Moscou - La Cathédrale du Christ-Sauveur


              *  Mercredi 3 Juillet (suite) Durant le court trajet allant de la Place Rouge à la Cathédrale du Christ-Sauveur, Nathalie commente les monuments sur leur passage, ainsi voici la sublime église Saint Nicolas, puis la statue de Maxime Gorky, grand écrivain russe du début du 20ème siècle.

             A plusieurs reprises nous apercevons un monument si gigantesque qu’on le voit de très loin. Cette statue de bronze et d’acier, de 98 mètres de haut situé près de la rivière Moskova, représente l’empereur Pierre le Gd, un des plus célèbres dirigeants de Russie (1682-1725) a la proue d’un navire, brandissant victorieusement un parchemin doré. Ce monument a été érigé pour célébrer le 850ème  anniversaire de la fondation de Moscou. Son sculpteur, un géorgien, aime imposer ses œuvres monumentales,  créant bien souvent des polémiques, même au-delà des frontières, n’a- t-il pas ainsi érigé un monument de 7 m de haut du pape Jean-Paul ll à Ploërmel ! Cet hommage à Pierre-le-Gd ne plaît pas spécialement aux Moscovites, lui qui a  délaissé Moscou au profit de St Petersburg qu’il fondit et en fit la capitale du pays.

 

             « Allez, on descend du bus, on va visiter la cathédrale du Christ-Sauveur » L’histoire de sa construction est digne d’un roman, lisez plutôt !    

       

        Le 25 Décembre 1812, le tsar Alexandre 1er décide de bâtir une cathédrale pour remercier le Sauveur d’avoir aidé la Russie lors  de la tentative d’invasion de Napoléon, les travaux commencent mais le terrain gorgé d’eau entraîne rapidement leurs suspensions. Pas découragé, en 1832 le nouveau tsar Nicolas 1er valide un autre projet, mais ailleurs ! ça sera à coté du Kremlin. 50 ans plus tard, le 26 Mai 1883, la cathédrale est consacrée en présence d’Alexandre lll, un troisième tsar. Décédé depuis seulement deux ans, l’architecte n’est plus là pour voir son projet aboutir.

          L’histoire de cette cathédrale aurait pu s’arrêter là, si Staline alors maître de la nouvelle U.R.S.S. et fervent antireligieux n’avait décidé d’y faire construire en lieu et place un grandiose Palais des Soviets censé mesurer près de 500 m de haut. Pour obtenir ce résultat il fit détruire la cathédrale à l’explosif en 1931. La  construction de ce palais démesuré fut rendue compliquée à cause des terrains marécageux, puis  interrompue après maintes tentatives, en 1941 par l’invasion allemande. Le pays n’a alors plus ni la force, ni l’argent nécessaire à une telle construction, et laisse un grand emplacement béant, que  Khrouchtchev, en 1960, décida de combler en y faisant construire une piscine géante.

          Les années passant, la Russie cherche à effacer les traces les plus évidentes du soviétisme et grâce à une association qui réussit à réunir les fonds, le maire de Moscou Loujkov et le patriarche Alexis ll la font reconstruire à l’identique, signe d’un renouement entre les pouvoirs politiques et religieux.  Les travaux n’ont alors demandé que cinq ans et la cathédrale est consacrée le 31 Décembre 1999, cette réouverture à la veille du 2000ème anniversaire de la Nativité du Christ est vue comme un petit miracle pour Moscou.

         Les funérailles de Boris Eltsine y ont été célébrées en 2007.


             Depuis le parking j’entrevoie, à travers les arbres, ce haut et si important temple orthodoxe de marbre blanc. Construit selon une architecture byzantine, il a tiré son inspiration de l’église Sainte-Sophie d’Istanbul.

             Le dôme central d’une hauteur de 103 mètres, croix incluse, symbolise Jésus-Christ entouré  des quatre apôtres évangélistes, représentés par les quatre dômes plus petits qui abritent les cloches. Ceux-ci sont en acier inoxydable revêtu de nitrure de titane, sur lesquels une fine couche d’or est déposée. Pour une meilleure protection contre les intempéries, ils ont été   recouverts d’une minuscule couche de poussière de diamants.

            Les angles des façades comportent des bas-reliefs en bronze, représentant des scènes de l’Ancien Testament, les originaux en marbre étant conservés au couvent Donskoï. Dans les arches et les niches  on peut voir des statuettes de saints. Les marches menant à l’entrée sont en granit rouge de Finlande.

 

            Comme tout édifice religieux, peut-être encore plus en Russie, il faut avoir les épaules couvertes, le pantacourt s’il est assez long sera toléré, pas de short pour les messieurs, par contre on ne nous demande pas d’avoir quelque chose sur la tête, au pire, dans les villages plus reculés, des foulards sont à disposition à l’entrée.

        A la suite de Nathalie, j’entre dans ce sanctuaire et suis agréablement surprise par l’ornementation intérieure, les peintures murales, refaites à l’identique, qui recouvrent chaque mètre carré, 22000m² tout de même ! dont 9000m² ont été redorés à la feuille d’or, le pavage en marbre, sans oublier la superbe iconostase de 26m de haut. La décoration intérieure et extérieure mobilisa l’Académie des Beaux-Arts pendant vingt-cinq ans.

