Suite et fin des péripéties de notre voyage au Pérou
ð Lundi 22 Octobre 2007, en route pour l’Altiplano, 380 kms entre 3000 et 4000 mètres d’altitude...
Couac du matin !... nos valises, que nous avons mis devant notre porte de chambre, trop tôt semble-t-il ! ne sont pas descendues dans le hall avec les autres. Après des recherches, il faut se rendre à l’évidence, elles ne sont plus dans l’hôtel, moment d’angoisse ! Gilbert se renseigne, il s’avère qu’elles sont dans le car d’un autre groupe parti depuis déjà une heure, aille ! aille ! Une chance, ce bus n’est pas parti vers l’aéroport mais dans la même direction que nous, et c’est quelques 120 kms plus loin que nous les récupèrerons. Le jeune portier à l’origine de la bévue a parcouru cette distance pour rattraper le car à l’étape suivante, lui faire vider son coffre pour retrouver les intruses. Nous pensons souvent à lui, il était attendrissant, se confondant sans cesse en excuses. En tout cas, à partir de ce jour, nos valises ne seront mises devant les portes qu’au dernier moment, on ne s’y fera plus reprendre...
ð Andahuaylillas (12) située à 3122 m d’altitude, sur la route de Cuzco à Puno. Nous y visitons è une église jésuite : San Pedro, qui a mérité le titre de « Chapelle Sixtine Andine » église de la fin du 16ème, construite très probablement sur des fondations incas. Sur la façade Renaissance, un balcon couvert présente les martyrs de St Pierre et de St Paul. A l’extérieur, trois croix construites en andésite qui représentent la Ste-Trinité. L’intérieur est époustouflant, la quantité de fresques qui couvrent les murs est impressionnante, tout l’espace est envahi, peintures, tableaux, ainsi que quelques œuvres anonymes de l’Ecole de peinture de Cuzco. Le plafond est d’une beauté inouïe, peint de formes géométriques et de fleurs dorées à l'or fin.
Les photos et films sont strictement interdits pour ne pas abîmer les peintures, mais à l’entrée sont disponibles quelques cartes postales et une brochure en français. Dommage que le grand autel, bois de cèdre et doré à la feuille d’or de 24 carats, était en complète restauration, à moitié camouflé derrière les échafaudages.
Un arrêt au petit marché artisanal sur la place et nous reprenons la route de Puno. 85 kms plus loin : Raqchi, 3475 m d’altitude, important centre archéologique où l’on peut voir le Temple de Wiracocha. Dans ce village, une sympathique scène : des paysans labourant avec une charrue tirée par deux taureaux, la veille femme qui semait son maïs, en nous voyant approcher vient directement vers nous, ça sent la distribution de soles.
En s’approchant de l’entrée du site, nous apercevons notre jeune portier avec nos valises, ouf !
ð Raqchi (13) La ville se trouve au pied d’un volcan ce qui explique la construction des bâtiments en pierre de lave. L’entrée des visiteurs se fait par un passage dans la muraille Inca, mur de 7 kms et d’une hauteur de 4 mètres qui fait le tour de la zone archéologique. Derrière cette porte, un Inca (plus vrai que vrai ! ) nous souhaite la bienvenue.
Nous foulons le chemin des Incas et passons devant une chapelle qui fut construite au 18ème siècle avec des pierres volcaniques et des pierres ponces taillées.
C’est alors qu’apparaît immense, la vedette du lieu è le Temple de Wiracocha
Comme pratiquement partout au Pérou, les majestueuses constructions Incas furent détruites par les conquistadors, ne reste de ce temple que le mur central de 12 m de haut et les bases des 156 colonnes de 1.60 de Ø.
Il était entièrement couvert et mesurait 92.20m de long pour 25,40m de large.
Deux portes d’entrée dans ce temple, l’une pour les religieux, l’autre pour les religieuses, de nombreux logements et patios où vivaient les femmes de la noblesse, les religieux et le personnel administratif.
Les Qolqas : sept ont été restaurés en 1994 : lieu de stockage de denrées alimentaires de 8 m de Ø pour 4 m de hauteur, avec des toits en paille, de forme conique
A l’extérieur des murailles è la maison des chasquis (courrier inca)
Ici pouvaient se reposer et se restaurer les chasquis, ce lieu servait aussi de relais entre les différents relayeurs.
Le chasqui était un coureur entraîné sur plusieurs centaines de kilomètres, qui délivrait des messages, des présents royaux ou autres objets dans tout l’empire Inca.
Il emportait un pututu, un quipu contenant les informations, et un qipi sur son dos pour transporter les objets à livrer. Les chasquis étaient entraînés à se défendre contre des éventuelles attaques.
Sur le chemin des Incas, un paysan passe chargé de maïs, échange de regards, nous.. les touristes, lui.. l’habitant des lieux.. Plus loin se tient un petit marché artisanal où les femmes apportent une touche très colorée, toutes coiffées avec le même chapeau original : plat, large et le dessus joliment brodé.
Nous quittons Raqchi et sommes maintenant au début de l’Altiplano, l’altitude moyenne y est de 3300 mètres, avec un pic au col de la Raya (4330 m). Région entourée de crêtes montagneuses à l’Ouest, avec comme toujours de superbes paysages. Nous commençons à apercevoir nos premières neiges visibles à partir de 5000 mètres.
Arrêt photo pour voir passer le très luxueux train : l’Andéan Explorer, train de 1ère classe, décoré à la manière des Pullman des années 1920, avec voiture-restaurant et plateforme panoramique en plein air. Il est utilisé uniquement à des fins touristiques, (tarif de la balade : en 2008 : environ 120 €) Le trajet de Puno à Cuzco, s’effectue, sans aucun arrêt, en une dizaine d’heures, la ligne est unique, avec un croisement possible à mi-route environ.
Dans les prés nous voyons de plus en plus souvent des troupeaux de lamas ou d’alpagas gardés parfois par une paysanne.
Dans cette contrée vivent essentiellement quatre sortes d’animaux de la famille des camélidés : le lama, l’alpaga, le guanaco et la vigogne. Ne contrarions pas le lama, animal doux, mais lorsqu’il est en colère, il envoie à sa victime un jet verdâtre qui remonte de son estomac, liquide nauséabond provenant de la décomposition des végétaux digérés. Il est utilisé pour transporter des charges et pour la boucherie. Animal très têtu que les Conquistadors Espagnols n’ont jamais réussi à mater, il crache, se couche, se laisse rosser sans se relever s’il est chargé plus qu’il ne peut en supporter. Espèce importée en Europe.
Quant à l’alpaga, plus petit que le lama, il est utilisé pour sa viande, mais surtout pour sa laine très recherchée et considérée comme produit de luxe, (fabrication d’étoffes particulières, douces et soyeuses.
è La Raya : 4335 mètres d’altitude point culminant du voyage.... quelques 2000 m plus haut qu’en France ! et pourtant incrédules ! car depuis ce matin nous n’avons traversé que des plateaux. Le soleil est là, la température est excellente : 18°. Sur le parking, quelques vendeurs ambulants proposent leur artisanat : bonnets fourrés, couvertures, nappes, peluches, sacs... je les trouve bien courageux d’être venus jusque là, contrairement à nous, ils ont l’air d’être frigorifiés.
Une maman et son fils, tenant en
laisse un alpaga décoré pour la circonstance, sont là prêts pour la photo, le
régal des touristes.. et un bon apport financier pour ces paysans. Un peu plus
loin, un troupeau de lamas et d’alpagas.
L’endroit
est vraiment magnifique, mais inutile de s’y attarder plus longtemps, il n’y a
rien de plus à y voir, et Gilbert nous a promis, si nous arrivions avant le
coucher du soleil,
de s’arrêter quelques instants au marché de Juliaca, en faisant cela, il espère
atténuer la déception du marché loupé de Pisac (cause recensement) 16h30 :
arrivée à è Juliaca (3825 m d’altitude) surnommée la
« ville des vents » malheureusement réputée aussi pour sa contrebande,
l’activité principale en est le commerce de tout genre. Ces vendeurs à la
sauvette sont installés pour certains à même la voie ferrée, celle-ci traverse
la ville à la manière d’un tramway, heureusement que le train Cuzco-Puno ne
passe que deux fois par jour, une le matin et une le soir... j’imagine la scène
du train stoppé et attendant que le vendeur ait tout dégagé....
