Mardi 29
Janvier (suite)
Au nord de Ciego de Avila, il existe une région de marécages, de lagunes et de mangrove qui est un paradis pour les oiseaux. Cette zone où nous arrivons est connue sous l’appellation de « Jardines del Rey » (Point N° 8 carte itinéraire)
Ce territoire qui s’étend sur 200 kms compte plus de 400 petites îles en parties désertes. Celles ci furent découvertes en 1522 par le conquistador Diego Velasquez qui tomba sous leur charme et les dédia à son roi, d’où leurs noms. Plus tard elles servirent de refuge aux pirates et après l’abolition de l’esclavage, au débarquement clandestin des esclaves.
Il est dit que Fidel Castro et l’auteur américain Ernest Hemingway, tout deux grands passionnés de pêche, y venaient souvent taquiner, non pas le goujon, mais l’espadon.
Ces plages insulaires sont aujourd'hui mondialement réputées pour leur beauté
mais il n'en a pas toujours été ainsi; avant les années 1990,
ce n'était que marais de mangrove infestés de moustiques.
Parmi les îlots les plus touristiques, on peut nommer
Cayo Coco (cayo signifiant îlot) Cayo Cuillermo, reliées entres-elles par un petit pont et Cayo Santa
Maria. Cette région a été lourdement endommagée lors du passage de l’ouragan
Irma en Septembre 2017. L’aéroport et les hôtels furent fermés, la route qui
les relie à Cuba fût si endommagée qu’il fallut momentanément la fermer
également, près de 80% de la végétation a été balayé par les vents.
Le pedraplèn, cette digue achevée depuis 1999, cette route de 27 km qui relie Caibarien à Cayos Coco serpente sur l’océan. Aujourd’hui asphaltée, Félix semble y être à l’aide, mais il ne faut pas oublier qu’elle est le résultat d’un travail titanesque, laborieux qui a duré 16 mois et nécessité plus de 3 millions de m3 de roches et pierres, énorme chantier où des hommes ont risqué leur vie. Ce superbe ouvrage, ce témoignage d’une incroyable ingéniosité peut être dangereux la nuit car la route n’est pas éclairée et ne bénéficie d’aucune barrière de sécurité.
« Félix, j’espère que tu n’as pas
abusé de mojitos, notre vie en dépend ! »
Stop !
péage ! Pour accéder aux cayos il faut s’acquitter d’un droit d’entrée de quelques
CUC et justifier de son identité, car le cubain n’est pas autorisé à franchir
cette zone, excepté faite
des salariés des hôtels, la
beauté de l’île n’est ainsi réservée qu’aux touristes. Etat de fait qui me met
mal à l’aise, me donnant l’impression d’être une intruse.
Il est à présent 17h30, le soleil colore le paysage
de ses derniers rayons, Félix s’arrête sur le bas-côté m’offrant ainsi ce
moment de plaisir : un coucher de soleil sur la mer. Face à moi j’aperçois cette
tour qui a pris des teintes orangées, cette sorte de mirador où des panneaux
publicitaires annoncent cette zone « Jardines del Rey »
Lorsque, un peu plus tard, Félix nous dépose à l’hôtel
Daïquiri de Cayo Guillermo, il fait nuit noire. Quel bord… ce chek-in ! il
me faut encore remplir un formulaire, puis l’on me met au poignet le fameux
bracelet qui me permettra de manger et boire à volonté hum !.. dans tous les
bars et restaurants de cet hôtel, ainsi qu’un coupon pour l’obtention d’une
serviette de plage utilisable pour la durée du séjour. « Si vous ne
rendez pas cette serviette, vous devrez vous acquittez de 25 € » nous prévient
Maxwell, chère la serviette, et pourtant ! n’ayant pas fait gaffe à quelle
heure le « club house Toallas » fermait, on a bien failli !
Ce complexe hôtelier ouvert depuis 1998 compte 312 chambres réparties en 13 bungalows. On m’attribue une chambre quasiment à l’extrémité du parc, au bungalow « Pinar del rio », vous voyez sur la photo aérienne ci-dessous, la bas tout au fond !
