Point N° 13 carte itinéraire
La ville se trouve au pied du volcan Kinsach’ata ce qui explique la construction des bâtiments en pierre de lave. Bien que la plupart de ceux-ci soient de la période Inca (1450 à 1532) l’origine de Raqchi est beaucoup plus ancienne, en effet lors de fouilles archéologiques il a été retrouvé des céramiques d’avant J.C, des récipients style Pucara (200 à 700 ans après JC.) ainsi que d’autres un peu plus récents.
L’entrée des
visiteurs se fait par un passage dans la muraille Inca, ce mur d’une longueur
approximative de 7 kms et d’une hauteur de 4 mètres fait le tour de la zone
archéologique. Derrière cette porte, un Inca (plus vrai que vrai ..) nous souhaite la
bienvenue. Nous foulons le chemin des Incas et passons devant une chapelle qui
fut construite au 18ème siècle avec des pierres volcaniques et des
pierres ponces taillées. C’est alors qu’apparaît immense, la vedette du lieu :
le “Temple de Wiracocha”
Comme pratiquement partout au Pérou, les majestueuses constructions Inca furent détruites par les conquistadors, ne reste de ce temple que le mur central et les bases des colonnes. Il était entièrement couvert et mesurait 92.20m de long pour 25,40m de large.
* Le mur central mesure 12 mètres de haut pour 1.70 m de large. La partie inférieure de 3 m de haut était construite avec une pierre volcanique taillée, et la partie supérieure de 9 m de haut en adobe ou torchis renforcé. Les parois ont 1.65 m d’épaisseur à la base et 1.30 m à la partie supérieure. Aujourd’hui cette paroi fait 12 m de hauteur contre 15 mètres il y a un siècle. Les deux murs latéraux avaient 1.20 m d’épaisseur et 3 m de hauteur. La toiture était impressionnante avec presque 2500m² et une pente de 50°. Deux portes d’entrée dans ce temple, l’une pour les religieux, l’autre pour les religieuses.
* Les colonnes rondes : un archéologue en a dénombré 156, on voit encore les bases à coté de la paroi centrale, à l’origine elles faisaient 9.80 m de haut pour un diamètre de 1.60 m
* L’ensemble de logements : six rangées et sept patios où vivaient les femmes de la noblesse, les religieux et le personnel administratif. Chaque patio contenait sept logements de construction similaire au temple.
* Quelques terrasses : les terres cultivées : maïs, pomme de terre, avec parfois des marches pour aller d’une terrasse à l’autre.
Sur le chemin des Incas, un paysan passe chargé de maïs, échange de regards, nous.. les touristes, lui.. l’habitant des lieux..
* Les Qolqas : centre de stockage de denrées alimentaires, de forme circulaire : 8 m de diamètre pour 4 m de hauteur, faites de pierres volcaniques assemblées par du mortier. Chacune d’elle comprend deux fenêtres en forme de trapèze pour l’aération des produits et une porte étroite. Les toits étaient en paille, de forme conique. Sept ont été restaurées en 1994.
L’existence de la maison des chasquis à l’extérieur et la muraille gigantesque qui préserve le site, fait supposer que celui-ci était utilisé comme centre du courrier inca.
* Chasqui Huasi (le
courrier). A Raqchi, ce “courrier” comportait huit logements et chacun d’eux
avait deux fenêtres à l’intérieur et une porte donnant vers un patio de 40m sur
27m. Ici pouvaient se reposer et se restaurer les chasquis, ce lieu
servait aussi
de relais entre les différents relayeurs.
* Le chasqui était un coureur entraîné qui délivrait des messages, des présents royaux ou autres objets dans tout l’empire Inca. Il était envoyé à plusieurs centaines de kilomètres sur un trajet allant de Nazca à Tumbes (frontière Nord du Pérou) mais aussi à d’autres parties de l’empire tel que les actuels Colombie, Bolivie, Argentine, Chili. Il emportait un pututu (trompette faite d’une coquille de conque ou d’une corne d’animal) un quipu contenant les informations, et un qipi sur son dos pour transporter les objets à livrer. Les chasquis étaient entraînés à se défendre contre des éventuelles attaques.
