Deuxième Page.
11 petits diaporamas sont visibles, voir à la fin du récit...
Précisions importantes : Ce récit condensé ne comportera ni liens, ni situation, l’historique sera réduit au minimum, ceci afin de ne pas encombrer inutilement ce récit de voyage. Les personnes intéressées par ces renseignements les trouveront dans les rubriques concernées, rubriques beaucoup plus détaillées, avec anecdotes et impressions personnelles, rubriques également plus illustrées, repérables sur le site à partir du menu de gauche.
Dimanche 21 Mai (suite)
La route de la soie, de Kerman à Yazd, était jalonnée de caravansérails,
lieux de repos pour le changement de monture des courriers. A partir du 18ème
siècle ceux-ci construits en terre cuite, furent entourés d’un très haut mur
assurant la protection des voyageurs. A l’intérieur : une cour pour y
attacher les animaux, des pièces réservées aux serviteurs et au stockage de
marchandises, aux étages supérieurs les chambres des voyageurs. On y trouvait
aussi un maréchal-ferrant. Au milieu se tenait une petite mosquée,
A 60 kms au sud de Yazd, un entrepreneur privé et dynamique en a transformé un, alors en ruines en « hôtel » pouvant accueillir plusieurs dizaines de touristes par jour. Cette restauration proche de l’original a demandé 3 ans de travail.
Zin-od-Din. Bâtiment construit sous le
règne de Shah Abbas le Gd (17ème siècle) afin de redynamiser le
commerce avec l’Extrême-Orient.
L’intérieur, accès payant, est superbe, l’endroit fascinant. Pièces surélevées, fin matelas posés sur le sol, lui-même couvert de tapis. Les chambres ne sont séparées que par des tentures, le couloir des chambres par un rideau. Intimité zéro mais quel charme ! Au centre une cour à ciel ouvert, au milieu un bloc de pierre recouvert de briques entouré d’une rivière de verdure. Parfois un astronome amateur y organise des conférences pour contempler les étoiles. La salle à manger : une succession de hautes pièces voûtées, tables et banquettes de bois, tapis au sol, aux murs. Les employés font partie de l’ethnie baloutche.
Cet axe menant au Pakistan et à l’Afghanistan est très surveillé par les autorités (soupçon de trafic de drogue) les policiers vigilants n’hésitent d’ailleurs pas à l’aide une longue tige à transpercer un chargement. Sâïdé doit fournir aux autorités l’autorisation d’entrer en ville.
Déjeuner
au « Sahel Restaurant ».Salle constituée d’un ensemble de petites
tables rondes installées sur une surface d’eau artificielle.
Yazd (1200m d’altitude) (500 000 habitants) Ville-oasis
visitée par Marco-Polo en 1292, bordée par 2 déserts. Son centre historique est
inscrit au Patrimoine de l’Unesco Fondée au 4ème siècle, Yazd fut longtemps sillonnée
par les convois des caravanes. Autrefois important centre de tissage, elle
s’enrichit grâce au commerce de la soie. Ville la plus aride d’Iran, elle
bénéficie d’un réseau d’irrigation grâce aux qanâts, permettant la culture du
coton et des agrumes.
La promenade dans les ruelles étroites à l’ombre salvatrice, bordées de maisons aux murs épais de pisé, me conduit à travers escaliers, passages, vers des mosquées aux dômes faïencés. Les battants des antiques portes de bois ont chacun un heurtoir différend, indication précieuse pour la maitresse de maison.
Ca et là dominant les toits, des tours de vent (badgir). Ces tours percées
d’ouverture captent la moindre brise et en entrant en contact avec l’eau des
réservoirs construits dans les chambres, le rafraîchit en s’évaporant. Puis
voici un :
t Nakhl, curieuse structure de bois en forme de cyprès. Ouvrage d’art utilisé lors des cérémonies de l’Achoura, commémoration du martyr de l’Imâm Hossein (3ème imâm des chiites). Alors décoré de tissus, de soie, miroirs, bijoux, objets votifs, fleurs, fruits….. il est porté en procession. Le plus ancien est conservé depuis 1881 sur la place Ami Tchakhmâgh.
t Mosquée du Vendredi. La porte du XIVème siècle est en bois ouvragé, la voûte de l’iwan recouverte de faïence de couleur azur et turquoise. Avec ses minarets de 57m, les plus hauts d’Iran, ses quatre salles de prières, sa coupole revêtue de mosaïques de faïences et son mihrab aux stalactites décorées de faïences, cette mosquée est superbe.
Voici maintenant une curiosité locale :
t « Hanar
sayeh sar » Moulins à henné abrités sous des
coupoles en briques.
Dès l’entrée, je suis saisie par ce brouillard verdâtre, cette poussière de henné en suspension qui masque la visibilité et fait bigrement tousser. Visite déconseillée aux asthmatiques ou victimes d’allergie. Au fond de la pièce, deux monumentales meules de pierre tournent jusqu’à réduire les feuilles de henné en poudre fine. Il y a encore quelques années, c’étaient des chameaux qui effectuaient ce travail, aujourd’hui les artisans locaux ont scrupuleusement conservé l’intégralité du système antique. Eprouvant boulot !
Le zoroastrisme ! je parie que, comme moi, vous n’en avez jamais entendu parler ! et pourtant cette religion n’est pas d’aujourd’hui, puisque fondée au 1er millénaire avant J.C. C’était le culte officiel des Perses avant que le durcissement de l’Islam ne provoque des conversions massives ou des mouvements d’émigration vers l’Inde. Toutefois dans les zones rurales, les traditions zoroastriennes furent plus facilement préservées, Yazd abrite la plus grande communauté zoroastrienne du pays (10 000 membres)
Le principe : il y a dans tout être humain un esprit saint (esprit de Dieu) et un esprit mauvais. Si à votre décès vos bonnes actions l'ont emporté sur les mauvaises, votre âme rejoindra le paradis. Le pire péché de l’Homme est le mensonge. Aucun mal ne doit être commis à l'égard des animaux (le sacrifice est considéré comme un crime). La pureté des eaux, terre, air et feu, doit être préservée. Le feu étant le seul élément divin ayant besoin de l'homme pour continuer d'exister, les Zoroastriens le vénère plus que tout. Le zoroastrien tolère mal l’obligation faite aux femmes de se voiler.
