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* Mercredi 12 Janvier

La nuit fut agréable, mais n’aurions-nous pas rêvé ? il nous a semblé entendre l’appel du muezzin à l’aube, bizarre, bizarre, vu qu’on est dans un pays à religion bouddhiste  ! Mais non ! le décalage horaire n’a pas abîmé nos neurones, certains ont bien vu de leur chambre, cachée dans la végétation, une mosquée musulmane.    

EmbarquementCe matin est prévue une croisière sur l’Irrawaddy, jusqu’à Mingun.

A Mayan Gyan nous utilisons un bateau local, mais que son accès en contrebas est difficile ! des marches grossières taillées dans la terre, une planche de plusieurs mètres pour servir de passerelle, et pour tenir l’équilibre lorsqu’on est au-dessus de l’eau boueuse : deux troncs de bambous tenus par quatre birmans …. Sujets au vertige ou à la peur de l’eau, s’abstenir !

Cette difficulté franchie, nous voici installés comme des pachas sur le pont du bateau, assis dans des fauteuils-transat, caressés par les premiers rayons de soleil. Un jeune couple birman embarqué présentera tout son arsenal touristique, certainement un bon plan pour vendre à des touristes détendus et pas pressés.

Quant au conducteur du bateau, relax…. il conduit assis en position de lotus…

Les bateliers de l’Irrawaddy habitent près de l’embarcadère, ce sont des gens très pauvres.

    Notre capitaine !   

   

    Pendant une heure, nous  pouvons à loisir admirer la vie sur ce fleuve et ses rivages.

    Ca et là sur les berges, ce sont des paysans qui s’affairent avec leurs bœufs, des pêcheurs qui raccommodent leur filet, des radeaux de bambou qui descendent le fleuve, moyen privilégié pour transporter des marchandises car l’Irrawaddy coule tout le long du pays, du nord au Sud.

    Sur des ilots quelques villages sont construits sur pilotis, en cas de crue, d’autres construits sommairement car ils se trouvent sur zone inondable. En ce moment nous sommes en période sèche, mais le fleuve est inondée pendant la mousson, ces inondations qui apportent du limon fertile permettent la culture du riz.

 
     
 

Mingun n’est qu’à 11 kms de Mandalay, mais sur l’autre rive du fleuve….. ce très long radeau de bambou transporte des billes de teck, celles-ci sont amarrées sur des radeaux car ce bois très dense ne flotte pas. Un arbre peut atteindre 45 mètres de haut et son tronc 150 cms de diamètre.

En Birmanie, il existe une espèce de teck qu’on ne trouve que dans ce pays. Considéré comme le meilleur il est très menacé, notamment lors du commerce illégal avec les territoires frontaliers de la Chine et de la Thaïlande. La forêt tropicale demeure une des richesses du pays,  avec 90 % des réserves mondiales. L’exportation du teck est le second revenu financier du régime birman.  Ce bois rare a constitué le principal matériel de construction et sa surexploitation va amener le pays à un appauvrissement de ses réserves, ainsi qu’à la destruction de l’habitat de nombreuses espèces, dont les éléphants.

 Mingun (point N° 5 carte itinéraire) est en vue, depuis le fleuve  nous découvrons posé presque sur le sable, un superbe temple avec à sa base de larges escaliers blancs. Selon l’angle on aperçoit derrière celui-ci dépassant l’écran de verdure, la pagode inachevée en briques. La conjugaison de ces trois couleurs offre un contraste saisissant.

   


A peine le pied posé à terre que ça sent le « tourisme » ! ici ce sont des carrioles-taxis menés par de superbes bœufs pour vos jambes fatiguées, là des jeunes femmes qui vous guettent et n’auront de cesse de vous vendre leurs chapeaux « c’est joli, c’est pas cher » disent-elle constamment dans votre langue maternelle !....

La première visite sera pour :



* La pagode inachevée de Mingun. Son histoire en quelques lignes. Commencée en 1790 par le roi Bodowpaya dont l’ambition était d’édifier la plus grande pagode du monde, elle s’élève sur les rives plates du fleuve Irrawaddy.

