u Le Musée Xie Tong. Vous vous en souvenez ? je vous ai raconté que Pingayo était, dès le 15ème siècle, une importante cité commerçante. Ses richesses provenant entre-autres de l’approvisionnement des troupes militaires des frontières septentrionales. La monnaie d’échange était alors les lingots et pièces d’argent, monnaie qui a remplacé le troc « grain contre sel » qui prévalait jusque là. Ce système présentait de gros problèmes de commodité et de sécurité lorsque les commerçants devaient transporter de grosses sommes.
C’est alors que deux frères qui tenaient commerce à Pingyao eurent l’idée ingénieuse de transformer tout cet argent qui pesait fort lourd en « lettres de change » C’est ainsi qu’en 1824 fut créé dans cette cité florissante le premier bureau de change qui imposa la monnaie papier. Fort de son succès, ces établissements se multiplièrent à travers toute la Chine, et prospérèrent jusqu’en 1914, jusqu’à ce que l’ouverture vers l’Occident et la révolution mettent fin au régime impérial Qing, et entraînera la faillite des bureaux de change. Puis dans les années 20, apparaissent les banques modernes.
Actuellement cet ancien bureau de change installé dans une magnifique maison à cour carrée est intact, il a été transformé en musée qui aujourd’hui se visite pour notre plus grand bonheur.
Nous pénétrons dans une cour minuscule, un petit rappel de la maison Qiao, admirée hier. En son centre, une jolie pierre sculptée en forme de fauteuil, la reproduction d'un lingot d'argent, la légende dit que si l’on s’y assoit, la richesse viendra.
Alors qui est tenté ? Apparemment beaucoup de monde, car il me sera bien difficile de prendre ce cliché sans personne dessus.
Puis apparaît un mandarin, tu
rêves ma fille, on n’est plus au 18ème siècle !!! mais non
c’est un véritable mandarin, enfin disons que c’est un guide habillé en
mandarin qui commente la visite de ce premier bureau de change chinois, ce
guide est réservé aux visiteurs locaux, nous on devra se contenter de Jacques
qui arbore toujours son drapeau tricolore.
Cet ensemble de près de 1500 m² est de forme rectangulaire
avec plusieurs cours encadrées elles-mêmes par de nombreuses salles, c’est
dans certaines de celles-ci que le propriétaire traitait ses affaires, on peut
y voir tour à tour celle réservée au secrétaire, au comptable, aux différents
caissiers, au directeur… l’une d’elles est consacrée à l’histoire prodigieuse
de ces deux frères.
Mais qui est donc ce dieu ? la statue est placée sous un dais, des offrandes posées à ses pieds, il s’agit de Guan Gong, général né en 160, ayant la réputation d’être un guerrier invincible, il est depuis toujours vénéré comme dieu de la guerre, capable d’exploits surhumains, dieu des policiers et des hommes d’affaires, d’où probablement sa présence dans ces lieux.
Dans une autre cour, se trouvent les salles réservées au personnel qui travaillait dans ce lieu, le mobilier d’époque est toujours là : cabinets, tables de laque, porcelaines, lanternes, calligraphie, services à thé…
Les étages devaient servir de débarras.
Puis arrive notre moment préféré : la visite dans
les entrailles de ce bureau de change, là où les billets en papier monnaie, les
pièces et lingots d’or et d’argent étaient stockés. Il paraît que des
hommes formés aux arts martiaux (les escortes
armés) gardaient ces lieux, il existe d’ailleurs un musée qui leur est consacré
non loin de là.
Après avoir descendu une quinzaine de marches nous arrivons dans des salles souterraines voûtées,appelées le "Puits d'Or". Ce n’est pas le trésor que nous apercevons tout d’abord mais la statue imposante et presque effrayante d’un gros bonhomme ventru, à la très longue barbe, mais c’est encore Guan Gong !!
Wouah !!! des dizaines de
néons font ressortir les lingots qui brillent de mille feux, mais vous savez
comme moi que tout ce qui brille n’est pas or ….. attention pas touche !! d’ailleurs il y a des employés qui veillent, oh
désolée ! je m’y suis fait prendre, mais si, mais si ! en réalité ce
sont des mannequins de cire mais ils paraissent si réels !!
Dans une autre alcôve, des billets de banque sont jetés pêle-mêle dans un coffre de verre, coffre protégé par une barrière métallique, un panneau en interdit le franchissement, tiens donc ! de toute façon il est probable que ce sont des faux billets, tout comme les lingots. Ce qui est certain, par contre, c’est que dans ces sous-sols, il y règne une atmosphère assez singulière.
L’œil toujours rivé sur sa montre, Jacques nous amène déjeuner. Là encore il ne faut pas traîner, le TGV pour Xi’an est à 13h50, et comme hier il faut essayer d’y arriver une heure avant, c’est donc dès 11h30 que nous nous pointons au restaurant, et tout juste une heure plus tard, les valises récupérées nous quittons Pingyao comme nous sommes arrivés, à pied, pour rejoindre les voiturettes électriques qui vont nous mener au parking.
Vingt européens traînant leurs valises dans les rues, on fait notre petit effet, et clic, et clac, nous voila encore dans les boîtes !!!
De là un petit bus, trop petit, les valises n’entrent pas toutes dans le coffre, il faut les insérer tout au long du couloir, nous mène à la gare. Wen Tao, ou Jacques, comme vous voulez ! nous fait alors ses adieux, LEI leur donne, à lui et au chauffeur, leur part de pourboire.
La gare se trouve en haut d’un escalier d’une quarantaine de marches, oups !!!! mais heureusement sur la gauche, une rampe en lacets va nous permettre d’y accéder plus facilement. Ensuite, c’est la même ritournelle qu’hier, tracer son chemin dans l’aérogare, utiliser les escalators, présenter son passeport en file indienne, insérer le ticket nominatif dans l’encoche, passer les valises au scanner…… Cette fois c’est le wagon 5. Jacques reste encore un petit moment avec nous, il prend le TGV pour Pékin qui partira à peine 10 minutes avant le nôtre.
Au-revoir Wen Tao, tu fus un
guide très dynamique et fort sympathique.
Il fait à cet instant 26°, dire qu’il y a seulement trois jours nous étions frigorifiés, vu les prévisions météorologiques que nous donnera chaque jour LEI, c’est certain que demain je vais alléger ma tenue vestimentaire.
Et c’est parti ! pour environ 500 kms vers le Sud et 3 heures de trajet.
A très bientôt Xi’an, j’arrive…