Mercredi 10 Juillet (suite)
La matinée a plutôt été bien occupée avec la découverte de tous ces beaux monuments de Saint Petersbourg. D’ailleurs cette ville n’a-t-elle pas obtenu en 2017, l’Oscar du Tourisme de la meilleure destination culturelle européenne !
Après un déjeuner-buffet au restaurant de l’hôtel de Moscou, Nicolas se dirige maintenant vers la forteresse Pierre-et-Paul.
Et Natacha de nous raconter quelques anecdotes ! « Pendant les examens pour avoir de bonnes notes, il faut placer une pièce de 5 roubles dans les chaussures, ou encore : Il ne faut pas se laver les cheveux, car les connaissances coulent avec le shampooing. Si, si, c’est vrai, je le faisais lorsque j’étais étudiante ! »
Elle nous parle de la révolution d’Octobre, qui
d’après une histoire romancée aurait eu pour origine la famine chez les femmes.
Sur les 520 wagons de farine qui arrivaient chaque jour, seulement 25 étaient
destinés à la population, provoquant un manque de pain. Les femmes qui
travaillaient dans les usines ont demandé à ce que soit, celui-ci soit vendu sur
place, soit qu’on leur diminue leurs horaires, les enfants attendant leurs
mamans pour avoir à manger, ce à quoi les directions auraient répondu « on
s’en fout de vos problèmes ! » entraînant les grèves. Ca c’est
l’histoire de la révolution racontée aux enfants, mais il y a une théorie qui
dit toutefois que celle-ci fut fomentée par les femmes pour avoir du pain.
Alors gare aux femmes !
Nous voici sur l’immense Place Voostania, où j’y vois : u La gare de Moscou inaugurée en 1851 d’où
est parti le premier train reliant les deux grandes villes. L’écartement des
rails est établi selon des directives russes et non pas européennes.
Au milieu de cette place, une grande colonne : u L’Obélisque de la Ville-héros de Léningrad, en granit de couleur grise, celle des manteaux des soldats, de 36 mètres de haut et surmontée d’une étoile d’Or a été installée sur cette place en 1975, à l’occasion du 30ème anniversaire du jour de la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie. Ce monument orné d'un grand cercle brisé, symbolisant la perçée du siège et décoré de sculptures en bronze, figurant le peuple défenseur de la ville,est consacré à l’héroïque défense de Léningrad (ancien nom de St Petersbourg) qui reçut alors l’honorifique titre de « Ville-héros »
Je suis désolée, depuis l’intérieur du bus j’ai
réussi à choper cette photo, mais en ai coupé l’étoile.
En tournant à gauche Nicolas se retrouve sur la perspective
Nesky, la principale artère de la ville de 4 kms de long. Natacha tente de nous
en énumérer les principaux bâtiments et monuments, mais ceux-ci sont si
nombreux qu’elle a bien du mal à y arriver « Regardez à droite, à
gauche, à droite, encore à droite…….. » Qu’importe, lors de
l’après-midi de libre, étant à pied, j’en mesurerais mieux la beauté ! « Cette
artère, nous dit Natacha bouge tout le temps, dès que le soleil arrive,
les touristes l’envahissent, il est 14h30, l’heure pour les russes de faire la
pause-repas, mais vous remarquerez qu’ils marchent tous du coté ensoleillé ! »
Je vous parle toutefois du vrai café Pouchkine, car je crains de ne pas y avoir, alors, fait attention. Ce bâtiment tout près de l’Amirauté abrite aujourd’hui une pâtisserie, mais en 1837 c’était un bistrot, ce fût là que Pouchkine but son dernier café avant de se rendre au duel qui lui fut fatal.
Nicolas emprunte maintenant le pont du Palais, l’île Vasilevshy et ses colonnes, puis enfin le pont de la Bourse, nous voici alors arrivés à proximité de l’île aux Lièvres, là ou Pierre le Grand établit en 1703 sa forteresse, qui depuis 1858 porte le nom de Pierre-et-Paul.
Avant de découvrir celle-ci, vous ne croyez pas qu’il
serait temps de parler un peu de l’histoire de cette « Venise du
Nord » ! Magnifique ville inscrite au Patrimoine de l'Unesco depuis 1990.
