rond006  Mercredi 4 Décembre 2019.

                Xin Chào

             Hier soir, Chû  a émis un  sérieux doute quant à un possible lever de soleil  « La baie est très souvent dans la brume,  ça peut être le cas demain matin »  m’a t-il  dit ! mais c’était sans compter sans mon optimisme débordant, car ne voulant pas l’entendre, je monte dès 6 heures sur le pont panoramique pour guetter le moment où cet astre sortira de son lit.

            Il est vrai que de l’endroit où notre jongue est amarrée, il est apparu un peu caché par un des pitons, mais je profite tout de même, en alternance au cours de tai-chi donné par Dat, de ce magnifique spectacle, d’un soleil se levant en baie d’Halong.

           Car oui !   j’ai suivi un cours de tai-chi, celui-ci a eu lieu dès 6h30, oh mais je vous vois sourire ! pourquoi se lever sitôt en vacances, mais voyons ! d’une part parce qu’il  y a beaucoup de choses à voir, mais surtout qu’à cause du décalage horaire, je suis bien souvent réveillée dès 5 heures.

            Hier Chû nous a, en quelques mots décrit le déroulement de la visite de Hong Sung Hot, appelée aussi la Grotte des Surprises, celle-ci se trouvant 20 mètres au-dessus du niveau de la mer,  il faudra grimper une petite centaine de marches pour parvenir à l’entrée, puis il y aura 100 marches à l’intérieur,  et la même chose pour redescendre à  l’embarcadère.

            « Si votre santé le permet, ne manquez pas d’y venir, elle est superbe,  mais si vous avez un quelconque souci,  restez dans la jonque, parce qu’une fois montés, vous ne pourrez plus faire demi-tour, faudra avancer.  Préparez aussi  de bonnes chaussures, mais il n’y fait pas froid »

         Après le petit déjeuner, la navigation en baie d’Halong a repris, les couleurs rasantes sont magnifiques, peut-être mêmes plus belles que celles de l’après-midi d’hier, car moins agressives. 

           Vers 8h15 nous arrivons déjà à proximité de cette grotte située sur l’île Ho Bon, au centre d'un patrimoine classé par l'Unesco.

          « Nous n’avons pas le temps d’en visiter d’autres, aussi Travel-Images a-t-il choisi celle-ci, la plus belle, croyez-moi ! » nous dit Chû, et de rajouter « Nous ne savons pas combien de grottes la baie d’Halong possède, peut-être qu’un jour si on fait un trou dans un fouillis de feuillage, on en découvrira d’autres ! »  

           Car la particularité de la baie d’Halong ne consiste pas seulement en sa multitude de pitons rocheux, mais aussi à ses grottes naturelles qui ont été creusées dans certaines de ses îles.

     

Hang Sung Hot

               Les principales proposées à la visite sont la « grotte des Merveilles » (Grotte des Bouts de Bois) nom donné par les français, riche en stalactites en stalagmites, cette grotte aurait servi en 1288 à cacher des pieux armés de fer, le « Palais Céleste » (Thien Cung)  découverte en 1990, aux concrétions éclairées en technicolor, la grotte de « Cap La » principal lieu d’amarrage pour les jonques qui stationnent la nuit dans la baie, la grotte de la Vierge (Trinh hu) , la grotte de la Tortue d’Or (Kim Quy)……

             Si aujourd’hui,  le niveau d’eau ayant fortement baissé, la grotte se trouve bien au-dessus du niveau de la mer, dans des temps anciens, elle était immergée.


            La grotte de la Surprise (Hang Sung Sôt) (point N° 4 carte itinéraire)   quoique cachée derrières des feuillages, est la plus visitée, peut-être  aussi du fait que l’accostage y est facilité. Cette grotte de 10000 m² comporte trois salles, la plus grande peut accueillir jusqu’à 1000 personnes.

            Un escalier d’une bonne cinquantaine de marches, bordé d’arbres  nous mène à l’entrée. Les couches de calcaire sont de différentes couleurs, jaune lorsque les eaux ruisselèrent avec de l’oxyde de fer, bleu avec de l’oxyde de cuivre.

           « Regardez au plafond il y a beaucoup de trous en forme de marmites, n’oubliez pas qu’en bougeant, notre planète entraine de forts courants d’eaux qui en tourbillonnant ont transporté des cailloux, des pierres qui ont façonné ces marmites »

       De nombreuses concrétions de calcaires pendent du haut plafond,  d’autres surgissent du sol, auxquelles le vietnamien aime à trouver une ressemblance avec un animal, tel ce rocher qu’on pourrait presque confondre avec une gigantesque tortue. Ici même la pierre est synonyme d’offrande, car quelques billets ont été jetés sur la tête de ce symbole de longévité.


