Lundi 6
Février (suite) Après la visite ensoleillée du parc Torres del Paine, nous terminons
la journée par la Cueva del Milodón. (point N° 12 carte itinéraire) A l’accueil, un centre
d’informations et un petit musée. Depuis ce lieu, un court sentier conduit
jusqu’à « Cueva Grande » pour les promeneurs, un second
sentier balisé d’environ 3 kms, agrémenté d’aires de pique-nique, permet d’accéder
à l’ensemble des grottes : Cueva del Medio, Cueva Chica, silla del Diablo,
s’en approcher en voiture est aussi possible.
Quelques lignes d’histoire. Ce site paléontologique (entrée payante avec distribution d’une brochure) situé à 24 kms au Nord de Puerto Natales dans la région d’Ultima Esperanza, est constitué de trois grottes et d’un amas rocheux appelé Silla del Diablo.
En 1895, l’explorateur Otto Nordenskjöld découvrit dans la plus grande, les restes d’un animal préhistorique : le Milodón (peau, os, poils et excréments). Le Milodón était un paresseux géant quasi mythique de 4 mètres de haut, ressemblant un peu à un gros ours, disparu depuis plus de 10 000 ans. Cette découverte entraînera des expéditions pour rechercher d’éventuels survivants, deux archéologues trouvèrent dans les autres grottes des vestiges d’un campement humain ainsi que des ossements d’une faune disparue.
La « Cueva Grante » fait 30m de haut, 150m de large et 200m de long, nous en faisons le tour. A l’entrée a été installée une reproduction du Milodón datant de 1968, en fibre de verre.
Retour à l’hôtel. Petit cadeau, un coucher de soleil au-dessus des toits de Puerto-Natales.
Mardi 7 Février 2012. Une journée de soleil pour
visiter le parc Torres del Paine, c’est tout ce que cet astre divin aura bien
voulu nous accorder, ce matin nous nous réveillons avec la pluie qui tombe en
abondance.
8 heures, nous redescendons sur Punta-Arenas par la carretera australe 9 bordée de barbelés, la probable délimitation des immenses estancias, et retrouvons nos paysages de steppes désertiques avec comme seule végétation ça et là des petits buissons. Sur son arbre perché ….un faucon, plus loin un gaucho…..tiens voilà même des ânes !..
Arrêt à Villa Tehuelches, au « Café de Patagonie » à l’extérieur un panneau indicateur des distances, Paris : 12942 kms.
Alvarro, qu’est-ce que tu nous fais là ! on s’accroche, ça secoue dur ! finie la belle route goudronnée, il a pris sur sa droite un petit chemin de piste en direction de Rio Verde.
Notre lente
progression est subitement stoppée, un ruban s’avance vers nous en ondulant, voici
des moutons, plusieurs milliers de moutons, 3000 d’après Lenin, on lui fait
confiance, on n’a pas le temps de les compter.
Ceux-ci sont en transhumance,
ils marchent ainsi depuis plusieurs jours, serrés les uns contre les autres,
guidés par 2 ou 3 gauchos à cheval et quelques chiens qui les empêchent de
s’éparpiller, et dire que ce sont ces mêmes si gentils animaux qui vont finir
dans moins de deux heures dans nos assiettes.
Le soleil est de retour, malgré de gros nuages jouant à cache cache avec lui et des températures assez fraîches, c’est tout de même plus agréable.
Nous voici arrivés au canal qui relie en 20 kms les fjords Skyring et Otwa, sa traversée va nous permettre en quelques minutes de rejoindre l’île Riesco. Encore 7 kms de piste et nous arrivons à l’estancia Fitz Roy, perdue au milieu des steppes, encadrée d’un paysage splendide le long du fjord.
Celle-ci offre beaucoup d’attractions, telles qu’effectuer des promenades en carrioles à travers les prairies, faire de l’équitation, admirer l’adresse du gaucho qui, a cheval et accompagné de ses chiens, guide les moutons. Lenin nous présente le puma de l’estancia, il est derrière des grillages, heureusement ! ….
L’entrepôt où nous arrivons maintenant me fait penser à une caverne d’Ali-Baba, un hangar de sonnailles transformé en musée avec plus de 4000 pièces historiques récupérées auprès des agriculteurs par Monsieur Fernandez, le propriétaire. Objets plus hétéroclites les uns que les autres, telle cette machine à écrire, identique à celle où j’ai appris la dactylographie il y a bien longtemps … Les extérieurs sont eux aussi des musées à l’air libre, avec des centaines de pièces industrielles comme des chaudières à vapeur, moissonneuses, tracteurs, même un petit avion ….
