Tour panoramique de Saint-Petersbourg

                 Mercredi 10 Juillet. Bonne fête Ulrich.

             Le temps prévu : entre 13 et 16 ° nuageux avec pluie possible. Il est certain que ce n’est pas lors de cette croisière que je vais attraper une insolation.

           Il n’est même pas 7 heures que le Chicherin en accostant à la gare fluviale de St Petersbourg, Prospekt Obuhovskoj Oborony 195 (En cliquant KOHTAK à droite, vous devez voir l'emplacement de cette gare. Celle-ci est située au Sud de la ville, dans des quartiers industriels. Une navette rejoignant la station de métro ligne 3 est mise à disposition toutes les 30 minutes. Traduction instantanée parfois possible sur le téléphone.) est arrivé au terme de cette croisière fluviale. La navigation a duré exactement cinq jours et demi et six nuits, le navire a parcouru depuis Moscou près de 2000 kilomètres et franchi 18 écluses.

           Maintenant je vais découvrir, avant de tenter de le faire après-demain d’une manière plus personnelle, Saint-Petersbourg, en version panoramique (Point N° 12 carte itinéraire)

           Dès 8h15 je fais la connaissance de Natacha (mais si, mais si !) quand je vous disais que beaucoup de filles de la génération  Bécaud ont dû hériter de ce prénom !  C’est donc avec elle que je vais faire la découverte de cette Venise du Nord, on m’en a beaucoup parlé, j’en rêve !...

          C'est Nicolas qui va nous amener tout d'abord au couvent Smolny. Voyant le ciel qui est loin d'être sans nuages, Natacha, songeuse, dit "Si ça se tient ainsi, on aura de la chance, car hier ici, ce n'était qu'orages et averses. Nous avons seulement 62 jours de soleil par an, ce n'est pas que St Petersbourg ne veut pas transmettre son sourire ! c'est son état normal. Mais son absence de soleil est compensée par son immense beauté. Les femmes se consolent en se disant qu'ainsi, elles auront moins de rides."

          Saint-Petersbourg est tout près de la Baltique, le climat y est très humide. Les températures moyennes sont ici de -16°(hiver) et +22° (été) Aujourd'hui avec les 16° annonçés, c'est plutôt correct. "Je n'achète jamais de robes d'été, ni de nu-pieds, mais plutôt des manteaux de fourrure. Si vous voulez faire un cadeau, plaisir à un ami, achetez lui un parapluie ! "

         La journée de travail commence ici à 9 heures, de par sa proximité avec le Pole Nord, Saint-Petersbourb connaît l'été, ses nuits blanches. A l'inverse, en plein coeur de l'hiver il n'y a pas beaucoup de luminosité.

           « A gauche, mesdames, messieurs, voici le palais de Grigori Potemkine, un des amants de Catherine la Grande, peut-être même son mari secret. Plus jeune qu’elle de 10 ans, c’était certes un coureur de jupons, mais aussi un talentueux homme politique très influent, qui fut l’un de ses principaux ministres »

           On passe ainsi devant bon nombre de  superbes monuments, de jolis ponts, de jardins, d’endroits historiques, mais depuis l’intérieur d’un bus, même s’il ne roule qu’à 60 kms/h, il est impossible de réagir à temps et de tout photographier, surtout quand les monuments en question se trouvent sur votre droite, et que vous êtes coincée dans votre siège sur la gauche,  ce qui fut bien souvent le cas, hasard !....malchance….ouupps…   De plus, il est quasi-impossible de retenir, voir même de comprendre tous ces noms prononcés par Natacha avec un fort accent russe, ou les aï sont prononcé é, les tch sont avalés, les p remplacés par des v, les v par des f, les a des i, ou l’inverse, je ne sais plus…  il aurait fallu aller aux cours de russe donnés pendant la navigation par Olga, et encore !...

