Mardi 5 Février 2019 (suite)
Après avoir observé
ce matin les ouvrières, lorsqu'elles manipulaient les feuilles de la finca Montesino, ferme
consacrée à la culture du tabac, ainsi que les torcedors, ces rouleurs de cigare
travaillant à la fabrique Francisco Donatien, je découvre de derrière les vitres
du bus, la ville de Pinar el Rio. Félix en fait un tour panoramique, cette
cité est surnommée « la ville des chapiteaux » en raison de ses
maisons aux colonnes corinthiennes, telle par exemple celle très particulière du
palacio de Guasch, édifice extravagant mélangeant arcs mauresques, flèches
gothiques et éléments baroques. Donc ! après cet aperçu de Pinar el Rio
nous remontons vers le Nord en direction de :
La vallée
de Los Vinales. Profitant d’un petit moment en bus, je pose la
question à Maxwell « Quand nous parlerez-vous du
Tropicana, car il ne reste plus que ce soir ? » et là, la réponse me laisse
sans voix « Je ne vais pas le proposer, car c’est trop cher » Ma déception est grande,
ayant mis de coté la somme nécessaire pour ce spectacle qui me tenait à cœur, spectacle
suggéré par Guillermo, le représentant d’Havanatours, dès le jour de notre
arrivée.
Félix nous dépose au :
* Mirador de l’hôtel Los Jasmines (point N° 17 carte itinéraire) bel endroit, mais très touristique, des musiciens nous attendent sous l’immense belvédère couvert.
Un homme transformé en statue de bronze, pose devant une sculpture qui indique
les directions de plusieurs capitales, Paris : 7864 kilomètres. Cet homme
est malin, car restant devant celle ci, il est impossible de la prendre sans
devoir le photographier lui aussi, et c’est alors « raboule le peso »
un peu pesant à la fin.
Beaucoup de boutiques présentent leur
artisanat, il y aussi la possibilité de faire une promenade à dos de buffles,
ce qui doit être bien agréable, vu les splendides paysages.
De ce belvédère, je découvre un spectacle époustouflant ! un jardin d’Eden, océan de verdure, alternant champs de tabac et bosquets de palmiers. En toile de fond, se dressant au-dessus de la plaine et barrant l’horizon, j’admire ces incroyables reliefs, les « mogotes ». Ces formations karstiques, principalement en forme de pain de sucre sont les restes d’un ancien plateau calcaire. Pendant plusieurs millions d’années, les rivières souterraines érodèrent le calcaire tendre, seuls subsistèrent les piliers de calcaire dur qui formèrent les mogotes. Ces derniers ne sont en général tapissés que d’une fine couche de terre. Cette vallée de Viñales est d’ailleurs, à juste titre, classée au Patrimoine culturel de l’Humanité de l’Unesco depuis 1999.
:
Je me revois un an plus
tôt, visitant la jolie région de Guilin en Chine le paysage est ressemblant à
s’y méprendre, le crachin en moins. Nous voici arrivés
devant :
* La Cueva de San Miguel, c’est une vaste excavation couronnée de belles stalactites, sous laquelle a été aménagé un grand bar. Un panneau rédigé en espagnol et en anglais raconte l’histoire de cette grotte qui fut le refuge d’esclaves africains, « les cimarrones » lors de l’essor de l’industrie sucrière au moment de la colonisation espagnole.
A la suite de Maxwell nous parcourons l’étroit passage long de 140 mètres. L’accès est inclus dans le circuit, mais il semblerait qu’il faut régler 3 CUC pour accéder de l’autre coté, bien cher pour une balade de seulement quelques minutes, d’autant qu’il y a une autre sortie, mais interdite !
Maxwell nous fait imaginer la présence de reptiles, de chauve-souris qui vivraient tapis dans l’obscurité de la grotte, et qui gênés par notre présence se manifesteraient, mais « Mes Amours, je surveille et je les chasse » nous voici donc rassurés !
Au terme de ce goulet, effectivement un serpent ondule à notre passage, entraînant quelques cris de frayeur, mais non ! c’est tout simplement un employé qui s’amuse en faisant onduler, par une anfractuosité de la roche, une feuille de bananier, dans le noir il fait illusion une fraction de seconde.
Après ce laborieux
passage qui traverse le mogote, me voici arrivée dans un étonnant refuge de
verdure, isolé entre de hautes parois rocheuses, c’est ici que les esclaves
africains en fuite, surnommés « les marrons » auraient vécu.
Trois
personnes, dont une femme toute de blanc vêtue, nous interprètent, pendant
à peine deux minutes, une danse issue de leurs traditions afro-cubaines,
folklore relevant de la santeria. Impressionnant cet homme qui joue ainsi avec
le feu, se passant la torche allumée un peu partout sur le corps ! Là
encore...une coupelle est présentée à la fin de cette prestation.
