*** Ollantaytambo (point n°10 carte itinéraire)
C’est une imposante forteresse située à 2800 m d’altitude qui
surveillait le chemin du Machu-Picchu distant de 50 kms, entourée de massifs de
plus de 5000 mètres elle se trouve au fond de la Vallée sacrée.
La Vallée sacrée des Incas était très importante pour ceux-ci. Son climat agréable et ses plaines fertiles en faisaient une combinaison rare et fructueuse pour les Hautes Andes. C’était également l’itinéraire qui menait à la jungle, grande productrice de fruits et légumes et repère d’oiseaux exotiques dont les plumes décoraient les habits royaux. Aujourd'hui la vallée sacrée reste une zone agricole abondante, fournissant beaucoup de produits tel que le maïs, les fruits et les légumes à la ville de Cusco.
Histoire en
quelques lignes :
tout d’abord : La
légende d’Ollantaytambo : C’est un mot quechua
composé de « Tambo »
qui signifie l’auberge qui
offre logement, repas et réconfort pour les voyageurs et « Ollanta »
nom d’un soldat guerrier Inca homme du peuple et anti (tribu amazonienne) qui
tomba amoureux de la fille de l’Inca Pachacutec, une princesse de sang noble :
Cusi Coyllur, leur romance était interdite par la loi de l’Inca et Pachacutec
enferma sa fille dans un temple. En colère Ollanta incita la population à se
rebeller contre l’armée impériale en causant une guerre qui dura 10 ans.
Ollanta a été finalement capturé grâce à la trahison d’un de ses hommes, puis
enfermé et persécuté. Pachacutec décédé, son fils libéra les deux amants qui
purent se marier, entre-temps Cusy Coyllur avait donné naissance à une fille
Ima Sumaq.
Cette jolie histoire sous le nom de l’Ollantay a été écrite par Antonio Valdez, prêtre d’Urubamba et poète lyrique vers le milieu du 18ème siècle, et fut adapté au théâtre en 1780. Elle fut probablement inspirée des nombreuses rébellions des Andis contre les Incas. Ce recueil est une référence de la poésie quechua, prônant le pardon. Selon la légende, Ollanta se déplace avec l’élasticité du serpent, agit avec l’astuce du renard, vole comme le condor et est très courageux comme le jaguar.
Ce lieu fut un complexe de grande importance pour le gouvernement Inca, il faisait partie de la Vallée sacrée et se trouvait près de la jungle amazonienne, il permettait la protection de cette capitale Inca contre les attaques des « Antis » qui étaient ses pires ennemis. C’était une ville avec un vaste secteur urbain, une place entourée par d’importants bâtiments et des temples religieux.
Après avoir conquis Sacsayhuaman et Cuzco, Hernando le jeune frère de Pizarro, avec une armée de 70 cavaliers, 30 soldats à pieds et un grand contingent d’indigènes attaqua Ollantaytambo. Les forces de l’Inca Manco Capac, avec les tribus voisines de la jungle ont résisté en envoyant une pluie de flèches de lances et de roches, du haut des terrasses sur les troupes espagnoles qui durent rebrousser chemin, faisant qu’Ollantaytambo fut le seul endroit à avoir jamais résisté à des attaques des conquistadors. Mais l’Inca finit par capituler et s’enfuit dans la jungle à Vilcabamba, la ville tomba alors dans les mains des Espagnols. Le complexe était toujours en construction à l'heure de la conquête et n'a été jamais terminé.
La ville
est située au pied de quelques ruines spectaculaires, elle a été construite sur
les bases originales des constructions incas. Ollantaytambo concentra une
grande armée et servit de palais royal dans lequel les autorités incas
pouvaient négocier et même accueillir les hauts personnages de l’Amazonie. Ce
qui pourrait expliquer les nombreux logements présents pour le
séjour de soldats, militaires, femmes de hauts rangs, ainsi que
des greniers et des entrepôts.
On arrive sur un mur d’enceinte de 4 à 6 m de haut dans lequel s’ouvre un portique permettant d’entrer dans la ville. Tout en haut le temple le plus important : le Temple du soleil construit avec du porphyre rouge (granit) : six gros blocs pesant au moins 50 tonnes chacun dont les surfaces extérieures sont finement polies, on dit même que certaines pouvaient servir de miroir. Sur un des blocs, on peut y voir trois symboles, certainement inspirés du site de Tiahuanaco de l’autre coté du lac Titicaca, représentant les trois phases du monde andin : le ciel, la surface de la terre et le sous-sol (symboles que l’on retrouve sur la croix andine)
Dans la partie la plus basse il y a
des terrasses de culture, le long de celles-ci et de l’escalier très raide, on
voit le temple des 10 fenêtres, ainsi nommé étant donné les 10 niches
trapézoïdales qui existent dans la paroi. Ces niches étaient principalement
destinées à recevoir et mettre en valeurs des objets précieux ou lorsque leur
taille le leur
permettait : abriter les momies de défunts importants.