* Qu’est-ce
que le quipu ? L’inca n’a pas connu l’écriture, il a alors utilisé les
cordes pour déterminer les données. Le quipu consiste en une « corde
mère » tenue en position horizontale, d’où tombent une quantité de
cordelettes de différentes couleurs avec des noeuds.
Chaque
cordelette comporte trois types de noeuds distincts, simples (unités) compliqués (dizaine) en huit (centaine).
Un tel alignement de noeuds sur une cordelette permettait de former un nombre
jusqu’à 999, pour un nombre supérieur on utilisait plusieurs cordelettes.
Chaque cordelette verticale correspondait à une rubrique spécifique, la couleur
déterminait la nature de l’information, ce quipu permettait aux comptables
incas, par exemple, de calculer avec exactitude le nombre de lamas et la
quantité des produits agricoles. Il n’a jamais été prouvé cependant qu’il
pouvait s’agir d’un alphabet. Les incas s’en servaient pour toute la gestion
économique et sociale de l’empire, c’étaient les quipucamayocs (maîtres du Quipu)
qui recensaient toutes les données démographiques et économiques d’un lieu
précis. Les quipus semblent avoir constitué un outil de communication, en
effet l’Inca Garcilaso de La Vega, chroniqueur, rapporte un témoignage comme
quoi les chaskis utilisaient les quipus pour mémoriser les messages avec des
données qualitatives et quantitatives (Source Encyclopédie Wikipédia)
< img src="Racqui_fichiers/image013.jpg" border="0" width="230" height="309" alt="Paysanne, petit marché sur la place de Raqchi" hspace="12" align="left">
A l’emplacement du patio du Chasqui Huasi se tient un petit marché artisanal où les femmes apportent une touche très colorée, toutes coiffées avec le même chapeau original : plat, large et le dessus joliment brodé.
Raqchi est aussi connu pour son festival international folklorique, regroupant des groupes de toute la région quechua et aymara du sud du Pérou. Il existe depuis 1968 et se déroule la seconde semaine de Juin sur l’esplanade face au temple de Wiracocha, il est très important.
Nous quittons Raqchi et sommes maintenant au début de l’Altiplano, cette région commence au 14ème degré latitude sud, degré que nous avons franchi il y a environ 20 kms, l’altitude moyenne y est de 3300 mètres, avec un pic au col de la Raya (4330 m). Région entourée de crêtes montagneuses à l’Ouest, avec comme toujours de superbes paysages. Nous commençons à apercevoir nos premières neiges, celles-ci sont visibles à partir de 5000 mètres.
Dans
quelques kilomètres nous ferons un arrêt photo, car à cet endroit nous
devrions, après seulement quelques minutes d’attente, voir passer le très
luxueux train : l’Andéan Explorer. Celui ci fait partie de la compagnie
Perurail, racheté par l’Orient-Express,
comme le
Backpacker que nous avions utilisé pour aller au Machu-Picchu, si ce n’est
que ! ce train est un train de 1ère classe, décoré à la
manière des Pullman des années 1920, avec voiture-restaurant et plateforme
panoramique en plein air. Il est utilisé uniquement à fins touristiques et
prévoit (peut-être ?) le voyage avec repas. Le trajet de Puno, sur les
rivages du lac Titicaca, à Cuzco, la ville historique, s’effectue en une
dizaine d’heures, la ligne est unique, avec un croisement possible à mi-route
environ. Le train ne circule que le lundi, mercredi et samedi et n’effectue
aucun arrêt. Tarif pour un aller Puno-Cuzco ou vice-versa : prévoir pour
2008 : environ 120 €.
Dans les prés nous voyons de plus en plus souvent des troupeaux de lamas ou d’alpagas gardés parfois par une paysanne. Dans cette contrée vivent essentiellement quatre sortes d’animaux : le lama, l’alpaga le guanaco et la vigogne. Le guanaco, contrairement aux trois autres espèces n’a jamais été domestiqué, actuellement il est plus répandu en Patagonie où il vit généralement en petit groupes d'une vingtaines d'individus conduits par un mâle dominant.
