Samedi 6 Juillet.
Réveil à 6h30, comme les poules !.... Bonne fête Mariette Il est prévu 17° avec
possibilité de pluie le matin, nuageux l’après-midi avec 19°. C’est donc avec KWay
et parapluie au fond du sac que je m’apprête à vivre cette nouvelle journée. Le
bateau ayant navigué toute la nuit, à mon réveil il est déjà accosté à Iaroslav.
Brrrr, mais c’est que dehors il ne fait pas chaud ! le thermomètre sur le
port indique 14°.
L’organisation est au top, sur mon journal de bord, il est indiqué :
« Ceux qui ont pris l’option Rostov le Grand doivent prendre le bus N° 4 »
Nous faisons alors la connaissance d’Olga, mais si ! je vous assure que si…
La matinale journée débute par la visite du Monastère de la Transfiguration du Sauveur d’Iaroslav, vous en découvrirez le reportage page suivante, puisque nous finirons de visiter la ville, au retour de Rostov le Grand. La route passe alors devant une immense raffinerie, un des piliers de l’industrie soviétique ainsi qu’à coté d’une usine de production de pneus, à l’usage principalement des engins agricoles. Puis voici une succession d’enseignes françaises : Décathlon, Leroy-Merlin, Auchan.
Rostov le Grand (point n° 5 carte itinéraire) (Rostov Veliki.) est situé à 60 kilomètres d’Iaroslav. Cette petite ville fait partie de l’Anneau d’Or, ensemble de villes et villages médiévaux qui forment un anneau au NE de Moscou. Cette superbe contrée est une succession de forêts de bouleaux, peupliers, pins, sapins, de champs, de lacs et de rivières. Son sol est composé de terre noire particulièrement fertile, expliquant son occupation dès le Moyen-Age, sa présence de cours d’eau lui conféra une position de première importance. Rostov comme ses sœurs de l’Anneau d’Or connût un essor exceptionnel dont témoignent les nombreux monuments architecturaux des 17ème et 18ème siècles.
Le temps se couvre de plus en plus. « Prévoyez vos parapluies, nous dit-Olga, mais le Kremlin est constitué de nombreux passages couverts qui relient les bâtiments les uns aux autres, ça nous permettra d’être souvent à l’abri » Et c’est ce qui se passe, nous ne sommes même pas sortis du bus que les premières gouttes de pluies tombent. Même s’il est souvent possible d’être abrités, les photos des extérieurs se ressentent de ce manque de ciel bleu, mais faisons avec !...
« L’arrivée est époustouflante ! Soudain, tel un mirage se détache entre ciel et lac, la majestueuse silhouette du Kremlin, un des plus beaux de Russie »
C’est ce qu’écrit, avec un brin de poésie, mon guide Michelin, mais j’avoue que
blottie contre ma sœur sous un parapluie tenu trop bas pour moi, j’ai bien du
mal à apercevoir quelque chose, et pourtant oui ! cette forteresse
immaculée d’où dépasse une multitude de coupoles est magnifique. Vous
constaterez que j’ai bravé vents et marées pour prendre cette photo avant de
pénétrer plus avant !
Il faudrait pouvoir prendre du recul, avoir une vue panoramique, hors les bus
nous déposent toujours à l’entrée, peut-être monter à la tour d’observation
pour avoir une vue d’en haut ou même envisager une balade sur le lac, depuis
celui-ci, la vue sur le Kremlin de Rostov doit être magnifique,
quoiqu’aujourd’hui tout ça était bien noyé dans une épaisse brume, le crachin
breton, dirons nous !
« La semaine dernière, nous avions une canicule avec 32°…. » Ca, c’est ce que nous ont dit les guides !... j’aurais préféré un juste milieu, jamais contente pensez-vous, enfin !
Sympa la photo que j’ai réussi à choper depuis l’intérieur du bus en repartant vers Iaroslavl !
u Rostov le Grand fondée par la tribu finnoise
des Mériens, au 9ème siècle sur les rives du lac Nero est
aujourd’hui la ville la plus ancienne de Russie. Ce n’était pas la résidence du
prince, les habitants ne voulant pas reconnaitre son pouvoir, mais celle du
métropolite. Après bien des déboires, luttes internes, invasion
mongole, assassinat de l’évêque Léonti en 1073, dû à un manque d’enthousiasme
pour le christianisme, la cité fut anéantie en 1608-1609 par l’invasion des
troupes polo-lithuaniennes.
