Jeudi 5 Décembre 2019.
Xin Chào
Comme chaque matin et à chaque voyage, quelques minutes avant le départ, je fais mon petit tour d’horizon, une photo depuis mon 9ème, puis quelques unes de l’entrée de ce bel hôtel au bouddha ventru.
A peine installés dans le bus, Chû nous explique le déroulement de cette balade en sampan « Vous avez une barque pour deux, ces femmes qui vont ramer pour vous avec les pieds, portent toutes le chapeau conique. J’ai préparé 30 € de pourboires pour les 12 barques, pour 90 minutes »
Il a bien tenté d’expliquer que le Vietnam du Nord était le berceau de la civilisation vietnamienne, une contrée riche d’histoires et de traditions, où se concentrent les plus anciens temples et forteresses, mais la beauté et la variété des paysages que nous traversons, lui ont coupé la parole.
Plusieurs embarcadères se trouvent prés de Tam Coc (point N° 6 carte itinéraire), le point de départ aux balades dans la Baie d’Halong terrestre.
Pour y parvenir, Dat
passe au milieu de rizières où j’aperçois des femmes courbées qui, l’eau
jusqu’aux mollets, s’attellent à la tâche. Le riz pour pousser ayant besoin d’eau,
la terre doit en être constamment recouverte.
Voici des bœufs gris, des buffles domestiqués à longues cornes, ceux-ci essaient de paître tranquillement, mais des aigrettes avides d’insectes, de mouches les poursuivent. Pour un paysan, le buffle représente une petite fortune, car ici, ne vivant que de l’agriculture, on a besoin de cet animal fort pour labourer, travailler, charger des marchandises. Nous ne voyons que les rizières, les villages sont cachés derrière la montagne. Durant l’été, cette eau va s’évaporer, on va alors brûler les racines, qui serviront d’engrais lors du labourage de la saison suivante.
Oh là, là, ce n’est pas bien ça ! j’aperçois un paysan qui
vaporise du pesticide… dans les rizières, il y a des fourmis, des araignées,
des scorpions, des serpents d’eau, et surtout des sangsues.
Tam-toc, situé à 10 kms au SO de Ninh Binh, signifie « les trois grottes » le site y marie pitons, cavernes et caprices d’une rivière. Le paysage, fait de rochers quartzites, ressemble à celui de la baie d’Halong, mais ici la mer qui s’est retirée a laissé ces curieux reliefs, la rivière Ngo Dong y déroule ses méandres sur 3 kms autours des pains de sucre. Cette petite ville, touristique regroupe beaucoup d’hôtels, mais ceux-ci n’ont pas assez de chambres pour recevoir les groupes, il est aussi probable qu’aujourd’hui quelques maisons font « chambre chez l’habitant »
Autrefois les sampans étaient en bois, c’était plus typique, aujourd’hui ils sont en fer, plus faciles d’entretien. La baie d’Halong terrestre peut être découverte à vélos. Cela doit être drôlement agréable de sillonner tous ces chemins reculés, se perdre dans ce paysage unique. !
« Sur le trajet, il y aura un photographe, alors faites lui votre plus beau sourire, la photo vous sera proposée à 25000 dongs (1€) »
« A l’embarcadère, il y a des toilettes
propres, mais vous savez, ici on est dans un pays communiste, et à la campagne,
on veut garder des bonnes relations avec ceux-ci. Qui peut me citer des pays
communistes ? la Chine, oui ! Cuba, ouiii !!!! c’est pourquoi
nos toilettes sont Cus bas …. plus faciles pour vos genoux ! » Celle
là, je n’y avais pas pensé !...
C’est donc avec Cécile mon désormais binôme pour toute la durée du voyage, que je m’apprête à m’installer dans une de ces minuscules barques, peur, moi, mais non, voyons ! Avec notre rameuse aux cuisses de béton, nous nous apprêtons à sillonner ce curieux paysage, paisible, calme, on entendrait les oiseaux chanter.
De ci-de là, j’aperçois des canards blancs barbotant parmi les fleurs de nénuphar rose, pourquoi que des blancs ? je n’ai pas vu au Vietnam des canards colorés comme par chez nous, question qui amusera beaucoup Chû, interrogation pourtant bien légitime ?? Sur les rivages poussent des bananiers, du bambou.
