* Mercredi 17 Mai 2017

Ancienne étape caravanière, vaste oasis urbaine de verdure et de culture, Chiraz située à une altitude de 1486m, dans la province du Fars, au Sud de l’Iran, possède  une population de plus de 1,5 million d’habitants. C’est la ville des roses, des rossignols et de l’amour, là où les femmes cultivent l’art millénaire de distiller les fleurs,  ville natale des poètes Saadi et Hâfez et autrefois berceau d’un célèbre cépage. Point N° 5 carte itinéraire.

Sa fondation remonte à la dynastie achéménide, mais ce n’est qu’après l’invasion arabe que Chiraz émergea comme ville principale de la région, en devint capitale en 693. Après bien des déboires : séismes, invasions successives, pillages, c’est Karim Khân souverain de la nouvelle dynastie des Zend qui y transféra la capitale de l’empire perse et fit construire dès 1750 les monuments que l’on peut encore admirer aujourd’hui.

Ceux-ci se trouvent pour la plupart en plein centre-ville, autour de la rivière Khoshk.

Départ à 9 heures. Je commence par :

          * La mosquée chiite « Nasir al-Molk » également appelée la mosquée des roses. Elle fut construite en 1888 sur l’ordre d’un des seigneurs de la dynastie Qadjar, ce lieu de culte est à la fois traditionnel et d’une grande originalité, grâce à ses nombreux vitraux qui lui donne mille et une couleurs, superbe témoignage de l’architecture qâdjâr du 19ème.

     Un peu avant l’entrée, un gamin vend des foulards, mon dieu qu’il est jeune, tout juste 10 ans !

    Au premier abord, elle ne se distingue pas,  pourrait même presque paraître banale, à part toutefois ce porche d’entrée orné de fines muqarnas (stalactites en nids-d’abeille) réalisées avec des  carreaux de faïence. Mais ne vous fiez pas à ce premier abord et allez y !.. car l’intérieur est d’une très grande beauté.

    Sitôt franchi la porte nord, j’arrive dans la cour carrée et son bassin des ablutions, de l’autre coté de celui-ci, l’iwan sud encadré de ses deux tourelles. Saĩdé propose alors une photo du groupe, mais alors que l’iwan baigne dans la lumière, nous ! nous sommes plongés dans l’obscurité, dommage !

    Toutes les mosquées en Iran ne se visitent pas, certaines comme celle de Nasir al Molk en valent toutefois la peine. Se conformant à la religion musulmane, je me déchausse pour pénétrer dans la shabestan (salle de prières) l’endroit certainement le plus étonnant, au vu de son kaléidoscope de lumières, pour peu qu’on fasse l’effort d’y venir dès la première heure, les seuls moments où les rayons du soleil font face aux vitraux. En effet, la mosquée étant pourvue de nombreux vitraux colorés, les reflets projetés, en les traversant, par ce rayonnement sur les grands tapis et les colonnes, sont extraordinaires. J’en aurais seulement un petit aperçu,  étant à mon avis, partie un peu tard ce matin, ce qui m’aurait du même coup évité l’invasion des touristes.


           A l’intérieur du  shabestan, les voûtes sont décorées de motifs géométriques et de faïences, les colonnes de torsades et de palmettes stylisées. La prise au flash étant interdite comme pratiquement partout,  c’est dommage car pour tout ce qui sera intérieur, les photos ne seront pas au top !

 

    

    Le shabestan communique avec une petite pièce : le Cow Well, celui-ci conserve un système de noria, autrefois actionné par des bœufs pour alimenter en eau le bassin aux ablutions. On y aperçoit encore le qanât,  cette ingénieuse canalisation souterraine qui permettait de recueillir les eaux de la fonte de neiges, aujourd’hui heureusement bien protégé par une grille.

     La façade de l’iwan sud est recouverte de faïences avec des motifs de fleurs en vase, à forte dominante rose.

    A ce jour, la mosquée Nasir-ol-Molk est restaurée et entretenue par une fondation, garante de l’authenticité et de la préservation des lieux.

