Dimanche 28 Janvier. Réveil à 5 heures, départ pour
l’aéroport de Santiago à 6 heures, vive les vacances ! …… Nous disons
alors adieu à Carlos-Enrique et à Juan-Mario qui nous ont accompagnés pendant
près de trois jours.
8h20.
Envol pour Calama, 1600 kms plus au Nord en plein désert d’Atacama, à bord d’un
Airbus A320, toujours avec la Compagnie LAN, la principale du pays.
Le bordel, excusez
du peu ! lors de l’attribution des places, nous sommes à 3 rangs l’un de
l’autre et chacun séparant un mari de sa femme ! …. pour deux heures on
ne va pas en faire un plat .... mais je me demande comment les couples et
les familles s’enregistrant ensemble ne peuvent avoir des places côte à côte !... Placée
entre un chilien et son épouse…. ils me demanderont s’ils peuvent récupérer
leur fillette d’environ 7 ans installée deux rangs plus loin !..... pour
la première et la seule fois du voyage, j’aurais enfin… un hublot ! mon
homme lui fera connaissance avec des Suisses.
Trois
petits gâteaux dans une cartonnette en guise de petit déjeuner, un verre de jus
d’orange et deux heures plus tard nous atterrissons en douceur dans cette
région mystérieuse qu’est le désert d’Atacama. (point N° 3 carte itinéraire)
Les valises récupérées, nous faisons la connaissance de Victor-Hugo, notre guide, non, je ne plaisante pas !.... et d’Hugo notre chauffeur. Nous sommes à 2260m d’altitude, le ciel est mitigé, soleil et nuages.. Victor-Hugo nous prévient qu’il n’y a pas de banques à San Pedro, le distributeur c’est selon ! alors si certains d’entre nous veulent des pesos, c’est maintenant !
Victor-Hugo
se révélera être un guide possédant un bon sens de l’humour, très sympathique,
il a vécu quelques années en France, d’où un français impeccable D’une petite
cinquantaine, il a trois enfants, dont les naissances ont été volontairement
espacées, afin de pouvoir offrir à chacun d’eux des études universitaires.
Quant à Hugo, jeune garçon assez timide, ce travail saisonnier lui permet de
payer ses études d’architecte.
Nous
prenons place à bord d’un Mercédès-Sprinter de 13 places et nous dirigeons, en
empruntant une belle route goudronnée (la 23) vers San Pedro de Atacama à 100
kms, où se trouve notre hôtel : « Hosteria San Pedro ».
Nous voici en plein cœur du désert d’Atacama, le plus aride au monde, et moi sottement qui croyait que c’était le Sahara ! « Faut sortir de chez toi » me diraient certains de mes amis. ! Par endroits, il n’a pas plu depuis 80 ans !
Steppe rocheuse à perte de vue, ce désert à la limite du Tropique du Capricorne, s’étend sur 1000 kms allant jusqu’au Pérou et la Bolivie, terre craquelée par la chaleur intense, avec des salares habités par des nuées de flamants roses. De ci de là, surgissent des dunes de sable ocre ou de petites oasis dans des paysages lunaires.
Terre de civilisations ancestrales, on y a découvert de nombreux vestiges, des momies parmi les plus anciennes au monde. L’Atacama reste une région essentiellement minière et fournit au Chili du fer, du lithium, du salpêtre et l’une de ses principales ressources : le cuivre.
Personne n’a d’ailleurs oublié le sauvetage des 33 mineurs chiliens ensevelis dans la mine de cuivre et d’or de San José, près de Copiapo.
Le désert compte environ un million d’habitants, résidant principalement dans les villes du bord, telle que San Pedro de Atacama, ou dans des minuscules villages : Chiu-Chiu, Caspana, Toconao…. Il y a 10 000 ans, c’était les Amérindiens de la tribu des Aymaras qui y vivait.
