Jeudi 4
Juillet (suite)
A proximité de la galerie Tretiakov, se côtoient
de nombreuses statues déboulonnées, qui ont été rangées là après la chute du communisme,
constituant un lieu unique. De grands maîtres de la Russie
soviétique sont donc ici à la retraite : Lénine, Marx, Staline.
Après avoir été déposés par Alexandre, notre chauffeur, à quelques pas de la Galerie, nous traversons un sympathique jardin public où coule la fontaine Iskvvtv, à la conception curieuse : autour d’un arbre de fer qui pointe vers le ciel, sont posées trois petites sculptures encadrées et posées dos à dos, d’où l’eau ruisselle depuis le sommet.
Arrivés à destination, il nous
faut prendre notre mal en patience, il y a beaucoup de monde devant nous, et il n’y fait pas bien chaud. Le bâtiment qui contient ces
trésors, construit en 1872 a fait l’objet de nombreuses extensions. La façade
datant de 1904 est l’œuvre de Vasnetvov, créateur du style « conte
de fées » Sur le fronton on peut voir les armes de la ville de Moscou
(Saint Georges terrassant le dragon) sculptées dans de la pierre grise, Cette
sculpture est disposée dans une niche en proéminence en forme d’ogive. En
premier plan la statue de ce généreux propriétaire grand amateur d’art.
« Passionné, je voudrais créer une galerie nationale, composée de tableaux des peintres russes …(…)… Mon plus grand rêve serait donc de créer un conservatoire public des beaux arts, accessible à tous, fonctionnant au profit de plusieurs et au plaisir de chacun »
écrivait le collectionneur en 1860.Site internet en français Clic droit, nouvel onglet ou fenêtre
Historique de cette galerie en quelques lignes : Pavel Mikhaïlovitch Tretiakov né en 1832, a hérité de son grand-père d’une coquette fortune bâtie dans l’industrie textile. S’intéressant à la peinture il commença à collectionner des œuvres, finançant des peintres en difficulté, courant les ateliers et magasins d’antiquités, œuvres qu’il déposa dans sa demeure qu’il ouvrit en 1881 gratuitement à la visite. Chaque année, achetant les tableaux qui lui plaisaient en dépit des critiques virulentes et de la censure, il agrandit sa collection. Il acquit aussi les meilleurs tableaux des peintres russes du 18ème et 19ème siècle, et même de l’art ancien.
En 1892 il fit don à la ville de Moscou de sa maison et de sa collection (riche alors de 1287 tableaux, 518 dessins et 9 sculptures d’artistes russes, sans compter quelques artistes étrangers) En 1918 la galerie devint propriété de l’Etat par un décret du Soviet suprême. Après son décès en 1898, ses héritiers feront don de 62 icônes, mais aussi de plusieurs peintures d’époque. A l’avènement de Staline, certains artistes se virent sommés de quitter le pays, leurs œuvres fûrent reléguées, mais elles retrouveront la lumière 30 ans plus tard à l’arrivée de la Perestroïka (1965). Dès les premières semaines de la Seconde Guerre Mondiale, la majeure partie de la collection fut mise à l’abri.
Aujourd’hui le musée possède l’une des plus importantes collections au monde (150 000 tableaux, sculptures, icônes ou dessins) les collections sont réparties entre cette Galerie d’Etat Trétiakov, qui présente des œuvres (du 11èmeau début du 20ème ) et la Galerie Tretiakov de Krymski Val (peintures du 20ème)
Allez,
go !... après une inspection rapide des sacs, « planquez vos
bouteilles d’eau » nous a conseillé Olga, et un passage par le
vestiaire pour les vestes et sacs à dos, c’est parti pour une visite
(éclair !...) de quelques uns parmi ces trésors. Bonne aubaine, les photos
sans flash sont autorisées.
