s’y affairent, dans la bonne humeur semble t il, assises en
position de lotus sur des planches de bois..
Nous regagnons Yangon. Au bord de la route, comme d’ailleurs partout dans le pays, des enfants agitent un récipient, ils font la quête pour l’entretien de la pagode de leur village, également des vendeurs d’essence, ces petits commerçants la propose par bouteilles de plastique d’un ou deux litres…….
Arrêt au cimetière de
Htaukkyant, dernière demeure de 27000 soldats alliés tombés contre les
japonais, pendant la 2nde guerre mondiale. Un mémorial y a été
construit, cimetière admirablement bien entretenu, chaque soldat a son nom
gravé sur une petite plaque de marbre, un jardinier l’entretient, les allées
sont nettes.
Le dernier arrêt sera
une chapelle où l’on bénit les véhicules
devant 4 nats. A coté une femme confectionne des corbeilles de fleurs de lotus,
offrandes, offrandes !
Voilà ! l’excursion que nous avions pris individuellement touche à sa fin, nous allons récupérer nos valises à la consigne de l’hôtel, devant être transférés dans celui initialement prévu pour cette excursion, adieu chambre minable, adieu superbe vue sur Shwedagon illuminée, adieu petit lézard ! ….
Nous ne ferons que nous croiser sur les marches du Yuzana, mais nous retrouvons une nouvelle fois nos amis Lillois, nous leur souhaitons encore une fois un bon voyage, ils sont prêts à partir pour l’aéroport, il est environ 16h30.
Myit-Myit nous installe au Yuzana-Garden, celui-ci est au centre ville, presque en prolongement de la Sule Pagoda Road. Nous mettons au point le transfert à l’aéroport et l’assistanat à l’embarquement pour le lendemain, « détails ! » qui nous ont occasionnés quelques soucis, puis elle nous fait ses adieux. A cet instant, s’installe un grand moment de solitude, du groupe initial, nous restons que nous deux pour une journée encore au Myanmar, livrés à nous-mêmes et totalement indépendants de l’agence Exotissimo..
Une courte sortie nocturne, histoire de se repérer, trouver l’emplacement des taxis pour demain matin, puis ça sera la réfection entière des valises pour tout caser (bols à aumônes, vases et plateaux laqués, livres…) vérifier qu’on ne dépasse pas le poids et que le petit sabre acheté au lac Inlé n’est pas dans une poche de pantalon…. Nous n’aurons pas trop le temps demain, nous devons et c’est bien dommage quitter la chambre pour midi !.... ils vont presque me faire regretter l’autre hôtel.
Mercredi 26 Janvier
7 heures. Un taxi nous mène, pour 2000 kyats, au Karaweik, au sud du Kandawgy Lake. Ce lac artificiel de 8 kms de circonférence a été crée pour fournir l’eau potable pendant l’époque coloniale britannique.
Le Karaweik, construit en 1972 est une réplique d’une barque royale birmane. Aujourd’hui restaurant et salle de spectacle de danses, il est l’une des principales attractions de la ville.
Le nouveau pont en teck est payant pour les étrangers : 2000 kyats par personne ! très agréable balade en bordure du lac, avec divers points de vue sur cette barge, pelouses, coins pique-nique, ilot, petit temple, fontaines, paysages verts. Passage à proximité du très luxueux « Kandagwy Palace hotel ».
Au terme de plus de 2 kms de promenade, nous arrivons à l’extrémité Ouest du lac, de là nous hélons un autre taxi, mais dans quel état est-il ! vieux de vieux… plus de moquettes ni de garnitures ! pour 1000 kyats il nous amène à la porte Sud de Shwedagon, magistrale ! deux imposants « Chinthe » (animaux mythiques, mi-dragons mi-lions) gardent et protègent la pagode, offerts par un roi en 1841, ils symbolisent l’amour filial.
Nous longeons les extérieurs de l’escalier
couvert et redescendons les chaussures à la main par ce
même escalier sombre, aux carrelages luisants.
Pour
1000 kyats, un autre taxi nous amènera au « Bogyoke Market ». Achat
d’une superbe peinture de moines, ainsi que de plusieurs colliers de jade, authentiques,
payables en euros, plus 1 fantaisie qui fera office de rendu de
monnaie !... au terme du voyage, il ne nous restent presque plus de kyats,
puisque interdits à l’exportation et non
échangeables.
C’est à pied que
nous regagnerons notre hôtel, toujours ces
petits vendeurs sur les trottoirs défoncés, dans deux cages une vingtaine de
petits chiots, pauvres bêtes !. Nous passons devant la Mosquée Muslim
Dargah, d’une jolie couleur rose pastel, les bâtiments
de la station de chemins de fer.
11h15. Le tour est bouclé, la
chaleur commence à nous assommer, il fait près de 38°…. Après une bonne douche,
un changement de tenue nous rendons les clefs, il est midi, puis
déjeunons et attendons le taxi les manteaux et anoraks posés sur les valises, confortablement
installés dans les salons climatisés de l’hôtel.
