Point N° 15 carte itinéraire) Lundi 4 Février 2019 (suite)
Seulement quelques minutes me sont nécessaires pour me rendre depuis le musée du Rhum situé Calle san Pedro, à l’ensemble église-couvent San Francisco de Asis.
Au Nord de la
place Vieja, nous remontons sur plusieurs centaines de mètres, la rue San
Ignacio et décidons de prendre à droite, au 5ème carrefour, un peu
au feeling, la calle Obispo, les rues croisées sont dans un tel état de décrépitude que ça
m’en fait pitié. Si nous avions alors choisi de tourner à gauche, nous serions arrivés
près du Parque Central, où domine le Capitole. Cette rue est nommée ainsi, non
pas en hommage à Pascal du même nom, mais à celui d’un évêque qui a habité dans
cette rue. Bien nous en a pris car nous arrivons rapidement devant une antique
pharmacie :
u La célèbre pharmacie Taquerel, l’entrée y est libre, mais le pourboire est le bienvenu ! Cette grande boutique est étonnante, c’est une immersion dans le temps avec ses boiseries en bon état, sa caisse enregistreuse d’origine, ses lustres d’antan, et partout dans les vitrines éclairées, des bocaux de majolique. Cette pharmacie est un musée de la pharmacopée, un apothicairerie d’antan avec une présentation d’alambics, d’objets anciens, d’instruments de médecine et de chirurgie de toutes les époques. Un panneau en bois précieux indique les principaux événements qui ont pu avoir lieu entre 1853 et 1896. Peu ou pas de boites de médicaments, comme ça serait le cas en France.
La rue Obispo, superbement
rénovée a retrouvé l’élégance, l’animation et les couleurs de l’époque
coloniale. C’est ici qu’au 117 se trouve la plus vieille maison de La Havane,
superbe casa à l’architecture rustique : pierres et balcons de fer forgé.
Encastré dans le mur de la façade un masque grec, bouche ouverte, attend le
courrier : cette boite aux lettres (buzón) dont il n’existe qu’un autre
exemplaire dans tout Cuba est la plus ancienne de l’île.
C’est ainsi qu’après avoir arpenté gentiment la rue
Obispo, nous arrivons à la Plaza de Armes, avec à gauche, le Palais des
Gouverneurs donnant sur la calle Cuba Tacón. Celui-ci est fermé, mais comme
la curiosité est la principale qualité de la femme, n’est-ce pas ! nous essayons
de discerner ce qu’il y a derrière le trou de la serrure, la statue de
Christophe Colomb hissé sur un piédestal au milieu d’un patio, entouré de
pierres, a de quoi nous donner l’eau à la bouche. Ce palais, connu aujourd’hui
sous le nom de Palacio de los Capitanes Generales fera l’objet d’une visite
approfondie après-demain, mais au moment présent je n’ai pas fait le
rapprochement entre ces deux noms.
Sur notre droite, sur
un flanc de la Plaza de Armes se trouve sur la calle O Reilly, le Palacio
Segundo Cabo, construit en 1775 par le marquis de la Torre. Un peu plus loin
se dessine la silhouette du magistral et impressionnant monument Castillo de
la Real Fuerza, la plus ancienne construction militaire de la Havane avec d’épaisses
murailles, des douves remplies d’eau, des canons. Ce fort construit entre 1558
et 1577 était destiné à protéger la ville des attaques de pirates, notamment
après les ravages causés par le flibustier français Jacques de Sores qui, en
1555, avait mis la Havane à feu et à sang. En 1635 on plaça sur l’une des tours
une girouette appelée la Giraldilla qui devint le symbole de la Havane.
Après avoir contourné ce château, aperçu les canons à
travers les grilles, nous apercevons le canal. Ouf !….nous sommes arrivés sur
la bonne avenue, maintenant reste à trouver parmi les nombreux bus de Transtur alignés
sur cette promenade, celui de Félix. C’est bon ça y est ! le mari d’Edith
l’a repéré, il s’est garé de l’autre coté de la fontaine de Neptune, dieu de la
mer. Nous avons encore une petite centaine de mètres à parcourir mais il nous
reste 5 bonnes minutes, donc pas de panique ! Et là l’impensable se
produit, une à deux minutes avant l’heure du rendez-vous, Maxwell demande à
Félix de partir, malgré nos protestations, car 4 personnes du groupe sont
absentes. Il s’arrêtera toutefois quelques secondes plus tard, lorsque nous remarquons
Dali et son mari courant vers le bus en faisant de grands signes, quant à
Catherine et Odile, les deux copines, elles ont eu chaud ! car ne connaissant
toujours pas le numéro du bus de Félix, elles attendaient un peu plus loin sur
cette promenade et ont été récupérées in-extrémis.