A sa suite, nous nous dirigeons vers les salles « Art Ancien Russe des XI-XVIIIème siècles ». La collection en plus des 62 icônes offertes par les héritiers de Trétiakov, s’enrichirent de beaucoup d’autres œuvres, venus de collections privées, de musées en cours de fermeture, ces œuvres illustrent huit siècles de l’histoire de la peinture d’icônes. L’exposition comprend près de 200 peintures et sculptures, dont les très célèbres icônes miraculeuses : La Vierge de Don, et la mondialement connue : La Trinité d’André Roubiev. Beaucoup de chefs-d’œuvre sont liés aux grandes dates de l’histoire et de la culture de la Russie et font partie intégrante de la tradition spirituelle nationale. Chaque principauté possédait son icône, et selon la richesse de celle-ci, des jalousies pouvaient naître entre voisins.
Je n’ai pas eu, bien sûr, le temps de voir ces 200 icônes, encore moins ces 150 000 œuvres, je vous présente, avec un minimum de détails, ci-dessous six de ces icônes. Si vous êtes un féru de peintures, mon diaporama en présente, toutes dates confondues et avec leur légende, du moins pour une majorité, d’un peu plus d’une soixantaine
* L’icône de
la Trinité (1mX1,50m) a été peinte entre 1410 et 1427. Formée de trois panneaux de bois, elle
illustre un passage de la Genèse lorsque l'Éternel vient annoncer à Abraham et
Sarah qu'ils auront, malgré leur âge avancé, un fils. On y voit trois anges
pèlerins tenant un long sceptre entre leurs doigts, assis autour d’une table,
sur laquelle est posée une coupe, leur tête est auréolée d’un nimbe d’or. Jusqu’a
1929, elle faisait partie de l’iconostase de la Laure de la Trinité-Saint-Serge
de Serguiev Possad.
* La Vierge du Don, ses origines sont incertaines, peut-être le 14ème ! est une icône de la Vierge Marie, avec son fils Jésus dans les bras. Ses yeux sont tristes et pleins d'amour pour son fils.
C'est devant cette icône qu’Ivan le Terrible pria avant la prise du Khanat de Kazan en 1552. La tradition religieuse la relie aussi à la libération de Moscou du joug tatare en 1591. Une procession de cette icône est organisée autour des murs de la ville pour la conduire jusqu'à l'église militaire. Le lendemain la victoire remportée par les troupes russes est attribuée à la Vierge Marie. C'est en souvenir de celle-ci que le Monastère Donskoï a été fondé à l'emplacement de l'église, un jour de fête lui a été dédié. Elle est depuis cette époque, considérée comme protectrice contre les hérétiques et les ennemis étrangers.
* Megalomartyr Démétrios de Thessalonique. Mosaïque réalisée entre 1108 et 1113. Ces morceaux de mosaïques qui décoraient à l’époque l’église de l’Archange Mikhaïl-au-Dôme furent démontés des murs avant la démolition de l’église dans les années 1930. Démétrios est représenté avec une cuirasse et une épée, un bouclier et une haste dans sa main. Valeureux martyr qui malgré les tortures n’a pas perdu sa foi.
* Deux cavaliers. (Bas relief de Kiev – 1602) On décorait au 12ème siècle les entrées de la ville de cette sculpture de chevaliers en terre cuite pour chasser les mauvais esprits. Un des chevaliers chasse l’ennemi avec une lance tandis que l’autre fait un geste de bénédiction.
* L’icône du Christ Pantocrator, en bois, du début du 15ème fut découvert en 1918 dans un bûcher près de l’église de la Dormition à Znenigorod. Créée par Andreï Roublev à Moscou.
Novgorod le
Grand
était le deuxième centre culturel de l’Ancienne Rous. Au début du 12ème
siècle, sous le règne de Mstislav Bladimirovitch, il y eut une construction
d’églises sans précédent et décorées de façon spectaculaire, fort heureusement
les icones de Novgorod ont échappé aux tatars mongols.
