**** Jeudi 25 Octobre 2007 : Tiwanaku, (point N° 15 carte itinéraire)

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Nous remontons en sens inverse, du moins jusqu’à El Alto, la quatre-voies qui relie les beaux quartiers du bas (3200m) et les hauts quartiers (4000m) et repassons devant le belvédère panoramique, à cette heure matinale la traversée de El Alto n’est pas trop difficile. Dès la ville quittée, nous nous retrouvons dans l’altiplano sauvage, avec toujours les vues magnifiques  sur les massifs enneigés de la Cordillère Royale. Le paysage change de couleur, à l’approche de Tiahuanaco, à 70 kms de la Paz,  la terre est très rouge, ferrugineuse, une herbe rude appelée ichu, de couleur jaune clair y pousse et constitue pratiquement l’unique végétation de cette région aride, herbe qui sert comme pâture aux animaux du plateau andin.

 

                    Histoire de Tiahuanaco (Tiwanaku) en quelques lignes :

         * centre spirituel et politique, situé sur un haut plateau à 3844m d’altitude, déclaré Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco en 2000.

      * Sa création qui fait l’objet d’études historiques et anthropologiques est très controversée et constitue une véritable énigme. Arthur Posnansky, un archéologue dont les découvertes ont été avalisées par le gouvernement bolivien, a été le premier à suggérer que Kalasasaya (le temple de Tiwanaku) servait d'observatoire astronomique. Il a également utilisé ses recherches pour dater le complexe et a obtenu la date stupéfiante de 15.000 ans avant J.C. Il est aussi dit que la civilisation de Tiwanaku, antérieure à la période Inca, a pu faire l’objet de quatre époques allant du 10ème siècle avant J.C. jusqu’au 12ème siècle, période où elle disparu, mais on ne connaît pas grand-chose de celle-ci : ni la langue, ni la religion, ni les rois. Certains croient que c'est la ville la plus ancienne au monde, d'autres  qu'elle a été construite par les mêmes  extraterrestres qui auraient créé les lignes de Nazca.

Vers 1995, de nouvelles découvertes archéologiques ont clairement démontré que Tiahuanaco fut une métropole très animée, mais aussi la capitale d'un immense empire s'étendant sur plusieurs pays voisins actuels.

La cité était autonome, vivant en communauté de son agriculture et de sa pêche, les habitants savaient fondre le cuivre, laminer l’or,  fabriquer des poteries,  ils avaient aussi des connaissances en math, en astronomie et en ingénierie hydraulique. Ca devait être une ville royale magnifique, il est probable que les murs des temples et les statues étaient alors recouverts d’or, de textiles ou de surfaces peintes.

Il a été estimé que 365 000 personnes vivaient dans le centre antique de Tiwanaku.

 

Démonstration de la technique de déformation des cranesdessin d'un vase présent au musée        Notre première visite sera pour  le musée qui abrite des éléments de cette culture, tels que des vases cérémoniels avec inscriptions et dessins énigmatiques, poteries, céramiques, crânes trépanés ou déformés, procédé curieux reproduit chez les Incas plus tard. Le deuxième musée abrite les pièces colossales retrouvées lors de fouilles tels que le gigantesque monolithe de 7.30m de hauteur et 1.20m de large découvert en 1932 par Bennett, dans le temple souterrain de Kalasaraya, ce monolithe qui représente un personnage portant des vêtements raffinés et une couronne, est taillé dans un seul bloc, son corps est gravé de hiéroglyphes et  s’appuie sur un piédestal. La statue fut un temps exposée face au stade de football de La Paz, puis amenée au musée  lors de l’ouverture de ce dernier.

 Le site archéologique est situé dans un très joli cadre naturel, visitons le ensemble : 

 

sitôt passée la porte d’entrée, nous admirons quelques monolithes alignés, puis faisons le tour du Kalasaraya, vaste  esplanade de 126m x 117m, cet espace est délimité par  des murs de pierre d’une rectitude parfaite, (certains ont été complètement renovés en brique d’adobes)  séparés par des pierres verticales à intervalles réguliers, pierres ressemblant  à des menhirs d’ou le nom du temple, Kalasaraya signifiant « pierres dressées » impressionnant cet assemblage parfait, plus encore dans les angles.

