Voyage au pays des glaces 

Croisière-Ortelius du 5 au 20 Septembre 2018

Le Spitzberg

Pour aller directement au volet 2, le Groenlandimage007

 

 8 petits diaporamas sont visibles, voir à la fin du récit...

 

        Précisions importantes: Ce récit condensé ne comportera ni liens, ni situation, l’historique sera réduit au minimum, ceci afin de ne pas encombrer inutilement ce récit de voyage.
       Les personnes intéressées par ces renseignements les trouveront dans les rubriques concernées, rubriques beaucoup plus détaillées, avec anectotes et impresions personnelles, rubriques également plus illustrées, repérables sur le site à partir du menu de gauche.

 

          *  Mercredi 5 Septembre. Décollage à 6h40, atterrissage à 11h20 à Longyearbyen, capitale du Spitzberg. La température est de 6°.  Nous sommes 91 passagers + 10 guides conférenciers et polaires qui conduiront les zodiacs + la coordinatrice et son mari + un médecin urgentiste + un guide de haute montagne.

          Le Spitzberg    est l'île principale norvégienne de l’archipel du Svalbard, archipel situé qu’à 1300 kms du Pôle Nord. Il mesure 280 kms du N au S, et entre 40 et 225 kms d’E en O. Découvert par l’explorateur néerlandais Barentz en 1596, ce fut un important lieu de chasse à la baleine au début du 20ème siècle. Vers 1920 les Russes s'y installèrent pour exploiter les mines de charbon.

       Je suis d’emblée frappée par  ces lignées de nuages blancs et sombres qui chapeautent le sommet de ces montagnes enneigées. 

       ®  Vallée de l’Advental.  Malgré ce ciel si sombre il ne pleut pas, quel joli contraste avec les couleurs chatoyantes  de la toundra ! Le premier arrêt est devant ce panneau signalisant le danger que représentent les ours, mais aussi la ville la plus septentrionale de la planète.      

          Dans cette vallée recouverte de vastes étendues de toundra, nous y rencontrons des bernaches nonnettes et des rennes. Entrés dans l’église en bois, un panneau nous incite à nous déchausser… à l’intérieur une salle d’exposition et un bar, j’y rencontre mon premier ours, mais empaillé il est bien inoffensif. Sur les collines, les larges antennes permettent d’étudier les aurores boréales.


Longyearbyen

                ® Ville de 2100 habitants, à 78° N, fondée en 1906 par Mr Longyear pour y exploiter le charbon. Aujourd’hui seule la mine N° 7 encore en activité alimente la centrale thermique, fournisseur d’électricité. Longyearbyen comporte depuis 1993 une université: l’UNIS où 250 étudiants de toutes nationalités apprennent la biologie, la géologie, la géophysique et la technologie arctique.

       C’est ici qu’a été construite en 2008 la « Réserve mondiale de semences » conteneur où sont enfouis plusieurs millions de graines d’espèces végétales, afin de les préserver en cas de catastrophe géologique ou nucléaire.

        Durant la course à la conquête du Pôle Nord, de nombreux explorateurs transitèrent par Longyearbyen, dont le prince Albert 1er de Monaco, qui apporta beaucoup dans l’exploration de l’archipel et sa cartographie.

 Après une incursion au supermarché, j’erre le long de cette rue centrale bordée de magasins d’artisanats, de bars... Ici, original mais pas surprenant, un panneau demande de ne pas entrer avec les armes !.... sage précaution car l’ours peut surgir n’importe où,  les écoles sont  d’ailleurs protégées par de hauts grillages.

       Au milieu de la place, une statue rend hommage aux mineurs.

  Le tourisme arctique semble s’y développer. Un nouveau port, beaucoup plus accessible aux grands paquebots, fut construit dans les années 1990. Autrefois la vie à Longyearbyen axée autour de l’extraction minière ne proposait guère de divertissements. Avec l’évolution du tourisme, la cité minière est devenue une véritable ville en s’équipant d’établissements sportifs, récréatifs, ainsi que d’hôtels, bars, restaurants, etc…

  Il y existe plusieurs règles de vie, certaines surprenantes ! : obligation de quitter l’archipel si l’on perd son emploi et interdiction d’y mourir, les températures négatives empêchant la décomposition des cadavres dans le sol gelé, mais permettant aux virus de survivre.

    A 16 heures, je suis devant l’Ortelius qui est aujourd’hui à quai,  dans le cas contraire, il aurait fallu le rejoindre en zodiac. Dans les coursives, le passage  par un pédicule bricolé est obligatoire pour le nettoyage des chaussures.   Mon bagage déjà amené à ma cabine, je fais alors la connaissance de Marie-Madeleine, une grande habituée des croisières qui va partager cet univers avec moi. Ma cabine est la 525, pratiquement au milieu du bateau. Les placards et les prises de courant sont en quantité suffisante.

   A peine installée, j’ai rendez-vous à la salle de conférence (pont 3) surnommée « la chapelle » par les habitués, les différents guides se présentent et nous donnent les informations nécessaires pour que cette croisière se passe au mieux pour chacun.