* Mondylion. (En bois, fin du 12ème siècle) Elle représente l’image du Christ. Selon une légende orthodoxe, un peintre envoyé par le roi Abgar d’Epesse pour faire le portrait du Christ n’y étant pas parvenu, c’est le Sauveur lui-même qui se serait essuyé le visage sur ce linge, linge qui garda ainsi son empreinte. Le peintre remit ce tissu imprimé qui appartenait à ce roi qui souffrait d’un mal grave et incurable. Ce linge sacré appelé également Mandylion, fut ramené solennellement à Constantinople en 944 avec d’autres grandes reliques chrétiennes.
J’admire aussi * l’Annonciation (1130-1140) en bois * L’archange Michel vers 1300 en bois * La Transfiguration (bois du début du 15ème siècle) à Moscou * Miracle Le Signe de l’icône de la Vierge, en bois, fin du 15ème siècle. (Bataille entre les Novgorodiens et les Souzdaliens). * Saint-Alexis, métropole de Moscou créé par Dyonisius en bois, fin du 15ème et bien d’autres encore …..
Après avoir admiré une quinzaine de ces icônes de l’ancien Art Russe, Olga nous dirige à présent vers la galerie « Peintures Académiques du 18ème siècle » où je vais pouvoir contempler quelques portraits. Je vous en présente ci-dessous onze :
* Portrait du tsar Michael Fedorovitch (1728)
* Portrait de l’’impératrice Elisabeth Petrovna (1743) par I.Vichniakov
* Portrait de M.A. Llova (1781) par D.G. Levistsy
* Portrait de la comtesse Ursula Mniszek huile sur toile (1782) par D. Levitski
* Portrait de Catherine ll en législatrice au Temple de la déesse de la Justice (début des années 1780) par Levitsky D.G.
* Portrait de Marie I. Lopoukhina (1797) de Borovikovsky
u Orest A. Kiprenski (1782-1836) fut le premier
peintre russe du romantisme. Son * Portrait d’Alexandre S.
Pouckine
(1827) est un véritable chef d’œuvre. Les motifs des carreaux rouges de la cape
et les bouts du col blanc rehaussent le teint bronzé du visage (peau basanée,
cheveux crépus, bouche pulpeuse) Après la mort du peintre, en 1830, Pouchkine
acheta le portrait à sa veuve au prix de 1000 roubles. En 1916, la Galerie acquit
le tableau auprès du petit-fils du poète. Voici une autre de ses œuvres :
* Portrait de A.A. Chelishchev.
u Vassilli A. Tropinine (1780-1857) fut d’abord serf d’un comte puis d’un lieutenant, obéissant au caprice de son seigneur, il vécut en Ukraine. Ce n’est qu’en 1823, après avoir été affranchi, qu’il s’installa définitivement à Moscou et progressa comme peintre autodidacte. L’appartenance sociale des personnages figurant sur ses toiles est très variée : représentants de la noblesse, commerçants, peintres, hommes de lettres, gens du peuple. Tropinine fut le premier à essayer de présenter le travail artisanal pointilleux des citadines, ce thème est développé dans plusieurs tableaux dont :
* La Dentellière (1823) Jolie jeune fille entourée de différents instruments illustrant son activité, (métier à broder, épingles, ciseaux) Elle utilise le fuseau d’un geste coutumier. Remarquons la beauté du jeune modèle, visage à la peau douce, éclat du teint, yeux intelligent et doigts fins.
L’image de l’enfant sur le * Portrait de Arseni V.Tropinine (vers 1818) reprend les idéaux du sentimentaliste : le visage d’un garçon de huit-neuf ans aux cheveux châtain clair et au regard rêveur. Dans le portrait de son fils, le peintre rend la douceur du caractère et la pureté des sentiments du modèle, avec le mariage des tons chauds rose doré et vert-sépia. On peut aussi y voir le :
* Portrait d’A.I.Barayshnikov (homme adossé à un arbre) (1839)
u Karl P. Brullov (1799-1852) excella en portraits de chambres et tableaux aux sujets historiques. Après un stage de trois ans en Italie, il emprunta ses sujets à la vie du peuple italien puis il revint à St Petersburg.
