* Dimanche 14 Mai 2017

Lorsque quelques semaines avant mon départ, j’annonçais la destination à mon entourage, on me répondait soit par un « Ah ! » lourd de significations ou  « T’as pas peur ! » ou encore « Tu veux aller dans un pays où la liberté de la femme est totalement bafouée ! » Oui je sais, mais croyez vous que de ne pas y aller aurait changé le cours des choses !   C’est vraiment sans aucune peur, ni appréhension que je m’apprête à visiter ce singulier pays, qui désire tant s’ouvrir au tourisme et qui au lendemain de sa guerre avec l’Irak doit certainement posséder de splendides choses.

Départ à 3h45 pour l’aéroport de Nantes. Le comptoir de l’agence me délivre alors l’assurance rapatriement et  un récépissé de visa en bonne et dû forme, ces deux derniers documents étant indispensables pour l’obtention du visa, délivré à Téhéran, ainsi que mon passeport valable six mois après la date prévue du retour.

Après un vol de 45 mns pour Roissy et quelques 5 heures d’attente à poireauter dans les immenses halls parisiens, j’embarque à plus de midi sur un avion A340 d’Air-France pour Téhéran. L’hôtesse  nous charrie « Alors, qu’est-ce que vous faites là ? vous ne devriez pas être devant votre poste de télé, à regarder l’investiture d’ Emmanuel Macron » Il est vrai que notre Président vient tout juste d’être élu ! Coïncidence, seulement cinq jours plus tard, je serais au cœur d’une autre élection présidentielle, celle de notre hôte : l’Iran.

Il faut toutefois préciser que le vol direct Paris-Téhéran n’a été remis au goût du jour qu’ après les accords signés en Juillet 2015, concernant l’embargo sur le pays.

Après un vol de 5h30 sans problèmes, à part les sempiternelles petites turbulences,  l’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport Imam-Khomeini, nom du leader de la révolution islamique de 1979. Mon écran de bord affichant 1000m d’altitude, je suis surprise de sentir l’avion se poser, je n’avais pas alors réalisé que l’Iran étant un pays montagneux, l’aéroport se situait en altitude.  

Je jette un regard furtif autour de moi, et petit à petit aperçois les femmes se poser un foulard sur les cheveux. J’avais, pour l’occasion, acheté des robes courtes à manches longues, j’en enfile une rapidement par-dessus mon tee-shirt et mon jeans. Me voilà parée prête pour découvrir ce oh combien mystérieux, mais aussi angoissant pays.

      Le commandant de bord nous fait ses adieux, nous souhaite bon voyage et n'oublie pas de nous préciser que l'alcool est interdit en Iran. J'aurais cru qu'il nous aurait fait aussi quelques recommandations d'ordre vestimentaire, mais c'est Air-France et non pas une compagnie Iranienne, quelqu'elle soit !

       Il est 20 heures, heure locale, le décalage horaire est de  2h30.

Alors que nous sommes prêts à sortir, les portes de l’avion  ne s’ouvrent pas, une quinzaine de minutes sont ainsi passées et c’est alors que le commandant de bord fait une annonce dans le genre « Nous devons attendre qu’une personne de la Sécurité Iranienne vienne donner l’autorisation d’ouvrir les portes de l’appareil » Coté liberté et démocratie, l’Iran donne déjà le ton !

L’aéroport de Téhéran !!! aucune indication de quoi que ce soit. Directement sur ma droite, il y a un bureau « Foreigners » je fais déjà un faux-pas, c’est le poste des frontières par lequel il faudra bien passer, mais qu’une fois le visa collé sur le passeport !...  Je continue donc et me retrouve face à deux files interminables (forcément tout l’avion !...) un peu plus loin sur la gauche. Au 1er guichet il est marqué « Bank » pensant que c’est une sorte de bureau de change je vais donc au second guichet, celui-ci est marqué « Visa Foreigners » Ouf ! ça ne sera pas si compliqué que ça ! Toutefois un seul guichet est ouvert pour tout l’avion.

Un peu plus loin un autre : « Assurances » réservé à  ceux qui n’ont pas souscrit à l’obligatoire assurance maladie ou rapatriement, pas mon cas !

Entre-temps, j’ai fais la connaissance de 3 autres personnes du groupe et ensemble nous attendons devant ce guichet. Un employé mis là pour renseigner et aiguiller les étrangers, effectue auparavant une sorte de tri, mais nos passeports donnés, il nous fait mettre de coté pour finalement nous envoyer acheter le visa à l’autre file (75 € tout de même !). Faut-il encore avoir l’argent sur soi, car… !!!

….. car, et c’est là que ça se gâte, je l'ai déjà réglé ce visa à mon Agence, au moment de la réservation du voyage !!!!

Va alors se tenir un véritable bras de fer entre nous et ce fonctionnaire qui n’en démord pas, malgré nos protestations. On va ainsi d’une file à l’autre, sans trop se préoccuper, sorry !! de ceux qui attendent leur tour, quand on aperçoit les quatre autres membres du voyage, nous les scrutons, désirant voir comment ils vont s’en sortir et incroyable ! ils ont le visa dans les minutes qui suivent. Michel aura réussi en moins de deux, ce que nous depuis déjà une vingtaine de minutes n’arrivons pas à obtenir. Très gentiment, merci à toi ! il va nous donner un sérieux coup de main, expliquant au fonctionnaire encore et encore….. qu’on est un groupe de 8, que le visa est déjà payé en France. En a-t-il eu marre de nous ? la haute taille de Michel l’a-t-il impressionné ? s’est-il mieux fait comprendre ? toujours est-il que cette fois nous les avons ces foutus visas. Truandage, arnaque, bakchich ?  il est légitiment permis de se poser la question ! Depuis la sortie de l’avion, il s’est bien passé près de 80 minutes.