Quoique ce lieu
soit très touristique, très fréquenté, à cette heure matinale nous ne sommes
pas très nombreux à se suivre en file indienne sur la rivière, peut-être trois ou
quatre autres individuels, mais pas de bruyants chinois … c’est d’autant
plus agréable.
Occupée à
photographier, je ne fais pas attention que parfois, pour se faufiler dans les
cavernes, ce site en compte trois : Hang Ca, Hang Guia, Hang Cuio, il faut
se baisser tant la cavité est basse, mais heureusement pour moi Cécile, mon
ange gardien.... veille !
C’est aussi dans cette curieuse région du globe qu’une partie du film culte « Indochine » a été tourné.
A un endroit se trouve en impasse une sorte de petite lagune, chaque rameuse va alors proposer à ses clients tout un artisanat, porte-monnaie, cartes postales, bijoux de pacotille…. l’embarcation se transforme d’un coup en échoppe flottante, une façon pour ces femmes d’augmenter leurs revenus, phénomène de tourisme grandissant, oui sans doute ! un peu dommage toutefois, car dans ces conditions, coincées sur l’eau, on n’a d’autre choix que de leur acheter quelque chose !
La balade
terminée, la salle de chant visitée, vous vous souvenez de cette expression de
Chû ? « On va aller chanter ! » on reprend le bus
pour nous rendre à un petit village situé tout près. Sur le bord de la route,
j’aperçois deux tombes sculptées posées cote à côte sur la terre, un entourage
en bois en délimite la propriété.
Entrés dans le village on va marcher sur une allée bétonnée pendant environ deux cents mètres pour parvenir à la maison de charmantes vieilles dames qui, à la demande de Chû, vont nous faire découvrir leur intérieur.
Des jeunes garçons rentrent à vélo de l’école, un autre joue avec son chien.
Voici des fleurs de jacinthe, elles se mangent en salade ainsi que la tige de la fleur de nénuphar qui se mange crue, ou cuite. Dans cette région, le bambou, l’identité du Nord, est omniprésent, tandis qu’au Sud, on verra plutôt le palmier. Les maisons ont l’air d’être solides, vaut mieux ! car les typhons qui soufflent à plus de 200 kms/heure sont fréquents.
Puis voici des pamplemousses, des pommes-cannelle, à la chair blanche et très juteuse.
Xin Chào. How are You ? France ! Ah Zidane ! J’avais déjà ressenti cet
engouement pour nos footballeurs dans les années 2000, mais là 20 ans après,
nous citer Zidane depuis le fin fond d’un village du Vietnam, c’est
impressionnant ! Et Chû de rajouter « Oui, vous êtes les
meilleurs, de nouveau vainqueurs 20 ans après en 2018 »
Voici des
bananiers, des figuiers, des ananas, des papayes. Chû nous apprend que dans les
villages, on donne aux jeunes mamans, sitôt l’accouchement un bouillon fait de
papaye verte avec des pieds de cochon, ça paraît-il, favorise l’apparition du
lait.
C’est accompagnés du chant du coq, des aboiements des chiens, hé oui on est en pleine campagne ! que nous arrivons chez ces bien braves personnes.
« Ah, heureusement, elles sont là ! » s’assure Chû.
Nous les surprenons en train de chiquer du betel, mélange de noix d’arec et de chaux. Cet assortiment détonant qui favorise la salivation colore la salive en rouge, qui agit alors sur les dents. En principe, le consommateur recrache ce qui reste de la chique, après une vingtaine de minutes de mastication. L’autre dame faisait sa sieste bordée par les balancements du hamac.
La noix d’arec est vendue sur les marchés.
« Les dentiers modernes ne sont pas encore arrivés dans nos campagnes, hors ma grand-mère n’a plus de dents pour chiquer, alors, comment fait-elle ? elle écrase alors cette noix avec un pilon. C’est une coutume au Vietnam, la chique sert de dentifrice, protège des caries, et procure une haleine fraîche »
Ces femmes ont 80
et 87 ans pour la plus âgée. Chû nous montre la chambre, une simple natte
tressée sert de matelas. Dans des temps anciens, selon la philosophie du Yin et
du Yang, la porte de gauche était réservée aux hommes, celle de droite aux
femmes, celle du milieu pour les invités.
