(Point N° 14 carte itinéraire) Lundi 4 Février 2019.
A l’intérieur du théâtre
national, à l’étage, se trouve une salle panoramique, le Café Cantante, l’agence
y a prévu une courte initiation à la salsa, mais je préfère utiliser cette
heure à me promener sur la toute proche Plaza de la Révoluçion, accompagnée de Valérie,
Christiane et Serge.
Depuis ce lieu dédié à la musique, je m’apprête à arpenter le béton de cette esplanade qui occupe tout de même 72000m². A cette heure matinale, la place est pratiquement vide, je m’y sens à la fois perdue et impressionnée, tant celle-ci évoque en moi un lieu hautement historique, m’imaginant un court instant, au milieu de ces millions de cubains, acclamant Fidel Castro au lendemain de la Révolution.
Sur la route qui la traverse, la circulation y est modérée, juste quelques motos et side-cars, héritage laissé par les pays du bloc communiste. Cette place crée en 1952 sous le régime Batista était appelée Plaza Civica jusqu'à ce qu’elle soit rebaptisée :
Plaza de la
Revoluçion, au lendemain de l’entrée victorieuse de Fidel Castro dans la
ville. Actuellement, à l’occasion de grandes fêtes communistes, notamment du 1er
Mai, ce sont plus d’un million de cubains qui viennent y assister lors de
parades militaires, Elle est bordée par de gris bâtiments d’époque, on est bien
loin des petites maisons colorées de Trinidad !..
Ces édifices sont pour la
plupart des bâtiments gouvernementaux gardés par des militaires : Ministère
de l’intérieur, des Communications, Palacio de la Revoluçion, Bibliothèque, vaut
mieux ne pas s’y approcher de trop près ! Soudainement cette immensité me
paraît morose, froide, impersonnelle.
Sur la façade du Ministère de l’Intérieur, un grand dessin
du Che Guevara, a été réalisé entièrement en acier moulé noir, par le sculpteur
Enrique
Avila.
Celui-ci
représente, avec des lignes simples, l’image graphique du héros révolutionnaire,
d’après le célèbre cliché du photographe Korda. Sous le dessin, la devise que
je vais finir par connaître par cœur, tant je l’ai vue ! « Hasta la
victoria siempre » Cette œuvre pèse 16 tonnes.
Pour le 50ème anniversaire de la mort de Camilo Cienfuegos, le gouvernement cubain a décidé de rendre hommage à un autre grand héros, adulé du peuple, en faisant réaliser le même genre de dessin. Avec un petit peu de recul, je peux apercevoir ensemble les deux figures linéaires sur les façades des deux ministères.
Et j’arrive inexorablement à ce monument qui, bâti sur une petite colline, domine de ses 109 mètres la place, le :
Mémorial José
Marti. Ce haut monument construit pour le centenaire de la naissance
de cet autre héros national, est constitué d’un obélisque de 78m de diamètre à
la forme d’une étoile à cinq branches, symbole des sommets de la liberté.
Reposant sur un piédestal, une sculpture de marbre blanc de José Marti de 18m
de haut, le représente en position méditative. Cette statue qui fut sculptée
sur place regarderait, si le héros n’avait pas les yeux baissée, deux de ses
compatriotes qui, à une toute autre époque, se sont battus eux-aussi pour un
même idéal.
La construction de ce mémorial n’a pas été de tout
repos, pour l’obtention des terrains, il a fallu exproprier beaucoup d’
habitants pas d’accord du tout ! Ce monument ne sera finalement achevé que
cinq ans plus tard en 1958, lors des derniers jours de la dictature de Batista,
pauvre homme !
José Marti, dont j’ai cité le nom à de nombreuses reprises, rues, places, statues… cet apôtre de la patrie beaucoup glorifié par le peuple cubain, qui a son mausolée au cimetière de Santiago a été, bien avant Fidel Castro, Che Guevara ou Camillo Cienfuegos, un héros cubain, voir le premier, celui qui mena son pays à l’Indépendance à la fin du 19ème siècle, mettant fin à des siècles d’occupation espagnole.
La plate-forme sur laquelle se trouve cette statue
sert de podium lors des rassemblements ayant lieu sur la Place de la Révolution. Elle a aussi été le théâtre de messes
célébrées devant plusieurs milliers de fidèles par les papes Jean-Paul ll,
Benoît XVl et plus récemment en 2015, l’actuel prélat :
François.
