Découverte en liberté - Saint Petersbourg

                    * Vendredi 12 Juillet (suite)

             Ayant choisi l’option « temps libre » un bus privé va nous amener, ma sœur et moi, depuis la gare fluviale jusque dans le centre de St Petersbourg, plus précisément devant la statue de Pouchkine,  Place des Arts. Il nous reprendra trois heures plus tard pour nous mener directement à l’endroit où sera donné le spectacle folklorique Cossack Show.

             Notre  idée est d’aller jusqu’à l’Amirauté, faire demi-tour jusqu’au pont Anichkov, remonter jusqu’à l’Eglise du Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé et revenir à la Place des Arts pour 19 heures, ce qui doit faire environ 7 à 8 kilomètres.

             Des projets, j’en ai à la pelle, plus certainement que je ne pourrais en faire !  j’aimerais pénétrer à l’intérieur de la Cathédrale Isaac,  voir monter dans le dôme,  m’enthousiasmer devant la débauche de couleurs et de matériaux qu’est celui de celle du Sauveur-sur-le-Sang versé,  cette église qui en jette ! et que je n’ai fait qu’entre apercevoir, lors du tour panoramique de la ville.

             Pour celle-ci, étant à proximité du lieu du rendez-vous, on verra ça en fin de notre parcours. Pour l’instant nous pressons déjà le pas  le long de la rue   Mikhaylovskaya qui est perpendiculaire à l’avenue Nevski.  Le ciel est gris, pas génial ! enfin, il ne pleut pas, c’est déjà ça !

            ì La perspective Nevski  Droite comme un i, la perspective Nevski longue de 4,5 kms, est l’artère principale de Saint-Petersbourg. Bordée de palais élégants, allant du néoclassicisme au style baroque, en passant par l’Art nouveau, coupée par des canaux offrant des vues d’une beauté saisissante, elle est avec ses squares et ses places, ses terrasses et ses cafés, un lieu de flâneries. Il y a tout sur Nevski : des musées et des églises, des cinémas et des restaurants, des magasins grands et petits. Riche de lieux culturels, cette artère reste animée tard dans la nuit.

         Tracée dès la fondation de la ville, elle reçut en 1738 le nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Malgré les loups errants et les inondations de la Neva, de magnifiques demeures de tardèrent pas à apparaître, restaurants pour les nobles, magasins, marchés et auberges pour les voyageurs suivirent rapidement. Tous les bâtiments bien que construits à des époques différentes possèdent une hauteur à peu près identique. Les nombreuses églises de confessions différentes, érigées au 18ème et 19ème siècle, lui ont valu son joli surnom de « rue de la Tolérance » A la fin du 19ème la perspective Nesvsi devint la rue des affaires, les plus riches démolissant les anciennes constructions et rebâtissant selon le goût du jour, ces nouveaux édifices se devaient d’étaler leur puissance, telle par exemple la Société Singer.



             Située à l’angle de la perspective Nevsky et la rue Dumskaya, ce bâtiment :

            ì L’ancienne Douma, aujourd’hui peint en rouge attire mon regard. Siège du conseil municipal de 1786 à 1918,  la Douma n’a plus, depuis la dissolution de l’Union Soviétique, de rôle officiel. 

              Elle fut créée en 1785 dans le cadre de la réforme municipale de Catherine le Grande, et reconstruite par Nicolas 1er, dans le style néo-Renaissance. La tour pentagonale, munie d’une grande horloge rajoutée en 1804, imite les beffrois des hôtels de ville du nord de l’Europe, visible de loin, elle servait à donner l’alerte en cas d’incendie, d’inondation,   Elle fut également un des relais du « télégraphe optique » qui reliait les résidences de ville et de banlieue du tsar.

             Allez  go !.. nous prenons à droite en direction de l’Amirauté, depuis cette intersection, pour y parvenir, il nous faut parcourir 1,6 kms si l’on compte le détour par la place du Palais.

              ì L’église catholique Sainte-Catherine, un peu en retrait, offre un mélange de styles baroque et néo-classique. Elle possédait avant la révolution une bibliothèque de près de 60 000 volumes. En 1984, sous le régime soviétique elle fut ravagée, mais rendue à la communauté catholique en 1992.

