Mercredi 11 Décembre 2019.
Xin Chào… Bonjour…
6 heures. A mon réveil en tirant les rideaux je vois le soleil qui fait son apparition dans une ambiance brumeuse, joli ! dommage que ce soit sur des installations portuaires.
Chû commence la journée en disant quelques mots sur ce qui fut alors un évènement mondial : les Boat People. Il nous encourage à aller voir le film réalisé en 1982, par une femme de Hong-Kong, Ann Hui « Boat People - Passeport pour l’enfer » Celui-ci a été diffusé sur Arte en Juillet 2019, dommage pour moi, je ne l’ai alors pas regardé.
Seulement quelques minutes après le départ, nous
voici déjà arrivés en bordure de la rivière Can Tho. (point N° 14 carte itinéraire) Depuis les quais, en
regardant ce sampan, j’imagine que l’embarquement va être périlleux
il
faut passer d’un escalier de pierre sur cette embarcation de seulement 1 mètre
de large, mais aidée par Chû et une dame, celui-ci se fait sans problème, cependant
vaut tout de même mieux ne pas avoir de problème d’équilibre ! On enfile
nos gilets de sauvetage, ce qui n’est pas souvent le cas !...
Au cours de la dizaine de minutes nécessaire pour parvenir, depuis le port d’embarquement, au cœur de ce marché flottant, je regarde les rivages de cette rivière, les jardins fruitiers mais aussi l’arrière pas toujours reluisant des maisons sur pilotis, bric à brac de bâtiments en tôles rouillées, déversoir d’eaux usées, tas d’ordures, jacinthes d’eau qui poussent jusqu’au dessous des maisons, gens qui font leur lessive dans la rivière, ou linge mis à sécher entre deux pieux…
« Evitez de vous lever, car ça va déséquilibrez le bateau » Il est évident que Chû n’a pas trop envie d’aller nous repêcher dans la rivière !...
Le marché
flottant de Caï Rang, à environ 5 kms du centre de Can Tho est situé en aval
de la rivière éponyme. S’étendant sur plus d’un kilomètre, c’est le plus important
marché de grossistes de fruits et légumes du delta du Mékong. De nombreux
producteurs et paysans viennent y vendre leur récolte. Grossistes qui revendent
aux détaillants, qui eux-mêmes iront proposer leur marchandises dans les villages
reculés, accessibles uniquement par les petits canaux.
Les locaux
transportent leurs produits sur des jonques de taille moyenne, tandis que les
commerçants utilisent de grands bateaux.
Les embarcations n’ont pas d’enseigne, pour indiquer ce qu’ils vendent, les commerçants utilisent un procédé assez astucieux, un échantillon des marchandises proposées est suspendu sur une longue perche en bambou, appelé « cay beo »
Les grosses jonques
ont un réservoir d’eau potable qui leur sert à faire la cuisine, à boire, à se
rincer après le bain de l’après-midi effectué dans les eaux sales de la
rivière. La partie couverte est réservée à la famille, c’est ainsi que dans
quelques m² se trouvent la douche, les toilettes, la cuisine, la chambre à
coucher, sans oublier la télé.
Voici une dame
qui vend des sandwichs pour les gens des bateaux, une autre propose de l’eau
bouillante pour le thé. Ici ce bateau vend des échalotes, de l’ail, à
l’intérieur on pourrait apercevoir l’hôtel des ancêtres avec les encens. S’y ajoutent toute une
ribambelle de petits commerçants, on peut même trouver à acheter des billets
de loterie.
Voyant comment
le conducteur mène son sampan, pieds à coté du volant, mains sur les cuisses,
gilet de sauvetage sur les genoux, je suppose que celui-ci est équipé du
pilotage automatique, ah, on n’arrête pas le progrès !..
Quoiqu’il y ait une féroce concurrence, car une route parallèle à ce marché a été construite et beaucoup d’activités ont été transférées sur la terre ferme, ce marché reste un atout pour les commerçants de Can Tho, un mode de vie, mais également une destination attrayante pour les touristes, qu’ils soient vietnamiens ou étrangers. Pourtant avec l’amélioration des infrastructures routières reliant la province à Ho Chi Minh-Ville, ce marché à perdu de son importance, ce trajet étant tellement plus rapide en camionnettes.