Avant la venue de Pierre le Grand, il existait une centaine d’îles et d’îlots dans le delta de la Neva. C’est alors que ce tsar, tombé amoureux de cette terre pourtant marécageuse et insalubre, décida d’y édifier « son paradis » c’est ainsi que Saint-Petersbourg, orgueil et gloire de l’empire de Russie fut fondé officiellement le 27 Mai 1703 sur le 70ème parallèle. Il commença par bâtir une forteresse et de la plateforme du clocher il pouvait surveiller l’état d’avancement des travaux de sa capitale.
Au fur et à mesure que la ville de développait, des cours d’eaux et des canaux furent comblés. L’édification de la nouvelle capitale demanda de la part des hommes des efforts titanesques, des milliers de vies humaines furent sacrifiées.
Elle fut capitale sous Pierre le Gd, abandonnée au profit de Moscou, puis redevenue capitale en 1730. Elizabeth 1ère qui apporta à la cour le goût du luxe fit construire beaucoup de palais, un théâtre, une Académie des Beaux-arts. Mais c’est sous le règne de Catherine ll (1762-1796) que la cité connût son âge d’or avec la construction de palais néoclassiques, les quais de la Neva qui s’habillent de granit. Les empereurs successifs en feront une ville militaire avec des casernes et d’immenses places utilisées pour les parades. Puis vint la révolte des décembristes. A la 1ère guerre mondiale, Saint Petersbourg devient Petrograd, nom jugé moins germanique. Ensuite c’est la révolution d’Octobre, la cité est rebaptisée Léningrad à la mort de Lénine en 1914, mais en 1918 elle reperd son statut de capitale. En 1941, Hitler rompt le pacte germano-soviétique et encercle Léningrad qui subira 900 jours d’un siège infernal, malgré tout, la ville résistera. En juin 1991, suite à un référendum la cité retrouve son nom d’origine qui est Saint Petersbourg.
« Saint-Petersbourg avec ses 5 millions d’habitants
peut paraître bien petite près de Moscou, 13 millions. Mais on a dans cette
deuxième grande ville russe que 2% de chômage, une industrie
lourde bien développée, la construction automobile, la construction navale, les
croisières fluviales, un tourisme fleurissant. Il y a du travail, c’est juste
le ciel gris qui est un gros
inconvénient »
« Pour pénétrer dans la citadelle, il fallait passer par un pont en bois, puis par la porte Saint-Jean et entrer à l’intérieur de l’enceinte par la porte Saint-Pierre » disent les guides papier, alors pourquoi ne pas être entrées ou au moins sortis par la porte triomphante
u « La Porte Saint-Pierre » ça c’était une entrée dans une forteresse ! Superbe porte avec les statues de Bellone et de Minerve, symbolisant les talents de Pierre le Grand, avec au-dessus du porche, l’aigle bicéphale en plomb, l’emblème de la Russie, et un bas relief représentant l'apôtre Pierre, renversant Simon le magicien, en termes plus explicites : la représentation de la victoire de la Russie sur la Suède (images récupérées, snif !)
Il semblerait que Natacha connaisse une entrée plus rapide, car nous ne sommes pas nombreux à pénétrer par la Courtine Saint-Nicolas, peut-être aussi parce qu’aujourd’hui Mercredi, tous les musées et bâtiments sont fermés !!! Nous arrivons certes en plein cœur de la forteresse, mais par une porte dérobée, pourrait-on dire ! car je n’y ai vu ni blason, ni élément décoratif quoiqu’il soit, simple ouverture dans le rempart, comme celle ci-dessous par exemple !
En entrant par cette ouverture, je laisse sur ma droite l’imposant bâtiment de la monnaie. Fondé par Pierre le Grand en 1724, l’hôtel de la Monnaie fut l’une des entreprises les plus modernes d’Europe et ne cessa jamais de fonctionner. Aujourd’hui encore, on y frappe des pièces commémoratives, des médailles et des décorations.