    Jonathan est le chef d’expédition, il  remplace in extrémis Christian Kempf, Kempf grand connaisseur des immensités polaires, qui sillonne ces contrées depuis 40 ans et est à l’origine de ces croisières-expéditions. Il nous détaille le plan du bateau : bar, restaurant, infirmerie, et comment grâce aux deux escaliers retrouver sa cabine, et nous présente Alain, le médecin-urgentiste.

      Internet ! La réception de l’Ortelius propose l’achat d’une boite mail, sans possibilité d’envoyer des photos, au coût de 25 €. Dans l’ensemble, elle a bien fonctionné, très peu de messages sont passés au travers, même en plein milieu de la longue traversée Spitzberg-Groenland.

       Jonathan fait part des consignes de sécurité à respecter, surtout lors des embarquements et débarquements en zodiac, se tenir des deux mains à la barre de l’échelle de coupée,  puis cramponner le conducteur selon « le bras du marin » ainsi que ce qu’il faudra faire si un homme tombe à la mer !  Scanner la clé magnétique en sortant et en revenant du navire, ce badge personnel fixé à un porte-clés peut être accroché à une fermeture éclair, un élastique permet de le scanner sans devoir le décrocher, astucieux !

       On nous dit quoi faire, si le signal d’alarme d’abandon du navire retentit, sept brèves sonneries, puis une longue : se vêtir chaudement, prendre ses médicaments, enfiler la brassière de sécurité et rejoindre le canot de survie. Exercice obligatoire pour tous.

     Dans la cabine, je découvre quelques cadeaux, dont un superbe livre sur le NE du Groenland, écrit par Kempf, un sac à dos étanche...

     L’Ortelius : Navire classe de glace 1A. 90m X 17m, tonnage 4090 T, vitesse de croisière : 10,5 nœuds. Construit en 1989 par les chantiers navals de Gdansk en Pologne. Aujourd’hui réaménagé et affrété pour l’occasion par Grands Espaces, il peut accueillir 116 passagers et 34 membres d’équipage. Bateau confortable, disposant de larges ponts extérieurs, de 2 restaurants, d’un bar, d’une salle de conférence, d’une infirmerie et d’une bibliothèque.

           Bateau acheté par la compagnie néerlandaise « Oceanwide Expéditions » en 2011. Son commandant est finlandais, les 22 marins russes, les 19 employés (restaurants et cabines) d’origine philippine.   Abraham Ortelius (1527-1598) est un cartographe et géographe néerlandais qui publia le premier atlas du monde. Celui-ci édité en 7 langues connût un énorme succès.

         Sur un tableau blanc, tous les soirs Elizabeth y inscrit le programme du lendemain : petit-déjeuner, conférences, récaps, déjeuner, dîner. Un peu partout ont été installées des fontaines à eau, l’eau du lavabo n’étant pas potable. Dans le bar, un distributeur automatique gratuit offre boissons chaudes et froides, avec de petits gâteaux secs. A  16h,  tous les après-midi, une pâtisserie est offerte.

        Puis c’est la distribution du gilet de sauvetage et des bottes chaudes, bottes qu'il est recommandé d'essayer avec plusieurs paires de chaussettes. Quant au lourd gilet, je vais devoir apprendre à le faire sauter par-dessus mes épaules et à passer entre les cuisses la fine lanière.

          Je suis tout juste de retour à la cabine que retentit la sonnerie stridente, insupportable, de l’abandon du navire, mais si ! ils ont osé……... Ouais…. on n’a pas été très rapide sur ce coup là, mais on sait faire, c’ est déjà ça !.

      Discrètement, l’Ortelius a quitté la rade et pris le large, nous quittons l’Isfjord, pour mettre le cap au Nord.

       Les repas sont très bons et bien présentés, un grand bravo  au cuisinier qui doit composer selon ses stocks et ce pour 150 personnes :    Petit déjeuner sous forme de buffet - Déjeuner en libre-service, soupe servie à table et plat différent à chaque repas  - En dessert : assortiment de fromages, paniers de fruits + gâteau. Lors du déjeuner, il nous est demandé de choisir pour le dîner, entre viande, poisson ou menu végétarien. Deux soirs, nous aurons un barbecue dehors sur le pont, avec comme décor de sublîmes paysages.

         La réception est tenue par Sigy et Sava, deux hommes charmants. Sigy sera toujours là à tenir la lourde porte donnant sur la coursive pour nous souhaiter bon retour lorsque nous revenions de nos balades en zodiac.

         Je suis déjà cachée sous les draps, fatiguée après cette longue journée, lorsque Maxime, veilleur à la passerelle, a repéré un souffle de rorqual. Le rorqual est le plus grand animal vivant  sur la planète (L:20m P:70 tonnes). Je me rhabille et sors sur le pont, mais malgré les encouragements de nos deux guides à scruter l’avant du navire, au bout d’une petite demi-heure chacun regagne son lit, découragé, car la baleine pourtant bien près du bateau, n’a pas fait sa réapparition 

                  * Jeudi 6 Septembre.  L’Ortelius qui a navigué toute la nuit se dirige maintenant au nord de l’île en la contournant par l’ Ouest. Des ponts j’admire le magnifique panorama qui s’offre déjà à mes yeux,  montagnes pointues saupoudrées d’une fine de couche de neige, massifs drapés d’un nuage blanc. C’est sous un ciel   sombre, sans soleil, mais éclairé par cette clarté si propre à l’arctique que je m’apprête à effectuer, avec tout de même une certaine appréhension, ma première sortie en zodiac.

