Mardi 31 janvier. 3h30 ! le réveil
sonne
puis
le téléphone de l’hôtel, inhumain de nous faire lever à des heures pareilles ! Victor-Hugo,
sans doute méfiant .... est déjà sur place dans la salle du restaurant. Une tasse
de café vite bûe et c’est à moitié réveillés mais vêtus de vos vêtements
d’hiver qu’Hugo nous invite à monter 45 mns plus tard dans le Mercédès. Notre
guide nous avait fait la veille les recommandations suivantes : crème solaire,
ben non, il blague ….. plutôt plusieurs couches de vêtements qu’on quittera les
unes après les autres à l’avancée de la journée, mais surtout un bonnet,
éventuellement des gants, on a sorti des valises les « Damart »
Il fait bien évidemment nuit noire, pas facile de voir quoi que ce soit, à part par intermittence les feux rouges d’un véhicule nous précédent. Pendant plus de deux heures, les geysers sont à 95 kms au Nord de San Pedro de Atacama, nous allons rouler sur une piste bosselée, traverser un ou deux gués, être bien secoués, monter un col à 4500 mètres sans qu’on s’en soit rendu compte. (point N° 7 carte itinéraire)
On dépasse un mini-bus de touristes feux de détresse allumés, il est en panne, les pauvres ! ils devront attendre que l’aide arrive….. lors de ce monotone trajet plusieurs d’entre nous ont tenté de terminer leur nuit. La montée en altitude m’effraie un peu, mauvais souvenir du Pérou où à quatre reprises j’avais été prise de saignements de nez,
6h45,
on se croirait sur les Champs Elysées, j’exagère bien sûr, quoique !
Arrivés à l’administration
du site, il faut s’acquitter du droit d’entrée, celui-ci est depuis 2004 géré
par les Atacameños. Ils sont tous là !.... qui ? les touristes bien
sûr, plusieurs centaines, ….c’est même la queue aux toilettes.
Deux
kilomètres plus loin, premier arrêt pour un petit déjeuner frugal, préparé par
nos serviteurs. Dehors, debout ou appuyés sur un muret, le jour à peine levé
noyé dans une brume épaisse, accompagnés d’une température de - 4%, histoire de
nous rappeler qu’on est à 4320m d’altitude, presque au sommet du
Mont-Blanc !.... (en hiver, il peut y faire – 20°) je puis vous assurer qu’on
apprécie les petits pains beurrés de confiture et ce café bien chaud sortant
des thermos.
Le temps qu’Hugo
remballe le matériel, promenade libre d’une petite demi-heure parmi ce paysage
surréaliste, mais ce n’est pas tout à fait là que sont les geysers les plus
impressionnants. Notre guide nous demande instamment de ne pas nous aventurer
trop loin et n’importe où, mais surtout de ne pas nous approcher seuls des
fumerolles site dangereux, terrain instable, mouvant,
boueux, il peut arriver que la croûte terrestre, trop fine par endroits cède,
et dessous qu’est-ce qu’il y a ? l’eau bouillante à 85 ° !.... si les
endroits sécurisés sont balisés c’est qu’il y a une raison ! …
Si on nous a fait lever si tôt, ce n’est pas pour faire un jogging matinal, mais parce que c’est aux premières lueurs de l’aube que les geysers sont le plus actif, lorsque le soleil dépasse la cime des plus hauts volcans de la Cordillère des Andes et apporte sa chaleur sur les champs géothermiques, dans ces conditions ils peuvent atteindre 2 à 3 m. Malheureusement pour nous, ce soleil est resté caché derrière la brume, ne chauffant pas les champs il nous privera de ce spectacle des fumerolles, panaches de fumée s’échappant des geysers. Les minerais (potassium, souffre, lithium et cuivre) dont regorge la terre et la lumière (quand il y en a !....) transforment ce paysage en une palette de toutes les couleurs.
Ceux du Tatio sourdent de terre en continu, comme des fontaines, avec une hauteur moyenne de seulement 75 cms, en revanche, il en a beaucoup : 80 colonnes de vapeur, 40 geysers actifs et encore plus de sources chaudes, répartis sur une trentaine de km².
Vers
8h30 les vents matinaux dispersent les vapeurs, le spectacle devient moins
fascinant, mais à cette heure-là, pffft….. il n’y a presque plus
personne !....
Qu’est ce
qu’un geyser ? le dictionnaire dirait : un phénomène physique, une source
d’eau chaude qui jaillit par intermittence en projetant à
haute température et à haute pression de l’eau et de la vapeur.
Le Tatio, le plus haut champ de geysers du monde et l’un des sites les plus visités de la région, est un volcan, et comme tout volcan qui se respecte produit du magma qui en fusion chauffe les roches et par conséquence les eaux infiltrées en profondeur. Cette eau mise sous pression jaillit par un orifice qu’elle s’est faite à travers le sol poreux. Quant aux fumerolles, elles se forment au contact des eaux brûlantes avec cet air très froid.
Il y a du monde, mais il y a de la place…… Doucement, à 4320 m d’altitude la respiration est plus saccadée il faut prendre son temps, on approche des geysers les pas dans ceux de Victor-Hugo, même les tout petits sont entourés de cailloux, périmètre à ne surtout pas franchir, il nous en explique le fonctionnement, nous fait guetter le grondement de l’eau juste avant son jaillissement.
