*** Samedi 20 Octobre 2007 : le Machu Picchu (point N° 8 carte itinéraire)
Un petit
commerce n’est qu’à quelques pas de l’hôtel, nous y faisons provision d’eau, de
cassettes vidéos, cartes postales et adhésifs. Intéressant ! tout ce
qu’un touriste de passage peut désirer se trouve dans cette petite boutique de
10 m2, le propriétaire
nous fait
observer qu’en tournant l’adhésif, on peut donner au Machu Picchu la forme d’un
visage humain tourné vers le ciel.
De Cuzco à Ollanta (gare de départ pour Aguas Calientes) il y a environ 80 kms ce qui devrait prendre, la route n’est pas très facile, environ 1h30. Le départ du train étant prévu à 9h05, le départ de l’hôtel sera à 7h. La traversée de la vallée sacrée des Incas montre des paysages de montagne superbes, un camaïeu de tons bruns avec des nuances fantastiques. Ce tableau est offert par la diversité des couleurs et la disposition des parcelles de cultures. Sur le bord de la route, des journaliers attendent depuis certainement le lever du jour, que des agriculteurs les prennent dans leurs camions, leur assurant ainsi du travail pour la journée. En d’autres endroits, ce sont les paysans qui guettent un gros camion afin que celui-ci transporte leurs récoltes en ville.
Gilbert commence à donner le déroulement de la journée par le
détail quand tout à coup, il devient blanc ! Il a tout simplement oublié
sa sacoche dans le hall de l’hôtel, avec les billets du train et de l’entrée
pour le Machu Picchu ! Vite il descend, fait du stop,
heureusement nous n’avions pas fait guère plus de 7-8 kms, il mettra moins
d’une demi-heure à rejoindre le car, et nous repartons. 8h50 nous sommes à la
gare,
!
dès la descente du car nous sommes sollicités par des jeunes femmes qui vendent
des bouteilles d’eau, il faut faire très vite car le train est déjà en gare.
L’excursion au Machu Picchu est devenu un produit de luxe : train, navette, entrée au site, services d’un guide, bouteilles d’eau vendues jusqu’à 6 fois leur prix et toilettes payantes. Le train, incontournable à partir d’Ollanta (il n’y a plus de route ensuite) était exploité par une entreprise péruvienne, mais désormais géré par une entreprise privée Perurail du groupe Orient-Express. Cette entreprise a le monopole des chemins de fer du sud et pratique des tarifs prohibitifs.
Maintenant
les Péruviens ne montent plus dans ces trains qui sont « réservés »
pour les touristes, d’ailleurs leurs moyens ne le leur permettraient pas, le
tarif A/R Ollanta-Aguas, selon la catégorie du train varie entre 60 et 90
dollars par personne. C’’est très dommage car un voyage au milieu de ces
paysans colorés portant leurs baluchons sur leur dos, quand ce ne sont pas leurs
bébés est toujours une expérience et un vécu très sympas, il paraît qu’il n’y a
encore pas si longtemps, les petits vendeurs ambulants montaient dans le train
à la rencontre des touristes et leur présentaient leur artisanat. PeruRail
leur propose des trains locaux dont les sièges sont en bois pour un prix
nettement plus intéressant..
De Cuzco (en passant donc par Ollanta) deux sortes de trains
vous mènent au Machu-Picchu : Le Vistadome confortable
et très clair, ses voitures sont équipées de fenêtres panoramiques, une partie
du toit est transparent, ce qui doit pouvoir permettre d’admirer plus
facilement la montagne si près mais si haute !... les sièges sont les uns
derrière les autres (comme dans un bus) et le Backpacker, train
moins cher mais de niveau bien inférieur, plus spécialement conçu pour les
voyageurs en quête d’aventure, simple, sans « chichis », ses sièges
sont recouverts de tissus péruviens et se font face
quatre par
quatre, au dessus des têtes une étagère ajourée est prévue pour le rangement
des sacs à dos. Dans les deux catégories, un service est proposé avec des
encas, de la boisson, ils sont également équipés de toilettes.
La réservation est obligatoire, les billets sont numérotés, nous
montons dans le..... Backpacker !!! pour deux heures de trajet, nos places
sont sens inverse de la marche.. le voyage se
révèle agréable. La voie ferrée suit le cours de la rivière Urubamba, sur la
gauche en allant vers Aguas derrière la montagne, commence la jungle
amazonienne. Le train klaxonne très souvent, probablement pour alerter les
enfants des villages dont les maisons sont si près. Quelques arrêts : au
km 88 ainsi qu’au km 104 pour permettre aux treckeurs, dont nous ne sommes
pas... de démarrer leur périple « le chemin de l’Inca » Ce trek (très
cher et avec un nombre limité) de 40 kms s’effectue sur trois jours et part du
km 88 (ou 2 jours pour le km 104) pour rejoindre les hauteurs du
Machu-Picchu, en traversant il va de soi, des paysages sublimes.