* L’autoportrait (1848) fut réalisé en une
seule séance à l’époque où l’artiste était malade. Le fond et les vêtements
noirs sont à peine ébauchés. Toute l’attention est concentrée sur le visage qui
reflète les traces du mal subi (teint jaunâtre, poches sous les yeux.
u Sergueï C.Zarianko (1818-1870). Il fût professeur de l’Ecole de peinture et de sculpture de Moscou, où il forma toute une génération d’artistes. Peintre à la mode, Zarianko exécuta plusieurs portraits sur commande qui bouleversèrent ses contemporains par la précision des traits des visages et des détails des costumes. Parmi les chefs d’œuvre, citons le :
* Portrait de la princesse Maria V.Vorontsova (1851) peint probablement à l’occasion du mariage de celle-ci. Remarquons la beauté somptueuse de la robe de bal, la qualité des tissus est brillamment réalisée.
* Portrait de Paul 1er huile sur toile de 1797 par Chtchoukine.
* Portait d’une inconnue en costume traditionnel russe, huile sur toile de 1784 par I.Argounov.
* Portrait de N.V.Gogol par Moller.
C’était la galerie des portraits ! Je me dirige à présent dans les salles de « peintures de la seconde moitié du 19ème siècle » avec notamment de grands tableaux. Ci-dessous le détail d’une douzaine d’entres-eux.
Les révolutions européennes de la fin des années 1840, ainsi que les évènements bouleversant la Russie (défaite de Crimée, abolition du servage) ont transformé profondément plusieurs aspects de la vie russe, faisant émerger une nouvelle génération d’artistes plus près du peuple. Dans les années 1860, les différentes manifestations de la vie quotidienne devinrent objets de représentation artistique et les petits fonctionnaires de bureau, citadins sans fortune, paysans devinrent personnage des tableaux.
Dans plusieurs salles, les œuvres exposées présentent la pénible destinée des femmes russes, tel que le tableau :
* La Mésalliance (1862) de Vassili V. Poukirev (1832-1890) est celui de la fille mariée sans dot. La différence d’âge et de situation sociale des époux rendit le mariage inégal. Le thème de la condition féminine servile, qui était d’actualité à l’époque, valut la popularité à l’œuvre.
u Vassili G.Perov né en Sibérie, prit les idées de l’humanisme et de l’amélioration de la vie des hommes. Après l’abolition du servage en 1861, Perov peignit ses plus célèbres toiles. Ses ouvrages reflètent sa préoccupation de la vie de ces pauvres gens écrasés par la misère, et leurs espoirs inaboutis. L’artiste y parle émotionnellement des malheurs du peuple, du pénible sort de l’être humain dans un monde cruel et impitoyables, tels que :
* Les Apprentis portent de l’eau (1866)
* Les Chasseurs au repos (1871) huile sur toile.
Peintre, penseur,
éminent promoteur, critique d’art et pédagogue,u Ivan N. Kramskoï (1837-1887)
naquit dans la famille d’un commis aux écritures. L’artiste resta fidèle à
ses principes et de l’importance d’aimer son prochain dans une de ses plus grandes
œuvres sur le thème tiré de l’Evangile :
* Le Christ dans le désert (1872)
Kramskoï se démontre en représentant typique de l’intelligentsia des années 1860, son regard n’est plus de l’époque du romantisme, mais un regard sévère énergique et d’une grande volonté, comme on peut le voir sur :
* Le portrait de Léon Tolstoï (1873)
Voici maintenant les chefs-d’œuvre des peintres réalistes, qui dans années 1870-1880 atteignirent d’importants succès, notamment dans la peinture de genre. Les Ambulants furent poussés par le désir d’être plus près de la nature. Ce qui est le cas de u Chichkine (1832-1898) qui peignit de nombreuses toiles où il exprimait son admiration et la beauté de sa terre natale. Le tableau :
*Le Matin dans la forêt de pins (1889) relate l’admiration d’une nature primitive que l’homme n’a pas abimée. Les ours furent peints par un ami de Chichkine, le peintre Savitski.
