Cette page en version imprimable
Préambule Dimanche 10
Mars 2013.
Aéroport de Nantes, j’y fais déjà la connaissance de 5 de mes co-voyageurs,
étant seule, ça me rassure. Envol à bord d’un Airbus A321, à 14 h avec ½ heure
de retard, des valises pour une autre destination ayant été embarquées par
erreur, une collation nous sera servie à plus de 16 heures. 5 heures plus tard
je foule le sol du tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor (nom de
l’ancien président) il est 18h15 heure locale (décalage horaire -1 heure).
La température annoncée par le pilote est de 26°, ce qui change des 11° de Nantes!
Il est bien évident que, vu l’affluence, ça va encore frictionner pour passer les contrôles. On remet la fiche d’entrée remplie à bord, comprenant le nom des hôtels, important ! Notre visage est scanné, les empreintes de nos 2 index enregistrées. Les employés n’ont que faire du petit carnet attestant du vaccin contre la fièvre jaune, mais faites-le tout de même !...
Après avoir récupéré ma valise, je fais la connaissance des 2 dernières personnes qui feront partie de ce voyage, vous l’avez donc compris, nous ne sommes que 8 à faire ce circuit, ça devrait être génial, wwouahh !....J’ai tout de même une appréhension, je ne demande qu’une chose : être « intégrée » au groupe, trop mauvais souvenir du voyage l’an passé au Chili, et je peux déjà vous dire que pour être intégrée, je l’ai été ! L’harmonie au sein de ce petit groupe a été parfaite, une complicité extraordinaire a régné entre nous tous y compris avec les guide et chauffeur, avec de franches rigolades à la clé, ainsi qu’une solidarité à toute épreuve lorsque des graves soucis de santé sont venus ternir ce voyage (soucis qui se sont fort heureusement bien terminés)
A peine le pied posé hors de l’aéroport que nous sommes déjà dans l’ambiance, les
Salamaleikum sont distribués à tout vent. Des porteurs se précipitent
vers nous, se disputent nos valises, prévoyez quelques pièces d’ 1 euro, ils ne
vous lâcheront pas. L'appel du muezzin nous rappelle qu'on en terre musulmane.
Aucune trace d’un quelconque guide, tous nous disent qu’il
va arriver, savent-ils seulement qui il est ?… Un attroupement bruyant
attire notre attention, c’est une lutte amicale (sport national) à laquelle
assiste une cinquantaine de personnes. Beaucoup de taxis, jaune et noir, leur carrosserie
pour la plupart est dans un état abominable !.... bienvenue au
« Sénégal »
Un
grand jeune homme vient nous chercher, est-ce notre guide ? j’avoue qu’ils
se ressemblent tous et aucun n’a de pancarte, tel les moutons de Panurge, on
suit celui-ci vers un parking où l’on fait la connaissance de Ibou
notre chauffeur, un jeune garçon qui « n’a son permis que depuis ce
matin » nous dira au dîner notre guide, « mais oui bien sûr ! …
» et du mini-bus notre compagnon sur roues pour une semaine. Aille !...ça
commence fort, c’est du mini de mini, pour s’y engouffrer ou en ressortir…. il
faut faire coulisser les sièges avant, deux d’entre-nous seront assis sur des
strapontins, quant aux bagages, ils sont hissés sur la galerie. Tout en
assistant à ce début d’épopée, nous pensons tous « S’il te plaît Ibou,
attaches bien nos valises »
Une fois installés du mieux possible..... notre guide se présente : Douga, pour se souvenir de son prénom, pensez à la gadoue, nous dit-il, il a l’air sympa, mais on verra à l’usage !….… C’est un homme de religion musulmane de 43 ans, marié et père de quatre enfants. Les présentations faites, Ibou et sa coquille de noix nous emmènent à notre hôtel situé près de la plage de Ngor tout près de là. L’hôtel « Le Calao » est composé de petits bungalows disséminés, très colorés, d’une piscine, de nombreuses plantes tropicales, les chambres avec leur toit conique en feuilles de palmiers comportent un frigo pour certains !... et une climatisation qui fonctionne ou ne fonctionne pas ! Aujourd’hui le vent souffle fort, le vacarme incessant des vagues de l’Océan, très proche, se fracassant empêchera plusieurs d’entre-nous de passer une nuit paisible.