Un peu
stressés par ces mises en garde, nous « collons » notre guide le long
de ces trottoirs où se tient ce marché qui est tout, sauf conventionnel !
ici un cordonnier avec sa machine à coudre, installé sur la terre battue, là
dans l’attente de clients : les taxi-mob, rutilants dans leur couleur
bleue, enfin en vrac : des stands de fleurs, de ferrailles, des livres
carrément mis sur les rails, d’herbes vendues au kg, dont la feuille de coca,
qu’il nous arrivera souvent de machouiller ou de boire en concoction pour
combattre le mal de l’altitude, sans oublier les fœtus de lamas séchés supposés
soigner tous les maux !
Le retour au
car se fera en empruntant la rue parallèle, celle-ci est à circulation.
Beaucoup de tricycles servent de taxi, 30 000 dans la cité, son conducteur
gagne quotidiennement une moyenne de 20 à 25 soles. Impression
de déjà vu, mais oui bien sûr.... c’était en Inde : le rickshaw indien. Nous arrivons à Puno vers 19 heures, il fait déjà nuit depuis
bien longtemps et nous ne
profiterons pas du paysage. Notre hôtel : est en plein coeur de la ville,
mais comme à Cuzco, le bus ne peut y approcher, et c’est à pied que nous traverserons
le coeur historique. Une petite
surprise nous attend dans notre chambre : une jolie corbeille de fruits
accompagnée d’une carte de visite de l’hôtel Eco-Inn de Cuzco ! avec ces
quelques mots en espagnol : « Veuillez accepter nos excuses pour
le désagrément occasionné par l’affaire des valises , ainsi que cette corbeille
de fruits » la classe !!! ð Mardi 23 Octobre : journée
sur le lac Titicaca (14)
Puno ( 3850 m d’altitude) située au
bord du lac Titicaca. Une balade matinale individuelle
nous mène très rapidement à la « Place d’Armes » un vélo-taxi attend
déjà son premier client Au fond de celle-ci, seul monument de Puno : la
cathédrale, construite au 18ème siècle, remarquable façade en pierre
rouge. Nous effectuons quelques pas dans la
rue piétonne déserte à cette heure, mais grouillante à la nuit tombée, puis
retournons à l’hôtel pour l’excursion prévue. C’est alors que Félix, notre
guide local qui nous accompagnera au long de cette journée se présente. Embarquement pour les îles Uros. Une
demi-heure de navigation, mais plusieurs heures pour l’ile de Taquilé. Hier
soir, nous avons eu les recommandations d’usage : chapeau, crème solaire,
lunettes de soleil, dans cette région les rayons du soleil sont agressifs car rendus
plus forts par l’altitude et la réverbération du lac.
è Le lac
Titicaca en quelques lignes : situé à 3812m d’altitude il mesure
165 km de long et 60 de large. Il est sacré, une jolie légende y est associée, l’Inca
Manco Cápac et sa sœur et femme Mama Ocllo, demi-dieu auraient émergé de ses
eaux avec pour mission de trouver un nouveau royaume : l’empire des
Incas. Placé dans une zone partagée par le
Pérou et la Bolivie, ses eaux réunissent une quarantaine d’îles. il est le
plus haut du monde navigable et transportant des touristes, le plus grand
au-dessus de 2000m On quitte les eaux du port de Puno,
les bateaux se fraient un chemin en zigzaguant parmi les touffes de totoras
(plante lacustre dont la grande tige sert à tisser des tapis, cordes tressées,
etc...) Le lac est recouvert d’algues. C’est superbe ! le lac d’un
bleu foncé est calme, rien que pour nous ! il est tôt, aucun pêcheur ni
coupeur de totoras à l’horizon, ça sera un peu plus animé au retour. Au bout
d’une demi-heure de trajet, nous commençons à apercevoir les premières îles,
les Uros. è Les îles
UROS, on en décompte une trentaine pour une superficie totale de 71
km². Comment décrire le sentiment qui
nous submerge à l’approche de ces îlots de paille : quelques femmes
alignées sur le bord de leur minuscule îlot guettent le bateau et nous
souhaitent la bienvenue en chantant des refrains français.. (A la claire
fontaine, Frère Jacques.....) Elles sont
joliment vêtues, toutes à l’identique, une large jupe à volants aux couleurs
vives, rouges, bleues ou vertes, un chemisier blanc brodé, ce dernier recouvert
d’une veste courte rose. Sur leur tête le chapeau melon rond
traditionnellement porté par les femmes de l’altiplano, de
celui-ci pendent de magnifiques longues tresses noires, dont l’extrémité est
savamment emprisonnée par plusieurs pompons roses, un festival de couleurs... Certaines de ces îles sont aménagées
spécialement pour l’accueil du touriste, les autres restent privées et à
l’écart de l’œil du voyageur, beaucoup moins authentiques avec leurs grandes
maisons en dur, maisons dont nous apercevons les toits au loin. Celle ou nous
accosterons est Tupiri, petite, charmante, séduisante, intime, un vrai régal...
Le choix de l’îlot qui sera visité
n’est pas un hasard, c’est la communauté qui décide chaque jour, afin de
répartir sur l’ensemble, les bénéfices du tourisme, les femmes y proposent leur
artisanat, tissages et beaucoup d’articles de vannerie fabriqués en totoras. Nous arrivons dans une contrée du
monde qui est à très haute altitude, plus de 3800 m... le climat froid
et sec, caractéristique de la région, y est atténué grâce á l’action constante
de l’évaporation de l’eau, permettant ainsi la présence de
vie humaine. Ici les habitants sont acclimatés à
cette altitude, cette adaptation provient du fait que l’homme possède une cage
thoracique plus importante ainsi qu’un litre de sang
supplémentaire,
donc plus de globules rouges par rapport à nous autres Européens, ce qui
explique d’ailleurs leurs pommettes violacées.
Etrange impression lorsque l’on pose le pied sur ces sols
mouvants, ces tapis de roseaux flottants, on croirait marcher sur un matelas
pneumatique ou un lit d’eau, nos pieds s’enfonçant à chaque pas en ondulant. Le chef de l’île nous accueille et
nous dirige vers un espace aménagé pour les touristes, des bancs de totoras
disposés en demi-cercle autour d’un tableau noir. Félix, nous
explique alors les techniques de construction et d'amarrage des îles, ainsi que
le mode de vie des habitants, aidé en cela par les autochtones qui procèdent
aux démonstrations nécessaires. Les Uros sont issus d’un métissage
d’Aymaras, de Quechuas et d’Uros et parlent l’aymara, Actuellement, ils
continuent de perpétrer la tradition de la pêche artisanale, ils chassent les
oiseaux sauvages et les canards du lac. Au 13ème siècle, c’était
pour se protéger des Incas, la tribu rivale de l’époque, que les Uros auraient
eu l’idée de couper les roseaux du lac afin de s’aménager des plateformes
flottantes sur lesquelles ils s’installèrent.
Bien que le tourisme leur apporte
une manne importante, les indiens en limitent le nombre. Certaines des
îles possèdent des monuments publics (écoles, églises, dispensaire, commerces,
poste) celle que nous avons visité ne
possédait rien de cela, car trop petite, les enfants vont alors à l’école en
bateau. Chaque île regroupe entre 3 et 10
familles, c’est selon ! toutes vivent sur le mode communautaire. Le
gouvernement a offert à chaque maison un panneau solaire leur donnant ainsi un
peu d’électricité, plus sécurisant que la bougie pour s’éclairer. Un petit âtre en terre cuite, posé
sur un bloc de racines permet de faire du feu et de cuire les aliments sans
risquer de brûler les roseaux, ça et là des ustensiles de cuisine, surtout des
pots de terre et des pilons pour moudre le grain. Sur l’ilôt de Tupiri qui fait tout
au plus 50 m de long sur 20 de large, nous pouvons voir les quelques maisons
dispersées, allant de la modeste hutte à peine plus grande qu’une tente,
abritant manifestement toute une famille, jusqu’à la reproduction de bateaux et
autres objets fabriqués pour le touriste, tout (vraiment tout !) ici est
construit en totora. Là c’est un morceau du sol qui est découpé
et entouré de grillages pour permettre la pêche ou élever des canards. Les jeunes
enfants habitués aux touristes ne sont pas farouches et se laissent facilement
photographier. Dans un coté de l’îlot les femmes regroupées entre elles proposent
leur artisanat, nappes tissées, bateaux en roseaux,etc.. Chaque îlot
à un (ou plusieurs ?) mirador, utilisé pour voir les embarcations
arriver.