    A 500m environ plus au Nord, bien campée sur une place piétonnière à proximité de la place Shohadâ se trouve un autre ancien monument :

                  * La citadelle de Karim Khân. Elle fut construite sur ordre du 1er  roi de la dynastie Zand, Karim Khan en 1766.  Sous la dynastie Kadjar (1781-1925), la forteresse devient le siège du gouverneur de la province de Fars, avant d'être transformée en prison par le premier souverain Reza Shah. En 1971, son fils Mohammad Reza Pahlavi transforma une partie du monument en musée tandis que certaines ailes sont converties en bâtiments administratifs.


    Ce monument militaire joliment restauré depuis 1977 est spectaculaire, la citadelle (125m x 93m) était à l’origine entourée d’une douve. A chaque angle, se trouvent des tours rondes en forme de cônes tronqués de 14m de haut. L’une d’elle me parait bien penchée, on n’est pourtant pas à Pise !!!  tremblement de terre, effondrement des fondations ? plusieurs versions ont été élaborées.

     

    Le soubassement des murs est en pierre carrées dégrossies,  la partie supérieure  ornée de briques. Quant aux tours, les briques sont entrelacées, certaines en relief, formant de jolis motifs.

    Au-dessus de la porte d’entrée, une fresque colorée en tuiles émaillées représente la scène du combat de Rostam contre le Démon Blanc.

    Une fois passé ce porche, j’arrive devant une cour intérieure et là ! difficile de s’imaginer au cœur d’une forteresse militaire, tant c’est d’un raffinement ! on peut y voir bassins, jardins,  palais aux portes de bois savamment travaillé, bordée par des rangées d’orangers, trois iwâns soutenus par deux grands piliers en pierre.

    Durant la dynastie Zand, le pavillon octogonal de la citadelle était utilisé par le roi en tant qu’habitation. Transformé en 1779 à sa mort, c’est aujourd’hui un musée où l’on y voit un tableau avec des personnages en cire.

    La salle de prière, toujours aussi splendide ! est recouverte de marbre sur les parties inférieures des murs.

      

    Et enfin le hammam, pièce incontournable des palais royaux, bassin polygonal orné de gravures en relief.

    Tout près de la citadelle, au sud de la Zand Underpass, je me dirige vers :

         * Le Pars Museum bâti dans le jardin de Nazar, ce jardin était l’un des plus grands de Shiraz sous le règne des Safavides (1501-1722). Kharim Khan y construisit une structure octogonale appelée « Kolah Farangi » qui lui servait à recevoir et divertir les ambassadeurs et invités étrangers, ainsi qu’à organiser des cérémonies officielles.

    Après avoir fait le tour du bassin, regardé au passage les sculptures des murs des jardins, j’entre dans ce pavillon transformé en musée en 1936. Les murs recouverts de fresques du 18ème  témoignent de l’expédition de Nadir Shah en Inde.

Dans ce bâtiment composé d’un  hall central et de quatre alcôves on peut y admirer des œuvres de valeur tels que des objets en métal, des céramiques anciennes.

La pièce maîtresse de ce musée est sans conteste un exemplaire enluminé du Coran, de 660 pages et pesant plusieurs dizaines de kgs, mais on y voit aussi des peintures, des dessins, la photo ainsi que l’épée de Karim Khan.

    C’est également le lieu de sa sépulture, un beau tombeau en albâtre gravé.



           

    C’est alors qu’en contemplation devant l’exemplaire du Coran, j’entends quelqu’un derrière moi me dire :« Vous êtes française ? » « Ben oui ! mais qui ça peut intéresser, pensais-je ? » en me retournant, je vois une jolie jeune femme iranienne, qui me confie étudier le français depuis quelques années et approcher les femmes… françaises pour pouvoir converser avec elle. Ce fut bref, mais sympa ! Je te souhaite bonne chance jeune femme !

    Et l’on continue, la matinée n’est pas finie !