           Ci-dessous, un résumé de ce que j’en ai retenu, parfois réussi à photographier :

               L’école de Tchaïkovski, où le futur musicien a fait des études de juristes, avant de devenir l’homme que l’on connait. Au loin : ­ Le château  des Ingénieurs, une scène de crime ou dit-on, le fantôme du tsar Paul 1er, duc de Gottorp, rôde toujours dans les couloirs…. Aujourd’hui ce château est devenu le « musée des Beaux-Arts russes »

           « Vous voyez, à droite …. le bâtiment de couleur jaune, c’est le ­ tout premier cirque de Russie (1877)  à l’époque il y avait ici une cour pour les éléphants, lorsque ceux-ci avaient froid, pour les réchauffer on leur donnait des seaux de vodka… » Il est tellement joli que j’ai piqué une photo sur Wikipédia, histoire de m’en souvenir !...


      La première halte de ce périple est la découverte de :

    la
­ Cathédrale de Smolny.

      " Je pense que mes collègues vous ont déjà mis en garde contre les pickpockets. Saint Petersbourg est un de leurs lieux privilégiés. Ils s'intéressent peu aux Français, mais plutôt aux Chinois qui portent beaucoup de liquide sur eux. Surtout n'achetez pas dans la rue, ils vont ainsi voir où vous mettez vos billets "

             Cette cathédrale fait partie du couvent de Smolny. Edifié dans un style somptueux du baroque, sur la rive gauche de la Neva, Smolny signifie goudron, ce n'est pas qu'on fête un saint Goudron, mais ici au début du 18ème siècle existait une usine productrice de goudron.

                  Elisabeth Petrovna, la fille de Pierre le Grand, future impératrice, décide de faire construire, au 18ème siècle, un couvent pour accueillir les jeunes filles de la noblesse et y passer ses vieux jours en leur compagnie. Mais les travaux seront interrompus en raison de guerres et d’un manque de moyens. Elisabeth décédée, la Grande Catherine qui n’aime pas trop cet architecte (Rostrelli) abandonne la construction. Les travaux ne seront repris qu’en 1835 par Nicolas 1er. Après la Révolution, la cathédrale sera fermée durant des décennies

             Cet édifice religieux, de 93,7m  de haut, consacré à nouveau au culte orthodoxe depuis 2011, possède aux quatre coins, quatre petites églises. Sa façade présente des murs bleus azur faisant penser au ciel, « Ce serait plutôt à la couleur des yeux de l’impératrice Elizabeth » dit-on ! des pilastres blancs, un dôme central entouré de   quatre coupoles à bulbes, les clochers des églises, et comme éléments architecturaux : des lucarnes et un fronton sculpté.

         Mes photos n’en montrent que deux sur les quatre, n’ayant pu prendre de hauteur, ni aller sur les cotés, au diable, cette perspective ! …

                La visite de l’intérieur est rapide, faut dire aussi qu’avant sa réouverture au culte, il ne devait plus y avoir grand chose, on peut néanmoins  y admirer, accrochés sur de grands murs blancs plusieurs icônes et  quelques objets orthodoxes. C’est là que beaucoup de concerts sont donnés. Il paraît que l’on peut, moyennant contribution, monter au sommet, de là-haut la vue doit certainement être superbe. Sur le parvis, une cloche qui n'a jamais été hissée au clocher, trop lourde ?

         Les bâtiments que comporte ce couvent ne sont pas peints du même bleu, car aujourd'hui ils appartiennent à des propriétaire différents, quant à l'eglise, elle est revenue à l'Eglise Orthodoxe, mais ils ont tous un point commun : bleu comme étaient les yeux de l'Impératrice !


            De retour dans le bus, pas loin du couvent, j’aperçois au loin, à l’extrémité du jardin de Tauride, le  palais éponyme.