 

Mur d'enceinte du temple Kalasaraya      Mur d'angle du temple Kalasaraya

 

 

A l’intérieur de cette aire, le monolithe Ponce  (3.04 m et 12 tonnes) il représente  un prêtre dans son habit cérémoniel tenant deux verres cérémoniaux et un peu plus loin le monolithe Fraile, la pierre d’andésite utilisée pour leur construction provient d’une carrière distante de 100 kms. Ce temple était vraisemblablement un observatoire.

 

 

 

 

Derrière ce « Ponce » un escalier de six marches taillées dans la roche conduit à une porte : « la porte principale » celle-ci mène directement à un autre temple, mais un fil de fer en interdit le passage. Après l’avoir contournée nous arrivons  au  « Templete Semisubterráneo » (semi-souterrrain) construction enfouie à 1.70m au dessous du niveau du site, il mesure 28m sur 26m et est entouré d’un mur de 48 piliers de grès rouge et de petits blocs de pierre, dans ce mur sont encastrées 172 têtes anthropomorphes en roche volcanique (l’anthropomorphisme est le fait de conférer des propriétés comportementales ou morphologiques spécifiquement humaines à des sujets ou des objets non-humains.) Ces sculptures sont  censées figurer des hommes de toutes races, ceux-ci représentant le monde souterrain ou vivent les morts et les êtres à venir, ou... symbolisent les victoires remportées sur les peuples étrangers !! Au centre de la cour de ce temple : plusieurs petits blocs monolithiques, dont « le barbu ».

 

Le temple semi-souterrain       Gros plan sur une tête anthropomorphe

 

A l’extrémité N. O le monument sans doute le plus célèbre du site : la Porte du Soleil, une  pierre sculptée, véritable bijou de l’art pré-colombien. Bloc de 4 mètres de large et 3 mètres de haut, sur la partie supérieure une frise sculptée représentant un personnage central, probablement le dieu-soleil Viracocha, flanqué de 32 hommes soleils et 16 hommes condors, ce dieu tient dans chacune de ses mains à quatre doigts, un sceptre qui se termine en tête d’oiseaux,  la tête est auréolée de rayons allant dans toutes les directions. Sur ce porche on peut y voir, dans un langage hiéroglyphe, une infinité d'inscriptions qui jusqu'à présent n'ont pas été révélées, ce qui augmente plus encore le mystère sur leurs significations, il pourrait peut-être s’agir d’un calendrier annuel pour les semences et les récoltes.

 

La porte du Soleil         Détail des sculptures de la porte du Soleil

 Et enfin l’Akapana, petit colline qui constituait, il y a fort longtemps, une pyramide à 7 plateformes de 200m de coté sur 15m de hauteur, elle était alignée parfaitement avec les quatre points cardinaux, peut-être une forteresse ? Aujourd’hui elle est totalement ensevelie, la faute en revient à un avide mineur espagnol qui creusa, dans l’espoir d’y trouver de l’or, puis les colons espagnols utilisèrent nombre de pierres pour construire, au 17ème siècle,  l’église du village voisin.  Depuis 1957, les archéologues boliviens et étrangers y effectuent des fouilles d’excavation, le travail a bien avancé, plusieurs des plateformes revoient le jour.

 

Reconstitution de ce que devait être TiwanakuCivilisation disparue ? Les vestiges trouvés attestent que la cité avait autrefois un port, celui-ci était sur le rivage du lac Titicaca. Les légendes relient l’histoire à un épisode marquant de la Bible : le déluge de Noé, détail troublant : l'archéologue bolivien Arturo Posnansky a conclu, en étudiant la couche mince des gisements de chaux qu’ils avaient été immergés pendant une période considérable, en outre, certaines parties des ruines ont été profondément enterrées en sédiments, l’archéologue  en a normalement déduit et  suggéré que l'inondation biblique ait pu avoir été la raison de ces dépôts. Ce qui est certain c’est que le site ne fut jamais achevé, les travaux furent interrompus comme si un évènement brutal qui aurait frappé la cité était survenu, un cataclysme ? des changements climatiques ? L’empire de Tiwanaku s’est éteint après que le niveau du lac se soit abaissé et le rivage reculé de la ville.

