Samedi 7 Avril 2018. Réveil à 5 h
ce n’est pas beau ça !!
Comme il est trop tôt pour le petit déjeuner, LEI a fait préparer par l’hôtel
un panier casse croûte que nous mangerons lorsque nous en aurons la
possibilité. Le TGV est à 7h40, vu les formalités à accomplir pour accèder aux
quais, il prévoit y arriver une heure avant. La photo ci-contre du groupe à
peine réveillé dans le hall de la gare de Pékin a été prise à 6h33.
Les formalités
pour prendre le train : ardues, on ferait bien d’en prendre exemple en France !
Après le passage sous portique et la présentation des passeports à la queue leu
leu, coincés dans une file, il faut insérer le billet nominatif (nom ET.. n° du
passeport) dans une encoche, celui-ci ressortira un peu plus loin, un peu à la manière
du métro parisien, tout se passe bien malgré les valises à traîner derrière
soi, faut dire aussi que LEI en charge d’un groupe qui n’est plus de la toute première
jeunesse… répéte
l’opération
à effectuer, même si au final il suffit de regarder comment la personne devant
soi a fait. Le billet conservé en cas de contrôle est indispensable pour
sortir de la gare, il faudra de nouveau le mettre dans l’encoche.
Comment tu
fais si entre-temps tu as perdu ton billet ? hé bien tu passes le restant
de ta vie sur les quais chinois !!! ha ! ha ! assise devant l’ordinateur, je
me marre oui ! mais il est certain que j’aurais moins rigolé si le cas s’était
produit !!
10. Wagon 10 ne cesse de répéter LEI, ce train est le premier d’une longue série de transports internes que nous aurons à prendre lors de cet intense voyage. Quant aux valises, si on n’est pas restreint par le poids, elles passent tout de même au scanner, faut-il encore pouvoir les soulever pour les mettre sur le tapis ! charmant ce policier chinois, qui me voyant en légère difficulté, viendra spontanément à mon aide.
Un
petit quart d’heure avant l’heure annonçée du départ, nous accèdons aux quais,
la gare de Pékin est immensément grande, recourant ainsi à une utilisation
massive des escalators. En écrivant ces lignes, j’ai une petite pensée amicale
pour toi, Martine, pour qui leur utilisation fût un véritable cauchemar. De la
même manière que dans nos TGV les bagages se rangent soit au-dessus de nos
têtes s’ils ne sont pas trop encombrants, soit dans un casier à bagages, pour
moi ça sera le casier, car je ne peux absolument pas soulever ces 19 kgs. Pas
trop rassurée sur ce coup là, car pratiquement tous mes compagnons ont réussi à
mettre la leur près d’eux.
Dans les TGV chinois pas de wagon-restaurant, c’est une femme qui avec son chariot roulant propose divers produits de consommation, son uniforme est pour le moins étrange : jupe et bottes ! Régulièrement une femme de ménage balaye les couloirs et nettoie les toilettes (à la turque). Un bandeau lumineux affiche en permanence, en chinois et en anglais, la vitesse et la température extérieure. La vitesse maximum du train est de 240 kms/h et il fait d’ assez nombreux arrêts.
Près de 3 h plus tard et environ 600 kms plus loin, la station de Pingyao est annonçée, LEI prévient : « Ce n’est pas le terminus, on n’aura que quelques minutes pour descendre, mais pas d’inquiètude, tout se passera bien » et tout s’est bien passé, ouf !! (Point N° 3 carte itinéraire)
A
la station TGV de Pingyao construite en 2005, un bus rouge nous attend. La
circulation est intense, LEI nous montre les taxis, tous électriques. Wen Tao
se présente alors, il nous demande de l’appeler Jacques, « Ca sera plus
facile pour vous » nous dit il. Jacques sera notre guide local jusqu’au
prochain transfert dès le lendemain midi pour Xi’an. Marié et père de famille il
a fait ses études à l’Université de Pékin et est guide depuis 2004.
Il
n’est même pas midi que nous sommes déjà devant l’entrée du restaurant. Sitôt le
repas avalé, nous reprenons notre bus flashi, qui roule plutôt lentement, mais
d’où vient ces sonneries incessantes ? un vrai carillon, la route que
nous empruntons est truffée de radars, et c’est le GPS qui avertit, après tout
comme chez nous ! donc je disais que le bus nous mène, une vingtaine de
kilomètres plus loin dans le village de Qiaojiabao (乔家堡), admirer une maison rendue
célèbre par un film chinois qui y fut tourné.
« Ah ! regardez vite sur votre droite, vous voyez là-bas le feu ? ces gens brûlent du faux papier-monnaie en hommage à leurs anciens » Dans les campagnes, les morts sont enterrés dans leurs champs et aujourd’hui est l’un des 3 jours consacrés à cet hommage.