Dans cet univers sentant
bon la nature, quelques objets sont présentés pour nous rappeler ce que ces
hommes ont subi, notamment cet outil de torture qui consistait à mettre la tête
et les mains de l’esclave dans un carcan pour sans doute pouvoir mieux le
fouetter.
C’est ici que se dressent les paillottes du restaurant El Palenque de los Cimarrones, le cadre est magnifique avec ces collines verdoyantes couvertes de palmiers et autres cocotiers. Ces petites huttes recouvertes de feuilles de palmiers, ont été réalisées selon le modèle des anciens villages africains guanos.
N’ayant pas digéré l’absence du spectacle, et je ne suis pas la seule déçue du groupe, je fais alors une suggestion à Maxwell : « Ce soir, au National, il y a un spectacle, moins onéreux, je suis certaine que ça pourrait intéresser plusieurs personnes, pourriez vous en parler cet après-midi dans le bus ? » C’est très clair et non agressif, le National n’est qu’à une courte distance du Capri, on peut y aller par nos propres moyens, ça ne l’engage en rien, si ce n’est que de tous nous informer !
Le déjeuner terminé, nous allons découvrir :
* La grotte
de l’indien (cueva del indio) Cette grotte découverte en 1920, servit de
refuge aux indiens Gunahatabeyes pendant la conquête de l’île, au 16ème
siècle, par les Espagnols.
Nous commençons par une petite marche pédestre à travers un parcours aménagé, admirons au passage les concrétions, puis c’est à bord d’un bateau à moteur, et non électrique ! va falloir qu’on leur inculque quelques notions d’écologie…. qu’on termine celle-ci, une balade de 500 mètres sur la rivière souterraine San Vincente.
La sortie se fait à l’air libre, au pied de quelques boutiques d’artisanat, un superbe bœuf aux cornes impressionnantes se prête pour la photo, si la bestiole est impassible, le maître est lui à l’affut du touriste.
Arrêt à :
* Viñales. Maxwell nous donne un petit
peu de temps libre sur la place de cette bourgade, qu’y voir, qu’y faire, comme
ça à l’improviste ! J’arpente en long et
en large la petite place José
Marti, celle-ci est entourée de l’ancienne Colonia española (quartiers
diplomatiques de la noblesse espagnole) maison à arcades qui abrite aujourd’hui
le Centre Culturel, et d’une mignonne petite église de 1888, celle del Sagrado
Corazón de Jesūs, au centre prône le buste de José Marti.
A la descente du bus, j’ai aperçu plusieurs se diriger vers un marché à quelques dizaines de mètres de là, allant à leur rencontre, je ne devrais pas avoir de problème, alors allons-y ! Mais nous laisser à proximité du jardin botanique regorgeant de plantes ornementales, d’orchidées, d’agrumes… aurait pu être sympa aussi ! Ce jardin est trop loin de la place pour m’y risquer seule dans le court laps de temps imparti.
A 4 kms de Viñales se trouve :
* Le Mural
de la Préhistoria. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire ici un speech sur la
préhistoire !
Cette fresque de
120m de haut et 180m de large fut peinte entre 1959 et 1962 sur la paroi d’un
mogote par Léovigildo Gonzàlez, disciple du célèbre peintre muraliste mexicain
Diego Rivera, à la demande de Fidel Castro. Restaurée en 1980, elle raconte
l’histoire de l’évolution depuis l’amibe jusqu’à l’Homo sapiens.
Nous y faisons une pause, le cadre est idyllique, à cette heure de la journée, le soleil crée un jeu de lumière entre la fresque plongée dans l’ombre et les mogotes resplendissants sous les rayons solaires. Un chemin goudronné circulaire permet de s’y approcher.
Un paysan, dans
l’espoir du peso facile, fait des allers-retours sur une verte et magnifique
pelouse tenant à la laisse son joli buffle blanc, il est vrai que cette photo
est bien tentante !....
A la buvette est proposé un très bon
pina-colada (rhum-jus d’ananas et lait de coco frais).
Maxwell affirme que c’est ici que sont tombées les pierres lors de l'explosion de la météorite il y a seulement trois jours, mais s’il est vrai que les habitants ont dû avoir une grosse frayeur voyant des pierres de la taille d’un poing leur tomber sur la tête, les chercher aujourd’hui dans la campagne est comparable à chercher une aiguille dans une botte de foin, et de cailloux météorites point ne verrons !
Félix n’a pas terminé sa journée, ll doit nous
ramener à la Havane, il est à peine 17 heures et nous avons près de 200
kilomètres à avaler. Les minutes, puis les heures passent et Maxwell ne parle toujours pas du cabaret.
Je suis déçue car si j’avais su qu’il ne désirait absolument pas proposer
le show du Tropicana, j’aurais eu le temps hier soir, de me renseigner près des
personnes qui tiennent le bureau touristique dans le hall de l’hôtel. Bureau
qui sera très certainement fermé quand je vais arriver ce soir. Mon « guide
Michelin » m’indique que ce cabaret propose un spectacle de qualité de
danse et musique cubaines tous les soirs à partir de 22 heures, ce
qui me donne du temps. J’ai tout de même un doute, n’aurait-il pas fallu réserver
au moins la veille ?