Obligation de prier cinq fois
par jour, faire une fête une fois par mois, plus cinq jours pour préparer le
nouvel an. Prendre le repas avec nappe, nourriture, pains et fleurs, c’est se
purifier.
t Temple du
Feu (Ateshgâh) Ce bâtiment (1934) abrite un feu allumé en l’an 470 à Chiraz,
transféré à Yazd en 1940 il ne s’est jamais éteint. Caché derrière une vitre, à
l’abri de la souillure des respirations, j’aperçois la vasque où le feu sacré
crépite. Cette combustion entretenue avec du bois de prunier est maintenue par
un prêtre. A coté un petit musée expose diverses photos et publications
religieuses. Dans le jardin,
beaucoup de grenadiers, signe d’abondance.
A quelques kms de là, à l’écart de la ville, un site d’une grande importance pour cette peuplade :
t Une tour du silence (dakmä) Construction circulaire à ciel ouvert, sommet accessible après une bonne centaine de marches. Les morts étant considérés comme impurs et susceptibles de souiller les éléments sacrés (feu, terre, eau) l’enterrement ou la crémation étaient interdits. Cette conception de respect dû aux morts est quelque peut déroutante pour nous occidentaux !
Jusqu’en 1978, les défunts zoroastriens étaient exposés par les prêtres au sommet de cette tour, de manière à y être « nettoyés » par les vautours, on jetait alors les ossements dans la fosse centrale. Puis, sous prétexte d’hygiène public et de risque d’épidémie, le shah Mohammed Reza interdit cette pratique. Aujourd’hui les cimetières zoroastriens accueillent les défunts mis dans des cercueils étanches posés sur du béton
Sâïdé
fait alors une proposition que je trouve intéressante : assister à un
spectacle de lutte dans un « zurkhaneh » (maison de la Force).
Peu connus en dehors de l’Iran (d’où l’intérêt !!) A Yazd cette lutte se
pratique sur un terrain rond construit au centre d’une vieille citerne à eau. Le
maître dirige la
séance avec
son gong et ses tambours. Les spectateurs sont assis autour. Au centre de
l’arène, les danseurs-gymnastes font des pompes, des étirements, ou tournent
sur eux-mêmes, bras écartés. Un étrange mélange de rythme et de patriotisme. Hélas !
le manque d’enthousiasme l’emportera, je ne verrais donc pas ce sympathique
spectacle.
Dîner au « Moshir-el-Mamalek »
Quelle splendeur ! Aménagé avec raffinement dans un ancien caravansérail
de l’ère Qajâr, (d’ailleurs enregistré sur la liste des sites patrimoniaux
d’Iran) ce restaurant offre avec ses jardins, sa fontaine et sa rivière où coule une eau
transparente, un cadre rare, digne d’un palais oriental. Perchés à coté de
nous, dorment deux splendides perroquets africains.
La place Amir
Chaghmagh. Le pishtaq (portail d’entrée) de l’ancien théâtre (19ème)
dont les représentations faisaient revivre les derniers instants de l’imam
Hossein, se compose de trois rangées d’arcade superposées et de deux minarets.
A cet instant il m’offre un kaléidoscope de couleurs, tantôt orange, tantôt
bleu, tantôt jaune… Dans un coin à droite j’aperçois le vieux nakhl, sur le coté
de la place un petit monument en faïence bleue recouvert de plaques de marbre :
un mémorial des soldats (martyrs) tués lors de la dernière
guerre Iran-Irak.
Lundi 22 Mai
Visite de la pâtisserie : . Confiserie familiale centenaire
située à l’angle de la place Amir Chaghmagh. Pâtisseries présentées dans des
boîtes, sur des étagères. Aucun étal, rien que des boîtes !
Meybod. L’origine,
de cette ville de 75 000 habitants, située à 60 kms de Yazd au centre du
plateau iranien, remonte à l’époque pré-islamique (environ 500 avant J.C.)
t « Yakhchal » (glacière) Endroit où l’eau acheminée de la montagne par un qanât, transformée naturellement en glace en hiver est alors stockée, glace utilisée pour conserver les aliments et fabriquer des rafraichissements pour la cour royale. Ce grand espace (jusqu’à 8000 m3) en forme de dôme semi-enterré est composé de deux parties : dôme et glacière. La hauteur totale est de 42m, la partie enterrée 15m, les murs épais de 2,40m à la base ont été bâtis avec un mortier spécial (sarooj) fait de sable, d’argile, de blanc d’œuf, de chaux, de poils de chèvre et de cendre, mixture censée être imperméable et résistante à la chaleur. Cette glacière, vieille de plusieurs centaines d’années est particulièrement bien restaurée. A l’intérieur un escalier de pierre permet d’accéder à tout niveau. Tout à coté, au cœur de ce paysage de pisé un :
t Réservoir d’eau, encadré de quatre Bâdgîr.
t Caravansérail Shâh-’Abbâsi. Magnifiquement restauré. Je passe d’abord sous une coupole sculptée de jolis motifs géométriques. Au centre un bassin où coule une eau transparente qui permet de voir au fond un motif de faïences bleues représentant la dame soleil (femme idéale sous l’époque qâdjâr) A l’intérieur des alcôves, sont installées quelques boutiques d’artisanat, des fileuses ainsi qu’une jeune femme qui minutieusement effectue des dessins ajourés dans sa poterie….
Mohammadieh (banlieue de Nâin) Ce village
est truffé de grottes (sardab) creusées vraisemblablement par les
zoroastriens (600 avant J.C.) aujourd’hui aménagées en atelier de tissage.