Kyaw-Kyaw vient, seul, nous chercher à
15h30 et nous déposera, 40 mns plus tard, à l’aéroport comme un paquet de linge
sale !.... quant à Myit-Myit sa mission était terminée, nous ne la
reverrons pas, l’assistanat prévu au contrat ne se fera donc pas, malgré nos
échanges laborieux de la veille !! L’angoisse s’installe, nous allons
devoir nous débrouiller seuls dans cet aéroport où l’on n’y comprend
rien , pourvu surtout qu’il ne nous manque rien ! Je râle contre notre Agence
et leur correspondant à Yangon qui n’auront pas (malgré les moyens
modernes) réussi à s’accorder sur ce point, nous en faisons les frais… j’ai
beaucoup aimé le Myanmar, mais je n’ai pas l’intention d’y rester. Finalement,
après un premier couac qui me donnera quelques sueurs froides (l’employé me redonne
passeports et… billets) tout se passera bien, je finirai par comprendre en
anglais…. que vu l’heure de notre avion, il fallait attendre qu’il soit 17
heures pour régler cette taxe, synonyme
d’embarquement.
Le cheminement du retour : Envol de Mingaladon à 19h40 pour Bangkok, 2h30 de correspondance et envol pour Paris à 23h30. Arrivée à Roissy à 6h40 après près de 12 heures de vol, dans une froidure pas possible (3°) on est loin des 38 ° au départ de Yangon… Nous attendons, transis, dans l’aérogare le TGV Lille-Nantes de 10h30, puis un TER. A 14h30 nous tournons les clefs de notre domicile.
Impressions du voyage. Que dire qui n’a pas déjà été dit ! que ce pays est sous la dictature la plus terrible au monde, et qu’en avons-nous vu ? a vrai dire, rien ! aucun militaire dans les rues, ce qui ne veut pas dire qu'on n'était pas observés !..
Ce qui frappe le plus ce n’est peut-être pas la misère, mais plutôt le manque de liberté, la dégradation des conditions de vie, comme la restriction de l'essence, les obligeant à utiliser les transports en commun dans des conditions totalement inhumaines.
Les femmes font des travaux physiquement éprouvants, pénibles. Le travail obligatoire et forcé est toujours de rigueur. Au niveau médical et sanitaire, le pays est relativement sous-développé, avec une faible espérance de vie. Les moyens de communication sont mauvais, lignes téléphoniques en mauvais état, internet soumis à la censure.
Difficile pour nous Européens de comprendre les fortunes consacrées à nourrir les bonzes, les multiples offrandes, la construction de nouvelles pagodes ou l'entretien des monastères. La religion est si influente sur ces gens, qui lorsque c’est possible, vont jusqu’à choisir le jour de la naissance de leur bébé, puisque de celui-ci dépendra toute sa destinée.
Ce pays a un sous sol très riche (gaz, pétrole, pierres précieuses) mais dont tout le bénéfice va au gouvernement, des forêts de teck, une très riche production agricole avec le riz, le Myanmar est le 6ème producteur mondial de cette céréale. Lorsqu’il a gagné son indépendance en 1948, ce pays était un des plus riches pays d’Asie, quelle dégringolade !
Nous sommes mêmes surpris que le gouvernement autorise les touristes à y venir, mais ne nous leurrons pas ! beaucoup de contrées sont interdites, nous ne voyons certainement pas la vraie misère, les bidonvilles. Les villages visités par les agences touristiques sont propres, bien entretenus, les guides ne font voir que le beau coté et ne disent sans doute pas tout. Les visas sont obtenus préalablement auprès des Ambassades. En 2010, nous avons été 13143 Français à venir découvrir cette contrée.
Ce pays qui se
fait appeler « Golden
Land » est exceptionnel, authentique. Je
garderais l’image d’un peuple souriant, attachant, courageux, d’un pays sûr.
Il ne faut pas boycotter ce pays comme le demande Aung
San Suu Kyi… Même si une certaine partie de vos devises ira obligatoirement
dans la poche de la
junte, c’est infime…. le gouvernement a bien
d’autres sources de revenus autrement plus importantes que nos maigres euros ….
Acheter dans les échoppes artisanales, faire travailler un conducteur de
trishaw, faire une balade dans une carriole à cheval, donner des pourboires aux
porteurs de valises, à ceux du rocher d’or, aux chauffeurs, assistants….
donnera à manger à des familles entières.
Toutefois, 2 mois seulement après notre passage, le 30 Mars 2011, à la suite d'élections,
le dictateur Than Shwe cède le pouvoir à Thein Sein, la junte militaire est dissoute, une transition politique s'effectue
avec la libération de prisonniers, l'élection au parlement de Mme Aung San Suu et d'une quarantaine de ses membres de parti.
Espérons que ce pays poursuive son effort de démocratie !.
Je remercie
Mi-Mi et Myit-Myit nos deux guides qui nous ont fait découvrir leur pays, ses
beautés, ses traditions, les différents chauffeurs et assistants aimables et
aux petits soins, ainsi que Kyaw-Kyaw notre chauffeur personnel pendant notre
escapade au rocher d’Or.
Je n’oublierais pas non plus nos compagnons de voyage. Un grand merci plus particulièrement pour Gérard qui spontanément m’a fait parvenir ses photos, j’en publierais quelques unes.
Voila, le reportage sur notre voyage au Myanmar, est terminé,
j’espère que celui-ci vous aura plu. Ce récit bien que complet est condensé. Une ville, une région vous a plu, vous voulez plus de
détails, en connaître l’histoire, je vous conseille de visiter notre site, où
vous retrouverez ce même récit... mais beaucoup plus détaillé et ville par
ville. Sur celui-ci vous pourrez
également voir le reportage de quelques autres voyages, certains en camping-car
à travers l’Europe ! Un livre d’or est à votre disposition
pour vos commentaires ou questions. Merci d’avance et bonne balade !