                   Tout à coté du bazar et de la mosquée, je pénètre dans les profondeurs du :

                          Hammam du Vakil, dont la construction remonte également au règne de Karim Khân (18ème)  Restauré avec fidélité et goût à la fin années 1990, il impressionne par son degré de conservation. Les fresques des murs et des voûtes illustrent les histoires et poésies persanes anciennes.

    Ce sympathique et frais endroit propose, à l’aide de mannequins, une belle reconstitution de la vie des bains à l’époque. Secrétaire, docteur, hommes du clergé,  masseur, marchand, chef, apprenti… tout ce beau monde se réunissait autour du bassin pour un moment de convivialité, ce qui n’était sans doute pas le cas de ceux installés dans la salle d’attente du dentiste, car là ça craint !

    Et que dire de toutes ces femmes affairées autour de la mariée !

 

     

    Bien que le lieu ne s’y prête pas vraiment, sombre, flash interdits, mais la tentation est grande car il y a beaucoup de couples à visiter ce hammam. J’avais dans l’intention de faire quelques portraits d’iraniennes la tête couverte de leur hijab, mais quelle sera leur réaction ? Pour avoir vu tout récemment un film réalisé par deux frères venant d’Iran, je savais que c’était possible. Et là, je ne risquerais pas de laisser Saĩdé s’éloigner, on est dans un endroit clos.

    Allez, si je n’y vais pas, personne ne le fera à ma place.  Bon ! si elles ne veulent pas, je ravalerai ma déception mais n’insisterai pas bien sûr !

    Armée de mon plus beau sourire « le charme français opérait » me dira plus tard Michel,  je leur pose la question en anglais, et la réponse sera fusante « Ok ! » Alors ! mon anglais ne doit pas être si mauvais que ça, elles m’ont comprise ! de plus leur homme appréciait cette initiative et voulait même être sur la photo ! Plus tard je m’enhardirais à demander à celui-ci, après une première prise, de se retirer, ce qui fut fait sans problème. Merci à vous tous !         

     

    Et on continue de marcher..  depuis la mosquée de ce matin ça a été « non stop ». Au début des années 2000, le percement d’un tunnel a permis de supprimer la circulation automobile en surface et d’organiser une vase zone semi-piétonne reliant la citadelle, le musée Pars, la mosquée du Vakil, l’ancien hammam et le bazar.

    La dernière visite de la matinée sera pour le fabuleux :

           Bazar Vakil. Quatre grands bazars couverts sous des voûtes de brique sont regroupés dans cet ensemble construit sous Karim Khan. A l’allée principale une succession de cours latérales et un ancien caravansérail viennent s’y greffer.  C’est un lieu de vie foisonnant d’odeurs, de couleurs et de bruits.

    Puissamment éclairées,  les boutiques sont lumineuses, débordantes de pyramides d’épices, de bijoux en or, d’articles en cuir, d’étoffes chatoyantes, de nappes, de tapis aux superbes couleurs, de prière, de ferblanterie, d’objets en bois, en cuivre, de miroirs …. J’en ai plein les yeux, ne sachant même plus trop où regarder.

    En levant la tête une autre image s’imprime, une banderole accrochée de part et d’autre où pendent une dizaine de petits portraits du président sortant, c’est vrai que les élections auront lieu après-demain

    Après cette balade « épicée » je me retrouve dans la cour d’un ancien caravansérail, le Seray-e Moshir. Assis sur un banc autour  du  bassin, un homme aux longs cheveux et à l’imposante moustache blancs, habillé de manière probablement typique tient tel un trophée, un vieux fusil, il monnaye son image, et ça ne date pas d’aujourd’hui qu’il se poste là, le retrouvant régulièrement sur de plus anciens reportages.

    Je me re-immerge dans le bazar, est-ce le Nord ? le Sud ?  ou dans cet ancien caravansérail converti en bazar en 1871 par un vizir ? J’admets que je ne m’y retrouve plus dans ce capharnaüm.

      

   

    Il est maintenant l’heure de déjeuner.