Si aujourd’hui Rostov-le-Grand peut s’enorgueillir de posséder les plus belles anciennes églises de Russie, c’est grâce à la ténacité, ou l’orgueil, c’est selon …. de Jonas Syssoïevitch, le très réputé et influent, n’était-il pas devenu chef de l’Eglise Orthodoxe ! métropolite de Roznov, qui au 17ème siècle voulut bâtir des édifices plus beaux que ceux de Moscou. Il occupera cette fonction de 1651 à 1691, le temps de construire ce fabuleux et incomparable Kremlin, qu’il commencera en 1660.
Autrefois ville rebelle, Rostov-le-Grand est aujourd’hui une paisible cité légendaire qui abrite de superbes trésors architecturaux. La construction du Kremlin a demandé l’utilisation de vingt millions de briques de chacune 8 kilos. Son enceinte de 1 kilomètre de long, de 2 mètres de large, et ses onze tours circulaires, ne sont pas défensives, précautions inutiles à cette époque, mais plutôt décoratives. La cour du métropolite consiste en une partie centrale avec ses 4 églises et ses palais construits autour d’un étang. Les églises et palais ne sont pas édifiés au centre mais autour de la cour sur 230 m² environ.
Et pourtant, et pourtant !! Rostov le grand fut très courageuse, lorsqu’elle fut dévastée par un ouragan le 24 août 1953, ce jour là elle n’a jamais autant mérité son nom de « le grand » pour ne pas être confondue avec Rostov sur le Don, autre ville russe. En ce chaud jour d’été 1953 le vent emporta les toitures et presque toutes les coupoles, n’en laissant que trois sur les 24. Depuis 1970 on s’attacha à restaurer les coupoles aux écailles de tremble argentées, les cheminées aux girouettes de cuivre ciselé, avec grand succès, car aujourd’hui tout le Kremlin resplendit, certes sous la pluie !... pour mon plus grand bonheur.
Allez, c’est parti ! A la suite d’Olga je pénètre dans ce Kremlin par les élégantes Portes Saintes de l’Ouest (1) celles-ci, richement décorées, sont ornées de galeries, encadrées par deux tours et surmontées chacune d’une église sur porte à cinq coupoles, à l’Ouest sur l’église de Saint-Jean-l’Evangéliste, Dès l’entrée passée je suis béate d’admiration, c’est si majestueux ! à ma gauche se trouve un bâtiment pour le moins original :
- L’église de la Mère de Dieu Hodigitrai (2) Edifiée en 1693 par le successeur de Syssoïevitch, c’est donc l’église la plus récente, en style baroque moscovite, les murs sont peints de décorations en triangle, ce qui donne à la surface lisse l’impression d’une surface à facettes. Ne possédant qu’un dôme, l’église rectangulaire à un étage est décorée de plateaux sculptés baroques, de colonnes jumelées.
Pour l’individuel qui a le temps, il est possible d’admirer l’intérieur de
plusieurs églises : celles du Sauveur-sur-le-Porche, de St Jean
l’Evangéliste, de la Résurrection-du-Christ, de la Cathédrale de la Dormition,
d’explorer les innombrables musées nichés dans les bâtiments civils : Beau
Palais, Palais Blanc, Appartements du métropolite ou encore à l’intérieur de
l’église de Hodigitria (Art ancien, icônes, histoire de
la ville, collection de médailles commémoratrices, de cloches et clochers, de
l’émail…….) de se balader parmi les petites échoppes qui, tout à coté, vendent
des émaux.
En effet, Rostov est, et ce depuis 300 ans un grand centre de l’émail, au 18ème siècle, l’Eglise était le principal acheteur des miniatures, jusqu’à 700 icônes étaient fabriquées par jour, au début du 20ème siècle, les peintres réalisent des boites, des encriers, des bijoux….
Mais notre temps n’étant pas élastique, nous devrons nous contenter, et ce n’est déjà pas mal ! d’un tour de l’enceinte qui permet de jolies vues sur les différentes églises, de la découverte de pas moins de trois églises, d’une promenade sous la pluie lors de la traversée de la cour, sans oublier le potager du métropole.
Comme nous l’a annoncé Olga, les églises sont reliées entre-elles par des corridors qui sont pour certains recouverts de très jolies fresques. Nous allons donc pouvoir visiter Rostov sans être trop trempés. Les photos sans flash sont autorisées, je ne vais donc pas m’en priver.
En me retournant, j’aperçois alors :
w L’Eglise Saint-Jean-l’Evangéliste, sous laquelle je suis entrée, ses beaux bulbes verts et sa façade blanche reflètent un peu… dans l’étang. Je traverse cette cour en empruntant une allée pavée bordée d’arbres et ponctué de bancs, donnant un petit air bucolique au paysage.