        Celle-ci se fait au fond de la Baie de la Madeleine. Je me suis bien couverte, pas moins de 6 couches de vêtements, plus le gilet de sauvetage qui n'est pas évident à mettre   Eh.. regardez  à droite, voilà la star !... Allez, on continue ! : 2 caleçons + un jean + un pantalon imperméable + 3 paires de chaussettes + les chaudes bottes et pour finir cette présentation de mode : tour de cou polaire, gants et bonnets, sans oublier les appareils photos, les jumelles et  le bâton !

        Le moment venu,  Elizabeth prévient, on dispose alors de 15 minutes pour s’habiller, se rendre au pont 4, enjamber la très haute marche qui mène aux coursives, scanner sa clé de cabine. Le premier jour, Serge son mari surveillera le bon déroulement de cette opération.

Baie de la Madeleine

            La Baie (79°30) fut découverte par le hollandais Barents.

           Henry Hudson, grand navigateur, entraîna un exode de chasseurs de baleines, après avoir indiqué dans son journal de bord qu'elles y étaient très nombreuses. Ce lieu devint alors le rude décor (17ème et 18ème ) d’un intense chasse à la baleine, un massacre qui ira jusqu’à leur extermination. Un petit monticule abrite les tombes de 130 baleiniers morts entre 1600 et 1800.

          Cette baie, aujourd’hui habitée que par les ours et les renards polaires, espèces dorénavant protégées, porte le nom de la sainte patronne des baleiniers.

    Cette balade tout près du glacier de Waggonwaybrenn, cette première approche de ces beaux glaciers bleus, est magique ! J’assisterais même à un petit vêlage, rappelant que la proximité des icebergs est très dangereuse, que même s’il est important, un glacier peut se fracasser entraînant une énorme vague ou se retourner en quelques secondes. Dans ce silence polaire, j’entends l’eau qui crépite, ici la nature a repris ses droits. Plusieurs phoques veaux-marins, se sont approchés des zodiacs.

 

                    

A 12h30, retour à bord, l’estomac creusé et de belles images pleins les yeux.

Enlever les bottes s’avère être compliqué, si ôter la première n’est pas difficile, il n’en est pas de même pour la seconde. Certaines ont utilisé le rebord de la salle de bains pour y parvenir. Mais heureusement pour moi, ma prévoyante Marie-Madeleine a apporté un tire-botte, je prends conscience que partager ma cabine avec ce capitaine au long cours, m’apporte bien des bienfaits !

En début d’après-midi, Anaïd nous parle de ce sympathique phoque veau marin.

Ce phoque qui mesure 2 mètres et pèse 100 kilos a petite tête de forme arrondie. Rien ne lui échappe, grâce à ses moustaches, les vibrisses, qui contiennent beaucoup de terminaisons nerveuses.

Nicolas parle du rorqual, dont le souffle a été aperçu par Maxime la veille au soir. Ce mammifère était chassé pour sa graisse, qui transformée en huile servait à éclairer les villages. Les pêcheurs n’hésitaient pas à le trainer derrière leur bateau.

L’Ortélius  continue sa progression vers le Nord.  Dehors, la neige tombe par moments à gros flocons. Je profite du paysage soit depuis les ponts, plus chaudement de l’intérieur du bar ou encore furtivement à travers les épais carreaux de ma cabine.

Anaïd nous conte le « Drame de l’expédition Salomon Andrée »

Ce suédois né en 1854, désirait avec deux compagnons, conquérir le pôle Nord, à l’aide d’un ballon dirigeable à hydrogène. Ce ballon s’échoua en 1897, mais ce n’est que 30 ans plus tard que les restes de ces malheureux seront retrouvés. Les journaux et pellicules retrouvés sur place ont indiqué que ces hommes se sont frayés un chemin pendant trois mois, à travers les glaces, échouant dans leur tentative de rejoindre l’archipel François-Joseph.

Aujourd’hui un bout de terre situé au Nord/Ouest du Spitzberg porte son nom.                 

        L’Ortelius continue sa route vers la pointe Nord du Spitzberg et va pénétrer dans le « Raudfjordjen » le fjord rouge. C’est, après dîner, à 20 heures, qu’Elizabeth annonce un débarquement imminent : la visite du site d’Alice Hamna

  Ces sorties à terre se font de quatre manières différentes, hormis ceux qui désirent rester à bord, les autres sont répartis en – promenade zodiac – petite marche – marche moyenne – longue marche, chacun peut ainsi aller à son propre rythme. Pour emprunter l’échelle de coupée, jamais plus de 3 personnes  simultanément dessus. Il sera mis à l’eau 11 zodiacs avec en général 8 passagers chacun.

  Nos guides sont tous munis d’une carabine, car l’ours peut se trouver partout, au détour d’un rocher, sur une plaque dérivante. Nous devons toujours marcher derrière eux, jamais devant…. Ils ont, paraît-t-il suivi une formation spéciale, je l’espère  car lorsque je vois ces frêles jeunes filles, je les imagine mal tuer ce gros vilain ours qui nous menace.