Vous voulez
connaître mon impression ! : grosse contrariété…. on y est arrivés
beaucoup trop tard, il n’y avait presque plus de commerce, voir pas du tout, pas
plus que de touristes d’ailleurs !….ne sont demeurés sur place que les
bateaux des commerçants qui veulent rester plusieurs jours afin d' écouler toutes leurs marchandises. On y était
pourtant dès 8h30, je crois que pour voir cette activité en plein boum, il
aurait fallu y venir aux aurores, dès que les premiers rayons de soleil
apparaissaient, soit 6 heures, voir 5h30.
De plus, je m’étais imaginée toute une myriade de couleurs, hors là tous ces bateaux sont gris. Ca aurait été sans doute différent si j’avais pu voir ces innombrables jonques en grand nombre, remplies à ras bord de pastèques, mangues, papayes, melons, carottes, patates douces, fruits, oignons, fleurs, avec ces femmes aux habits colorés et au chapeau conique maniant la rame.
Ci-contre, photo
de ce que je pensais voir, bon je sais c’est peut-être très carte postale, mais
tout de même, très loin de ce que j’ai vu. A mettre dans la catégorie déceptions.
On s’arrête près d’une jonque où il reste des ananas, les dames en épluche quelques uns, probablement six, les découpe d’une manière originale, « elle aurait un couteau spécial » ais-je appris ! une fois coupés en quatre, elle vient nous les servir, façon sucette. Ces ananas sont succulents, sucrés…
Dans la soute,
un magnifique coq surveille les fruits, à moins que ça ne soit eux qui
surveillent ce coq ! quelle est ta destinée ma pauvre bête ! combattre
ton congénère jusqu’à ce que mort s’ensuive ? le voir ainsi enfermé dans
sa cage au fond de la jonque me fait mal au cœur !
Je quitte ce sampan et ce marché flottant, qui m’aura laissé un goût d’amertume, pour en voir un autre, terrestre celui-là. Abrité sous une grande halle, il est beaucoup plus coloré, toutefois il ressemble à ceux déjà vus jusqu’à présent : crabes et poissons dans des cuvettes, étals de viande….
Oh là là, que
ces grenouilles sont grosses ! car oui, d’après Chu, ce sont bien des
grenouilles et non pas des crapauds. C’est sur ces marchés que sont vendus les
têtes de poissons, mises à cuire pour faire la soupe, le paysan ajoute du
tamarin pour obtenir une sauce aigre-douce, quant aux poissons qui n’auront pas
trouvé preneurs, une fois morts ils sont vendus aux fermes pour nourrir les
animaux.
Je passe à présent à coté des paysannes qui vendent à même le sol, toutes sortes de fruits et légumes, litchis, papayes, cœurs de palmier, choux-fleurs, corossols, piments, fleurs de bananier, pamplemousses, pomme d’amours, fruits du dragon etc…
Chû nous présente un fruit qui sert à colorer en
rouge les pâtes et les gâteaux, désolée même en réécoutant ses propos, je ne comprends
toujours que « momanika » j’aurais dû lui faire épeler… je
n’arrive pas à trouver quoique ce soit sur le sujet, alors des fois
que !
*
Ici c’est un
coin où l’on fait la pause tout en dégustant une soupe, ou buvant un verre. Tour
à tour voici une machine pour presser le jus de canne, le stand des billets de
loterie, puis la boutique qui vend des chaussettes spéciales tongs et à
profusion des masques de tissu bien épais, de tous les motifs et de toutes les
couleurs, à 15000 dongs l’unité (0,80€) Bien dommage de ne pas avoir été « voyante »
sur ce coup là, d’autant que plusieurs en ont rapporté.
Ce qui n’est pas croyable ! c’est qu’en plein
marché les scooters circulent, leurs propriétaires passent, s’arrêtent, achètent
sans descendre de leur bécane, et surtout sans couper le moteur, et repartent
comme ils sont venus, mais dit Chû, « C’est parce qu’il est 10 heures,
il y a moins de monde, mais plus tôt dans la matinée, c’était interdit à la
circulation. » Hum, hum !...
La découverte de ce marché se termine par un arrêt à la pharmacie, beaucoup veulent acheter le fameux « Baume du tigre » il est proposé en blanc et rouge au prix unitaire de 22000 dongs (moins d’1€)
Adieu delta ! nous amorçons notre retour en prenant au Nord vers le Cambodge, car l’orphelinat, de Huong Duong que nous nous apprêtons à découvrir et où je vous donne rendez-vous est sur la route de Chau Doc, au nord de .Can Tho.
Alors ne manquez pas la suite de mon reportage.
A bientôt