                « Toujours à votre droite… voici le  ­ Musée Fabergé,  installé en 2013 dans le Palais Chouvalov.  Ce musée est extraordinaire du point de vue historique car à la Révolution beaucoup d’œufs furent vendus, six sont restés à Moscou, mais huit ont complètement disparu, toutefois on peut y voir les neufs œufs impériaux / On emprunte maintenant la Perspective Nevski, cette avenue bordée d’hôtels particuliers est l’artère principale de la ville, sa colonne vertébrale, une sorte de Champs Elysées Saint Pétersbourgeois. / Regardez aux angles du pont Anitchkov, les quatre  magnifiques sculptures qui  représentent des chevaux  et leurs dresseurs. »

 

            Natacha nous décrit alors l’itinéraire pédestre que nous allons faire à sa suite. Nicolas, le conducteur nous a déposés « Square Ostrovsogo » appelé ainsi en l’honneur du grand dramaturge russe du 19ème siècle, près de la place Alexandrinsky. Celle-ci réunit plusieurs sympathiques monuments architecturaux : le théâtre Alexandrinsky, le palais Anichkov, la Bibliothèque publique, l’hôtel particulier Dom Basina, construit en 1879, qui est reconnaissable à son  style particulier et surtout sa couleur rose, à ses cotés une Banque…

               Prône au-milieu de ce square appelé auparavant Alexandrinsky, et même parfois jardin Catherine, une imposante statue de Catherine la Grande, réalisée en 1873 avec, formant un cercle autour de ses pieds, des personnalités publiques vivantes sous son règne, dont  Alexeï Orlov, Grigori Potemkine…

     


                En face de cette statue, dominant le panorama: ­ Le théâtre Alexandrinsky, construit vers 1820 par l’architecte Rossi dans un style néo-classique. La façade est décorée de six colonnes corinthiennes, sur le fronton, se trouvent de nombreuses figures théâtrales des muses et une sculpture d’Apollon chevauchant un char.

            Et je remonte dans le bus, ce qui peut expliquer les photos plus ou moins penchées…. la rue Rossi empruntée est elle aussi bordée de superbes maisons, telle que celle-ci de la même couleur rose, un peu plus loin c’est une école de danse.

            Nous arrivons sur la ­ « Place Lomonosovv » où se trouve à droite…… le buste de ce simple fils de pêcheur arrivé un jour à pied, et qui fut l’homme le plus brillant de son époque. Il est devenu, sous le règne d’Elizabeth le premier membre de l’Académie des Sciences, poète, chimiste, mathématicien. Puis  nous empruntons le charmant :

                ­ « Pont Lomonosovv » construit en 1787, il mesure seulement 50 mètres et enjambe la non moins charmante rivière Fontanka. Ce pont est singulier, il est garni de quatre tourelles en granit datant de 1757 coiffées de dômes qui recelaient le mécanisme d’ouverture du pont, lorsque la Fontanka était encore navigable. L’ouvrage a été reconstruit en 1912, mais les tourelles ont été conservées.

                        « C’est très pittoresque, vous comprenez pourquoi, la ville est nommée la Venise du Nord !... »

                 « Voici un ancien hôpital, celui des gens ordinaires, pour différencier des hôpitaux militaires, celui où eût lieu la première intervention chirurgicale » Et de Natacha d’y rajouter son petit mot humoristique, mais toutefois réaliste. « Auparavant, on anesthésiait soit par des drogues, soit par de l’alcool, ou encore d’un coup de bâton ! L’anesthésie à l’éther est apparue vers 1850, les méthodes sont devenues tout de mêmes plus humaines. »

            Après avoir longé la rivière Fontaka, et traversé la route de Moscou, on passe devant ­  le « Palais de la Moïka » (je me demande bien pourquoi elle parle d’un palais des trois petits pois…  et voilà comment un accent  peut changer le sens du mot !). Dans :

                ­ Les jardins Ioussoupov, à ne pas confondre avec le palais historiquement tragique du même nom,  a été organisé à la fin du siècle, le premier championnat de patinage artistique.