Nous
terminons la visite de ce site tout à fait exceptionnel par la
« piscine » un endroit aménagé remplie par
les eaux des geysers refroidies,
il doit y faire environ 35 °, aucun volontaire parmi nous !.... faut dire
aussi que sortir en maillot de bain d’une eau à +35° ou plus et se retrouver en
même tenue, même si ce n’est que pour quelques minutes à -4°, faut en vouloir !...
Nous en repartons il est à
peine 9 heures, le soleil a gagné son combat contre la brume, timide certes,
mais il est là ! le paysage devient alors magique, à cette altitude la
végétation n’est composée que de touffes d’ichus (herbe verte avec fleurs
jaunes dont se nourrissent les lamas)
Nous continuons vers le Nord sur des chemins de piste bosselés, et atteignons notre plus haut col : 4500 mètres d’altitude, wouah ! arrêt photos, superbe ! les sommets enneigés de la Cordillère ceinturés de nuages paraissent presque à notre portée, ils contrastent avec le marron de la rocaille et le vert et jaune des touffes d’ichus.
Respirons, prenons un
bon bol d’air frais, mais attention, altitude tout de même, Victor-Hugo nous
conseille d’attendre pour commencer à nous dévêtir, mais c’est qu’il prend soin
de ses « petits vieux » ce gentil monsieur. quoiqu’il ne soit guère moins
âgé que nous, mais lui est habitué aux conditions climatiques.
Nous entamons la
descente, pendant les 46 kms d’une route, essentiellement constituée de roches,
de sable et de cailloux, aux virages parfois serrés qui
nous mène jusqu’au village de Caspana nous nous régalons enfin !
Stop, mais qu’a-t-il
vu ? il a des yeux de lynx ce n’est pas possible !... dans le fond de
cette faille, cachés au creux des roches quelques « lapins »
somnolent debout. Des lapins ça, mon œil ! c’est vrai que ça y ressemble,
surtout tels que nous les voyons, en réalité ce sont des « vizcachas des
montagnes » un mammifère rongeur, une sorte de lièvre avec une queue
longue et forte, ressemblant à celle d’un écureuil, très abondant dans ces
contrées, puis voici des lamas, des vigognes.
Le paysage commence à changer, a présent la verdure colore légèrement les versants.
84
Kms à l’Est de Calama. Difficile d’accès, niché au fond d’un canyon où coule le
rio Loa, le village « neuf » a été construit sur un escarpement
rocheux, tandis que le « vieux » village, aujourd’hui pratiquement
déserté, est entouré de falaises et perché au bord d’un haut plateau en
surplomb, c’est l’exemple type du village-oasis entièrement indien, avec ses
cultures de fruits et légumes en terrasse de style pré-colombien, verdoyantes,
ses habitations aux toits de chaume.
Village
discret construit à 3260m d’altitude, qui tient à sa tranquillité et n’a pas
l’habitude des cohortes de touristes.
Pendant trois jours, Caspana ou vit un demi-millier d’habitants, organise les « festivités de la chandeleur » la purification de la Vierge Marie 40 jours après Noël, le village à cette occasion va recevoir plusieurs milliers de membres des communautés Atacameños. Le Maire de ce minuscule village a tenu à maintenir vivante cette coutume alliant foi, traditions et coutumes de son peuple.
En bas du village, une poignée de pèlerins s’immobilise devant la croix, après l’avoir préalablement recouverte de feuilles de maté, un homme l’arrose d’un verre de vin afin de demander la protection de la « Terre-Mère » puis en procession, ces gens monteront la statue auréolée d’une couronne de fleurs jusqu’à l’église coloniale San Lucas, tout en haut du vieux village.
La musique guide nos pas, après avoir grimpé une rue pavée et franchi un porche, nous arrivons sur une place carrée entourée d’un mur de pierre, celle-ci est occupée par une troupe folklorique, dont les membres sont revêtus de leurs habits de fête : chemisier blanc, chapeau et poncho marron brodé de fleurs. Ces gens, un peu à la façon « bandas » dansent, celle-ci terminée, ils s’avanceront dans l’église pour y célébrer leur Vierge.
Nous contribuerons à cette coutume en donnant quelques pesos, à l’intérieur des cierges en l’honneur de la Vierge et déjà beaucoup de couronnes de fleurs
Cette église recouverte de paille fut construite en 1641 au centre du vieux village, ses murs sont en liparita, la pierre de la région, mélangée avec du sable et du ciment, la charpente en cardon et chañar. Comme à San Pedro, les clous de fixation sont remplacés par des lanières de cuir, à l’intérieur statue de saints et de la Vierge. Au centre de la place, un arbre et de l’eau à la disposition des danseurs qui année après année envahissent Caspana à l’occasion des festivités de la Chandeleur.
Nous reprenons la route pour Calama, quant stop ! un contrôle de police, probablement en rapport avec les festivités qui risquent d’être très arrosées …… Nous continuons à descendre, entre 4000m et 2000m nous sommes dans la pré-cordillère, une région transitoire. Encore une heure de trajet et nous arriverons à Chiu-Chiu où nous déjeunerons dans un petit restaurant local en compagnie d’ouvriers, une gentillette auberge très simple, toute de terre.
Bon appétit et à tout à
l’heure pour la suite du reportage….