    Ce sera au  « Saray-e-mehr » restaurant typique situé en plein cœur du bazar Seray-e Moshir, quasiment impossible à trouver si on ne connaît pas ! J’avoue qu’en voyant sa façade étriquée, mais néanmoins superbe avec ses tentures et sa porte en bois massif surmontée d’une jolie fresque en faïence, je me demande si on tiendra bien tous là-dedans !

    La porte franchie, je m’aperçois une fois de plus qu’à l’intérieur c’est une explosion visuelle, la décoration est recherchée avec des peintures murales traditionnelles iraniennes, des ornements d’antiquité, des tapis, des boiseries travaillées, même la porte des toilettes y a eu droit ! façon moucharabieh. Bref ! ça en jette ! Si le repas est à l’image de la beauté de ce restaurant, ça devrait être un régal ! 

 

    

    Comme entrée m’est servie une soupe à l’orge (âsh-e jo) qui sera désormais proposé à presque tous les repas. Soupe épaisse réalisée avec de tous petits morceaux de viande, principalement de l’agneau, des herbes et de l’orge.

    En mets principal, la spécialité de ce restaurant est : le « dizi ». Sorte de pot-au-feu où sont mis à cuire dans un petit pot de terre (d’où le nom du plat) des pois-chiches, des haricots rouges, de la poitrine d’agneau ou de mouton, du sel,  poivre, curcuma et jus de tomate. La préparation une fois cuite est servie à table dans ce petit pot.

    Sous mon nez, le serveur pilonne, concasse, écrase, afin d’en extraire le bouillon qu’il servira à part dans un bol, ce geste est pittoresque et inédit. En accompagnement, ce délicieux pain ressemblant à une galette et toujours… la boîte de mouchoirs en papier en guise de serviettes.

    Décidément, ce restaurant perdu au milieu du bazar de Chiraz me réserve bien des surprises, j’ ai droit cette fois à un dessert et pas n’importe lequel, deux spécialités de Chiraz au choix : l’une : le « Halvâ Shirazi » est préparé avec de la farine, du riz, de l’eau de rose, du jus de carotte et du sucre, la seconde, celle qui a eu ma préférence est le « Faloudé » sorte de glace persane, mélange de filament d’amidon, de vermicelle, d’eau de rose, de sucre, de jus de citron, une fois cuit, cet ensemble est mis quelques heures au congélateur avant d’être servi. Que c’était bon ! A goûter absolument si vos pas vous mènent dans ce restaurant.

Pour rejoindre Hamid, je traverse une nouvelle fois ce bazar si animé et en profite pour faire quelques portraits.

Saĩdé propose d’acheter du safran, car si l’on veut s’en procurer, c’est bien ici ! ce pays domine le marché avec 90 % des récoltes mondiales, les Iraniens  utilisent ce condiment depuis des millénaires. Il est proposé en petits sachets de quelques grammes, ça ne devrait pas avoir d’incidence dans le poids des valises au retour !

Hamid me dépose maintenant devant le :

* Mausolée d’Ali-Ebné-Hamzé, situé un petit peu plus au Nord de la ville, de l’autre coté de la rivière Khoshk. Avant même de pénétrer dans l’enceinte on l’aperçoit, facilement reconnaissable avec sa coupole bulbeuse décorée d’un motif à losanges, avec à ses cotés un minaret surmonté d’un petit toit doré.  Cette construction dont la fondation remonte au 10ème  siècle, abrite aujourd’hui la tombe du neveu du 7ème  imam chiite.

      Peu de mausolées religieux sont autorisés aux non-musulmans, celui-ci est une exception, à la condition cependant que moi femme, j’enfile un tchador par-dessus le foulard. Heureusement celui-ci n’est pas noir, mais  imprimé blanc à petits motifs. A cet instant j’ai l’impression de porter sur moi tout le poids du monde, déjà le foulard m’entrave dans les mouvements, mais là !! pauvres femmes qui doivent endurer ça à longueur de journée !