Depuis la place, un haut mur gène pour avoir une
vision optimale de la statue, pour obtenir ce résultat il faudrait emprunter la
longue rampe qui mène à l’entrée. Le pied est à peine posé sur celle-ci que de
stridents sifflets nous interrompent instantanément. Il n’y a pas de panneau y interdisant
l’accès, pas de barrière, donc rien n’aurait dû nous empêcher d’y approcher, alors
pourquoi, mystère, pas ouvert ? bref !... d’autant que nous aurions
eu le temps d’emprunter l’ascenseur et de pouvoir
profiter du haut de ces 109 mètres, d’une splendide vue panoramique sur la
Havane, incompréhensif !
Le parking situé à
proximité du théâtre, à l’ombre de grands arbres et de palmiers est en train de
s’agiter.
De tous cotés arrivent ces vieilles voitures
américaines, qui font la renommée de La Havane, couleurs chatoyantes, sièges en
cuir, intérieurs capitonnés. Ici c’est surtout le rendez-vous des taxis de la
compagnie Grancar, ces voitures décapotables qui permettent aux touristes d’apprécier
la balade dans la ville, Plymouths, Oldsmobile, Chrysler, Pontiacs,
Mustangs, Chevrolet, Buick, etc… parfois passe une Lada russe. Il ne faut pas regarder de
trop près, car si les chromes brillent, sous la peinture rutilante, bien
souvent, on sentirait les bosses.
Le cubain considère ces vieilles bagnoles laissées par les américains comme un trésor à faire perdurer, vu que Fidel Castro en a interdit l’importation, alors ils bichonnent celles en leur possession, les entretiennent du mieux possible, avec très peu de moyens. C'est certain que la lutte contre la pollution n'est pas à l'ordre du jour. Pauvres taxis de la Société « Cubataxis » avec leur couleur jaune et noir, ils ne font plus sensation, n’attirent même pas le regard ! sans doute plutôt utilisés par les locaux.
Sur ce parking, dans un joyeux brou-ha-ha festif et coloré se côtoient vieilles voitures et coco-taxis (scooter habillé) je ne suis même pas dérangée lorsque j’en prends un peu possession pour une photo. Cette profusion de couleurs, quel contraste avec la grisaille de la place de la Révoluçion située pourtant tout à coté !
Félix nous amène désormais au Musée de la
Révolution. Que c’est frustrant de passer devant ces bâtiments plus beaux les
uns que les autres et de ne pouvoir les admirer qu’au travers d’une vitre, et ce
dans un bus qui circule à 50 kms/heure. J’aurais aimé qu’on soit déposés un à
deux kilomètres avant le Musée là où
il y a une concentration de magnifiques
palais. Maxwell qui ne pense pas comme
un touriste ne le propose pas, de plus il doit probablement respecter
un horaire millimétré.
Cest ainsi qu’en version panoramique, j’aperçois le Palacio del
Centre Gallego de style néobaroque orné de sculptures qui abrite le Grand
Théâtre de la Havane, El Capitolio, cet ensemble néoclassique
qui avec son dôme de 92 m et ses statues de bronze encadrant l’entrée est une
pâle copie du Capitole de Washington, le Palacio de Bellas Artes qui accueille le Musée du
même nom, le Paseo del Prado, boulevard pittoresque lieu de promenade très prisé des cubains,
le Palaccio de los Malimonios…
Devant le musée se trouvent, à gauche un fragment de l’ancien mur de la ville, à droite un tank soviétique, un SU-100 qui servit à l’armée cubaine lorsqu’elle attaqua le Houston, navire qui transportait des mercenaires, sur la Baie des Cochons en 1961. Une infime partie de cette façade néoclassique est en rénovation.
Le Musée
de la Révolucion. Ce musée édifié en 1913, abrité aujourd’hui dans
un ancien palais présidentiel, retrace l’histoire de Cuba de la période
coloniale à la Révolution, avec une mise en lumière des évènements de la Révolution
de 1959 et des guérillas qui ont émaillé dans l’île pendant encore quelques
années. Il est si grand, il y a tant à découvrir, que nous n’en verrons que
quelques salles.
