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             *** Mercredi 24 Octobre 2007 : route jusqu’à La Paz avec passage frontière bolivienne

 

Ce matin au lever il fait gris, il tombe quelques gouttes, il paraît qu’il a même neigé dans la nuit, les hauts sommets de la Cordillère Paysans devant l'église de JuliRoyale devraient être superbes. Nous traversons les villages qui longent le lac, le paysage est toujours somptueux à ces altitudes et arrivons à Juli distant de 84 kms de Puno. Petite ville se trouvant sur les bords du lac Titicaca, à une altitude de 3850 m, habitée principalement par les indiens aymaras, le nom de Juli provient de l’oiseau « chulli » elle est également surnommée « la petite Rome des Amériques » grâce à ses attraits touristiques caractérisés par plusieurs églises de dimensions importantes.

  

Image insolite à la descente du car, une vingtaine d’hommes et de femmes sont là debout ou assis sur les parterres, devant la petite église. Insolite ! car ils sont tous habillés de noir et les hommes couverts d’un chapeau, au Pérou on a plutôt l’habitude de voir des habits très colorés, manifestement ils s’apprêtent à pique-niquer, les provisions sont déjà installées à même le sol, peut-être qu’ils honorent ainsi la mémoire d’un disparu 

 

Nous visiterons l’église de San Pedro, construite en granit blanc en forme de Croix latine, sur ordre des pères dominicains vers 1565 et terminée par les jésuites dix ans plus tard. Belle façade sculptée et tour baroque. A l’intérieur dans la nef grand retable baroque,  sur les façades latérales nombreux autels recouverts d’or, ainsi que beaucoup de peintures des écoles espagnoles, italiennes et de Cuzco.

 

L'église San Pedro          L'intérieur de l'église San Pedro de Juli

 

La place principale est animée, comme toujours dans ce genre de village s’y tient un petit marché journalier, une femme y promène son cochon en laisse, étrange mais sympathique.

Nous reprenons la route en direction de Desaguadero, poste frontalier avec la Bolivie, Felipe nous annonce alors qu’il y a grève des douaniers, sans doute indéterminée, à moins que cela ne soit un de ces si fréquents « bloquéos » provoqués par des mouvements politiques ou.. par des chauffeurs de camions mécontents, du fait de la pénurie de diesel en Bolivie, ou... pour toute autre cause sympa ou pas ! ... nous voilà bien, que fait-on ? ne reste qu’une solution : traverser le lac Titicaca à la nage !!  rigolons, rigolons...on rigolera moins un peu plus tard ! Pas de soucis la traversée est assurée par un magnifique bac, Felipe nous promet que nous arriverons à temps à la Paz et que ce léger changement d’itinéraire nous fera découvrir de superbes paysages en frôlant les sommets enneigés de la Cordillère Royale, de toute façon, il peut dire ce que ça lui chante !...faut bien suivre le chauffeur, n’est-ce pas ? à Pomata nous prenons donc à gauche la direction de Kasani, petit poste frontière que nous atteignons en fin de matinée.

La frontière bolivienne à Kasani  

     * Passage de la frontière : la consigne est de ne rien laisser dans le car, en effet celui-ci ne nous accompagnera pas en Bolivie, les grosses valises retirées de la soute seront chargées par des employés locaux dans des pousse-pousse ! et tandis que nous effectuerons les formalités, ces porteurs traîneront leur gros chargement de l’autre coté de la frontière, un no-man’s-land de 150 m environ en légère pente ascendante.

 

 Un petit bureau de change  permet d’obtenir quelques bolivianos, 10 bol pour 1 €, l’endroit est décoré des drapeaux nationaux, les bureaux d’immigration sont de l’autre coté de la Le no man's land entre les deux paysroute, un peu plus loin, mais côte à côte, ne pas se tromper : d’abord le péruvien (apposition du tampon de sortie et rendu de la fiche d’immigration remplie à l’aéroport de Lima) puis le bolivien, où nous ferons tamponner nos passeports une fois  la fiche d’immigration d’entrée en Bolivie remplie.

