Ougtlich

                 Vendredi 5 Juillet (suite)

            Depuis le sabord du bâbord du Chicherin  je découvre, sitôt déjeuner, au terme d’un méandre de la Volga, les bulbes dorés d’Ouglitch. Cette ville nichée au creux de vastes forêts, fait partie de l’Anneau d’or  (villes autrefois centres religieux). Ignorée par l’industrie hôtelière, la cité n’offre peu de travail, et sa population qui est aujourd’hui de 39 000 habitants décline doucement, ceux-ci pour survivre cultivent leurs potagers ou tentent de profiter du tourisme. Actuellement, Ouglitch s’anime seulement à l’arrivée des bateaux, pour retomber ensuite dans une semi-léthargie. (Point N° 4 carte itinéraire)

              Les légendes locales remontent son existence à l’époque de la princesse Olga, au Xème siècle. En 1293, les Mongols qui s’en étaient emparée, la pillèrent, tuèrent ou réduirent en esclavage  les habitants. Au XVème siècle, la ville vit une période de prospérité, son prince André le Grand édifie l’ensemble du Kremlin qu’il entoure de douves, construit à tout va monastères et églises (3 cathédrales, 12 monastères et 150 églises)

             Après la mort d’Ivan-le-Terrible en 1584, c’est à Ouglitch qu’est exilé son fils, le tsarévitch Dimitri, avec sa mère, et c’est ici qu’en 1591 l’enfant trouvera une mort tragique à seulement l’âge de dix ans. Ce drame humain  stoppant la dynastie des Riourikovitchi, qui avait gouverné le pays sept siècles durant, fut une tragédie dans l’histoire du pays puisqu’il marqua le début du temps des Troubles, au cours de laquelle le pouvoir fut âprement disputé avant l'accession au trône de la famille Romanov.             

              Ouglitch connaîtra encore en 1611 une grande période dramatique, prise par les Polonais, la ville est mise à sac, les monastères et couvent furent brulés, le nombre total de morts estimés à 40 000. Alors qu’après ce massacre, la ville se relève doucement, de nouveaux malheurs la guette : les réformes de Pierre 1er, car le tsar interdit la construction d’édifices en pierre jusqu’en 1714, tout ce matériau devant aller à Saint Petersburg, la jeune capitale. Le tsar fait en outre enlever toutes les cloches d’Ouglitch pour en faire des canons, le pays étant alors en guerre contre la Suède. C’est sous Catherine ll  au 18ème siècle que la ville commence à se reconstruire rapidement, pour enfin devenir une petite ville provinciale paisible et florissante. Vers 1890 on restaure le palais du tsarévitch Dimitri, construit en 1462.

              En 1935, nouveau coup dur avec la construction de la centrale hydraulique ordonnée par Staline : on fait sauter un monastère du 15ème  et d’autres bâtiments anciens, puis on inonde tout le territoire. La centrale hydroélectrique s’élève tout juste à l’endroit où se trouvait autrefois ce monastère.

           Sous un ciel bien menaçant  mais qui n’aura été finalement QUE menaçant !..... nous quittons le Georgy Chicherin et longeons une allée bordée de tilleuls où se sont installées les échoppes des commerçants, nous y rencontrons Ekaterina qui sera notre guide pour la visite d’Ougtlich. Dame d’un certain âge, elle aime à raconter pourquoi elle parle si bien notre langue.

            « Vous savez dit-elle, j’ai appris le français sur les bancs de mon école natale. Lorsque les touristes français ont commencé à venir, on a proposé à ceux qui avaient appris de devenir guide. C’était difficile, car il n’y avait pas de livres écrits en français dans les petites villes, mais maintenant grâce aux touristes qui m’en envoient, j’ai une belle bibliothèque. L’hiver je visionne les cassettes que j’ai reçues : Paris, les Châteaux de la Loire, la Bretagne, la Corse…. » 

            Elle nous parle de Pompidou, nous récite même, de mémoire ! plusieurs versets du poème « Liberté » de Paul Eluard.  


Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton non.

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom…………

      Elle est tout simplement bluffante…. Je ne suis même pas certaine que la moitié d’entres-nous connaissent ces vers !

            « Mes parents, continue-t-elle ont travaillé à la construction du barrage, en 1936, mon père était chef du bureau téléphonique et ma mère professeur de russe. Puis la seconde guerre mondiale a éclaté, mon père fut envoyé à la guerre, il en reviendra blessé puis jeté en prison en 1947,  pourquoi, me direz-vous ? parce qu’il était considéré comme ennemi du peuple !!! ma mère est renvoyée du travail, nous les enfants sommes interdits d’aller à l’école. C’est ma mère qui, sans argent et sans mari, nous a appris à lire, à compter, la géographie…. Après la mort de Staline, il me fut possible de passer un examen pour entrer à l’école primaire »

            Son histoire est émouvante, elle ne dit pas ce que son père est devenu, après avoir été emprisonné par Staline. Elle regrette qu’aujourd’hui c’est plutôt l’anglais, voir l’allemand qui soit appris dans les écoles « Le français est pourtant une si belle langue, comparée à la rudesse allemande »

            A sa suite, nous allons découvrir le Kremlin, car autrefois la ville était une forteresse entourée de remparts, des 5 kms de cette muraille, ne reste que quelques vestiges.



                   u  Palais du Tsarévitch Dimitri. C’est un édifice original à un étage en pierre, édifié en 1462 par le prince André Vasilévitch Balhoï, le frère d’Ivan lll de Russie. Décoré de briques rouges dans sa partie supérieure, c’est le plus ancien monument civil du Kremlin et constitue à ce titre, un témoignage précieux. À partir de 1584 il servit de retraite pour l'exil de l'ex-épouse d'Ivan le Terrible, Maria Fiodorovna Nagaïa et de son fils Dimitri Ivanovitch. Après le meurtre, le palais fut longtemps abandonné et tomba en ruine. En 1892 des travaux de restaurations étant entrepris, il est alors doté d’un toit revêtu de cuivre et d’un joli perron en bois sculpté de style néo-russe. Transformé  aujourd’hui en musée, il abrite une exposition consacrée pour l’essentiel à la vie du jeune tsarévitch, qui y vécut sept ans avec sa mère.

 

        Les énigmes de l’Histoire. A sa mort en 1584, Ivan-le-Terrible laissa deux héritiers, Fiodor, simple d’esprit et  le petit tsarévitch Dimitri, alors âgé de trois ans, fils de sa huitième et dernière femme, Maria Nagaïa. Boris Godounov, beau-frère de Fiodor, aspire à prendre le pouvoir. Hors le 15 Mai 1591 Dimitri, âgé de 10 ans, en exil avec sa mère à Ouglitch, est retrouvé la gorge tranchée dans les jardins du palais. Officiellement, il serait tombé sur un poignard au cours d’une crise d’épilepsie, mais certains pensent qu’il serait mort de la main d’un tueur à la solde de Boris Godounov.


            Pour les historiens, rien n’est établi, et cela reste toujours une énigme. Le 28 Mai, on observe un jour à la mémoire de ce jeune martyr, considéré comme le saint protecteur des enfants.


            Le tocsin de l’église vieux de 300 ans a donné l’alarme après l’assassinat du prince Dimitri, ce qui vaudra  à cette pauvre cloche d’être punie pour avoir suscité l’agitation du peuple. Une troupe est alors dépêchée d’urgence pour réprimer la révolte, et accusée de rébellion la tsarine est séquestrée dans un couvent comme moniale. La cloche fut alors traitée comme un être humain, on ôta sa langue (battant) et son oreille (une des poignées) on lui donna 12 coups de fouet avant de l’envoyer en prison en Sibérie. Réhabilitée en 1892, on peut aujourd’hui la voir dans l’église.


                   u  La Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur se situe au bout d’une belle allée pavée, agrémentée en son milieu d’œillets d’inde, de bégonias… le site est entouré de verdure, plus vert y a pas !..... 

