Lundi 9 Avril (suite) Impossible de visiter la
Chine sans découvrir son attraction majeure, celle qui attire les foules, hé
oui encore !!!
à
la renommée internationale, tout comme l’est la Grande Muraille : l’Armée en
terre cuite des soldats enfouis. (Terracottas) (point n° 5 carte itinéraire) à une quarantaine de kilomètres à l'Est de Xi'an. Site
inscrit depuis 1987 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco et présenté par les Chinois
comme étant la 8ème merveille du monde.
Sur la grande esplanade le précédant, se trouve un beau monument moderne et accueillant, puis un peu plus loin la statue gigantesque de cet empereur, hors du commun et véritable despote : Qin Shi Huangdi.
Pour accéder à cet immense site archéologique dont l’existence fut un secret pendant plus de 2000 ans, nous empruntons une navette.
Comment ce site si ancien fut-il finalement découvert ?
C’est un paysan, Yang Zhifa, qui en 1974 voulût en pleine sécheresse, creuser un puits. Arrivé à 15m de profondeur il remonta une tète en terre cuite et une pointe de flèche de bronze, mais cela n’attire pas outre mesure son attention, il jeta ces fragments, récupéra la pointe de flèche pour la vendre, les villageois quant à eux, récupérèrent les briques. C’est Zhao Kangmin, responsable de la maison de la culture qui, intrigué, questionnera les villageois, leur rachetant tout ce qu’ils avaient en leur possession. En mai 1976 une équipe d’archéologues se rend sur les lieux pour entreprendre les premières fouilles, ce qui va devenir la fosse N° 1, s’en suivra la fosse N° 2, la fosse n°3, non sans avoir exproprié Zhifa et tous les autres villageois.
Les recherches continuent toujours, certains jours il est possible de voir ces archéologues au travail, l’équipe tente toujours de reconstituer des œuvres à partir des pièces retrouvées, véritables puzzles. Lorsqu’un morceau manque, ils retournent fouiller dans la terre pour tenter de trouver la pièce manquante. Ils ne se servent pas de colle, on peut apercevoir nettement des fragments tenus ensemble par des bandelettes ou mis sous cellophane. Il a déjà fallu 40 ans pour reconstituer seulement un quart des guerriers, travail titanesque qui se prolongera encore bien des années, s’étalant probablement sur plusieurs générations. A l’arrière de la fosse N° 1, on voit d’ailleurs quelques tables, des échelles, des têtes brisées et des fragments qui jonchent le sol en attente d’être assemblés.
Je me pose la question : quels trésors
sont encore cachés sous terre ?
Mais quelle est donc l’histoire extraordinaire de l’existence de cette armée ?
L’empereur Qin Shi
Huang qui a vécu au IIIème avant J.C, est un homme mégalomane, mais néanmoins génie
militaire qui à force de guerres a conquis les 6 états voisins pour en faire un
immense empire, les
obligeant ainsi à adopter un
seul système d’écriture, de monnaie, de poids et mesures. C’est également à lui
qu’on doit la construction de la Grande Muraille.
Cet homme, autoproclamé 1er Empereur de Chine, qui avait éliminé tous ses potentiels rivaux, visait l’immortalité et une protection absolue dans l’au-delà, contre les barbares pouvant venir des quatre horizons.
Pour atteindre ce but, il a commandé une armée de soldats d’argile, plusieurs milliers de statues pour le protéger mais aussi le divertir (il a été trouvé des acrobates) dans sa dernière demeure, car son tombeau, non encore fouillé à ce jour n’est qu’à 1,5km, enseveli sous un tumulus de 40m de haut, aujourd’hui entièrement enfoui sous la végétation. L’Etat n’ose y faire des fouilles, redoutant des pièges, et peur aussi de détériorer une probable momie au contact de l’air. Qin Shi Huang ne voulait pas que sa mort marque la fin de son règne et pourtant !..... Il désirait emporter dans sa tombe tout ce qu’il avait connu de son vivant, on peut le constater en admirant les chars de bronze, trouvés dans des cercueils de bois, près du tumulus.
Comment furent construites
ces statues ?
Elles le furent par les meilleurs artisans venus de toutes les provinces de l’Empire, il est dit qu’ils furent emmurés vivants dans le mausolée à la mort de l’Empereur, afin que les secrets de la construction restent secrets. Il a d’ailleurs été retrouvé des ossements à proximité du tombeau. Ce gigantesque travail a nécessité 36 ans de travail, avec une main d’œuvre de 700 000 personnes.
Pour le moulage du torse, ces artisans superposaient des boudins de terre cuite de 4/5 cms et attendaient que ça sèche, c’était l’étape la plus facile. Les ouvriers travaillaient à la chaine, les jambes étaient réalisées sur un tour de potier, tandis que d’autres étaient chargés des bras et des têtes. Ils gravaient les détails à la main puis cuisaient l’ensemble dans un four à 1000°.
Chaque soldat est unique, à l’aide de savants
ajouts d’argile, ils ont tous une expression distincte grâce notamment à une
coiffure, des vêtements différents, une barbe ou encore une moustache, à
l’image des guerriers de l’époque. Les pièces assemblées étaient alors laquées
et peintes en vert, rouge, violet et jaune, mais ces couleurs ont disparu sitôt
les statues mises au contact de l’air, lors des premières fouilles. Ensuite il
fallait rajouter l’armure puis graver les décorations sur la surface, quel talent artistique !!