            Sur ma gauche, enfin !  ­ Les coupoles bleues étoilées de la Cathédrale de la Sainte Trinité dépassent depuis les hauts bâtiments, commerces de vins ou autres, bordant la rivière. Cette cathédrale a été construite entre 1828 et 1835, en style empire, pour le régiment qui entra en Paris en 1814. Fiodor Dostoïevski qui s’y est marié en a d’ailleurs parlé dans son roman « Les nuits blanches »

         Ca et là sur les grilles des ponts, selon une tradition venue d’Europe, on peut apercevoir des cadenas posés par de jeunes mariés, la clé jetée dans l’eau, tout un symbole ! Puis Nicolas se stationne au Sud du canal Griboïedov, le temps de prendre des photos de :

                ­ La Cathédrale de Notre-Dame-des-Marins. Du parking j’admire au loin, ­ L’église Saint-Isidore aux bulbes verts, de style byzantin. Grosse déception, alors qu’il était prévu d’en visiter l’intérieur, notre guide nous fait savoir que depuis cette année, un peu facile…. non… ! les prêtres n’acceptent plus les touristes, car ceux-ci, dans ce lieu de culte, dérangent les croyants.

            Cette cathédrale aux murs bleus ornée de pilastres corinthiens blancs et couronnée de cinq dômes dorés de style baroque fut construite entre 1752 et 1762 sur commande de l’impératrice Elizabeth.  On lui trouve d’ailleurs une grande ressemblance avec celle du couvent de Smolny. Ah, les yeux bleus de l’impératrice !.... Elle fut édifiée dans le quartier jadis peuplé de marins et consacrée à leur patron Saint Nicolas.

    

            De retour dans le bus, nous passons devant les longs bâtiments en arcades de :

                ­ L’ancien marché Nicolas, le théâtre Mariinsky, empruntons la rue Ilitsa qui mène au Conservatoire. Nicolas passe alors pas loin du Palais Ioussoupov puis emprunte la rue de la Poste,

              ­ Le théatre Mariinski construit en 1860 en style Renaissance baroque abrite la Compagnie de ballet et d’opéra, il rivalise avec le Bolchoï de Moscou.  

                 ­ Le Palais Ioussoupov est un splendide palais à colonnes.

           Conçu en 1760 par un architecte français pour une famille très riche, « plus encore que les Romanov » dit notre guide. C’est dans ses sous-sols que le 16 Décembre 1916, Raspoutine fut assassiné par le jeune prince Félix Youssoupov. Cet assassinat reste un grand mystère, ayant de l’eau dans les poumons, serait-il mort noyé ?  quoiqu’il en soit, ce moine de Sibérie qui avait un savoir réel et connaissait le pouvoir des herbes et leurs effets, connut une fin tragique à seulement l’âge de 47 ans, victime de l’influence qu’il avait sur la famille Impériale, mort voulue par la féroce jalousie des hautes instances aristocrates.

            Quant à la Poste, Natacha nous confie qu’elle est désormais fermée, que plus personne maintenant n’envoie de lettres, pourtant toutes mes cartes postales arriveront bien  à destination ??   Et nous voilà arrivés devant la majestueuse et somptueuse :


                 ­ Cathédrale Isaac, du nom de l’apôtre byzantin du 4ème siècle, St Isaac de Dalmatie, un hommage magistral et impérial à la gloire de la Russie.



            Construite sous les règnes de pas moins de trois empereurs ! : Alexandre 1er, Nicolas 1er et Alexandre ll, elle fut conçue sur le modèle de la cathédrale Saint Paul de Londres, pouvant accueillir 14 000 fidèles. Un petit air de nos Invalides, non ? Ce fut l’architecte français Auguste de Montferrand, illustre inconnu dans son pays natal, qui sera choisi pour réaliser cet ambitieux projet qui lui prendra 40 ans, quasiment toute sa vie puisqu’il mourra dans cette ville à 72 ans, seulement un mois après  l’inauguration.

                 Cette cathédrale de 111m de long et 97,60m de large est l’une des plus grandes du monde, son dôme s’élève à 102 mètres Sa construction qui dura de 1818 à 1858, exigea une grande ingéniosité technologique  Pour asseoir cet édifice de 300 000 tonnes, il fallut d’abord pomper l’eau de ce terrain marécageux, puis enfoncer une vingtaine de milliers de pilotis en bois dans ce lieu spongieux.  Les 112 colonnes que compte l’édifice sont des monolithes taillés manuellement, dans des carrières de marbre de granit rouge importées de Finlande par péniche, chacune d’elle pèse 114 tonnes et mesure  15m de haut.