u Victor M.Vasnetsov (1848-1926) entra dans l’histoire de l’art russe comme conteur, narrateur, il naquit dans une famille de prêtres. L’amour des traditions nationales trouvèrent une ample expression dans la toile :
* Les Preux (1881-1898) où le peintre
représenta les grands héros de la poésie épique russe.
u Vassili V.Verechtchanguine
(1842-1904) gagna sa popularité dans l’art russe comme réformateur du genre de
bataille. Il naquit dans une famille noble. Homme d’une grande vaillance, il
participa à quelques guerres, il était persuadé que ce n’était qu’après avoir
éprouvé le danger d’être blessé ou tué qu’on pouvait créer des tableaux de
guerre authentiques. Ses peintures sont une vive contestation contre la
violence et les souffrances. L’absurdité de l’assassinat de l’homme par son
pair est illustrée dans la toile :
* L’Apothéose de la guerre (1871) représentant une pyramide de crânes. L’auteur inscrivit sur le cadre le texte suivant « Dédié à tous les grands guerriers, passés, présents et futurs »
u Vassili Sourikov (1848-1916) naquit dans une famille appartenant à une lignée ancienne de cosaques qui conserva les vieilles légendes des ancêtres. Le tableau :
* La Boyarde Morozova peint dans les années 1881-1887 reflète un épisode de l’histoire russe du 17ème siècle : Morozova fut menée en traineau à travers Moscou avant d’être vouée à la mort lente en prison. Un drame populaire où désespoir, foi, espoir se mêlent sur la toile.
Au fil de l’exposition, nous pouvons voir quelques sculptures telles que :
* Actéon, u Ivan P. Martos (1754-1835) Jeune et beau chasseur qui fut transformé en cerf par la déesse Diane pour sa curiosité superflue, puis déchiqueté par des chiens.
Nous passons maintenant dans ce que la galerie a appelée « Peinture au tournant du 19ème et 20ème siècles » Le nom de u Mikhaïl A.Vroubel (1856-1910) figure au premier rang des artistes russes les plus éminents de cette époque. Il naquit en 1856 à Omsk. L’intérêt pour le folklore se traduit dans les sujets empruntés aux contes et aux chants épiques russes. Le peintre se sent proche de cette forme artistique et y recours à maintes reprises en interprétant des sujets fantastiques, mythologiques et littéraires, tel que le panneau grandiose de :
* La Princesse Gryosa (Princesse des rêves) (1896) exécuté pour le pavillon artistique de l’exposition industrielle et artistique de Russie. Huile sur toile de 7,50m sur 14mètres, ou encore le Démon assis (1890) inspiré de l’opéra du même nom.
Vroubel fut
fasciné par la céramique, il créa des panneaux en majolique, une des œuvres en
céramiques les plus remarquables est :
* La cheminée « Mikoula Sielanovitch et Vol’ga » (1898-1900) mettant en scène le sujet d’un chant épique russe : Vladimir, prince de Kiev envoie le prince-guerrier Volga, doté d’une force surnaturelle en terre de Novgorod pour lever le tribut. Celui-ci rencontre un paysan Mikoula Selianovitch en train de labourer, les preux s’échangent leur force, mais Volga et toute sa troupe n’arrivent pas à lever la charrue, alors que Mikoula y arrive d’une seule main.
La visite de la Galerie Trétiakov prend fin, certes Olga aurait préféré y consacrer beaucoup plus de temps, mais nous dit-elle « Je dois respecter votre horaire d’appareillage » elle pense cependant nous en avoir fait connaître l’essentiel.