Au milieu,
j’aperçois l’autel des ancêtres un peu camouflé derrière un rideau de bambou,
avec les encens, les photos. L’hiver, la maison est chauffée avec du bois.
Allez, on poursuit la visite ! ici c’est une remise avec des outils de travail, là c’est un puits à même le sol « Que le dernier ferme bien la trappe » recommande Chû, il ne manquerait plus qu’on soit à l’origine d’un accident !.. puis un peu plus loin, le coin toilette avec ses trois murs, une savonnette et un tabouret.
Au centre de la propriété se trouve une grande réserve d’eau, alimentée par la pluie, les plus jeunes installent à coté un moteur qui leur permettra de pomper, mais ces femmes n’ont pas l’électricité, elles doivent donc s’approvisionner avec une casserole.
Nous quittons ces dames, qui entre-temps sont passées de deux à quatre, personnellement je suis un peu gênée d’être ainsi entrée dans leur intimité, mais c’était sans doute prévu, quoique je n’en suis pas certaine ! L’inlassable coq qui n’arrête pas de chanter nous raccompagne jusqu’au bus. Dans chaque village, il y a un puits si profond qu’il ne s’assèche jamais.
Devant la maison
communale on peut voir le banian séculaire, cet arbre sacré habité par les
génies bienfaisants. Lorsque les hommes travaillent aux champs, les femmes
viennent s’y retrouver à l’ombre de ses branches tentaculaires.
C’est aussi le rendez-vous des amoureux. Chû nous confie qu’au Vietnam, ces derniers sont pudiques, ne se disent pas d’emblée « Je t’aime », si une fille est tombée amoureuse d’un garçon, elle utilise un chant poétique, populaire :
« Je chante et passe devant notre maison communale, j’incline mon chapeau conique pour la regarder, autant son toit compte de tuiles, autant mon cœur bat pour toi. »
Anh yêu em (je t’aime)
Tiens, voici des chèvres qui traversent la route, il
paraît que la chèvre grillée est une des spécialités de la province de Ninh
Binh, et que nous en aurons justement au déjeuner, pauvres biquettes !... pour me
déculpabiliser, je me dis qu’au moins ça ne sera pas l’une d’entres elles !..
Celui-ci se prend au Camelia Restaurant, Nha Hang Tra My, de Ningh Binh.
Plus de 200 kilomètres nous séparent de Vinh, la
ville natale d’Ho Chi Minh. Chû nous parle des conditions de travail du
Vietnamien, comment ses sœurs et lui ont finalement bien réussi dans ce pays où
65 % vivent de petits boulots. Mettre ainsi son histoire personnelle en scène est
intéressant et captivant.
« Seulement 35% de la population a un travail rémunéré avec salaires, paiement d’une cotisation-assurance pour maladie, accident, retraite. Les autres travaillent au noir, telles ces rameuses, ces conducteurs de bici-taxis, ces marchands ambulants. Si l’on n’est pas diplômé, on peut trouver du travail dans les usines chinoises et japonaises, la main d’œuvre vietnamienne ne manque pas ! pour fabriquer des chaussures, des vêtements, transformer la nourriture en vermicelle à base de farine de riz, les matières premières en pièces détachées, ou couper le tissu, le cuir qui sera ensuite exporté à l’étranger.
Si on a fait des études, on peut prétendre à des métiers comme architecte, ou guide. Mais moi, en tant que guide je ne suis rémunéré que sur contrat, le réceptif « Images-Travel » qui représente Salaun, votre agence, me paie pour le nombre de jours passés avec vous. Je n’ai donc pas de revenus pendant la saison morte, il me faut trouver du travail, même à court terme, j’accompagne parfois des Vietnamiens dans les pays voisins comme le Cambodge, ou alors je fais des traductions ou encore je donne des cours privés pour les enfants.
