Mercredi 3 Juillet (suite)
Histoire de ses
origines en quelques lignes. En 1591 alors que les troupes du tatare Ghazi Giray se
trouvaient déjà sur la colline des Moineaux à
Moscou, le point le plus élevé de la capitale, Boris Godounov, qui alors
régentait le pays à la place de Fédor 1er, fils d’Ivan-le-Terrible,
Fédor était un jeune homme légèrement attardé et incapable de gouverner, donc
Godounov fit organiser une procession de l’icône de la vierge Marie, icône
bénie par St Serge de Radonech et qui déjà en 1380, avait été remise au prince
Dimitri Donskoï avant la bataille victorieuse de Koulikovo, contre les Mongols.
Cette procession devait se faire autour des murs de la ville pour conduire
celle-ci jusqu’à l’église militaire. Le lendemain 19 Aout, la victoire est emportée par les troupes
russes, succès qu’ils attribuent à la Vierge Marie.
C’est en souvenir de celle-ci que le Monastère Donskoï a été fondé à l’emplacement de l’église. Considérée depuis comme protectrice contre les hérétiques et les ennemis étrangers, elle est devenue l’ « icône miraculeuse » devant laquelle il est coutume de prier pour obtenir de l’aide. Si aujourd’hui, dans la grande cathédrale du monastère on y admire une copie, l’original est depuis 1930 conservé dans le musée de la galerie Tretiakov, dont elle ressort toutefois pour être vénérée lors du pèlerinage du 1er Septembre.
Le monastère est situé tout près du parc Gorky.
Pour pénétrer dans l’enceinte je longe les murailles de briques rouge, puis passe
sous une belle tour-cloche qui abrite une chapelle. Arrivée sous le porche, j’admire
les peintures naïves retraçant les malheurs de l’Eglise Orthodoxe russe, telle
qu’entres-autres l’invasion des Mongols de la Horde d’or. C’est alors qu’un
des moines nous accueille et va en russe nous en faire faire la visite, mais je
vous rassure de suite, Nathalie prend le relais. Site internet du monastère.
De cet endroit je ressens une sensation de paix, de fraîcheur, d’un simple coup d’œil j’aperçois ou devine églises, petits temples, réfectoire, cimetières, pelouses verdoyantes.
Une première église, appelée le Don (petite cathédrale) fût construite en 1592
par le tsar Fiodor 1er (troisième fils d’Ivan-le-Terrible) suivie
d’un réfectoire en 1673, quelques années plus tard on y aménagea des allées
couronnées de coupoles à oignons, ainsi qu’un clocher.
Une nouvelle cathédrale (la grande) en pierre est bâtie vers 1684, en même temps, entre 1686 et 1711, que de hautes murailles ponctuées de 12 tours couronnées, renforçant le système défensif de Moscou, car peu de temps auparavant, profitant des troubles, les Polonais ont pénétré dans le couvent et l’ont mis à sac.
Le monastère ainsi fortifié devint alors un lieu de repos très prisé des nobles ou riches personnalités de Russie. Grace à l’excellente réputation de son recteur nommé par Pierre-le-Grand lui-même, en 1834 une école religieuse s’y installa. Depuis 1909 c’est une école pour la formation des novices, ici les enfants des familles pauvres ont la possibilité d’aller à l’école. Lors de l’épidémie de peste de 1771, période ou les enterrements dans les cimetières de la ville furent interdits, celui du monastère se développa rapidement, jusqu’à devenir à la fin du 18ème siècle l’un des plus vénérés de Moscou. On s’y pressa pour s’y faire inhumer, c’est ainsi que 150 personnes descendants de familles royales, de princières géorgiennes ont trouvé le repos éternel entre les murs de ce monastère, le transformant en l'un des plus aristocratiques de Moscou.
En 1812,
Napoléon, hé oui, encore lui ! l’a pillé puis incendié, mais le
peuple russe possédait une sacrée foi ! car les travaux de restauration
des temples ont commencé immédiatement après le départ de l'ennemi, grâce à des
dons importants.
En 1896, lors du couronnement de l’Empereur Nicolas
ll, il fut rajouté des peintures dans la Cathédrale.
Le monastère est aujourd’hui connu pour la présence de Saint Tikhon, le patriarche de toute la Russie, persécuté par le gouvernement soviétique après la révolution d’Octobre 1917, il sera emprisonné dans son propre monastère jusqu’à sa mort en 1925, l’église orthodoxe le canonisera en 1989. On ne doit la découverte de ses ossements qu’à un grand hasard, en effet ceux-ci furent trouvés lors d’une restauration effectuée suite à l’incendie criminel de 1992, de là à y voir un miracle !
En 1926, à l’époque où la Russie faisait la guerre aux religieux, le monastère a été fermé et en 1929 tous les bâtiments monastiques transférés au pouvoir soviétique, les offices n’y sont plus rendus et les frères réprimés et dispersés. La pierre tombale du patriarche est même détruite. Le couvent est alors transformé en pensionnat, usine, ferme laitière, ou encore utilisé comme logement pour les constructeurs du métro de Moscou, même un musée d’architecture voit le jour en 1935. Ce n’est qu’en 1990 qu’il fut restitué au patriarcat de Moscou pour le 400ème anniversaire de sa fondation, les offices religieux reprirent alors dans la Grande Cathédrale.