Qu’il fait bon dans cet habitat troglodyte ! J’éprouve tout de même un peu de compassion devant ces hommes, tissant des étoffes à partir de laine de mouton et de chameau, assis dans des cavités, le métier au ras du sol. Surtout cet homme âgé, j’espère pour lui qu’il ne passe pas 8 à 10 heures dans ces conditions. Ces métiers sont archaïques, près de 700 ans pour certains. Le tissage manuel de ces manteaux est cependant l’un des artisanats les plus précieux et historiques de Nain.
Na’in (1545m d’altitude)
(30 000 habitants) Le climat de cette ville située à 140 kms à l’Est
d’Ispahan est désertique, ses températures peuvent monter jusqu’à 41 ° en plein
été.
t La mosquée du Vendredi. Une des quatre premières
mosquées construites en Iran après l’invasion arabe. (Époque abbasside 1ère
moitié du Xème siècle). L’ensemble du complexe a été construit progressivement.
Son minaret octogonal de 28m a été rajouté à la mosquée il y a 700 ans. Ici pas d’eivân. Les colonnes qui entourent la cour sont richement décorées (motifs géométriques et floraux, bels exemples de calligraphies) La décoration de cette antique mosquée est fait de briques et de plâtre. Dans la cour, un escalier mène aux salles de prière souterraines qui servaient lors des étés chauds ou des hivers froids.
L’une des œuvres d’art de cette salle est le mur (qibia) orienté vers la Mecque décoré de calligraphies et ce magnifique minbar (1312). Cette chaire de marqueterie en bois, décorée de motifs géométriques et floraux est un petit bijou.
A l’entrée, un bac contient des thurbas (plaquette d’argile utilisée pendant la prière pour symboliser la terre) Tel exigé par le coran, le musulman doit se prosterner en y posant le front. Après un passage par les sous-sols, voici le qânat qui court sous la mosquée, eau utilisée autrefois pour les ablutions.
t Ab Anbar (réservoir
de stockage d’eau potable construit sous le niveau du sol, compte tenu des
tremblements de terre, encore assez fréquents en Iran) Conçu avec cette même
mixture que pour la glacière de Meybod, celui-ci est particulier avec ses
doubles dômes. A coté les 2 bâdgirs.
En arrière plan, les restes de Narenj Ghaleh, citadelle en ruines de l’époque parthe, 100 ans avant notre ère.
Déjeuner dans un restaurant
de Na’in, avec au menu la spécialité locale : le poulet au jus de grenade.
Ispahan, ce joyau de la Perse musulmane, surnommée
« la moitié du monde » est l’une des plus jolies villes du monde
musulman ». André Malraux en disait « Qui peut prétendre avoir vu la
plus belle ville du monde sans avoir visité Ispahan ! » Le
pâtissier Pierre Hermé s’en est inspiré pour confectionner avec succès un
gâteau du même nom.
Ses origines remontent à la période achéménide (500 av J.C.) En 935, les Bouyides la fortifient avec la construction de murs, d’une citadelle, agrandissent le bazar. Mais c’est lorsque Shâh Abbâs y choisit d’y installer sa capitale en 1598, que se développa le plan qu’elle conserve encore en partie aujourd’hui. Victime de l’invasion afghane au début du 18ème siècle elle souffrit d’un grand abandon, sa splendeur fut ruinée. Aujourd’hui, grâce à d’importants travaux de restauration, elle a retrouvé toute sa magnificence.
La
Mosquée du Vendredi (23000m²) la « plus majestueuse d’Iran » disent les
guides, est bien camouflée au milieu des échoppes du bazar. C’est l’une des
plus vénérables constructions d’Ispahan (vestiges de l’an 773) ses bâtiments
intacts allant des périodes seldjoukide (1051-1220) aux safavides (1502-1736), pourraient
l’associer à un musée d’architecture islamique. Elle est de type iranien avec 4
ivâns du 12ème siècle, une cour bordée
d’arcades décorées de
mosaïques du 15ème et 476 petites salles surmontées chacune d’une
voûte. La mosquée figure depuis 2012
sur la liste du patrimoine de l’Unesco.
A l’entrée, une chaîne
en forme de balance pend à la porte du portail en bois (emblème de la justice
symbolisant l’union des croyants lors de la prière du vendredi). Dans le corridor, un petit
musée abrite les plans des différente périodes de construction
t L’eivân Sud (1474) repérable à ses deux minarets t La salle de Malek Shâh. (1072 à 1090) une des rares parties de l’antique mosquée à avoir survécu à l’incendie de 1121. Immense salle dont la coupole de briques, est considérée comme un chef-d’œuvre de l’architecture médiévale en Perse. t L’eivân Ouest reconnaissable à la petite tour qui sert à l’appel à la prière. Une salle : t Le chabestân du sultan Uldjaitu. On peut y voir un mihrab bien conservé (1310) en stuc sculpté ainsi qu’ un minbar en bois de platane marqueté. (Mihrab : niche indiquant la direction de la Mecque, minbar : escalier où monte le mollah pour la prière du Vendredi) Derrière ce chabestân : t La salle d’hiver. Grande pièce (1447) basse, trapue aux piliers puissants. t L’eivân Nord (12ème) simple voûte en arc brisé.
t Le Gonbad-e Khaki. Ce dôme (1088) mesure 22m de haut. C’est la brique qui par ses formes différentes créé les motifs étoilés de l’intérieur de la coupole. t La cour centrale avec un bassin surmonté par une construction de 1577 qui sert aux discours religieux. t L’iwan Est.
Ici sous un evân un mollah s’enrichit l’esprit.
« Les ponts d’Ispahan, sous lesquels coule la rivière Zâyandeh-rud, paysage bucolique et romantique « Aujourd’hui on a de la chance dit Saĩdé, il y a de l’eau, ce n’est pas toujours le cas »
Pont
Khâdjou. Construit
sous le règne du roi Shah Abbas ll vers 1650 il force l’admiration. Long de
132m et large de 12m il compte 24 arches réparties sur deux étages. Le niveau
inférieur accessible aux piétons reste un endroit ombragé populaire pour se
détendre. Au centre deux pavillons semi-octogonaux : « Les
Parloirs des Princes » orné de faïences émaillées et d’arabesques.