              Pour réaliser ce gigantesque chantier, on employa  plusieurs centaines de mille serfs et paysans affectés sur les terres de l’Etat, près d’un quart moururent de maladie ou d’accident.

              Prendre encore plus de recul est quasiment impossible, des arbres la camouflent en partie,  de plus y passe une route à grande circulation, elle-même bordée de baraques de chantiers. Les quatre façades de cette Cathédrale sont quasi semblables, et je suis dans l’incapacité de savoir de quel coté Nicolas s’est stationné, ça serait plutôt l’arrière que je vois ?

             Je profite de ce soleil qui a daigné se montrer un court instant, pour faire quelques belles photos depuis les jardins. Le cadre, que j’ai dû partager avec bon nombre de touristes, avec ses parterres verts et ses roses rouges est superbe. Sincèrement j’aurais aimé y passer plus de temps, trente minutes c’est très rac, pouvoir aller au moins jusqu’au parvis, admirer de près tous les détails. Promis,  juré ! avec ma cœur, lors de notre après-midi libre de Vendredi, on va y revenir, même emprunter les 260 marches de la colonnade, du moins c’est ce que nous avons prévu !

            La façade est décorée de 350 statues et reliefs, de bas reliefs en bronze, d’un fronton différent de chaque coté. Des anges portant des flambeaux se dressent aux quatre angles de la toiture, la coupole du dôme de 28,5m de Ø est recouverte de 100 kilos d’or. Pillée par les bolchevicks, les objets de culte confisqués et les cloches fondues, elle devint musée de l’Athéisme jusqu’en 1937, puis musée d’histoire et de l’art.   Le 20 Décembre 2012, une nouvelle cloche de 10 tonnes a été montée à l’un des clochers. Elle est aujourd’hui, comme toutes les églises de Russie, revenue à l’Eglise orthodoxe.

            A très bientôt, belle église !    


            Et je reprends ma place dans le bus… lorsque je vois ce ­ « Manège » un bel édifice de stylé néoclassique construit entre 1803 et 1807. C’était autrefois le manège de l’école d’équitation pour les officiers du régiment de la garde à cheval.  La façade présente un portique à huit colonnes doriques avec au-dessus un fronton à la grecque. De chaque coté des colonnes, deux statues d’hommes nus : les frères Dioscures tenant des chevaux cabrés, une façon d’évoquer le Parthénon. Cette façade regarde le coté Ouest de la Cathédrale Saint-Isaac, et quelques prêtres, selon Natacha, se seraient offusqués de cette vision.  Après avoir été réquisitionné après la révolution russe, il sert aujourd’hui de salle d’expositions diverses.

     

            Continuant son chemin en vue d’aller de l’autre coté de la Neva, Nicolas passe à coté de :

                ­ L’Hôtel Astoria. Cet hôtel à la particularité d’avoir été  choisi par Hitler pour y organiser un banquet, afin de célébrer sa prise de Léningrad, prévue pour le 23 Juillet 1944, du moins c’est ce que, très optimiste, le dictateur pensait à ce moment là ! Il fit même imprimer les cartons d’invitations qui seront découverts plus tard par les troupes soviétiques.

            Depuis l’hôtel Astoria, nous avançons sur la Boichaïa Morskaïa, ure rue parallèle à la Moïka. « Voici la :   ­ Maison Fabergé » celle de cet homme célèbre qui avec son équipe fabriqua les fameux œufs impériaux, ruisselant de diamants et pierres précieuses. Ici se trouvaient sa boutique, sa maison d’habitation, la cantine pour les ouvriers, la bibliothèque d’où il tirait son inspiration, les appartements de ses dessinateurs. A l’abdication du tsar Nicolas ll, Fabergé dont les activités relevaient en grande partie des désirs de la famille impériale, préféra prendre la fuite, sauvant ainsi sa vie et celle de sa famille, mais laissant tout derrière lui.

