Dimanche 8 Avril. Oh My God, quelle nuit !!
Le petit ballon d’eau chaude a fui toute la nuit, flop ! flop ! un
véritable concert, au petit matin je retrouve, gisant au milieu d’une flaque
d’eau, le fin tuyau de plastique qui n’a pas résisté à la pression. De plus, malgré
les deux édredons déroulés, la nuit a plutôt été gla-gla, j’aurais dû demander
conseil, quant à l’utilisation du chauffage à Jean-François, notre MacGyver. Parlons
aussi du matelas, posé sur de simples briques, il est fin disons plutôt peu
épais (que quelques cms) mais trop fin pour mon dos, il m’a été très difficile
de trouver une position « confortable » je ne manquais pourtant pas
de place dans ce lit de 2 mètres de coté.
Malgré mon manque de
sommeil, j’éprouve de la compassion pour les propriétaires de ces splendides maisons
devenues hôtels, car je connais les difficultés que connaissent ces gens pour
fournir un maximum de confort à leurs hôtes. J’avais tout de même des WC avec
cuvette à l’occidental, l’eau courante, bon pour l’eau chaude ça sera pour
une autre fois !!
la télé, et le croiriez vous ! même la Wifi……
Les températures se sont
élevées, quoiqu’il ne soit que 9 h, il doit déjà faire dans les 11° et le
soleil est
présent.
Les valises regroupées dans une des deux cours de l’hôtel, encore merci Christine pour
le coup de main que tu m'as apporté lorsqu'il a fallu soulever mon sac, je disais
donc, une fois les bagages rassemblés, nous partons à la découverte de cette cité, exemple
parfait d’ancienne ville fortifiée, inscrite depuis 1997 au Patrimoine de
l’Unesco.
Quelques lignes d’histoire. Pingyao, cette cité de
50 000 habitants, entourée de remparts fut fondée en 1370 sous la dynastie
Ming. A cette époque la ville était un centre marchand florissant,
commerçant dans tout l’Empire de Chine. Située à 715 kms au SO de Pékin, elle
fait partie de la province de Shaanxi. Depuis le 16ème et jusqu’au
début du 20ème, Pingyao fut le centre financier de l’Empire Qing,
des transferts d’argent interbancaires y ont été créés, avant de faire faillite en
1914 à la suite de la révolution de Xinhai.
Le transfert des finances à Shanghai et à Hong-Kong au 20ème siècle plongea la cité en pleine marasme, mais en étant délaissée par les communistes, elle fut ainsi protégée de la fièvre immobilière et préserva, par là-même son charme authentique, le cœur de la cité ayant conservé plusieurs milliers de demeures d’architecture traditionnelle.
Les remparts Ming fabriqués en brique et terre damée sont encore intacts, lorsqu’en 2004 une petite partie de ceux-ci s’effondra, ils furent sitôt reconstruits. Ses habitants l’a surnomme affectueusement « Turtle City » lui trouvant la forme d’une tortue, symbole de longévité et d’une inoxydable endurance, les quatre Portes représentant respectivement la tête, les pattes et la queue.
Cette cité est jumelée avec Provins, ville fortifiée de Seine-et-Marne, d’où la présence de textes en français sur les panneaux d’explications aux pieds des remparts et devant les musées et édifices publics. Tout de même plus facile à comprendre, quoique !
Depuis
West Street, nous parcourons ces anciennes ruelles bordées de superbes maisons
traditionnelles, à l’architecture Ming et Qing, jolis bâtiments en pierre aux
toits incurvés recouverts de tuiles arrondies noircies par la poussière de
charbon et de coke, les maisons sont ornées de lanternes rouges, les devantures des commerces ont
conservé leur apparence historique, d’ancienne cité han. Subitement j’ai
l’impression d’être revenue dans un autre siècle, et aussi dans un autre pays
pas si loin, le Népal, un petit air de Katmandou. Ce vieux centre est très
animé comme nous pourrons le constater, quoiqu’au début de notre balade, les
boutiques ne sont pas encore ouvertes, ne sont présents que quelques marchands
ambulants.
u Nous voici
arrivés à la « South Gate » au
pied des remparts, cette porte est l’une des 6 portes structurées que comporte
la cité. Allez courage ! quelques marches à grimper, seulement une petite
cinquantaine… et nous accédons au chemin de ronde. Nous ne sommes pas nombreux
de si bonne heure à nous promener sur ces remparts, et c’est tant mieux !