             De passage piéton en passage piéton, nous voici arrivés sur le pont qui enjambe le canal Griboëdova. Au loin se dessine la fabuleuse église St Sauveur-sur-le-Sang-Versé. A l’angle se trouve un édifice ; style Art-Nouveau, construit en 1904 pour la firme des machines à coudre :

             ì Singer. La compagnie voulait une construction de prestige de 10 étages, pour présenter et vendre ses machines à coudre. Mais la loi interdisait de construire à plus de 23,5m, qui était la hauteur du Palais d’Hiver, et pourquoi donc, vous demandez-vous ? parce que sur le toit de ce dernier se trouvait une tour dans laquelle on accrochait des lanternes selon un certain code, disposition que les nombreuses autres tours de relais répétaient jusqu’aux résidences de campagne. Grace à ces  signaux lumineux on annonçait le départ des souverains pour leur villégiature ou leur retour. Autrement dit, rien ne devait entraver leur passage.

             Qu’importe, la société Singer décida d’innover, et pour impressionner sa clientèle pétersbourgeoise, éleva un globe vitré au-dessus de la toiture à l’angle du canal Griboïedov, et orna les façades de sculptures d’Amandus Adamson, symbole du progrès. Cet immeuble abrite aujourd’hui sur 2700 m² et deux étages, la plus grande librairie de la ville.

              Un peu plus loin de l’autre coté de la route, voici le ì Palais Stroganov. Ce palais rose et blanc est un remarquable exemple du baroque russe. La façade ornée de colonnes doriques, montre un abondant décor sculpté composé de médaillons, de cariatides et de masques de lions. Le palais appartient aujourd’hui au Musée Russe.

              Il fut construit en 1753 par Rastrelli !!... pour le comte Stroganov, famille qui  fit fortune grâce à son monopole sur le sel des mines de ses vastes domaines du nord, on peut voit les armes familiales sur le fronton.

             Nous franchissons le Pont Vert,  nom provenant de la peinture verte qui le décore depuis 1735, j’avoue que vu depuis le bitume, je n’ai pas fait attention à sa couleur ! Par contre, il offre une belle vue sur la Moïka et ses superbes anciens palais qui la bordent.  Sur ses flots un petit navire navigue  en fait il promène les touristes à travers tout Saint-Petersbourg.

             Les bâtiments des Quai de la Moïka sont splendides, des hôtels où auraient séjourné des écrivains tels que Pouchkine, Griboïedov… des banques, une compagnie aérienne, semble-il ? certaines façades présentent un drapeau, des consulats ? Au 42, l’architecte français Jean-Baptiste Le Blond avait fait élever son hôtel particulier. Sur l’autre rive, coté architectural, les bâtiments ne sont pas en reste, d’ailleurs Cartier ne s’y est pas trompé en s’installant là. Tout est fringant, rutilant, mêmes les gouttières brillent !...


    


            Wouah ! quelle sublime maison ! Occupant l’angle avec le quai de la Moïka, d’un joli ton rose-orangé  pastel elle est magnifique avec sa colonnade à deux étages, relevant du style classicisme. C’est :

             ì La Maison Tchicherine, construite en 1771 pour le chef de police de St Petersbourg. C’est aujourd’hui un hôtel cinq étoiles : l’hôtel Impérial Taleon.  En prenant à droite la rue :

             ì Bolchaïa Morskaïa, une rue piétonne du centre historique, nous  quittons momentanément la perspective Nesky. Ici les animateurs de rues s’en donnent à cœur joie, mais gare à votre porte-monnaie !

           A gauche, nous contemplons :

             ì L’ancienne banque de l’Azov et du Don, construite par Lidvall en 1913, cet édifice est orné en son centre d’un portique à colonnades, mais qu’il fait triste avec ce ton gris, par contre que ses bas-reliefs sont jolis !


             Je photographie à tout va, mais ces  gens costumés, ces automates, ces « attrape-touristes » il faut bien en convenir !...  savent bien où se positionner dans cette rue étroite, si bien que l’opération devient difficile sans voir l’une de ces charmantes personnes venir vers vous. Ben non ! ça peut aussi arriver d’être plus intéressée par l’architecture que par vos costumes, quoique !...