Moyennant 5 soles (1.25€) il nous est proposé un tour en totora,
décidément tout s’appelle ainsi, mais là je parle d’un bateau, on va plutôt
dire d’un radeau, dont les pointes sont relevées, fait de bottes de longs
roseaux tressés et ficelés par des liens végétaux, l’avant est sculpté en tête
de puma (ou autre animal !) et l’arrière en queue de poisson, les Indiens
du lac le guident au moyen d’une longue perche. Notre batelier, accompagné de sa
petite fille nous fait faire une mini-croisière, disons plutôt le tour de son
île, passant ainsi à proximité de Santa Maria, un autre ilôt, promenade d’une
vingtaine de minutes, le départ est accompagné une nouvelle fois de chants
français. C’est avec une pointe de nostalgie
que nous quitterons ces îlots, certes curieux, même si le coté touristique a
pris le dessus sur l’authentique, il n’en reste pas moins que ce fut une visite
très agréable. Nous reprenons le bateau pour l’île de Taquilé, beaucoup plus
éloignée au centre du lac, que nous rejoindrons au bout de 2h30 de navigation
agréable.
è Ile de TAQUILE, île de 7 kms de long, située à 35 km à l’est de Puno, un peu plus de
4000 m au point le plus haut. 200 m de dénivelé que l’on atteint soit en
grimpant 584 marches, soit par un sentier caillouteux à l’arrière de l’île.
C’est une île naturelle sans plage, ressemblant à un piton rocheux plat sur le
sommet. Avant de
débarquer, Félix notre guide, nous fait encore et encore les
recommandations : monter doucement, à notre rythme. Et c’est
parti pour 2,500 kilomètres à pied en pente continue pour arriver à la place du
village, et a plus de 3800 mètres..... ce fut assez costaud, un petit conseil,
fermez la !.... vaut mieux garder sa respiration pour monter, ce furent
surtout les 100 premiers mètres qui furent raides, avec une inclinaison à 35°
environ. Sur l’unique chemin de pierres, tracé probablement du temps des
Incas, nous croisons des moutons, les maisons sont construites dans un mélange de
pierre et de torchis, puis la pente devient régulière. Le lac Titicaca qui brille
sous le soleil est à nos pieds, encadré par les sommets de la Bolivie, image qu’on ne se
lasse pas d’admirer, la récompense est au rendez-vous car le paysage est
superbe. Félix qui ferme la marche cueille des feuilles de menthe et nous
recommande de les respirer très souvent. Moment
privilégié, autour de nous le lac, au loin : les massifs de la
Cordillère, il règne sur ce chemin un silence absolu, il n’y a ni vélo, ni
véhicule motorisé, pas de klaxon ! ne serait-ce pas un endroit idyllique
s’il n’y avait la vie dure et précaire de leurs habitants ? ceux-ci en
effet vivent sans eau courante ni électricité, nous imaginons sans peine ces
hommes et ces femmes une cruche dans le dos, dès le lever du jour aller
chercher l’eau nécessaire à la journée, un vrai rythme hors du temps. Ils
vivent tous nu-pieds dans des sandales en caoutchouc.
Tout en cheminant, nous rencontrons une bergère et ses moutons, elle
nous souhaite la bienvenue, une femme qui file la laine de ses
moutons, une autre qui a improvisé un métier à tisser en se
servant de son orteil. Tiens, voilà un homme en train de
tricoter, instant d’étonnement.. pensez donc, un homme qui tricote !! nous
nous apercevrons plus tard que le tricot est l’occupation principale et
favorite des hommes de tous ages, l’enfant apprend dès ses 6-8 ans, ils
tricotent probablement à longueur de journée, assis à l’ombre ou sur un mur au
bord du chemin, seuls ou entre copains, confectionnant ainsi le bonnet typique
de l’île pour leur usage personnel mais également comme produit proposé aux
touristes. Ce bonnet se tricote, avec quatre
aiguilles, la laine étant passée autour du cou, ce « chullo » est
assez particulier : il est très coloré avec comme dominante le rouge, très
long il tombe presque sur les épaules et se termine par un pompon, la position
de ce chullo est significative : le célibataire a le bout blanc et le
portera en arrière, l’homme marié l’inclinera sur le coté. Une très vieille femme apparaît dans
l’encadrement d’une belle porte de pierre, vestige inca, Félix nous la
présente comme étant la centenaire du village, moment d’émotion, nous nous
écartons de son passage car elle ne paraît plus trop bien voir, cette femme
âgée a revêtu l’habit traditionnel auquel elle a rajouté une large ceinture,
elle tient sa quenouille d’une main et sa canne de l’autre, elle marche pieds
nus sur les pierres.....
Le costume local des habitants, pour
l’homme : pantalon bleu marine, bonnet long pendant avec pompons, chemise
blanche brodée à manches bouffantes, petit gilet court noir, très large
ceinture parfois tissée de motifs incas, une pochette en tissu pour
les feuilles de coca, coincée dans la ceinture et une écharpe nouée sur la
poitrine, les enfants sont habillés ainsi également. Quand aux femmes elles portent
un pull rouge vif et une jupe a volants de couleur sombre avec des pompons,
dont la couleur, la taille et le nombre déterminent leur statut de femme
célibataire, mariée ou veuve. Sous cette jupe plusieurs jupons empilés les uns
sur les autres, un voile noir uni terminé par un ou plusieurs pompons
multicolores, là aussi détail indicateur, voile qu’elle baisseront
éventuellement sur leurs yeux pour se protéger des photos des touristes... et
les fameuses sandales en caoutchouc aussi bien portées par les hommes que par
les femmes et les enfants.
Le tourisme est leur principale source de
revenus, pour attirer celui-ci les habitants de l’île conservent leurs
traditions, leurs costumes. La tradition du tissage remonte aux
anciennes civilisations Incas, et les habitants de Taquilé ont su maintenir
vivants certains aspects des cultures andines préhispaniques. En 2005, l’île de Taquilé fut ajouté
aux chefs d’œuvre faisant partie de la liste des « Chefs-d’œuvre
du patrimoine oral et immatériel de l’humanité » liste crée
en 1998 par l’Unesco, pour consacrer les exemples les plus remarquables de ce
patrimoine, distinction mondiale qui explique sans doute les considérables
efforts faits pour perpétrer la tradition de l’époque inca. Ouf, ça y est ! après 45
minutes de grimpette, finalement pas trop ardue si l’on prend son temps, nous
sommes au bout de l’île, sur la place du village : la place d’Armes. Grande
esplanade entourée d’un musée et d’une boutique d’artisanat, (lieu à
privilégier pour les achats, en effet à partir de ces coopératives l’argent est
reparti équitablement) quelques fillettes jouent et se prêtent à la pose
photographique moyennant 1 soles. Il y restent quelques rares vestiges
archéologiques, principalement deux portes comportant de très belles
sculptures, datant de l’époque pré-inca, situées aux deux entrées du village. Depuis 1970, l’île est la propriété
exclusive des habitants de Taquilé, mais pendant l’époque coloniale, et
jusqu’aux premières années du 20ème siècle, le site servait de
prison politique, ici un panneau indique la distance pour Paris : 10100
kms. Il est l’heure de déjeuner, le
restaurant est assez sommaire, une grande pièce, mais quelle vue sur le
lac ! c’est le propriétaire, que Félix nous présentera comme étant le
maire du village qui servira seul les repas, il courait tout le temps... nous
apercevrons une (sa ?) femme aux cuisines. L’île est gérée sous forme
d’une coopérative, il n’y a pas d’hôtel, ceux qui désirent y dormir seront
hébergés à tour de rôle dans différentes familles qui fourniront le repas à
leurs hôtes, l’argent récolté sera redistribué équitablement par la communauté
de Huayllano qui gère les 20 familles de l’île, répartis en 6 hameaux. Menu du
déjeuner : en entrée, une soupe de quinoa, c’est une soupe
que nous aurons eu très souvent l’occasion de goûter, (aliment traditionnel de
la population des Andes, auquel les Indiens confèrent un caractère sacré) où
l’on y retrouve de la quinoa et divers autres légumes coupés en morceaux tels
que oignons, poireau, navets, maïs, laurier, branches de céleri, le plat
principal sera une bonne truite pêchée dans le lac, ah j’oubliais !! les
habitants de l’île sont végétariens. Sur une
étagère, à coté de l’incontournable bouteille américaine Coca-cola, prône le
coca péruvien de couleur jaune nommé : Inca-Kola. Entre deux plats, Félix
et le maître de maison qui s’arrêtera enfin de courir, nous expliquent la
tradition des bonnets ainsi que les usages des habitants de l’île, dont une
coutume que nous avons spécialement retenue :
lorsque deux
jeunes gens se plaisent (le choix est vraiment limité !) ceux-ci ne se
posent pas de questions, emménagent ensemble et testent la vie de couple
pendant 1 ou 2 ans, mais sans faire d’enfants... si l’essai est concluant ils
se marient, sinon la jeune fille retourne chez elle, mais avec un gros
handicap, car elle est alors condamnée à rester célibataire toute sa vie !... Du restaurant nous continuons à
traverser l’île d’Ouest en Est pour finalement arriver en haut des marches,
ce faisant nous croisons de nouveau des tricoteurs, des fileuses, des jeunes
femmes proposant leur artisanat, un homme transportant des caisses dans son
dos, un probable ravitaillement qu’il sera allé chercher au bateau arrivant de
Puno, quel courage pour ces habitants.. Du haut de ces marches, ce n’est pas 40
siècles que nous contemplons mais un paysage magnifique, un mélange de rivage
croate et d’Irlande celtique sans les oliviers et les pubs !!!