  J'ai pu à chaque fois effectué la moyenne marche, en escaladant de petites collines, le dénivelé n’allant jamais au-delà de 70/80 mètres. Cette promenade m’a souvent permis, du haut de ces promontoires d’avoir de sublimes paysages.

Site d’Alice Hamna     

    Lors de cette courte sortie à terre, j’admire les lumières du soir, les montagnes enneigées, l’eau lisse bleue et la terre sombre, caillouteuse forment un joli contraste, l’ambiance est saisissante.  Cette baie qui offre un rivage idéal pour les débarquements, a été visitée depuis longtemps par des chasseurs, des scientifiques et des touristes. Fabrice raconte des histoires de trappeurs, de baleiniers, une de leurs cabanes (Raudfjordhutta) construite en bois flotté, est toujours visible, tout à coté des bois de rennes, un peu plus loin une tombe.

         Ce bois flotté provient de Sibérie. Ces billes lors de la débâcle des fleuves sibériens, ont été entraînées jusqu’à l'Océan Arctique puis ont dérivé vers l’Ouest, grâce aux courants du Golf Stream, pour être bloquées dans les fjords du Spitzberg.

   Pourquoi ce nom d’Alice Hamna ? C’est en référence au navire "Princesse Alice", avec lequel le Prince Albert 1er de Monaco a effectué ses expéditions oéanographiques entre 1898 et 1907, et financé nombre de travaux.

  

 

  Malgré des latitudes de 80° N, il ne fait pas très froid, faut dire aussi que le Gulf Stream traverse les eaux du Spitzberg, apportant des températures douces.   Un peu plus loin au bord de l’eau, j’aperçois quelques bécasseaux violets, ces oiseaux de l’arctique, pas spécialement farouches se laissent….. un peu approcher.  Le soleil s’est couché, mais  les longs nuages gris laissent percer une lueur rougeâtre qui barre  l’horizon, donnant à tout l’ensemble de jolis tons pastel.

 Arrive le moment que je redoute le plus, remonter dans le zodiac ! tâche qui s’avèrera pour moi assez difficile. Avec de l'eau presque aux genoux, il faut se hisser, puis enjamber les boudins, le zodiac est alors trop haut, trop large !....Je regrette le manque d’aide. Pour y parvenir, j’ai dû bien souvent faire une sorte de rouler-bouler qui me projetait au fond du zodiac.

  Admirez l’Ortelius, n’est-il pas beau, avec ses lumières allumées et les montagnes enneigées comme décor. !  A bord une surprise nous attend, Sigi, nous a préparé du chocolat chaud, agrémenté d’une rase de whisky.  23h, déjà ! je regagne ma cabine.

          Vendredi 7 Septembre.  Ce matin en tirant le rideau, je vois que le soleil passant par dessus  la montagne inonde celle-ci, de bon augure pour la journée, quoiqu’au Spitzberg, le temps change pire qu’une girouette !

    L’Ortelius a durant la nuit mis le cap sur le Bockfjord que nous atteindrons courant matinée. Nous sommes à présent entrés dans le Woodfjorden. (NO de l’archipel)

    C’est dans ce petit bras du Woodfjorden, que se trouvent les seules sources chaudes  volcaniques du Spitzberg,  derniers témoignages d’une longue activité volcanique éteinte. Là encore, le panorama est splendide, a l’Ouest, ce sont des montagnes aux roches hématites de grès rouge vieilles de plus de 60 millions d’années, dont les pics tranchants sont aujourd’hui enneigés, au Sud on aperçoit les formes coniques du Sverrefjellet, cet ancien volcan dont nous allons faire en ce milieu de matinée une petite exploration.

    A l’annonce, le chronomètre est lancé, j’ai 15 minutes pour m'habiller chaudement, enfiler le gilet de sauvetage, mettre gants, bonnets, ne pas oublier l’appareil photos, les jumelles, le bâton et la clé de chambre, le carnet de notes et le crayon sont en options !... puis direction bâbord au pont inférieur et scan de sortie.


Pentes du Sverrefjellet

      Je vais pour la première fois fouler cette toundra. Quelle impression j’en ai ?  ce permafrost recouvert d’une toundra jaune est un sol meuble, qui s’enfonce sous les pieds, c’est comme fouler une très épaisse moquette, d’autant qu’avec ce rembourrage vestimentaire et ces bottes de grande pointure, j’ai l’impression d’être un cosmonaute qui marche sur la Lune !

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      Nous observons des saxifrages en touffe,  des mousses, des lichens et même des champignons.

      Il faut avoir l’œil, ou ceux-ci rivés sur les jumelles,  pour apercevoir, gambadant dans cette toundra quelques lagopèdes alpins au pelage blanc. Doucement sans bruit, nous tentons de nous en approcher, mais pour ne pas les effrayer, ce qui provoquerait leur envol, nous restons à distance. Ici dans ces contrées sauvages, le mot d’ordre est « respect de la nature, respect des animaux »

     20180906_151445x (Large)XCet oiseau (35cms) blanc en hiver, brun en été, niche à l’abri d’un rocher ou sous la végétation basse. Il se nourrit de bourgeons, d’insectes. Espèce sensible au réchauffement climatique, adaptée aux conditions de froid extrême, elle tolère mal les  hautes températures.

