Yangshuo

Rencontre avec les paysans

        * Samedi 14 Avril (suite et fin) Après avoir effectué une mini-croisière sur la rivière Li, me voici maintenant sur le point de découvrir la vie des paysans de cette contrée. Sous un ciel maussade, il pleut, il ne pleut plus ! nous nous installons dans deux petits véhicules qui sont  bien pratiques pour emprunter ces routes étroites.      

        Le premier arrêt se fait en pleine campagne, on y rencontre quelques paysans ainsi que cette femme courbée qui s’acharne dans sa rizière, elle refuse d’être photographiée, tu m’étonnes !... et encore on n’est qu’une dizaine !  Ouups, trop tard, c’était fait !

 


      

       Puis nous  remontons légèrement le chemin et allons faire toc-toc dans une maison, celle où vivent des grands-parents. C’est une superbe et grande bâtisse toute en pierres, je suppose que l’étage doit servir de grenier. Laura nous invite à en visiter les moindres recoins, j’ose espérer que ces gens sont prévenus, oui certainement ! si l’on en juge par la non-timidité de la fillette qui n’avait pas l’air d’en être à ses premiers touristes.

     

L’intérieur est rustique, un peu comme ça pouvait être chez nos ancêtres il y a 100 ans. Dans la cuisine, la cuisson des aliments se fait sur un four artisanal, puis non loin de là, le probable lit de la fillette, matelas fin posé sur un simple plancher posé lui-même sur de petits tréteaux, il est protégé des regards par une moustiquaire, ainsi que l’outillage quotidien nécessaire au paysan tel qu’entres-autres un rouet antique pour tisser le fil.

    

Derrière la maison, une pompe qui distribue l’eau.

Sur les murs, beaucoup de coloriages, un planisphère, peut-être pour situer le pays d’origine de leurs visiteurs ? … ainsi qu’une photo de leur Président, ce qui démontre l’attachement de ces gens à leur pays.

 Ce qui m’a, et certainement tous … surprise  ce sont ces deux meubles noirs d’une forme assez suggestive, posés sur deux parpaings, dans un coin, mais tout de même à l’intérieur de la maison, à la vue permanente des habitants. Certes, il y a une ficelle et un rideau rouge, et il y a fort à parier que dès notre départ, celui-ci sera tiré.

En Chine, du moins dans les campagnes, la tradition veut que les enfants offrent, en guide de cadeau d’honneur, un cercueil à leurs parents, lorsque ceux-ci atteignent l’âge avancé de…… tenez vous bien !   60 ans ! là ça fout un choc !... car on a tous plus de 60 ans…. Sincèrement je ne me voies pas vivre avec mon cercueil à coté de moi, ils sont vraiment bizarres ces chinois, mais il est vrai qu’ils croient à la réincarnation ! Chacun d’eux  est recouvert d’un drap bleu et porte une étiquette, sans doute le nom, brrrr…. ca m’a fait tout de même froid dans le dos !….

En tout cas la dame qui doit bien approcher les 80 ans, âge synonyme de longévité et âge vénéré chez les chinois, est bien vaillante, car devant nous elle tourne la meule et broye la paille. Quant au monsieur, il semble heureux de prendre la pose, seul ou avec sa petite fille.

Longue vie à vous trois et merci pour ce charmant accueil, pour nous avoir ainsi livré votre intimité.

      

              Si dans les campagnes, la tradition du cercueil offert avant les décès perdure, il n’en est pas de même dans les villes. Le Président a même proposé de racheter ceux pouvant être stockés ça et là, préconisant l’incinération, surtout par manque de place dans les grandes villes, où l’inhumation est parfois interdite, mais aussi afin de préserver les forêts.

     Mais quel bel acte écologique,  surtout quand on pense aux milliards d’ampoules et projecteurs qui éclairent à foison les villes  !...

       De retour dans les champs, Laura nous montre un néflier, des mandariniers, des ballots de pailles de riz. Un peu plus loin ce sont des champs entiers de cacahuètes, de semis de riz, de taros (sans t....)  Le taro est un tubercule alimentaire, ressemblant un peu à la pomme de terre.

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       Voilà ! la rencontre avec cette Chine rurale est terminée, même si l'image en est loin de la carte postale, cette campagne authentique et réelle n’est pas dénuée de charme. A présent nous allons retrouver le reste du groupe autour du déjeuner, car oui… ces deux visites ne nous ont pris qu'une seule matinée, certainement beaucoup moins de temps qu’il m’en a fallu pour rédiger correctement cette page…


La fabrique des perles

  

     Mais pour ce qui est de la rapidité, alors qu’on croyait avoir, depuis longtemps, atteint le summum, le meilleur restait à venir  Laura nous prévient que l’on va visiter le « South China Pearl Museum » tiens ! ce n’est pas prévu dans notre programme, qu’importe ! puisqu’on nous le propose, on y va voir.

       A peine descendus du bus, une femme revêtue d’un manteau de fourrure, nous accueille et nous diligente immédiatement dans une salle de vidéo, nous sommes tout juste assis qu’elle fait démarrer le documentaire, ce fut si rapide, que certains d’entres-nous n’ont pas pu accéder à temps à cette salle, tant pis pour eux, ils  prendront le film en cours de route, enfin le peu qu'il en reste !..  

       De suite je sens l’embrouille, car ce que je voie sur l’écran n’est ni plus ni moins que le procédé d’élevage des huitres perlières, suivi par de la publicité pour la boutique.  Il existe deux sortes de perles : les perles d’eau douce et les perles de mer, ces dernières étant plus onéreuses. La Chine produit 80% du marché mondial des perles.