un escalier
de pierres zigzague parmi les champs de pommes de terre en terrasses, bordé de
bosquets d’eucalyptus, tout en bas le port minuscule si petit dans cette
immensité de lac de couleur bleu profond, ou sont amarrés côte à côte une
dizaine de bateaux,
ce
qui sous-entend
que nous sommes près de 200 touristes au même moment dans l’île, mais les
autres allant au même rythme et dans le même sens, sont toujours un temps derrière
nous ..... C’est parti ! 560, 580 marches
à descendre, + ou - ? c’est selon les informations glanées à droite, à
gauche, je vous avoue que je ne les ai pas comptées.... les premières sont
assez faciles, on y rencontre des jeunes garçons qui tricotent, des vendeuses,
des enfants, mais au fur et à mesure de la descente, elles deviennent de plus
en plus raides. Sur notre passage quelques belles portes en pierre ornées d’une
tête inca donnent une vue plongeante sur les eaux du lac, de jolis massifs de
fleurs égayent la descente, parmi celles-ci la canduta, fleur de l’inca
et fleur nationale du Pérou, qui a diverses utilisations : ornementale,
fabrication des paniers, le bois pour la fabrication des cannes, médicinal ... Les principaux légumes cultivés sont
le maïs, le haricot mais aussi, et surtout la pomme de terre qui tient une
grande place dans l’alimentation indigène. N’oublions pas que la pomme de
terre n’était connue que ! des habitants des Andes péruviennes,
appelée « papa » en quechua, ils la cultivaient depuis près de
1000 ans avant J.C. elle ne fut
introduite en Europe qu’au 16ème siècle par les Espagnols. Connaissez-vous le procédé de
conservation de celles-ci, dans cette contrée du monde ? : profitant
des nuits très froides, les paysans mettent les « papas »
fraîchement récoltées sur une couche de paille, le gel leur fait alors perdre
leur eau. Dans la journée, après avoir mis une autre de couche de paille, il
les écrasent pour faire sortir l’eau, puis les font sécher
au soleil La pomme de terre devient rabougrie, se dessèche,
prend une couleur noire, c’est la chuno negro Ainsi déshydratée elle peut se
conserver plusieurs années. Il est 15h30, nous arriverons à Puno
près de 2h½ plus tard. Sur le lac il y a un peu plus d’animation que ce matin,
ça et là des pêcheurs ou des coupeurs de totoras, apparaît soudain une petite
barque ballottée par les remous de notre bateau, probablement un couple
habitant les îles Uros si on en croit leurs vêtements, qui pêche ou rentre chez
eux, c’est la femme qui rame..
18 heures, retour sur la terre
ferme, il fait brun et il n’y a plus personne sur les quais. Il reste une bonne
heure avant le dîner, Gilbert propose aux personnes intéressées
d’utiliser ce petit créneau pour faire un tour sur la place d’Armes et les
quelques rues avoisinantes. Sur cette
place une fanfare militaire interprète quelques morceaux, Gilbert nous fait un
court commentaire sur la cathédrale, quelques mètres plus loin nous irons voir
la « Casa del corregidor » ancienne maison coloniale typique, cette
maison est un musée, un lieu d’expositions et de rencontres culturelles. Retour
par la rue piétonne qui est très animée le soir, tout y est ouvert bien qu’il
soit près de 20 heures ! ça grouille de bruits, de couleurs, nous en
profitons pour acheter quelques cartes. Dîner dans un restaurant de cette
rue, ça sera le dernier au Pérou, Gilbert ira dans une boutique proche acheter
du Pisco pour ceux qui en veulent, l’alcool traditionnel du Pérou. Avant de
nous coucher nous enduisons nos visages de crème, ceux-ci ont été bien
agressés, la peau brûle, j’en connais même un qui le lendemain verra son front
peler entièrement... ð Mercredi 24 Octobre
2007 : route jusqu’à La Paz avec passage frontière bolivienne
Ce matin au
lever il fait gris, il tombe quelques gouttes, il paraît qu’il a même neigé
dans la nuit, les hauts sommets de la Cordillère Royale devraient être
superbes ! Nous traversons les villages qui longent le lac, le paysage est
toujours somptueux à ces altitudes et arrivons à Juli distant de 84 kms de
Puno. Petite ville se trouvant sur les bords du lac Titicaca, à une altitude de
3850 m, habitée principalement par les indiens aymaras, elle est surnommée
« la petite Rome des Amériques » Image
insolite à la descente du car, une vingtaine d’hommes et de femmes sont là
debout ou assis sur les parterres, devant la petite église. ils sont tous
habillés de noir et les hommes couverts d’un chapeau, au Pérou on a plutôt
l’habitude de voir des
habits très colorés, manifestement ils s’apprêtent à pique-niquer, les
provisions sont déjà installées à même le sol, peut-être qu’ils honorent ainsi
la mémoire d’un disparu ? Nous visiterons l’église de San
Pedro, construite en granit blanc, sur ordre des pères dominicains vers 1565.
Belle façade sculptée et tour baroque. A l’intérieur dans la nef : grand
retable baroque, sur les façades latérales nombreux autels recouverts d’or,
ainsi que beaucoup de peintures des écoles espagnoles, italiennes et de Cuzco. La place principale est animée,
comme toujours dans ce genre de village s’y tient un petit marché journalier,
une femme y promène son cochon en laisse, étrange mais sympathique.
Nous reprenons la route en direction
de Desaguadero, poste frontalier avec la Bolivie, Felipe nous annonce alors
qu’il y a grève des douaniers, sans doute indéterminée, à moins que cela ne
soit un de ces si fréquents « bloquéos » provoqués par des mouvements
politiques ou.. par des chauffeurs de camions mécontents, du fait de la pénurie
de diesel en Bolivie ! Ce changement d’itinéraire nous obligera à traverser le
lac Titicaca, pas de soucis le passage est assuré par un magnifique bac ......
Felipe, notre guide bolivien, nous promet que nous arriverons à temps à la Paz
et que ce léger changement de route nous fera découvrir de superbes paysages en
frôlant les sommets enneigés de la Cordillère Royale. A Pomata nous prenons
donc à gauche la direction de Kasani, petit poste frontière que nous
atteignons en fin de matinée.
Passage de la frontière : la
consigne est de ne rien laisser dans le car, en effet celui-ci ne nous
accompagnera pas en Bolivie, les grosses valises retirées de la soute seront
chargées par des employés locaux dans des pousse-pousse ! et tandis que nous
effectuerons les formalités de sortie du Pérou et d’entrée en Bolivie, ces
porteurs traîneront leur gros chargement de l’autre coté de la frontière, un
no-man’s-land de 150 m environ en légère pente ascendante. Un petit bureau de change permet
d’obtenir quelques bolivianos, 10 bol pour 1 €. Nous franchissons à pied ce
bout de route qui n’appartient à personne ou plutôt est commun aux deux pays,
puisque c’est environ 150 mètres plus loin que nous franchissons réellement la
frontière, des étalages de vendeuses sont installés ça et là le long de
celle-ci, il ne passera aucune voiture. Douane, présentation des papiers, faire
très attention que le bureau d’immigration tamponne bien le passeport, ça ne
rigole pas, on peut être l’objet de contrôle, ce qui ne tardera pas
d’ailleurs ! Félix nous fait ses adieux Nouveau bus, nouveau chauffeur,
bonjour à Felipe qui reprend le flambeau et nous guidera dans la Paz.