      Au-dessus de ma tête, j’aperçois quelques labbes parasites.

    Oiseau de la taille d’une mouette au comportement  pitoyable, ce pirate agresse tout grand oiseau ou mammifère qui pénètre sur son territoire, s’attaquant même à l’homme. Il trouve sa subsistance en parasitant d’autres  oiseaux marins, poursuivant par exemple sa victime jusqu’à ce que paniquée elle lâche sa proie ou recrache sa prise, il peut même aller jusqu’à faire régurgiter ses proies. Charmant oiseau  !

   Un appel dans la radio de Fabrice,  il a été aperçu des rennes avec leurs petits, j’ai tout juste le temps de les voir redescendre à toute allure vers la plage, photo impossible,  trop loin et beaucoup trop rapides, hélas !... Vu les nombreuses crottes, ce coin de toundra doit être leur petit paradis.

   Nous apprendrons que le drone de Maxime s’est écrasé à 506m, cet appareil étant conditionné pour ne voler qu’à 500m !... Accompagné par quelques copains il va faire l’ascension de ce volcan afin de le récupérer, puis de le réparer.    L’Ortelius met alors le cap vers le glacier de Monaco où nous arrivons à 16h. Depuis les ponts, la lente approche du bateau nous en donne déjà un aperçu vertigineux, ce glacier présentant un front de glace large de 7 kms

                  Le glacier de Monaco, situé au fond du fjord Liededjorden, au Nord-Ouest de l’archipel du Svalbard, doit son nom à Albert 1er de Monaco, qui amoureux de ces contrées polaires, fit plusieurs expéditions  et finança nombres travaux à la fin du 19ème siècle.

        Gigantesque front glaciaire,  de 30m de haut, mais d’une centaine de mètres immergés et d ‘une profondeur avoisinant les 47 kilomètres. Il rejette en permanence de la glace à la mer dans un fracas caractéristique,  ces morceaux détachés deviennent alors les icebergs.

         Le ciel est très sombre, de longs nuages noirs le zèbrent, avec parfois une trouée blanche, presque aveuglante, qui perce les nuées   « Oh ,vous avez vu !! nous dit Nicolas, un pan de glace vient de s’effondrer »  petit vêlage trop rapide ! j’ai juste aperçu les derniers petits morceaux qui s’écroulaient dans l’eau.        

        Les zodiacs zigzaguent entre les morceaux de glace qui recouvrent la mer, ceux-ci, contrairement aux icebergs sont des morceaux de mer qui ont gelé, et cristallisés quand la température a atteint -1,86°

         « Prenez un morceau et goûtez-le, c’est très salé ! »  « Ecoutez la glace qui craque » ça pétille en permanence, la rencontre entre la glace à 0° et l’eau à 4° provoque la libération des bulles d’air qui claquent.

       Nous slalomons ainsi pendant près de 2 heures parmi les bourguignons (minuscules icebergs de 2m de Ø) toutefois sans jamais s’approcher trop près de ce glacier, la glace est très belle, mais peut-être aussi très dangereuse. Un iceberg est imprévisible, à tout moment il peut se casser, s’effondrer ou même se retourner. Il est fortement conseillé de se tenir assez loin. En tombant, la glace peut éclater en milliers de petits glaçons éjectés à grande vitesse à des dizaines de mètres alentours, tel fut le cas en août 2012 près de Longyearbyen. De plus, la vague déferlante qui résulte de la chute de l’iceberg dans l’eau, peut tout recouvrir sur plusieurs kilomètres.

          Quelques rapides mots sur les icebergs, qu’ils soient blancs ou bleus :

                 La glace qui vient de la calotte glaciaire bouge et lorsque les glaciers se heurtent à l’océan, la glace en bordure se fragilise, se casse et plonge dans l’eau, on dit alors que le glacier vêle. Les icebergs constitués de glace pure,  absorbent les couleurs de l’arc en ciel,  et au fil du temps subissent de fortes compressions qui chassent les bulles d’air piégées dans la glace. Les jeunes icebergs, pas encore compressés contiennent beaucoup de bulles d’air et réfléchissent leurs surfaces blanches.

               Pour faire court ! plus un iceberg est vieux, plus il est  dense, et plus il est bleu, les bulles d’air en ayant été chassées et les couleurs absorbées, seul le bleu résiste au temps, d’où cette superbe couleur. Le glacier de Monaco étant un beau glacier bleu, il doit avoir plusieurs millions d’années.

      

         Quoique les oiseaux ont déjà commencé à immigrer vers des contrées plus chaudes, je vois tout de même, des goélands, des mouettes tridactyles et nageant au milieu des bourguignons deux phoques barbus.

          L’Ortelius remonte vers l’île de Moffen que nous devrions atteindre en début de soirée.