Maxwell est un homme charmant qui commence toujours ses phrases par « Mes amours » qui amuse avec ses histoires de belle-mère, connait bien l’histoire de son île, a très bien organisé le circuit, mais à mon humble avis, n’a pas les qualités d’humanisme nécessaires à cette profession, comme de nous laisser crever de soif la première journée, nous engueuler vertement parce que le compte de bouteilles n’y est pas, bouteilles achetées à l'unité près... me laisser seule complètement perdue dans le fort de Santiago, dès le premier midi, m’isoler lors d’un repas, ne pas prendre des nouvelles d’un couple qui malade à Trinidad, est allé se coucher sans dîner, filer dans les villes sans trop se préoccuper si derrière ça suit bien, et maintenant ce départ d’une capitale alors qu’il sait que tout le monde n’est pas là, et j’en passe !.... Je n’en suis pas à mon premier voyage en VO, loin de là ! mais c’est la première fois que je rencontre un guide aussi désinvolte, pas spécialement soucieux du bien-être de ses clients, pensant le plus souvent qu’à une chose : danser et nous faire danser.
La visite du hall
d’accueil de l’hôtel National nous est conseillée, celui-ci est situé à 200m
environ du Capri où je suis logée. Cet hôtel à la haute
architecture
néoclassique, construit en 1930 est une splendeur, portiers, hall somptueux ressemblant
à la Galerie des glaces, court de tennis, jardins avec tables dominant l’océan et
le Malecón, fontaines où viennent s’abreuver les oiseaux. C’est probablement
pour ce cadre privilégié que François Hollande choisit cet hôtel lors de sa
venue à Cuba en mai 2015.
Un peu avant l’entrée, une petite tour Eiffel posée sur un pilier attire mon attention, c’est ici au cabaret « El Parisién » que tous les soirs chanteurs et danseurs se produisent, proposant un show genre « Folies Bergères ». Je ne m’en préoccupe pas plus que cela, car Guillermo, le représentant d’Havanatours, avait parlé lors de notre arrivée d’un superbe spectacle proposé en option, à la Havane « Le Tropicana » dont suivant toute logique, Maxwell devrait parler demain.
Vous vous
souvenez ! lors de la visite de Bayamo était prévu une balade en calèche,
celle-ci n’avait pas eu lieu car réquisitionnées, Havanatours avait alors décidé
de nous faire découvrir : le traditionnel cañonazo de las nueva. Cette
cérémonie a lieu dans la forteresse de San Carlos de la Cabaña, l’une des plus grandes
d’Amérique latine, là où au lendemain de la révolution, Che Guevara installa
son quartier général pendant quelques mois.
Le dîner à peine fini, Félix nous amène dans ce lieu
qui se situe de l’autre coté du canal. Vers 20h45, une escouade de cadets
d’artillerie vêtue à la mode coloniale se dirige vers un canon, les militaires défilant
au son du tambour. La torche à la main un des soldats effectue une mise en
scène autour de cette pièce d’artillerie d’époque, et à 21 heures précises,
tonne l’unique coup de canon. Signal qui annonçait les fermetures des portes de
la ville, lorsque La Havane, au 18ème siècle était entourée de
murailles. Bien qu’on en soit loin, loin pour bien voir, et que Maxwell nous
ait prévenus, de frayeur ce coup de canon me fait lâcher la position de
l’appareil photo. Cette cérémonie perdure et n’a été interrompue que pendant la
seconde guerre mondiale.
Ci-dessous, petit montage de 4 minutes.
Ce soir, c’est la course contre la montre, pas le
temps de flâner sur cette forteresse illuminée, car Félix nous doit mener pour
21h30 à la Meson Rosalia, l'ancien Palacio de la Marquesa de Villalba. S’y produit une troupe composée d’ une cinquantaine
de célèbres chanteurs et musiciens cubains faisant partie de la « Société
Cultural Rosalia de Castro Egido » C’est à l’étage de cette splendide
maison, dans un joli cadre, pierres apparentes, boiseries bleu vif, gros
piliers de granit, que ceux-ci font leur prestation. « Tradicionales de
los 50’ » ce groupe de musique populaire fondé en 1927 offre un répertoire
cubain des années 1950 (El Carnaval, Guantanamera ou encore Volare...) assistés
par quelques chanteurs aux noms célèbres (Raquel Hernandez, Mundito Gonzàlez,
Orestes Macias…) Le chant est complété par un couple qui
danse sur des rythmes
authentiques cubains.
Une table nous a été réservée au fond, mais face à la
scène, l’orchestre est juché sur une petite estrade, les chanteurs passent parmi
les spectateurs. Pour accompagner ce divertissement de l’âge d’or de la musique
cubaine, qui va durer deux heures, trois cocktails sont proposés, avec
cependant la possibilité de demander « sin alcool ». Mais où est donc
Maxwell ? mais pourquoi me pose-je cette question ? bien sûr qu’il
est là bas, près des musiciens et il danse. Ayant le rythme dans la peau, il
nous invite à le rejoindre, ce que quelques uns d’entre nous font
avec grand plaisir.
Ci-dessous, petit montage d'à peine 3 minutes
Cette journée fut intense en découvertes et émotions. Il est près de minuit, il va donc être grand temps d’aller au lit, car demain départ à 8 heures pour une découverte de l’Ouest de la Havane, de cette région propice à la culture du tabac.
A demain donc, et bonne nuit !