Dans un tout petit enclos, une quinzaine de moutons sont dans l’attente d’une tonte, la tonte des moutons au ciseau à main est une attraction proposée aux touristes…. très adroit et rapide ce tondeur, de nos jours, c’est l’activité la plus importante de la région, cette ferme vend sa laine brute. Tiens, ça rappelle quelque chose à Lenin cette activité, il nous racontera un passage de sa vie, un peu plus tard lors de notre retour pour Punta-Arenas.
On continue la visite ….. voici un bac qui contient de la laine brute, dehors au milieu de tout ce bric à brac, se promènent quelques lamas fraîchement tondus. Le propriétaire des lieux nous mène à un corridor bétonné avec de chaque coté un petit enclos, c’est l’heure du bain des laineux, entendez par là, ceux qui ne sont pas tondus. Avec un outil façonné, l’employé guide le mouton dans ce petit corridor, rempli de produits lavants mélangé à l’eau, jusqu’à l’enclos suivant.
Avant de déjeuner, nous reste à visiter la petite chapelle construite au milieu de la végétation. Mr Fernandez a trois filles, il fera construire cette bâtisse en 2003 pour le prochain mariage de l’une d’elle : Ximena. Chapelle bâtie entièrement avec du bois des arbres de l’estancia, y compris l’autel, les crucifix et les bancs des fidèles, en décoration : des roues de chariots.
Comme il y a deux jours, nous
assistons à la fin de la cuisson de l’asado, le barbeçue traditionnel
chilien, puis prenons place dans cette salle de restaurant qui peut contenir
150 personnes. A l’image des extérieurs l’ambiance y est originale : une très
veille locomotive et des poêles de fontes plantent le décor. Autour des tables
rondes, en guide de sièges : des troncs
d’arbres ou des fauteuils taillés dans ces mêmes troncs, original et rustique !
Une petite boutique attenante présente divers objets d’artisanat, tabliers de
l’estancia, manchots en peluche, pulls, etc….
Après ce
« toujours » copieux déjeuner, nous reprenons la route pour
Punta-Arenas. Nous en sommes à près de 100 kilomètres, Lenin qui a le
« comique » facile, nous raconte une anecdote de sa jeunesse, ce garçon sans doute rebelle
à son adolescence avait décidé de ne plus poursuivre ses études, sa mère ne s’affrontera
pas avec lui, lui proposera d’aller travailler chez son oncle dans une
estancia.
Celui-ci lui fera tondre pas un ! mais des centaines de moutons… et devinez ce qu’au bout d’une ou deux semaines, Lenin aura préféré faire ? ben tiens ….. reprendre ses études !...
Et nous y revoilà dans cette ville de bout du monde ! pas tout à fait, puisque la seule qui peut prétendre à ce titre est Puerto-Williams, ville chilienne et non pas Ushuaia, beaucoup plus connu en territoire argentin.
Depuis quelques kilomètres déjà, nous longeons le détroit de Magellan, une visite panoramique nous fait passer devant la « zona franca » un ensemble de plusieurs centres commerciaux aux produits détaxés. A l’entrée de la ville, une réplique du Mydolon, cet animal herbivore disparu depuis 10000 ans dont on retrouva les restes dans une grotte à une centaine de kms.
La ville est née en 1848, à l’ origine elle était une garnison militaire et un pénitencier, puis une base idéale pour les navires à destination de la Californie pendant la ruée vers l’or. Le commerce de la laine fût bâti sur le dos d’une main-d’œuvre d’immigrants étrangers parmi lesquels des Anglais, des Français, des Italiens…. mais ce sont principalement les Croates, chassés de chez eux par les guerres européennes qui viendront s’y installer. Leurs descendants forment aujourd’hui le tiers de la population de la cité. Ville moderne, capitale régionale avec son port de marine, elle ne présente pas beaucoup d’intérêt, si ce n’est qu’elle possède l’aéroport qui permet aux touristes de se rendre vers Torres del Paine ou la Terre de Feu. Son froid, le fait d’être constamment balayée par les grands vents, son isolement en font une terre inhospitalière.
Nous nous rendons au« muséo regional salesiano-Maggiorino Borgatello »
Ce musée voit le jour en 1893, à l’initiative du Père missionnaire salésien Maggiorino Borgatello aidé par Angel Benove. Ce musée ethnographique qui aujourd’hui porte le nom de son fondateur, compte 4 niveaux d’expositions, secteurs de la culture, histoire, religion, faune, flore, commerce…. Il dispose d’une bibliothèque et d’un matériel photographique et audio-visuel sur les ethnies et l’histoire de la Patagonie. Musée intéressant, mais photos interdites.