         Ce passage sous les deux arches consécutives des Etats-Major Généraux m’envoûte, tant je trouve cet endroit pittoresque. Après être d’abord passée  sous l’horloge, puis sous le second arc, témoignage du génie « théâtral » de Carlo Rossi, j’aperçois enfin la colonne Alexandre qui se détache devant les bâtiments vert-pistache de l’Ermitage.

         Plus que quelques mètres et nous voici sur cette immense place du Palais (8 ha) Pas vraiment seuls au monde, car y sont présents non seulement ces gens costumés, mais aussi des calèches de différentes époques, prêtes à vous transporter quelques siècles en arrière.


    

 

                        * Place du Palais. Conçue par l’architecte Carlo Rossi, elle fut baptisée ainsi au milieu du 18ème  lorsque fut construit le palais d’Hiver, résidence des empereurs de 1763 à 1917. Au cours de l’histoire de la Russie, cette place a été le théâtre d’ importants évènements. Avant la Révolution, les militaires y défilaient en grande pompe, souvent derrière le tsar à cheval. Le 22 Janvier 1905, les troupes impériales  firent feu sur des milliers d’ouvriers, manifestant  pacifiquement, ce fût le fameux « dimanche sanglant ». C’est de là que le 17 Novembre 1917 Lénine et les bolcheviks attaquèrent le palais d’Hiver.


            La place est aujourd’hui un lieu privilégié pour les rassemblements politiques et les divertissements populaires, comme les concerts organisés pendant les fêtes et toute la période des Nuits blanches, ou encore le grand défilé du 9 Mai, qui fête la capitulation de l’Allemagne nazie,  En me retournant j’aperçois ce grandiose édifice bâti également par Carlo Rossi :


             ì L’Etat-Major Général  construit en 1829. Avec ses 580 mètres, il occupe toute la partie sud de la place. L’édifice se compose de deux ailes en hémicycle reliées par un majestueux arc de triomphe. Son décor évoque la victoire russe sur les armées de Napoléon. L’arc est surmonté d’une Gloire ailée dressée sur son char, tandis que sur les façades apparaissent les génies de la Victoire. Il fait partie aujourd’hui de l’Ermitage.

            ì La colonne Alexandre. Erigée en 1834 sous le règne de Nicolas 1er. Elle porte le nom de son frère aîné, vainqueur de Napoléon. Elle est dressée au centre de la place du Palais en l’honneur de la victoire remportée en 1812 contre les français.


                 De par sa hauteur (47m), elle dépasse, volontairement !...... la colonne Vendôme qui fut élevée à la gloire de notre empereur. Elle est surmontée d’un ange en bronze qui tient une croix dans ses mains, et sur le socle on peut admirer des sculptures en relief, ainsi que les mots «  A Alexandre 1er, la Russie reconnaissante ». C’est la plus grande colonne commémorative du monde, ce monolithe de granit rose qui pèse 600 tonnes, a été taillé par une équipe de 2400 ouvriers et artisans. Le paradoxe de l’histoire, c’est que celle-ci fut construite par un Français, Auguste de Montferrand, ancien soldat de Napoléon décoré de l’ordre de la Légion d’honneur.


            Une de ses particularités est qu’il tient sur son piédestal sans aucune fixation, comme un verre sur une table. On raconte que certaines dames pétersbourgeoises interdisaient formellement à leurs cochers de passer par là, de peur que la colonne ne s’écroule à leur passage. Pas d’inquiétude pourtant, ni les bombes allemandes ni les défilés soviétiques n’ont réussi jusqu’à présent à l’ébranler. Un petit tour et puis s’en va… à présent nous longeons :


            ì Le palais d’Hiver, aperçu hier lors de la visite de l’Ermitage.  Vu depuis la colonne Alexandre, quoiqu’il présente sa face arrière, il est toujours aussi beau avec sa façade vert-pistache ornée de pilastres, de cadres de fenêtre blancs, et ses figures féminines sur le toit. Et c’est ainsi qu’après avoir traversé la Dvortsovyy Proyezd, artère qui mène au Pont du Palais, nous voici arrivées sur le coté gauche de l’Amirauté, il est superbe avec ces grandes colonnes blanches ! Prenant à droite, c’est la rue de l’Amirauté, ce monument architectural de plus de 400 mètres de loin, qu’à présent nous longeons.