Sur la montagne, face au temple du Soleil, on peut observer un bâtiment de quatre étages : les colcas (entrepôts, greniers) ainsi que la prison. Les colcas étaient disposés en altitude car le froid permet de conserver les aliments. On distingue au centre de la montagne, un visage d'homme, pour les Incas ce visage correspondait au dieu Wiracocha, dieu mythique tout puissant et créateur de l'univers.
La carrière de pierres est située à environ
4 kilomètres de l'autre côté de la vallée. Les rochers ont été découpés
partiellement dans les carrières. Pour traverser la rivière avec ces rochers,
les quechuas ont construit une voie artificielle parallèle à la rivière
naturelle et s’en servait pour dévier l'eau selon les convenances. Les quechuas
avaient beaucoup d'instruments comme des pierres roulantes, câbles de cuir,
leviers, poulies, et la force de milliers d'hommes, malgré cela il reste des
douzaines de pierres énormes dans la rivière qui furent appelées les
« pierres fatiguées » ce qui pourrait témoigner d’un possible abandon
des travaux de construction au moment de l’invasion espagnole, ou aussi d’une
impossibilité d’être transportées par les esclaves.
L’accès au temple du soleil n’est pas simple, (entrée
avec le Boleto) il faut grimper les escaliers très raides le long des
terrasses agricoles, par cette altitude où le moindre effort diminue le
souffle, il est recommandé de le faire en deux fois avec une pause d’une
dizaine de minutes. Successivement nous passons devant le mur d’enceinte, le
temple aux dix fenêtres avec ses niches, la porte d’entrée, et arrivons à la
plate-forme où se trouvent les six blocs de granit rose (le temple du soleil)
où est incrustée la croix andine. Un vendeur ambulant y propose de jolies croix
andines, porte-bonheur, montées en collier avec un cordon noir : 10 soles
(2.5€), puis une fillette qui triture nerveusement sa quenouille nous
interprétera une petite chanson en quechua.
Avec précaution car les marches sont hautes, nous redescendons sur la place du village, c’est alors que des jeunes femmes se précipitent pour nous proposer leurs jolies poupées artisanales que Joseph qualifiera de « poupée sans culotte » ! La place est très animée avec de nombreux magasins et stands d’artisanat, plus loin un vendeur ambulant propose un jus d’orange après qu’il ait pelé mécaniquement le fruit.
Une petite promenade à travers les ruelles étroites du village nous permet de voir les maisons construites sur des bases incas (gros blocs parfaitement joints) le reste est constitué d’adobe et de pierres sèches, les toits sont couverts de tuiles. L’adobe est une brique de terre utilisée comme matériau de construction, elle est obtenue à partir d’un mélange d’argile, d’eau, éventuellement de paille hachée, le tout séché au soleil.
Certaines maisons ont conservé la disposition d’un patio et d’une maisonnette, l’ensemble abrité par un mur, c’est d’ailleurs dans une de celle-ci que nous apercevrons, assis bien inconfortablement une jeune agent recenseur, bien souriante. Ce village est le seul inca encore intact, il représente les derniers vestiges de l’architecture urbaine inca, certaines de ces ruelles ont conservé en leur centre la rigole d’évacuation des eaux.
Nous reprenons la route de Cuzco, notre guide
nous fait remarquer les chiffons rouges accrochés au bout d’un bâton sur
quelques maisons, signifiant que nous passons devant une chichéria, endroit où
l’on fabrique de la chicha. Et qu’est ce que la « chicha » ?
Joseph ne va pas tarder à nous l’expliquer verre à la main.
La chicha est une boisson andine alcoolisée très répandue et très consommée que l’on trouve notamment en Equateur, Pérou, Bolivie et en Colombie, c’est la boisson préférée des Incas. Elle est préparée à base de maïs et d’arachide auxquels on ajoute des fruits, le tout est mis à fermenter entre quelques jours et deux mois selon le degré d’alcool souhaité. Elle peut être fabriquée à partir de différentes sortes de maïs. Le Pérou en cultiverait 21 espèces dont le maïs blanc qui est principalement exporté au Japon et aux USA.