Effectivement le bureau d’Informations est fermé. Pour essayer d’en savoir plus je me dirige vers l’accueil de l’hôtel, mais ça risque d’être compliqué, car « no habla español ”; c’est alors que Maxwell me demande ce qui ne va pas. Voyant ma détermination à aller à ce spectacle, il s’occupe enfin de moi !…. et se renseigne, il s’avère que les billets sont à prendre sur place. Vu que le dîner de ce soir est sous forme de buffet, ça devrait le faire, youpiiii.
Je choisis de dîner tard et de filer
seule…. directement vers le National, non sans avoir pris le soin de prévenir
Maxwell ainsi que plusieurs du groupe, il est alors à peine 21 heures. Le portier
à l’entrée du cabaret “El Parisièn” me demande “in english” si je désire entrer,
merci à mes restes d’anglais !! sympathique il m’accompagne jusqu’à l’entrée, où
là je règle avec ma carte de crédit, ce qui au final me reviendra, frais
bancaires inclus, à peine à 40€.
Je suis impressionnée, ce n’est pas du tout comme à la Meson Rosalia d’hier soir, ici c’est une salle de cabaret, le sol est recouvert de velours rouge, les murs de fresques et de tentures, il y a de nombreux marches qui descendent vers la scène, des miroirs sont posés sur les cotés de celle-ci, les gens finissent leur repas. Le placeur me fait signe de le suivre, et on descend, et on descend… je n’en crois pas mes yeux, je ne suis qu’à quelques mètres de la scène, à une table de deux, il n’y a qu’un couple qui dîne qui me génera un petit peu, quoique cette scène comporte de nombreux niveaux.
Derrière moi,
c’est la cloison, je pourrais si je le désire me lever, j’ai vraiment bien fait
de m’y prendre tôt ! il est vrai que de placer une personne seule est plus
facile qu’un tablée de cinq ou six. Le serveur m’apporte un mojito, je lui fais comprendre que
non je n’ai rien commandé, “Mais
si madame, mais si ! “ me fait-il
comprendre.
Pour faire patienter, en attendant le début du spectacle, un orchestre composé de quatre musiciens interprète quelques morceaux, je profite pleinement de l’instant présent, ne m’en faisant pas de trop pour le trajet du retour, vu la courte distance et le bon éclairage.
Je me régale, il n’y a pas d’autres mots !
“El Parisièn”
présente un très bon spectacle de cabaret, la revue est rythmée et toute en
couleurs. Une trentaine d’artistes sur scène enchainent les séquences avec un
rythme effréné, ça bouge de tous les cotés. La chorégraphie des danseurs est
parfaite, les costumes tropicaux sont magnifiques. C'est certain que les jeunes femmes lèvent
la jambe moins haut et moins raide que nos danseuses nationales, mais elles font de leur mieux.
Lors des courts intermèdes, sont présentés des numéros tels que des équilibristes, des acrobates, ou un joueur de percussions. Ce spectacle va durer un peu moins de deux heures et je ne m’y suis pas ennuyée une seconde. J’ai lu par ailleurs, que celui-ci ne se renouvellait pas, le même depuis des années, un reproche, oui sans doute ! mais ça je m’en fiche, ne pensant pas y retourner un jour.
Ci-dessous, courte vidéo, je suis désolée, mais seule, il
m'est difficile de filmer et de photographier en même temps. Il est vrai que j'aurais dû un peu plus privilégier
la vidéo, quoiqu'il en soit, je vous offre de bon coeur ces près de trois minutes
Au terme de celui-ci je n’ai pas l’intention de traîner,
mais je prends toutefois le temps
d’immortalisr cette entrée. Il s’avère
que le couple placé tout à coté de moi dans la salle loge également au Capri,
je mets donc mes pas dans les leurs.
Le lendemain matin, montrant mes photos, plusieurs du groupe me demande “Mais tu as vu ça où, et quand ? “ Hé oui, ces personnes auraient bien aimé y venir ! “Prenez vous en à Maxwell, je lui ai demandé hier lors du retour à la Havane, de le proposer ! “ J’avais bien parlé un peu de mon projet autour de moi, mais pas forcément à tout le monde. Et ne dit-on pas : on n’est jamais si bien servis que par soi-même !
Ce soir, c’est la dernière nuit à La Havane, mais également la dernière à Cuba, le voyage vogue sur l’ultime ligne. Quoiqu’il soit près de minuit, je refais ma valise en fonction de ce qui est ou non autorisé en cabine, car demain c’est le retour sur Paris, mais il reste encore une demie-journée que Maxwell va mettre à profit pour une balade en belle américaine, et la visite du Palais des Capitaines Généraux.
Allez, Go ¡ on y
va