Départ à 7h30. Après avoir visité hier Mandalay et ses superbes
pagodes, nous nous dirigeons à présent vers Monywa, à 140 kms au Nord-Ouest. (point
N° 7 carte
itinéraire)
Mi-Mi profite de ce long voyage en bus pour nous donner quelques
détails sur la vie des birmans. Elle nous fait voir des photos de son mariage,
son mari est lui-aussi guide, ils se sont rencontrés à « l’Alliance
française » la réception avait eu lieu dans un hôtel chic, sinon pour les
familles plus pauvres, elle peut se faire dans un monastère.
Une anecdote qui nous a amusés : la future épouse vient
vivre quelque temps chez ses futurs beaux -parents, ceux-ci peuvent alors
tester si elle est une bonne cuisinière Un mariage
peut compter jusqu’à 200 invités, le prix de revient est alors de 2000
dollars. En Birmanie, les jeunes se rencontrent soit parce qu’ils sont du même
village, soit à l’occasion de pèlerinages ou de fêtes, fête de la pagode, fête
de l’eau…. Un juge établit un contrat. Le garçon doit offrir une dot à sa
future femme, quelques bijoux en or, dans les campagnes celle-ci était évaluée
à 2000 vaches, tradition ancienne qui n’a plus cours, heureusement !
Ce qui nous a beaucoup surpris : la date de leur naissance
(jour et heure) jouant un rôle crucial dans la vie des Birmans, influençant
leur personnalité et orientant leur destinée, les femmes choisissent alors
d’accoucher par césarienne dans une clinique privée lorsqu’elles en ont les
moyens, coût de celle-ci : 2000 dollars. Le congé maternité serait de 6
semaines avant, 6 semaines après mais uniquement chez les fonctionnaires…. Mi-mi
ne nous apportera aucune réponse pour le congé de toutes les autres
femmes …… Après une naissance, une femme
qui travaille doit laisser son activité pendant trois ans, de quoi faire
réfléchir ces femmes lorsqu’elles ont un bon boulot !
Les villageoises, pour augmenter les revenus du ménage ouvrent parfois
un petit commerce, épicerie, coiffure….
Des membres d’une O.N.G avaient distribué en 2005 un peu plus
d’un million de seringues jetables pour lutter contre le sida. Après le cyclone
NARGIS qui s’est abattu sur la Birmanie en Mai 2008, ces mêmes membres ont
distribué des préservatifs et sont venus dans les villages en expliquer le
fonctionnement.
# De Mandalay à Monywa, nous traversons une région
agricole, avec des plantations de riz, d’arachides, d’oignons, de coton, de
teck, la récolte terminée est vendue principalement dans les grandes villes,
après les 30 % ponctionné par l’état.
En fin de
matinée nous arrivons en bas d’une colline des environs de Monywa. Petit arrêt
pour une vue panoramique sur deux gigantesques statues de bouddha.
« Laykyun Setkyar »Le bouddha
debout fait 116 m de haut, inauguré en Février 2008 il a demandé 13 ans de
construction, pour le bouddha couché, 10 ans furent nécessaires, travaux financés
par les habitants qui se sont saignés… pour avoir le plus grand bouddha
couché du monde, il mesure 98 m de long et 19m de haut, véritable
démesure !
Voici le site de « Boddhi
Tataung » De part et d’autre d’une allée de marbre, se trouvent 1000
statuettes de Bouddha posées sur un socle, chacune protégée par un jeune
banian, arbre sacré du Myanmar. Cette allée nous mène à une tour panoramique
qui nous donne une autre vision de ces deux bouddhas et de ces 1000 miniatures
perdues au milieu de cette végétation aride en cette saison et habitat
privilégié des ….serpents !
Installation
à « Monywa Hôtel » ce sont de petits bungalows aux toits en
tôle ondulée, au milieu d’espaces verts, on y ressent une atmosphère paisible.
Après déjeuner, nous partons pour la visite des grottes de
Po Win Daung.
Pour y arriver, ce n’est pas une mince affaire ! il faut
tout d’abord traverser la rivière Chindwin, avec des bateaux qui datent
d’un autre âge. De l’autre coté de la rivière, trois planches qui remuent sous
notre poids et des sacs remplis de terre font office de passerelle, les pieds
flirtent avec l’eau, mais tout se passe bien !... des camionnettes nous
attendent, nous y montons à l’arrière par 10 assis face à face.
Le trajet de près d’une heure n’est pas trop désagréable, nous
empruntons une petite route forestière goudronnée, les chauffeurs aux passages
des ponts en dos d’âne sont très prudents, nous évitant un très désagréable
contact avec les montants métalliques du plafond.