           Wouah, l’intérieur est splendide, la voûte et les murs sont entièrement recouverts de peintures de 1810-1811, relatant 59 sujets du Nouveau-Testament, travail demandé par le Prince de la famille Galitzine dans le style baroque, comme ça se faisait alors en Europe à la Renaissance. L’iconostase à six registres de 1870 abrite des icones allant du 17ème au 19ème siècle.

           Elle fut construite en 1713  sur autorisation spéciale de Pierre le Gd, sur les bases d’une ancienne église. Avec ses cinq coupoles visibles de loin, elle domine l’ensemble du kremlin. Quelques années plus tard, on lui ajouta au Sud un  clocher de 37 mètres, surmonté d’un petit bulbe doré. Depuis 1984, un carillon électrique égrène les demi-heures.  Durant la période soviétique, la cathédrale fut gérée par le musée de la ville, mais depuis quelques années elle est retournée dans le patrimoine de l'église orthodoxe de Russie.


     


                   u  L’Eglise de Saint-Dimitri-sur-le-Sang est une émouvante petite église de brique rouge, située au bord de la Volga. La couleur des murs rouge-sang, (celui du sang versé) contraste avec le blanc des détails ornementaux (chambranles et corniches) et le bleu ciel des coupoles. On se croirait presque devant un palais de conte de fées, pourtant cette église commémore la mort d’un enfant, le tsarévitch Dimitri Ivanovitch. Après sa canonisation en 1606, une chapelle votive voit le jour à l’endroit exact du meurtre de Dimitri, puis une chapelle en rondins de bois et enfin l’édifice actuel en 1692.


     


             

          Dans l’église, sont exposées diverses icônes, dont la Vierge de Smolensk, don du tsar Mikhaïl Romanov en 1630. Les murs sont recouverts de fresques du 18ème siècle : Adam et Eve représentés nus, ce qui est en soi assez exceptionnel, et sur le mur Ouest : une succession d’évènements historiques, non religieux : la mort du tsarévitch mais aussi le jugement de ses assassins par la foule, les autres peintures sont des scènes de la Bible (anges, séraphins) et  l’histoire de Dimitri.

            A la même époque est posé le sol en fonte.  

            Nous y voyons le superbe coffre de bois décoré qui servit à transporter les reliques du tsarévitch à Moscou, où il fût canonisé.

 

 

 

     


             A coté du palais du tsarévitch, dans une chapelle trois hommes nous attendent pour nous interpréter quelques chants liturgiques. Nous sommes invités à prendre place sur les bancs, et de ne pas photographier et pourtant, bien d’autres l’ont fait avant moi ??? Ekaterina se trouvant à coté de moi à cet instant me dit que « Si je peux, si je suis discrète ! ... » ce qui fait que je ne lève pas l’appareil photo au-dessus des têtes, craignant des regards accusateurs, j’en suis, croyez moi, la première désolée ! De plus avec un portrait en permanence derrière le chanteur ce n’est pas terrible enfin  bon !... essayez de ne pas m’en tenir rigueur et d'apprécier les deux minutes de cet agréable moment, je vous les offre de bon cœur 



            Le mini-concert terminé, nous sommes conviés à mettre une pièce dans l’obole ou acquérir un de leurs DVD, pas totalement désintéressés, les chanteurs d’église !

            Pas très loin,  un commerçant propose des  copies d’habits d’époque et un photographe de vous immortaliser ainsi vêtues, ce que feront plusieurs des accompagnatrices Croisi-Europe, surtout celle des groupes constitués. Une maman russe et ses deux filles prennent la pose sur les marches du perron du Palais du tsarévitch. Quoiqu’elle soit certainement loin d’imaginer le nombre de photos prises d’elles, cette souriante dame s’est très bien prêtée au jeu et, patiemment s’est offerte à nos objectifs, oui, bon pas une heure non plus !...