* Le lama :
animal de la famille des camélidés qui vit dans les Andes, son poids varie
entre 80 et 120 kgs, sa toison
est longue et
épaisse selon la variété. Les couleurs sont variées : blanc, beige, brun,
gris ou noir. Dans le haut plateau du Pérou, c'est un animal domestique. Il est
très doux mais se défend en crachant de la salive s’il est agacé, mais s’il est
réellement en colère
il envoie à sa victime un jet verdâtre qui
remonte de son estomac, liquide nauséabond provenant de la décomposition des
végétaux digérés, on comprendra que si l’on tient à sa garde-robe, il vaut mieux
ne pas l’irriter... Il est utilisé pour transporter des charges et pour la
boucherie. Il a été importé en Europe.
* L’alpaga : plus petit que le lama, son poids varie entre 55 et 70 kgs, sa toison est longue et douce. On distingue 2 types : à poils longs ou plus court et frisé. Sa robe est comme pour le lama de différents tons. Dans les Andes il a été domestiqué facilement, mais les premiers essais d’acclimatation en France ont été infructueux. On utilise la laine et la viande, la laine très recherchée et considérée comme produit de luxe, sert à faire des étoffes particulières, douces et soyeuses.
Voici une petite anecdote racontée
par Joseph à propos de la charge supportée par le lama. Les guides touristiques
et les encyclopédies disent que ce gentil porteur peut supporter la moitié de
son poids. Les espagnols « super conquérants ! » n’ont jamais
réussi à mater l’animal comme ils ont si bien assujettis les incas
, ils se sont
heurtés à des lamas qui crachaient ... se couchaient, se laissaient rosser sans
jamais se relever, lorsque le poids dépassait, même de 500 g, ce qu’ils
pouvaient porter. Grosse surprise des conquistadors qui pensaient traiter le
lama comme un âne.
*** La Raya : 4330 mètres d’altitude
Ca y est,
nous y sommes, point culminant du voyage.... quelques 2000 m plus haut qu’en
France ! et pourtant presque incrédules.. car depuis ce matin nous n’avons
traversé que des plateaux, pas de lacets avec pente de 14%... Le soleil est là,
la température est excellente, peut-être dans les 18° en plein milieu de
l’après-midi. Sur le petit mur de pierre bordant le parking, quelques vendeurs
ambulants proposent leur artisanat : bonnets fourrés, couvertures, nappes,
peluches, sacs... Je les trouve bien courageux d’être venus jusque là,
contrairement à nous ils ont l’air d’être frigorifiés. Sur le chemin : une
maman et son fils, tenant en laisse un alpaga décoré pour la circonstance,
prêts pour la photo, le régal des touristes et un bon apport financier pour ces
paysans, un peu plus loin, un troupeau de lamas et d’alpagas.
L’endroit est vraiment magnifique, mais inutile de s’y attarder plus longtemps, il n’y a rien de plus à y voir, et Gilbert nous a promis, si nous arrivions avant le coucher du soleil, de s’arrêter quelques instants au marché de Juliaca, en faisant cela, il espère atténuer la déception du marché loupé de Pisac (cause recensement)
16h30 :
arrivée à Juliaca (3825 m d’altitude) surnommée la « ville des
vents » de par son emplacement sur le haut d’un plateau, malheureusement
réputée aussi pour sa contrebande, l’activité principale en est le commerce de
tout genre. La promenade que nous ferons à pied le long de la voie ferrée nous
permettra de voir tous ces « vendeurs à la sauvette » certains
d’entre-eux comme ce marchand de livres par exemple, se sont installés à même
la voie ferrée, celle-ci traverse la ville à la manière d’un tramway,
heureusement que le train Cuzco-Puno ne passe que deux fois par jour, une le
matin et une le soir... j’imagine la scène du train stoppé et attendant que le
vendeur ait tout dégagé....
