Dimanche 15 Avril 2018. Réveil à 5h45 pour attraper
le TGV de 8h03. Le restaurant de l’hôtel n’étant pas ouvert, ça sera une
nouvelle fois panier petit-déjeuner. Arrivés à la gare, nous disons au-revoir
au conducteur, auquel LEI a remis comme à chaque fois son pourboire, c’est la
valse des chauffeurs, il est certain que nous n’avons pas le temps de nous y attacher !
Allez, c’est reparti !! : présentation
passeport, billet inséré, scans valises… Sur mon ticket, est noté le nom de
« Guangzhounan » comme destination, ce qui signifie « étendue ».
A l’intérieur du train, les minutes passent, je
lutte pour garder les yeux ouverts.
Près de l’arrivée, je suis surprise par ce paysage, on dirait des inondations, tant il y a de l’eau, peut-être des marais !
Ce n’est que 3 heures plus tard sur les quais de Canton, que nous faisons la connaissance de Chen qui se présente sous le nom de Pascal. Oh ! que voilà un magnifique bus, il est panoramique, dommage qu’on en profitera si peu !
® Canton (Point N° 10 carte itinéraire) situé sur le Tropique du cancer, connaît un climat subtropical, marqué par une forte humidité. Quoique nous sommes encore loin de l’époque des typhons, Avril est le début du cycle des moussons, et il a abondamment plu, comme en atteste la route et les flaques d’eau. Il fait à cet instant entre 16° et 18°, le ciel est toujours aussi gris, nous conservons nos vêtements de pluie.
Cette ville jumelée avec Lyon, capitale de la province du Ghuangdong, est située sur la côte de la mer de Chine. Selon la légende, cette cité est la ville où des chèvres sont descendues du ciel, avec des immortels. Traversée par le grand fleuve : le Zhuang, surnommé la « Rivière des Perles » elle est l’un des plus grands et florissants ports du Sud du pays. Au cœur du fameux triangle des Perles (Canton-Shenzen-Hong-Kong) elle couvre une superficie de 7460 km². Avec une population de plus de 15 millions, dont une grande partie de travailleurs migrants, provenant d’une incursion massive du Nord pendant les périodes de troubles politiques, elle est la 3ème plus grande ville du pays après Shanghai et Pékin. Il y est parlé le cantonais, le dialecte local.
L'histoire de Canton en quelques lignes : Sa fondation remonte à 214
avant J.C. lorsque le 1er Empereur de la dynastie Qin envoya des
troupes vers le Sud pour contrôler les mers. Son nom actuel, "Guangdong"
lui a été donné au début de la dynastie Ming en 226. Sous la dynastie Tang (618-907)
elle devint, fortement exploitée par les navires étrangers, une voie maritime
importante pour le transport de la soie et d’autres marchandises à destination
de l’Occident. Au 16ème et 17ème les portugais, puis les
britanniques et les français y établirent un comptoir commercial, grâce à la
Compagnie Française des Indes Orientales. En
1925, Mao et d’autres dirigeants y installèrent le siège du Parti Communiste
qui n’en était alors qu’à ses débuts. Au
cours de l’invasion japonaise, la ville subit en 1937 de violents
bombardements.
Canton poursuit son essor économique, en construisant des bâtiments d’une trentaine d’étages qui pointent vers le ciel. Ces appartements se vendent 40 000 yuans le m² (5057€) alors que le salaire moyen d’un cantonais tourne autour de 7000 yuans mensuels (885€)
A l’occasion des jeux asiatiques de 2010 qui ont
rassemblé 45 pays, les chinois, aux prises avec une énorme boulimie
immobilière, voulant sans doute impressionner le continent ont inauguré une
tour de 600 mètres de haut : la Tour de la Télévision, censée être la tour
la plus haute du monde, sauf que seulement 6 mois plus tard
Dubaï, qui ne fait pas les choses à moitié présentait au monde entier sa Burj Khalifa, haute de 828 m. J’ai un peu
de peine pour ce peuple chinois qui, brutalement, a vu ses ambitions
s’écrouler !
Je suis étonnée de voir que ces gigantesques immeubles
sont surmontés d’une sorte de petites rotondes pointues, coté esthétique je
trouve cela joli. Puis voici un drôle de bâtiment, ressemblant à une pièce de
monnaie trouée, il abrite le « marché des produits plastiques ». La
façade sud de cet immeuble de 138m de haut percé en son centre d’un trou de 48
m de diamètre est utilisée comme panneau solaire géant et sa proximité avec la
rivière permet de rafraîchir l’édifice pendant l’été. Marché des produits
plastiques, pffff, quelle drôle d’idée !!! ......on n’a pas ça chez nous ? personne
n’y a pensé, ça manque !!..
Au cours du trajet qui
nous mène au restaurant, Pascal raconte, et moi j’essaye de noter, j’avoue
qu’il m’est bien souvent impossible de relire mes notes, surtout celles écrites
dans les premiers tape-culs… faut-il que j'envisage l’enregistreur vocal ?
peut-être, faudra voir à l’usage !
Canton est parfois surnommée « la ville des fleurs » en raison de ses parcs fleuris toute l’année. Les marchés aux fleurs ouvrent généralement trois jours avant le nouvel an et atteignent leur apogée le jour du réveillon. La tradition veut que les potées qui n’ont pas été vendues soient brisées.