            C’est alors que qu’ Ekaterina nous fait nous installer à notre tour sur les marches, c’est certain le photographe du bateau va faire fortune …. et  moi j’ai au moins une photo d’un groupe, si restreint soit-il !

            La visite d’Ougltich est terminée, nous disons au-revoir à l’émouvante Ekaterina. Au milieu de la grande allée qui mène au joli édifice à portiques du conseil municipal, une femme pour quelques sous, pousse la chansonnette et monnaye son image. Le long du cours d’eau, là où la Volga s’est invitée, là aussi où les boutiques de souvenirs foisonnent, une pauvre femme tente de vendre des poupées de chiffons, avec comme tout étalage un cageot installé dans une poussette d’enfant, un peu plus loin un homme propose des framboises. J’éprouve de la pitié pour ces gens, de quoi vivront-ils, dès Septembre, lorsque les croisières seront terminées ?

            Allez, encore un clic et un autre ! depuis les rives, malgré un ciel sombre, je me régale du spectacle offert par cette église rouge et blanche aux toits bleu étoilés, église posée sur un écrin de verdure sur la Volga, vrai plaisir pour les yeux. Puis je me décide enfin à regagner le Chicherin, celui-ci étant le troisième à quai, j’ai tout à loisir d’admirer l’accueil des deux autres  bateaux de la Cie Vodohod


 


    

           A 18 heures, nous avons rendez-vous avec Natacha, conférencière émérite, qui après nous avoir fait un briefing sur la navigation faite et à faire nous parle de son cher pays.

           « En 1914, l’Empire Russe s’étendait sur 22 millions de km², 10 000 kms d’Ouest en Est et 5000 du Nord au Sud, il occupait 1/6ème des terres immergées  (40 fois la France)  25% de son territoire se trouvait en Europe, 75 % en Asie. Actuellement  la Russie plus petite, s’étend sur 17 millions de km², 9000 kms d’Ouest en Est et 3500 du Nord au Sud et occupe 1/8ème des terres immergées. La frontière passe tout le long des monts Oural.

           « Je vous vous parler aujourd’hui de la Russie de Kiev, de la naissance de cet empire »

            Comment résumer en si peu de lignes ce qu’elle a raconté avec brio, pendant 45 minutes non stop  et surtout sans texte ? J’ai été captivée en entendant sa voix, lorsque j'ai écouté l’enregistrement que j’en avais alors fait.

         En voici les grandes lignes, dont vous pourrez lire l'intégralité en seulement quatre à cinq minutes, promis !

            - Durant les six premiers siècles, nous trouvons les Sarmates, les Goths puis les Huns, tribus déferlantes. En 650, les Khazars s’installent au bord de la Mer Caspienne, au Caucase et au bord de la Volga, Bulan, leur roi était de religion judaïsme.

                            - Pourchassés pendant de nombreuses années, les Slaves  finissent par s’installer au 7ème siècle, non sans avoir combattu les tribus khazars, dans d’immenses territoires, allant du littoral sud du golfe de Finlande, en passant par  l’isthme de Carélie, la Volga  jusqu’au littoral de la mer Noire.

            - Au 9ème siècle, les Vikings en allant à Constantinople, capitale de l’empire romain d’Orient, s’y installèrent et fondèrent la tribu des Varègues. D’après une légende, les chefs de tribus slaves  passaient leur temps à s’entre-tuer, alors pour en finir avec toutes ces batailles, et espérer un état propre et puissant, ils envoyèrent un ambassadeur aux Varègues pour leur demander un roi. "Nos terres sont vastes et riches mais elles ne connaissent pas l’ordre. Venez donc régner et gouverner notre pays…",   Ca sera donc Riourik qui en s’autoproclamant roi, donnera naissance à la dynastie Riourikides, il fondera en 862 l’état de Novgorod et entreprendra d'unifier la Russie du Nord et de l'Est.