Au Vietnam, tous les membres d’une même famille s’entraident. Mon père né en 50 a dû faire la guerre contre les Américains, d’après son livret militaire il a perdu beaucoup de sa santé et perçoit, comme vétéran de guerre une aide de l’état (2 500 000 dongs, soit 100 €) ma mère est née en 55. Durant cette sombre période mes parents n’ont pas pu faire d’études et c’est alors à nous leurs enfants de les aider. J’ai trois grandes sœurs et une petite. Ma sœur ainée a dû, à cause de l’embargo avec les USA, lequel a entraîné maintes difficultés dans le pays, partir travailler dès ses 13 ans dans les villes pour aider les familles riches en tant que femme de ménage. Grâce à l’argent qu’elle a envoyé à nos parents, ma deuxième sœur est devenue professeur de littérature, celle-ci à son tour a aidé ma troisième sœur qui est institutrice. Puis ce fût mon tour d’être aidée par mes aînées, quant à ma petite sœur, née en 1993, elle vient de terminer ses études et a trouvé du travail. Le fils de ma sœur aînée est en deuxième année d’Université, c’est alors à mes sœurs et moi de l’aider, c’est ainsi au Vietnam, et pour l’instant ça fonctionne.
Les temps ont changé, la vie s’est améliorée, je ne pense
pas que lorsque je serais plus âgé, je devrais dépendre de mes enfants. Normalement,
en tant que garçon, c’est moi seul qui devrais hériter, mais il y a quelque
temps, j’ai demandé à mes parents de laisser le jardin et la maison à l’ainée,
qui n’a jusqu’à maintenant pu travailler que comme femme de ménage. »
Il nous raconte maintenant comment il en est arrivé à apprendre notre langue, plus tordu qu’il n’y paraît !..
« Quand j’étais à l’Université, j’ai pris l’option Chinois, ça me paraissait le meilleur choix pour trouver du travail, car il y a beaucoup d’usines chinoises dans mon pays. Mais je suis tombé amoureux d’une fille qui était catholique, elle avait appris le français avec les sœurs, car souvenez-vous que durant la colonisation, les missionnaires ont évangélisé une partie du pays, donc pour la suivre, j’ai changé de classe, et j’ai choisi l’option Français. C’est ainsi que j’ai appris le français, par amour !.... mais je ne pensais pas un jour devenir guide francophone. Mais voilà, nous nous sommes séparés, ses parents étant partis aux USA, après l’Université elle est partie les rejoindre ».
Voici l’heure du
goûter. Chû distribue des galettes de riz, friandise inventée par Mr Cudó,
originaire de la région que nous traversons actuellement. Celles-ci sont
reliées deux par deux avec des cacahuètes et du sucre de canne, j’avoue que
c’est plutôt dur à y croquer.
Puis il nous raconte un épisode peu connu en France, mais surtout épisode peu glorieux de notre histoire lors de ses pages les plus sombres : L’Immigration forcée des Indochinois pendant la seconde guerre mondiale.
En 1939, le Service de la Main-d’œuvre indigène, Coloniale, décide de recruter des travailleurs indochinois, car à l’époque, le Vietnam était sous protectorat français. Ce service a obligé chaque famille à fournir un fils âgé d’au moins 18 ans, sous peine d’être jeté en prison, pour aider la « Mère Patrie » alors en danger. C’est ainsi que 20000 indochinois, recrutés pour la plupart dans les campagnes arrivèrent par bateaux en France, dans des conditions inhumaines, enfermés dans des cales. A leur arrivée, surnommés les ONS (ouvriers non spécialisés) ils ont été embauchés dans les usines, principalement les poudrières, pour remplacer nos hommes partis au front.
Dès l’été 1940,
les usines ayant été toutes fermées par les Allemands, ils auraient dû
retourner chez eux, mais le gouvernement de Vichy y renonça à cause de la
difficulté des liaisons maritimes. Quelques compagnies françaises privées ont
alors loués ces 15 000 hommes qui n’avaient pu repartir, à l’Etat
français, et envoyés un peu partout sur le continent, 1000 d’entre eux iront en Camargue pour récolter le sel et y développer
la culture du riz, dans des conditions proches du bagne. Ce riz
camarguais était alors de bien mauvaise qualité, tout juste bon à nourrir le
bétail, le Vietnamien est arrivé, et avec sa connaissance ancestrale il s’est
mis à le faire pousser, il fallait bien nourrir la France !