Un employé avec sa voiturette apporte ma valise
jusque dans ma chambre. « Que désire-t-il à rester planté
là ! bien sûr qu’il attend son pourboire, une seconde jeune homme ! »
Soyez
prévoyants, pensez dès votre arrivée sur le sol cubain, à faire beaucoup de menue monnaie, car
donner un pourboire à Cuba c'est comme puiser dans un puits sans fond, on n'en voit pas la fin !
Je suis au 3ème étage
et la seule du groupe à être dans ce bâtiment, le trajet en voiturette m’a
semblé interminable j’ai l’impression d’ avoir parcouru un labyrinthe. Est-ce
que d’ici une heure, je vais réussir dans le noir, à travers ce dédale d’allées,
à retrouver le restaurant pour y dîner ? à cet instant, je suis loin d’en être
convaincue.
Les dîner et petit-déjeuner
se prennent, sous forme de buffet, dans une immense salle, forcément bruyante.
Sortie de ma chambre je fais mentalement des repères, car je n’ai pas envie de
passer la nuit dehors, malgré un manque d’indication et des allées allant dans
tous les sens, je l’ai enfin trouvée, ouf ! Heureusement les bungalows tous
peints d’une couleur pastel, le sont chacun d’un ton légèrement
différent.
Au « théâtre Havana club » se produit chaque soir à 21 heures, un spectacle différent, d’environ 50 minutes, cette salle est sur mon chemin, aussi m’y suis-je rendue et je n’ai pas regretté, ce spectacle, le « Fantasia Tropical » était visuel, coloré, vivant.
Ma chambre : deux grands lits, un balcon plein sud, un mini-frigo rempli tous les deux jours ainsi qu' un télévisieur mais pas de télécommande ! serait-ce une option payante, où craignent-ils que d’indélicats clients l’emportent ? tout est possible !) ! Inutile de vous dire que Maxwell a passé ses consignes, récupérer les bières et les lui donner, il les distribuera aux nécessiteux !...
Mercredi 30
Janvier
Je me réveille et regarde l’heure, il est 6h30, je sais qu’il y a un belvédère tout près de ma chambre et là, woouah ! le spectacle dont je ne me lasse jamais est là, le soleil qui se lève sur la plage el Paso et les palmiers royaux.
Le petit déjeuner avalé il fait à présent jour, depuis
les hauteurs de mon 3ème étage je l’aperçois alors mais qui
donc ? hé bien ce petit chemin de planches d’une cinquantaine de mètres,
qui va directement de l’arrière de l’hôtel à la plage, ces planches sont posées sur le
sable, le tout est entouré d’une magnifique végétation.
Là, je suis rejointe par Christiane, Valérie et Serge, avec lesquels nous allons marcher toute la matinée en direction de la Playa Pilar, à l’Ouest de l’hôtel. C’est un moment agréable, tout en admirant ce paysage des Caraïbes, nous apprenons à nous connaître. Ce dégradé de bleu est magnifique, l’eau y est cristalline. Ces plages payantes sont la propriété de chaque hôtel. Ici face au Daïquiri, c’est tout simplement magnifique, je n'ai pas d’autres mots ! paysage de carte postale avec ces paillottes recouvertes de feuilles de bananiers, paillottes allant à la rencontre de l’Océan et que nous partageons avec pélicans et mouettes.
Après déjeuner, je me balade seule à travers les nombreuses infrastructures de l’hôtel, le court de tennis, le salon de massage, la salle de gym, le bassin, la piscine. Les chambres sont reparties par quinze ou vingt dans de jolis bungalows essaimés au milieu de palmiers et de genévriers. Les piliers de support se terminent d’une étrange façon, ce qui leur donne leur charme et une certaine authenticité. J’erre ça et là au gré de mes envies jusqu’au au pied de ces bâtiments, fais la rencontre de quelques spécimens de la race féline. De belles pelouses et des petits arbustes viennent agrémenter le tout.