A peine le pied posé à terre que nous sommes encerclés par des
centaines de singes, ils sautent d’arbre en arbre, de rocher en rocher pour
observer les pèlerins, ce sont des petits chapardeurs qui règnent en maître,
nous devons être prudents.
Les femmes présentes pour vendre des boissons les chassent à
chaque intercation, le spectacle est impressionnant lorsque ces singes en
colère se mettent à crier ! …
Alors qu’en
venant au Myanmar on était susceptible de n’être entouré que de pagodes de
toutes tailles recouvertes d’or, ce site surprend par sa position sur une
falaise en apparence pratiquement inaccessible, et par cette richesse enfouie
au plus profond de grottes.
Le lieu est calme, enchanteur, rien que pour nous ! Selon
la légende, ces grottes auraient été habitées par un célèbre alchimiste, nommé
U Po Win, d’où le nom du site.
Grottes de
Po Win Daung. Le site comprend une enfilade de grottes creusées et
transformées en temples dédiés à Bouddha, certaines sont si petites que nous ne
rentrons que deux ou trois à la fois.
Les grottes sont des galeries étroites de 4,50m à 21m de long,
leur hauteur varie de 3m à 7,50m. Elles abritent près de 400 000
statuettes aux traits simples et sans fioritures, sculptées dans la roche,
certaines sont encore recouvertes de laques.
Selon la légende, une pieuse héritière aurait utilisé 500
chariots remplis d’or pour construire ces pagodes ! Les entrées sont
décorées avec des motifs de fleurs sculptées. Heureusement Po Win Daung est
restée ignorée et peu habitée durant plusieurs siècles, permettant la
préservation des magnifiques peintures rupestres du 16ème au 18ème
que nous découvrirons à l’aide de lampes électriques, peintures de style
Shan.
Redécouvert dans les années 1990, le site est habité par
plusieurs moines qui protègent les statues des pillards.
Ce sanctuaire est depuis 3 siècles un haut lieu de pèlerinage,
en Octobre ou Novembre. A l’occasion du festival, les pèlerins y viennent par
centaines pour prier, sinon le site est quasiment désert.
Un tout petit peu plus loin, un autre site :
Les temples
troglodytes de Shwe Ba Taung. Un escalier taillé dans le grès de
la falaise nous y conduit.
Complexe religieux parsemé de temples-sanctuaires accessibles au
niveau du sol. Il contient plusieurs statues de Bouddha. Là aussi ces grottes
ont été creusées à la main, une centaine environ.
Plus récentes que les grottes de Po Win Daung, celles de Shwe Ba
Taung dateraient de la période coloniale (1886-1948) 50 d’elles sont
considérées comme temples-sanctuaires, les autres servaient comme résidence
monastique ou à héberger des laïcs.
Ces temples contemporains présentent des façades à aspect
monumental, avec parfois une hauteur de 6 mètres, elles ont été décorées à
l’époque coloniale avec des piliers et des chapiteaux corinthiens. Les arches
sur les entrées ont des motifs tels que des licornes à coté de lions, le tout
en différentes couleur pastel, ce qui donne une atmosphère féérique. On peut
voir en relief sur le coté de la falaise un énorme éléphant blanc.
Une heure
plus tard nous sommes de retour sur les berges de la rivière Chindwin, notre
« ferry » nous attend, le soleil commence à teindre de rose les eaux
de la rivière. La journée se terminera par un dîner au « Pleasant Island
Restaurant » un restaurant accessible par une passerelle de bois digne des
montagnes russes de Dysney-Land.
Samedi 15 Janvier
Quelle nuit,
mais quelle nuit ! nous fûmes réveillés en fanfare à 4h30… on se serait
crus à la fête foraine, on aurait pu penser également que c’était son voisin
qui souffrant d’insomnie et gravement…. sourdingue avait mis TV5 à
fond !....
A 6h45 nous allons pour prendre le petit déjeuner et voyons déjà
les garçons qui attendent nos valises, alors qu'on nous a demandé de les tenir prêtes qu'à 7h30 ….. la notion du
temps n’est vraiment pas la même que pour nous Européens …..Le « Petit
fûté » dit d’eux « ils ont la réputation de prendre leur temps et
de vivre selon celui-ci, jeu des planètes et jour de naissance interférant, les
Birmans ont leurs jours avec…. et leurs jours sans ! » et quand
c’est un « jour sans » il n’y a rien à y faire, c’est ainsi, c’est
leur vie !