Si aujourd’hui on a du très bon riz en Camargue, n’oubliez pas que sa bonne qualité est due aux Indochinois ! Hélas ! on sait tous ce qui est arrivé ensuite au Vietnam, ses nombreux conflits, si bien que cet épisode français a été occulté. En 1952, la plupart d’entres-eux ont pu retourner au pays, mais quelques uns, tombés amoureux d’une française se marièrent et s’installèrent en France.
Un journaliste, Pierre
Daum, né en 1966, qui par hasard a eu vent de cette histoire s’est rendu
au Vietnam, a cherché des témoins, et a rencontre 28 survivants qui lui ont
fourni des photos d’un Vietnamien avec son chapeau conique en train de planter
du riz, des documents, les contrats de travail en Camargue.
Il a publié un livre en 2009 sous le titre « Immigrés de force, les Indochinois en France » Suite à ce livre, le maire d’Arles a organisé le 10 Décembre 2009, une grande cérémonie pour rendre hommage à ces travailleurs étrangers. Pour la première fois, un élu de la République reconnaissait officiellement l’histoire de ces 20 000 hommes, et les souffrances qu’ils avaient subies. 10 anciens travailleurs vietnamiens vivant en France étaient présents. Un voile s’est soulevé sur cette page méconnue de la colonisation.
« Cette année là, j’étais à l’Université et comme j’apprenais le français, j’ais été mis au courant de cette histoire. Votre langue tient une place importante au Vietnam, car il y est édité un journal tout en français « le Courrier du Vietnam » C’est aussi grâce à celui-ci que je me suis amélioré en vocabulaire »
La démographie : Chaque année, la population, avec plus de naissances que
de décès, augmente d’un million, mais cette augmentation est trop rapide, si le
pays a beaucoup d’enfants, il n’arrivera pas à les nourrir ou financer leurs
études. En théorie…. il n’y a pas de limitation des naissances au Vietnam,
cependant il est fortement conseillé de ne pas avoir plus de deux enfants. Pour
les fonctionnaires qui doivent donner l’exemple, c’est une obligation, 2 pas
plus, si un troisième est annoncé, le fonctionnaire doit s’acquitter d’une
amende, par exemple de 100 kilos de riz. Les familles ayant un troisième enfant
lui donneront souvent le surnom de Moai, histoire de se rappeler qu’il a fallu pour
l’avoir, s’acquitter de cette amende.
La contraception existe déjà depuis plusieurs décennies, dans les campagnes les dispensaires distribuent des préservatifs. L’avortement est très fréquent chez les jeunes étudiants « A cause du mode de vie occidental, des boîtes de nuit, des messages sur Internet, les jeunes qui, sous prétexte d’étudier, ont ainsi échappé à la surveillance de leurs parents.. » nous dit Chû.
Le divorce. D’après une étude scientifique, actuellement 1 couple sur 3 divorcerait. La cause en est due en partie à l’émancipation de la femme, qui est devenue indépendante, libre, elle gagne parfois plus que son mari, l’homme ne se considère alors plus comme le maître de la famille, et les histoires commencent. D’autres causes aussi comme la violence, l’infidélité. « Du temps de mes parents, nous dit-t’il, c’était O divorce… » Après tout, c’est bien comme en France !….
En ce moment, ils sont à étudier à l’Assemblée Nationale, pour attribuer, par exemple, une heure de sieste au bureau, à une maman.
Les jours fériés. Au Vietnam, on comptabilise pas loin de deux semaines de jours fériés, déjà une semaine pour la fête du Têt, le 2 Septembre : fête nationale, le 10 Mars : jour de la naissance du roi fondateur, le nouvel an occidental qui est aussi un jour férié, car de nombreux étrangers travaillent au Vietnam, le 1er Mai, le 30 Avril : fête de la libération du Sud qui marque la fin de la guerre.
Et voila Chû qui, à présent, nous parle de son exceptionnel
mariage.