        Pendant le traditionnel récapitulatif, Anaïd nous parle de la méduse,  qu’elle a vu en accompagnant la promenade en zodiac : la « crinière de lion »  Cette méduse (50 cms de Ø, voir même plus) qui fait partie de plancton, vit près de la surface.  Ses centaines de tentacules lui donnent un aspect ébouriffé. Puis Fabrice nous parle de rennes, vus dans l’Advental et aperçus sur les pentes du volcan Sverejfjellet. Sur le sujet il est intarissable, allant jusqu’à nous démontrer que ce ne sont pas des mâles qui tirent le traîneau du Père Noël, nous aurait-on menti ???

                  Le renne du Svalbarg, est doté d’une fourrure épaisse qui devient blanche en hiver. Parfaitement adapté au climat arctique, il vit ici depuis des millénaires. Les femelles ont aussi des bois, mais qui ne tombent pas en hiver, d où cette affirmation.

   Le renne n’étant plus chassé depuis 1929 n’a pas peur de l’homme. Leur nombre serait aujourd’hui de 12 000 têtes. Ruminant qui avale n’importe quel végétal, son principal objectif étant de se constituer une réserve de graisse pour traverser l’hiver.

    La famine est la cause la plus fréquente de mortalité, dixit le réchauffement climatique. Au lieu de neiger, il pleut, le sol gèle, les rennes n’arrivent plus alors à trouver leur nourriture qui est enfouie sous une couche de glace  Pauvres bestioles qui s’y usent les dents


           22h. L’île de Moffen (mot d’argot utilisé par les baleiniers hollandais signifiant allemand) située au Nord du Spitzberg à 80° de latitude est en vue. Sur cette île plate, cette réserve naturelle, se trouve  une grande colonie de morses, il y est interdit d’y débarquer avant la mi-septembre. Dommage, car l’Ortelius devant respecter une bonne distance, il m’est bien difficile de les apercevoir, heureusement que Louise prête ses puissantes jumelles.

          L’Ortelius aurait dû alors mettre le cap à l’Ouest vers le Groenland,  mais  Jonathan, ne veut pas quitter le Svalbard sans avoir pu nous faire voir un ours. De plus l’espèce y étant protégée, on a plus de chances d’en voir qu’au Groenland, où chassés ils fuient l’homme. Il a donc pris la décision de remonter encore plus au Nord, et loin vers l’Ouest, à plusieurs heures de navigation vers l’île Charles XII, où par expérience, nous aurions de bonnes chances d’en croiser.

          C’est sur cette belle image espérée de l’ours  que je sombre dans les bras de Morphée.

Ile Charles XII

            Samedi 8 Septembre 2018.  À mon réveil, l’île Charles XII, du nom d’un roi de Suède du 17ème siècle,  est déjà en vue. Pour y parvenir, l’Ortelius a longé les côtes Nord sur pratiquement toute la largeur de l’archipel (plus de 200 kms). L’îlot de 2 kms de long est situé à la latitude 80°6, ile la plus septentrionale du Svalbard.

      Depuis le pont je scrute ce rocher, minuscule point noir au milieu de l’océan, toujours dans l’attente de la banquise, banquise que je ne verrais pas au Spitzberg, hélas !  Aujourd’hui en Septembre, on ne peut en espérer en trouver qu’à la latitude 83° (soit à 300 kms) même à 80° elle a fondu

      Nos guides depuis la passerelle, suspendus à leurs jumelles ont repéré un point blanc. Le navire approchant, ils nous confirment la présence d’au moins un ours, l’excitation de chacun est alors à son comble.

     A 9h30, les zodiacs sont mis à l’eau. C’est alors que je le vois, le seigneur de l’Arctique est bien là, se découpant en contre-jour sur fond de ciel gris, il a l’air de nous observer, de ne pas avoir peur de nous, quel spectacle !.  Au bout d’une dizaine de minutes, il se met en marche vers le Nord de l’île. Depuis les zodiacs, nous nous déplaçons et suivons sa progression, quant nous apercevons tout près se prélassant sur un rocher, sans conscience du danger, une maman morse et son jeune. L’ours, rocher après rocher, se rapproche de plus en plus d’eux, il n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, et les morses ne bronchent toujours pas !!

Que va-t-il se passer, le suspense est insoutenable, le moment est tragique… nous n’allons tout de même pas assister, si le jeune ne bouge pas, à une mise à mort, j’en ai des sueurs froides, d’autant que j’ai trouvé un article disant que l’Ours polaire peut se précipiter dans les groupes formés sur les plages  et consommer les individus écrasés ou blessés dans la panique. Mais à quoi pensait cette maman, pour s’isoler ainsi !.. car en colonie les membres s’unissent pour faire face au prédateur.

Et puis  Plouf !   Ooouuuf !..... les deux morses ont plongé, il était tout de même moins une, photo à l’appui.

      

     Plus haut dans la toundra, nous en repérons deux autres qui fouillent dans la végétation, probablement à la recherche d’une quelconque nourriture, puis un autre allongé un peu plus loin. Incroyable, nous avons alors quatre ours dans notre champ de vision. Je pense à cet instant à Jonathan qui ne doit pas être peu fier d’avoir pris la décision de changer de cap pour aller à Karl Xll !...

     Karl Xll l’ilot le plus au Nord de l’archipel est le dernier à être délivré des glaces, il y reste toujours quelques ours, qui pour  différentes raisons, n’ont pas réussi à temps à suivre et dériver avec la banquise.  Nos guides émettent quelques réserves quant à leurs survies, le petit îlot Karl Xll n’offrant pas beaucoup de nourriture.