Gare d’Aguas Calientes (2040m) d’altitude, on se sent moins
oppressés qu’à Cuzco. Le site du Machu (2350m) n’est abordable que de deux
façons : ou à pied par un sentier aménagé à travers la forêt, plusieurs
centaines de mètres de dénivelé tout de même ! ou prendre la navette
pas...gratuite : une quinzaine de dollars A/R. Pour rejoindre celle-ci
nous traversons rapidement le petit marché local d’Aguas que nous découvrirons
à notre aise sur le chemin du retour. L’aventure continue, la navette va
grimper pendant environ 20 mns à travers une succession de lacets sur 8 kms, le
précipice n’est pas loin.. il faut s’arrêter lors des croisements.
Ca y est... nous y sommes ! dans quelques minutes nous pourrons de nos
yeux voir ce que l’on peut appeler maintenant « une des 7 nouvelles
Merveilles du Monde » en effet, Le 7 juillet 2007, l'endroit a été
désigné comme tel par un organisme non officiel et à caractère commercial
(NewOpenWorld Foundation) d'après un concours controversé ayant mobilisé 100
millions de personnes sur Internet.
Le Machu en quelques lignes : Le Machu Picchu appartient à la famille des grandes villes mortes et des citées perdues, il est sans conteste le monument précolombien le plus spectaculaire d’Amérique du Sud, son nom vient du quecha « vieille montagne » C’est une ancienne cité inca, perchée à 2350 m sur les hauteurs de la Cordillère des Andes, dans la vallée de l’Urubamba, aux débuts de la forêt amazonienne.
Les ruines sont à cheval entre deux élévations de terrain. L'une est le Wayna Picchu, signifiant jeune montagne. C'est cette montagne qui surplombe le site et que l’on aperçoit du belvédère. L'autre montagne est le Machu Picchu, signifiant vieille montagne. Autour du Wayna Picchu coule la rivière Urubamba qui décrit un grand arc en contrebas d'une falaise de 600 mètres.
On pense aujourd'hui que la ville a été construite sous le règne
de l’empereur Pachacutec qui débuta en 1440. Ce pourrait être une résidence
secondaire des souverains incas, ceux-ci entourés de leurs cours d’où la
présence d’une place, d’un village, de dizaines de maisons. Environ 1800
personnes y vivaient au temps de sa splendeur. Pourquoi
l’abandonnèrent-ils ? L’explication la plus logique serait la crainte de
voir la ville tomber aux mains des envahisseurs espagnols, leurs habitants
ayant appris la chute de Cuzco et les méfaits commis se seraient décidés à
quitter leur ville par crainte d’une attaque, mais Francisco Pizarro ne trouva
jamais l’emplacement du Machu Picchu et pendant trois siècles, il
resta dans un abandon total.
La ville sacrée fut dévoilée au monde par l'archéologue américain Hiram Bingham. Quand il la découvrit, le 24 Juillet 1911, accompagné par ses guides, celle-ci était ensevelie sous la végétation, et grâce à son livre Lost City of the Incas (La Cité perdue des Incas),il rendit ce lieu célèbre dans le monde. (Source Encyclopédie Wilipédia)
On
y remarque notamment une abondante présence d’orchidées sauvages.
En 1983, l’UNESCO inscrivit le site sur la liste du patrimoine mondial.
Hergé s’est inspiré de la découverte du Machu Picchu pour illustrer son livre « Le Temple du Soleil » un de la collection des « Tintin », n’ayant jamais mis les pieds au Pérou il s’inspira de photos publiées dans les magasines National Géographic de l’époque.
Maintenant quelques 450 000 touristes visitent le Machu Picchu par an et l'UNESCO a depuis exprimé ses craintes que le nombre trop important de touristes ne dégrade le site, ce à quoi les autorités péruviennes ont répliqué que l'éloignement et la difficulté d'accès au site imposent d'eux-mêmes des limites naturelles à l'expansion du tourisme. Régulièrement, des propositions sont faites pour installer un téléphérique pour rejoindre le site, mais elles ont toutes été rejetées jusqu'à présent.