Ce pont fait aussi office de barrage, ses eaux peuvent être régulées par les mini-écluses situées entre chaque arche, alimentant ainsi les cultures et la ville. Ce pont formait un petit lac au temps de la fête royale, d’où on lançait un feu d’artifice et où l’on canotait.
Les ponts d’Ispahan restent l’un des lieux de promenade préférés des habitants,
un lieu de rencontre populaire, les familles s’y installent pour pique-niquer,
s’assoient sur les marches qui descendent jusqu’au fond du lit de la rivière ou
s’y trempent les pieds
Pont Si-O-Seh ou Pont des
trente-trois arches. Construit en 1603 sous le règne de Shâh Abbâs 1er.
Avec ses 33 arcades sur deux niveaux, ce superbe ouvrage est le plus grand pont
d’Ipahan (298m de long x 14 m de large) A l’époque safavide, la fête d’Âbrizân
était fêtée à ses pieds et la participation du roi la rendait encore plus
majestueuse.
Nuit au « Pirozzy Hotel » situé à environ 1 km
de la » place de l’Imam » Celui-ci présente une petite boutique avec
objets artisanaux. Pour la 1ère fois du voyage, le
« Coran » est mis à ma disposition.
Mardi 23 Mai
En attendant que les portes du « Chehel Sotouné » s’ouvrent, Sâïdé nous fait découvrir rapidement cette fabuleuse place « La place de l’Imam » il est tôt, l’heure idéale pour la luminosité et faire de belles photos.
« Chehel
Sotoun Palace » ou Palais des Quarante Colonnes. Ce palais (57mx37m)
construit en 1647 sous le règne de Shas Abbas ll était destiné aux cérémonies
officielles et à la réception des ambassadeurs étrangers.
L’ensemble comprend une terrasse à colonnes, la salle du miroir, la salle du trône, ainsi qu’un grand bassin et des fontaines pour rafraîchir l’air. Ce palais dit des 40 colonnes en possède en réalité 20, qui se reflètent dans l’eau.
t Le palais s’ouvre sur un portique soutenu par de hauts piliers (12,80m) en platane taillés d’un seul bloc. t Les murs de la grande salle du trône sont recouverts de fresques guerrières (batailles menées par les souverains safavides) ou montrant la vie de la cour (réceptions)
Depuis 2011, le jardin figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Près de l’entrée, près de leur habitation traditionnelle, se trouve une famille baloutche, les hommes vêtus d’une tenue typique proposent des vêtements, des sacs à main.
L’un de nous ayant exprimé son souhait de ramener un tapis d’Iran, Sâïdé nous
amène chez « Abbasi Carpet » L’accueil est chaleureux, le propriétaire nous invite
même à ôter notre foulard. Après avoir offert thé et petits gâteaux, l’employé
déroule les tapis, à motifs rouges, gris, beiges, à points plus ou moins
serrés.… le patron en décrit les caractéristiques, en français ! Il est
possible de régler en carte de crédit, voyez-vous ça !! je suis
incrédule !!!! le paiement effectué avec l’antique système du « fer à
repasser » transite par Dubaï. Le montant étant inscrit en DHJ (Dirham des
Emirats Arabes Unis) il faut faire confiance, quoique le patron affiche les
conversions sur l’écran de son Smartphone !!! Et c’est dans un sac à lanières
et fermeture éclair, facile à transporter dans les halls des aéroports que le
tapis est emporté.
« Place
de l’Imam » (anciennement Place du Shah) Ses dimensions (525m sur 159m) en
font l’une des plus grandes au monde.
Bâti en 1612 par Shah Abbas 1er, ce périmètre ceinturé de murs à
double arcade fût conçu pour servir de terrain de polo, de stade de
présentation des troupes militaires. La place servait aussi pour les fêtes
religieuses et les festivités royales. Y grouillait une faune de bateleurs et
de diseurs de bonne aventure. Le shâh pouvait ainsi jouir du spectacle depuis
la terrasse du palais Ali Qapu.
A intervalles réguliers sont édifiés quatre bâtiments représentant les trois éléments du pouvoir: la mosquée du Cheikh Lotfôllah face au palais d’Ali Qapu (l’Etat) la mosquée de l’Imam (la religion) face au Bazar (l’économie). Autour de la place sont installées les échoppes des artisans et des commerçants, au centre bassins, fontaines, pelouses et parterres fleuris. Des travaux de restauration ont été récemment effectués, lui redonnant son éclat, pavement refait, bassins creusés, fontaines et jets d’eau, pelouses entretenues, bordées de massifs fleuris. La circulation automobile y est aujourd’hui strictement interdite, seules les calèches rutilantes la parcourent en faisant tinter leurs grelots.
Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979
Au Sud de la place :
La Mosquée de l’Imam Construite à partir de 1611
par Shah Abbâs 1er. Son plan est classique : un portail, une
cour carrée bordée de plusieurs evâns, la salle de prière et une ou deux madrasas.
t Le portail d’entrée, l’un des plus grands d’Iran domine la place du haut de ses 27m. Sa façade est décorée de jolies calligraphies blanches. De chaque coté s’alignent deux minarets de 42 m. Particularité de cette mosquée : l’eivân Nord fut construit avec un angle de 45° par rapport au portail, opération rendue nécessaire pour l’orientation vers la Mecque. t L’evân Sud, magnifique ! façade recouverte d’arabesques blanches et or sur fond bleu encadrée par deux minarets turquoise.
t La salle de prières. A l’intérieur : un mihrab et un minbar taillé dans de l’albâtre. Face à ceux-ci, les murs recouverts de faïence montrent surtout des animaux, censés représenter le paradis, parmi eux : 6 paons. C’est cette salle qui est surmontée de la jolie coupole revêtue de faïences vernissées turquoise avec de fines arabesques florales blanches et jaunes. t Les eivân occidental et oriental symétriques, ont chacun une petite salle de prière et trois arcades, dont une s’ouvre sur une madrassa. Décoration de faïences émaillée. Dans la cour de cette madrasa, un jeune mollah parlant français se tient à la disposition des touristes
Arrêt gourmandise à l’un des magasins situé sur le bord de la place, ce commerçant vent du « Gaz » nougat mou confectionné avec du sucre de glucose, du blanc d’œuf, des pistaches ou des amandes.