Et moins de 5 minutes plus tard, allez hop au pas de course… nous voici invités mini-malutari à sortir de la salle et propulsés, ou ? je vous le donne en mille ! dans l'immense boutique d'état où les vendeuses nous guettent comme des proies. Dany me glisse à l’oreille « On est considérés comme des porte-monnaie ambulants » je ne peux qu’acquiescer !

      Je me pose la question, pourquoi alors appeler cet endroit le "Musée de la Perle" ? puisque ce n'est finalement qu'un magasin ! Façon très coutumière dans ce pays.

Elles parlent un peu français, j’explique que j’aimerais des boucles d’oreilles, mais que je suis allergique au métal et que l’or est trop onéreux « Voici or blanc, madame, pas de problème allergies »

      J’en suis à mes pourparlers quand arrive un groupe de touristes anglais, hé bien ! je suis illico abandonnée comme une vieille chaussette, ce sont eux les nouvelles priorités !..

     Quoiqu’il en soit, je me suis fait plaisir avec 2 pendentifs représentant une perle au milieu d’un cœur, et une paire de boucles d’oreilles, qui il est vrai ne m’ont toujours pas causé d’allergies. Paiement facilité avec l’utilisation de la carte de crédit. Une attestation d’authenticité est délivrée.

 

      

       Est-ce le bon chiffre d’affaires réalisé par nous qui met Laura de si bonne humeur !  elle et LEI nous ont laissé pas mal de temps dans cette boutique…. Toujours est-il que revenue dans le bus, elle nous dévoile un pan de sa vie privée et nous parle de son mariage célébré il y a 5 ans ! Bonne à marier, possédant un excellent niveau d’études, sa mère lui propose un prétendant, et après avoir seulement vu sa photo elle accepte de le rencontrer. Et voilà c’est tout simple, ce n’est pas un mariage arrangé, mais on en est pas loin !

           Lorsqu’on lui demande s’ils sont heureux, elle nous répond « Il est gentil » Et à priori cette qualité est primordiale pour une future épousée. Traditionnellement c’est le futur marié qui organise son mariage, c’est lui aussi qui doit pourvoir aux besoins de sa nouvelle famille. Le mariage dure trois jours, le premier   est réservé à la famille et aux amis, elle a ainsi réceptionné 500 personnes, auxquelles 12 plats de viande et légumes différents seront proposés le soir.

      En Chine du Sud, les paysans ne sont pas très riches, et certains ne mangent de la viande que lors des mariages et des fêtes du Nouvel an.

      Et que je continue à raconter !.... elle a visiblement beaucoup de plaisir à narrer cette anecdote, elle nous confie ainsi, tout en rigolant, que le second  jour, les mariés devant offrir et forcément trinquer au saké avec leurs invités,  elle était dès 17 heures, d’après ses dires « complètement pompette »  et ne souvient plus de ce qui s’est passé ensuite…

      Aujourd’hui, les jeunes vivent ensemble avant de se marier. Lorsqu’on lui demande si sa décision de prendre un mari n’aurait pas un rapport avec son âge, elle nous répond «  Avant 30 ans, c’est la fille qui décide, après 30 ans c’est le garçon qui choisit » De quoi sans doute se faire se décider les jeunes filles qui ne désirent pas rester, comme on dit péjorativement, chez nous des « vieilles filles »  dès l'âge de 25 ans ! Aujourd’hui, il est de coutume de faire une cagnotte comme cadeaux.

      Dans les campagnes, la future mariée porte d’abord une robe rouge, puis  ensuite une robe noire traditionnelle faite par sa mère, ce qui fut le cas pour Laura. Elle nous montre fièrement des photos de son mariage, d’elle, de sa maman, de son époux, puis de son bébé qui sera, nous dit-elle avec grande conviction, son seul enfant.

      Le bus roule maintenant en direction de Guilin, notre étape nocturne. Pendant le trajet, Laura nous fait ses adieux, je ne la connais pourtant que depuis seulement quelques jours et pourtant je ne suis pas loin de verser une petite larme, snif !...Arrivés au parking du Park Hôtel Guilin, elle nous quitte définitivement. Après seulement deux jours passés auprès de sa famille, elle retrouvera d’autres clients.

          Souhaitons-lui tout le bonheur du monde. En tant que guide local tu fus la seule fille, tu t’es vraiment souciée de notre bien-être et nous a beaucoup amusés, lorsque tu associais le nom de « village » à des villes d’au moins 100 000 habitants, et surtout lorsque systématiquement, tu commençais tes phrases par « Les filles et les garçons » !... Je n’oublierais jamais ce visage souriant que tu nous a toujours offert, ce moment de pur délectation lorsque tu nous as raconté cet épisode important de ta vie.

Au nom de tous, je t’envoie milles baisers, Zhousheng Juan, Laura pour les intimes !...

      Guilin : signifie « forêt d’olivier odorants » Cette ville d ’un million d’habitants connut dans les années 1990 un formidable essor économique grâce au  tourisme. Faut dire aussi qu’avec ses paysages de pics karstiques, elle montre un panorama splendide.  Chaque année, Guilin accueille 5 millions de touristes qui sont hébergés dans les 5000 hôtels de la ville, un gigantisme qui peut faire fuir la personne à la recherche de plus authentique et lui préférer Yangshuo.

      Demain matin, nous prendrons le TGV qui va nous mener à Canton. Je vois d’ici votre expression, vous vous dites encore ! hé oui, au cours de ce voyage ultra-condensé, nous avons pris 3 fois le TGV + 2 fois un vol interne et il est prévu un trajet en hydroglisseur pour rejoindre Hong-Kong, trajet que nous effectuerons le soir même ! mais rassurez-vous, on y a survécu !

      Bonne nuit  A demain pour la suite de mes aventures.

                  ACCUEIL     image035  Canton