Fatalement, ce matin nous sommes plutôt prêts de bonne heure,
mais dès 8 heures le bus est bloqué sur le parking de l’hôtel.
Curieux, on
vient au bord de la route voir de quoi il retourne, c’est une course cycliste,
l’arrivée a lieu dans le stade juste en face de l’entrée de l’hôtel, d’où le
chahut matinal. Cette manifestation revêt une importance capitale car les
personnalités dans de luxueuses voitures arrivent, quelques militaires sont de
sortie, les institutrices ont été « conviées » et font une haie
d’honneur, elles sont touchantes avec toutes le même longwy. Des caméramans
nous filment, notre présence les amuse, après tout c’est bien leur tour !
Attention, attention !... les services de sécurité font reculer
tout le monde car le vainqueur arrive, bravo monsieur !
L’arrivée des autres cyclistes n’a pas l’air d’avoir beaucoup
d’importance, car la police nous laisse partir, il est 8h30. A une vingtaine de
kilomètres de Monywa nous visitons :
Le temple Thanboddhay. Ce complexe
architectural construit entre 1939 et 1952 sur 37 hectares est délirant,
grandiose et kitsch. Son stûpa de 43 m est entouré par une forêt (864) de
petits stûpas étagés et colorés. Deux éléphants blancs sacrés en gardent
l’entrée.
A l’intérieur, des pavillons, des chambres ressemblant à des
cavernes, des tours et des salles de prière, s’y tiennent dans l’obscurité des
statues debout ou assises.
On pense que cette pagode abriterait 582 363
statuettes de Bouddha de toutes tailles, allant de la lilliputienne installée
dans des niches jusqu’à l’énorme recouvrant toute la surface murale disponible.
A l’arrière
un grand bassin carré où poissons et tortues vivent librement comme d’ailleurs
dans la plupart des pagodes célèbres, celui-ci est orné de fleurs de lotus rose
en stuc.
Un peu plus loin, la tour Arlain Nga Sint édifiée en
1932 au-dessus de la pagode Sulamuni, tour en spirale, interdite aux femmes.
Pakkoku située sur les berges de l’Irrawady, où nous
nous dirigeons maintenant est distant de 160 km en allant vers le sud. Sur les
routes, au milieu de nulle part, des péages… à l’entrée des villes, des
villages…. soi disant pour financer la réparation des routes, ce n’est qu’une ponction
supplémentaire injustifiée ! En cours de route, nous nous arrêtons dans un
tout petit village de seulement quelques maisons, il porte le nom de :
« MA AU » On y fabrique des bâtons d’encens, travail effectué par
des gamines d’à peine 14 ans de façon totalement archaïque, assises, je dirais
plutôt accroupies sur une petite planche de bois à même le sol, elles prennent
à pleines mains cette substance gommeuse, résineuse, en enduisent le bâton,
quant aux « encore plus jeunes » ils ou elles tressent, debout, des fines
lanières de bambou qui serviront ensuite à la confection de corbeilles ou
autres petits objets.
Devant la caméra, cette gentille fillette redouble d’effort, émouvante !
Il est 15 h
lorsque nous arrivons à Pakkoku, c’est le moment de faire nos adieux à nos
chauffeur et assistant qui nous ont accompagnés pendant quatre jours. C’est à
bord de petits bateaux, que nous embarquons pour une croisière de 2 heures sur
l’Irrawaddy, jusqu’à Bagan. L’Arrawady est la colonne vertébrale du Myanmar,
plusieurs royaumes ont vu le jour sur ses rives.
Nos valises sont portées sur les épaules des hommes ou sur la
tête de jeunes femmes (je prends toute la mesure du travail de forçats que font
tous ces gens, que ne les ai-je allégées encore plus ces valises !) elles
seront embarquées ensemble sur un autre bateau, surveillées par Mi-Mi. By by
valises …. a plus tard, du moins on l’espère !
La balade est agréable, malgré le bruit assourdissant du moteur
et l’odeur effroyable de gas oil. Nous apercevons quelques villages sur la
falaise, quelques petits stûpas, ça et là croisons des pêcheurs nous saluant,
des femmes faisant leur lessive dans le fleuve.
Ils sont deux à nous accompagner, l’un mène le bateau, mais que
fait donc l’autre ? non ! ce n’est pas possible, avec une pompe à
bras, il écope !...mais si ! mais si ! heureusement il ne l’a
fait que trois à quatre fois durant le voyage…. Et nous arrivons à Aye yav,
port de Bagan, il y règne une importante activité.