Douga nous laisse nous installer et donne rendez-vous pour notre premier dîner : pamplemousse farci, brochettes de poisson et crêpe, comme boisson locale, une bière nommée « Gazelle » le tout accompagné de charmants compagnons : les moustiques, ils seront régulièrement présents le soir, aussi vaut mieux prévoir un répulsif.
Il faudra s’y habituer, les hôtels locaux au Sénégal sont des petites structures dispersées dans la verdure, véritable petit labyrinthe. Premier couac, de nuit je ne retrouve pas de suite ma chambre, mais un employé serviable passait par là, que c’est pratique lorsque la barrière des langues n’existe pas !.....
Lundi 11 Mars. Après un petit déjeuner
classique, Douga nous rassemble près de la plage et nous fait un petit
« briefing » Déjà, il nous met à l’aise, on ne fera pas le circuit à
l’européenne, mais à la sénégalaise, c'est-à-dire sans notion du temps, enfin
si un petit peu tout de même, mais relax, relax, relax……!..
Il se présente : employé par la T.P.A (Tourisme Plus Africa) il a fait
quatre années au-dessus du bac à l’Université de Dakar, et adolescent déjà il
guettait les touristes pour leur proposer ses services. Il commence par nous
demander si on est amis ou de la même famille « Euh non ! personne
ne se connaît ».. bizarre cette entrée en matière !..je crois que
plus tard j’en comprendrais le sens, et si c’est notre premier voyage au
Sénégal, ce qui est le cas pour chacun d’entre-nous. Après nous avoir remis
une carte sommaire du Sénégal, il nous indique ce qu’il compte nous faire
découvrir et nous donne des infos techniques, telles que l’approvisionnement en
eau dont il se chargera régulièrement, et les pauses pipi qui se feront pour
l’essentiel, dans la brousse, de préférence
derrière un gros baobab.
Face à nous, la petite île de Ngor ou France Gall a établi résidence.
Chargement des valises sur le toit du mini-mini bus et c’est parti pour une visite panoramique de Dakar. (carte itinéraire point 1)
L’histoire de Dakar en
quelques lignes : C’est le navigateur portugais Dinis Dias qui en 1444
découvre ces rivages et ses habitants : les Mandingues. A la fin du 15ème
siècle, des pêcheurs lébous
commencent à s’y établir en
construisant une trentaine de huttes. Dakar n’intéresse personne, contrairement
à l’île de Gorée qui attise davantage les convoitises. Les notables mulâtres
qui se sont enrichis grâce au commerce de l’arachide commencent à se sentir à
l’étroit sur cette
île et demandent la création
d’une ville à Dakar.
1857. Le capitaine français Protet et ses troupes prennent possession de la côte, un petit fort y est construit, sur lequel le pavillon français est hissé.
La construction de la gare et de la ligne de chemin de fer lui donne une certaine importance, en 1902, Dakar devient la capitale de l’AOF (Afrique Occidentale française) et en 1909 le premier port du Sénégal. Aujourd’hui la ville et ses faubourgs comptent environ 3 millions d’habitants.
Monument de la
Renaissance africaine. Imposante structure haute de 52 mètres construite par une
société Nord-Coréenne sur une des deux collines qui surplombent la
capitale : « les Mamelles ». Le monument constitué de bronze et
de cuivre fût inauguré le 3 Avril 2010 lors des cérémonies du cinquantenaire de
l’indépendance du Sénégal. Il représente un homme portant son enfant sur son
biceps et tenant sa femme par la taille, montrant symboliquement une famille
africaine résolument tournée vers le Nord-Ouest. Un des grands projets du
président Abdoulaye Wade, il coûta plusieurs milliards de francs CFA, le
Sénégal paiera en nature en offrant 30 à 40 hectares de terrains à Dakar a la
Corée du Nord, terrains mis en valeur par un homme d’affaires sénégalais.