La forteresse qui épouse les contours de l’île, fut construite d’abord en bois, puis en pierre en 1740, sur l’île des Lièvres. Comme ça le sera plus tard lors de l’édification de la capitale, des centaines d’ouvriers, contraints de travailler dans d’horribles conditions, périrent sur ce chantier. Son emplacement fut choisi par le tsar lui-même qui appréciait la position stratégique de cette petite île sur le delta de la Neva. Un an plus tard, six bastions en pierre étaient érigés, mais le manque de matériaux préoccupait le tsar, aussi par un oukase spécial, il interdit de construire en pierre ailleurs que dans la capitale. Chaque navire, chaque charrette entrant dans la ville devait obligatoirement apporter une certaine quantité de pierres. Il ordonna à tous les maîtres-tailleurs de venir travailler sur les bords de la Neva.
En voyant cette
cathédrale je suis très surprise, car depuis maintenant dix jours, je ne voies
que des bulbes, encore des bulbes, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais ici
Pierre le Grand a préféré rompre avec l’architecture traditionnelle russe. Il
conçut dès 1712 un clocher avec une flèche pointue de 122 mètres qui domine
la ville, flèche dorée et coiffée d’un ange girouette, ainsi qu’avec une
horloge avec carillon, faits inhabituels pour un temple orthodoxe
Alors ! entrons dans
cette singulière cathédrale.
Celle-ci fut bâtie par Trezzini entre 1712 et 1733. L’intérieur lumineux est un mélange d’architecture européenne et russe ancienne, telle cette magnifique iconostase en bois sculpté doré qui culmine en arc de triomphe, ou cette chaire elle aussi en bois sculpté et doré, deux éléments propres aux églises catholiques.
Les colonnes corinthiennes roses et vertes, la profusion de dorures, les lustres étincelants, le plafond décoré de chérubins et d’anges, tout ces éléments lui donne un air de fête. Il n’y avait pas de trône, car les fidèles, y compris le tsar, restaient debout pendant les offices, mais dans les années 1830, on installa un siège en bois sculpté avec baldaquin, dont la partie supérieure représente les insignes du pouvoir impérial.
.
Après
la mort de Pierre en 1725, la cathédrale devint le lieu où seront dorénavant
inhumés tous les souverains de la dynastie Romanov, de Pierre le Gd à Nicolas
ll, et leur famille. Auparavant, les tsars de Russie étaient enterrés dans la cathédrale
de l’Archange-Saint Michel à Moscou.
Ils reposent côte à côte sous des sarcophages identiques, en marbre blanc de Carrare, ornés d’une croix en bronze doré, et flanqués de quatre aigles bicéphales impériaux aux angles, s'il s'agit d'un souverain.
Seuls
ceux d’Alexandre ll et de son épouse Maria Alexandrovna, sont en jaspe vert de
l’Altaï et en rhodonite rose de l’Oural, exécutés par les ouvriers des mines
ouraliennes, en reconnaissance à ce tsar d’avoir aboli le servage. Il leur a
fallu 17 ans pour sculpter ces tombeaux dans un seul bloc, ces sarcophages seront
installés en 1906 à l’occasion du 25ème anniversaire du meurtre de
ce tsar réformateur.
Le
tombeau de Pierre le Grand est lui décoré d’un buste, sur la pierre tombale
figurent des copies des médailles consacrées aux grands évènements de son règne
En
1998, un décret autorisa qu’y furent déposés les restes du dernier empereur de
Russie, Nicolas ll et des membres de sa famille, tous fusillés, en Juillet
1918. Ils sont inhumés ainsi que les serviteurs qui les ont accompagnés lors de
ce dernier voyage dans une crypte attenante, située dans la Chapelle
Sainte-Catherine.
En Septembre 2006, Dagmar de Danemkark, épouse d’Alexandre lll, décédée en exil en 1928, fut à son tour inhumée, conformément à ses vœux, dans la cathédrale près de son mari, ce qui amène aujourd’hui à 50 le nombre de personnes qui y sont inhumées, dont 46 membres de la famille Romanov.
Alors que je déambule dans la cour de cette mini-ville au milieu des différents bâtiments, un tir de canon me fait sursauter, je pensais que celui-ci n’était tiré qu’à midi, hors il est 15 heures, peut-être est-ce pour souhaiter la venue à cette poignée de touristes !
