Canton - Le marché Qingping

         Dimanche 15 Avril (suite) Ce marché datant de 1979,  au nom sonnant de Qingping qui signifie « Marché de la Paix Lumineuse » est l’un des plus grands de Chine. Il se situe au Nord de l’île de Shamian, de l’autre coté du canal, et est  ouvert non-stop !….





           Ici ce n’est pas un marché traditionnel avec vêtements, informatique, électroménager … mais une succession de boutiques grandes ouvertes où l’on trouve alignés au bord du trottoir dans de grands sacs de plastique…. tous les ingrédients exotiques de la para-pharmacopée chinoise.

    Car nul ne peut ignorer la fascination de ce peuple, son inébranlable croyance quant aux vertus médicinales de ces morceaux d’animaux, de ces végétaux séchés, Même si pour nous Occidentaux, cela peut paraître étrange, voir carrément bizarre, ce marché où nous ne ferons guère d’emplettes, est un lieu incontournable pour bien comprendre la culture chinoise.

        Un dicton chinois ne dit-il pas  « Tout ce qui est doté de pattes et qui n’est pas une table, doté d’ailes sans être un avion, ou dans l’eau et qui n’est pas un sous-marin, se mange. » Voilà ! avec cet adage, tout est dit !

        Ce marché a perdu un peu de son animation depuis l’épidémie de grippe atypique, SRAS, survenue en 2003. Nous découvrons ainsi, sous leur forme séchée quasiment tout ce que le pays peut compter comme animaux et insectes dit « comestibles ». J’éprouve un sentiment de répulsion à m’imaginer ces gens manger ces animaux qui sont, dans notre pays, nos fidèles compagnons, ou d’autres répugnants comme les serpents, les scorpions, les cafards ou les crapauds. D’ailleurs, il m’est arrivé d’entendre à l’annonce de ma destination, la réflexion suivante : « Tu veux aller chez les bouffeurs de chiens ! » 

        Voici des ormeaux appelés communément concombres des mers, des champignons parfumés, des mille-pattes et des mouches. Plus loin : des graines de lotus, des serpents de mer, des étoiles de mer, des pattes d’ours, des nids d’hirondelles, des pénis de cerfs réputés pour êtres aphrodisiaques.

        Les hippocampes sont utilisés contre la toux et sont censés faire disparaître les goitres, les scorpions et les bois des cerfs sont synonymes de vitalité. Curieux ces petits fagots ! ce sont des nerfs de porc qui sont ainsi ficelés. Le fruit de l’ara est utilisé comme tisane ou pour soigner les maux de gorge. Je  n’oublie pas non plus, plus classiques dans un marché, les boutiques d’épices, de céréales et de racines de toutes sortes.

    

    


      

        Plusieurs ont fait part à Pascal de leur volonté d’acheter du poivre, on peut lui faire confiance, il trouvera le meilleur, celui-ci se vend au gramme et est servi dans des petits sachets en plastique.

        L’allée perpendiculaire est consacrée aux animaux vivants, enfermés dans des cages : chiens, chats, lapins, volailles, tortues, renards, grenouilles, rongeurs et j’en oublie certainement !... mais sans doute pour ne pas soulever tout un flot d’indignations, et aussi pour nous préserver, nous n’approchons pas de ce quartier. Nous tombons tout de même sur ce monsieur qui vient d’ébouillanter des scorpions, à coté de lui, dans une bassine sont entassés une bonne quantité de petits serpents, dans une autre des scorpions.

             

        En attendant le bus, je jète un œil sur cette rue, quelle désolation ! irréel de constater un contraste si important entre ce quartier, dont les innombrables fils électriques traversent la rue, aux façades décrépies, et le quartier  rupin et propre et pourtant si proche  de l’île de shamian, et je ne parle pas  des gratte-ciels !

        Une boutique attire mon attention : c’est un commerce qui vent de l’alimentation et des articles pour chien. Il paraîtrait en effet qu’aujourd’hui, le chinois aurait changé son regard par rapport à cet animal, et qu’il aurait tendance à s’en faire un animal de compagnie. Quoiqu’il en soit, je n’ai jamais vu un ou une chinois(e) se promener que ce soit dans les parcs ou dans la rue, une laisse à la main, de quoi tout de même être songeur !

        

         Adieu Canton, mai aussi adieu Chine !..  On reprend nos valises, cette fois ce n’est ni pour prendre un TGV, ni un avion mais pour emprunter un tout autre transport en commun : l’hydroglisseur qui doit nous mener à Hong-Kong. Nous avons, pour la plupart, conservé nos yuans, LEI nous ayant dit qu’on pourrait payer dans cette monnaie, alors pour une seule journée inutile de s’embêter à rechanger yuans contre euros

        Pascal nous donne nos tickets nominatifs avec nos emplacements. A 17h15 nous sommes dans l’aérogare, je ne sais trop comment dire, enfin le terminal ! le terme aéro « port » aurait été plus adéquate, mais c’est déjà pris ! Il nous accompagne jusqu’aux portes pour s’assurer que tout se passe bien pour nous, car à cet instant on est lâchés, nous n’avons plus de guides. On lui fait alors nos adieux, ce fut le contact le plus court du voyage, un tout petit peu plus de 6 heures ! 

       Arrive une nouvelle fois les formalités douanières, je commence à saturer  il va falloir par deux fois, une seule fois n’était sans doute pas assez sécurisante !... soulever le sac et le passer au scanner, et avec les quelques souvenirs achetés, il a pris de l’embonpoint et 3 ou 4 kilos…, passeport, ticket à insérer ….. Hong-Kong étant à part,  il faut donner la fiche d’immigration tamponnée à notre arrivée à Pékin, car on sort du territoire chinois, c’est un peu compliqué, j’en dirais plus lors de la page suivante.

        Comme toujours… comme partout… ça va vite, faut dire aussi que le personnel ne manque pas pour s’occuper des passagers, des employés vous collent une étiquette sur le bagage et hop embarqué dans la soute, tout comme dans un avion. Avec l’utilisation de couloirs, je me suis retrouvée à l’intérieur de cet hydroglisseur sans même m’en rendre compte, alors pas de photos !...  On est assis par quatre rangées de quatre, chacun sagement à sa place, et de celle-ci je me sens très….. coincée.

        Il nous faut, à peine installés, se procurer puis remplir une nouvelle fiche d’immigration, un visa en quelque sorte. Partis à 18h, le trajet de 160 kms nous demande près de trois heures. De l’autre coté, Chipin, alias Jérome nous attend avec un brin d’impatience, faut dire aussi qu’on a patiemment laissé le ferry se vider entièrement, préférant se regrouper pour ne pas se perdre entre-nous, nos expériences passées nous ayant servi de leçon, et là il ne s’agit pas de faire le malin car je le répète, on n’a plus de guide, situation qui toujours m’oppresse, mais on a fait bloc et tout s’est bien passé.

        Demain matin, c’est matinée libre, je vais en profiter pour aller me promener du coté d’un superbe temple bouddhiste, dont l’itinéraire me sera donné ce soir au dîner par notre nouveau guide.


                  ACCUEIL     image035  Temple bouddhiste