Ce monument a fait couler beaucoup d’encre et de salive, suscité les critiques
de toutes parts : l’opposition et la rue, les imams critiquant l’apparence
dénudée de la femme et le caractère non-islamique de l’ensemble. Wade touchera
35 % des recettes (l’accès y est payant) qui iraient, du moins les Sénégalais
font semblant d’y croire, à une fondation crée par son fils. Aujourd’hui, le
monument est toujours la cible de mécontents qui tentent de le déboulonner,
aussi maintenant une sentinelle en garde l’entrée jour et nuit.
Nous passons
devant la mosquée
de la divinité à Ouakam. Mosquée bâtie en bordure de l’Océan par Mohamed
Gorgui Seyni Guèye de 1926 à 2007, elle est un lieu de pèlerinage important.
Ouakam, ancien village lébou est devenu la banlieue résidentielle de Dakar,
quartier des Almadies. Plusieurs personnalités connues y ont vu le jour :
Ségolène Royal, Rama Yade, Pape Diakhaté…
L’Assemblée Nationale, place de Soweto.
Le palais présidentiel, ancien palais du gouverneur
durant l’époque coloniale, gardé par une sentinelle de la Garde Rouge en habit
traditionnel.
La place de l’Indépendance.
Un flic arrête le mini-bus, mais qu’as-tu donc fait Ibou ? pourvu qu’on ne te retire pas ton permis sur le champ ! Il lui demande ses papiers à cause de l’amoncellement des valises sur sa minuscule galerie, faut dire aussi que ça fait « marchand de tapis .. »
Place du tirailleur. Cette place est située face
à la gare et à l’embarcadère de Gorée. Au milieu de celle-ci trône une statue
célèbre : « Demba et Dupont » Demba, le tirailleur
africain et Dupont, le poilu français. Œuvre exécutée en bronze en 1923 par le
sculpteur français Paul Ducuing. Après la guerre de 1914-1918, la France voulut
rendre un hommage solennel au sacrifice de ses régiments de Tirailleurs
Sénégalais, dont le dévouement s’était illustré sur le Chemin des Dames.
La statue symbolise le combat
commun et la fraternité d’armes, chacun portant avec honneur, sobriété et
dignité un rameau d’olivier. Auparavant cette statue se trouvait devant
l’Assemblée Nationale. Figures d’un passé révolu, Demba et Dupont furent
déboulonnés en Août 1983 et transférés dans un cimetière, mais le 23 Aout 2004,
lors de l’inauguration de la place, Abdoulaye Wade fait réinstaller la statue
au centre de Dakar, point de passage des soldats qui partaient rejoindre le
front en Europe, emplacement
symbolique dans la mémoire des Anciens Combattants.
Gare ferroviaire. Superbe édifice colonial. Le trajet Dakar-Saint-Louis, première ligne
ferroviaire de l’Afrique de l’Ouest, fut inauguré le 6 Juillet 1885.
Aujourd’hui ne subsiste plus que la ligne Dakar-Bamako (Mali) avec deux départs
par semaine.
Près de la gare, un petit marché propose de l’artisanat, du savon, du beurre de karité, des colliers, des fruits….
Que
la tentation de prendre des photos est belle ! c’est tout de même notre
premier contact avec cette population bigarrée, ces femmes revêtues de
cotonnades multicolores, portant les baluchons sur leur tête, ou leur enfant
dans le dos, mais danger !.... elles ne veulent pas elles sont mêmes
agressives à notre encontre, Myriam s’en souviendra longtemps !.. elle a
dû se justifier auprès de l’une d’elle d’avoir pris un cliché du marché et non
de cette femme. Douga nous rassure, dans les villages, ça ne sera pas
ainsi.