L’intérieur d’une chichéria est sommaire, avec un confort très limité. Les paysans élèvent également des petits cochons d’Inde, mets très apprécié en cuisine andine.
Joseph nous
invite à goûter, mais du bout des lèvres, cette boisson pouvant nous causer des
problèmes digestifs.
Lors d’un petit tour dehors, le
propriétaire de la ferme me fait signe de monter sur une terrasse où les grains
de maïs sont à sécher, de celle-ci belle vue à 360 ° sur la montage qui enserre
la vallée qui est, je le rappelle « sacrée » !
Après un déjeuner en plein air dans un très joli cadre nous nous dirigeons sur Pisac (2970m) réputé pour son marché paysan et artisanal du dimanche. C’est par une ruelle étroite avec une rigole d’origine inca en son centre que nous arrivons dans la rue principale du petit village.
Písac a été construite sur des fondations pré-colombiennes par le vice-roi Francisco de Toledo. La place centrale est dominée par un grand arbre appelé pisonay, arbre de la Cordillère aux fleurs rouges, souvent présent sur les places des villages de montagne pour offrir de l’ombre lors des grandes chaleurs de la journée.
Malheureusement ce que redoutait nos
guides s’est produit, le cœur de la place est vide, presque silencieux, nous
sommes victimes... de ce recensement qui a obligé les habitants à se terrer
chez eux, grosse, très grosse déception.. nous sommes d’ailleurs pratiquement
les seuls touristes ! Ne sont là que les propriétaires de magasins
d’artisanat, mais aucune paysanne n’est présente avec son déballage coloré de
fruits, légumes, herbes, fromages ... nous ne verrons pas ces femmes aux jupons
colorés et aux si beaux chapeaux, différents selon les régions, ni le
va-et-vient des citadines venues faire leur emplettes, pas plus que le
boulanger cuisant devant vous, dans son gigantesque four des pains à l’ail ou
au fromage. Nous ne nous régalerons pas non plus de l’ambiance si typique et
sympathique des petits stands vendant de la nourriture sur le pouce. Maudit
recensement ! et dire qu’il doit y en avoir un que tous les sept ou huit
ans, c’est vraiment pas de veine !
Nous nous rabattrons sans entrain sur les quelques stands éparpillés d’artisanat, les mêmes qu’à Cuzco ! où l’on peut trouver des pulls en alpaga, des ponchos, des tapisseries.
Je me mets en quête de laine, j’en trouve proposée sous forme de « pack » c’est un assortiment de petites pelotes de plusieurs coloris, ce n’est pas ce que je désire, je recherche de quoi faire un pull dans un seul coloris, finalement j’en trouverais dans une boutique « chic » au prix marchandé de 90 soles (au lieu de 100) ... les 10 pelotes de 50 g. (22.50€)
Sur Internet, j’ai trouvé une vidéo de 7 mns qui a été tournée sur ce marché. Ayant le droit de l’insérer dans un site perso moyennant inscription, vous pourrez la visionner dans la rubrique illustrée, histoire de faire plaisir à tous ceux qui comme nous, se sont trouvés devant les conséquences de ce recensement, et leur permettant de voir ce qu’on a loupé... bien que ça remue le couteau dans la plaie... enfin bref...
Le retour
sur Cuzco se fera en fin d’après-midi, nous repassons devant les sites
archéologiques de Tambo Machay, Kenko et Sacsayhuaman. Image superbe, et le mot
est faible, que cette montagne colorée par le soleil couchant. Merci Gilbert
pour cette photo prise en roulant... que ne n’ai pu réaliser n’étant pas du bon
coté, dommage qu’il n’y ait pas eu à ce moment là un arrêt photo !
Notre nuit sera au même hôtel qu’il y a deux jours : l’Eco Inn, nous retrouverons nos valises (mises en consigne samedi matin) dans notre chambre, avec le mot d’ordre pour le lendemain : les mettre devant les portes des chambres, comme d’habitude.... mal nous en a pris...
Demain journée importante, sans
cependant donner moins d’importance à ce que nous avons vu auparavant, mais
nous allons vers le lac légendaire et au nom si enfantin de Titicaca, pour
cela nous devrons passer un col à 4313 mètres : La Raya, et traverser une
région splendide : l’altiplano. Vivement demain... pour commencer nous
effectuerons la visite d’ Andahuaylillas surnommée la « chapelle sixtine
des Amériques »