Après Kasani
la route grimpe, nous sommes maintenant à plus de 4000 m, le lac Titicaca
s’étend à nos pieds, une halte photo nous permettra d’immortaliser au loin la
ville de Copacabana, celle-ci jouit d’un cadre naturel enchanteur, située au
bord du lac mais blottie aux pieds d’une petite montagne. Quelques kilomètres
plus loin, c’est le déjeuner pique-nique en plein air,
le soleil est au rendez-vous mais l’endroit est très venteux. Que c’était
joli ! : le lac à plus de 200 mètres en contrebas et ses innombrables
petites îles, la côte déchiquetée visible à 180°, à l’horizon on devine les
côtes boliviennes. Nous nous approchons du détroit de
Tiquina, de la route panoramique nous commençons à apercevoir ce bras de 900 m
qui sépare le lac Titicaca en deux morceaux : le lac Chucuito (Majeur) et
lac de Huiñaimarca (Mineur). Felipe nous explique le
déroulement de l’opération, ce ne fut pas une action commando, mais tout de
même, cette traversée nous laissera un souvenir impérissable. Il paraît que
lorsqu’il y a trop de vent, celles-ci sont annulées, mais, nous dit-il « aujourd’hui
il n’y a pas de problème » qu’est-ce que ça aurait été alors s’il y
avait eu problème !! (humour noir) Les véhicules sont montés sur des
espèces de grandes barges plates peintes de couleurs vives, barges construites
avec quelques planches de bois sommairement assemblées, avec un simple moteur
de bateau, système datant de Mathusalem ! c’est tout simplement
stupéfiant ! nous regardons avec une certaine appréhension notre car et...
nos valises y prendre place. Il est interdit de rester dans le bus, on nous
emmène un peu plus loin pour monter dans un tout petit bateau, d’une capacité
d’une vingtaine de personnes maximum, c’est dire si c’est du petit ! les gilets
de sécurité, fichtre.. ils sont peut-être en option !!!.... Et c’est sur
ce tout petit quai que surgit on ne sait d’où un « flic » bolivien
pas plus souriant qu’il n’en faut, il demande les passeports, les feuillette et
nous rend notre précieux sésame après avoir cherché le tampon d’entrée !
on s’entasse alors dans ce bateau, la traversée doit durer 15 minutes.
Les cinq
premières minutes (ou les 300m premiers mètres !) se sont passées sans
problème, mais arrivés au milieu du chenal, je peux vous assurer qu’on a tous
eu la peur de notre vie, les épaules de chacun de mes voisins doivent encore se
souvenir de mes ongles, quant à Yvette, la photo prise tant bien que mal par
son mari est plus parlante qu’un long discours. « Les vents de l’Altiplano,
s’ils ont des conséquences sur la température des eaux, ont pour effet d’agiter
les eaux de surface, les vents forment alors des vagues d’ondes courtes qui
peuvent dépasser 50 cms » ça c’est Mr
Georges Ouvrard qui le dit dans une rubrique très précise qu’il a consacré au
lac) il est certain que je le
crois !!! à plusieurs reprises les vagues ont arrosés ceux qui avaient eu
la malchance de ne pas être dans l’habitacle, le minuscule bateau tanguait
beaucoup, bref ! un moment inoubliable où la trouille a animé chacun de
nous, on riait jaune ! ce ne furent que quelques minutes, mais elles
durèrent un siècle. Le lac,
aussi étrange que cela soit, a des marées quotidiennes qui atteignent une
amplitude de 0,80m. Ce fut avec un réel soulagement que nous posâmes les pieds
de l’autre coté, au même moment arrivait apparemment intact, ouf ! notre
si joli bus vert. La route d’une centaine de
kilomètres reliant Tiquina à La Paz est réellement fabuleuse, apparaissent
alors les sommets enneigés de plus de 6000 m de la majestueuse Cordillère
Royale.
è
El Alto, banlieue grouillante de La Paz,
située entre à près de 4000 m sur l’altiplano, haut plateau andin, est une des
villes les plus hautes du monde. Actuellement 1 million d’habitants y vivent dont
78% d’aymaras. La circulation y est dantesque, piétons, vélos, taxis, bus,
voitures, l’embouteillage y est permanent, petits marchés ou les paysans ont
déballé leurs fruits et légumes un peu partout, sur les trottoirs et même sur
les ronds points, la patience des conducteurs est mise
à rude épreuve. è La Paz, véritable
canyon encaissé. Le site est subjuguant, fabuleux, un des cadres naturels les
plus beaux au monde, les maisons sont accrochées du point le plus haut (4100m)
à celui le plus bas (3200m) les gratte-ciels sont si minuscules au fond de
cette cuvette, je comparerais la vue à des petits cailloux colorés dans le
creux d’une main. Un belvédère est aménagé au grand bonheur des photographes,
et pour ne rien gâter, en toile de fond le colossal Illimani, un sommet
enneigé de 6439 m. Commence alors une descente
interrompue pendant plusieurs kilomètres, l’artère principale s’appelle du haut
en bas : l’avenue Montès, surnommée par certains les Champs Elysées
boliviens ! jusqu’à notre hôtel situé tout en bas de l’autre coté de
la ville. Il commence à faire brun, la traversée de la ville est longue, très
longue, beaucoup de monde et de circulation.. Pour cette dernière étape du
voyage, l’agence nous a gâté : l’hôtel Ritz, chambre à deux grands lits,
chaussons et peignoirs brodés au nom de l’hôtel, cuisine, vins fins, salon,
bureau stylé, le tout au 8ème étage, bon ! on ne va pas cracher
dans la soupe, mais un tel luxe pour le si peu de temps qu’on y vit...
d’autant que celui-ci se passe principalement dans les bras de Morphée.. ð Jeudi 25
Octobre 2007 : Tiwanaku, (15) et la PAZ (16) Départ 7 heures. Nous remontons en
sens inverse, du moins jusqu’à El Alto, la quatre-voies qui relie les beaux
quartiers du bas (3200m) et les hauts quartiers (4000m) et repassons devant le
belvédère panoramique, à cette heure matinale la traversée de El Alto n’est pas
trop difficile. Dès la ville quittée, nous nous retrouvons dans l’altiplano
sauvage, avec toujours les vues magnifiques sur les massifs enneigés de la
Cordillère Royale. Le paysage change de couleur, à l’approche de Tiahuanaco, à
70 kms de la Paz, la terre est très rouge, ferrugineuse, une herbe rude
appelée ichu, de couleur jaune clair y pousse et constitue pratiquement
l’unique végétation de cette région aride, herbe qui sert comme pâture aux
animaux du plateau andin. è Tiahuanaco est situé
sur un haut plateau à 3844m d’altitude, complexe archéologique déclaré Patrimoine
de l’Humanité par l’Unesco en 2000 Son origine est incertaine, civilisation
existant probablement du 10ème siècle avant J.C. jusqu’au 12ème
siècle après J.C. période où elle disparu, mais on ne connaît pas grand-chose
de celle-ci : ni la langue, ni la religion, ni les rois. Certains croient
que c'est la ville la plus ancienne au monde. La cité était autonome, vivant en communauté de son agriculture
et de sa pêche, les
habitants savaient fondre le cuivre, laminer l’or, fabriquer des poteries, ils avaient
aussi des connaissances en math, en astronomie et en ingénierie hydraulique. Ca
devait être une ville royale magnifique, il est probable que les murs des
temples et les statues étaient alors recouverts d’or, de textiles ou de
surfaces peintes. Il a été estimé que 365 000
personnes vivaient dans le centre antique de Tiwanaku.
Civilisation disparue ? Les vestiges attestent que la cité
avait autrefois un port sur le rivage du lac Titicaca. L’archéologue Posnansky
a conclu, après avoir étudié les gisements de chaux et les ruines profondément
enterrées en sédiments que l’inondation biblique du déluge de Noé aurait pu en
être une des causes. Ce qui est certain c’est que le site ne fut jamais achevé,
les travaux furent interrompus comme si un évènement brutal qui aurait frappé
la cité était survenu, un cataclysme ? des changements climatiques ?