Dans la cour, sous mes pieds un alignement de tombes, certaines datent du 19ème siècle. L’intérieur n’est que verre et minuscules miroirs, encore et toujours verre et miroirs, le travail de cette matière est remarquable, les lustres sont somptueux. Pour briller, ça brille, ça clinque même !! Cet endroit est un lieu de pèlerinage et de repos où les iraniens viennent prier, se détendre, les universitaires étudier.

    Le tombeau est encadré de part et d’autre des portraits des deux guides suprêmes qui se sont succédé depuis la révolution Islamique (Khomeini 1979-1989 et Khameinei de 1989 à ce jour)

 

    

A environ 500m encore plus au Nord se trouve un mausolée d’un tout autre genre :

            * Le mausolée de Hâfez. Construit en 1935 au centre des jardins Musala, ce petit pavillon est un lieu de promenade et de recueillement prisé par les iraniens, toujours très lu en Iran c’est leur poète préféré.

    Il est mort depuis 1389 et pourtant presque 630 plus tard, ils lui vouent toujours un respect et une dévotion à nul autre pareil en venant se recueillir et lire ses poèmes quelquefois assis au pied de la tombe. Les couples viennent parfois faire bénir leur union, preuve que ce pays est profondément attaché à sa culture et à son patrimoine culturel.

    Hâfez a conservé tout au long des siècles une autorité incontestée auprès de ses compatriotes et dans l’ensemble du monde oriental. Remarquable connaisseur et interprète de l’âme iranienne, il bénéficie toujours d’une incroyable aura. Son recueil de poèmes sert de livre de divination: si on a une question sur l'avenir, on ouvre le livre au hasard et on lit un ghazel pour avoir la réponse. Il a  grandement influencé les poètes persans et a laissé sa marque sur d’importants poètes occidentaux, tels qu’entres-autres Goethe. Ses poèmes sont fréquemment utilisés dans la musique traditionnelle iranienne.

    Je n’arrive pas tout de suite au mausolée, mais suis d’abord une longue allée bordée de roses, d’orangers, pelouse recouverte de fleurs colorées, pétunias, soucis. Au bout de celle-ci une terrasse, du haut de celle-ci, la vue sur ce mausolée est incomparable. Qu’il est charmant ce petit pavillon, avec sa coupole  reposant sur 8 fines colonnes ! La tombe est recouverte d’une pierre tombale d’albâtre, stèle qui a été érigée par Karim Khan Zand en 1773, sur celle-ci une strophe d'un célèbre poème y est inscrite.

    Hâfez (celui qui connaît le Coran par cœur) est né à Chiraz vers 1320. Privilégiant les thèmes de la poésie classique persane (le vin, l’amour, les plaisirs de la vie et le mystère autour du destin de l’homme) Hâfez établira un parfait équilibre entre hédonisme et soufisme, profane et sacré, éléments terrestres et célestes. En 1369, il rassemble ses poésies en un diwan. Talentueux, il est invité à la cour des princes.

    Le poète est considéré comme le maître incontesté du ghazal (forme lyrique) L’interprétation de son œuvre à toujours suscité des opinions très diverses et ambigües ce qui explique peut-être son immense popularité.

Saĩdé partie à la boutique voisine revient avec un livre de poésies. Elle demande à qui le désire de faire comme les Iraniens, toucher le tombeau, puis ouvrir au hasard une page et lire le poème, tâche dont je m’acquitte bien volontiers. Ci-dessous, quelques Ghazels extrais du Diwan. :

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Dans le jardin des roses, hier, l'aube pointait.
La nuit passée, dans mon ivresse, s'effaçait.
J'étais pareil au rossignol.

