Mercredi
6 Juillet.
Quelques lignes d’histoire. Il y a 6000 ans, les hommes y
vivaient de la chasse (cerf, ours, renne, castor) et de la pêche (poisson,
phoque et baleine). C’est au XIIème siècle que les Lofoten connurent un essor
important
avec le commerce de la morue
séchée qui se vendait dans toute l’Europe. La pêche prit un très grand essor à
partir de 1860, lorsque d’immenses bancs de harengs vinrent l’hiver dans les
eaux chaudes du Gulf Stream.
La pêche de la morue constitue encore aujourd’hui l'activité principale des îles, chaque hiver 3000 pêcheurs viennent de tout le nord de la Norvège, mais dans les années 1945, la « grande époque » c’était 20000 pêcheurs qui participaient, entre février et Avril, à cette flamboyante campagne, ils ramenaient 40 à 50 mille tonnes de poissons. (Point N° 18 carte itinéraire)
Le cabillaud arctique sera ensuite salé et séché à l'air libre, séché à destination de l’Italie, salé du Portugal.
Puis il a fallu réglementer
fortement la pêche afin de laisser le poisson se reproduire, les rorbuer furent
inhabités, voir détruits par l’homme ou les tempêtes. En 1960 il fut décidé
d’en louer quelques uns, parmi les mieux conservés, aux citadins. Le tourisme
prenant de l’ampleur, certains propriétaires se sont décidés à restaurer et
moderniser leurs cabanes, les isolant contre le froid et y installant douches,
toilettes, eau courante.
D’où vient ce nom de « rorbu » ? (au
pluriel rorbuer) BU signifie petite maison ou l’on vit, avec éventuellement
une
cabane à outils, ROR, veut dire ramer. Depuis des siècles, les pêcheurs
utilisaient des bateaux à rames, les bateaux munis de moteurs ne firent leur
apparition qu’au début du 20ème siècle.
L’histoire dit que c’est le roi roi Øystein, au début du 11ème siècle qui décida de faire construire ces cabanes de pêcheurs pour loger tous ces hommes qui venaient dans les Lofoten et « ramaient à la pêche ». Ces cabanes avec accès direct à la mer permettent un déchargement aisé des poissons.
On compte aujourd’hui environ 400 rorbuer dans les Lofoten, mais une centaine sont de construction récente et n’ont jamais été utilisées pour la campagne de pêche. Ce développement touristique a préservé l’environnement et la beauté des sites.
Un petit peu de géographie ! Lofoten est un vieil archipel montagneux de 1227 km², une véritable barrière naturelle qui s’étend sur plus de 165 kms, ses roches de 3,5 milliards d’années comptent parmi les plus vieilles de la planète. Il est fait de pics enneigés, de plages, de prairies, de roches, de baies abritées, bien au-delà du cercle polaire, le point culminant en est le Higravstinden (1146 m). Cet archipel composé de plusieurs grandes îles (Austvågøy, Gimsøy, Vestvågøy, Flakstadøy, Moskenesøy, Værøy et Røst) est séparé de la côte par un gigantesque fjord : le Vestfjord.
La E10, appelée aussi « route Olav V » reliant Fiskebøl à Å couvre 170 kms, elle fut inaugurée par ce roi de Norvège en 1963 et relie depuis 1992 les Lofoten à la Suède, grâce à de nombreux ponts et tunnels.
Retour
brutal à la civilisation…. nous ne sommes plus dans la toundra suédoise, ni
dans l’immensité finlandaise, mais en Norvège, dans les Lofoten, un lieu
hautement touristique, c’est une invasion….. le mot n’est pas trop fort, de CC,
certains sont immenses, tels ces Carthago, ces Condorde ou ces Bishmann
flirtant avec les 10 mètres, la circulation deviendra
beaucoup plus difficile, notamment lors des croisements dans ces routes
étroites, sinueuses, je commence même à me demander si nous arriverons à nous
stationner lorsque nous voudrons visiter un village, mais finalement tout se
passera bien.