La température tourne autour des 25 ° c’est agréable. Le Mercédès avale ce long ruban bordé de ce morne paysage, de temps en temps une touche blanche rompt cette monotonie : un mémorial en hommage à un routier. Tiens ! un stand au toit jaune entouré de quelques véhicules tout terrain ! on les voit de loin, mais que font-ils là ? réponse : c’est le « Marathon d’Atacama » disputé pendant deux jours. Bien difficile à imaginer, ces gens marchant, le chronomètre dans la tête, pendant des kilomètres sous la chaleur, car cette après-midi, ca va cogner, j’en ai été témoin ! avec comme seul paysage : des roches, des roches……
Puis le paysage change, de terrain peu accidenté
recouvert de rocaille grise, il devient de plus en plus vallonné, ce sont
maintenant des falaises ocres qui se dressent le long de la route. …… qu’il
a dit Victor-Hugo, décidément il faudra s’y habituer à ce prénom !.... arrêt
photos, et quelles photos ! ce paysage tout en couleurs est magnifique,
nous nous dégourdissons les jambes en faisant un petit parcours panoramique, un
aperçu de ce que nous allons admirer cet après-midi.
4 kms avant
San Pedro, voici La Vallée de la Mort, pour y parvenir, on prend
une piste sur une courte distance, ça donne des frissons un nom pareil, mauvaise
interprétation, son nom viendrait d’une déformation de « Valle de Marte «
(Mars) ouf ! à cause de son relief évoquant cette planète, roches
découpées composées de sel, de gypse et de calcaire.
De retour sur le bitume, nous longeons la « Vallée des dinosaures » nommée ainsi parce que les roches ont la forme de ? oui de quoi ? …. de dinosaures, pardi !
Après
ce petit intermède nous mettant l’eau à la bouche, nous arrivons à l’hôtel,
situé à 600 mètres environ du cœur du village, nous y rencontrons deux jeunes
femmes qui après avoir terminé le marathon viennent s’y détendre, bravo
Mesdames !
Les valises
à peine déposées, d’un pas décidé Victor-Hugo nous accompagne au centre de ce
gros village fait de rues piétonnes en terre et de maisons en adobe, sorte de
terre cuite très malléable, pour déjeuner au restaurant « La Estaka » rue Caracoles, l’extérieur
est sommaire, mais le décor intérieur est agréable, rénové, avec des alcôves en
simili adobe.
Pendant
celui-ci, il nous donne les consignes pour cet après-midi : chapeau,
bonnes chaussures…. et surtout crème solaire, il a oublié vêtements de pluie !
…..
Après ce
repas, quartier libre jusqu’à 16h30 ! (deux bonnes heures) Moi, me
reposer ! mais non, bien sûr que je vais en profiter pour aller au
village, et je me promets de mitrailler, mais ce que je n’avais pas prévu,
c’est la chaleur, il se met d’un coup à faire lourd, lourd, lourd ! ça
sent l’orage et c’est devenu carrément insupportable.
La place centrale, normalement paisible, bien ombragée avec ses vieux algarrobos (caroubiers) est envahie de barrières reliées par des rubans fluo, c’est l’arrivée des marathoniens, l’ambiance y est bruyante, de la musique en permanence coupée par l’annonce d’une arrivée, à coté séances de massage ou de maquillage en plein air, j’y admire les trophées…
Après en avoir fait le tour, pris une photo de la jolie église blanche, fondée au 16ème siècle,
je
retourne péniblement à l’hôtel me reposer quelques instants, les chambres ne sont
pas climatisées, je crois bien même qu’il n’y a pas d’électricité, le complexe
doit probablement fonctionner avec un groupe, mais le toit de chaumes conserve
un peu de fraîcheur.
16h20. Depuis quelques minutes je scrute le ciel, il est devenu menaçant, il va falloir envisager, non pas la crème solaire, mais plutôt les Kway dans le sac à dos.
Nous ne sommes pas installés dans le Mercédès depuis un quart d’heure que les trombes d’eau modifient nettement le paysage …… les photos sous un ciel sombre s’en ressentiront, désolée ! Ca va être cuit pour le coucher de soleil sur les dunes de la vallée ce soir, j’en ai bien peur ! heureusement il y encore demain, Victor-Hugo devra modifier son programme initial.
La Vallée de la Lune à 15 kms de San Pedro, s’étend
sur 12 kms entre les deux entrées reliées par une bonne piste. Accès payant,
parc protégé géré aujourd’hui par les Atacameños, (minorité ethnique) pour qui
ces terres sont sacrées, interdit d’y camper ou d’y laisser des quelconques
déchets. Victor-Hugo nous donne une documentation rédigée qu’en espagnol….
