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Lundi 17 Janvier (suite) Après
l’intéressante visite du site de la vallée de Bagan, nous nous dirigeons
maintenant vers le Mont-Popa, situé à environ une cinquantaine de kilomètres au
Sud. (point 9 carte itinéraire).
Nous nous
installons tout d’abord à l’hôtel « Popa Mountain
Resort »
Cet hôtel est très chouette, installé au milieu d’un
parc naturel sur le flanc du volcan, l’accès des chambres (petits bungalows) se
fera en empruntant une bonne cinquantaine de marches, nous donnant un petit
avant-goût de ce qui nous attend d’ici un court moment…


Les valises installées dans nos chambres, nous récupérons le bus qui nous mène
au Mont-Popa, par une route à la limite du praticable, heureusement 5 kilomètres
seulement le séparent de l’hôtel. Le ciel s’est couvert, de gros nuages noirs
menacent.
Le
Mont Popa (1518m d’altitude) est un ancien volcan dont la dernière éruption
remonte a - 442 ans. Par beau temps il peut être vu à 60 kms.
Ce
n’est pas ce mont que les touristes ou les birmans viennent voir mais le « Taung Kalat » appelé à tort également
Mont-Popa, ancienne cheminée volcanique de 737 mètres qui se trouve au SO. A
son sommet, sur le bouchon du volcan, miroitant au soleil tel une médaille d’or,
un monastère bouddhiste a été bâti. Les cendres volcaniques ont fertilisé ses
flancs, favorisant la croissance d’une végétation luxuriante. Les habitants de
la région considèrent ce mont comme la résidence des dieux, le refuge des 37
grands Nats (esprits) de Birmanie.
Aujourd’hui
cet endroit est un haut lieu de pèlerinage bouddhique, mais aussi un des plus
spectaculaires sites de la Birmanie et du monde.
Il faut gravir 777..… marches pour atteindre le sommet de cette
colonne de lave solidifiée. L’escalier est couvert, au-dessus de nos têtes des
panonceaux portant les noms des nombreux donateurs A la moitié du parcours, il
faut enlever ses chaussures, hé oui !..... on arrive à un
monastère !..... et continuer pieds nus sur un sol souillé, malgré les employés
qui, sans relâche, nettoient à l’huile de coude.
Sur la deuxième moitié du parcours, divers temples et
sanctuaires installés le long de l’escalier invitent au repos et à la réflexion
spirituelle.

Cette saleté provient des dizaines de singes en liberté, courant
dans tous les sens, qui ont envahi les escaliers et
ne se gênent
pas pour y faire leurs besoins.
Y a pas à dire, ce fût un grand moment !!... monter près de
800 marches (dont environ 350 pieds nus) à la sueur de notre front
en
zigzaguant entre les excréments et l’urine, redouter lorsque exténués, nous
faisions une pause
assis sur
les murets qui servent de bordure, qu’une de ces charmantes bestioles qui
bondissaient de marches en marches, ne s’en prenne à votre sac ou à vos
lunettes, ou encore vous saute sur le dos… Avec un peu d’imagination, on
pourrait voir dans ces singes une armée qui protège ce lieu sacré contre
l’invasion de l’ennemi (en l’occurrence, nous….. pauvres et innocents
touristes)
Un conseil ! ne pas avoir de nourriture sur soi, les
marchands en vendent pour nourrir les macaques (ça ressemble à un sucre d’orge)
surtout ne pas en acheter ! ils la sente et tenteront de la chaparder. Nous
n’avions rien, ni dans nos poches, ni dans nos sacs, et ils ne se sont pas
spécialement occupés de nous, ne pas les narguer non plus, car ils sont
imprévisibles. Mais ne faisons pas de parano, le birman veille sur la
tranquillité du pèlerin avec un lance pierre ou un bâton…...
Et j’ai gardé le meilleur pour la fin …. nous arrivons
maintenant au pied d’une échelle métallique de près d’une trentaine de marches,
presque à la verticale, je rassure, elle a de bonnes rambardes ! combien
de mérites avons-nous gagnés ? certainement quelques uns car à chaque pas
sur ces marches grillagées, la plante de nos pauvres pieds pas habitués à ce
luxe….. a bien souffert.
Un des ermites bouddhistes les plus renommés, U Khandi, décédé
en 1949, a maintenu ces escaliers en bon état pendant de nombreuses années, c’est
à espérer que le gouvernement birman ne laisse pas ce site se détériorer.