Durant le trajet qui nous ramène au Georgy, elle raconte, raconte… nous dit que pour inciter à avoir des enfants, Poutine a instauré un programme : le « capital maternel ». A la naissance de son second ou troisième enfant, une femme peut percevoir une allocation de 500 000 roubles. (environ 8000 €) programme qui a fait son effet puisque aujourd’hui la natalité dépasse les décès, 14 et 9 pour 1000 personnes, alors que dans les années 1990 c’était, avec le processus de privatisation de Gorbatchev la pauvreté absolue avec un effondrement total de l’économie. La crise financière majeure de 1998 plongea une grande partie de la population dans de graves difficultés, à l’époque si on travaillait à l’usine de tissus, on payait les salaires en linge, les professeurs des écoles supérieures devaient aussi travailler comme chauffeur de taxi. « A l’époque soviétique » poursuit-elle, « le salaire moyen était de 130 roubles par mois, moi j’en gagnais 250, mais ma profession de docteur historique faisait de moi une privilégiée »
« Mais ça ne doit pas être facile » continue-t-elle « de gouverner cet énorme pays de 150 millions d’habitants et de 92 républiques qui ont chacune leur propre autonomie politique et économique. (Tchétchénie, Crimée, Astrakhan, Volgograd, Ukraine…. pour ne citer que celles-ci) C’est certain que Poutine doit s’entourer de nombreux économistes ! »
Elle nous parle
aussi, de manière romancée, de la naissance de l’orthodoxie en Russie. En 980
Vladimir élevé dans le paganisme, alors devenu prince de Kiev, s’allia avec les
Bulgares, les Allemands, les Khazars et les Byzantins qui représentaient quatre
religions : islam, judaïsme, christianisme latin et christianisme byzantin.
Il désirait choisir une de celles-ci, mais rejeta d’emblée l’islam qui
interdisait toutes formes d’alcool. C’est lors d’un voyage à Byzance, subjugué
par la décoration magnifique des églises orthodoxes, la splendeur de la liturgie
célébrée dans l’église Sainte-Sophie, l’encens projeté vers le ciel par le
balancement des lourds encensoirs, l’or des icônes, qu’il choisit cette
religion.
Vladimir se fit donc baptiser, avec tous ses sujets en 988 et reçu pour épouse
une princesse byzantine. Alors qu’auparavant pour arriver à ses fins, cet homme
assassinait sans vergogne toute personne qui lui faisait barrage, après son baptême
il changea radicalement jusqu’à en devenir même un Saint, il abrègera la peine
de mort, abolira l’esclavage.
La Russie commémore le 28 juillet, anniversaire du jour de son baptême
« Regardez à
gauche le bâtiment avec une rotonde verte » Ca tombe bien, c’est mon
coté ! dans ce splendide palais néoclassique à façades en colonnes, dont les
fenêtres donnent sur la place rouge, vécût Pachkov, capitaine du
régiment de la Garde Impériale qui combattit contre Napoléon. Fermée au public
pendant plusieurs années, aujourd’hui Bibliothèque d’Etat Lénine, elle abrite
des salles de lecture, de conférences… La réserve contient 43 millions de
livres imprimés. Olga nous confie y avoir travaillé.
Ah… vite, vite la
photo, nous passons devant l’Hôtel National, Art Nouveau, dommage que je n’ai
pas eu le recul nécessaire pour photographier le si joli fronton décoré de
peintures, au rez-de-chaussée se trouve le restaurant chic ‘Docteur Jivago »
Puis voici la gare de Biélorussie, gare du désespoir mais aussi des
retrouvailles, car c’est de là, dont les trains mènent en Pologne ou en Allemagne,
que l’on partait à la guerre, mais c’est aussi de ce même lieu que ceux sont
revenus ceux qui ont survécu. Il y en a 9 à Moscou.
Voilà ! nous sommes de retour au bateau, nous faisons nos adieux à Olga et retrouvons notre « luxueuse » cabine. L’appareillage pour Ouglitcht, première escale de ce voyage « De la Volga à la Neva » va avoir lieu sitôt que nous serons tous rentrés de notre visite moscovite.
La page suivante est consacrée à la découverte des
écluses sur le canal de Moscou.
A tout de suite !