Mardi 28 Juin.
(point 11 carte itinéraire)
Avant le
départ pour cette excursion, nous prenons le temps et le soin de calfeutrer
entièrement le véhicule avec nos stores extérieurs et de mettre l’abaisseur de
température en route. Nous serons absents près de 15 heures, et nous désirons,
comme toujours !... que Tyrol ne souffre pas d’un éventuel soleil qui en
cognant contre les vitres chaufferait l’habitacle, l’excursion faisant une
incursion en Russie, il est hors de question de le prendre avec nous, mais
rassurez-vous, il a l’habitude, à une différence importante, les autres années,
il avait ses deux frères avec lui.
Intéressés ? vous trouverez toutes les informations dans ce site mais toujours dans la langue de Shakespeare, désolée !
Après plusieurs échanges de mails en anglais (merci IMTranslator !...) la réservation est effectuée, nous recevons la confirmation et les conditions d’annulation. Seul bémol ! les cartes de crédit ne sont pas acceptées, j’ai dû faire auprès de ma banque un virement européen. La copie du passeport valide encore 6 mois nous avait été demandée, le visa est gratuit, compris dans l’excursion.
7h15,
rendez-vous dans les bureaux de l’agence, l’employée prend sa liste, coche les
noms et nous souhaite « Bon voyage » en français, ça nous
surprend ! A cet instant, on se dit « dommage qu’elle ne vienne
pas avec nous » !
Passage
de la douane !!!! (dans les bureaux de l’agence) et présentation des
passeports.
7h45 le m/s Carélia part avec ses 200 passagers pour une croisière qui durera 5h30. A bord du bateau, restaurants, pont supérieur, bar, boutique de hors taxes.
Quelques lignes d’histoire : Le canal de Saimaa sert de navigation entre le lac Saimaa en Finlande et la baie de Vyborg (Vipuri) en Russie, cette ville appartenait auparavant au grand duché autonome de Finlande. Il transporte actuellement plus de 150 000 passagers par an et environ 1,6million de tonnes de fret. Après plusieurs essais infructueux entre 1499 et 1607, le canal fut finalement creusé et inauguré le 7 Septembre 1856, puis élargi en 1920.
Lors du
traité de Moscou de 1940, l'isthme de Carélie et la ville de Vyborg sont cédés
par la Finlande à l'Union soviétique. Le canal se retrouve coupé en deux et
toute navigation est alors interrompue. En 1963, un traité permet à
la Finlande de louer pour 50 ans la partie russe du canal. En 1968, un nouveau
canal plus large et plus profond est creusé. 2008, le bail est prorogé de 50
années supplémentaires.
Le dénivelé est de 75,7m sur la longueur de 43 kms. Pour le descendre, huit écluses de 85m de long ont été construites, trois en Finlande (Mälkiä, Mustola, Soskua) cinq en Russie, (Pälli, Ilistoïe, Svetotchnoïe, Iskrovka, Brousnitchnoïe). ainsi qu’une douzaine de ponts levants. La plus haute est celle de Mälkïa avec 12,40m.
Nous ne sommes pas partis depuis une dizaine de minutes qu’apparaît notre
gentille dame, parlant français, wouuah ! ça va devenir d’un coup plus
intéressant !!! Elle donne à chacun des brochures, le plan et l’histoire
du canal ainsi que le plan de Vyborg, toujours en anglais, mais pour déchiffrer
les documents, il n’y a pas trop de problème. Elle prendra son temps avec nous,
nous donnera des explications, ça nous rassure, elle nous assistera en cas de
besoin.
Histoire et
physionomie du canal, format PDF (recto) (verso)
Les écluses se franchissent les unes après les autres. Il commence à faire chaud sur ce bateau, mais on ne va pas s'en plaindre ! La frontière passée, un chanteur avec sa guitare entamera quelques chansons russes, c'est un peu émouvant… nous croisons maintenant beaucoup de longues barges chargées de troncs de bois.
Sur le pont extérieur ça fume, et ça boit ! c’est clope sur clope, chope sur chope….. Mme l’accompagnatrice nous expliquera que ces bocks de près d'un litre sont de la limonade à laquelle on y a rajoutée du gin, une sorte de boisson nationale à 5 ° d’alcool, prisée aussi bien par les femmes que par les hommes….