Il a connu sa future femme à l’Université, ils ont décidé de vivre ensemble en ville et ont eu une petite fille qui a 4 ans aujourd’hui, ce qui était selon la coutume vietnamienne un péché. Il n’osait le dire à son communiste de père, mais lorsque celui-ci finit par l’apprendre, il se fâcha, jusqu’à ne plus vouloir revoir son fils. Chû lui envoya une photo de sa fille, et la magie opéra, à la fête du Têt suivante, fête où les enfants sont censés rendre visite à leurs parents, Chû était de nouveau parmi les siens. Il profitera de cette fête du nouvel an vietnamien pour organiser son mariage, celui-ci eut lieu quelques jours plus tard en pleines festivités du Têt.
« Mon père a invité les amis, les voisins, il y avait 200 invités, mais comme je vous l’ai dit, chaque invité donne une enveloppe avant le repas. Le prix du repas est fixé et les invités donnent un peu plus, ce qui fera un bonus pour les mariés, de quoi s’offrir un voyage, de payer la robe, l’orchestre, etc… Mon père s’est versé une tasse d’alcool de riz, il est passé de table en table, et a trinqué au bonheur de son fils, en remerciant ses invités d’être là, mais, nous dit Chû il a tenu à leur demander pardon pour la bêtise de son fils, bêtise qui n’est certes pas un bon exemple pour les jeunes garçons du village !... »
Comment ça s’est passé avec tes beaux-parents, quand ils ont appris la nouvelle, alors que leur fille n’était pas mariée ?
« Mes beaux-parents sont des gens du Sud, ils sont beaucoup plus ouverts, le Nord est communiste, où tout est militarisé, alors que le Sud alors dirigé par les Américains avait une mode de vie plus conciliante, ils ont été beaucoup plus tolérants. Aujourd’hui ce sont eux qui gardent nos enfants, mes parents ayant déjà ceux de mes sœurs à garder »
Bon, tout est bien qui finit bien, Chû aura même
ensuite un petit garçon qui a deux ans aujourd’hui.
« A la campagne, le mariage dure deux jours, une première journée chez la mariée, puis ma future femme va venir chez moi, car selon la tradition, elle doit partir de sa maison, cette journée est comme une fête d’adieu. Le matin, tôt, on a fait une prière devant l’autel des ancêtres chez ses parents, puis je l’ai conduite chez moi, où on avait préparé le repas. Aujourd’hui, en ville, ça se fait comme chez vous, une seule date, le partage des frais et une salle louée. Le Vietnam doucement glisse vers la modernité. »
« Regardez,
le soleil qui se couche » c’est joli au-dessus de la rizière !
l’arrêt n’est pas prévu, on a déjà trop de retard, de plus on est sur une route
à grande circulation. Il est presque déjà 17 heures, on a perdu plus d’une
heure avec l’accident du car, un car de nuit avec couchettes qui a entièrement
brûlé. A notre passage, il était encore sur le bord de la route provoquant
ralentissement et bouchons, mais fort heureusement Chû nous assure qu’il n’y a
eu aucun blessé.
Sur cette route, venant de
Ninh Binh, Dat a dû s’arrêter plusieurs fois à des péages, à chaque fois il a
réglé environ 95000 dongs (4€) car ce sont des nouvelles routes, et il faut
bien amortir leur construction. Chû nous confie alors que certaines compagnies
de bus d’Etat, après avoir payé une cotisation, ont le droit de dépasser la
vitesse autorisée, ça alors !!!
D’ici une
demi-heure, nous allons aller voir un marché, qui a lieu plutôt le soir,
l’occasion d’y voir quelques enfants aux cotés de leur maman. Celui-ci se situe
à Ngoc Linh, une ville située à 70 kilomètres au Nord de Vinh, ce marché est
abrité sous un grand hangar, les femmes assises par terre ou sur un petit
tabouret, ont bien souvent qu’un morceau de tissu comme étalage, les plus
chanceuses ont des tables
basses pour y exposer leurs
marchandises, mais toutes ont la balance.