      Au sommet j’aperçois une grande colonie de mouettes tridactyles.  En contournant l’îlot  j’observe  sur un rocher une vingtaine de morses qui s’y reposent. Mais d’après nos guides il  y en aussi un bon nombre dans l’eau, aussi je scrute la surface de l’océan, quand j’aperçois  tout un groupe, curieux ils sortent la tête de l’eau en exhibant leurs très longues défenses, c’est un véritable ballet qui s’opère autour de nous, un spectacle que je n’oublierais pas de sitôt.

      Cette sortie a comblé mes vœux, c’était purement féérique, mais  il est temps de retourner à bord. De parole de guides, ces derniers nous affirment, de toutes leurs expéditions, n’avoir jamais assisté de si près à cette scène d’un prédateur en situation d’attaquer sa proie, scène riche en émotions pour nous, témoins impuissants.    

     Cette fois, nous faisons vraiment nos adieux au Svalbard, car l’Ortelius va maintenant prendre la direction du Groenland, plein Ouest, une traversée de deux jours et deux nuits pour atteindre cette île, la plus grande au monde. Sitôt déjeuner Manon présente les oiseaux de l’arctique que nous avons eu la chance de voir. Ceux-ci pour la plupart se nourrissent de poissons, de crustacés et de divers invertébrés. Ils vivent en général une vingtaine d’années.

     Voici les principaux :  Le mergule nain (20cms) – Le guillemot à miroir (35cms aux pattes rouges) – Le guillemot de brunnich (44 cms) – La sterne arctique qui plonge en piqué sur sa proie d’une hauteur de 10 à 15 mètres, elle attaque les humains et même les grands prédateurs en donnants des coups sur le dessus de la tête. C’est l’oiseau qui réalise la plus grande migration au monde. Chassé de façon intensive jusqu’au début du 20ème siècle pour ses plumes qui ornaient les chapeaux.

             

    Le goéland bourgmestre – La bernache nonnette (70 cms) au plumage noir lui enserrant la tête comme un voile de religieuse – Le fulmar boréal (60 cms) qui peut régurgiter une substance huileuse, nauséabonde, qu’il projette à près d’un mètre dissuadant les intrus. Il lui arrive de suivre les bateaux de pêche pour profiter des déchets de poissons rejetés en mer. Cet oiseau est victime de l’ingestion de plastique qu’il confond avec la méduse, une de ses proies – Le bruand des neiges (18 cms) blanc et dos noir – Le bécasseau violet (22cms)

        

          Manon nous demande de reconnaître sur photographies quelques oiseaux, puis  Jonathan nous parle du Svalbard que nous nous apprêtons à quitter, son histoire, la vie sur cette île au bout du monde (1300 kms du Pôle Nord)

        Le Svarbarg, cet archipel de l’Océan Arctique (2400 habitants) découvert par les Vikings au 16ème siècle, s’étend entre les latitudes Nord 74° et 81°, il est à 80 %  recouvert de glaciers. Le Gulf Stream y passe, expliquant les températures plus douces qu’au Groenland. Sa toundra est une végétation composée de lichens, de mousses, de fleurs et d’arbres rampants (bouleaux, saules nains). Le sous-sol contient du charbon exploité par les Hollandais puis par les Russes. Le seul déplacement possible est le bateau, l’avion, l’hélicoptère ou la motoneige. Il ne fait pas partie de l’espace Schengen et vit des revenus de sa mine, de la pêche, de l’essor du tourisme et des expéditions scientifiques.

    Le commandant du navire a laissé quelques minutes son gouvernail pour nous offrir le « cocktail de bienvenue » L’instant est agréable, et poser un visage sur la personne qui mène le bateau à de quoi rassurer.

    Au dîner j’apprends par hasard que la femme assise en face de moi est née le même jour que moi. Ma jumelle… situation statistiquement quasiment improbable… j’espère de tout cœur que nous garderons un bon contact.

          La journée se termine par la projection du film « La Glace et le Ciel »          

          Ce documentaire raconte la vie de Claude Lorius, glaciologue né en 1932 qui en 1965, lors d’une expédition en antarctique prélevera de la glace sur plusieurs centaines de mètres de profondeur. Ces études vont démontrer le lien qui existait déjà entre les taux de gaz à effet de serre et l’évolution climatique.Ce film est une incroyable aventure humaine où l’on y découvre  le  difficile quotidien des chercheurs, avec des températures qui pouvaient descendre jusqu’à -80°, les voyages périlleux à travers les crevasses, mais aussi des paysages à couper le souffle.

           Retour au lit, j’appréhende cette longue traversée qui s’avèrera tout de même un peu houleuse. Durant la nuit, nous changeons de fuseau d’horaire et reculons nos montres d’une heure.