A l’approche de Vyborg, Le Carélia longe doucement les quais, nous voyons quelques beaux et anciens immeubles. 13h15. Accostage, présentation du passeport et apposition du tampon attestant notre entrée sur le territoire russe.
Vyborg
(Vipuri en finnois, en russe, accrochez vous ! : Выборг) est située près du Golfe de
Finlande, à 120 kms de St Petersburg. Une des plus grandes villes historiques
de Russie, mais aussi un grand port maritime et un centre industriel. Le vieux
centre est préservé. Ville privilégiée par les voisins finlandais pour sa vodka
bon marché, sa bière et ses cigarettes.
Quelques lignes d'histoire. En 1293, pendant les croisades baltes, un château est bâti sur une petite île rocheuse.
En
1475, un mur est construit pour se défendre contre Ivan lll qui ne rêve que d’agrandir
son territoire. Pierre le Grand, après plusieurs tentatives, s’en emparera en Juin
1710. Lors d’une guerre en 1809, la cité intégrera la Finlande. Le canal
construit, Vyborg peut communiquer avec Helsinki et St Petersburg, le commerce
devient actif, les usines s’agrandissent, les banques apparaissent, la ville
est prospère.
1917, la Finlande gagne son indépendance. Se méfiant de son voisin de l’Est, avec lequel elle eut de nombreux conflits sanglants, elle créera pendant la « Guerre d’Hiver (1939-1940) avec l’aide de la Gde Bretagne, de la Belgique et de la France, une ligne de défense de 135 kms « la Ligne Mannerheim » entre le Golfe de Finlande et le lac Lagoda.
Mais en septembre 1944, les Russes arrivent à percer cette ligne pourtant réputée imprenable, et lors de la signature d’un cessez-le-feu, Vyborg et l’isthme de Carélie retournent en Russie.
Le château haut perché, fut reconstruit et agrandit plusieurs fois, il possède aujourd’hui une tour puissante de 48 mètres, qui de son sommet offre une vue panoramique sur la cité. Sérieusement abimé en 1856 par son embrasement provoqué par un feu d’artifice, à l’occasion de l’ouverture du canal de Saimaa, il sera restauré entre 1891 et 1898, tel quel qu’on peut le voir aujourd’hui. Sous la période russe, il servit de prison d’état.
Visite libre
……. alors
que j'espérais une visite guidée dans une petite ville remplie de superbes
monuments aux dômes rouges, verts ou dorés, nous ne découvrons finalement
qu'une ville pas très animée, négligée et assez délabrée malgré quelques
anciens et superbes monuments architecturaux des 14ème au 17ème
siècle, d’influence scandinave et non russe… d’où l’absence de mes coupoles …
Un bus affrété par l'agence nous mène en quelques minutes,
au cœur de la vieille ville, sur une très grande place pavée grossièrement.
Première impression : l’ensemble est joli, vaste mais désert. Devant nous
un beau monument : l’Hôtel Victoria, face à lui
« le marché couvert » construit en 1905,
dans le style Art Nouveau russe, dans ses murs : des étals de boucheries,
de bonbons, de souvenirs russes, beaucoup de matériel de pêche.
J’entends
mon mari derrière moi qui parle, qui parle, mais avec qui donc ?
comprendrait-il soudainement le russe ?
il essaie tant bien que mal de repousser
un vendeur de cigarettes (un étranger est peut-être un pigeon, mais là
bonhomme t’es mal tombé, car mon homme n’est pas breton pour rien ! ) mais
lui aussi apparemment car impossible de s’en défaire de tout le marché, que
j’ai alors fait
rapidement, trop rapidement !
