Récit en version imprimable

 Dimanche 5 Février. (Point N° 10 carte itinéraire) La veille au soir, Lenin nous a prévenu que s’il faisait trop mauvais temps, voir beaucoup de vent, l’excursion aux glaciers ne se fera pas, les bateaux ne partant pas, dans ce cas il intervertira avec la journée au parc Torres del Paine. Et si le lendemain c’est idem, on fait quoi ? on change avec l’île de Pâques !  allez pas de pessimisme, mais c’est tout de même ce qui s’est produit au désert d’Atacama, de gros nuages nous ayant privé, pendant deux jours consécutifs, d’un spectaculaire et paraît-il inoubliable ! coucher de soleil sur les dunes.

      Lenin le petit filou… nous avait promis de la pluie. Il a plu … il pleut….  il pleuvra ….. rassurez-vous, je ne conjugue pas le verbe pleuvoir à tous les temps, ce n’est pas non plus le dicton du jour mais bien hélas la réalité…. Oh rage ! oh désespoir ! mais l’excursion a bien lieu ! Oh Lénin ! ne nous aurais-tu pas fait "marcher" !...

La société Agunsa propose à partir de Puerto Natales  deux circuits différents, soit découvrir les glaciers Balmaceda et Serrano en empruntant le fjord Ultima Esperanza, soit la découverte du fjord de la Montañas. A l’embarcadère, le catamaran « Agunsa Orca » est en partance pour l’Ultima Esperanza, un de ces innombrables fjords, caractéristiques du littoral de la Patagonie australe chilienne,  ce fjord est un bras de mer d’une cinquantaine de kms de long qui prolonge le canal Señoret et se termine en cul de sac au pied des Glaciers Balmaceda et Serrano.

Quelques lignes sur la Patagonie : région située dans la partie méridionale de l’Amérique du Sud qui s’étend principalement en Argentine, mais aussi tout le long de la côte Pacifique du Chili. Au Sud du détroit de Magellan, se trouve « la Terre de Feu »

    La Patagonie figure parmi les régions les plus vierges de la Terre, ici la Cordillère s'effrite en milliers d'îles, de lacs, de canaux, de fjords, de glaciers, de montagnes, de steppes...

Habitées depuis plus de 10 000 ans par les Amérindiens tels que les Mapuches, les Telhuelches, ceux-ci s’affrontèrent aux colons européens jusqu’au milieu du 19ème siècle pour préserver leurs terres les plus australes, mais peu à peu les autochtones disparurent et furent remplacés par une population métissée.

    Les terres de cette région très peu peuplée (à peine 4 habitants au km²) sont exploitées pour l’élevage du bétail en d’immenses fermes appelées estancias, région qui comporte également quelques ressources naturelles importantes (gaz naturel, pétrole, eaux douces)  C’est aussi une forte région sismique, la deuxième du monde.


8 heures, le bateau en partie dissimulé dans le brouillard lève l’ancre. Très beau navire d’environ 200 places, avec une salle avec tables, un bar, et bien sûr, un pont supérieur qui permettra d’admirer ce : oh combien magnifique panorama, côtes découpées, falaises abruptes entaillées par des cascades, paysages aux sommets enneigés, mais aujourd’hui, nous n’en voyons pas grand-chose, tant l’ensemble est recouvert d’une épaisse chape de ce très vilain brouillard, c’est bien dommage !

Des brochures touristiques permettent de suivre l’itinéraire, des commentaires en anglais et espagnols indiquent les emplacements de la faune aquatique : le rocher des loups de mer, les falaises survolées par les condors où s’agrippent les cormorans.

Une collation est offerte, revigorante dans cet univers froid, gris.

Au bout de trois bonnes heures de navigation, nous arrivons à proximité du mont Balmaceda (2035m) qui porte le glacier du même nom.



Regardez aujourd’hui l’état de ce glacier ! véritable témoignage de la fonte des glaces dû au réchauffement climatique, alors qu’encore en 1958, il tombait dans le fjord. Le bateau le longe doucement à distance raisonnable (200 mètres) il est superbement beau malgré cette grisaille. J’ai inclus dans ce récit une photo récupérée sur la toile de ce même paysage avec un temps plus clair, comme on dit « y a pas photo ! » Sans vouloir être trop pessimiste, il faut bien avouer qu’on subit depuis notre arrivée dans le Nord du pays, les caprices d’une météo malfaisante.

      

Une demi-heure plus tard, le bateau accoste à Pto Toro, lieu d’appontage pour le glacier Serrano, regardez comme Lenin nous a attifés  ….. dire qu’il pleut est un euphémisme ! on en est presque au déluge de Noé…. disons que j’exagère un tout petit peu.... 

Nous pénétrons alors dans l’immense parc national Bernardo O’Higgins, comme l’indique un grand panneau de bois, cette promenade de 30 minutes dans les sous-bois de la forêt patagonienne devrait nous rapprocher du glacier. Celui-ci ne se jette pas directement dans le fjord mais dans un lac qui lui-même se jette dans le fjord, ce qui explique qu'il n'est pas visible depuis le bateau

On nous donne une heure pour en faire l’aller et le retour, peu d’entre-nous entreprendrons cette balade, le temps imparti est un peu trop court si on ne marche pas à bonne allure, les conditions météorologiques lamentables n’aident pas non plus, et conséquence de celles-ci, la promenade n’est à envisager qu’avec des bonnes chaussures de randonnée et un pantalon de pluie, tant qu’à faire !  

