*** Dimanche 22 Octobre, en route pour l’Altiplano, 380 kms entre 3000 et 4000 mètres d’altitude...
Le départ est programmé à 8 heures.
Comme nous le faisons tous les matins, avant d’aller prendre notre petit
déjeuner nous mettons nos valises, bouclées, devant la porte de la chambre, et
comme tous les matins, au moment du départ nous vérifions qu’elles sont descendues
dans le hall prêtes à nous suivre, et là.... vous l’aurez deviné, elles n’y
sont pas ! un aller-retour à la chambre, rien.... mais où sont-elles ?
après une dizaine de minutes de recherche un peu partout, il faut se rendre à
l’évidence, elles ne sont plus dans l’hôtel !!!!! Nous sommes trois
couples dans ce cas, c’est tout de même incroyable
Gilbert prend alors les choses en main, se renseigne, il s’avère qu’elles sont dans le car d’un autre groupe parti depuis déjà une heure, ah la la !! ...... tout de même, dur à admettre pareille bêtise, en cause bien sûr le portier de l’hôtel mais aussi.. le guide-accompagnateur de l’autre groupe qui n’a certainement pas compté ses valises au départ, de plus les nôtres ne portaient pas l’étiquette de leur agence, non vraiment c’est aberrant. Bon le mal est fait, on n’en est plus aux lamentations, l’urgence est de les récupérer, mais où, et quelle direction a pris ce bus touristique il y déjà une heure ?
Pauvre jeune portier, l’hôtel venait
juste d’ouvrir, et déjà une si grosse bévue. Au bout de quelques instants la
réceptionniste de l’hôtel annonce que le car est parti sur Puno, une chance
extraordinaire : il a pris la direction prévue par nous, et non pas celle
de l’aéroport comme il a été craint un moment Même pas le temps de
réagir que voila notre petit portier qui court, vole.. après le car, il le
rattrapera quelques 120 kms plus loin.... (en voiture je vous rassure) quand
celui-ci s’arrêtera au site de Raqchi. Lorsqu’à notre tour, en fin de matinée
nous arrivons à Raqchi, il est là tout contrit, avec nos valises.
. Nous
pensons souvent à lui, il était attendrissant, se confondant sans cesse en
excuses, nous ne lui en voulons pas vraiment, car avait-il les consignes pour
éviter ce genre d’erreur dès qu’il y a plusieurs groupes en partance. En tout
cas, à partir de ce jour, nos valises ne seront mises devant les portes qu’au dernier
moment, on ne s’y fera plus reprendre...
*** Andahuaylillas
(point N° 12
carte itinéraire) située à 3122 m d’altitude, sur la route de Cuzco à Puno.
Nous y visitons une église jésuite : San Pedro, qui par la
beauté de son architecture intérieure et sa décoration exceptionnelle, a mérité
le titre de « Chapelle Sixtine Andine »
La construction de l’église est simple, un seul vaisseau avec une tour sur le coté droit, où se trouve le clocher. Sur la façade, qu’on pourrait qualifier de Renaissance, et au dessus de la porte principale, un balcon couvert présente les martyrs de St Pierre et de St Paul. La porte d’entrée est décorée par quatre niches latérales couvertes de représentations de « docteurs de l’Eglise » bordées par deux colonnes doriques, au-dessus de la porte, deux anges soutiennent un médaillon avec la figure de la Vierge immaculée. A l’extérieur, trois croix construites en andésite qui représentent la Sainte-Trinité.
L’intérieur est époustouflant, on ne
sait où porter les yeux tellement la quantité de fresques qui couvrent les murs
est impressionnante, tout l’espace est envahi. Le plafond est d’une beauté
inouïe, peint de
formes géométriques et de fleurs dorées à l'or fin. En entrant on découvre sur
le coté droit le « chemin du ciel » et sur le coté gauche « le
chemin de l’enfer » Les photos et films sont strictement interdits pour ne
pas abîmer les peintures, mais à l’entrée sont disponibles quelques cartes
postales et une brochure en français, fait assez rare depuis le début de notre
voyage, que demandez de mieux !! Dommage que le grand autel était en
complète restauration, à moitié camouflé derrière les échafaudages.
Le grand autel, baroque,
est taillé en bois de cèdre et doré à la feuille d’or de 24 carats, métal
précieux venu des laveurs d’or de Marcapata. En son centre se trouve l’image de
la « Vierge du Rosaire » peinte par Diego Quispe
Tito, le tabernacle est recouvert de plaques d’argent. A coté, une
sacristie où l’on garde vêtements sacerdotaux et chasubles brodées de fils de
métaux précieux, cette sacristie recelait aussi d'intéressants bijoux d’or et
argent, malheureusement ceux-ci été volés en 1992 et n’ont jamais été
retrouvés.
A gauche le baptistère, autour de
son entrée est écrit « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit, Amen » phrase liturgique de l’église catholique, mais le
plus intéressant est que l'écriture est dans cinq langues : Latin, espagnol,
Quechua, Pukina et Aymara (aujourd'hui Pukina est une langue éteinte).
Tout au long de la partie inférieure de la nef, comme une frise, se trouve le socle dénommé « les Saints » peinture murale de couleur pourpre avec des médaillons présentant différents martyrs dont Ste Cécile, Ste Barbe..
La majorité des fresques sont des oeuvres de Luis Riaño, peintre de Lima. Pour n’en citer que quelques unes : la « Crucifixion », « le baptême du Christ » et « l'Archange St Michel », le tableau de la « Vierge de l'Ascension » est du peintre espagnol Esteban Murillo. Il existe aussi des tableaux anonymes de l'École de peinture de Cuzco, représentant la vie de Saint Pierre.
L'église de San Pedro d'Andahuaylillas, construite très probablement sur des fondations incas, daterait de la fin du 16ème, si l’on s’en refère à une des fresques signée Luis de Riaño, peinte en 1626.
Avant de
reprendre la route, petit arrêt sur le petit marché artisanal qui se tient sur
la jolie place bordée de maisons anciennes et plantée de nombreux pisonays. De retour dans le bus, un vendeur monte et nous propose une carte
plastifiée : “le circuit touristique de
Cusco à Puno” belle carte qui se révèlera intéressante pour le reste du voyage
: altitude, notions d’histoire, plans de quelques villes, informations sur la
population locale, traditions, etc... Sur la route de Puno, 85 kms plus loin,
se trouve la ville de Raqchi, (3475m d’altitude, on continue à monter..)
important centre archéologique où l’on peut voir le Temple de Wiracocha. Dans
ce village, une sympathique scène : des paysans labourant avec une charrue
tirée par deux taureaux, la veille femme qui semait son maïs nous voit
aprocher, elle ne perd pas le Nord et a le sens des affaires car elle vient
direct vers nous, ça sent la distribution de soles.
En
s’approchant de l’entrée du site, nous apercevons notre jeune portier avec les
six valises, j’avoue que je suis comme Saint-Thomas..... je ne serais
tranquille qu’après les avoir vues … après tout rien ne nous assurait qu’elles
étaient-elles bien dans ce car, et si oui le car étant reparti, était-ce les
bonnes qui avaient été sorties de la soute ? Enfin plus que quelques secondes
et nous serons rassurés.