Le bloc central est composé du théâtre, d’un bar « le Mojito » de l’accueil, des divers restaurants, ainsi que de plusieurs boutiques (bureau de change, zone wifi, souvenirs et réclamations en tout genre, comme par exemple ce manque de télécommande.)
Dans un coin du
hall d’accueil, divers catalogues proposent des excursions, il doit bien y
avoir à un certain moment quelqu’un pour donner des informations !
Je termine mon après-midi comme beaucoup doivent le
faire, le verre (coca, je précise, pas un mojito !...) à la main, allongée
sur un transat à profiter du soleil. Qui que voilà qui se promène
tranquillement dans les herbes, tout près des baigneurs ! c’est un bien bel
ibis blanc.
Regardez un peu la photo du transat que j’ai occupé, n’est ce pas un endroit idyllique ? A l’heure de l’apéro, le groupe qui s’était éparpillé dans la journée se reforme autour d' un des innombrables cocktails proposés, il va s’en dire ! des musiciens mettent l’ambiance, bref ! une journée à ne rien faire qui se termine, et dire qu’il y a en a une seconde !
Ce soir le spectacle proposé ne m’intéresse
pas. Je vous souhaite donc bonne nuit et à demain
Jeudi 31
Janvier
Ce matin je fais la course avec le soleil, puisqu’aujourd’hui il se lève à 6h25, alors moi ça sera à 6h10 ! et c’est ainsi que dès que les premiers reflets rougeoyants apparaissent, je suis déjà installée sur la plage, prête à les capturer. Les gros nuages noirs présents dans le ciel offrent un superbe contraste de couleurs. A cette heure matinale je ne peux pas dire que je soies gênée par les autres personnes, nous ne sommes alors que quatre !
Après le petit déjeuner, notre quatuor a pris la décision de prendre le premier bus qui va, moyennant 5 CUC, à la Playa Pilar à 7 kms de l’hôtel, nom provenant du yacht d’Ernest Hemingway, qui fan de cet archipel, en a même fait les louanges dans l’un de ses romans. Ce bus à impériale qui circule en boucle dans les cayos, récupère les clients de chaque hôtel, le ticket valable toute la journée est à demander au chauffeur.
Depuis l’étage de
ce bus panoramique, je remarque qu’entre deux hôtels ce ne sont que marais et
mangroves. Pour accéder à cette plage, il faut emprunter une passerelle d’une
centaine de mètres.
Si cette plage de
500 mètres est aujourd’hui encore vierge de toute infrastructure hôtelière, il
y a néanmoins un bar et un centre nautique qui propose en location : chaises,
transats, embarcations non motorisées permettant de pratiquer la pêche en
haute-mer ou la plongée sous-marine, car ici les fonds marins peu profonds
recèlent une faune riche et exotique, ainsi qu’une célèbre barrière de corail.
Cette plage est
ceinte par des falaises abruptes et des dunes de sable de 15 mètres : les
dunes de Pilar. Quoique le nom soit quasiment identique, ne confondez pas avec
la dune de Pila ! L’eau y est limpide, turquoise, en face on
peut apercevoir au loin Cayo Media Luna, un ilot vierge distant à seulement 2
kilomètres.
La balade sur cette plage de sable poudreux et clair est rapide, la
distance est vite parcourue car celle-ci ne communique avec aucune autre, il
nous faut donc faire demi-tour.
Au retour, nous nous arrêtons à l’hôtel Grand Mutho, un superbe hôtel qui vient d’ouvrir. Cet établissement vaut bien ses cinq étoiles avec son hall d’accueil qui mène directement à la plage, notre bracelet nous interdit d’y consommer, mais pas de l’admirer. Derrière nous une grue de chantier, il y a fort à parier qu’un autre hôtel verra le jour dans pas si longtemps sur ces superbes rivages. Au moment où j’écris ces lignes, sur la douzaine de kilomètres que compte le rivage de Cayo Guillermo, une dizaine s'y sont déjà implantés.