Première journée en mer vers le Groenland

              Dimanche 9 Septembre.  Ayant vu des ours hier, Fabrice en fait la première conférence de la journée

        L’Ours, animal solitaire qui se balade seul sur la banquise ne craint que… l’homme ! Un mâle pèse environ  700 kilos et mesure entre 1,80m et 2,60m de long. Très bon nageur, sa graisse et sa fourrure lui permettent de flotter. D’une espérance de vie de 25 ans, c’est le plus grand carnivore terrestre, régnant en maître sur son territoire. Les Inuit l’appelle « le nanouk »

      Il se nourrit essentiellement des bébés phoques qu’il guette à la sortie de leurs trous de respiration, et que d’un coup de patte il tue... Son odorat très développé lui permet de localiser ses proies à des kilomètres.        

   L’ourse donne naissance, tous les trois ans, à deux oursons, mais la moitié d’entres-eux meurent de faim. La maman allaite pendant un an et les jeunes restent avec leur mère jusqu’à l’âge de deux ans. L’espèce est protégée au Svalbard depuis 1939, mais encore chassée au Groenland. Aujourd’hui on pense qu’ils seraient 16000 à 20000 dans tout l’Arctique. Des menaces pèsent : diminution de la banquise qui constitue son territoire de vie et surtout la pollution multiforme qui se concentre dans l’Arctique.

   L’Ours polaire est parfaitement adapté au froid et à la neige, ses griffes s’agrippent sur la glace,  et l’absence de protubérances (petites oreilles, queue courte) limitent les déperditions de chaleur. Son épaisse couche de graisse le protège aussi du froid.       

 Il peut attaquer l’homme !  C'est pourquoi Fabrice insiste sur le fait que, lors des sorties, nous devons toujours être derrière notre guide qui est armé.  Il est conseillé d'abord de tirer en l'air pour l'effrayer, et non pas de le tuer, car cet acte est considéré comme un crime,  entraînant une enquête et si les consignes de sécurité n’ont pas été respectées au préalable, celui qui est à l’origine de cet acte sera exposé à de graves sanctions (amende et prison)

      Quand il baille, et nous le voyons sur la photo ! c’est qu’il est stressé, stress probablement provoqué par notre présence, aussi lors de notre sortie dans la banquise n’irons nous pas plus loin !

     S’ensuit l’intervention de Jean, photographe qui explique les diverses méthodes pour réaliser les meilleures images si !..... on a la chance d’admirer une aurore boréale, le rêve absolu après avoir vu l’ours polaire !..

     Après déjeuner, Sigi et Sava ouvrent la petite boutique du bord (écharpes, sweats polaires, tee-shirt, peluches….) Elizabeth propose les livres de Christian Kempf. Nos achats seront annotés sur notre chambre, de quoi faire des achats compulsifs….

    15h. C’est au tour de Nicolas de tout nous dire  sur les phoques : l’annelé et le barbu.

Le phoque vit dans l’eau et se sert de ses griffes pour se hisser sur la glace. Sa démarche n’est pas gracieuse. Il se nourrit de morues, de crustacés. Son principal prédateur est l’ours polaire, mais aussi l’homme, car il est chassé par les Inuit. Au nombre aujourd’hui d’un million, les dangers pour cette espèce sont les projets d’extraction pétrolière en zone arctique, le dérèglement climatique qui risque de faire disparaître les glaces flottantes, et la disparition progressive de ses proies. Sinon, il a une espérance de vie allant de 20 à 35 ans.

Le phoque annelé (dos parsemé d’anneaux pâles) est l’un des plus petits de son espèce, il mesure environ 1,50m et pèse 68 kilos. Il vit sur la banquise et y construit des trous de respiration.

Le phoque barbu préfère les plaques de glace flottante à la banquise. Son corps est trapu et costaud, il mesure environ 2,50m et pèse 300 kilos. Son museau est orné d’une moustache. La femelle donne naissance à un unique petit.

 A 17h, documentaire sur l’histoire du « Fram » navire norvégien qui fut utilisé à trois reprises pour l’exploration polaire du pôle Nord, entre 1893 et 1912. Aujourd’hui, il est visible au musée d’Oslo.

Le « Fram » est une goélette à trois mâts qui devait se laisser prendre par la banquise afin de dériver au-dessus du Pôle Nord. Sa coque devait glisser hors de la glace, la cale était divisée en trois compartiments étanches, le salon et les cabines étaient bien isolés, un moulin à vent produisait l’électricité. Il pouvait naviguer à une vitesse de 6 à 7 nœuds.

      Avant de dîner, Jonathan annonce qu'au vu des indications fournies par le Commandant, l’Ortelius va se diriger vers la baie de Dove, que nous devrions atteindre demain en fin de journée.

      Retour à la cabine pour une nuit où je suis bercée par le roulis régulier de l’Ortelius. Selon Marie-Madeleine,  la baie de Dove est une des plus belles baies et malgré de nombreuses croisières à son actif, elle n’a pas vu celle-ci depuis une dizaine d’années, car toujours obstruée par les glaces. Elle me fait partager son enthousiasme et je suis sincèrement heureuse pour elle.

        Bonne nuit   et à demain, pour une seconde journée en mer.

           La 1ère  partie de ce reportage est terminée, j’espère que mon périple vous aura plu et c’est tout naturellement que je vous invite à me suivre dans ce 2ème   volet où vous m’accompagnerez à la découverte du Groenland, de sa banquise, de ses icebergs, et de bien d’autres belles choses encore.


Suite de mon voyage : Le Groenland.