Déjeuner au
« Bastani
Traditional Restaurant » à proximité de la place Naqsh-e-Djahân. Pour y
parvenir, je passe sous le porche monumental du bazar royal (Bazar
Qaisâreh).
Portail majestueux qui date du règne de Shâh Abbâs, au Nord de la Place Royale, recouvert de motifs, de faïences, de fresques. Un emplacement situé au-dessus, était réservé à un orchestre venant jouer de la musique pour annoncer le lever et le coucher du soleil.
Dans
ce restaurant les décorateurs y ont mis le paquet, fresques persanes, murs
voûtés se déclinant en piliers, rosaces, miroirs, calligraphie. Le patio, au
niveau inférieur, est équipé de banquettes où l’on mange à l’orientale assis en
tailleur sur les tapis, en son centre un petit bassin d’où jaillit de
minuscules jets d’eau. Agrémenté de lumières bleutées, cet endroit présente une
atmosphère singulière. A mon avis, l’un des plus jolis restaurants depuis mon
arrivée en Iran. Au menu, du poulet braisé trempant dans de la sauce à la
grenade et des noix.
Bazar
Qaisâreh. En parcourant l’allée des chaudronniers, je perçois d’un
atelier à l’autre le bruit des artisans qui martèlent, cisèlent plateaux et
autres objets de cuivre. Voici maintenant celle des orfèvres, ici les vitrines
brillent, les boutiques regorgent de bagues, bracelets, colliers… en or ou
argent.
Ce bazar, véritable labyrinthe, fut terminé en 1619. Avec ses allées couvertes de briques, ses bassins aux centres des carrefours, il est aujourd’hui l’un des plus beaux d’Iran et du Moyen-Orient, on y trouve également caravansérails, ateliers d’artisanat, écoles coraniques, mosquées, hammams, places, fontaines, cordonniers, fabricants de marqueterie, marchands d’épices, d’herbes du désert, etc.…. Pour éviter l’intrusion des deux-roues, il est installé à chaque entrée des mini-portiques.
La mosquée Cheikh Lotfollâh
(1619) servait d’oratoire au Roi. Portail couvert d’un foisonnement
de décors floraux bleus et jaunes, complété d’une voute à stalactites. Ici pas
de cours, d’ivâns ou de minarets, le portail s’ouvre sur un long couloir coudé
et sombre, destiné à protéger les fidèles des regards indiscrets. Au bout de ce
couloir : t La salle de prières, somptueuse ! sur les murs de
grands panneaux d’arabesques entourés de calligraphies. Mihrab superbe avec ses
fines mosaïques bleues. La coupole de 18,80m de Ø avec ses faïences vernissées
décorées de fleurs noires et bleues et ses arabesques blanches se détachant sur
un fond crème est un joyau de l’art persan. Intérieurement elle comporte huit
couronnes de trente-deux losanges.
Après être repassés par la place de l’Imam, Sâïdé nous amène dans une boutique d’impression manuelle de tissus. Artisanat datant des Sassanides (224-642 AP.JC). Un tampon encré, bloc de poirier qui présente des motifs en reliefs (floraux, dessins géométriques, scènes de chasses, tournois de polo, dessins inspirés de Persépolis, etc… ) est apposé avec précision sur le tissu blanc. Les colorants utilisés proviennent de substances végétales et minérales, telle que la garance pour le rouge, tout un processus est ensuite nécessaire pour la fixation des couleurs. Travail certainement éprouvant pour le poignet, l’artisan étant muni de protections. Les formats des tissus imprimés très variés peuvent être de formes diverses, ils servent comme serviettes, nappes, tapis de prière, couvre-lit, rideaux, coussins …
.
Le palais
Ali Qâpu. (1592 à 1598) Entrée monumentale des palais royaux. Porte
rapportée de Nadjaf (ville sainte d’Irak où se trouve le mausolée de l’imâm
Ali) par Shâh Abbâs. C’est son arrière petit fils qui fit construire la
terrasse à colonnes et le salon de musique (1648). Murs décorés de dessins et
de peintures murales, parfait exemple de l’art safavide. Aujourd’hui
encore on aperçoit en partie les fresques
Ce palais de 48m de haut comporte six étages accessibles par de petits escaliers en colimaçon et des portes basses. Chaque étage comprend une grande pièce utilisée pour accueillir et distraire le roi, la cour et les ambassadeurs. Depuis la terrasse le roi venait regarder les jeux et festivités organisés sur la place (courses de chevaux, combats d’animaux sauvages…) La décoration consistait en beaux tapis, nombreuses vaisselles d’or et d’argent, pierreries.. t La terrasse aux 18 colonnes a conservé son aspect original. Les colonnes de 10m taillées d’un seul bloc dans un platane sont disposées en rangées régulières. Plafond de bois décoré de marqueterie. t Au dernier étage : la salle de musique richement décorée d’alvéoles.
De
cette terrasse, joli panorama à 180 ° : la place
« Naghsh-é-Djahân » à mes pieds. D’un simple mouvement de tête je
peux admirer la mosquée de l’Imam et son dôme turquoise, le bazar
Qaisâreh, la mosquée Lotfollâh et sa coupole ventrue. Dans l’allée
centrale, la lignée des calèches noires tranche sur le vert des pelouses. Au
bord du bassin, des jeunes filles pataugent dans l’eau, revêtues de noir, le
téléphone portable à la main, elles sont le témoignage d’instants de bonheur,
reflétant l’image que veut donner Ispahan d’elle même : une ville au pays
des mollahs, certes ! mais où il fait bon y vivre.