            ì Après avoir fondé sa ville et construit sa forteresse, Pierre le Grand constitua une marine nationale pour se garantir un accès vers la mer. La première Amirauté était un chantier naval, fortifié de remparts et de douves. Après une reconstruction en briques en 1738, par 10 000 ouvriers, l’édifice que l’on voit actuellement fut reconstruit par un des plus grands architectures russes de son temps : Andrian Zakharvo, celui-ci modela la porte et la Tour de la flèche dans y style néoclassique, en y ajoutant des portiques à colonnes et des pavillons.


          La façade présente une décoration abondante avec des sculptures et des bas reliefs à la gloire de la flotte russe. La colonnade est ornée de 28 statues représentant les éléments, les vents et les saisons, quant aux deux groupes de nymphes, elles tiennent un globe terrestre sur leurs épaules. Visible de loin, la flèche dorée, est devenue le symbole de la ville. L’Amirauté accueille depuis 1925 l’Ecole navale d’ingénieurs.


            ì Le jardin Alexandre,  aménagé sur l’emplacement des anciens canaux asséchés (devant et sur un des cotés de l’Amirauté)  fut ouvert au public en 1874. Autour de la fontaine centrale sont installés des bustes de grandes figures de la culture russe. Nous passons  ainsi près de celui de Mikhaïl Glinka, célèbre compositeur, parc arboré qui doit certainement, lors des grandes chaleurs, être très agréable, avec ses nombreuses fontaines et ses bancs invitant à la pause. Quant aux pigeons, ils disposent avec la tête de ces statues, d’un excellent perchoir, pas certaine que les employés de la ville soient d’accord, enfin !


            Arrivées en bordure de ce jardin Alexandre, nous nous posons la question : avons-nous le temps d’aller jusqu’à la Cathédrale Saint Isaac et de monter à son dôme ?  En consultant nos montres, nous constatons avoir déjà utilisé une heure sur les trois.

            Quoique son dôme dépassant des toits est visible, y aller nous demande un détour de plusieurs centaines de mètres, et sincèrement nous n’avons aucune idée de combien de temps cette visite peut nous prendre : attente pour obtenir les billets, découvrir l’intérieur même si on le fait rapidement, grimper et redescendre pas moins de 262 marches d’un escalier en colimaçon.

             Désirant aller jusqu’au Pont Anichkov qui n’est pas tout près, nous sommes bien évidemment contrariées, mais   préférons zapper cette étape, décision qui, on s’en rendra compte plus tard, a été la plus sage, donc pas trop de regrets, d’autant que mercredi matin, on s’était arrêtées devant cette cathédrale au cours de la visite panoramique.


            Désormais, reste à retrouver la Perspective Nevski, nous devons faire preuve de vigilance, car quoiqu’on aperçoit la flèche dorée depuis cette avenue, eh bien non ! il ne faut pas emprunter  la route qui se situe en face de la flèche de l’Amirauté, celle-ci, la rue Gorokhovaya s’en éloigne de mètres en mètres, l’artère principale est plus loin  en revenant sur notre gauche,  le nom Nevski n’est indiqué qu’en… russe, de quoi s’arracher les cheveux !.. Vous devez vous dire ! « Mais n’ont-elles pas reconnu tel ou tel immeuble »  ben hon ! puisque nous sommes arrivées par la Place du Palais.


            Le premier bâtiment d’un granit austère au N° 9 est la maison Wawelberg, du nom d’un riche banquier qui fit réaliser en 1912, sa banque commerciale, une imitation du Palais des Doges de Venise et du palais Médicis de Florence, en important de Suède  arcades et fenêtres géminées.