Au-revoir Dakar
nous nous dirigeons maintenant vers le Sud
et empruntons la « Nationale 2 » par où transitent les camions de
marchandises vers le Mali. Tant bien que mal en roulant, je tente d’attraper au
vol quelques photos de ces scènes de vie, si pittoresques, si vivantes, ici un
marché de fruits, de bestiaux (chèvres, vaches) là des marchands qui se
protègent du soleil sous des parasols ou des bâches simplement posées sur des
piquets, le tout recouvert d’une poussière rouge, celle de
la chaude terre d’ici :
la latérite, qui doit sa teinte à son fort taux de fer oxydé.
Une chose nous frappe, il y a énormément de bâtisses en dur inachevées dans les campagnes. Le fait d’avoir commencé le chantier offre au propriétaire l’assurance qu’on ne lui reprendra pas son terrain.
Les petites villes grouillent de monde, les rues adjacentes offrent le spectacle de charrettes, camions, étals de fruits. Dans les campagnes, des zébus marchent le long de la route, des chèvres la traverse, Ibou a l’œil….
Douga nous demande nos prénoms, ce que jusque là nous ignorions dans
l’ensemble.
Je vous présente mes compagnons d’une semaine : Nicole,
Monique et Jean-Claude, Myriam et Jean-Pierre, Sylvie
et Jean-Luc, et votre serviteur : Thérèse. Plus tard,
lorsque j’expliquerais pourquoi je prends tant de notes, et que je rédige un
petit reportage, le groupe me surnommera affectueusement « Sœur
Thérèse.com »
Arrêt
déjeuner au « New Blue Africa » Ce restaurant de Mbour les
pieds
dans
l’eau, possède l’une des plus belles plages de la station balnéaire de Saly.
Depuis 1974, M'bour, grand port de pêche est jumelé avec la ville de Concarneau.
Il fait
chaud, très chaud, dans les 38° au soleil nous dit Douga Nous apprécierons le
déjeuner servi dehors sous une tonnelle au toit de feuilles de palmiers.
Très coloré le décor, devant nous le ciel bleu, l'océan, le sable et ses cocotiers,
quant au restaurant, il est doté de petites tables rondes recouvertes de mosaïques bleu-foncé et beige,
de chaises en fer forgé bleu ciel.
Comme
plat de résistance : une sole grillée présentée sur une superbe assiette
en bois, en forme de poisson, un régal pour les papilles, un régal pour les
yeux….
Douga a fait venir un monsieur qui change nos billets sans passer par une quelconque banque, 1 euro = 650 francs CFA.
Nous avons
quartier libre d’une petite heure avant de repartir, mes compagnons en profitent
pour prendre un bain de soleil, moi pour chasser les clichés, mais j’ai
vraiment trop chaud, le sable me brûle les pieds, je vois un transat à l’ombre
et sans plus me poser de questions, m’y allonge, pour entendre quelques minutes
plus tard au-dessus de ma tête cette phrase « Tiens ! j’ai
changé de femme !.. » Quoi, qu’est-ce ? et m……. j’étais trop
bien ! bien évidemment le groupe se fiche de ma poire, me charrie et ce
n’est que le début !...
Myriam nous
qualifiera elle et moi des gaffeuses du voyage, il en fallait, on les a vite
trouvées
Punaise, qu’il fait chaud ! puisque je ne trouve de place sur les transats je retourne me reposer sous la tonnelle, tandis que mes compagnons sont en prise avec une marchande de breloques, ils en reviennent contrariés tellement elle fût « collante »
Une poignée de sable dans les bagages et nous reprenons la route.
« Quand la France à un rhume, c’est le Sénégal qui tousse ! » nous dit solennellement Douga. Ce serait un proverbe, mais j’avoue que je n’ai pas réussi à en trouver le sens !
Nous voici arrivés au port de pêche de Joal-Fadiouth, ville natale de l'ancien président Léopold Sédar Sengor.
Cette page en version imprimable