De cet hôtel, nous marchons encore sur ce sable fin
et blanc pour revenir au Daïquiri, mais à peine avons-nous fait 200 mètres que
nous sommes abrutis par un haut parleur qui propage de la
musique cubaine à haute dose, courage fuyons !…..
Un peu plus loin voici une zone réservée aux pratiquants de kitesurfing (sport de glisse qui consiste à tenter de s’élever au-dessus de l’eau, étant tracté par un cerf-volant) Je contemple avec admiration et amusement ce joli ballet qu’effectuent dans le ciel ces cerfs-volants colorés.
Il n’est pas loin de 14 heures, nous décidons d’aller déjeuner au restaurant « la Marina » situé tout près de la plage, celui-ci, comme son nom pourrait y faire penser ne propose que du poisson.
Un peu plus tard, je retrouve mes compères allongés sur leur transat, je me joins à eux et nous finissons ensemble l’après-midi à farnienter. Puis Valérie nous confie un épisode de sa vie, ce qu’elle nous raconte est loin d’être banal et si intéressant que nous ne voyons pas l’heure passer, et lorsqu’à 17h10 nous décidons de plier bagage, faut dire aussi que nous sommes les derniers, en effet le soleil se couchant à 17h30, la plage s’est désertée, donc je disais, lorsque nous décidons de rendre nos serviettes, le « club house » est fermé, la pancarte indique 17 heures ! Oh rage, oh désespoir ! demain nous devons retrouver Félix à 8 heures, le kiosque n’ouvrant qu’à 9 heures, on ne va tout de même pas débourser 25€ chacun ! mais l’employé n’étant pas loin et fort compréhensif, ça s’est arrangé, ouf !
Au dîner, plusieurs automates couleur brique de la tête aux pieds, font leur apparition, leurs démarches aux gestes ralentis, leurs immobiles statures avec parfois le bras levé, la parfaite synchronisation de leurs mouvements, suscitent mon admiration.
Sur l’un de mes deux lits, un mignon petit éléphant a pris place. Pour ces réalisations les cubaines sont très fortes, elles entrelacent savamment les serviettes, sympa l’attention serait-ce un appel au pourboire ? Ayant des serviettes pour deux, je le laisse intact et peut ainsi l'admirer.
Je n’ai pas aimé savoir que les Cubains sont totalement exclus de ces îles paradisiaques, hormis les salariés des hôtels, ainsi que les guides des Tours-Opérateurs tels Mawxell et Félix que j’ai parfois aperçus au moment des dîners. Cette interdiction profite surtout aux promoteurs immobiliers qui construisent ces grands et luxueux hôtels et promettent la tranquillité. Manger à volonté, boire 24h/24…. que peuvent bien en penser ces employés, en voyant certains s' empiffrer, voir se saouler ....eux qui doivent vivre avec si peu !
Quoique je n’aime pas ces hôtels « all
incluse » où vous n’avez qu’à vous préoccuper de boire des cocktails,
manger toute la journée et vous prélasser sur la plage, j’ai pris plaisir pour
une fois, à me laisser aspirer par ce rythme doux qui consiste simplement à contempler
la beauté du paysage. La compagnie de Christiane, Valérie et Serge n’est sans
doute pas étrangère à ce plaisir, leur proposition de partager avec eux une partie de leurs
journées m’a certes, empêchée de trouver le temps trop long au cours de ces deux
jours vierges de visites, merci à vous trois.
Ce soir, réfection
des valises, car demain Félix doit reprendre du service et nous amener du coté
de Sancti Spiritus
Vendredi 1er Février
Pour cette dernière matinée à Cayo Guillermo, j’ai de nouveau pris rendez-vous avec le soleil, mais ce matin celui-ci, sans doute fâché de voir que je quitte ces sublimes rivages, ne veut pas m’offrir ce plaisir, il joue à cache-cache avec les nuages.
Je vous invite à me suivre dans ce parcours cubain, où vous retrouverez à la page suivante la visite de la charmante ville coloniale de Sancti Spiritus.
A tout de suite !