Quels étaient les conditions de travail de ces artisans ?
Ceux-ci sont devenus des experts sous la menace, en effet ils devaient apposer une sorte de signature, un garant de la qualité du travail, si un visage n’était pas parfait, le contremaître savait de quel atelier il provenait et le châtiment ne se faisait pas attendre. Vu que L’empereur faisait régner la terreur, les ateliers ont donc livré une armée parfaite prête à livrer bataille. Quelle vie !!! Ces œuvres d’art n’avaient qu’un but : créer un oasis de sérénité autour de l’Empereur, alors que le monde impérial n’était que violences !!!
L’empereur est décédé
relativement jeune, 50 ans, décès causé probablement par une absorption massive
de mercure, car lui avait-on dit que le mercure permettait de vivre éternellement !
« T’avais beau être un empereur régnant sur des millions de personnes,
ta paranoïa a causé ta perte, car le mercure est hautement toxique, ah là, la
mais à qui se fier !... »
A sa mort les ouvriers avaient déjà achevé plusieurs milliers de soldats, ceux-ci ont été disposés tournés vers l’Est, le dos au tombeau, en ordre militaire (11 colonnes) dans les fosses, selon le rang et la tâche. On retrouve ainsi des officiers, des fantassins, des fonctionnaires, des arbalétriers, des chevaux et même des acrobates. Ils mesurent entre 1,80m et 2m.
Maintenant que vous connaissez l’histoire sur
le bout des ongles, on y va pour la visite !
Sous de grands bâtiments protégeant les fosses,
les fouilles s’étendent sur une surface de 20000m² et abritent environ
7000 statues en terre cuite. Si aujourd’hui bon nombre d’elles ont pu être
reconstituées, beaucoup sont en miettes. 3 fosses se visitent.
La fosse n°3 semble être le quartier général, avec 70 officiers de haut rang, on peut voir aussi 4 hommes qui devaient tenir des chars de bois eux-mêmes tirés par 4 chevaux.
La fosse n° 2 abrite la cavalerie, évaluée à environ
1400 cavaliers à coté de leurs chevaux, ainsi que des archers..
La fosse N° 1, de loin la plus importante, 6000 soldats en ordre de bataille sont en rang sur plus de 200m et 60m de large. On peut voir à la forme des mains qu’ils tenaient tous des armes, épées en bronze résistantes à la rouille, lances, arcs et flèches, celles-ci tombées au sol se sont soit décomposés, soit dérobées par des paysans lors de l’incendie provoqué quelques années plus tard, soit mises à l’abri dans les salles d’exposition. La particularité de cette fosse, c’est qu’elle comporte 11 couloirs d’environ 3 m de large, ceux-ci étaient séparés par des murets sur lesquels reposaient des piliers qui eux-mêmes soutenaient le toit en bois.
Un musée adjacent présente certaines de ces statues retrouvées quasiment intactes :
-
Un officier de
moyen rang ainsi qu’un officier de haut rang, celui-ci est vêtu d’une longue
tunique à double épaisseur, allant jusqu’aux genoux. Cette imposante statue se
distingue par sa taille supérieure par rapport à l’infanterie qu’elle supervise
- Un arbalétrier, genou à terre, enveloppé dans une armure qui couvre le torse et agenouillé en position du « présentez armes ! » cet arbalétrier reste vigilant. Ses chaussures à bout carré sont cloutées pour être antidérapantes.
- Un archer, reconnaissable à son chignon porté sur le coté gauche de sa tête.
-
Et
le clou de ce musée, certes bien difficile à approcher : 2 chariots en
bronze, découverts près du tumulus et minutieusement reconstitués. Ceux-ci,
comme toutes les pièces du musée sont abrités par des vitrines, d’où de
possibles reflets. Véritables œuvres d’art, il est dit qu’ils
pourraient rouler. Sur les manches du conducteur on voit nettement les plis du tissu,
tout est si bien réaliste.
Pourquoi ce site fut-il tenu secret pendant 2200 ans ?
Une dizaine d’années après la
mort du 1er Empereur de Chine : Qin Shi Huangdi, de
nombreuses révoltes secouèrent la province, les rebelles Han menées par Xiang
Fu, forcèrent l’entrée de la sépulture pour s’emparer des armes des soldats de
terre cuite et mirent le feu aux toits en bois qui recouvraient l’ensemble. Il
a d’ailleurs été trouvé des solives de plafond brûlées et des traces noirâtres
sur certaines statues. Ces toits
s’écroulèrent sur l’armée de
terre, qui sombra alors dans l’oubli pour des millénaires.
LEI après nous avoir accompagné dans la fosse n° 2 et 3 nous donne quartier libre pour la n°1. Comme déjà lors de la visite de la Cité Interdite, c’est noir de monde. Beaucoup de groupes qui s’agglutinent rendant le passage bien difficile, mais là, aucune chance de se perdre, il faut seulement en faire le tour.
C’est tout de même très impressionnant de voir cette marée de soldats, qui paraissent presque réels, prêts pour le combat. L’ensemble dégage un réalisme incroyable qui me surprend, me donne l’impression de remonter le temps, car est-il besoin de le rappeler, ces statues ont été réalisées il y a plus de 2200 ans, ça ne nous rajeunit pas, ca !!!
Nous nous dirigeons à présent vers le quartier musulman, à l’ambiance et au caractère authentiques, à ne pas manquer !