            De l’autre coté de la rue, au N°14 une plaque porte cette inscription « Citoyens ! En cas de tirs d’artillerie, ce coté de la rue est le plus dangereux » un hommage aux milliers de personnes qui périrent lors de l’horrible Siège de Leningrad en 1943. Revoilà la maison Tchicherine, le pont Vert, le canal de la Moïka, l’église hollandaise, le palais Stroganov et le temple luthérien.  Nous nous approchons maintenant d’un des monuments les plus imposants de la perspective :


             ì La Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan. Décidée par Paul 1er, sa construction dura plus de 10 ans (1801-1811) L’architecte, un serf du compte Stroganov, alors totalement inconnu : Andreï Voronikhine, s’inspirant de Saint-Pierre-de-Rome lui donna la forme d’un hémicycle de 111m de long agrémenté de 96 colonnes corinthiennes.

                 Son nom est dû à l’icône miraculeuse de Kazan Mère de Dieu qu’elle abritait, icône censée avoir délivré Moscou des Polonais en 1612 et permettant au premier Romanov d’accéder au trône. Cette image sainte  accompagnait Koutovov dans ses campagnes militaires, c’est avec elle que furent bénis les soldats russes avant la bataille de Borodino.

                 Les niches du portique abritent les statues de plusieurs saints (Vladimir, Alexandre Nevski, Jean-Baptiste, André) Après la victoire des Russes sur les armées de Napoléon en 1812, la cathédrale devint un monument à la gloire de la Russie. Le 25ème anniversaire de cette victoire fut l’occasion d’inaugurer devant la cathédrale, les monuments en bronze de Koutoukov et de Barclay de Tolly

      


           

            Depuis la cathédrale, la vue sur la maison Singer de l’autre coté de la perspective, est saisissante. Ce groupe sculpté coiffant la coupole est vraiment admirable.

           Qu’on  regarde de n’importe quel angle, ce bel immeuble style Art Nouveau avec son globe de verre  et ses sculptures, soit avec la fontaine de Kazan en premier plan, ou encore avec l’Eglise du Sauveur-sur-le-Sang-Versé en arrière plan, c’est toujours l’émotion assurée.

 

 


    


            Continuant notre route, nous revoyons l’église catholique Sainte-Catherine, et enfin l’ancienne Douma d’où nous sommes parties. L’itinéraire Douma-Amirauté a été bouclé dans les temps, maintenant nous reste à continuer jusqu’au pont Achnikov.


             ì Gostiny Dvor. Ce mot jadis signifiait  « relais de diligence ». C’est un grand bâtiment tout en arcades, dont la façade longe la perspective Nevski sur 230 mètres. Sévèrement endommagé par les tirs nazis pendant le siège, le Gostiny Dvor a été reconstruit en grand magasin plus moderne, il est aujourd’hui le plus grand centre commercial de la ville.


             Les galeries marchandes étaient depuis fort longtemps des endroits de négoce, où descendaient les marchands de passage, mais lorsque ceux-ci installèrent leurs étals autour des auberges, il devint « la cour des Marchands »  Les boutiques en bois étant souvent la proie des flammes, cela incita les négociants pétersbourgeois à se cotiser pour construire une galerie marchande en pierre. Les travaux qui furent confiés à l’architecte Vallin de la Mothe durèrent de 1761 à 1785, il installa d’impressionnantes colonnes à deux niveaux protégeant les boutiques à la fois contre l’humidité et la chaleur, ainsi que des portiques massifs. Au 19ème siècle, les galeries  constituaient une promenade à la mode et plus de 200 marchands y tenaient boutique, vendant de la laine, de la fourrure, du lin, de l’argent et de l’or,


            Ah tiens, comment fait-on pour traverser cette grande artère, car il n’y a pas de passages piétons, ni feux tricolores ? il nous faut emprunter un souterrain qui passe sous les deux routes perpendiculaires. Ce n’est pas un simple tunnel,  car c’est toute une vie qui  s’agite là-dessous avec l’implantation de plusieurs boutiques. C’est peut-être aussi un lieu privilégié pour les pickpockets, alors vigilance ! Quelques beaux immeubles plus loin et nous voici arrivées en face du :


             ì Magasin Elisseïev. Conçu en 1903 par l’architecte Gavrill Baranovski, il appartient aux riches marchands Elisseïev,

                Le bâtiment situé à l’angle de la rue Malaïa Sadovaïa, abrite la plus célèbre épicerie fine de la ville. La façade est revêtue de granit, les sculptures allégoriques qui encadrent les hautes verrières et les vitraux, représentent le Commerce, la Science, l’Art et l’Industrie. Avec un peu de recul, contempler cette maison de l’autre coté de la perspective est un régal, ce n’est que profusion de vitraux, de dorures, de ferronnerie.