Bon vous voyez, on y est tout de même arrivés !

En bas du mont, une grande pièce abrite les 37 nats et ceci
depuis bien longtemps. Jusqu’au XIème les rois de manquaient d’ailleurs jamais
de leur rendre visite avant d’entamer leur règne.
C’est en
1960 que fut construit sur ce bouchon volcanique le monastère « Taung
Kalat » ainsi que des sanctuaires où brûle l’encens, des templions
remplis de bouddhas couverts d’offrandes, de structures dorées, de nats
recouverts d’habits colorés, de stupas dorés, bref ! un kaléidoscope, une
avalanche, une cacophonie de couleurs…. Dans ce lieu règne une grande ferveur
avec un mélange de culte bouddhique, des esprits, des superstitions locales et
des médecines traditionnelles ancestrales.
Voici deux cloches ! faire sonner la plus grosse attire
l’attention des esprits, votre vœu secret sera réalisé. je ne m’en prive pas,
et un coup de gong !..
Une déambulation dans ce labyrinthe formé par tous ces petits et
grands monuments et nous entamons la descente, combien déjà ? ah
oui ! 777 marches, dont l’échelle métallique qui nous scie littéralement
les pieds …..
A plus tard !....


Aujourd’hui, le long des escaliers, de nombreuses échoppes
vendent des souvenirs, mais aussi des herbes médicinales, des orchidées, des
feuilles de thé séchées ou des bouteilles remplies d’eau de santal pour les
offrandes, que nous avions pris pour des jus de fruits, faut être nuls,
non !
Retour à
l’hôtel, le belvédère offre une merveilleuse vue sur le mont et son monastère,
malheureusement le coucher de soleil n’est pas au top, les vilains gros nuages
sont toujours là ! Dîner sur place.

Mardi 18
Janvier. Ce matin, le
spectacle des pagodes dorées du Mont, brillant sous un franc soleil est
magistral.

Hier, aux dernières lueurs du jour, le chauffeur avait été
surpris à changer une roue ?... ce matin, on s’arrête fatalement donc dans
un garage. C’est un garçonnet d’à peine 14 ans qui extraira cette chambre à air
et la remplacera, je me demande quel poids fait cette roue ? à moins de
trois mètres, un homme qui de toute évidence fait valoir son temps de
« pause »….

Aujourd’hui nous ne ferons qu’avaler des kilomètres, notre
destination finale est Kalaw sur le plateau shan, distant de 230
kms, la journée entière pour y parvenir sera nécessaire. Le trajet nous fera
voir quelques aspects peu reluisants de la vie des birmans, tels que ces petits
bus de transports en communs bondés, voir surbondés… quand il n’y a plus de
place, y en a encore….. sur le toit, assis au milieu des valises et des sacs
pleins de riz. Au fur et à mesure qu’une femme monte, les hommes laissent leur
place et montent sur le toit, mais vous français ne vous y trompez pas !......
ce n’est ni pas politesse ou galanterie, mais dicté par le respect de la
religion.

Grosse moyenne de 30 kms à l’heure sur une route de montagne,
cahoteuse, truffée de nids de poule, pourtant la route principale si l’on en
juge la carte ! My-My racontait… parlait en vrac des salaires mensuels et
du kilo de bananes … malgré des notes difficilement décryptables, voici ce que
j’ai réussi à inscrire : travailleur manuel : 50 dollars,
réceptionniste dans un grand hôtel : 60 dollars, fonctionnaire du
Gouvernement : 100 dollars, personne employée au sein du groupe Total :
400 dollars (pour pouvoir prétendre y être
embauché, il
faut parler français… cette multinationale exportant du gaz vers la Thaïlande
depuis 2000, grâce à son oléoduc, emploierait aujourd’hui 800 personnes) un
kilo de bananes : 1000 Kyats (bien cher !) 1 pomme : 200 Kyats,
une machine à laver : 200 dollars, un téléphone fixe : 25 dollars,
une vache : 100 dollars)
La traversée du plateau shan réserve des paysages variés ou
alternent jungles et monts pelés. Les zones les plus arides sont habitées, les
conditions de vie dans ces villages y sont certainement difficiles.
Voici successivement des anciennes mines de jade, des
plantations de coton, de choux, puis une zone forestière, comme en témoignent
ces troncs de tecks coupés, prêts à l’exportation, 2500 fonctionnaires seraient
employés à cette industrie fort lucrative pour le gouvernement, puis voici un
péage, deux péages …..