 

          Cette cathédrale a été conçue comme un monument dédié à la miséricorde du Seigneur envoyée par les prières au royaume de Russie, et en même temps comme monument historique, une chronique vivante de la lutte du peuple russe contre Napoléon. C’est ainsi que sur les quatre murs du temple, se trouvent des images rappelant les évènements de la guerre de 1812, des personnages des saints patrons de la terre russe, mais aussi des princes russes qui ont donné leur vie pour la liberté de leur terre.

 

Les photos à l’intérieur sont interdites, même sans flash ! celles que je vous présente ont été scannées sur une revue dont j’ai fait l’acquisition ou encore récupérées sur le site internet de la Cathédrale.

            L’espace est divisé en trois parties soutenues par 36 colonnes murales : le sanctuaire, la galerie supérieure et le déambulatoire. Selon la religion orthodoxe, l’autel, situé dans le sanctuaire est orienté vers l’Est.

            Quelques peintures : une colombe symbolisant le Saint-Esprit, une représentation de la Nativité, de la Cène, de l’Annonciation, les quatre apôtres évangélistes…. Quant aux icônes, certaines représentent l’église du Nouveau Testament, une autre la Sainte Vierge tenant l’enfant Jésus et entourée des prophètes de l’Ancien Testament. Derrière l’autel, se trouve une cathèdre (siège muni d’un haut dossier) symbolisant le siège du Christ, celui-ci est utilisé par le patriarche lors des offices. Cette cathèdre est une des reliques ayant survécu à la destruction de la cathédrale. L’iconostase sépare le sanctuaire de la nef.

 

    

   

 

            De retour dans le bus, passant à proximité du couvent Novodievitchi (des Jeunes Filles) Nathalie nous en dit quelques mots. Celui-ci fut fondé en 1524, n’y était pas enfermées que des jeunes filles, mais aussi des femmes d’un certain âge, car à l’époque en Russie, une femme ne devait pas rester célibataire, mais prendre le voile et entrer au couvent. Il y avait aussi quelques veuves de tsar qui, pour le salut de l’âme de leurs maris, sacrifiaient leurs vies aux prières, telle Irina Godounova, veuve de Fédor 1er.

            Solution bien commode pour ces messieurs qui y voyaient là un moyen bien pratique de se débarrasser de leurs femmes, ou de leurs sœurs, comme ce fut le cas pour la princesse et régente Sophie qui, assoiffée de pouvoir, y fut enfermée en 1689 par son demi-frère Pierre-le-Grand, après avoir tenté de le faire assassiner. En représailles à ces agissements Pierre le Gd fit exécuter tous les partisans de la princesse, puis fit déposer les cadavres en face du couvent, histoire qu’elle se souvienne de ce qu’elle avait voulu faire. Charmants ces enfants !

             « Regardez à gauche, la statue de Saint Vladimir » ce prince de Kiev qui vécut entre 958 et 1015 a été le premier prince slave à adopter le christianisme, l’église orthodoxe le considère alors comme un saint. Cette statue colossale a été inaugurée en 2016 par Poutine.

             « Voici l’Ambassade de France, et tout à coté la résidence de l’Ambassadeur » Mazette, elle ne s’embête pas cette dernière ! oui cette dernière, car depuis 2017, c’est une femme qui occupe ce prestigieux poste. Cette maison Igoumnov, riche marchand du 19ème siècle est digne d’un palais de conte de fées, avec ces céramiques, frises, festons, colonnes travaillées, c’est purement délirant. Si l’intérieur est à l’image de l’extérieur, ça doit être quelque chose de pouvoir le visiter, ce qui serait aujourd’hui possible, lors des Journées du Patrimoine organisées deux fois par an en Russie. Va falloir que je m’ y inscrive !

 

   


             « Voici maintenant la statue de Youri Gagarine » Gagarine fut, le l2 Avril 1961, le premier homme à avoir été dans l’espace. La statue haute de 12,5 mètres repose sur un long piédestal cannelé, symbolisant une fusée. L’ensemble conçu pour les JO de Moscou en 1980, mesurant 42,5 mètres, est fabriqué en titane, métal utilisé dans la conception des engins spatiaux.

            Nathalie nous parle aussi des chiens qui ont été utilisés pour leurs missions, la plus connue est sans conteste Laïka, chienne errante qui mourra seulement 7 heures après le décollage, mais il y eut aussi Belka et Strelka qui ont passé une journée à bord du Spoutnick 5. Lors d’un dîner à Vienne, Jacqueline Kennedy demandera à Khrouchtchev, si Strelka se portait bien et avait eu des chiots, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’un peu plus tard, en 1961, le couple présidentiel reçut un des petits de Strelka, preuve d’un léger dégel,  les deux pays se faisant une course impitoyable pour maîtriser  l’Espace.

            « Voilà, on s’arrête là, nous sommes arrivés au monastère » Monastère que je vous invite à découvrir à la page suivante.

           

          Moscou - Le monastère Donskoï