Depuis l’entrée, j’aperçois
ce magistral escalier, gardé par un buste de José Marti, ses murs conservent
encore aujourd’hui les traces de balle, conséquence d’une attaque du palais
présidentiel, le 13 Mars 1957, par un groupe d’étudiants, qui au nom de la lutte
clandestine en ville, projetait d’assassiner Batista. Cette rébellion fut écrasée
dans le sang, les manifestants furent presque tous tués, quant à Batista, il
réussit à s’enfuir par cet escalier qui donnait dans son bureau. Sur une
plaque de marbre noir, sont inscrits en lettre d’or, les noms de ces jeunes
tombés pour leur Liberté.
Ce palais présidentiel devint la résidence des présidents cubains de 1920 jusqu’à la fuite de Batista. On peut voir d’ailleurs un panneau avec noms, photo et la durée de leur mandat. Le superbe Salon de Réception a été conçu sur le modèle de la galerie des Glaces de Versailles, murs recouverts de miroirs et plafond décoré de fresques peintes.
Les premières salles que nous traversons font l’apologie des faits d’armes de Fidel Castro et du Che Ernesto Guevara, documents, photos, tableaux, sculptures en fil.
Dans le bureau de Batista, ou l’on voit un drapeau cubain, le rouge signifiant le sang versé, l’étoile la souveraineté de l’île, trône un buste de José Marti, car tous respectaient sa mémoire, une machine à écrire. Me voici arrivée dans une salle avec deux portraits dont un de Cespedés, ce « Père de la Patrie ». Au centre de la suivante, trois petites statues reliées par un même socle, ce sont celles des trois héros de la Révolution : Castro, Guevara et Cienfuegos.
Derrière le
palais, sur une place ombragée, se trouve le :
« Mémorial
Granma »
Ma première vision est pour cette flamme qui brûle en permanence, protégée par
des blocs de granit où a été gravée l’inscription « A los héroes
de la Patria Nueva »
Je discerne dans un grand bâtiment, protégé par des
vitres de verre, le yacht Granma (18m de long) sur lequel Castro et
81 hommes, alors exilés au Mexique, s’embarquèrent pour rejoindre Cuba, le 25
Novembre 1956.
Malheureuse tentative ! une mauvaise météo les fera débarquer
dans les marais avec trois jours de retard, entraînant la perte de contact avec
les maquisards qui devaient les y attendre.
Après avoir emporté le strict
nécessaire, ils partirent à pied se nourrissant uniquement de canne à sucre, mais
au bout de trois jours de marche, dénoncés les rebelles furent surpris, s’ensuivra
une bataille, une débâcle pour les révolutionnaires, seuls 22 survivants se
replieront dans les maquis de la Sierra Maestra. « Nous
laisserons pousser nos cheveux et notre barbe tant que nous ne seront pas
redevenus libres » aurait alors dit Castro, décision qui leur valut le surnom de
« barbudos ».
Ce modèle est une réplique, l’original gravement endommagé lors d’un cyclone en 2005, mais aujourd’hui remis en état, est visible dans la province d’Oriente. Réplique peut-être ! mais néanmoins surveillé 24 heures sur 24 !
On y trouve
aussi, le camion Fargo criblé de balles, qui servit
à l’assaut par les étudiants, du palais présidentiel le 13 Mars 1957, la Jeep Toyota de Raoul
Castro, la Jeep Land Rover de Fidel Castro, une Jeep Willy, une automobile
Pontiac.
On voit également l’armement qui a servi lors de la tentative de débarquement en 1961 de la Baie des cochons, opération orchestrée par les Américains pour assassiner les chefs de la Révolution et s’emparer de l’île : le Tank soviétique T34, le Hawker Sea Fury, chasseur cubain, un bombardier B-26 utilisé pour détruire la maigre et vieillissante flotte d’avions de combats cubains.
J’aperçois aussi le moteur du Lockheed U-2 avion espion américain abattu en Octobre 1962 lors de la crise des missiles nucléaires, conflit entre Russes et Américains qui nous fit frôler une troisième guerre mondiale
Après cette intéressante découverte d’un pan de l’histoire de Cuba, Félix m’amène vers des horizons plus lumineux, une imprégnation au cœur historique de la Havane, inscrit au patrimoine de l’Humanité par l’Unesco, un centre-ville colonial à l’architecture hispano-andalouse, qui fut restauré après trois siècles de quasi-abandon.