Elle était censée atteindre 150m de haut, mais le roi mourut en 1819 avant d’avoir mené son projet à terme. Les caisses du royaume étant complètement vides, son successeur, le roi Bagyidam se retint de poursuivre cet immense projet. La base de la pagode culmine encore à près de 50m de haut. L’usine de fabrication des briques nécessaires à sa construction avait été installée de l’autre coté du fleuve, et le roi supervisait continuellement les travaux.

L’immense lézarde date du tremblement de terre de 1838, la terrasse supérieure s’effondra alors sur le bas de l’édifice, enfouissant à jamais les trésors que le roi y avait entreposés. (une dent de Bouddha, 1500 figurines en or, 2534 statuettes en argent et 3700 objets précieux) Les corps de deux lions construits en briques, amochés par les secousses sismiques, se dressent à l’entrée du site, des prophètes avaient prédit que ces lions iraient boire l’eau au fleuve, suite à ce séisme, la tête s’est effondrée en direction du……. fleuve !

  

Ce projet a nécessité le travail de milliers d’esclaves pendant trente ans. Lorsque la main-d’œuvre birmane s’avéra insuffisante, le roi recruta de force des milliers d’Arakanais, mais le pays se souleva, ceux-ci s’enfuirent en Assam. La main mise sur Assam par les Birmans fut à l’origine de la première guerre anglo-birmane de 1824. 

  

       La cloche de Mingun, c’est la plus grande cloche du monde en état de fonctionnement (4m de haut, 5m de diamètre et 90 tonnes) l’inscription gravée indiquerait son poids. Elle fut fondue en 1808 pour le stûpa de la pagode et transportée par flottage. Lors du tremblement de terre, son support se fissura et elle tomba sur le sol, en 1896 elle fut remise par les Britanniques sur un nouveau support près de l’embarcadère.

      Cette cloche est devenue une attraction touristique, le voyageur aime la frapper pour la faire tinter ou se faire prendre en photo devant.

       Une longue et unique route bordée de nombreux stands d’artisanat et de nourriture nous mène à la pagode Hsinbyume. C’est alors que nous sommes pris en charge par des gamines d’une quinzaine d’années, celles-ci entament la conversation en français, s’il vous plaît ! vous racontent leur vie et veulent tout savoir de vous, vous aident à monter les marches, vous signalent les endroits dangereux, veillent  à ce que vous ne vous blessez pas, elles sont touchantes, même si on sait que derrière tout ça, il y a très certainement quelque chose à vendre….

       Notre « sympathique garde du corps » s’appelle Piew-Piew, comme le petit oiseau dira-t-elle ! elle nous avoue connaître cinq langues grâce aux touristes…



* La pagode Hsinbyume fut édifiée en 1816 par Bagyidam, le roi la voulut très belle, à la mesure du chagrin que lui provoqua la mort de sa première femme, répétition de l’histoire du Taj Mahal en Inde. Le résultat est magnifique, le « petit futé » dit d’elle, qu’elle ressemble à un gros gâteau à la crème.

Elle est construite sur un plan circulaire, le tout blanchi à la chaux, compte sept terrasses concentriques finies par des parapets. On y accède par des escaliers couverts par des arcades sculptées de stuc. Son état de conservation est extraordinaire.

Les sept terrasses  décorées avec des vagues représentent les sept mers, à leur sommet le stupa symbolise le mythique Mont Meru, le centre du monde. Pour y arriver, il faut traverser douze portes en quinconce, sept pour l’ascension des terrasses et cinq pour atteindre le stupa.

    

 

Piew-Piew nous attend,  nos chaussures à la main !.. sa sollicitude me fait fondre et c’est de très bonne grâce que je lui achète un lot de cartes postales (je m’apercevrais quelques temps plus tard qu’elle me l’a vendu le double du prix pratiqué !) elle nous raccompagne jusqu’à la pagode, nous dit « au revoir » en expliquant qu’elle habite le village.

Un dernier regard sur le postérieur du lion à l’entrée du site, sa tête ayant été emportée lors du tremblement de terre et nous reprenons place sur notre palace.

A l’arrivée, les quais sont très actifs, les jeunes femmes lavent leur linge dans le fleuve et l’étendent soit par terre soit sur des cordages amarrés entre deux bateaux.

Déjeuner au «  A little bit of Mandalay ». Demain, nous visiterons Mandalay, la « Cité d’Or »

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              Mandalay