             - En 882 Oleg s’installe à Kiev, soumet les tribus slaves, et en fait la capitale du premier état russe unifié. C’est alors la  naissance de la Russie et même si Kiev est aujourd’hui la capitale de l’Ukraine, un pays étranger, la ville est toujours considérée come la « mère de toutes les villes russes et la capitale du premier état russe unifié »

             - C’est à cette même époque, que deux frères moines grecs, Cyrille et Méthode invités par le roi de Moldavie, sont envoyés en mission chez les Khazars. C’est d’eux qu’est né l’alphabet cyrillique, si aujourd’hui celui-ci s’est modernisé, l’église utilise toujours l’antique alphabet pour écrire des écritures saintes ou communiquer avec Dieu.

             - A la mort de Riourik, Igor son fils alors sur le trône de Kiev fut assassiné en 912, lors d’une collecte d’impôts par ses voisins, les Drevlianes, une tribu rustre. Lors d’un voyage à Constantinople, il est dit qu’Olga, sa veuve, demanda  des pigeons voyageurs, et envoya ceux-ci, des brindilles enflammées attachés aux pattes, sur plusieurs villes de cette tribu, brûlant ainsi la capitale et tuant ambassadeurs et noblesses drevliens, Olga se serait ainsi vengé de la mort de son mari.

             -  En 988, Vladimir, le petit-fils d’Olga demanda à être baptisé, il choisira, après avoir consulté une commission d’enquêtes, le christianisme orthodoxe. Il est donc baptisé en même temps que toute son armée dans le Dniepr en Crimée, et épouse Anne de Byzance, une princesse byzantine. Son peuple le suivant, cette religion devient religion d’Etat et l’un des facteurs de l’unité nationale russe. Pour cette action il sera sanctifié en 1203. C’est le début de la construction d’églises, de monastères.

             -  Iaroslavl le Sage, monte à son tour sur le trône en 1019. La Russie de Kiev est alors à son apogée. Il fondera en 1025 la ville qui porte aujourd’hui son nom. Il est appelé le grand civilisateur de la Russie, car c’est à lui que le pays doit le premier code juridique et le premier recueil de lois appelé Rousskaïa Pravda, nom repris plus tard par Lénine, Père de 9 enfants, il s’assura d’être toujours en relation avec les maisons royales, mariant ses filles avec des rois d’Europe, sa fille Anne épousera le roi Henri 1er, roi de France et sera la mère de Philippe 1er de France.

                       Anne de Kièv prêta serment, lors de son sacre à Reims, sur un Evangéliaire, un livre sacré qu’elle aurait rapporté de son pays. C’est sur ce livre sacré orthodoxe que désormais tous les rois de France prêteront serment.

             A la mort d’Iaroslavl, les choses vont se gâter, après une longue période d'instabilité interne en raison des partages successoraux entre ses descendants la principauté de Kiev va se désintégrer au fil des années. En 1169 le prince Andrey Bogolubski pille Kiev et transfère la capitale à Vladimir qu’il vient de fonder.

             Dans la Russie de Kiev, le parlement était composée de deux assemblées, l’une d’elle était constituée des « boyards »  collaborateurs du prince, chefs militaires, gens de noblesse. A la révolution, ceux-ci partirent à l’étranger, ou furent massacrés. « Vous connaissez certaines familles ! on a tous entendu parler de  la famille Ioussoupov, dont le dernier héritier mâle est  à l’origine de l’attentat de Raspoutine, ou encore de Boris Godounov, le prétendu-assassin du jeune Dimitri, réputé aujourd’hui par son Opéra du même nom »  

              L’invasion des Mongols sonne le glas de la Russie Klévienne en 1240. L’empire des Mongols était encore plus grand que celui de Charlemagne, il englobait une partie de la Chine, la Mongolie, une grande partie de la Sibérie. Ils avaient avancé en Asie Centrale, traversé les pays du Caucase tuant et incendiant tout sur leur passage.