A
travers les vitres, face au port, j’aperçois très rapidement une splendide
statue équestre, au centre du Parque Martires del 71, construite sur un haut piédestal : c’est celle de Maximo Gomez, homme originaire de la République dominicaine qui
est devenu commandant en chef de l’Armée de libération de Cuba pendant les
guerres de l’Indépendance, aux cotés de José Marti.
La sculpture, effectuée en
1935, qui représente cet homme monté sur un cheval en uniforme de combat est en
bronze, les 12 colonnes et les bas-reliefs qui le soutiennent sont en marbre blanc de Carrare.
A coté du monument se trouvent deux drapeaux nationaux, symbole de l’amitié
entre ces deux pays voisins : la République dominicaine et Cuba.
Quelle statue ! même si j’en suis loin, impossible de louper ce Christ tant la sculpture est immense. Bénie par le pape Pie Xll, elle fut posée le 24 Décembre 1958, en présence de Fulgencio Batista, sur une colline à 51m au dessus du niveau de la mer, de l’autre coté du canal. Cette statue de Jésus de Nazareth tranche un peu dans ce pays athée, réalisée à Rome en marbre de Carrare, elle mesure 20 mètres de hauteur et pèse 320 tonnes. Comment cette gigantesque statue a pu être posée là ? pas moins de 17 hommes se sont attelés à la tâche, aidés par une grue pour y arriver.
Me voila sur :
La Plazza de
la Cathedral. Cette place fermée et piétonne, autrefois marécageuse est
bordée de bâtiments aristocratiques, tous bâtis au 18ème siècle et encore
intacts aujourd’hui. Le temps semble s’y être arrêté, pas de crépi coloré, uniquement
des vieilles pierres. En 1789 l’ancienne église des jésuites fut consacrée Cathédrale
de la Virgen Maria de la Immaculada Concepción, et rebaptisée de son nom actuel
en 1796.
Alors parlons en de cette cathédrale qui depuis sa grandiose façade baroque et ses clochers de largeurs différentes domine cette place !
Terminée en 1758, elle est aujourd’hui nommée San
Christóbal en hommage à Christophe Colomb, dont les cendres ont été conservées
dans la nef centrale, pendant plus d’un siècle, avant qu’en 1898 elles ne
soient transférées dans la Cathédrale de Séville. Son architecture
est typique d’une église jésuite : en forme de croix latines, des
chapelles rayonnantes et une nef centrale.
Quelle aubaine, elle est ouverte ce matin ! au
centre du chœur, j’admire le travail d’orfèvrerie de l’autel et du tabernacle
(marbre de Carrare incrusté d’or, d’argent et d’onyx) œuvre du sculpteur
italien Bianchini. Le plafond de bois et de plâtre est l’œuvre du
français J.B. Vermay, les superbes fresques ont été peintes par l’Italien
Peronavi.
Une des chapelles latérales est consacrée au pape Jean-Paul ll venu visiter en 1998 cette merveille, classée depuis 1982 au patrimoine mondial de l’Humanité. Ce voyage, le premier depuis l’avènement de la Révolution, ouvrit la voie à d’autres visites papales et à la réouverture des églises, qui avaient été fermées sur ordre de Fidel Castro, telles que celles de Benoit XV en 2012 et du pape François en 2015.
Maxwell nous donne alors du temps libre, le nécessaire pour se promener sur cette splendide place. Les cubains sont inventifs quant il s’agit de monnayer leur image, ici un homme a habillé ses deux bassets, l’un en policier avec révolver, l’autre en fan d’un joueur de base-ball. Là ce sont des femmes qui, assises sous les arcades ou sur les marches de la cathédrale, ont revêtu des habits traditionnels, elles se cachent le visage avec un éventail si vous n’avez pas auparavant donné l’argent demandé, à moins que ça ne soient des liseuses de cartes ou des diseuses de bonne aventure relevant de la religion Santeria, auquel cas je ne m’y frotte pas. Revêtues d’une superposition de jupons amples et colorés, un foulard recouvrant les cheveux, un panier de fleurs à la main, elles sont vraiment séduisantes, mais loin d’être avenantes.
Lors de
l’édification de ce cœur historique, ce sont principalement des comtes et des
marquis espagnols qui y firent bâtir de riches demeures.