Il n’y a aucun panneau ni explication sur le site, vous poussant à utiliser les services d’un guide (très onéreux, surtout si vous n’êtes que 2) ou a grapiller au passage les explications d’un guide du groupe, faut-il encore qu’il parle votre langue. Nous, nous avions Joseph qui pendant ces quatre jours n’a pas été avare d’explications
Le Machu
Picchu avait deux grands secteurs : l’agricole et l’urbain. La zone
agricole était composée de champs en terrasse, dans le secteur
urbain on trouvait des édifices pour cérémonies ainsi qu’un grand nombre de
logements, une série de rues, de passages et de perrons qui faisaient
communiquer les édifices entre eux. Les pierres des édifices religieux et des
maisons des notables étaient parfaitement jointes, alors que pour les autres
maisons (celles des agriculteurs, par exemple) les Incas utilisaient de l’adobe
(chaux + terre + paille) entre les pierres qui étaient beaucoup plus
grossièrement taillées. Les murs étaient inclinés vers l’intérieur afin de
résister aux tremblements de terre, mais recouverts de frêles toits de joncs
et de roseaux. (source GDR)
Une fois la porte d’entrée passée, nous longeons les remparts et arrivons sur une petite plateforme, de celle-ci nous apercevons les terrasses bordées de maisons dont le toit recouvert de jonc, surplombe la vallée de l’Urubamba quelques centaines de mètres plus bas. A gauche, un sentier aménagé et ombragé nous mène après une grimpette de quinze minutes et quelques près de 150 marches, à proximité du mirador, sur une des nombreuses hautes terrasses agricoles, c’est là que les treckeurs venant du chemin de l’Inca nous rejoignent.
Nous restons
là quelques instants, scotchés par ce spectacle certainement unique au monde, pensez
donc : une ville fantôme qui flirte avec les nuages, le ciel et la
montagne, et pour ne rien gâter, sous un magnifique soleil... Joseph ne
l’avait-il pas promis !
Tout à notre contemplation, nous ne voyons pas le lama qui nous
frôle, pas du tout dérangé par notre présence, faisant du slalom entre les
touristes, malgré son apparence sympa on ne se risquera pas à le caresser, qui
n’a jamais entendu parler du crachat du lama ?
....
Il n’y en
plus beaucoup sur le site, certainement pas plus de 6 ou 7 ! Auparavant, ils étaient plus nombreux, ayant été déplacés de leur terre
natale : l’altiplano, pour le plaisir des
touristes. Ce fut une mauvaise idée et un mauvais calcul, car leur nouvelle
condition de vie les fait mourir prématurément, pas qu’ils soient maltraités,
loin de là ! mais le lama est un animal de très haute montagne habitué à
se nourrir de durs épineux , l’herbe trop tendre et verte du Machu ne lui
convient pas vraiment !
En face, à
priori inabordable et pourtant ! : la montagne de Wayna Picchu est
accessible de 7 à 13 h, avec un quota journalier limité à 400
personnes, de son sommet vue magnifique sur le site du Machu-Picchu.
Au sommet du secteur agricole, la maison du Gardien, véritable poste d’observation sur toute la zone et les terrasses agricoles, magnifiques murs encore intacts. Nous quittons à regret ce lieu envoûtant et redescendons progressivement à travers maisons, temples, escaliers de pierres qui montent, descendent, tournent, un vrai labyrinthe ! impossible de s’y retrouver sans l’aide efficace de notre guide qui, aux endroits les plus importants, nous donne une « montagne » de renseignements.
* le temple du soleil construit sur une roche naturelle, il possède trois fenêtres, dont deux permettent le passage exact des rayons solaires pendant les solstices d’été et d’hiver.
* le palais royal : ensemble de constructions donnant accès sur un patio où se trouvent plusieurs pièces qui auraient pu être, d’après l’imagination des archéologues des chambres pour le seigneur principal.
* le quartier des prisons, Bingham y découvrit des sépultures, au sol une large pierre plate rappelant la forme d’un condor, la tête tournée vers le soleil levant et les ailes déployées.
* beaucoup d’escaliers travaillés
avec soin, ceux-ci ont constitué une préoccupation constante
des Incas.
* des fenêtres aux formes rectangulaires, offrant des vues panoramiques, quelques unes semblent s’ouvrir sur le vide.
* chaque district de la ville est muni d'une entrée.
* le granit des pierres utilisées pour la construction du site provenait de carrières éloignées, d’où l’éternelle question : comment sont-elles arrivées jusqu’ici ?
Le quartier religieux : la place sacrée : petite citadelle dans laquelle se trouvent :
* Le temple aux trois fenêtres, magnifique bâtiment de pierres polies et ajustées avec 3 vastes fenêtres en façade, il semble qu’ici avaient lieu des cérémonies de paiement à la terre.
* le grand temple ou
temple majeur : édifice à trois murs occupant une grande surface (11m x
8m) Les trois murs contiennent des niches dans lesquelles étaient placées les
momies qui accompagnaient toujours les Incas, à coté la sacristie ou se
préparaient les prêtres, on y voit une énorme banquette de
pierre, un autel ? L’une des utilisations présumées de cette pierre est
qu’elle aurait pu servir « au séchage » des momies, avant de les
placer dans leur sépulture.