Régulièrement restauré, il abrite six hauts reliefs de la Cathédrale du Christ Sauveur, sauvés de la destruction. Six petites églises ont ensuite été construites sur le territoire des anciens jardins. On peut y voir aujourd’hui un atelier de restauration, un centre scientifique, une école du dimanche, y sont enseignés des cours de théologie et de perfectionnement pour les enseignants de la culture orthodoxe. Les photos sans flash sont autorisées à l’intérieur
Dans le réfectoire de la Petite Cathédrale, sous mes
pieds, dissimulées sous des dalles en fonte, se trouvent les sépultures des
gouverneurs du monastère, ainsi que des 60 évêques qui étaient au service du
patriarche Tikhon.
A l’intérieur de la Grande Cathédrale, majestueux bâtiment de cinq dômes, se trouvent les icônes les plus vénérées, telle que la copie de l’icône miraculeuse, ou encore une fabuleuse iconostase à sept registres réalisée dans les années 1965-1969. Ce bâtiment construit en briques rouges en l’honneur de l’icône de la Vierge est entouré d’une élégante galerie et est coiffé de quatre tours-lanterne. Un reliquaire doré conserve les restes du patriarche Tikhon, surnommé « L’illuminateur de l’Amérique » car avant d’être élu patriarche de l’Eglise de Russie en 1917, il fut évêque à San Francisco et New-York.
Tous les 1er Septembre, l’icône de la Vierge de Donskoï, quitte son écrin des salles climatisées de la Galerie Tretiakov pour revenir dans la Grande Cathédrale du monastère, où elle est vénérée en présence du Très Saint Patriarche et d’un grand nombre de pèlerins, venus de Moscou et d’ailleurs.
Je ne peux terminer
la visite sans passer devant la nécropole qui occupe aujourd’hui, dans la
partie SE du monastère, deux hectares, certaines tombes sont très anciennes :
personnalités de l’Eglise, dirigeants politiques et chefs d’état, écrivains,
philosophes, princes, nobles, participants à la guerre patriotique de 1812 et
aux guerres de Crimée, etc… dans oublier la grand-mère de Tolstoï. Plus
récemment on y a inhumé les héros de l’Armée blanche et en 2008 le célèbre
écrivain russe et dissident du régime soviétique Alexandre Soljenitisyne.
Certains monuments sont remarquables : dalles de pierre blanche, sarcophages baroques, pyramides, autels, colonnes de granit, vases, urnes, rotondes, tonnelles, chapelle, anges… Pendant les années difficiles, de nombreuses tombes ont été rasées, des pierres tombales sciées de façon barbare et utilisées pour le pavage des routes.
5 kilomètres nous
séparent du Hard-Rock Café où il est prévu d’y déjeuner, aussi Nathalie continue-t-elle, depuis l’intérieur
du bus, à commenter ce que nous voyons. C’est ainsi que j’admire rapidement l’entrée
du Gorky Park, joli monument construit en 1995 de 24m de haut, fait de propylées,
d’ailes semi-circulaires et de piliers en pierre. Sur son toit a été aménagée
une terrasse panoramique de 555 m², offrant une vue imprenable sur le monument
à Pierre-le-Grand, les dômes de la cathédrale du Christ-Sauveur et le parc Gorky.
Un peu plus loin,
dans un tout autre registre, au risque de me rompre le coup, je réussis à
choper en image un gratte-ciel, l’un des 7 construits par Staline, plus connus
sous le nom de « sept sœurs ». Celui-ci inauguré en 1953, le
troisième de la série mesure 172m de haut et compte 27 étages. Il abrite
depuis 1991 le siège du ministère des Affaires Etrangères.
Et me voilà arrivée dans un des rares restaurants en ville du voyage, puisque la majorité des repas se prendra à bord du bateau. Ce restaurant se situe dans une rue piétonnière du quartier chic d’Arbat, avec ses jardinières où poussent de jolis géraniums, son approche est accueillante.
A sa sortie, Nathalie emmène ceux qui désirent obtenir des roubles, la rue est très commerçante, ça ne prend pas longtemps. Pour compter ses « clients » avant de reprendre la route, notre guide opte pour une méthode originale mais néanmoins efficace, Xièna et elle les bras tendus nous font une haie d’honneur et comptabilisent chaque passage.
Maintenant, est prévue la visites du Kremlin, et pour
nous, en option, le Palais des Armures, il y a de fortes chances que ces visites se fassent
au pas de course, en espérant qu’il n’y aura pas trop de bouchons sur la route
et qu’on sera quasiment les seuls à vouloir pénétrer dans cette forteresse,
mais ça c’est un peu comme jouer au loto, on verra bien ! de toute façon,
le Chicherin ne partira pas sans nous, du moins faut l’espèrer !
A tout de suite