Région des Pao

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* Jeudi 20 Janvier.

 Nous quittons Taunggyi, la capitale de l’état shan pour rejoindre à 40 kms de là, le site archéologique de Kakku. Celui-ci étant en territoire « Pa’O » il faut obligatoirement passer par le bureau du G.I.C.  (Golden Island Cottage) de Taunggyi et embarquer le guide qui fera la visite avec nous. (Les droits d’entrée profiteront à la communauté) Ces « Pa’O » après bien des négociations ont obtenu de la junte militaire un peu d’indépendance, et l’accès du site aux étrangers est alors autorisé. 

C’est ainsi que Khun Pan Maung va passer la journée en notre compagnie,  il va donner en anglais !   quelques infos, traduites  par Mi-Mi, sur les ethnies présentes dans cette région. En même temps que lui, monte une jeune personne une serviette bariolée sur la tête, mais qui donc est-elle ? elle se retourne et se présente : Thin Thin Su, 19 ans, elle est « Pa’O » étudiante en Langues Etrangères à l’Université, et veut devenir guide touristique, elle accompagne ainsi parfois les groupes.

Un petit mot sur les ethnies du Myanmar, il y en a plus de 135 avec leur propre dialecte, mais rassurez-vous  je ne vais citez ici, en seulement quelques lignes, que les 4 principales.

- Le « peuple birman » ou « bamar » descendants des Mongols, la majorité du pays avec 70 % de la population, il s’est installé là où se trouvent les terres les plus riches.

- Les « Shans » la plus grande minorité (10%) de Birmanie (5 millions) ils ont bénéficié en 1948 de privilèges qui leur seront retirés en 1959. Diverses forces rebelles sont alors crées qui entrent en lutte contre la répression birmane, ils résident plutôt a l’est.

- Les « Karen » la plus large (7%) communauté chrétienne du pays. (3 millions) originaires d’Asie Mineure et du désert de Gobi. Cette ethnie comprend  les « Pa’O » et les « Padaung », les femmes de ces derniers sont mondialement connues sous le nom de « femmes-girafes » 7000 Padaung sont établies aux alentours de Loikaw (sud du lac d’Inlé)

- Les « Mön » les plus anciens habitants (2%) de Birmanie (1 million) peuple peu revendicatif vis-à-vis du pouvoir central. Il régna sur le pays jusqu’en 1057 lorsqu’’Anawratha s’empara de Thaton leur capitale.

Mais revenons à nos « Pa’O » ! Au nombre de 600 000, ils sont aussi appelés Karens Noirs. Principalement agriculteurs, en guérilla contre le pouvoir actuel, ils habitent la partie sud-Ouest de l’état Shan. A l’origine ils portaient des vêtements colorés, mais en 1057, ils furent réduits en esclavage et durent teindre leurs vêtements en indigo, comme symbole de leur statut, le Pa’O est plutôt bouddhiste.

La femme de l’ancien général Than Shwe fait partie de cette ethnie.

Arrêt au marché Pa’O de  Naung Kha, On reconnaît les paysans à la tunique indigo à manches longues portée sur un longwi de même couleur, ainsi qu’à la serviette-éponge bigarrée de couleurs vives qu’ils arborent fièrement sur leur tête, ils portent également un sac à bandoulière tissé. Ce marché est propre, une partie est couverte, outre les marchandises paysannes on trouve des petites gargotes de plein air, des vendeurs de tofus frits, des fumeuses de cheroot.

Le tofu est un mélange fait de farine, d’eau et de safran qui sera cuit jusqu’à obtention d’une pâte crémeuse, cette pâte jaune, peut ensuite être coupée en tranches, se manger fraîche ou frite.

  

La route qui mène à Kakku s’est transformée en une piste cahoteuse, le bus en prend toute la largeur, quand brutalement il s’arrête, il est tout simplement à cheval sur  un dos d’âne !... Pour l’alléger et lui permettre de sortir de ce mauvais pas nous descendons tous, provoquant l’amusement des locaux. Moyenne : 20 kms à l’heure…

Ouf, c’est bon, il se dégage et nous poursuivons....

Cette région possède de jolies maisons aux toits de palme ou de chaume, les cloisons extérieures sont tressées avec des tiges de bambou de deux couleurs, un chef d’œuvre de patience, le résultat est agréable à regarder.  

 

  

*Site archéologique de Kakku. Hé oui, on y est tout de même arrivés !...


2500 stûpas sont concentrés sur une surface rectangulaire de 200 x 70 m. Ce site autrefois caché dans les bois des collines Shan est la fierté du peuple Pa’O, lequel respectueux des traditions et fervent bouddhiste en est le gardien.

Jusqu’en 2000, le lieu était abandonné, les stûpas noyés dans la végétation  étaient alors en ruine.

Depuis que le peuple Pa’O a obtenu l’autorisation de faire visiter, il a été débloqué 40 millions de kyats pour sa réhabilitation, tous ne sont pas restaurés, ils attendent un donateur.

Une allée carrelée, un petit jardin et des arbustes fleuris nous accueillent. Quoiqu’on soit à l’extérieur ! c’est encore pieds nus qu’on nous partons à la découverte de ces stûpas aux pointes effilées, parfois presque collés les uns aux autres, ils comportent généralement 4 statuettes de Bouddha. La plupart, ornés de gracieuses arabesques ou de figures décoratives, animaux, divinités, daterait des 17ème au 19ème siècle, mais la pagode centrale à l’extrémité du site serait beaucoup plus ancienne, les ombrelles finement élancées vers le ciel, réalisées en fer forgé, sont différentes, selon que les stûpas soient birmans ou shans. 

    

    

   

    Près des stûpas recouverts d’or, le site est gardé par un jeune homme armé !….

   Tout près de la pagode centrale, une sculpture représentant un sanglier doré, animal qui est vénéré. D’après une jolie légende, cette  pagode générait la nuit une aura lumineuse au cœur de la forêt, c’est un sanglier qui un jour aurait conduit les habitants, ceux-ci n’arrivant  pas à localiser la source de cette lumière, d’où leur reconnaissance éternelle !

    

Déjeuner au « Hlaing Konn » restaurant situé face au site, il fait partie du G.I.C.

Sur la route de Nyaung Shwe, au bord du lac Inlé, nous faisons un arrêt à :

 Win Ya, un village Pa’O, à cette heure il est presque désert, les hommes étant partis travailler dans les plantations de thé, de blé ou d’oignons, le plus souvent pour quinze jours.

Ici la construction d’une maison, là, du piment mis à sécher.  

 


   

Ce brave vieil homme voulait bien se faire photographier, mais a tenu auparavant à mettre son turban sur sa tête, il n’aurait que 65 ans !

Au revoir Monsieur ! Nous nous dirigeons maintenant pour la dernière, mais néanmoins très intéressante visite de la journée : le monastère Shwe Tan Pyay, situé à Nyaung Shwe, en bordure du fabuleux lac Inlé.

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