Tout ce beau panorama fait partie de « la Cordillère de Sel » Une éruption volcanique et sismique a changé le paysage il y a 23 millions d’années, en faisant ressurgir un lac de sel qui sous l’effet du soleil s’est complètement asséché, les forces érosives du vent et de l’eau se sont mises à leur tour à travailler, sculptant ce relief, le découpant comme de la dentelle.
Après
plusieurs pauses photos, nous descendons pieds nus dans le sable, au fond d’un
étroit canyon, je m’effraie de la remontée
…… mais Victor-Hugo me rassure, on va longer les parois de celui-ci sur environ
1,5 km pour retrouver le bus plus loin en terrain plat.
Que c’était beau ! dès les premiers mètres, nous observons d’étranges roches de pyrite et de calcite, aux couleurs brunâtres, parfois recouvertes de dépôts de sel, il ne manquait à notre bonheur que le soleil qui a définitivement cédé sa place aux nuages, mais cette balade ne s’est pas faite sous les eaux célestes, c’est déjà ça !
L’endroit est très silencieux et il nous arrive de percevoir des craquements, pas de panique ! ce n’est pas un tremblement de terre, quoique la région est à fort taux sismique, on aurait eu bonne mine dans le fond de cette faille, tiens !..... ce serait le sel qui craque, rassurés ?
Et
revoilà Hugo qui, comme annoncé par notre guide, nous attendait à l’autre
extrémité, continuant cette piste il nous mène à :
L’Amfithéâtre. Accumulation horizontale de
matériaux fins (sable, argile, sel) qui ont été déformés à la suite de
mouvements de l’écorce terrestre. L’action du vent et de l’eau sur cette formation
géologique ont donné lieu à cette forme spectaculaire faisant penser à un
soufflet d’accordéon.
Nous
finissons la découverte de cette vallée par un groupe de sculptures
originales :
« Las Tres Marias » sculptures de granit,
de quartz, d’un gemme et de sel, formation rocheuse datant d’environ un million
d’années…. provenant probablement du processus d’érosion et d’usure des roches.
Aujourd’hui le site est protégé par des cailloux, un panneau en interdit l’accès depuis qu’un touriste en a brisée une en s'y appuyant le temps d'une photo ! Je les comparerais un peu à ces roses des sables du Sahara aux arêtes si tranchantes et si fragiles. C’est certain que je n’ai pas eu envie d’y monter, mais plutôt de prendre la photo sans quiconque devant, et ça ce ne fut pas une sinécure !..
Il est
19h30, vous avez vu la couleur du ciel ? je fulmine mais je dois me
faire une raison, le soleil est bien fâché…
Retour à San
Pedro de Atacama, le village a subi la colère des cieux, les rues piétonnes sont dans un état
lamentable, elles ne sont plus qu’un terrain boueux impraticable, avec ça et là
quelques flaques.
Dîner à « l’Adobe » restaurant situé dans la même rue piétonne que ce midi, Caracoles. Pour y aller, une seule possibilité : à la queue-leu-leu sur les minuscules trottoirs pavés, heureusement beaucoup moins de touristes qu’à 13 heures.
Cadre
rustique avec grosses tables en rondins et bancs façon taverne, dans le patio,
un feu crépite.
Le restaurant était plein, couples, familles, petits groupes,
mais ce dîner sera beaucoup trop long, nous tuerons le temps en admirant la
superbe décoration au mur (sculptures) et la couverture faite de grosse poutres
recouvertes de chaume. Le dessert enfin avalé, nous retournons à pied à
l’hôtel, les rues sont assez sombres, il y a danger avec cette boue qui
recouvre une bonne partie de la rue.
A proximité de l’hôtel, coupure de courant de quelques minutes, ça sera à tâtons que nous nous dirigerons vers l’accès aux chambres.
Après le lever très matinal de ce matin, demain ne sera guère mieux, nous devrons être prêts à 7 heures pour la visite du Salar de Atacama et de la lagune de Chaxa ou vivent des flamands roses.
Cette page en version imprimable