L’empire de Tiwanaku s’est éteint après que le niveau du lac se soit abaissé et
le rivage reculé de la ville. Des recherches récentes (2005)
organisée par un géologue Italien ont identifié les restes d’un chemin, un
monument, les reliques d’un temple, ainsi qu’au fond de l’eau : une île de
3600m de long, conséquence d'un cataclysme qui a du se produire au 12ème
siècle et qui serait.... la cause du déclin de la civilisation de Tiahuananco. Notre première visite sera pour è le musée qui abrite
des éléments de cette culture. Le site
archéologique est situé dans un très joli cadre naturel, sitôt passée la
porte d’entrée, nous admirons quelques è monolithes alignés,
puis faisons le tour è du Kalasaraya, vaste
esplanade de 126m x 117m, à l’intérieur de cette aire è les monolithes
Ponce et Fraile, è le Templete
Semisubterráneo (semi-souterrain) entouré
d’un mur de 48 piliers de grès rouge, dans ce mur sont encastrées 172 anthropomorphes
en roche volcanique,
le monument
sans doute le plus célèbre du site : è la Porte du
Soleil, une pierre sculptée, véritable bijou de l’art pré-colombien,
bloc de 4m de large et 3 m de haut, on y voit dans un
langage hiéroglyphe, une infinité d'inscriptions, peut-être un calendrier
annuel pour les semences et les récoltes ? sur sa
partie supérieure une frise sculptée représentant le dieu soleil Viracocha, Et enfin è l’Akapana, petit
colline qui constituait, une pyramide à 7 plateformes de 200m de coté sur 15m de
hauteur, elle était alignée parfaitement avec les quatre points cardinaux,
peut-être une forteresse ? Aujourd’hui elle est totalement ensevelie, la
faute en revient à un avide mineur espagnol qui creusa, dans l’espoir d’y
trouver de l’or, puis les colons espagnols utilisèrent nombre de pierres pour
construire, au 17ème siècle, l’église du village voisin. Depuis
1957, les archéologues
boliviens et étrangers y effectuent des fouilles d’excavation, le travail a
bien avancé, plusieurs des plateformes revoient le jour. Nous nous mélangeons aux
« fouilleurs » les hommes creusent, les femmes encombrées de leurs
longues jupes tamisent, un peu plus loin d’autres femmes ont
nettoyé le terrain en y arrachant l’ichu, l’herbe sèche qui pousse
sur cette contrée aride. Une fois mouillée, cette herbe est écrasée, tressée
pour fabriquer des cordelettes, voir des cordes. En sortant nous croisons plusieurs groupes
d’écoliers cahiers de notes à la main, ils sont très heureux de nous voir, tout
à coté du site, se tient un petit marché permanent, Des stands où les
boliviennes proposent beaucoup
d’artisanat, en particulier des nappes filées ainsi que des poteries. Nous repartons en direction de La Paz pour
déjeuner, le restaurant est situé au cœur de la Vallée de la Lune, complètement
de l’autre coté de la ville. El Alto, contrairement à ce matin il y règne une
circulation dantesque, image insolite que ces garçons assis au sommet d’un chargement de bric à brac, où vont-ils ainsi ? à leur lieu
de travail, à la ville ? La Vallée de la lune est à une douzaine de
kilomètres du cœur de la ville, nous regagnons en altitude, les paysages sont
magnifiques. A chaque détour de virage apparaît un panorama
nouveau, tantôt la montagne est rouge, tantôt ce sont des sommets arrondis
gris, tantôt apparaissent les premières concrétions calcaires, bien que nous
soyons à une altitude de près de 4000 mètres, il y fait chaud, nous déjeunons
en plein air sous une grande bâche.
Avant de descendre du car, Gilbert nous fait des recommandations
: ne rien emmener sur nous, ni papiers, ni argent, le coin n’est pas très
sécurisé (cela vient peut-être du fait qu’une partie de ces personnes vendent
illégalement !) ne pas insister sur les photographies, ne pas traîner.
Le repas
sera accompagné de musiques andines.
ð Vallée de la Lune, endroit très insolite qui ressemble un peu à la Capaddoce en Turquie, nous y arrivons sous un soleil éclatant. Le site est dû à l’érosion de la partie supérieure d’une montagne. Le sol, composé d’argile est de nature fragile, au cours des siècles, les éléments ont sculpté une œuvre d’art, des centaines de cheminées de fées et pitons rocheux filiformes ouvragés comme de la dentelle. C’est maintenant un parc aménagé avec un sentier de découverte, la réverbération y est à son maximum tant le site est d’une blancheur ! attention aux coups de soleil traîtres en altitude.
Retour sur La Paz, (16) capitale de la Bolivie, construite au pied du gigantesque Illimani (6462m) le plus haut sommet de la Cordillère Royale. Capitale la plus haute du monde s’étageant entre 3000 m, ou se trouvent les quartiers aisés, et 4000 m le haut plateau d’Alto, le refuge des classes défavorisées. Du bas en haut, il peut y avoir jusqu’à 10° d’écart, l’hiver le haut plateau est l’objet de vents glaciaux. La ville compterait 1 000 000 d’habitants plus un autre million dans l’agglomération...
Dans la rue principale, celle du 16 Juillet, parmi la circulation dantesque une scène attire notre attention, des zèbres et des ânes au milieu de la rue ! non non je n’ai pas bu ! ..... bon disons que ce ne sont pas des vrais zèbres, ni de vrais ânes, mais des employés à la circulation accoutrés dans ce déguisement. A l’aide de cordelettes fabriquées sommairement avec de l’ichu, l’herbe des hauts plateaux, ils maîtrisent l’immense foule de piétons.
On assiste maintenant à un de ces chaos urbains bariolés, bruyants et mouvementés, l’agitation est impressionnante, les taxis-bus collectifs très colorés, avec accroché à leur porte un gamin braillant toute la journée son itinéraire et qui à coup de klaxons répétés parviennent à se faufiler parmi les passants, les vendeurs de fruits ou légumes déambulant avec leur carriole, etc... Pratiquement tout ce qui roule sont des taxis. Nous arrivons ainsi à la Place Murillo, place du cœur de la ville.
è La place Murillo, petite place tranquille, bordée d’un coté de commerces et de restaurants et de l’autre par le palais présidentiel, le palais législatif et la cathédrale. Un petit air de Venise tant il y a de pigeons ! marchands de fruits, de glaces, cireurs de chaussures font de cette place un vrai théâtre. Ces jeunes cireurs sont masqués, moment d’étonnement l’explication : ce sont des étudiants pauvres qui font des petits boulots pour payer leurs études, mais ne tiennent pas à être reconnus par leurs amis ou leur famille. Au milieu de la place un grand monument en souvenir de la proclamation de l’indépendance de Murillo, et le lampadaire ou fut pendu en 1946, le président Villaroel, celui-ci voulait s’attaquer au pouvoir des propriétaires de mines, un peu froid dans le dos, ce système de contestation !!!
Nous reprenons la visite panoramique en bus, quittons la plazza Murillo et allons dans le vieux quartier colonial, en effectuant des slaloms dans les différentes ruelles de ce quartier.
Grand bravo à la dextérité du chauffeur, les rues sont si escarpées, les trottoirs si encombrés de marchandises de toutes sortes, que même les piétons doivent se frayer un chemin au milieu de celles-ci, gare à ne pas mettre le pied sur la rue, elle n’appartient pas au piéton.... le haut du car frôle à chaque instant les armatures des étals des vendeurs, à notre passage les femmes assises sur une chaise ou à même le sol derrière leur étalage, tournent la tête pour ne pas être photographiées, les étals de viande sont en plein air !
Ce marché tentaculaire est un vrai théâtre de plein air, les câbles électriques traversant les rues dans un enchevêtrement pas possible, me font penser à une ville décorée pour Noël, ne manque que les étoiles..
Après près d’une demi-heure à sillonner au pas les rues les plus typiques de ces vieux quartiers, le car s’arrête à proximité du « marché des sorcières » Ce quartier est certainement l’un des plus insolites de la ville, nous nous promenons au hasard de ses ruelles tortueuses, quelques étals de commerçants vendent des herbes, des potions mystérieuses, des fœtus de lamas supposés soigner tous les maux, mais aussi des petites statuettes de pierre et amulettes censés protéger du mauvais sort.
Un petit regret, il est déjà bien tard, et je n’ai pas trouvé l’animation racontée par plusieurs voyageurs, comme par exemple des yatiris, (sorciers) hommes coiffés d’un chapeau mou en train de lire l’avenir avec des feuilles de coca.
Dans ces ruelles beaucoup de boutiques d’artisanat et de souvenirs proposent des ponchos, des instruments de musiques, des tee-shirts... La circulation y est démente, les chauffeurs des taxis et mini-bus ne font aucune concession, ils vous pousseraient même.... mission presque impossible de traverser les rues pourtant si petites, on comprend mieux l’utilité des zèbres et des ânes dans la grande artère ! la marche sur les trottoirs y est difficile, dès qu’on fait un pas, ou on monte.. ou on descend.. jamais plat ! le nez et la gorge sont mis à rude épreuve par les fumées d’échappement des camions et des voitures coincés dans l’embouteillage permanent, surtout lorsque ces mêmes camions font leur démarrage en côte, un délice....
