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  * Lundi 30 Janvier. 7 h départ ! le jour est à peine levé, mais le ciel est déjà très nuageux, pas de bonne augure pour espérer admirer les jolies teintes du lever du soleil sur le salar !  Hugo nous conduit à la Laguna de Chaxa, 70 kms au Sud de San Pedro de Atacama, durant le trajet, nous voyons brouter les moutons et les chèvres dans les prés-salés bordés de tamaris.  

Cette lagune, le seul accès pour admirer le salar, fait partie d’un des sept secteurs de la Réserva Nacional Los Flamencos, qui au total recouvre 740 km². (point N° 4 carte itinéraire)

Au terminus,   le centre de visiteurs  dispose de tables de pique-niques sous abri, de toilettes.  Victor-Hugo en véritable guide responsable avait préparé tout ce qu’il fallait pour un bon petit déjeuner,  le local permet de chauffer l’eau, le café,  le lait.

C’est très curieux de prendre cette collation à proximité de ce paysage surréaliste, nous sommes les premiers sur place à profiter de ce lieu calme, un peu magique, mais plus pour très longtemps maintenant !..

Victor Hugo distribue une brochure d’information éditée par la Communauté touristique de Toconao, rédigée en espagnol et en anglais.    Il est alors  8h30 (12h30 en France) je tente avec succès, malgré l’isolement de l’endroit, de téléphoner depuis le portable, j’ai la confirmation qu’il y fait un froid glacial, du -10% et que la neige recouvre l’hexagone.

* Le Salar de Atacama (altitude 2300m) le plus grand salar du Chili est une immense dépression saline qui s’étend sur 320 000 ha et plus d’une centaine de kilomètres de long. Il s’est formé  par l’accumulation constante des cristaux produits par l’évaporation de l’eau souterraine lourdement chargée de sel et de lithium.

Le chlorure couvre la surface d’une croûte d’une grande dureté avec des fleurs allant jusqu’à 70 cms de haut, bétonnées par la poussière,  l’ensemble forme un relief hostile et chaotique. En son milieu, des petites étendues d’eau parsemées, ce sont les lagunes.

Entrée payante. Une allée d’environ 400 mètres tracée au milieu de cette croûte de sel permet d’approcher la lagune de Chaxa, il y a fort à parier que sans le piétinement incessant des touristes, la nature y reprendrait probablement ses droits.  Dans cette lagune vivent notamment de nombreux flamants roses, mais aussi pluviers, grèves et canards.

Sensation étrange, couleurs bizarres, surprenantes !..ce contraste entre le sel blanc, le lac bleu et les oiseaux rosâtres, sans oublier cet effet miroir, ce reflet sur l’eau immobile.

    

 

* Il existe trois sortes de flamants, présentant quelques petites différences pour peu qu’on y fasse attention :

Dessin d'un flamant     * le flamant des Andes (1,10m) au plumage en majeure partie blanc rosâtre et à l’extrémité de la queue noire, c’est la seule espèce à avoir les pattes et les pieds jaunes,

     * celui du Chili (1,05m) à plumage saumon avec quelques zones plus sombres près de la queue, un bec et des pattes claires, mais rose profond à partir de l’articulation de la tarse, et enfin :  

     * le flamant de James, du nom de l’homme d’affaires britannique qui découvrit cette espèce au Chili,  plus petit (90 cms) son plumage est rose pâle, mais ses pattes sont rouge brique et son bec jaune vif à pointe noire.. plus rare !

Il a été dénombré + ou - 1700 spécimens de chaque sorte.

 

     


Victor-Hugo nous fait remarquer les deux parties de la patte de ce volatile.

Tous ces flamants  sont des espèces protégées qui construisent leurs nids dans de petites colonies à l’abri des regards, ils se nourrissent d’invertébrés, de crevettes et de coquillages qu’ils  trouvent en plongeant leurs becs bossués dans la vase et l’eau.

Nous aurons la chance, ou la malchance, c’est selon ! car du coup ils ont disparu de la lagune,  de voir un envol d’une dizaine, mais  ils ne m’ont pas prévenue !.... et je n’ai pas eu le temps de les « emprisonner » dans ma petite boite magique.

Ce spectacle était certes envoûtant, mais nous ne pouvons pas y rester indéfiniment, Hugo repart sur San Pedro, mais fera auparavant un arrêt à Toconao, village à une trentaine de kms au Nord de la lagune.

          


Ce village andin de 800 âmes, situé à 2485 m d’altitude, sur le territoire des Indiens Atacamenos, une tribu au caractère bien trempé qui s’est installée près des oasis, mérite la visite car il pratique encore les anciennes traditions telles que le tissage de la laine d’alpaga et de lama sur des métiers, quoiqu’aujourd’hui il soit bien désert !... à part deux anciens assis face à l’église.

Mais….. il semblerait que Toconao loge les ouvriers des mines, le désert d’Atacama recélant dans ses sous-sols une des plus grandes réserves mondiales (40 %) de lithium, un minéral utilisé dans certaines industries de haute technologie, le village ne doit vivre alors qu’au rythme de la mine et ne s’animer que le soir à l’heure de la débauche, quant aux enfants, ils sont en ce moment à l’école de San Pedro de Atacama.



Les maisons de ce village, sont construites dans la liparita (roche volcanique blanchâtre) ensemble de construction bâties grossièrement, aux toits recouverts de tôles.

Des chants religieux arrivent à nos oreilles, ils proviennent de  San Lucas, modeste église présentant une façade en pierre, construction caractéristique des indiens Atacamenos,  recouverte de roseaux, à l’intérieur quelques statues, le campanile blanc séparé de l’église, date de 1750, il est bâti sur trois niveaux.

      


Une petite boutique d’artisanat aux volets fermés à notre approche ouvre ses portes …… maligne, la jeune propriétaire sort « Madonna » et « Macarena » pour les nourrir, oui vous avez bien lu  :  Madonna et Macarena, les vedettes locales que je vous présente : deux gentils lamas bien habitués aux touristes.

Lorsqu’ils daigneront sortir du magasin pour nous y laisser la place, nous ferons le chiffre d’affaires de la journée (pulls de laine, cartes postales, blocs de sels, souvenirs divers, boissons, etc….)

 

 

 

 

A la sortie du village, la route principale passe dessus  la « Quebrada de Jerez » (faille)  Arrêt panoramique.

 Les eaux du maigre rio Jere en dévalant de la Cordillère des Andes ont rempli cette faille, la transformant en petit oasis idyllique, l'eau est un bien précieux que les Indiens vénèrent et qu'ils utilisent avec grand discernement. Ils ont ainsi dompté ce don de la nature en plantant au fond de ce petit canyon, du coté sud,  des vergers : figuiers, pruniers, cognassiers, grenadiers, amandiers. Les terrains étant irrigués,  la  végétation  y est luxuriante : palmiers, peupliers….

Il est possible moyennant un droit d’entrée de parcourir les sentiers de cette gorge, et même d’y pique-niquer.

 Avant d’aller déjeuner, nous irons visiter le Pukara de Quitor, ruines d’une forteresse indienne et l’aldea de Solor, très ancien habitat enseveli sous le sable.


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