Avant de
descendre du car, Gilbert nous fait des recommandations : ne rien emmener sur
nous, ni papiers, ni argent, le coin n’est pas très sécurisé (cela vient peut-être
du fait qu’une partie de ces personnes vendent illégalement !) ne pas
insister sur les photographies, ne pas traîner. Un peu stressés par ces mises
en garde, nous « collons » notre guide le long de ces trottoirs où se
tient ce marché qui est tout ! sauf conventionnel, ici un cordonnier avec
sa machine à coudre, installé sur la terre battue,
là dans
l’attente de clients : les taxi-mob, rutilants dans leur couleur bleue,
enfin en vrac : des stands de fleurs, de ferrailles, des livres carrément
mis sur les rails, d’herbes vendues au kg, dont la feuille de coca, qu’il nous
arrivera souvent de machouiller ou de boire en concoction pour combattre le mal
de l’altitude.
* La coca est une
plante qui pousse à l’état sauvage dans la Cordillère des Andes, utilisée par
les populations locales, comme plante médicinale car elle contient 14
alcaloïdes contenues dans les feuilles, je ne citerais que celles ayant trait à
l’altitude : la higrine qui a des vertus sur la circulation sanguine, et
protège du mal des montagnes, la globuline qui est une protéine cardiotonique,
remède efficace et indispensable pour le traitement de la maladie des hautes
altitudes, la piridine qui stimule la circulation
sanguine, facilitant l’oxygénation du cerveau, n’oublions pas cependant pas la
cocamine et la coniine qui sont des anesthésiques.
Son usage remonte à près de 5000 ans, du fait de ses différentes vertus, les peuples amérindiens la considérait comme une plante sacrée et la fille de Pachamama, qui est je vous le rappelle, la déesse-terre dans leur religion. Les Péruviens l’utilisent principalement sous forme de mastication, pour les aider à supporter les dures conditions de vie de l’altiplano, ou de tisanes. La coca est également utilisée dans des centaines de produits tels que shampoing, dentifrice, vêtements, médicaments, potentiel important pour les Andes, elle pourrait être commercialisée en Europe, mais l’exportation en est toujours interdite dans nos contrées, depuis que des petits malins ont trouvé comment en extraire la cocaïne, (l’un de ses principaux alcaloïdes) afin de la revendre sur le marché des stupéfiants. Alors que la culture de cette plante est autorisée sur un territoire limité en Bolivie : les Yungas de la Paz ( ce sont les vallées dont la hauteur oscille entre 1500 et 2500 m, situées dans les contreforts de la cordillère, la végétation y est exubérante, recevant beaucoup de pluie, le climat y est subtropical chaud et humide, idéal pour la culture de café, agrumes, canne à sucre et coca) elle n’est pas autorisée au Pérou. (source Encyclopédie Wikipédia)
Nous
revenons au car en empruntant la rue parallèle à celle où se tenaient tous ces
vendeurs de bric-brac, celle-ci est à circulation. Beaucoup de tricycles
servent de taxi, conséquence : moins de pollution dans la ville, il y en
auraient 30 000 rien que dans la cité de Juliaca, usage facilité par le
plat de la ville, son conducteur gagne quotidiennement une moyenne de 20 à 25
soles. Impression de déjà vu, mais oui bien sûr..
.. c’était en Inde : le
rickshaw indien.
40 kilomètres nous séparent de Puno, nous y arrivons aux alentours de 19 heures, il fait déjà nuit depuis bien longtemps et nous ne profiterons pas du paysage. Notre hôtel : La Hacienda, rue Deustua est en plein coeur de la ville , mais comme à Cuzco, le bus ne peut y approcher, et c’est à pied que nous traverserons le coeur historique, allégés de nos valises, une voiture les apportera, pour atteindre celui-ci.
Le repas
sera accompagné de musiques andines. Une petite surprise nous attend dans notre
chambre : une jolie corbeille de fruits accompagnée d’une carte de visite
de l’hôtel Eco-Inn de Cuzco ! avec ces quelques mots en espagnol :
« Veuillez accepter nos excuses pour le désagrément occasionné par
l’affaire des valises , ainsi que cette corbeille de fruits » la
classe !!!
Demain est
prévu la journée complète sur le lac Titicaca : l’excursion vers les îles
flottantes Uros, et l’île de Taquilé