Après avoir déambulé parmi ce marché, nous regagnons le bus et faisons nos adieux à Félipe, notre sympathique guide bolivien, il fait nuit lorsque nous regagnons l’hôtel. Lors du dernier repas, échaudé par ces pertes de valises qui ont égrenées le voyage, Gilbert a une idée de génie, cette idée s’avérera deux jours plus tard une vraie idée de génie !!!!! il nous donne des rubans de couleur différente par aéroport de destination (Nantes, Bordeaux et Paris) à fixer à nos bagages.
Demain sera une rude journée, rien que quatre avions dans la foulée : La-Paz-Lima (Pérou) Lima-Caracas (Vénézuela) Caracas-Paris et Paris-Nantes. Le retour sur Savenay est prévu pour le Samedi vers midi soit un total de près de 21 heures de voyages non-stop...
ð Vendredi 26 Octobre 2007 un retour tumultueux......
Départ de l’hôtel de LA PAZ vers 7h. A l’aéroport, Gilbert et Chantal s’occupent de l’enregistrement de l’ensemble des bagages, c’est ainsi que déchargés de cette opération, nous attendons l’embarquement du vol pour Lima prévu à 9 h, adieu Gilbert. Un dernier regard, les dernières photos sur le lac Titicaca et les sommets de la Cordillère des Andes, ceux-ci sont si près que nous avons l’impression de les frôler, et nous arrivons à Lima après près de 3h30 de vol tranquille.
Commence alors dans l’aéroport une course effrénée, nous n’avons que 40 mns de correspondance, il faut dans ce laps de temps, sortir de l’avion (on est au fond !..) franchir le contrôle douanier, passer les vêtements et bagages à mains aux rayons et trouver la bonne porte d’embarquement ..... Ouf ! ce fut moins une, une hôtesse avait même fait le « dernier appel » mais en espagnol !! Second décollage, cette fois pour Caracas, le vol durera à peine trois heures, nous devrions y arriver vers 16 heures, avec près de 75 mns de correspondance pour Paris, là encore vol tranquille et arrivée à l’heure prévue à Caracas, nous nous engageons dans le couloir « correspondances » lorsque .......
....... lorsque des employés de l’aéroport viennent nous trouver et nous disent qu’Air France est en grève depuis plusieurs jours et qu’il aurait mieux valu rester à LA PAZ ! Maintenant on est bloqués à Caracas, va falloir gérer ... première chose à faire, remplir ces fichues fiches d’immigration, rédigées en anglais ou espagnol et qui demandent en plus de notre identité, tous un tas de renseignements sur la Compagnie aérienne, renseignements qu’on ne connaît pas forcément...Mais ! nous dit-on... Air-France ne laisse pas ses passagers coucher dehors, un bus va vous amener passer la nuit dans un hôtel de Caracas, auparavant nous devons récupérer nos bagages, et c’est alors que ..........
......et c’est alors que nous attendons, et attendons..... mais il faut se rendre à l’évidence, il manque les 3/4 des valises, dans notre cas : une. L’explication qui tardera beaucoup à venir ! est simple, le temps fut tellement court pour la correspondance de Lima, qu’elles sont restées là-bas. Instant de découragement, car à cet instant, impossible de savoir quand, et comment ! nous allions pouvoir rallier Paris, et sans habits... la valise qui était en notre possession ne nous servait pas vraiment, c’était la plus petite et elle ne contenait rien de très utile, quand aux bagages à main, qui à l’aller incluaient le nécessaire indispensable, au retour ne contenaient que le matériel photo pour l’un et une partie des souvenirs pour l’autre. Un jeune homme, employé probablement à cette opération-grève nous accompagne partout, au passage du contrôle des passeports, ça râle, on est si las ! si bien que le douanier laisse passer ces pauvres naufragés ? sans vérification.... Effectivement un bus nous attend, l’hôtel n’est qu’à une bonne vingtaine de kms, ce qui devrait nous faire arriver vers les 19 heures, hé oui ! plus de deux heures ont passé à attendre les valises et essayer de gérer la situation, oui mais voila, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !.......
.....quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! on se croirait sur le périphérique parisien à l’heure de pointe, nous roulons au pas, on nous demande de tenir les rideaux tirés, pourquoi ? plusieurs hypothèses : notre sécurité, ne pas voir la misère extérieure, les puits de pétrole ? ce n’est pas génial de rouler ainsi, d’autant qu’on n’a l’impression qu’on n’y arrivera jamais à cet hôtel ! nous roulerons ainsi pendant 3h30... quand enfin ! apparaît le palace GRAN MELIA de Caracas, il est 22 heures, nous sommes exténués. Les hôtesses à l’accueil de cet hôtel pour milliardaires sont dépassées par l’évènement, avant d’avoir notre clef de chambre, nous devons encore...couple par couple remplir une fiche, ce n’est pas possible, on ne s’en sortira pas ! (opération qui prendra encore près d’une demi-heure) Pas du tout à l’aise dans ce palace, dans les ascenseurs, nous nous serrons contre des madames en décolleté et talons aiguille, ou des monsieurs en smoking qui ne nous adressent même pas un sourire, faut dire qu’on fait tâche... vêtus de jeans et de pulls, l’air fatigué par 17 heures de déambulation et sentant la sueur..... L’horaire limite pour le souper (tickets offerts par Air-France) étant 23h nous devons encore courir. L’hôtel était certainement un des plus luxueux de Caracas.. jacuzzy dans les salles de bains, certains avaient même un appartement avec deux chambres et deux salles de bains, je crois qu’on nous a mis ou il y avait de la place, mais quel luxe ! Il avait été attribué 10 mns gratuites de communication internationale par personne, qu’il sera possible d’utiliser le lendemain matin puisqu’il sera environ 13 heures en France. Minuit, nous regagnons enfin la chambre espérant trouver le sommeil rapidement, hélas pour moi ce fut plus difficile, depuis deux jours je souffrais de brûlures dans la bouche, probablement dues à des fruits trop acides, le médicament liquide qui me soulageait était dans une valise (puisque interdit en bagage à main) et manque de chance, dans la manquante....
ð Samedi 27 Octobre 2007, l’aventure continue..
Rendez-vous à 9 heures dans le hall de l’hôtel, nous profitons d’une demi-heure de disponible pour voir un peu l’environnement, mais les consignes ont été strictes : ne pas sortir de l’enceinte du palace, Caracas étant une ville assez dangereuse, nous nous limiterons donc au portail d’entrée, de toute façon on n’a pas le temps d’aller bien loin. Même l’hôtel est sous surveillance militaire, que ce soit avant d’y entrer ou dans le vestibule d’accueil.
Les directives du Tour Opérateur sont de nous faire rentrer à Paris par tous les moyens... dans le meilleur des cas aujourd’hui même par un avion d’Air-France, sinon en scindant le groupe et en passant soit par Milan, soit par Lisbonne. A 9 heures du matin, on ne sait pas du tout à quelle sauce nous allons être mangés, seul chose à faire : retourner à l’aéroport voir de quoi il en retourne.....
Nous remontons dans notre joli car, étrangement on nous accorde le droit de tirer les rideaux, apparaît alors à proximité de ces hôtels si luxueux, la banlieue de Caracas qui n’est que succession de bidonvilles et de petites maisons colorées accrochées à flanc de montagne, quelle tristesse !
Arrivés à l’aéroport nous faisons la queue au comptoir Air-France, debout, pas vraiment encombrés de bagages !! dans l’attente d’un éventuel billet, il est 10 heures, ça va être long, l’aérogare est plein, il y a tellement de monde à attendre, les voyageurs du jour, mais aussi ceux de la veille comme nous. D’où nous sommes nous voyons le panneau lumineux qui indique « a l’heure » une heure après « retardé » pourvu que dans une heure ça ne soit pas « annulé ! » Quatre heures d’attente... et nous avons enfin en poche le précieux sésame. On..... nous assure également que les valises restées à Lima la veille sont arrivées à Caracas et ont bien été mises dans l’avion pour Paris, les 24 heures de retard ayant été mises à profit.