Allez, on en fait le tour, vous m’accompagnez !
d’abord
a gauche de la cathédrale, voici le :u Palacio del
Conde Lombillo, aujourd’hui siège de la Direction de la Restauration de la
Vieille Havane, on peut y voir des peintures, tout à coté le u Palacio de
los Marqueses de Arcos, autrefois occupé par la Poste centrale,
désormais
il abrite une galerie d’art, aujourd’hui ce sont les œuvres de Victor Manuel qui sont montrées au public.
En face de la
Cathédrale, le u Palacio de los Condes de Casa Bayona, le plus ancien bâtiment de
cette place, bel exemple du style colonial, il fut siège du collège des
Greffiers, puis entreprise de rhum, aujourd’hui il abrite le musée d’art
colonial.
A droite, entièrement dans l’ombre et camouflé par les parasols du
restaurant, El Patio, qui l’occupe aujourd’hui, voici le u Palacio de
los Marqueses de Aguas Claras, sa façade noire et sale n’est pas enclin à faire de la
photographie.
Je n’ai pas traîné, certainement pris moins de temps que n’aurait mérité cette splendide place, j’aurais aimé découvrir les ruelles adjacentes ou monter au clocher de la Cathédrale, mais je n’ai plus confiance en Maxwell qui se contente bien souvent de dire « Tout le monde est là ? » Ne dit-on pas que les absents ont toujours tort, mais avec ce guide, depuis l’épisode de la forteresse de Santiago, j’ai toujours gardé en moi l’angoisse de me retrouver seule en terre inconnue.
Vous allez me dire « Mais ne
comptait-il pas ! « « Si, parfois, souvent même,
mais pas à chaque fois ! » alors entre miser sur une hypothétique
possibilité qu’il compte ou arriver entre 5 à 6 minutes avant l’heure du
rendez-vous, quitte à moins découvrir, j’ai dû choisir, mais je regrette
l’inaction
de ces précieuses minutes.
Au moment où nous allons repartir, Maxwell aperçoit un homme qui propose le « Granma » quotidien national édité en plusieurs langues, dont la version française. Ce journal vieux de quelques jours a consacré plusieurs pages à la tornade de la Havane, c’est ainsi que ce monsieur a fait son chiffre de la journée, car plusieurs d’entre-nous ont acheté 1 CUC ce journal périmé qui en vaut 0,50 CUC.
Du parking en bordure du canal où nous attend Félix,
la vue sur le Castillo de los tres Reyes del Morro, situé de l’autre coté de
l’eau est jolie. La distance menant au restaurant me permet d’avoir un aperçu
de ce magnifique Parque Central, un oasis planté de palmiers
royaux, avec le Centro asturiano aux tours d’angles caractéristiques.
Devant celui-ci l’inévitable statue de José Marti, sculptée à Rome dans du
marbre de Carrare et inaugurée en 1905 par le généralissime Maximo Gómez. Après
un nouveau passage devant le Capitole,
« Vite, on
s’arrête deux minutes, seulement le temps de prendre la photo » et hop ! le voilà
enfin dans la boîte, cet édifice néoclassique et Art déco avec son dôme de 92m
…
Maxwell nous
demande de continuer à pied, car dit-il « Il est
impossible à Félix de pénétrer dans ce quartier » C’est avec un réel plaisir
que j’arpente cette Calle Industrie, une rue du très vieux Havane, paradis des
vélos, là où les bâtiments aux fenêtres en fer forgé ne sont pas restaurés, fissures
sur les façades, sculptures qui s’effritent, peinture écaillée, là où le linge
est mis à sécher sur des balcons aux grilles rouillées, là où le cubain, assis
sur ses marches, laisse le temps passer.
La façade du restaurant « Vilota » situé 154, calle Industria, est accueillante, moderne et propre, la salle où l’on nous installe jolie, avec un soubassement en fausses pierres, des peintures accrochées au mur. L’apéritif proposé est un Cuba libre : mélange de rhum, coca et citron
Après ce déjeuner, Maxwell nous amène au :
Musée du
rhum.
La distillerie du Havana Club est située Calle San Pedro dans un hôtel particulier
colonial, une ancienne et authentique distillerie, passage bien évidemment obligatoire
lorsqu’on visite Cuba !
Ce musée, grande attraction touristique de la
Havane, est ouvert depuis Mars 2000. Chouette décor que ce rez-de-chaussée, un
patio ombragé avec des colonnes de pierres, des fougères, des yuccas et des
palmiers en pot, au fond un moulin à sucre qui ne demande qu’à presser des
tiges de canne.