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Que m'importent les tulipes et les roses,
puisque par la pitié du Ciel,
j'ai, pour moi seul, tout le jardin

__________
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             * La porte du Coran

    Cette porte historique  située à l’entrée NO de la ville, au nord du mausolée de Hâfez fut construite au Xème siècle. Elle sera très abîmée au temps de la dynastie Zand, et presque détruite par plusieurs séismes pendant la dynastie Kâdjâr. À sa restauration, une petite pièce est ajoutée au-dessus. Cette pièce contenait deux copies du Coran qui y seront conservées jusqu’en 1937. Selon une tradition persane, les voyageurs passant sous la porte étaient censés recevoir la bénédiction du livre sacré à leur sortie de la ville. En 1937, les deux Corans sont transférés au musée Pars de Chiraz, où ils se trouvent encore aujourd'hui.

     La même année, la vieille porte est dynamitée afin d’élargir la route. Une nouvelle porte du Coran, plus grande est reconstruite à proximité en 1947.

    Après une pause « gouter » melon, café, thé et gâteaux, offert par Hamid, je prends la direction cette fois du :

             *  Bâgh-e Erâm (jardin du Paradis) Le jardin d’Eram est un jardin historique persan, qui a pris sa forme actuelle au 20ème siècle sous l’impulsion de l’aristocratie locale. Il s’étend sur une surface de 110 000 m².
         En raison de ses caractéristiques typiques de jardin persan, tout à tour : verger,  jardin botanique, serres, bassins, allées ombragées, parterre de fleurs… il figure depuis 2011 sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

.   Sous la dynastie Pahlavi, le palais a servi d’école de droit. A l’époque du dernier shah, ils y vivaient lors de leur passage à Chiraz. Aujourd’hui propriété de l’université, il est ouvert au public et reste l’un des mieux agencés et des plus populaires de Chiraz.


   

    Quelle fraîcheur ce jardin m’offre en cette fin d’après-midi ! A la suite de Saĩdé, je me balade dans les allées bordées de majestueux palmiers, gravite les petits escaliers qui longent des canaux dont les eaux transparentes reflétent le ciel,  admire ce fabuleux pavillon : le Kakh-e Eram, pavillon bâti au 19ème sous la dynastie qâdjâr au bord d’un bassin de 335m2, apprécie l’ombrage de ces hauts cyprès d’Orient. Ce délicieux jardin possède aussi de nombreuses variétés d’arbres et de fleurs, roses et églantines encadrés d’orangers, agrumes et grenadiers…

    Tout au fond, des hommes vendent des loquats, Saĩdé leur en achète une poignée et nous fait goûter. Qu’en dire ! je ne connais pas ce petit fruit, qui ne se cultive pas au-dessous de 1000 m d’altitude, sa chair est légèrement acide. J’ai du mal à me faire rentrer ça dans la caboche, mais il est vrai que pendant tout le voyage, je navigue  entre 1200m et 1800 mètres, et malgré ces latitudes je suffoque !

Ce décor paradisiaque m’offre la possibilité de réaliser quelques chouettes portraits, le hic !.... c’est que ces jeunes femmes veulent ensuite être photographiées avec moi, façon selfie,  ce n’est pas que je suis contre, bien au contraire ! mais avec ces minutes passées, il m’est arrivé à plusieurs reprises de perdre le groupe de vue, aille, aille ! du coup je n’ai pas fait tout à fait comme… et quand… je l’aurais voulu, manque de temps !.... J’ai regroupé ces quelques clichés ou moments de vie dans un diaporama spécial.

Retour à l’hôtel après cette journée bien chargée, la carte mémoire remplie, les batteries vidées mais la tête bien pleine. Saĩdé ne veut pas réitérer la mauvaise blague d’hier et craignant pour ce soir, surtout pour ce soir ! des manifestatons, des embouteillages, nous fera partir de très bonne heure pour dîner. Ce soir ce sera au « Zeytoon restaurant complex » Fait assez rare en Iran pour le souligner, la décoration de ce restaurant ne m’a pas interpellée, par contre ! sur la table : une nappe blanche, un chemin de table bleu, et surtout des serviettes en tissu pliées à l’occidentale dans les verres.

Demain, ça sera une journée « kilomètres » En effet, pas loin de 600 kms me séparent de Kerman, la prochaine étape.

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