Le soleil est revenu, les températures quoique encore bien fraîches sont nettement plus agréables
u La maison de la famille Qiao, située à 40 kms au NE de Pingyao. (Point N° 3 carte itinéraire) Cette résidence fut
construite en 1756 par un orphelin, Qiao Guifa, qui après avoir débuté sa vie
misérablement, fera fortune en Mongolie en s’installant marchand de tofu et de
thé. Cette demeure est un témoignage de la prospérité des familles de
commerçants les plus influentes pendant près de 200 ans.
Elle en restera la propriété
jusqu’à ce que la guerre si-japonaise éclate (1937) et que les communistes prennent
le pouvoir. A ce moment le clan désertera les lieux et les paysans locaux s’en
empareront, 212 familles et 600 personnes y vivaient jusqu’à ce que la province
du Shaanxi, en 1986, délogea ces gens pour faire du lieu un des sites
touristiques les plus populaires de Pingyao.
Nous parvenons à l’entrée de cette immense maison après avoir parcouru une longue allée, bordée de part et d’autres de statues de bronze, grandeur nature, représentant la vie du clan à l’époque : paysans, commerçants, précepteurs, enfants..
C’est assez difficile de faire une photo sans avoir une nuée de chinois désirant être immortalisés sur ces statues, mais l’importance de notre groupe les fait souvent fuir.
Détail qui m’a beaucoup amusée, ils adorent NOUS prendre en photo, se mélangeant sans aucune gêne au groupe lorsque nous sommes rassemblés à écouter LEI.
Au-dessus de la porte principale on peut voir deux lettres dorées encadrées par
l’inscription de la devise familiale « Vertu et harmonie mènent à la
prospérité »
Rénovée et agrandie à plusieurs reprises, ouverte aujourd’hui au public, la résidence familiale des Qiao abrite le musée des Traditions populaires, où sont exposés de très belles pièces de mobilier traditionnel (cuisines, chambres, salles de toilettes, salons …) ainsi que des vêtements, des tissus brodés et des laques, un rappel de ce que fut la vie trépidante de ce riche homme d’affaire et de sa famille, ainsi que l’histoire de sa fortune accumulée au fil des années.
Le lieu compte aussi des
archives cinématographiques, car ne
l’oublions pas, cette « maison » servit de décor à plus de trente
films, dont le plus célèbre est celui de Zhang Yimou : « Epouses et
concubines » tourné en 1991 avec Gong Li, comme actrice principale. Le nom chinois 'La Lanterne Rouge Suspendue"
signifie que le maître des lieux était présent.
Cette gigantesque demeure de 4175 m² a été bâtie sur une surface de plus de 10 000m². Le mur d’enceinte d’une hauteur de 10m, constitué de tours de guet et de plateformes de garde sur trois cotés, lui donne une allure de forteresse.
Elle
comprend pas moins de 313 pièces réparties dans 6 grandes cours et 23 cours
secondaires. L’ensemble est un petit joyau, un mélange raffiné des
styles architecturaux de différentes époques : Song, Yuan, Ming et Qing, sans
que nul n’ait oublié les traits de caractère de la longévité.
Depuis la porte principale, une longue allée pavée conduit jusqu’à la Grande Salle, cette allée sépare la propriété en deux domaines, chacun se composant d’une salle principale pour les hôtes et de pièces latérales pour les invités ou les domestiques.
Une fois à l’intérieur de la maison du clan Qiao, nous déambulons dans un dédale de cours et de pièces, celles-ci reliées entres-elles par des corridors forment un véritable labyrinthe.
On ne va
pas bien sûr, visiter les 313 pièces, on y serait peut-être encore !! Jacques nous fait
découvrir successivement les cours 2, 5, 3 et les salles qui s’y rattachent.
Nous ne pouvons qu’être admiratifs devant cette architecture, ces toits incurvés et ces porches recouverts de tuiles arrondies, ces boiseries sculptées comme de la dentelle, ces piliers de pierre peints, les innombrables sculptures des murs, ainsi que cette profusion de lampions rouges, symbole de la prospérité et du bonheur. A l’intérieur des pièces dont une est réservée aux archives du film : une salle à manger, la chambre de Mme Yang, une cuisine, la chambre du fils, une collection de vases, la salle des miroirs, 9 estampes où ont été peints des dragons dorés, etc…
La sortie passe par la cour 1, plus importante, et sans doute pour nous souhaiter « bonne chance » nous passons sous un mur de lampions rouges. La visite se termine par la découverte des jardins, quelques jolis pavillons isolés et une rivière qui serpente donnent à et endroit un coté bucolique et apaisant.
Sacré
Jacques !! pour
rejoindre le bus stationné un peu plus loin, nous passons devant une flopée de
boutiques artisanales, bouquinistes, brocantes, bien tentant de s’y arrêter
quelques instants, mais nous apercevons le drapeau tricolore qui file, file,
file…. et surtout entendons sa voix dans l’audiophone qui dit sans relâche,
pressentant le danger « On ne s’arrête pas, on n’achète pas, on ne
s’arrête pas ! »
Il faut dire aussi que nous devons visiter le temple Shuang
Lin Si, vaudrait mieux y arriver avant qu’il ne soit fermé et surtout nous
dit-il « C’est assez sombre, il faut ne pas y arriver trop tard ».