Ca sera du mirador Cerra de la Cruz que nous dirons adieu à Punta-Arenas, mais aussi à la Patagonie et au Chili continental. De ce belvédère nous admirons la ville à nos pieds, et là-bas au loin sous un ciel d’encre, le détroit de Magellan, la Terre de Feu si proche est dans nos pensées. Lenin nous indique l’emplacement de l’hôtel, » « vous voyez bien, là-bas face à la cathédrale, le bâtiment aux toits gris » …. Un paquebot de croisière est ancré, nous nous partons, d’autres arrivent….
L’hôtel
Plaza est situé en plein centre, de notre fenêtre nous voyons la cathédrale et
apercevons la plazza del armas, mais pour notre malheur, nous entendrons aussi,
très régulièrement, les cloches, et je ne vous parle pas des éboueurs qui un
peu avant minuit ont fait un boucan pas possible !.....
Nous avons tout juste le
temps de faire déposer nos valises, (3ème étage sans ascenseur, ce
n’est pas le Ritz !) et de nous rafraîchir un peu que Lenin
nous emmène à quelques centaines de mètres de là dans un restaurant local.
Bonne nuit Lenin, a
demain !....
J’aurais bien aimé aller voir cette place de plus près, d’autant que j’y aperçois une superbe demeure d’une riche famille de la fin du 19ème : la « Casa Braun Menendez », quant à la plaza de Armas, on y aurait vu une grande variété d’arbres dont des cyprès vieux de plus de 150 ans ainsi que le monument commémorant le 400ème anniversaire du voyage de Magellan.
J’aurais aimé également me tremper (peut-être !) les pieds dans le détroit, du moins y prendre une poignée de sable, ce n’est pas qu’il est très tard, mais assez tout de même ! de plus une bonne vingtaine de minutes nous sera nécessaire pour revenir du restaurant, il n’y a plus personne dans les rues, et le comique aurait été de trouver l’hôtel fermé, alors prudence….
Et puis …et puis… les valises
…. faut les refaire, la dernière fois est si loin, à peine quatre jours … organiser
les bagages à main, faire gaffe aux interdits, vérifier leurs poids, les
souvenirs ça commence à peser …… Vous vous dîtes, pas grave, elle n’aura qu’à
se coucher deux heures plus tard, oui mais voilà ! le réveil est prévu à 2
heures du matin pour l’envol pour Santiago…. il faudrait essayer de dormir au
moins 4 heures, et ça c’était compter sans les cloches et les éboueurs ! ..... demain
sera une journée éprouvante avec deux vols successifs, dont un de 5 heures pour
l’île de Pâques.
Mercredi 8. 3h30 Départ de l’hôtel. Dans
la nuit noire, Alvarro et Lenin nous conduisent à l’aéroport, ce dernier nous
accompagne dans nos enregistrements et nous leur faisons nos adieux.
5h15 envol
pour Santiago à bord d’un Airbus A320, on va finir par le connaître cet
aéroport !... Nous avons droit à un petit déjeuner digne d’éloges :
toujours le même !..... mais la prime pour ce vol seront les turbulences,
la peur de ma vie, enfin une de mes peurs….. Alors que les hôtesses étaient à
servir le petit déjeuner, l’avion est pris soudainement d’une frénésie, le
plateau avec la tasse de café et le verre de jus d’orange est rabattu sur nos
genoux, on est si secoués qu’une partie de ces liquides se renverseront sur nos
tee-shirts et pantalons, je me cramponne au siège avant, sensation bête d’être
plus en sécurité, les hôtesses ont rapidement disparu sans plus se préoccuper
des plateaux ou des ceintures, c’est l’angoisse, la trouille, à la limite de la
panique….
Ca a duré seulement…………. une bonne quinzaine de minutes environ, mais quelles minutes,
une éternité !
on apprendra plus tard que
c’était au moment du survol de la Cordillère del Paine, région très venteuse.
3H30 plus tard nous refoulons
le sol de Santiago, il nous faut trouver le terminal international, alors que
nous sommes au terminal domestic, pas trop compliqué, tous sont dans le même
bâtiment, ouf ! Mais auparavant nous faisons nos adieux à deux de nos
co-voyageurs qui n’avaient pas choisi de visiter l’île de Pâques, nous serons
donc désormais 7.
Les quatre heures de correspondance passent encore assez vite, entre un déjeuner, le changement de terminal, la promenade dans les boutiques. A 13 heures nous nous envolons à bord d’un Boeing 767 pour une durée d’un peu plus de cinq heures vers l’île de Pâques, cette fois j’ai une grande appréhension, mais tout se passera bien. Nous atterrissons à 16h15 heure locale, décalage horaire oblige, il faut reculer notre montre encore de deux heures.
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