Après avoir parcouru 200 mètres de ce sentier, on arrive au bord de ce lac dans lequel se jette le Serrano, des blocs de glace bleue se sont détachés, de cet endroit le glacier doit être à 400 mètres environ, mais il est visible  

Pourquoi cette glace est bleue ? réponse : à cause du manque d’oxygène lors de sa formation !

   

  

Un a un, les touristes frigorifiés  réintègrent l’Agunsa Corca »  Un apéritif, le traditionnel Pisco Sour accompagné d’un glaçon, plus vrai que vrai, puisque récupéré directement parmi les morceaux de glace flottants, revigorent ces promeneurs transis et mouillés. J’ai lu sur certains reportages que lorsqu’il fait beau, l’apéritif est offert sur la plateforme panoramique au bout de la promenade

Nous faisons demi-tour avec au passage un petit regard sur le « voile de la mariée », nom d’une cascade qui provient de la fonte des glaciers et qui se jette directement dans le fjord.

Le débarquement a lieu bien avant Puerto-Natales, aux environs de Puerto Prat, de là un nombre calculé de bus et mini-bus récupèrent tous ces touristes pour les emmener déjeuner à une bonne vingtaine de kilomètres de là, à travers des chemins de terre, jusqu’à l’estancia « Puerto consuelo » 

Devinez qui bien timide en se frayant un passage entre les nuages, depuis quelques instants nous accompagne ? le soleil qui décidément joue avec nos nerfs !...... on propose  à Lenin de retourner voir les glaciers, mais nenni !....

       

Cette estancia « Hermann Eberhard. B » est tenu par les descendants d’un célèbre explorateur allemand. Celui-ci, ancien navigateur, décidera en Aout 1892 de poser ses pénates dans ce petit coin perdu de Patagonie, alors inconnu des européens,  d’y installer une ferme et d’y élever des moutons, des centaines de moutons….. qu’il fera venir des Malouines.   Aujourd’hui Hermann Eberhard est une des personnalités les plus importantes de la colonisation de la région de Magallanes.

       

L’endroit est très agréable, un verre de Pisco à la main nous assistons à la fin de la cuisson de « l’asado » barbecue traditionnel des pays d’Amérique du Sud.

Dans cette estancia, pour la cuisson de cet asado, les agneaux de Magellan ont été disposés verticalement sur une armature en forme d’une croix, le feu est fait de buches de bois. La grillade requiert un espace ouvert, sorte d’auvent qui sert à entreposer les éléments.

 L’asado est presque « le plat national » du Chili, c’est pourquoi il est préparé de façon quasi rituelle, différemment d’un simple barbecue. Les « asadores » sont des spécialistes dans l’art de cuisiner ce plat, veillant à ce que la viande ne cuise pas trop vite, par exemple cuite dehors mais crue à l’intérieur.

Nous prenons place les premiers, dans cette gigantesque salle, il est quelle heure ? …quoi déjà ! :.... 15h30.

 D’immenses fenêtres offrent une vue privilégiée sur le fjord, puis arrive le moment de la dégustation de cet agneau, tendre à souhait, la viande est servie  à volonté….. quand je vous disais qu’au Chili, ce sont des repas dignes de Gargantua.  

Dommage que celui-ci se fasse dans un grand brouhaha, tous les touristes du bateau ensemble, ça fait forcément du monde !….


Retour à l’hôtel de Puerto-Natales tout d’abord par des chemins de terre.  Au cours du dîner, nous voyons collée au mur une grande carte détaillée de la Patagonie, Lenin montre et explique à son petit monde très intéressé, ce qu’on a fait aujourd’hui, ce qu’on va faire demain et après-demain….

Lenin, on te pose une colle ! si on continuait à descendre, on se retrouverait où de l’autre coté du pôle antarctique ? et de chacun de donner son avis, vous auriez su, vous ?  difficile de se rendre compte sur une planisphère. Qu’à cela ne tienne ! moins d’une minute plus tard, Lenin, fier de sa trouvaille,  arrive une mappemonde à la main, te la mets sens dessus-dessous, et c’est quoi qu’il y a juste de l’autre coté ? l’Australie, wwouah !....

Demain on va découvrir le Parc National de Torres del Paine, vous savez, celui qui a été fermé tout le mois de Janvier, parce qu’un malheureux jeune touriste israélien, ne voulant pas laisser des déchets derrière lui, a brûlé quelques feuilles de papier hygiénique, embrasant à cause du vent violent, du même coup 14500 hectares de forêts, d’arbustes et de lande. Huit jours après ce drame complexe, les autorités ont estimé que 4% de sa superficie avait été détruite.

Après avoir eu quelques inquiétudes quant à son ouverture tout juste avant notre départ de France, demain nous allons tenter de l’apprécier à sa juste valeur, en espérant que Dieu soleil aura un peu pitié de nous.

According to the information brochure picked up from Toconao, there are three kinds of flamingos living in this area, the Andean Flamingo, the Chilean Flamingo and the James Flamingo.There are between 1,000 and 1,800 of each species in the Atacama Salt Lake.Récit en version imprimable

        Parc National de Torres del Paine