Déjà qu'on avait bien du mal avec les noms finlandais, mais là avec les rues écrites en russe, c'est pire que du chinois !..... Il ne reste que deux heures avant le RV au bateau, aussi nous ne prenons pas le risque de trop nous éloigner, de toute façon pas de regret, au delà c’est la ville nouvelle, nous louperons la statue de Lénine, (peu importe ! nous avons un stock de photos de statues de cet homme, prises au parc Grûto en Lithuanie)
Sur cette
même grande place pavée, une sympathique tour ronde et basse : « Kruglaya
bashnya » construite en 1550, la seule tour de guet restante du mur de
la forteresse, blanchie à la chaux elle est
transformée en restaurant chic, la
tenue des garçons invitant les passants à entrer nous le laisse supposer
la Tour de l’horloge maintenant abandonnée et en
ruine avait été construite en 1494, comme clocher de la cathédrale détruite en
1940 pendant la guerre d’hiver (Russie-Finlande)
Un parc
longe la rue Pionerskaya, je vous épargne le nom en russe, d’ailleurs je ne
trouverais pas les caractères nécessaires !... au fond, cachée dans les
arbres voici la cathédrale luthérienne St Pierre et St Paul,
Dans la rue Krepostnaya, l’ex rue de la Forteresse :
l’ancienne résidence du gouverneur de Vyborg (1891) accueille
actuellement l’Administration de la ville et du district, mais à seulement quelques
mètres, un bâtiment qui fut certainement superbe, mais aujourd’hui serait
plutôt un danger public, délabrée ai-je dis, jugez-vous-même l’état de
ce bâtiment et de cette cour intérieure !
Nous voici
revenus à proximité du port, le bâtiment rouge est le vieil hôtel de ville du 17ème siècle,
devenu le musée de la ville, devant lui la statue du
Suèdois Tyrgils Knutsson, le fondateur de la ville.
Il reste un peu de temps, sans risquer de m’égarer, j’emprunte le pont qui offre de superbes vues sur le château et son îlot. Sur celui-ci, qui pourrait s’appeler le « pont des amours » des cadenas, parfois en forme de cœur, avec des noms ou initiales écrits brillent dans le soleil.
16h30.
Douane, tampon, adieu Russie…. Madame reprend sa page et coche, ouf ! on
est bien là, elle avait peut-être eu quelques petites inquiétudes à notre
sujet, va savoir…. étant certainement les seuls à avoir fait du tourisme, les
autres voyageurs se sont contentés du marché, du restaurant de la place ou de
la terrasse du bistrot du port…
C’est
reparti pour près de 6 heures de navigation.
Il fait bien chaud ….. on remonte
le canal, franchit les écluses, le chanteur rechante, une partie de bingo est
organisée. A la boutique j’achète chocolat, quelques souvenirs, cartes postales
et timbres russes, mais pour nous le spectacle viendra surtout de la douzaine
de finlandais qui se tiendront à nos cotés, en majorité des femmes.
Loin de nous de vouloir critiquer, mais c’est une constatation, des quantités impressionnantes de cette boisson à base de gin ont été avalées, pire qu’à l’aller ! il ne se passait certainement pas plus de 20 minutes entre deux chopes d’un litre… mieux encore, le bateau proposant une boutique « hors taxes » il était facile de s’approvisionner sans limite d’alcool et de cigarettes, nous avons vu quelques petites bouteilles de cognac descendre dans les gosiers, vidées elles finissaient dans le fond du sac à main… Voulant profiter du soleil, nous profiterons aussi, bien malgré nous, des volutes de fumée…. espérons que ces gens sont venus et repartiront en car.
L’heure
tourne, notre accompagnatrice vient voir si tout s’est bien passé, elle nous montre
le tracé de l’ancien canal, ainsi que les usines de pâtes à papier qui font la
renommée de Lappeenranta. Un autre coucher de soleil à mettre à mon actif,
celui-ci sera pris depuis le bateau quelques minutes avant l’arrivée.
Merci Madame
l’accompagnatrice dont nous avons oublié de demander le prénom…. (pas de badge,
dommage !) et pas même pris en photo en souvenir, on en avait pourtant le
temps et l’occasion, ce n’est pas bien ça !
Port de Lappeenrata, re-contrôle de passeports, dès fois que des clandestins se seraient cachés dans le bateau….
22 heures, nous retrouvons Tyrol bien sage dans le véhicule, je lui fais faire sa promenade, puis dîner rapide et au lit…