                On continue ?.. allez un peu de courage, le pont Anitchkov n’est maintenant plus très loin, car nous voici maintenant :

            ì Place Ostrovski, où prône la statue de Catherine la Grande réalisée en 1873, avec à ses pieds des personnalités publiques. J’avoue que j’ai une impression bizarre de voir cette imposante femme, tenant le sceptre de l’Empire dans une main, une couronne de règne dans l’autre, des hommes agenouillés sous ses pieds.

             Derrière cette statue, le théâtre Alexandrinsky. Nous ne nous y attardons pas, juste le temps d’une photo, l’ayant déjà vue lors de la visite panoramique. Après avoir longé encore d’autres superbes bâtiments architecturaux, nous voici à la limite de notre balade, du moins en ce qui nous concerne, car la perspective est loin d’être terminée, au fameux pont Anichkov. Mais la méchante copine  celle que nous ne voulions pas inviter  se joint malgré tout à nous, car voilà qu’il se met à pleuvoir !....


                ì Le pont Anitchkov. Ce pont franchissant la Fontanka, construit en 1715, porte le nom de l’ingénieur militaire qui dirigea les travaux de construction du premier pont en bois commandé par Pierre le Grand : Mikhaïl Anitchkov.


Depuis 1841 il acquit à peu près l’allure que nous lui connaissons aujourd’hui. Il est surtout connu pour les magnifiques sculptures représentant des chevaux et leurs dresseurs placées aux angles. Exécutées par Piot Klodt en 1850, elles représentent différentes phases de dressage d’un cheval saunage, allégorie du triomphe de l’homme sur la nature.


Le pont offre de belles vues sur les palais environnants, notamment sur :

ì Le palais Bielosseslski-Bielozersi, dont la façade framboise embrase les quais de la Fontanka. Ce somptueux palais néobaroque qui se trouve de l’autre coté de la Fontanka, frappe par la couleur rose vif et l’abondante décoration sculptée de ses façades : pilastres corinthiens et balcons soutenus par des atlantes. Après la révolution, cette résidence fut le siège local du Parti communiste. Aujourd’hui c’est un centre culturel où ont lieu des concerts de musique classique.


Il fut construit en 1848 d’après les plans d’Andreëi Statenschneider pour le comte Alexandre Belosselski-Belozeski, descendant d’une famille de princes kiéviens.


            Malgré cette petite pluie fine, je réussis malgré tout à immortaliser ces quatre magnifiques statues. Désormais, serrées l’une contre l’autre sous le parapluie,  nous revenons sur nos pas, avec le projet de voir de plus près ce que nous avons admiré depuis l’autre coté de la Perspective, puis des quais du canal Griboyedov, aller jusqu’à l’Eglise du Sauveur-sur-le-Sang-Versé.     A cet instant, pas de problème, on est dans les temps !


             Passant devant les vitrines du magasin Elisseïev, notre regard est attiré par ces sympathiques marionnettes animées. Puis de l’autre coté de la rue, voici un important monument aux colonnades ioniques :

             ì La bibliothèque nationale de Russie. On peut voir sa forme arrondie aussi sur la rue Sadovaia. Du nom de l’écrivain du 19ème siècle : Mikkaïl Saltykov-Chtchedrine, elle comprend une collection unique et universelle de documents en langue russe et étrangère.


                 C’est l’impératrice Catherine ll qui, peu de temps, avant sa mort, en mai 1795 approuva le projet de création de la Bibliothèque Impériale. La construction du bâtiment par l’architecte Egor Sokolov a duré 15 ans.  Initialement l’ouverture était prévue en 1812,  mais en raison de l'invasion de Napoléon, celle-ci dû être reportée de deux ans et l’inauguration aura lieu, finalement, le 2 Janvier 1814.


                   En face de Gostiny Dvor, se trouve :


             ì La ravissante église arménienne, petite chapelle bleue et blanche au portique néoclassique et surmontée d’un seul dôme. Fermée pendant l’ère soviétique, elle est de nouveau ouverte au culte.