           Un éclairage rose attire l’attention sur un rocher d’une forme suggestive, celui-ci évoque un phallus, objet de culte local considéré comme symbole de fertilité.

              La promenade est facilitée par un passage pavé et des poteaux lumineux. Ce site, ce chef d’œuvre de la nature, aurait été formé d’après les scientifiques il y a environ 250 millions d’années, au cours de l’ère primaire : la paléozoologie.

      


             A la sortie, la grotte me réserve une autre surprise, un petit belvédère qui du haut de ses 20 mètres, m’ offre une superbe vue sur la baie et les jonques amarrées.

            Et on regagne la jongue, et on reprend la navigation ! « Le bateau continue la croisière jusqu’à 11h30, alors profitez du paysage » Puis : « Vous mettrez votre sac devant la porte de la cabine, les deux jongues sont s’attacher pour nous permettre de bruncher… vers midi on la quitte »

           Nous croisons des bateaux plats qui transportent du charbon, minéraux venant des mines à ciel ouvert des montagnes du Nord, carrières déjà exploitées par les français lors de la guerre d’Indochine, ainsi que quelques pêcheurs.

           Ca se fait comme il a dit, c’est ainsi qu’on retrouve bien nos sacs sur le quai. Après un déjeuner rapide, Dat prend la direction du Sud, vers Ninh Binh, quand tout à coup surgit,  comme posé sur l’eau, un énorme poisson ailé

          « Stop Dat ! on vient de passer devant une jongue traditionnelle, avec ses voiles, le Glory Legend, on ne peut tout de même pas passer à coté de la photo  ! »

            Dat et Chû se plient à notre supplication de bon cœur en nous demandant cependant de faire vite « 3 minutes, pas plus ! » car en théorie…..  Dat n’a pas le droit de s’arrêter, mais je constaterais, au fil des jours, qu’au Vietnam il y a un fossé entre la théorie et la pratique.  C’est aussi pour ces sympathiques instants qu’ils nous offrent, qu’on les aime tous les deux.  

           « Vous n’aurez qu’à dire que c’était votre jongue » nous dit Chû, ha,ha,ha !

           On s’arrête visiter un petit marché de poissons, mais surtout de fruits de mer.  Dans des bassines bleues, rouges, jaunes et vertes, vivent beaucoup de crustacés différents : huitres, coques, bulots, crabes dont les pinces sont attachées avec des cordons, palourdes, poulpes et autres coquillages tropicaux. Au Vietnam, il y a également beaucoup d’élevages de crevettes.

           Chû y achète des beignets de crevette pour l’apéritif de ce soir, car ce charmant jeune homme nous offrira tous les deux à trois soirs un apéritif de sa composition, préparé dans une bouteille de 2 litres.

          « L’apéritif pour l’ambiance » dit-t-il.

          Je suis occupée à photographier les marchandes lorsque tut,tut,tut…  il y a tellement de bruits dans ces marchés, tel ce coq qui à l'instant chante, que je n'ai pas spécialement fait attention aux klaxons. Ces marchés ne sont pas interdits à la circulation et en me retournant, je vois  une femme en scooter  qui bien chargée de volailles, poulets et canards blancs, veut passer et m' invective ainsi. Mais, je vous en prie, madame, faites-donc !

   

Une ferme d'élevage d'huitres perlières

           Avant de quitter la baie d’Halong, on va découvrir un atelier qui montre comment s’élèvent les huitres perlières. Pour y parvenir nous passons par une région ostréicole. La perliculture est avec le tourisme, une importante source d’économie, la deuxième avant les bois précieux, arbres que malheureusement on abat dans les jungles, puis la pierre, le charbon.

           Chû nous parle un peu de cette industrie, la fierté de la baie d’Halong.

          « Une jeune femme parlant français va vous présenter le travail de cet atelier. Lorsqu’il est introduit un corps étranger dans l’huitre, celle-ci souffre et réagit en entourant l’intrus d’une couche de nacre, devenant une perle grossière, mais aujourd’hui en trouver dans la nature est devenu très rare »   Il revient alors sur l’occupant chinois, son pire cauchemar  « Lorsque les envahisseurs nous ont attaqué, ils ont forcé le peuple à plonger dans la mer pour chercher des perles, ou encore aller en forêt pour trouver du bois de santal »

            Il y a 10 ans, les Japonais constatant que les eaux du Vietnam étaient plus chaudes que les leurs, eurent l’idée, en mettant en pratique de meilleures techniques, d’investir dans la baie d’Halong, en cultivant et élevant des huitres perlières. Pour que celles-ci fournissent de belles perles dans leur environnement naturel, il faut que l’eau possède des minéraux, qu’il y ait assez de lumière, une bonne température.