Dîner au restaurant « Arc a »
quartier du Djolfâ, dehors sur une terrasse en bois dans le patio d’une demeure
aux façades magnifiques, motifs sculptés en stucs blancs, fenêtre et vitraux
colorés. Le « Kabâb Mâhitâbei » est une galette de viande
d’agneau haché cuisiné avec des oignons grillés, présenté dans un plat à tarte.
En accompagnement un « polo Kalame » riz avec poulet, jus de tomate,
choux grillé, apporté dans une soucoupe recouverte d’une galette de pain cuit.
Présentation très originale
Mercredi 24 Mai.
Djolfâ, quartier
arménien et chrétien d’Ispahan, établi en 1603 sur la rive sud de la
Zâyandeh-rud.
Shâh Abbâs ordonna pour
l’embellissement de sa nouvelle capitale le déplacement forcé de 40 000
Chrétiens de Djolfâ. Relié à la ville musulmane
par le pont aux Trente-Trois arches et lieu de passage obligatoire pour les
caravanes en provenance de Chiraz et du Sud, ce quartier devint rapidement un
florissant quartier commerçant. Des missionnaires s’y installent et
construisent des églises, les maisons luxueuses rivalisent de beauté avec les
palais safavides de l’autre rive. Mais dès 1694, le successeur de Shâh Abbâs,
plus méfiant à l’égard de l’implantation occidentale, fit persécuter et
confisqua les biens.
Actuellement, entre 7000 et 10 000 Arméno-Iraniens vivent sur place dans la tranquillité, jouissent même de libertés refusées aux musulmans, telles que le port du foulard, où l’autorisation de fabriquer et consommer de l’alcool.
t La Cathédrale Vank dédiée au Saint-Sauveur. L’édifice de 1655 est surmonté d’une coupole de 38m semblable à celle des mosquées, mais sa croix au sommet révèle son caractère chrétien.
Face à l’entrée, une monumentale
statue de l’archevêque Khachatour Kesaratsi (1550-1646) l’homme qui
créa la première imprimerie en Iran. Les murs extérieurs sont recouverts de
briques. Dans la cour un campanile ainsi qu’un mémorial en mémoire aux
Arméniens assassinés (1,5million) par les Ottomans en 1915. Contre le
mur 64 pierres tombales d’hommes religieux, de consuls, de diplomates et de
médecins.
A l’intérieur de la
cathédrale, des peintures murales montrent des scènes de la vie du
Christ : crucifixion, vie des apôtres et des anges, du paradis, de
l’enfer, d’autres tableaux représentent la Vierge Marie. Ce qui interloque ce
sont ces peintures
macabres : scènes de supplices des chrétiens, martyre de Saint-Grégoire
l’Illuminateur, fondateur de l’Eglise arménienne. Dans
l’enceinte du sanctuaire : un musée consacré à l’histoire de ces hommes,
une imprimerie ancienne et une bibliothèque (10 000 ouvrages) ainsi que les
bustes de deux personnages importants : Mesrop Machtos (362-440)
grand homme politique qui créa l’alphabet arménien et l’archevêque Khachatour
Keraratsi.
En parcourant les rues de ce quartier, je ressens une autre atmosphère, je me suis presque crue au centre d’une de nos petites villes de province, sensation peut-être due à l’absence de l’islam. Ici ce ne sont pas des boutiques de bazar mais des immeubles avec vitrines, je ne vois ni foulards ni tchadors, moins fouillis, plus silencieux, plus calme.
Adieu Ispahan Après avoir
avalé 228 kms, arrive l’heure de déjeuner au « Siyal Star »
(référence à l’une des plus anciennes civilisations connues, fin du 7ème
millénaire AV J.C. qui se trouve à proximité) de Kashan, restaurant sans âme.
Kashan (982m d’altitude)
(300 000 habitants). Cette ville autrefois important centre de tissage de
tapis, à proximité du désert Dasht-e-Kavir est l’une des oasis les plus
prospères d’Iran, là où les caravanes de la soie transitaient. Shâb Abbas 1er
y fit construire un splendide jardin, mais l’invasion afghane du 18ème
siècle et le tremblement de terre de 1778 jettera à terre les bâtiments
safavides, laissant le champ libre aux constructions de l’ère Qâdjâr.
Voici ce jardin,
qui dans la plus pure tradition persane s’apparentait à la représentation du
paradis, le :
t « Bâgh-e Fin » (Jardin de Fin) Bâti durant le règne de Shâh Abbâs 1er, reconstruit sous Abbas ll et Fath Ali (1799-1834) il devint une des résidences favorites des souverains perses. Profitant des embellissements apportés au cours des siècles (période safavide, zand et qâdjâr) il est parmi les plus beaux d’Iran.
Ce jardin entouré d’un mur se trouve près d’une source, ce qui a conduit les rois de Perse à aménager des constructions pour leur repos. Les pavillons visibles aujourd’hui datent pour la plupart du règne de Fath Ali (kâdjâr) mais l’ensemble, alignement des arbres, massifs, petits canaux, bassins de marbre, reste fidèle au plan original.
Après avoir franchi le bâtiment d’entrée à deux niveaux, je me balade le long des bassins inclinés, des canaux se déversant les uns dans les autres, des haies de cyprès et arrive au bâtiment central bâti sur deux étages. Au milieu de ce pavillon ouvert sur plusieurs cotés se trouve un bassin alimenté par une canalisation reliée à la source, ici Shah Safi 1er et Amir Kabir avaient l’habitude d’y faire leurs ablutions. Le fond est tapissé de pièces de menue monnaie, il est de coutume aujourd’hui, d’y lancer une pièce en faisant un vœu. Les voûtes sont recouvertes de faïences dessinant des motifs géométriques.
A
l’intérieur, après quelques marches se trouve un hammam recouvert de mosaïques
bleues, ces bains royaux furent construits en même temps que le jardin, sous le
règne de Shâh Abbâs 1er.