* L’Intiwatana, (lieu où l’on attache le Soleil) accessible après une succession de marches en pierre de taille, caillou taillé qui permettait aux prêtres de mesurer le temps calendaire.
14 heures
déjà... nous n’avons pas vu passer les 2 heures et demi passées dans ce
merveilleux site, il faut lui dire maintenant « au-revoir » peut-être !
Souvenir incontestable de notre passage, Joseph tamponne notre passeport
au bureau d’entrée. La
descente est
beaucoup plus impressionnante car nous voyons le bas...
Sur le bord
de la route un gamin de 12-14 ans habillé en inca nous salue, à l’autre
lacet il est encore là... et à l’autre encore... ce n’est pas possible ce sont
des triplés .... hé bien non, pendant que le car
prenait précautionnement tous ses virages, le gamin courait, dévalait
plutôt ! le sentier à travers bois pour se poster à chaque fois devant
nous. La complicité avec les conducteurs est flagrante, car au bout de trois
prestations, au moment où le car aurait alors pris trop de vitesse, le
chauffeur s’arrête, le gamin monte et bien sûr... fait la manche, difficile
après cela de les encourager à aller à l’école.
Nous déjeunons dans un restaurant situé au cœur de la ville, en
bordure de la voie ferrée, en effet une des rues principales, l’ »Avenue
des Incas » est traversée par le chemin de fer, je soupçonne que cette ligne serve au train local. De nombreux
étals colorés bordent les quais. Le temps d’un achat dans une petite boutique
du livre « A la découverte du Pérou » et nous retraversons
tranquillement le petit marché local. Départ du train à 16H20. Ca
monte en permanence il s’essouffle, on passe le temps à regarder les nombreuses
photos prises. Le soir tombe vite et nous arriverons de nuit à Ollanta, mais
une demi-heure avant l’arrivée, les lumières s’éteignent, la récupération des
bagages se fait dans le noir, sympa
!!! celles-ci se rallument mais nous
sommes déjà presque dehors.....
A l’arrivée, attention de ne pas se disperser, il fait nuit
noire, on est des centaines de personnes à se diriger dans la même direction
vers les cars ou les taxis, ceux-ci sont agglutinés sur un parking, mais
Joseph très prévoyant tient son chapeau à bout de bras. L’hôtel : le Casona Yucay n’est pas très loin (30 kms
environ). Nous ne sommes pas dans le véhicule depuis dix minutes qu’un
orage éclate, ce sont alors des trombes d’eau, Gilbert et Joseph remercient le
ciel... de nous avoir laissé admirer leur merveille sous un magnifique soleil.
Que se passe-t-il ? voilà que ça démange fort, on s’aperçoit alors que nos
bras sont enflés et tout couverts de piqûres, quelle bêtise ! que de ne
pas avoir mis d’anti-moustiques les aoûtats, petites mouches noires présentes
sur le site, se sont fait les dents sur nous, c’est sans conséquence, mais on
se grattera pendant de nombreux jours, alors conseil : en plus de la crème
solaire, ne pas oublier... l’anti-moustiques. Nous sommes heureux, mais
harassés d’une journée si bien remplie et n’avons qu’une hâte : se reposer
quelques minutes avant le dîner, mais là c’était sans compter sans la petite blague
du gouvernement péruvien
Depuis deux jours, nos guides nous parlaient du recensement
prévu le Dimanche 21 Octobre, nous pensions à ce moment là que celui-ci
n’aurait aucune incidence sur le voyage, c’était une erreur, nous nous en
apercevrons le lendemain à notre détriment. Ce soir nous devons remplir nous
aussi des fiches, le questionnaire nous dérange, car en plus des renseignements
classiques (nom, adresse, date de naissance, n° passeport, etc...), les femmes
(?) devrons indiquer leur religion, le nombre de leurs enfants, celui de ceux
encore vivants, ainsi que la date de naissance du dernier. On se plie à cette
obligation, de mauvais gré, néanmoins a-t-on le choix ? mais franchement
on se pose encore la question de l’utilité de ces derniers renseignements.....
L’hôtel est charmant, c’est une ancienne hacienda espagnole construite en 1810 au cœur de la Vallée Sacrée, lieu qui a accueilli très souvent le libérateur Simón Bolivar. Agréable impression, avec déjà un beau porche comme entrée, puis une cour principale qui permet d'apprécier les arcades de pierre espagnoles (d’origine). La quarantaine de chambre est aménagée de mobilier style colonial, du balcon de bois de la nôtre, nous admirons les cours luxuriantes avec les jardins bien entretenus.
Demain nous visiterons les salines de Maras, déjà exploitées du temps des Incas, Ollantaytambo, forteresse qui surveillait le chemin du Machu-Picchu, et le marché très connu et très touristique de Pisac.