              « Des éclaireurs du Sud de la Russie avaient été envoyés, et lorsque ceux-ci virent cette armée d’hommes, chevauchant de petits chevaux, de petits hommes trapus aux pommettes saillants qui s’avançaient sur eux, ils eurent si peur qu’ils appelleront les princes russes à leur secours, ces princes allèrent au secours de leurs anciens ennemis, mais ceux-ci furent humiliés, jetés à terre, la cavalerie mongole gagnait du terrain, seule Novogrod en 1237 fit de la Résistance »

              Pendant deux siècles, les Mongols vont établir un joug, ils n’occupaient pas les territoires vaincus mais demandaient le paiement d’un tribut et la reconnaissance de leur suzeraineté. Même les Princes devaient leur demander l’autorisation pour monter sur le trône.

             Mais l’agonisante Russie de Kiev devra faire face encore à d’autres dangers, telle que l’invasion suédoise, qui sera contenue par Alexandre Nevski lors de la bataille de la Neva en 1250 et les chevaliers teutoniques germaniques qui sévissaient alors en Europe.

             Elle termine son récit sur cette plaidoirie éloquente : « La Russie de Kiév n’a vécu que deux siècles, mais cette principauté a une place très importante dans l’histoire du pays, car c’est à cette époque que la Russie a été baptisée. Et c’est cette foi orthodoxe qui lui a permis de surmonter les terribles épreuves qu’elle a connues : le joug des tatars, l’invasion des suédois, des allemands, des polonais, des français, la première révolution de 1905…. C’est toujours grâce à cette foi qu’elle a vaincu les allemands en 1945. Par deux fois seulement, la Russie s’est montrée infidèle à son serment, au 17ème au moment des Troubles et en 1917 à l’abdication du tsar Nicolas ll, les conséquences en ont été terribles ».

              Mon cerveau est en ébullition d’avoir retenu toutes ces informations, mais il est déjà l’heure d’apprendre des chansons en russe. Avec nos compagnons allemands et italiens, nous aurons ainsi quatre répétitions de chansons connues, et offrirons le dernier jour de navigation au public venu nombreux, espérons le ! une prestation garantie « hors normes » appelée :  « La chorale Académique »… 

             Aujourd’hui nous apprenons « les Bateliers de la Volga » Les bateliers étaient des hommes très forts qui tiraient en chantant, les bateaux avec des cordes, tout le long de la Volga.

              Après dîner, j’assiste à un concert folklorique donné par Victor Barinov et ses deux chanteuses, Svetlana et Oxana. Le spectacle est basé sur le thème du Mardi-Gras. A un moment donné, l’un d’entre nous est convié (je dirais plutôt arraché !..) à monter sur scène, il représente la poupée du carnaval.

           A peine le temps de dire ouf, que ce pauvre homme est affublé d’une robe chasuble, d'une très longue tresse postiche et d’un foulard noué sous son cou, avec posé sur ses avant-bras un plat de crèpes. La poupée carnaval, la plus belle d’entres-toutes bien sûr ! avec sa peau blanche, ses joues vermeilles, ses sourcils noirs bien dessinés, doit demander pardon parce qu’elle a tout mangé et tout bu, n’ayant pas été sage, la poupée du Carnaval devra à la fin de la semaine être brûlée…. Moment de délire… Ci-dessous 5 minutes de ce super moment.



              Tous les soirs à 22h, il y  une soirée dansante,  moi je vais me coucher car demain le réveil sera très matinal en prévision de la visite de Yaroslav, en passant par Rostov-le-Grand.

              Bonne nuit  à demain !

          Yaroslavl