Au cœur de
ce hammam, derrière une vitrine, grâce à des personnages grandeur nature, on
peut voir la reconstitution du meurtre d’Amir Kabir. Cet
assassinat en 1852 rendit les jardins hélas ! célèbres.
Amir Kabir, chancelier de
Nasser al-Din Shah, alors roi d’Iran, fut la victime d’un complot tramé par
Mahd Olia (la mère du roi) qui mécontente de la réforme visant à réduire le
train de vie de la famille royale, obtint son exil puis l’ordre de l’exécuter
de la part de son fils, un jour qu’il avait trop bu. Amir Kabir demanda
simplement de choisir de quelle manière il serait exécuté, requête acceptée, on
lui coupa les veines.
Le jardin propose aussi un joli salon
de thé, pourvu de banquettes disposées à l’orientale, en son centre la présence
d’un canal rend cet endroit bucolique à souhait. Ce jardin historique est
inscrit depuis 2011 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une boutique
où l’on distille l’eau de rose. Cette distillerie est la spécialité
de Kashan, eau très utilisée en Iran, surtout comme ingrédient de recettes de
glace ou de gâteaux. Les commerces la proposent dans des bouteilles de
multiples formes.
Mausolée
d’Ibrahim. Ce palais érigé sous l’époque Qâdjâr (1894) aménagé autour
d’un bassin renferme la salle où se trouve le tombeau d’Ibrahim, salle entièrement
tapissée d’une mosaïque d’éclats de miroirs, véritable kaléidoscope lumineux. Le
tombeau est en verre coloré vert serti de ferrures d’argent et recouvert de
calligraphies. Des femmes en tchador viennent s’y recueillir.
Du temps des Qajari, il fût construit près de 300 splendides maisons, presque des petits palais, dont plus d'un quart aujourd’hui sont restaurés.
L’une des plus belles de Kashan et des plus importantes (5000 m²) est la :
Maison des
Tabataba’i. Construite en 1881 pour un marchand de tapis. Elle comporte 40
chambres, 200 portes, 4 cours, 4 sous-sols, 3 evâns et de nombreuses
dépendances. Les cours rectangulaires sont bordées de bâtiments de deux étages
dont les salles sont reliées les unes aux autres par des escaliers aux hautes
marches, des corridors, des petites salles à coupoles. Architecture conçue en
fonction du climat : pièces de vie pour l’été, les autres avec grandes
fenêtres décorées de vitraux pour l’hiver. Des birouni (espaces
d’accueil) somptueusement décorés sont réservés aux visiteurs hommes (les andarouni
pour les femmes) permettaient le contact extérieur sans pour autant entrer dans
l’intimité de la famille.
Dès l’entrée, je suis subjuguée par cette beauté, cour avec bassins, plates-bandes, arbres (l’évocation du pardis, paradis musulman). Depuis les hauteurs d’un eivân je peux admirer l’autre façade et ses voûtes, portiques, murs ornés de stucs, sculptures en stucs, nombreux miroirs encastrés dans la marqueterie qui explosent de mille feux au moindre rayon de soleil. Cette décoration, qui pourrait paraître à nous occidentaux, exubérante, est caractéristique de l’époque qâdjâr.
Un vaste sous-sol utilisé l’été est également orné, il sert de garde-manger, on y trouve les cuisines. A partir de cet espace des conduits se répandent dans la maison y apportant de l’air frais. Les propriétaires possédaient des chevaux, on y voit leur écurie.
.
La mosquée-madresseh Aghjâ
Bozorg. (du
nom d’un très éminent philosophe qui étudia avec les plus grands savants de son
temps). Cette mosquée de la fin du 18ème siècle possède deux grands
eivâns, flanqués chacun d’une cour bordée d’arcades sur deux étages. Autour de
la seconde cour en contrebas, les cellules des étudiants (l’accès à cette madrasa
est interdit aux non-musulmans).
Superbe bue depuis l’entrée sur l’eivân sud, avec cette coupole ventrue recouverte de briques et encadrée de deux minarets eux-mêmes ornés de mosaïques et de motifs géométriques. A l’intérieur, décoration très sobre, seul le mehrab a été embelli avec des faïences bleues et jaunes et une voûte à stalactites.
Qom. Pourtant prévenue par Sâidé que
c’était la ville des mollahs ! je suis stupéfaite de voir toutes ces
silhouettes noires qui déambulent le long du trottoir. Recouvertes de leurs
tchadors gonflés par l’amplitude de leurs mouvements, elles me font penser à
des corbeaux prêts à s’envoler. Et n’oublions pas les mollahs, régnant en
maîtres sur les lieux, à l’apparence unique : barbe, long manteau beige ou
noir, turban blanc.
La circulation est à ce moment dantesque, les taxis encombrent la rue, les
mollahs passent entre les voitures, Hamid fait du sur-place, puis s’arrête
devant une barrière, celle-ci levée, il circule sur une grande place,
manifestement piétonne, nous sommes alors encerclés par ces innombrables
silhouettes fantomatiques. A cet instant je ressens ce poids de la religion
omniprésente comme nulle part ailleurs en Iran.
« L’International hôtel » de Qom est en bordure de cette place bouillonnante.
Qom. (1 million d’habitants)
Ville très ancienne qui devint, après la mort de Fátima en 816, un lieu de
pèlerinage.
Fátima fille du 7ème imam et sœur du 8ème imam Rezâ fut assassiné par les Sunnites alors qu’elle allait voir son frère exilé à Kharasan. Morte et enterrée à Qom, elle sera vénérée comme sainte, peu à peu les habitants construisirent un sanctuaire autour du cimetière. Au début du 17ème siècle, le shah Abbas 1er désirant que ses sujets puissent faire leur pèlerinage sans devoir aller à Nadjaf ou Kerbala, deux villes saintes mais sous domination ottomane, décida d’agrandir le sanctuaire existant et fit construire plusieurs bâtiments.