 

      Tiahuanaco  n’a sans doute pas finir de dévoiler ses secrets, en 1968 le commandant Cousteau, passionné, plongea dans le lac Titicaca et découvrit des fosses de plus de 500 mètres de profondeur, mais il n'y trouva pas les vestiges archéologiques qu'il recherchait. Tout récemment en 2005, dirigée par le géologue italien Lorenzo Epis, l'expédition baptisée "Atahualpa 2000", du nom du dernier empereur inca, concentra ses recherches aux abords de la plus importante des îles du lac, celle du Soleil. Sa ténacité a été récompensée car il a été découvert les restes d'un chemin, un mur de 700 mètres de long, un monument, une terrasse et des reliques d'un temple de 250 mètres de long et 50 mètres de large. L’équipe a aussi identifié une île aujourd'hui submergée, longue de 3600 mètres et large de 600 qui a été recouverte par la brusque montée des eaux du lac, conséquence d'un cataclysme qui a du se produire au 12ème  siècle et qui serait.... la cause du déclin de la civilisation de Tiahuananco.

 

La dernière étape de la visite était l’Akapana, la pyramide qui se cache encore sous ses monticules de terre, nous nous mélangeons aux « fouilleurs » les hommes creusent, les femmes encombrées de leurs longues jupes tamisent, un peu plus loin d’autres femmes ont « nettoyé » le terrain en  y arrachant l’ichu, l’herbe sèche qui pousse sur cette contrée aride. Une fois mouillée, cette herbe est écrasée, tressée pour fabriquer des cordelettes, voir des cordes. En sortant nous croisons plusieurs groupes d’écoliers cahiers de notes à la main, ils sont très heureux de nous voir, tout à coté du site, se tient un petit marché permanent, les stands où les boliviennes  proposent beaucoup d’artisanat, en particulier des nappes filées ainsi que des poteries, sont construits avec  des lattes de bois.

   

Nous repartons en direction de La Paz pour déjeuner, le restaurant est situé au cœur de la Vallée de la Lune, complètement de l’autre coté de la ville. Les abords de Tihuanaco ne sont pas très riches, on est bien loin des maisons cossues du bas de La Paz..quelques kilomètres plus loin, nous traversons sur un bon kilomètre une zone de chantier, des travaux gigantesques sont en cours de réalisation, un passage de canalisations semble-t-il, mais mon dieu,  ou est-on rendus ? les voitures en circulant sur un  chemin à peine carrossable font soulever des tonnes de poussière, un cadeau pour les ouvriers et ..ouvrières, un peu partout des trous sont creusés, entre creux et bosses le terrain est une vraie taupinière, les ordures sont jetées ça et là, des coulées d’eaux  provenant on ne sait d’où ! se fraient un chemin. Souhaitons que d’ici peu cet endroit va devenir à défaut d’être charmant, sinon correct.    

El Alto, contrairement à ce matin il y règne une circulation dantesque, image insolite que ces garçons assis au sommet d’un chargement de bric à brac, où vont-ils ainsi ? à leur lieu de travail, à la ville ? Dans le bas de la Paz nous commençons à apercevoir les gratte-ciels.

Circulation encombrée, centre de La Paz     Les gratte-ciels de La PAZ

La Vallée de la lune est à une douzaine de kilomètres du cœur de la ville, pour y parvenir nous longeons le fleuve Choqueyapu, nous regagnons en altitude, les paysages sont magnifiques. A chaque détour de virage apparaît un panorama nouveau, tantôt la montagne est rouge, tantôt ce sont des sommets arrondis gris, tantôt apparaissent les premières concrétions calcaires. Le restaurant est en vue, bien que nous soyons à une altitude de près de 4000 mètres, il y fait chaud, nous déjeunons en plein air sous une grande bâche. Après le repas nous irons visiter la Vallée de la Lune.  

Panorama vers  la Vallée de la Lune          Panorama vers la Vallée de la Lune

 

 

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