Le déjeuner a lieu au « Royal Wedding » tout un symbole !... l’accueil y est pour le moins curieux, pour parvenir à la salle du restaurant nous passons sous une superbe arche faite de rubans de tulle rose fuchsia et de fleurs. Mais non, je vous assure on n’est pas venus ici pour une cérémonie nuptiale, il doit y avoir erreur !
Canton se tourne résolument vers l’avenir en se lançant
dans le secteur tertiaire, l’électronique de pointe….. ne restent de son passé
que quelques traces, tel par exemple le temple de la famille Chen dont nous
nous apprêtons à en faire la découverte, ou encore l’île de Shamian. « Allez prêts
pour la visite, préparez vos écouteurs » nous dit Pascal, et là je n’ai plus de
son… j’ai beau changer les piles, triturer les boutons à tout va, rien n’y fait. Alors pour entendre
ce que dit le guide je dois me coller à lui… je voulais dire m’en rapprocher… mais
vous m’aviez bien comprise !
L’audiophone est mort de mort, il ne
m’aura même pas fait le voyage !.. j’ai le cœur gros car je dois m’en
séparer…... adieu audiophone, on était si bien ensemble.. va et reposes en
paix !..
® Temple des ancêtres de la famille Chen (Chén Jiā Cí)
La visite commence
par le passage sous un immense porche aux toits de tuiles avec le sanctuaire au
bout d’une longue allée.
Ce temple de 10000m² orienté vers le Sud, fut construit
en 1894 en seulement 4 ans, sous la dynastie Qing, par le clan de très riches
commerçants : les Chen. De grande valeur artistique et culturelle, il est
aujourd’hui considéré comme l’un des lieux historiques les plus importants de
Canton, d’autant qu’il est un des rares édifices à avoir été épargné par la
révolution culturelle de Mao de 1966, qui consistait à éradiquer les monuments
représentatifs des coutumes traditionnelles.
Très spirituel, et persuadé qu’après la mort, l’âme renaissait, le clan a souhaité faire de ce complexe un lieu de culte pour la célébration des offrandes et l’adoration des ancêtres, ces derniers leur assurant protection et bienveillance. Outre son rôle de vénération, il servait également de résidence temporaire pour les descendants de la grande famille venant à Ghangzhou pour diverses affaires.
L’architecture du temple est de modèle confucéen, typiquement
cantonais. Il est composé de 19 bâtiments reliés entres-eux par des cours, dont
trois salles principales : la salle de réception, la salle de
réunion et la salle du culte des ancêtres, des petits pavillons et des cours, ce
qui faisait 6400 m² habitables.
Sur les battants de la porte d’entrée, deux gardiens armés aux traits menaçants sont peints de couleur vive, je crois que rien que de les regarder m’aurait fait fuir, alors imaginons les intrus !.
Depuis 1959, le
temple a été transformé en musée des Arts Folkloriques du Guangdong. Au fil des
salles, nous pouvons admirer le bureau et le lit du maître, une pièce où les
femmes se coiffaient, se maquillaient, deux personnages en cire représentant
des membres de la famille, puis des estampes, des peintures à l’encre de chine….
Plus loin je suis en admiration devant un panneau de peintures-sculptures dorées, de 4m X 2m représentant la « chanson du Phoenix »
Maintenant, voici une salle complète réservée aux éventails, ceux-ci proviennent d’un peu partout, sur certains on reconnait les personnages français.
Puis ce que je moi, je considère comme le clou de ce musée : toute une salle consacrée aux sculptures sur ivoire, je la résume en un seul mot : superbe !
Dans les cours, nous ne
pouvons être qu’admiratifs devant cette riche décoration, sculptures de bois, de
brique ou de pierre. Les arêtes et faites des toits sont entièrement recouverts de figurines
en terre cuite colorée, lions, dragons, guerriers et personnages mythologiques de
l’opéra chinois.
La puissance et la richesse du clan sont ici reflétées par les décors.
Un peu partout, des amandiers et des bonzaïs confèrent à l’endroit une atmosphère tranquille, calme et paisible.
Pascal nous entraîne maintenant vers un autre pan de l’histoire de Canton, la découverte d’une partie de l’ancienne concession franco-britannique située sur l’île de Shamian.
Mais avant… arrive le
moment malgré tout redouté, le départ de LEI, je ressens à ce moment un peu un
sentiment d’abandon, alors qu’on l’a bassiné pendant 12 jours avec une possible
grève Air-France pour le retour, le voilà qui à 48 heures de notre départ nous
lâche.
Quoiqu’on lui ait fait nos adieux, on n’aura pas le
temps de s’épancher, car Pascal muni d’un drapeau jaune, prend de suite le
flambeau, et dépote LEI, son drapeau tricolore et ses audiophones sur un
trottoir de Canton, je n’ai qu’une crainte, comment seul va-t-il réussir à se
débrouiller ?
LEI fut un guide très souriant, qui a si bien pris soin des femmes en détresse, comme lorsque Martine à chuté dans les escalators ou lorsqu’il a géré mon lourd sac dans les différents TGV. Bon professionnel, très réactif à nos moindres demandes, je garderais un excellent souvenir de toi.
Adieu LEI et bonne route !...