Une responsable Air-France nous a donné avec nos billets, un ticket par couple pour déjeuner dans une restauration rapide. Décidément nous jouons de malchance, il est écrit 1 sur le nôtre et malgré mes tentatives, impossible d’avoir un autre ticket, je prends alors une très grande décision, j’écris 2 par-dessus le 1, on verra bien ! il ne faut pas oublier non plus que nous n’avons pas un centime d’argent vénézuelien.
La cafétéria est du coté embarquement, nous devons donc passer de suite le contrôle et la douane, là encore ne pas traîner, cette cafétéria ne servant que jusqu’à 15 heures, mon 2 dans la cohue est passé inaperçu .. L’heure annoncée pour le décollage est de 18 heures, (soit une heure plus tard que celui d’hier) nous pourrons commencer à embarquer vers 16h30, finalement nous ne partirons qu’à 19h30, mais au moins on part !
Mon rang est le 17, celui de mon mari le 55, si bien que je suis tout au début de l’avion, juste derrière les 1ère classe et lui complètement au fond, je ne comprends pas trop comment les places ont été dispatchées, merci Mme l’accompagnatrice !.. j’essaie de ne pas dramatiser la situation, pensant me retrouver avec d’autres membres du groupe, hé bien non, je suis seule ! mais pire encore... seule entre deux vénézueliens qui manifestement ont envie de tailler la bavette ... dans leur langue. Je propose à mon voisin-allée de changer, il refuse.. plus par politesse je crois, je sens qu’ils vont me faire devenir folle, ils ont tellement de choses à se raconter, bien évidemment, ils finissent par trouver que cette situation est loin d’être commode, si je m’avance ils parlent dans mon dos, si je m’adosse ils s’avancent sous mon nez....... C’est alors que mon voisin-hublot me propose de changer.. tiens donc, mais pas du tout messieurs !.. deux à faire bouger au lieu d’un pour se dégourdir les jambes, non merci ! je saute sur l’occasion et me fais comprendre, c’est celui de l’allée ou rien !.... et c’est ainsi que je me retrouve toujours au n° 17 mais du coté allée, où je peux enfin allonger ma jambe qui a tant souffert du piétinement de ce matin dans l’aéroport. Le dîner nous est alors servi, pas rancunière, je ferais cadeau de la petite bouteille de vin bien français à mes voisins qui, devenus les meilleurs amis du monde se l’a sont partagée. Sur le petit matin, pour la troisième fois depuis le début du voyage, un saignement de nez survient, pas trop méchant j’arriverais assez facilement à le contenir avec des mouchoirs.
ð Dimanche 28 Octobre, enfin chez nous, mais toujours sans valises...
Atterrissage à Roissy à 9 heures du matin, après 8 heures de vol. La grève étant toujours d’actualité, nous n’avons pas d’avion pour Nantes. Les contrôles passés, nous nous rendons aux tapis des bagages, le terminal est immense, les tapis sont à des lieues, nous devons prendre la navette, et chose incroyable.... presque toutes les valises manquent, c’est de la folie ! L’inquiétude s’installe ainsi qu’un ras le bol, une responsable est appelée, elle se renseigne, nos valises avec leurs beaux rubans bleus, ayant été enregistrées pour NANTES à partir de LA PAZ continueront leur route, quand ? tout simplement quand il y aura un avion pour Nantes, c'est-à-dire quand la grève sera terminée... et dire qu’elles ne sont probablement qu’à quelques dizaines de mètres de nous.... mais le plus cocasse, c’est qu’elles ont été enregistrées globalement par notre guide péruvien et Madame l’accompagnatrice, sous un seul nom, celui d’un des voyageurs de la destination Nantes pris au hasard ! ce qui provoque un mouvement de mécontentement et un vrai casse-tête à la responsable de Roissy, qui sur le moment, ne voit pas comment défaire ce sac de nœuds. Finalement elle n’entrevoit qu’une seule solution : une fois les valises retrouvées, se donner tous rendez-vous quelques jours plus tard, à l’aéroport de Nantes, pas facile tout ça !
Et maintenant, rejoindre Nantes ? dès notre sortie d’avion, un chauffeur de car était venu nous dire qu’il nous attendait sur le parking, dès qu’on aurait récupéré nos valises, humm.... il commence à se demander ce que l’on fabrique car près d’une heure est passée depuis. Nous sommes dispersés, ça sera un car de voyageurs revenant de Madagascar qui nous prendra en charge, les pauvres ! leur avion était arrivé plus d’une heure avant le nôtre, et ils ont dû encore attendre qu’on débrouille cette affaire. C’est parti !... la séparation avec les autres du groupe est brutale, nous ne sommes plus que 8 de celui-ci. A des points précis, des représentants des agences qui ont vendu les billets prennent leurs clients en charge, c’est ainsi que pour nous, un taxi est venu nous chercher aux environs d’Angers. C’est à cet instant que mes saignements de nez recommencent, je vais aux toilettes de la cafétéria, mais ça ne s’arrête pas et prend de plus grandes proportions, on vient à mon secours, parle même me faire hospitaliser, ah non ! pas si près de chez moi. J’explique que c’est probablement les suites du mal de l’altitude et qu’on arrive du Pérou, une infirmière me conseille, me donne une mèche et me fait promettre de contacter notre docteur sitôt rentrés. Nous reprenons la route, le taxi nous déposera à notre porte le Dimanche à 17h30, soit près de 30 heures plus tard que prévu.
Retour à la maison : pour les saignements de nez, rien de grave, les narines ont été irritées du fait de l’air trop sec.... j’ai un léger traitement, je ne saignerais plus ensuite. Quant aux bagages, on apprendra que toutes... les valises sont rendues.......en Ille-et-Vilaine...... un taxi les a ramenées de l’aéroport de Nantes, les étiquettes d’adresses sont arrachées, espérons que chacun retrouvera son bien ! Le roman feuilleton des valises va donc connaître un épilogue heureux, mais c’est tout de même à plus de 100 kms de notre domicile que Mercredi, nous récupérerons la nôtre.
En bonus ..... Une petite sélection de quelques photos, moments inoubliables :
Impressions et réflexions sur ce magnifique voyage...
Nous avons plus particulièrement aimé :
u Les paysages à couper le souffle, propre comme au figuré !.... (le haut plateau de l’Altiplano, la Cordillère des Andes, les sommets enneigés de la Cordillère Royale, culminant à + de 6500 m) u Le survol de cette montagne, impressionnante, tant les pics paraissent si près ! u La splendeur du site du Machu-Picchu. u Le survol en petit avion des lignes énigmatiques de Nazca. u La découverte des si typiques îles Uros et Taquilé au milieu du lac Titicaca. u La sympathie des péruviens, peut-être moins manifeste du coté de Lima et de la côte du Pacifique, mais tellement présente arrivée à Cuzco et sur les bords du lac Titicaca. u La constatation que, malgré l’invasion des espagnols qui ont massacré presque tous les monuments incas, les indiens essayent de conserver intacts la culture et les traditions de leurs ancêtres. u La gentillesse et la compétence de nos six guides locaux. (Gilbert, Térésa, Juan-Carlos, Joseph, Félix et Félipe) vous resterez toujours dans nos souvenirs u N’oublions pas non plus, ce soleil tant adoré par les Incas et qui ne nous a jamais fait faux bond !
Nous n’avons pas aimé, ah au fait qu’est ce que nous n’avons pas aimé ?
u Principalement les petits soucis liés à l’altitude, maux de tête, saignements de nez. u La traversée de l’isthme de Tiquina, sur le lac Titicaca.. u De constater que depuis le tremblement de terre d’Août précédent, les habitants de la région d’Ica et de Paracas sont toujours dans un grand dénuement, tas de cailloux sur le bord des routes, maisons rafistolées avec des panneaux de roseaux. u Qu’ils mangent une adorable bestiole, si chère à nos bambins français : le cochon d’Inde. u Ce 21 Octobre 2007, jour du recensement national, qui nous a privé d’un des marchés les plus insolites qui soient : Pisac..
Voila, le reportage sur notre voyage au Pérou-Bolivie est terminé, j’espère que celui-ci vous aura plu.
Ce récit bien que complet est condensé.
Une ville, une région vous a plu, vous voulez plus de détails, en connaître l’histoire, admirer beaucoup plus de photos, mises sous forme de diaporamas, je vous conseille de visiter notre site, où vous retrouverez ce même récit mais beaucoup plus détaillé, ville par ville, ainsi que les diaporamas
Sur celui-ci vous pourrez également voir le reportage de quelques autres voyages.
Un livre d’or est à votre disposition pour vos commentaires ou questions.