Moscou

Vers la galerie Trétiakov

                 Jeudi 4 Juillet. Dès 7h15, je suis réveillée par le gazouillis des oiseaux et le chant du coq, ce fut une bien courte nuit ! Aujourd’hui on fête les Florent, et la température prévue pour la journée est de 18°, avec un temps couvert.

           9h20. Départ pour la visite de la Galerie Trétiakov. Le bateau étant amarré au NO, dans le canal de Moscou près du réservoir Khimiki, il faut environ 30 minutes de route à Alexandre, notre chauffeur, pour nous y amener. Nathalie nous ayant quittés hier soir, c’est Olga qui nous accompagne, et illico elle met à profit ce laps de temps pour nous raconter quelques anecdotes :

               - Qu’il y a seulement une semaine, il faisait ici une chaleur épouvantable.

               - Qu’en prévision de la Coupe du Monde de la FIFA en 2018, beaucoup de stades ont été réaménagés et que de nombreux hôtels sont sortis de terre, mais que la nuitée d’hôtel a fortement augmenté. Elle nous confie avoir côtoyé les joueurs de l’Equipe de France, une fierté pour ses petits-enfants, pensez donc ! « Notre Mamie a servi de guide aux Champions du Monde » ! ainsi que les joueurs Belges, « mais vous étiez les plus forts ! » nous dit-elle avec une pointe d’humour, « néanmoins nous sommes allés tout de même jusqu’aux 8ème de finale » tient elle à préciser !

               - Quoique  beaucoup de français visitent la Russie, nous sommes tout de même moins nombreux que les chinois, chinois qui amènent leurs propres guides, au grand dam des guides russes.

            - Qu’en centre-ville, le m² de terrain coûte entre 10000 et 15000 €, d’ailleurs on ne va pas tarder à passer sur une avenue qui porte le nom de « kilomètre d’or » l’ endroit le plus cher de la ville.  « Vous, nous dit-elle, êtes retraités mais vous pouvez faire des voyages. Alors que le salaire moyen est de 86 000 roubles (1300 €) ici en Russie les retraités font partie des classes les plus pauvres, ils  gagnent en moyenne 200 € par mois » Informations qui ont de quoi plomber l’ambiance !

               Et un peu de politique, était-il possible de passer à coté !  Lorsque c’était l’Union Soviétique, il n’y avait qu’un seul parti : le communisme, alors que maintenant il y en a plus de 40. A cette époque, dans les usines, il y avait tous les vendredis la réunion du parti, et le chef pouvait faire voter à main levée une diminution immédiate des congés ou d’une moitié des salaires, décision bien évidemment votée à l’unanimité, l’’exemple est un peu gros, mais reflète la mentalité qui existait jusqu’aux purges staliniennes.  Gorbatchev fera rentrer un peu de démocratie, le peuple russe  lui en est reconnaissant.

               Quant à Poutine, vaut mieux être en accord avec lui, ses opposants ont connu un triste sort, tel que l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski qui a fait 10 ans de prison, officiellement pour malversations financières, et tout récemment fin Juillet 2019, depuis mon retour, l’avocat Alexeï Navalny qu’on aurait, d’après lui, tenté d’empoisonner. Le vote n’est pas obligatoire, mais le peuple, selon elle ! en a marre de cet homme qui gouverne depuis 20 ans, cependant la population habituée à subir la dictature tsarine est tolérante. Poutine qui d’après la Constitution ne devrait pas se représenter en 2024.

         

            Elle nous parle aussi de religions, des différences qu’il peut y avoir entre le catholicisme et l’orthodoxie reconnue par 75% des Russes depuis la fin du 10ème siècle. « Nous vivons selon le calendrier julien qui fête la Nativité le 7 Janvier, et le vieux-nouvel An le 13 Janvier. Votre Pape François est le chef de l’Eglise tandis que notre pope Cyrille est le patriarche uniquement de la Russie, et non pas des autres pays orthodoxes. On respecte le Grand Carême et faisons les prières trois fois par jour. Quand au baptême, il consiste à l’immersion totale dans l’eau, et ceci à trois reprises »

           Avant l’arrivée de Staline, Moscou comptait 1600 églises, mais ce dirigeant anticlérical en fit sauter beaucoup. Celles-ci furent en partie reconstruites depuis, telles celles du Christ Sauveur, la plus grande de Russie.

           « On nous accuse d’alcoolisme,  dit-elle avec malice, mais la vodka aide à combattre notre climat très rude » Au Moyen-äge, Pierre le Grand apporta de France, de l’hydromel, boisson fermentée très forte. Pierre 1er  était un grand réformateur, grand travailleur qui exerça 14 métiers, charpentier, ébéniste, cordonnier…. il arrachait même les dents pendant les campagnes militaires. Il exigea qu’on se fasse couper la barbe, toute personne qui ne s’y conformait pas devait payer un impôt, mais le clergé voulant garder leurs traditions s’y refusa,

           « Sur le bateau, n’hésitez pas à écouter les conférences sur l’histoire de la Russie, animées par Natasha, femme formidable qui a vécu la moitié de sa vie en France, sa famille a beaucoup souffert, son grand-père alors cuisinier du tsar, a suivi Nicolas ll dans son exil et partagé son destin car il a été fusillé en 1918 avec la famille impériale » 

           « Moscou est une ville très moderne, vous aurez la possibilité de la comparer à St Petersburg » Elle est la ville de la noblesse, son architecture est un mélange de tous les styles, immeubles anciens, églises du 16ème siècle ou immeubles modernes tels que Moskova-City et ses gratte-ciels de 300 mètres de hauteur.