De la « South Gate »
une petite marche agréable nous mène à la « Ying Yun Gate »
(porte du marché). Depuis les créneaux, j’aperçois la douve de 4m de large
remplie d’eau, ainsi qu’au loin les jardins. Voici des
statues en bois représentant des scènes de vie sous la Dynastie Qing, tel ce mandarin.
Et qu’est ce qu’un mandarin, a part un dialecte parlé ou un adorable volatile ?
« Un mandarin, messieurs-dames, est un fonctionnaire de l’ancien Empire
de Chine, recruté par concours national, il appartient à la classe des lettrés ».
Comme
Jacques à l’esprit badin, il nous demande : Savez-vous
ce qu’est une mandarine ? sentant le piège on
s’abstient de répondre, « Une mandarine est la fille de l’empereur »
nous dit-il, tout content de lui ! Je ne sais trop quel crédit apporter à
cette affirmation !
toujours est-il que lorsque je dégusterais ce délicieux fruit, je ne manquerais
pas de penser à cette anecdote.
Devant la « Ying Yun Gate » se trouvent un antique pousse-pousse ainsi que quelques canons.
Les remparts de 12m de haut, comptent 72 tours de guet, 3000 créneaux et ont un périmètre de plus de 6 kms. Quelques mètres en contrebas, des employés de voirie balaient la route, ici pas un cm² ne sera laissé impropre, ces personnes ont chacune entre 50 et 100m à entretenir.
A l’angle SE
de ces remparts, voici la « Tour Kui Xing » pavillon
extravagant et inhabituel de forme octogonale qui porte le nom d’une étoile des
28 constellations de l’astrologie chinoise.
Du haut de ces remparts, s’offre à
moi une vision
panoramique sur les toits orange et bleu des Portes, couleurs qui tranchent
avec le gris des habitations, sur certains quartiers bien miséreux et d’autres
apparemment plus riches.
Il ne faut pas oublier que si Pingyao est captivante, avec un centre très animé, des boutiques alléchantes, la cité n’en est pas moins pauvre, beaucoup d’habitants se plaignent de vivre dans des conditions de réelle insalubrité, pour exemple l’eau courante n’a été amenée dans les maisons qu’en 2010.
En 1986 le gouvernement chinois classe Pingyao « ville touristique nationale » et la dote de subventions, et en 2015, la ville antique obtient un AAAAA, cette prodigieuse classification devrait lui amener des touristes du monde entier. Souhaitons que ces gens profitent de cette manne touristique inespérée, fort heureusement le classement au Patrimoine de l’Unesco les garantira à jamais des assauts de gros promoteurs immobiliers.
La rue Cheng Huang Temple n’est que splendeur, avec le franchissement successif de plusieurs portes, comportant des sculptures de pierre et de bois, témoignage d’un excellent travail artisanal. Leurs toits superposés sont peints en orange, bleu et vert, avec là aussi les figurines aux extrémités censées protéger la ville de tous les dangers.
Voici sur ma droite le City God Temple, (Le Temple des Dieux de la Cité) dont la façade est tout aussi magnifique, puis un splendide mur aux 9 dragons.
A cet instant, des odeurs tenaces titillent mes narines, ce sont les effluves de vinaigre, spécialité locale de Pingyao, les boutiques le propose en combi ou en plus petit conditionnement pour les touristes. A plusieurs reprises j’ai pu voir sur les trottoirs, à la manière d’une fontaine, ce vinaigre couler à travers de jolies sculptures pierre ou bois.
Nous
reprenons à droite la « South Street » pour nous rendre au « Musée
Xie Tong » Les commerçants sont maintenant actifs, voici une boutique
de fruits, il y est vendu des jujubes ainsi que des fraises, là ce marchand
ambulant propose sur son étal de bien jolies corbeilles d’osier, ces paniers
lilliputiens contiennent du maïs gonflé présenté avec des fraises sans oublier
la cuillère pour le déguster sur place, on est loin très loin… des plats servis
chez nous sous cellophane !..
La page suivante est consacrée à la découverte du Musée Xie Tong, premier bureau de change chinois.