Voici u La maison des Commandants, édifice en
brique d’un étage construit en 1840, cette demeure abritait les appartements du
commandant, au cours de 200 ans, 32 personnalités occupèrent cette demeure, mais
aussi le tribunal judiciaire. Si la forteresse n’eut pas
véritablement de rôle militaire, sa fonction carcérale fut très importante car
dès 1710 elle devint prison. C’est d’une des pièces de cette maison qu’en 1826
les chefs des décembristes furent condamnés à mort.
u Le Grand
tombeau princier. Cette chapelle reliée à la
cathédrale par une galerie a été prévue dès la fin du 19ème siècle
pour abriter de nouvelles sépultures.
Mais
quel est donc ce personnage grotesque qui prône ainsi entouré de vertes haies ?
c’est une u statue du tsar assis dans
un fauteuil qui semble las de porter l’immense fardeau de ses réformes, ses mains, son buste
et ses pieds énormes contrastent avec sa petite tête. C’est un peu étrange comme vision,
pauvre de toi, si tu te voyais !
Je termine la visite de cette forteresse si chère au cœur des Saint-Pétersbourgeois par le franchissement de u « La Porte de la Neva » Cette porte situé à l’Ouest est surmontée d’un fronton et d’un portique à colonnes. C’est ici que sont annotées les grandes crues de la Neva. Cette porte est surnommée « la porte de la Mort » car c’est par elle que les condamnés accédaient au débarcadère d’où on les transportaient vers une autre forteresse pour les exécuter ou les emprisonner à vie. Malgré cette réputation sinistre, l’endroit est très agréable, il offre une joie vue sur la Neva et le quai du Palais.
Je ne verrais pas le u Bastion Troubestskoï, situé complètement au sud de la forteresse, celui-ci construit dans les années 1870 devint la prison principale de la ville. Un grand nombre de révolutionnaires du 19ème y furent détenus plus ou moins longtemps (Dostoïevski, Léon Trotski….) et d’innombrables conjurés y furent torturés et emprisonnés à vie. Il est aujourd’hui transformé en musée, avec une reconstitution de 69 cellules de prisonniers.
La visite de cette forteresse nous a pris un peu plus d’1 heure, oui je sais c’est trop rapide, mais qu’y faire ! j’aurais alors aimé y avoir du temps libre pour, à défaut d’entrer dans les bâtiments, puisqu’ils étaient fermés, pouvoir faire le tour des remparts, mieux m’imprégner de cette ambiance, bref ne pas suivre sans savoir ou l’on va ! mais on est à une 1 heure de route du Chicherin et je suppose que les temps des chauffeur et guide doivent être eux aussi chronométrés.
A un moment, nous avions envisagé, ma sœur et
moi de laisser le groupe, d'emprunter les ponts et revenir sur les quais, nous y promener, voir
aller jusqu’au Jardin d’Eté, et revenir par le métro situé perspective Neski. C’était
faisable, à condition de se passer de dîner…....mais Eric nous en dissuade « Pourquoi
ne prenez-vous pas l’option temps libre de Vendredi, vous n’aurez pas à vous
préoccuper du transport » Tentant, d’autant que c’est ce même soir que
sont prévues la promenade de nuit et la levée des ponts, avec un retour probable
vers 2 heures du matin, alors faire 8 à 9 kilomètres à pied après une journée déjà
chargée et qui est loin d’être finie, j’avoue que j’ai cédé à la facilité, le
regrettant toutefois un peu.
Pour revenir à la gare fluviale, Nicolas passe à proximité du croiseur Aurore, construit en 1900. C’est lui qui donné le signal, d’un coup de canon, de l’assaut du Palais d’hiver lors de la révolution d’Octobre 1917.
Il est 17 heures, j’ai le temps de faire une
petite sieste avant le repas car après celui-ci, il faudra tenir jusqu’à 23h30, et si possible en silence,
ce qui est loin d’être évident, surtout après une journée bien chargée. Il ne
faut surtout pas que je m’endorme car on est prévenues, vu l’heure tardive,
il n’y aura pas d’appel radio.
La page suivante est consacrée, vous l’avez deviné, à la visite de
Saint-Petersbourg de nuit, ainsi qu' à la levée des ponts, ça devrait être mémorable !
A tout de suite !