A coté de ces tracas, le reste sera d’une banalité, après le passage au Poste des frontières, où l’employé vérifie le visa et tamponne mon passeport, je récupère ma valise qui avec quelques rares  autres tournent encore sur ce carrousel. Et tous les huit  nous sortons enfin de cet aéroport où nous attend notre guide,  perdue parmi tant d’autres, une pancarte à la main.

Il aurait mieux valu pour moi de ne pas avoir réglé ce visa en France, la situation aurait été beaucoup plus simple, une première attente au guichet « Bank » vous réglez, vous avez un récépissé, puis une seconde attente à l’autre guichet, et là vous obtenez le visa immédiatement. Je n’aurais pas passé plus de temps avec surtout moins  de stress. J’en ferais part à mon retour en France.

Je vous présente les 7 personnes qui vont m’accompagner dans cette aventure, Nicole et Michel, Jacqueline et Gaston, Jean-Claude, plus un couple dont je ne parlerais pas. Nous sommes dans une tranche d’âge de 69 à 78 ans. Notre guide : Saĩdé, est une jeune femme menue de 30 ans.

Dans le hall des arrivées, Saĩdé nous attend sa pancarte devant son nez, elle représente l’agence locale « Arash Kamangir » partenaire en Iran des professionnels européens du tourisme depuis 15 ans. J’admire sa patience, car elle doit nous attendre ainsi debout dans cet endroit, probablement depuis l’heure annoncée de l’avion, il y a plus de 90 mns maintenant. Il est alors 21h45.

Elle se présente ainsi que Mojtabà qui sera notre chauffeur le temps de notre passage à Téhéran. A 30 ans, elle est bourrée de diplômes à en faire pâlir plusieurs. (Master ll en Dictactique du français, Licence en Langue et Littérature du français). Célibataire elle habite avec ses parents à Ispahan. En dehors de sa profession de guide qu’elle exerce depuis 8 ans, elle est également professeur de français à l’Université. La voyant, l’image que je m’étais faite de la femme soumise islamique s’est quelque peu écornée ! son foulard laisse voir une grande partie de sa magnifique chevelure, elle est vêtue d’une tunique cintrée.

Levée depuis 2h30 ce matin, la fatigue commence à se faire sentir et pourtant la journée n’est pas finie, car L’aéroport Iman Khomeiny est à 30 kms au Sud de Téhéran, nous n’en finissons pas de faire cette route. « Regardez sur votre droite, voici le mausolée de l’Imam Khomeiny » lumineux, étincelant,  brillant de tous ses feux, ses interminables minarets illuminés transpercent la nuit. 

Le programme prévoyait dîner libre, mais Saĩdé ne veut pas nous envoyer au lit sans repas, aussi nous propose-t-elle d’aller dîner dans un restaurant, mais avant de passer par l’hôtel, car ceux-ci ferment à 23 h. Nous acquiesçons, de toute façon que faire d’autre ! et je me retrouve ainsi devant un buffet de crudités, ce qui sera bien suffisant, ayant pris un bon repas dans l’avion.

C’est alors qu’elle nous fait une demande qui nous paraît à nous occidentaux saugrenue, deux femmes iraniennes aimeraient être photographiées avec nous avec leur Smartphone, le monde à l’envers ! alors que ce seraient plutôt elles que nous devrions immortaliser.

Nous regagnons enfin notre hôtel : l’ Hotel Mashad" 

Je n’en ai pas fini pour autant avec les tracas. Ma chambre est la 193, qu’auriez-vous pensé ! que c’était au 1er ? logique, non ! Arrivée à l’étage, les numéros s’arrêtent au 130. Dois-je reprendre l’ascenseur pour retrouver l’accueil ? oui mais dans celui-ci il n’y a que des lettres, alors sur quel bouton appuyer ? je n'ai pas eu l'info !

Je me vois dans l’impasse, ma valise de 16kgs à la main, ce foulard qui m’entrave, des marches à descendre quand OUF ! un couple de français, posé là tel un bon samaritain, vient à ma rescousse, l’homme dévale l'escalier, court se renseigner, descend mon bagage et me conduit à ma chambre, celle ci était au rez-de-chaussée, allez comprendre !! Je me promets de ne plus me retrouver désormais, dans cette situation pour le moins pas spécialement marrante.

Une chose qui m’inquiète quelque peu, les réceptions des hôtels gardent les passeports jusqu’au départ, un peu angoissant de se balader, même si on est en petit groupe accompagné d’une iranienne, sans aucun document d’identité. Faut-il encore ne pas la perdre de vue ! Cet inconvénient, ainsi que l’insécurité à traverser les routes, même avec feux tricolores ! m’empêchera d’aller fouiner à droite à gauche, aux abords des hôtels, le matin ou le soir, comme j’aime tant à le faire.

A l’abri des regards masculins …..je peux enfin quitter ce foulard que pourtant je ne porte que depuis quelques heures, et vais enfin pouvoir profiter d’un repos bien mérité, il est près de minuit.

La page suivante sera consacrée à la visite de quelques beaux monuments de la gigantesque ville de Téhéran.