             Elevée en 1780 par l’architecte Iouri Velten, sa construction fut financée par Lazarev, descendant d’une riche famille arménienne,  qui vendit un diamant perse à Grigori Orlov, lequel l’offrit à sa maîtresse : la Grande Catherine.

          Maintenant, il pleut beaucoup, que faire ! La rue Mikhaylovskaya n’est, au moment présent, pas bien  loin, cruelle décision, prendre cette rue et se réfugier dans la boutique de souvenirs, qui est à proximité  de la Place des Arts, le lieu de rendez-vous, ou tenter malgré tout d’aller jusqu’à la Cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, distante alors de 800 mètres ? Rien que le temps d’arriver au carrefour, la pluie s’est intensifiée, nous sommes maintenant sous le déluge divin, alors plus le choix ! il faut se mettre à l’abri et attendre un peu, en espérant que la pluie va se calmer assez rapidement.

           Et c’est les Kway dégoulinants, mais avec 45 minutes d’avance, que nous admirons les rayonnages de cette boutique de souvenirs. Rien à faire ! ça tombe toujours autant, je pense à cet instant à Eric qui nous disait : « Ayez toujours sur vous un vêtement de pluie, car à St Petersbourg, ça peut changer en un instant » Je regarde, cruellement déçue, cette pluie qui en tombant dru, m’empêche d’aller admirer, tout mon saoul, cette église que je n’ai aperçue que trop brièvement, au cours de la visite panoramique, et dont les extérieurs sont si magnifiques.

            Je me hasarde toutefois,  un peu abritée par les arbres du square à immortaliser la façade du Musée Ethnographique couronné d’une statue d’Athéna, quant à l’église du Sauveur-sur-le-Sang-Versé, je dois me contenter d’une photo prise depuis le square sur les hauts clochers et le bulbe recouvert d’échafaudages.


   

             Le dernier cliché de cette journée qui avait pourtant si bien commencé… avec la visite des jardins de Peterhof sous le soleil, sera pour notre ami, le poète Pouchkine.

             ì Statue de Pouchkine, l’œuvre de Mikhaïl Anikouchine qui la réalisa en 1957, 150 ans après la naissance du poète.

             Cette statue de bronze de 4 mètres de haut, située au milieu du jardin de la Place des Arts,  représente l’homme de lettre, en tenue de gentilhomme de l’époque, le bras droit tendu et la paume de la main droite levée vers le ciel. Pouchkine est toujours considéré par les Russes comme le plus grand de leurs poètes, les circonstances dramatiques de sa disparition l'ont transformé en véritable légende, car.il mourût bêtement à l’âge de 38 ans à la suite d’un duel qu’il provoqua.  

             L’ensemble avec le piédestal mesure 7,90m de haut, devant celui-ci, fait de granit rouge, on peut lire l'inscription : « À Alexandre Sergueïevitch Pouchkine ». Cette statue parmi les plus connues du poète, figurant dans le centre historique de St Petersbourg, fait donc partie du patrimoine mondial de l’Unesco. Elle tourne le dos au palais Michel, où se trouve aujourd’hui le Musée Russe.

            Il est à peine 19 heures que le bus qui doit nous conduire au théâtre arrive, sans hésiter nous nous y engouffrons. Je regrette toutefois que cette soirée folklorique ait été programmée le même jour que l’après-midi de temps libre, ce qui nous a forcément limitées dans le temps, avec l’amère impression d’être passées, trop rapidement, et certainement à coté de plein de choses, alors qu’hier, après la visite de l’Ermitage, rien n’était prévu. Nous aurions pu alors, prendre le métro à un horaire plus tôt, facilement accessible depuis la gare fluviale, et d’une utilisation simplissime. Par contre, peut-on lutter contre les intempéries ? alors des regrets ? oui sans aucun doute !...  mais la pluie aurait tout aussi bien s’inviter dès 14 ou 15 heures, alors je vais tenter.... de me satisfaire de ce qui m’a été offert.

            La page suivante, la dernière du voyage sera consacrée à ce spectacle, ce cossack show « Bagatitsa »

            A tout de suite 

        Bagatitsa