Actuellement, ce sanctuaire occupe 38 000 m² et se compose entres-autres d’une chambre funéraire, de 3 salles de prières, de 6 minarets…. Aujourd’hui les femmes viennent toucher les parois du tombeau pour obtenir bonheur conjugal et fécondité, les gardiens l’aspergent d’eau de rose du matin au soir.
Cette ville sainte, ultra conservatrice est un grand centre théologique, le premier d’Iran, l’ayatollah Khomeiny y prêcha pendant de longues années avant d’être poussé à l’exil. Exil effectué à Neauphle-le-Château, après avoir été expulsé d’Irak, ville française d’où il prépara sa « révolution islamique » de 1979. Qom comporte 70 madrasas qui abritent des milliers de mollahs, 8 universités lesquelles accueillent les musulmans chiites venus du monde entier suivre les leçons des ayatollahs.
La fenêtre de ma chambre donne sur la place de la Mosquée de l’ Imam Hassan Al-Asgari.
Après dîner, Sâïdé suggère de faire un tour sur la place et de s’approcher du
tombeau de Fâtima. La grande esplanade est longée de boutiques vendant des
douceurs, des boites de sohân (biscuit au safran et aux pistaches)
Je
tente de prendre des photos à la va-vite tout en avançant, un peu angoissant ce
flash qui trahit mon action, mais je m’inquiétais bien à tord, ces piétons
croisés, ces pèlerins provenant des quatre coins de la terre, ne font aucun cas
de nous. Nous arrivons devant un gigantesque eivân, encadré de murs très hauts
délimitant l’enceinte sacrée, adossées à l’un
d’eux, comme à Lourdes, les boutiques des habituels « marchands du
temple » sont installées, commerçants qui proposent des articles
religieux : citations du coran, chapelets, tapis de prière, etc…
Mais hélas ! nous n’irons pas plus loin, il semblerait !! que nous devons obligatoirement être guidés par des « accompagnateurs des affaires extérieures » des bénévoles qui seraient paraît-il partis !
C’est
frustrant d’être si près et ne pouvoir y pénétrer !! d’autant qu’après
recherches, j’ai lu des témoignages de touristes français qui, accompagnés de
mollahs, et ça on n’en manquait pas ! ont eu accès aux différentes cours,
dont une famille entière à 2 heures du matin, car effectivement ce mausolée est
ouvert 24h/24h. Étions nous trop de femmes ??? des tchadors peuvent être
prêtés à l’entrée, alors ???? un groupe trop important (9) ??? J’enrage
n’ayant
aucune explication plausible concernant ce refus à me mettre sous la dent.
A placer dans la case regret, certes ce n’était pas prévu, mais avec cette promesse Sâidé m’avait fait briller des étoiles dans les yeux.
Je dois me contenter, ce qui n’est déjà pas mal, j’en conviens ! de photographier les minarets et la coupole dorée qui dépassent de ces murailles, véritable festival oculaire.
Jeudi 25 Mai (Ascencion)
5h30, le muezzin appelle à la prière de l’aube, depuis ma fenêtre ouverte j’enregistre celui-ci. Ces appels qui peuvent certes, déranger en milieu urbain, ne m’ont jamais laissée indifférente. Effectués d’une voix mélodieuse et scandée, je les trouve plutôt agréables à écouter (courte vidéo de 3 minutes)
6 heures, départ de l’hôtel. Arrivée à l’aéroport de Téhéran à 7h30.
Adieu
Hamid chauffeur
speed, un peu nerveux en ville. Adieu Sâidé, ce voyage en Iran fut, grâce à toi
et à ton immense savoir, formidable. Toi qui toujours avec gentillesse, m’a
rempli des pages de carnet me permettant ainsi de mettre un nom sur beaucoup de
choses. Si tu lis ces lignes, je te fais un gros coucou.
L’embarquement se fait sans réel problème, contrôle des hommes d’un coté, les femmes de l’autre, mais ça maintenant on sait faire ! Décollage à 10h40 pour 5h30 de vol. Je profite de celui-ci pour déjà faire une esquisse de ce reportage, en pianotant sur ma tablette.
Quatre
de mes camarades ont quitté l’aéroport à Roissy, restent Jean-Claude et moi qui
devons prendre la correspondance pour Nantes. La présentation des passeports
fut longue, jour férié et peu de guichets d’ouverts. Après une heure de vol, un
représentant de l’agence m’attend et me dépose devant mon domicile, il est
alors déjà ! 19 heures.
Impressions du voyage : t Le sourire et la simplicité
des Iraniens t Une totale sécurité t La splendide décoration des
restaurants t Une bonne cuisine t Les merveilleux jardins
remplis à foison de bassins, de fontaines, traversés par d’innombrables petits
canaux. t La magnificence des mosquées,
la splendide ville d’Ispahan t Les sites antiques (Pasargades, Persépolis). t Villes tentaculaires t Le port du foulard. t Mes regrets : Un
coucher de soleil sur les ponts d’Ispahan t me promener à mon gré sur
les places de l’Imam à Ispahan et à Qom t le mausolée de Fátima. Conclusion : En 2017 je n’ai pas senti de défiance de la part des autorités quel qu’elles soient, mais port du foulard absolument partout. Je recommande à chacun de visiter sans crainte ce pays dont la population ne demande qu’à s’ouvrir au tourisme. |
Totalité de ce récit en
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En bonus !... 11 petits diaporamas que vous pourrez également retrouver inclus dans le site... (environ 80 photos chacun)
Voila ! le reportage de mon voyage dans cette contrée du Moyen-Orient est terminé, j’espère que celui-ci vous aura plu, peut-être donné envie d'y aller
Ce récit bien que complet est condensé.
Vous voulez en savoir plus sur tel… ou tel… endroit, vivre ce voyage de façon plus « personnelle » ! voir les plans de situation, ouvrir les liens... je ne peux que vous recommander les rubriques « page par page » détaillées dans le site :
Un livre
d'or est également à votre
disposition, vous êtes cordialement invités à y mettre vos impressions.
Merci !