            Nicolas emprunte une nouvelle fois cette artère principale, la Perspective Nevski, au fond se dresse la flèche dorée de :

                ­ L’Amirauté qui était à l’origine un chantier naval. Cette amirauté est l’emblème de St Petersburg. La médaille qui a été crée en 1942, commémorant la défense de Leningrad, en hommage à tous ceux qui, civils ou militaires,  ont repoussé les Allemands, représente quatre personnages tous armés d’une baïonnette, devant cet illustre bâtiment: un soldat, un marin, un ouvrier et une ouvrière.

            Et nous arrivons :

      ­ Place du Palais, imposante place bordée au Sud par les bâtiments de l’Etat Major reliés par un magistral Arc de Triomphe, au Nord par le Musée de l’Ermitage, en son milieu, la colonne d’Alexandre qui commémore sa victoire contre Napoléon.

            Nicolas tourne, tourne autour de la place pour nous en faire profiter un maximum, il va essayer de se stationner le temps d’une photo, mais ça sera mission impossible, la police veille. De toute façon, demain lors de la visite du Musée de l’Ermitage, on reviendra ici. Depuis le Pont du Palais je photographie à travers les vitres :

        ­ L’Acédémie des Sciences  qui, de l’autre coté de la Neva, domine le quai de l’Université, sur la pointe orientale de l’île Vassilievki. A cet endroit il est possible de se stationner, je découvre ainsi :

                ­ La Strelka avec son belvédère panoramique :

                           w La Place de la Bourse,   là où le fleuve atteint sa largeur exceptionnelle avant de se séparer en deux bras : la Grande Neva et la Petite Neva, et derrière moi, quelques jolis monuments.  Natacha nous met en garde contre les pickpockets, nombreux à sévir dans ces endroits, mais aussi contre les personnages costumés qui ne sont là que pour monnayer leur image. J’ai le temps d’admirer, là bas de l’autre coté de la grande Neva sur ma gauche, la forteresse Pierre et Paul, et à droite le palais d’hiver et plus loin le musée de l’Ermitage, ainsi que :

                           w L’ancienne Bourse, bâtiment construit à l’image d’un temple grec, c’est ici que les marchands traitaient leurs affaires en arrivant au port. Quant aux deux :

         w Colonnes rostrales, avec leur couleur rouge, on ne peut pas les louper. Ces colonnes  érigées en 1810  à la gloire de l’Empire, qui font 32 mètres de haut, hé oui ! on ne dirait pas comme ça !.... sont en granit. A l’époque, elles portaient à leur sommet des torches à huile qui ont été remplacées à la fin du 19ème siècle par des lampes à gaz, étant prévues à l’origine pour servir de phares aux bateaux qui entraient dans le port de Saint-Petersbourg, car c’est bien ici que Pierre le Grand avait fait édifier son port.

             Se conformant à une tradition romaine, elles sont ornées de proues de navire, symboles de victoires navales. Les piédestaux portent les figures allégoriques des grands fleuves russes, mais  aujourd’hui pas de bol, ces piédestaux sont tous les deux en restauration et bien camouflés derrière des bâches opaques, et même à l’abri d’un mur de parpaings sommairement monté, donc pas de figures allégoriques cette fois..  A certaines occasions, comme par exemple, la fête de la Marine, les colonnes se parent de mille feux.

             Les heures tournent, mais Nicolas continue… depuis la pointe de Vassilievski, il longe le quai de l’Amirauté jusqu’à la statue de : ­ Mikaeïl Lomonosovv. Cette statue de 3 mètres posée sur un socle de marbre rouge poli, représente l’Académicien, assis un manuscrit ouvert sur les genoux.