Flottant
sur la rivière, un énorme monument, c’est une réplique de la berge royale, du
scintillant, du clinquant.
Déjeuner au
restaurant « Golden Land » à Yinmabin
Aujourd’hui
je ne vous ai pas abreuvé de pagodes et de bouddhas, je vais donc parler un peu
de la cuisine birmane, du moins de ce qui nous a été proposé.
En entrée une soupe de poisson, parfois incluant
des nouilles.
Le plat
typique est le curry birman (hin) La viande est principalement
du poulet, du mouton, plus rarement du porc ou du bœuf, le birman en mange peu
le considérant comme un
compagnon de
travail et, donc indigne de finir à la boucherie. Cette viande est préparée
avec de l’ail, du gingembre, des oignons, le tout baignant dans beaucoup
d’huile. Ces préparations sont présentées en minuscules portions, le couteau
faisait rarement partie des couverts !... Ce qui nous a un peu
désorientés, c’est qu’il vous est servi en même temps une multitude de
plats : deux curry de viandes différentes, un curry de poissons, un curry
de légumes, tout un tas de sauces, un plat de nouilles, le riz ….
Les
accompagnements : légumes servis en salade, jeunes pousses de tamarin,
tomates, choux, piments rouges, aubergines, noix de cajou, nouilles sautées,
sans oublier bien sûr, les marmites entières de riz, servis à volonté et plus
encore !... en tout cas, ce fut un bon aliment pour prévenir d’ une
quelconque « tourista »
Comme
boissons, il est beaucoup proposé la tasse de thé, mais aussi des bières
locales, ainsi que l’eau minérale locale, en bouteille décapsulée devant vous.
En dessert,
invariablement, des fruits, présentés seuls ou en assortiment, c’était
selon ! : l’avocat, considéré ici comme un fruit, la mangue, la
papaye, l’orange sans oublier l’incontournable banane, bien ventrue et
délicieuse.
Le déjeuner
terminé, nous reprenons la route, et empruntons principalement une route de
montagne d’ici Kalow, avec ses nombreux lacets, ses innombrables tronçons de
piste, il y aura quelques longs arrêts pour réfection de la route.
La réfection
des routes est l’un des symboles les plus poignants d’une condition de vie
misérable. Si nous revenions dans 10 ans, il est probable qu’on en serait à peu
près au même point, quand on voit ce dont ces pauvres gens disposent, tout se
fait à la main, depuis le cassage de cailloux jusqu’à la mise en place du
bitume à coup de sceaux, mètre par mètre, bitume fumant entreposé dans des
bidons de 200 L, et devinez qui cassent les cailloux ? de suite vous
pensez cantonniers ! hé non, c’est la besogne des jeunes femmes !
Témoignage bouleversant de la misère d’un peuple soumis, travaux éprouvants
pour des salaires de misère, quant ce n’est pas du travail forcé (sujet sensible, dont on .. ne parle
pas !)

Arrivée à
Kalaw, il est près de 19 heures, nous disons au-revoir à Kyaw et Maung
Maung, ils doivent retourner sur Bagan ! et prenons possession de nos
chambres à l’hôtel « November Kalaw » La température a chuté,
faut dire qu’on est à 1320m d’altitude. Bonne nuit ! 
Demain, nous
prendrons la direction des Grottes de Pindaya, grottes millénaires aux milliers
de statues de Bouddha.
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