 

 Une recommandation, bien faire attention que ces deux documents sont tamponnés, la fiche devant impérativement être remise à la sortie du territoire, et le cachet est obligatoire sur le passeport pour un séjour en Bolivie, ça ne rigole pas, on peut être l’objet de contrôle, ce qui ne tardera pas d’ailleurs ! Une fois toutes ces formalités effectuées, qui ont été rapides, moins de deux heures pour les 32 membres du groupe, Félix nous fait ses adieux. Nous franchissons à pied ce bout de route qui n’appartient à personne ou plutôt est commun aux deux pays, puisque c’est environ 150 mètres plus loin que nous  franchissons réellement la frontière, des étalages de vendeuses sont installés ça et là le long de celle-ci, il ne passera aucune voiture. Nouveau bus, nouveau chauffeur, bonjour à Felipe qui reprend le flambeau et nous guidera dans la Paz.

 

Après Kasani la route grimpe, nous sommes maintenant à plus de 4000 m, le lac titicaca s’étend à nos pieds, une halte photo nous permettra d’immortaliser  au loin la ville de Copacabana, celle-ci jouit d’un cadre naturel enchanteur, située au bord du lac mais blottie aux pieds d’une petite montagne. Quelques kilomètres plus loin, c’est le déjeuner pique-nique en plein air, le soleil est au rendez-vous mais l’endroit est très venteux. Que c’était joli ! : le lac à plus de 200 mètres en contrebas et ses innombrables petites îles, la côte déchiquetée visible à 180°, à l’horizon on devine les côtes boliviennes.

 

La ville de Copacabana          Vue panoramique sur le lac Titicaca

 

Nous nous approchons du détroit de Tiquina, de la route panoramique nous commençons à apercevoir ce bras de 900 m qui sépare le lac Titicaca en deux morceaux : le lac Chucuito (Majeur) et lac de Huiñaimarca (Mineur). Felipe nous explique le déroulement de l’opération, ce ne fut pas une action commando, mais tout de même, cette traversée nous laissera un souvenir impérissable. Il paraît que lorsqu’il y a trop de vent, celles-ci sont annulées, mais, nous dit-il « aujourd’hui il n’y a pas de problème » qu’est-ce que Détroit de Tiquina,
 les barges assurant la traversée des véhiculesça aurait été alors s’il y avait eu problème !! (humour noir) ... de toute façon on n’a pas le choix on s’en remet à lui, la route principale n’étant pas accessible.

 

Les véhicules sont montés sur des espèces de grandes barges plates peintes de couleurs vives, barges construites avec quelques planches de bois sommairement assemblées, avec un simple moteur de bateau, système datant de Mathusalem ! c’est tout simplement stupéfiant, nous regardons avec une certaine appréhension notre car y prendre place. Il est sans doute interdit de rester dans le bus, car on nous emmène un peu plus loin pour monter dans un tout petit bateau, d’une capacité d’une vingtaine de personnes maximum, c’est dire si c’est du petit ! les gilets de sécurité, fichtre.. ils sont peut-être en Embarquement de notre bus pour la traversée du lacoption !!!....

 Les premiers  du groupe sont déjà partis, quand surgit on ne sait d’où  un « flic » bolivien pas plus souriant qu’il n’en faut, il demande les passeports, les feuillette et nous rend notre précieux sésame après avoir trouvé le tampon d’entrée, on s’entasse alors dans ce bateau, la traversée doit durer 15 minutes. 

   Le petit bateau assurant la traversée des passagers      

 

Les cinq premières minutes (ou les 300m premiers mètres !)  se sont passées sans problème, mais arrivés au milieu du chenal  je peux vous assurer qu’on a tous eu la peur de notre vie, les épaules de chacun de mes voisins doivent encore se souvenir de mes ongles, quant à Yvette, la photo prise tant bien que mal par son mari est plus parlante qu’un long discours.

 

Vogue, vogue ... notre beau bus« Les vents de l’Altiplano, s’ils ont des conséquences sur la température des eaux, ont pour effet d’agiter les eaux de surface, les vents forment alors des vagues d’ondes courtes qui peuvent dépasser 50 cms » ça c’est Mr Georges Ouvrard qui le dit dans une rubrique très précise qu’il a consacré au lac (situation, profondeur, volume, particularités climatiques, caractéristiques et pollution) il est certain que je le crois !!!