Après avoir parcouru une galerie, j’arrive à :
- L’église du Sauveur-sur-le
Porche
(3) Ce
petit oratoire privé construit en 1675, à coté des appartements du
métropolite, surprend par la richesse de son intérieur. Les murs sont décorés
de fresques somptueuses de la fin du 17ème siècle.
Puis pas le choix, faut y aller, faut se mouiller, car voici :
- Le verger du métropolite (4) un moment abandonné, il
a été replanté de pommiers, de poiriers, de pruniers. Dans le potager on cultive
principalement des plantes médicinales. Jonas Syssoïevitch l’avait conçu, entouré de
tours avec au centre un plan d’eau, comme un paradis conforme à la description
biblique.
Par le chemin d’enceinte, m’offrant de superbes vues sur l’église Saint Jean-l-Evangéliste et l’église d’Hiridiglia reconnaissable à ses peintures, j’arrive à :
- L’Eglise de la Résurrection-du-Christ (5) Cette église située au dessus des Portes Saintes de 1754, celles au Nord de l’enceinte, fut en 1760 la première église sur porte. Les galeries, les fresques que l’on doit à des peintres célèbres, les colonnes dorées et les portes en laiton, tout ça est magnifique. Les fresques abondent en tons bleus, c’était alors la couleur la plus onéreuse, et le métropolite qui n’hésitait pas à la dépense voulait montrer sa richesse et sa générosité.
J’en suis encore tout à ma contemplation quand, dans une salle claire, trois silhouettes noires m’interpellent, ce sont là encore un chœur de chants liturgiques qui vont nous distraire un court moment.
Je remarque alors des trous dans les différents murs, ce n’est ni plus ni moins pour obtenir une meilleure acoustique ! Le toit de l’église, couronné de cinq coupoles est recouvert d’écaillés en tremble, celui-ci sous l’effet de l’air, acquiert très vite une couleur gris argenté.
- L’Arcade-clocher (6) cette plate-forme à quatre travées, fut construite à coté de la Cathédrale entre 1682 et 1687. L’ensemble est couronné par 4 dômes. 13 cloches avec chacune leur propre tonalité, furent coulées, donnant naissance à un carillon célèbre qui inspira Hector Berlioz.
La première qui pèse 16 tonnes fut appelée « Polyédéinyï » la plus lourde pesant 32 tonnes, coulée à la fin du 17ème siècle prit le nom de « Sysoï » en l’honneur du métropolitain Syssoïevitch.
Je termine cette visite de Rostov le Grand, par la magnifique :
- Cathédrale
de la Dormition. La première église fut construite en bois en 991 sous le règne
du prince Vladimir suivie d’une cathédrale de pierre en 1162. C’est sur ces
fondations que fut bâtie celle que l’on voit encore aujourd’hui, en pierres
blanches, en 1512, soit près d’un siècle avant la construction du Kremlin. Elle
a un soubassement élevé, sa hauteur est de 60 mètres, croix comprise et elle
est coiffée de toitures voûtées, surmontées de cinq coupoles.
Après la révolution d’Octobre en 1917, la cathédrale fut transférée à l’usage de la communauté civile, puis fermée, mais pas détruite comme le furent beaucoup d’autres. Depuis 1991, elle est rendue ainsi que l’arcade-clocher à l’Eglise orthodoxe de Russie. Elle reste le lieu de sépulture des dignitaires, dont l’évêque Léonti assassiné et le métropolite Jonas Syssoïevitch, si longtemps maître des lieux.
De suite, je vois la différence, en comparant, par
exemple, avec l’intérieur de celle de la Résurrection, ici le poids des âges
a été intraitable, l'église fait aujourd'hui peine à voir
avec des fresques plus très fraiches, son sol était alors
en sable.
Au moment où je la visite, l’intérieur est recouvert d'échafaudages,
avec des travaux qui paraissent interminables, les
icônes ont disparu, laissant des trous béants dans cette iconostase de bois,
dépouillée de ses dorures, iconostase réalisée entre 1730 et 1740.
Je ne puis qu’admirer les fragments de
fresques sur les colonnes et sur les murs, fragments du 17ème qui
ont été découverts lors de travaux de restauration dans les années 1950.
Je pourrais croire l'église morte si quatre ou cinq cierges allumés
n'attestaient de la visite de quelques croyants.
Nous reprenons à présent la direction de Iaroslav, pour en terminer la visite avant de retourner au bateau pour y déjeuner.
Au
revoir magnifique Kremlin de Rostov-le-Grand, et à tout de suite, pour la continuation du reportage