Une cloche sonne le début de la visite, je fais
alors la connaissance d’Armando, un joyeux drille, qui va nous expliquer, en
français, tout le processus d’élaboration du rhum, allant de la canne
fraîchement coupée jusqu’à la mise en bouteilles.
Nous commençons par un
documentaire sous-titré d’un peu plus de 5 minutes qui va nous raconter
l’histoire de cette canne à sucre. Un escalier de pierre mène au premier étage, j’y aperçois
un authentique moulin à sucre. Un peu plus loin se trouve la maquette d’une ingenio
(une sucrerie) véritable chef d’œuvre aux détails impressionnants :
locomotive à vapeur, wagons qui transportent le sucre, fumée qui s’élève des
cheminées des raffineries, bâtiments des distilleries, ouvriers occupés à
droite, à gauche. Puis voici les salles de fermentation et de distillation ou
s’ alignent les fûts de fermentation, certains de ces tonneaux viennent de
France, les vieux alambics en cuivre.
Sur les murs, quelques dessins, j’aime bien celui des coupeurs de canne qui effectuaient il y a quelques années, ce travail à la machette avec comme seuls transport bœufs et charrettes, Plusieurs scènes représentées à l’aide de mannequins, tel cet homme qui roule son tonneau, donnent à ce musée un aspect réaliste.
Cet alcool fait partie du quotidien de Cuba, présent à toutes
les fêtes et réceptions, à la base de tous les cocktails. Sa fabrication commence
par l’obtention d’un produit dérivé du sucre, une pâte très épaisse ambrée
appelée mélasse, diluée dans l’eau et fermentée grâce à certaines levures.
Le moult ainsi obtenu est alors distillé, puis filtré pour donner une eau de vie. De l’eau pure et de l’alcool pur sont ajoutés 18 mois plus tard pour donner le Silver Dry, un rhum clair et jeune. Puis, sous l’œil d’un expert-goûteur on mélange du rhum vieilli avec du rhum nouveau, cet alcool obtenu reste quelques semaines dans des cuves jusqu’à l’obtention d’un parfait équilibre entre goût et arôme. Des tonneaux spéciaux en chêne servent au vieillissement du rhum pendant trois ans au moins. Le rhum gagne ainsi en couleur et prend du corps, Température, degré d’humidité et aération font l’objet d’une attention toute particulière.
Plus le rhum est vieux, plus il est cher, il est vendu sur le marché des rhums de 3, 5, 7 ans d’âge et même plus. La visite se termine par la salle de dégustation, ornée d’un immense bar en bois qui rappelle les établissements qui firent la renommée de la Havane dans les années 1930, le serveur a déjà préparé les verres avec du rhum de 7 ans d’âge. A coté se trouve la boutique, Maxwell nous conseille vivement d’acheter ici, car dit-il, c’est la meilleure marque de Cuba.
« Offre une bouteille de Maximo à ta
femme, elle t’aimera toute la vie » affirme Armando. Ce rhum est un assemblage
des rhums les plus fins et plus âgés vieillis dans les fûts d'Havana Club
pendant 50 ans. « Couleur ambré, arôme de chêne, de
poire fraîche et de noix de coco, douceur intense, gout boisé de vanille et de
chocolat, note finale irrésistible et épicée » ces quelques mots sont les
atouts pour sa vente. Ici le Maximo est proposé au tarif de 105 € la bouteille. Les
cubains exportent 70% de
leurs rhums partout dans le
monde, sauf aux USA, nous dit-il.
Sur les murs de ce bar, sont apposées les photos des différents cocktails avec leur composition, en voici quelques uns : le daiquiri mulata (rhum de 7 ans, jus de citron, liqueur de cacao, sucre) le canchànchara (rhum de 3 ans, jus de citron, sirop de miel) le mojito (rhum de 3 ans, un demi citron, sucre et feuille de menthe) le cuba libre (rhum de 3 ans, citron, coca)
Cette visite instructive et intéressante terminée, je me dirige à pied vers l’ensemble couvent-église de San Francisco, qui sera suivi par la découverte de la jolie place Vieja.
N’oubliez pas de vous rendre à la page suivante, vous y découvrirez encore de bien belles choses.
A tout de suite