Chû nous y a laissé un peu de temps libre, permettant à chacun de commencer quelques emplettes, fruits, masques … mais quelle poussière avec ces scooters qui passent dans ces allées de terre !
Qu’ils sont mignons ces canetons, mais qu’ils sont entassés !...voici une couturière, avec sa machine à pédale, elle peut en un instant vous réparer un accroc ou même vous coudre un vêtement.
Chû nous offre des beignets qu’il vient d’acheter, c’est certain qu’on aura plus faim au moment du dîner !... quoique d’ici celui-ci, on a le temps de digérer.
Il nous parle maintenant des hôpitaux, des médecins. Il a ainsi réussi à nous intéresser pendant toute la durée du trajet, faut dire que de raconter ces pans de vie vietnamienne, d’un point de vue personnel est captivant.
« Si mon épouse s’aperçoit que mon fils est malade, je me lève dès 3 heures du matin pour faire la queue à l’hôpital, je prends un numéro d’attente, celle-ci peut durer des heures, parfois même on vient vous dire : ceux qui ont les numéros au-delà de 500, (exemple) vous pouvez rentrer chez vous, vous reviendrez demain ! vers 7 heures, j’appelle ma femme qui vient avec mon fils, elle me remplace dans la file. Mais lorsque j’ai le médecin en face de moi, je ne peux pas lui poser autant de questions que je voudrais, car son temps est compté, d’autres familles attendent derrière moi. L’hôpital reçoit beaucoup de monde, le médecin ne dispose que de quelques minutes par patient. Si, si bien sûr !.. les urgences passent en priorité. Dans chaque village on a une ambulance qui vient 24 heures/24 et tout de suite ! » Ouf !!!......
« Les médecins gagnent un salaire de misère à l’hôpital public, aussi pour améliorer leurs revenus, ils ont parfois un cabinet privé, ou il est possible sur rendez-vous d’avoir une consultation plus précise. J’avoue que le prix demandé n’est pas à la portée de tout le monde, aussi la plupart des gens doivent attendre à l’hôpital »
« Mon beau-frère sort de l’école de médecine, il a fait 7 ans d’études à Saigon, à travers son témoignage, j’ai pu voir que c’était très dur, il travaille à l’hôpital pour apprendre, mais plus tard, il cherchera en ville, seul endroit où il y a des cliniques, ou dans un hôpital privé. »
Lorsqu’on lui demande si les frais de dentiste, par exemple, sont remboursés il répond que non, seuls les vaccins pour les enfants de moins de 6 ans le sont.
N’ayant sans doute plus rien à raconter, ou plus probable, plus de sujet trop courts pour le peu de temps qu’il reste de route, il nous passe la chanson « Paroles » de Dalida et d’Alain Delon, et de s’extasier devant les chanteurs français, mais c’est qu’il s’y connaît ! bon Adamo n’est pas un franc exemple, mais bon, on lui pardonne ! « Sa jeunesse » nous-dit-il, tu parles ! cette chanson est sortie une dizaine d’années avant sa naissance, preuve qu’il a bien appris la culture française.
Nous rentrons dans
la ville de Vinh, celle-ci à l’approcha de Noël est très illuminée
‘ « Nos Champs Elysées » dit Chû.
19h30, c’est enfin l’arrivée à l’hôtel, j’ai un peu de compassion pour Dat qui a dû ainsi conduire plusieurs heures dans le noir. Un petit spectacle sympa d’à peine deux minutes nous souhaite la bienvenue, c’est charmant et très sympa. Ci-dessous, cette petite interprétation :
Au menu du dîner,
est prévu, entres-autres, du canard au caramel, ça promet d’être succulent. La jeune
serveuse, vêtue d’un très beau Aô Dài (longue robe) nous a fait, en deux
trois mouvements, un pliage serviettes, façon lotus, est-ce un secret ?
car elle s’est retournée vers la table derrière nous pour le réaliser, en tout
cas, c’est très joli et j’aurais bien aimé savoir le réaliser !
La journée se termine, demain est prévue la visite de la grotte de Phong Nha, classée au patrimoine de l’Unesco. Ne manquez pas de me suivre au cours de ce périple.
Bonne nuit, Chúc ngủ ngon à demain !