             Nicolas, c’est très gentil de vouloir nous faire découvrir tout St Petersbourg ! mais il va bien falloir, à un moment,  penser à faire demi-tour. Je crois qu’il m’a entendu, car après avoir contourné la statue de Lomonosovv, il repasse devant  l’édifice baroque de l’Académie des Sciences, et reprend le Pont du Palais. Tiens donc, mais il ne reprend pas la Perspective Nevski, mais à droite le Quai du Palais ! Et là quelle chance … les principaux monuments se trouvent de mon coté, c’est ainsi que déjà je vois le : 

                ­ Palais de Michael Dvorets construit entre 1857 et 1862 pour les enfants de Nicolas ll. La façade est un mélange de style Renaissance, baroque et Louis XVI.  Un peu plus loin, sur ce même quai, dans l’angle de la Place des Décembristes, voici :  


                ­ Le cavalier de bronze.

                   Cette statue équestre de 6 m. de Pierre le Grand, inaugurée en 1782, a été érigée sur l’ordre de Catherine ll, qui voulait ainsi rendre hommage à son prédécesseur. Elle porte, en latin et en russe, la simple inscription « A Pierre 1er, Catherine ll ».  

               Ce travail a été réalisé par Etienne Falconet, qui passa plus de douze ans sur son ambitieux projet, ce sculpteur désirant créer une statue pleine de dynamisme, et  en sculptant Pierre 1er en cavalier gravissant un rocher escarpé il a voulu saisir l’instant où le cheval se cabre en haut de ce rocher, symbole des obstacles surmontés par le tsar réformateur.  Le serpent qui se tord sous les sabots du cheval symbolise la Suède, l'ennemi juré à cette époque, ennemi que Pierre le Grand se fait un plaisir d'écraser.   Au moment de l’inauguration, Falconet n’était pas présent,  il avait dû rentrer en France quatre ans plus tôt.

              Le rocher qui sert de piédestal fut trouvé dans les environs de la ville, des centaines d’hommes se relayèrent pour tirer cet énorme bloc de 1600 tonnes jusqu’au golfe de Finlande. Il fut ainsi halé, pendant 6 kms durant l’hiver sur le sol gelé, au moyen d’un traîneau métallique, puis de là, sur une barge spécialement construite, il fut transporté à St Petersbourg. Hé bien !   En remerciement de tous ces efforts, Elizabeth ll fit réaliser une médaille commémorative, quelle générosité ! …. (Ci-contre, gravure de l’époque)


         Depuis le Quai du Palais, je ne vois pas que... ce cavalier de bronze ! mais aussi en arrière plan un peu cachée derrière des arbres, la cathédrale Saint-Isaac. Nicolas la contourne, je puis ainsi l’admirer, certes rapidement (clic, clac…) sur pratiquement toutes ses faces. Dommage ! un angle est en complète  rénovation, ce n’est que bâches et échafaudages. Puis Nicolas, pour rejoindre l'Eglise du Sauveur du Sang Versé, passe par les quartiers universitaires, le Palais de Marbre, la rue des Millionnaires, la Place des Ecuries. :



                ­ L’église du Sauveur sur le Sang versé.



             Lorsque j’arrive au pied de cette époustouflante  église, un indescriptible sentiment m’envahit, elle est si belle ! « Pittoresque avec ses bulbes multicolores, ses colonnettes et ses tuiles polychromes, l’édifice produit une impression réjouissante et festive. » Cà c’est que me dit mon guide Vert, vrai de vrai !