 

A plusieurs reprises les vagues ont arrosés ceux qui Effrayée ........ notre Yvetteavaient eu la malchance de ne pas être dans l’habitacle, le minuscule bateau tanguait beaucoup, beaucoup trop à notre goût,  bref ! un moment inoubliable où la trouille habitait chacun de nous, on riait jaune ! ce ne furent que quelques minutes, mais elles durèrent un siècle. Le lac, aussi étrange que cela soit, a des marées quotidiennes qui atteignent une amplitude de 0,80m. Ce fut avec un réel soulagement que nous posâmes les pieds de l’autre coté, au même moment arrivait apparemment intact notre si joli bus vert.

 

La route d’une centaine de kilomètres reliant Tiquina à La Paz est réellement fabuleuse, apparaissent alors les sommets enneigés de la majestueuse Cordillère Royale : l’Illampu (6368m) et l’Ancohuma, (6427m) un peu plus loin un peu avant la capitale : le Huayna Potosi, (6088m) 

 

Le lac et les sommets de la Cordillère Royale         Les sommets de près de 6500m de la Cordillère Royale

 

         * El Alto, banlieue grouillante de La Paz, située entre 3900m et 4100m sur l’altiplano, haut plateau andin, est une des villes les plus hautes du monde. C’était une plaine sèche inhabitée jusqu’en 1903, c’est alors qu’une nouvelle ligne de chemin de fer a Paysans de El Alto, banlieue de La PAZété ouverte, puis en 1925 fut construit le terrain d’aviation servant de base à l’Armée de l’Air et en 1939, la première école primaire. El Alto a été politiquement séparée de La Paz et déclarée comme ville en 1987, l’aéroport international et l’aérodrome militaire y sont installés.  Actuellement 1 million d’habitants y vivent dont 78% d’aymaras, 6 % de quechuas et 16% de descendance européenne.

 

 

 La circulation y est dantesque, piétons, vélos, taxis, bus, voitures, l’embouteillage y est permanent, petits marchés ou les paysans ont déballé leurs fruits et légumes un peu partout, sur les trottoirs et même sur les ronds points, la patience des conducteurs est mise à rude épreuve.

 

Vue panoramique sur LA PAZAu péage qui permet d’emprunter l’autoroute qui nous mènera au centre de la Paz, Félipe propose un jeu, on doit fermer les yeux et tourner la tête vers la gauche pendant 10 secondes, à son autorisation on les ouvrira et à droite.. apparaît  La Paz, véritable canyon encaissé. Le site est subjuguant, fabuleux, un des cadres naturels les plus beaux au monde, je comparerais la vue à des petits cailloux colorés, posés dans le creux d’une main, les doigts de la main étant tous les sommets entourant la ville, les cailloux : les maisons accrochées du point le plus haut (4100m)  à celui le plus bas (3200m) et les gratte-ciels si minuscules au fond de cette cuvette. Un belvédère est aménagé quelques mètres plus loin au grand bonheur des photographes, et pour ne rien gâter, en toile de fond le colossal  Illimani, un sommet enneigé de 6439 m.

 

Commence alors une descente interrompue pendant plusieurs kilomètres, l’artère principale s’appelle du haut en bas : l’avenue Montès, surnommée par certains les Champs Elysées boliviens, jusqu’à notre hôtel situé tout en bas de l’autre coté de la ville. Il commence à faire brun, la traversée de la ville est longue, très longue, beaucoup de monde et de circulation.. Pour cette dernière étape du voyage, l’agence nous a gâté : l’hôtel Ritz Plaza Isabel la Catolica, chambre à deux grands lits, chaussons et peignoirs brodés au nom de l’hôtel, cuisine, vins fins,  salon, bureau stylé, le tout au 8ème étage, bon ! on ne va pas cracher dans la soupe, mais  un tel luxe pour le si peu de temps qu’on y vit... d’autant que celui-ci se passe principalement dans les bras de Morphée..

Demain, départ tôt de façon à arriver à l’ouverture du site de Tiwanaku, site que nous aurions dû visiter hier, se trouvant sur la route entre la frontière principale et la Paz..  

 

Le diaporama