            Après avoir emprunté l’avenue Leningrad, nous circulons  à présent sur la rue Tverskaïa et nous voilà arrivés à la première ceinture périphérique. Cette rue, large aujourd’hui de 60 mètres, est depuis le Moyen-Age, la voie principale de Moscou : c’est par ici que les tsars entraient solennellement dans la ville pour gagner le Kremlin.



             Sur la w place Tryoumfalnaïa (place du Triomphe) on peut voir une grande statue de 6 m de haut, celle-ci  représente   Vladimir Maïakovski, poète national qui se suicida en 1930, à  seulement l’âge de 37 ans, derrière au fond j’aperçois l’un des gratte-ciels staliniens, transformé aujourd’hui en hôtel.

            Après avoir franchi un second périphérique, la « ceinture des boulevards » et être passés devant le bâtiment où était édité autrefois le journal « Pravda » (Pravda en russe : Правда signifie : Qui dit la Vérité !...) voici la w Place Pouchkine,  celle ci offre une belle perspective avec en premier plan la statue du célèbre poète Pouchkine. Au loin à droite se trouve le restaurant de luxe « Café Pouchkine » qui fut rendu célèbre par la chanson « Nathalie » de  Bécaud en 1964, cependant, celui-ci ci n’existait pas à l’époque, il n’a été fondé qu’en 1999 dans un hôtel de style Baroque du 17ème, pour commémorer le 200ème anniversaire de la naissance du poète, il est superbe avec sa façade rose et  ses colonnes blanches.

             Sur la w place Tverskaïa se dresse la statue d’Iouri Dolgorouki, le fondateur de Moscou, en face  de cette sculpture, un immeuble rouge abrite la Mairie de Moscou.

             En prenant une rue à gauche, nous voici confrontés à une circulation dantesque, bouchonnée, ne circulent que des voitures luxueuses, les ladas, appartenant à une autre époque sont devenues rares. Pour en avoir vues, je dirais qu’elles ont dû être pour la plupart, exportées à la Havane !  Voici la Douma où siègent 450 députés, puis le théâtre Bolchoï.

             De la Place Loubianka, Alexandre en prenant à droite s’enfonce dans le cœur de la ville, nous menant ainsi dans « Kitaï-Gorod »  le plus ancien quartier de Moscou, jadis fortifié. La Place Rouge n’est alors qu’à seulement  4 ou 5 rues de là sur ma droite dans une rue parallèle. Ce quartier au cours du 19ème siècle avait une vocation de centre d’affaires, des banques, des bureaux de négociation et la Bourse du commerce s’y installèrent.

             Le bus emprunte maintenant la w « Rue Varvarka »  probablement la plus jolie rue de Moscou, qui comportait, avant que la politique anticléricale de Staline en 1934 ne fit son effet, un nombre important d’églises. Il en reste toutefois quelques unes, dont w l’église Saint-Georges, du milieu du 17ème siècle, très séduisante avec ses cinq coupoles et ses bulbes décorés d’étoiles dorées sur fond d’azur. Entre les bulbes et le clocher, apparaît l’un des sept gratte-ciels staliniens.  Puis voici w le monastère Notre-Dame-du-Signe édifié en 1630 dans la propriété de la famille Romanov, l’église aujourd’hui restaurée, possède cinq coupoles dont une dorée.


         

      

            L’église Maxime-le-Bienheureux, l’ancien palais des Anglais, palais construit en 1556 donné par Ivan-le-Terrible aux britanniques pour qu’ils puissent commercer librement en Russie. Au bout de cette rue, voici  w l’église Sainte Barbara, du nom de cette martyre tuée par son propre père au 4ème siècle, à cause de ses croyances religieuses, l’église fut construite à la fin du 18ème siècle sur un sanctuaire antérieur. Avec son portail de  colonnes corinthiennes et son dôme bleu, c’est un bel exemple d’architecture néo-classique.

            Je regrette de ne pas avoir pu parcourir à pied cette rue qui ne fait guère que 400m, j’aurais pu alors voir et admirer à volonté toutes ces superbes églises. Aperçues depuis l’intérieur d’un bus roulant, c’est trop rapide, et quoique la guide dise « sur votre gauche » ou « sur votre droite » il est déjà quasiment impossible à photographier sur le bon coté, alors de l’autre, c’ est peine perdue ! Avec le recul, personnellement j’aurais aimé, profiter au-moins d’une demi-journée, à pouvoir me balader en totale liberté dans ces vieux quartiers ou sur les berges de la Moscova.

           De là on voit les tours et fortifications du Kremlin. Après avoir traversé la Moscova qui serpente pendant 80 kilomètres dans la ville,  puis le canal Vodootvodny, Alexandre nous stationne au sud de la Galerie Nationale Tretiakov, il est alors à peine 10 heures.

           Je vous invite à venir découvrir avec moi une partie des trésors que recèle cette galerie, alors go, on y va !

     Moscou - La galerie Trétiakov