           Et pourtant ! il s'en est fallu de peu que je ne puisse l'admirer. Hé oui ! les bolchéviques qui n'aimaient pas beaucoup les églises, mais ça on s'en était rendu compte ! après l'avoir fermée dès 1930, avaient projeté de la faire sauter en 1941, celle ci trop récente n'avait, à leurs yeux, aucune valeur historique. Mais c'est alors que l'Union Soviétique dût faire face à un problème autrement plus important : son entrée dans la Seconde Guerre Mondiale, un peu ironique, non ! Pourquoi qu'en 1941 et pas avant ? tout simplement à cause de la lenteur des administrations bolchéviques. Quoiqu'il en soit, l'église restée debout servira de morgue pendant cette période noire, pour ses pauvres habitants morts de faim et de froid lors du terrible blocus. Après la guerre, toujours debout malgré les bombardements, on l'utilisera comme entrepôt pour les pommes de terre, puis pour les décorations de théâtre. En 1970, on se décide enfin à la restaurer, mais les travaux n'en finissent pas, il est alors dit que le régime soviétique s'écroulera lorsqu'on enlevera les échaufaudages, et le croiriez-vous ! ceux-ci furent démontés en Août 1991. Simple coincidence ..... surtout n'y voyez là aucune superstition ! paroles de Natacha Depuis 1997, elle est de nouveau ouverte au public.

             J’aie envie de photographier tous les détails, mais ma joie va être de courte durée, car nous n'y sommes même pas arrivées, que Natacha nous donne 13 minutes, pas même le quart d'une heure, il aurait fallu pouvoir aller jusqu’au petit pont qui n'est pas très loin, pour l’admirer à coté de son canal, avec du recul, et pour ne rien arranger, elle se présente en contre-jour ! Faut dire aussi que le pauvre Nicolas a mis près de 10 minutes pour trouver à stationner son bus, c'est qu'on est loin d'être tout seuls !

            Aujourd’hui mercredi c’est son jour de fermeture, mais lorsque je vois ces tôles et ces baraques de chantier à la base, je me demande même si elle ne serait pas carrément interdite au public, du moins momentanément, paraîtrait que non ! Toutefois cette église n'a pas été reconsacrée depuis l'ère bolchévique, ce n'est pas un lieu de culte, mais plutôt un musée de la mosaïque.

         Histoire d’en rajouter, de gros nuages gris, menaçants planent au-dessus de ma tête. Bref ! les conditions ne sont pas top.. pour admirer cette merveille, dont les étincelantes mosaïques ne demandent qu’à briller au soleil, j’en suis extrêmement déçue. Mais avec tout de même un brin d’espoir, car de par sa proximité avec la Perspective Tesky, on y reviendra tranquillement lors de l’après-midi libre, du moins pour en admirer à volonté les extérieurs.

            Cette église appelée aussi église de la Résurrection du Christ, a été construite en style renouveau russe flamboyant, par Alexandre lll sur le lieu où son père le tsar Alexandre ll fut assassiné en 1881, d’où son nom. La première pierre fut posée en Octobre 1883 mais les travaux ont duré 25 ans.  Sur les 20 plaques de granit brun importé de Norvège (tout en bas de l’église, cachées en partie par les tôles),  sont gravées en lettres d’or le hauts faits du règne d’Alexandre ll, dont l’émancipation des serfs en 1762.

             La splendide façade n’est que coupoles torsadées,  colonnettes et mosaïques (7000 m² en incluant celles de l'intérieur), Ces dernières illustrent des scènes du nouveau Testament, des colonnes de marbre estonien encadrent les vitraux, les chambranles sont en forme de doubles ou triples kokochniki (arcs superposés) Les dômes sont recouverts de 1000 m² d’émaux. 144 blasons en mosaïque dans les niches carrées du clocher  représentent les villes et les provinces qui firent des offrandes pour la construction, mais ça aujourd’hui c’est waoulou… car toute cette partie est camouflée par des bâches.

     


            Bref ! vous l’aurez facilement compris, pour moi cette église du Sauveur sur le Sang Versé est, avec la Cathédrale Saint Isaac LES DEUX monuments à ne surtout pas manquer lors d’une visite de St Petersbourg, et dans mon cas, ce fut en mode « boulet de canon » Mais il est vrai que ces deux églises font partie du tour panoramique ! et il me faut bien l’admettre, celui-ci fut express mais franchement plutôt bien fourni !….


          Après le déjeuner pris à « l’hôtel de Moscou » nous nous apprêtons cette après-midi à visiter la symbolique Forteresse Pierre et Paul.

         Je vous dis donc, à tout de suite !



   Forteresse Pierre et Paul