            « Auparavant, on utilisait une navette pour aller visiter la ferme jusqu’ au milieu de la baie, à 8 kilomètres d’ici. On pouvait vous présenter les filets contenant les huitres perlières, mais la forte fréquentation des touristes a entraîné des désastres, et quelques années plus tard, la fermeture de la ferme : mouvement des vagues traumatisant les huitres, mais aussi essence, fumée, pollution »

              L’atelier que nous voyons aujourd’hui « Légend Pearl Halong Bay Show Room » est à moitié sur terre, à moitié sur mer, et probablement une incontournable halte des croisiéristes. On va y découvrir comment une perle naît, combien il faut de temps avant qu’elle n’arrive sur le comptoir, quelles sont ses couleurs, pourquoi les prix sont différents d’une perle à l’autre.

            « La boutique  où vous pourrez effectuer vos achats vous fournira un certificat d’authencité. »

             La jeune femme nous montre sur une carte où sont situées les fermes d’élevage des huitres perlières en baie d’Halong, fermes protégées par des iles et ilots, puis elle explique la naissance d’une perle, c’est un processus  long et minutieux. C’est alors qu’on fait connaissance avec la demi-douzaine d’ ouvrières installées dans un grand hall à découvert. Elles ont un travail bien précis à effectuer, tel par exemple celle-ci qui :

              d’un geste minutieux, presque chirurgical, introduit à l’aide d’une pince à l’intérieur de l’huitre un petit morceau du manteau d’une autre huître, le greffon,  en même temps elle injecte un liquide antiseptique pour éviter les maladies, les infections. Et ce greffon n’est pas introduit n’importe où, mais dans l’appareil génital de l’huitre d’abord incisé, pauvre malheureuse  pas étonnant qu’elle se défende, et elle le fait en entourant cet intrus d’une couche de nacre qui grossira au cours des années.

            Une fois greffées, les huitres sont déposées dans un filet, dans une profondeur d’eau allant de 5 à 6 mètres, on les laisse ainsi trois ans. On voit d'ailleurs, à coté de ces jeunes femmes, ce filet grillagé où elles installent leurs huitres greffées en attendant de les mettre à l'eau. Une huitre peut rester six heures hors de l'eau.


            Le taux de réussite n’est que de 30 à 40%, aussi lorsqu’à l’étape suivante, on voit une autre jeune femme ouvrir une huitre greffée, ça sera la surprise, oh yes il y a une perle ! Celles-ci sont triées selon leurs couleurs, leurs tailles. Les huitres dont on à utilisé un morceau de coquille pour stimuler le greffon sont sacrifiées, leur chair servira à faire de la soupe, le nacre pour réaliser des objets ou des tableaux.

             La technique a été découverte au Vietnam en 1893. La perle sortie de l’huitre présente des imperfections, des irrégularités, c’est alors qu’elle passe par l’atelier pour un polissage, une mise en forme.

            En boutique on peut voir des colliers, des boucles d’oreilles, des bracelets. Pour coller les perles aux montures, on a utilisé un mélange spécial de deux colles d’arabiques qui est, soyez rassurés,  très solide.

           Les perles d’eau douce, contrairement à celles d’eau de mer, sont produites non pas par des huitres, mais par des moules, elles présentent des couleurs différentes, blanches, lavande, la couleur blanche est symbole de pureté.

           Dommage, et c’est la généralité dans les magasins d’Etat, que lorsque vous paraissez vous intéresser à un article, la vendeuse ne vous quitte alors plus d’un pas, énervant, sans être toutefois trop dissuasif.

           Au moins, voila un guide qui est honnête !.. Alors que nous n'en doutions absolument pas, Chû nous dit sans détours, qu’après nos passages dans ces boutiques, il repassera et touchera une remise, ou s’offrira un cadeau. « L’année dernière, j’ai ainsi pu acheter un pendentif à ma femme, il coutait 150€, j’ai eu aussi trois  ou quatre foulards de soie que j’ai offert à mes sœurs. C’est ma récompense après une saison de travail, mais c’est grâce à vous, je vous remercie beaucoup ! »

             Sincèrement, vu comment il nous « bichonne » pense-t-il qu'on va se vider les poches facilement ? possible ! En tout cas, il ne nous a pas incité à la dépense, quoiqu'il ait dit : "Vous pouvez régler avec la carte bleue, dans ces magasins c'est sécurisé. Vous pouvez avoir confiance, où je vous emmène ce n'est que de la qualité

           La visite terminée, les achats effectués, Dat reprend la direction de Ning Binh où nous devrions assister à un spectacle donné par les villageois,  spectacle typiquement vietnamien, des marionnettes évoluant sur l’eau.



      Ninh Binh