Les tunnels, l’horreur !.... ils sont limite en largeur, longs (près de 2000m) très faiblement éclairés, peu aérés et bien souvent sans accotement, notre appréhension : y rencontrer des cyclistes, lorsque ceux-ci ne peuvent les éviter.
C’est dans
un de ces sympathiques tunnels qu’en croisant un autre CC nous entendrons un
énorme
qui me fait sursauter, quoi ? que s’est-il passé ? on n’a
rien cassé, on roule toujours !…. dans notre rétroviseur tout a l’air
calme Au bout de quelques secondes, mon chauffeur s’aperçoit qu’une bonne
moitié de l’enrobage du rétro a volé en éclats, sans que celui-ci n’ait plié
…..
On réfléchit
hé oui !
ça nous arrive !….. et Sherlock Holmes parvient à cette conclusion … c’est
probablement un caillou qui a été projeté des roues du véhicule précédent, il y
avait une zone de travaux quelques minutes auparavant. Merci à vous Monsieur de
n’avoir pas visé le pare-brise !... quant à nos morceaux de plastique,
dieu seul sait où ils ont atterris !
L’arrêt
photo n’est pas possible, mais quelques parkings nous permettront
d’immortaliser ces magnifiques et grandioses paysages, ces villages typiques de
pêcheurs aux rorbuer sur pilotis, d’autant que le ciel est dégagé, bleu de
bleu…. on commence à y croire, ce soir sera le bon…. mais une petite voix me
dit : « doucement, calmes toi, tu as vu la nuit
dernière !
tu sais bien que même à la dernière minute, un ruban nuageux peut venir tout
compromettre » Embêtante cette petite voix, mais tellement réaliste !
Les villes et les ports se nichent en rangs serrés tout le long de ce rivage fortement découpé : Solvaer, Kapervåg, le pont de Gimsøystraumen, Borg. Nous passons devant le musée viking, reconstitution grandeur nature de la demeure du chef et du vaisseau viking Lofotr, certainement un chouette lieu d’amusement pour les enfants. Peu après Leknès, la route fait place à un tunnel sous la mer, le Nappstraumen qui relie les îles de Vestvågøya et Flakstadøya, long de 1800 mètres, il s’enfonce de 8 %, sans accotement et là encore mal éclairé, situation cauchemardesque pour les cyclistes ai-je lu sur quelques récits.
Un
petit tour du coté Ouest ! voici Ramberg et son camping, tiens un
parking ! on note….. et que je te vire, et que je te tourne, la E10 est
repartie longer la cote Est.
Arrêt peu
après Hammnoy au pied d’un pont, à :Sakrisoy, le minuscule village paraît bien
triste, totalement obscurci par l’ombre de la montagne. Les séchoirs à poissons
sont pratiquement tous vides car la morue une fois séchée est stockée, à part
celui-ci, placé en évidence, pour le plus grand bonheur des touristes
photographes. Et que dire de cette carriole remplie à ras-bord de têtes de
morue, mis sous la pancarte « Fish for sale » certainement
intentionnellement, petit rigolo, va !
Ces têtes sont exportées au Nigéria, où
bouillies avec d’autres ingrédients, elles seraient un bon apport de protéines.
A coté, une boutique de poissons séchés, produits locaux, saumons fumés, aux épices, maquereaux, baleine en fines tranches…
Nous ne visitons pas ou peu à l’aller, ayant pour objectif de descendre jusqu’à Å et de remonter jusqu’à Eggum, Unstad ou Utakleiv, pour y tenter de voir le soleil de minuit, mais le nombre impressionnant de CC, le ralentissement dû aux croisements effectués avec prudence et les quelques ledebil, traduisez travaux ! nous stoppant parfois une quinzaine de minutes mettront en difficulté ce programme, normalement réalisable facilement.
Les
ledebil… ! Au beau milieu d’une route ou au détour d’un virage …. deux
jeunes hommes habillés de tenues fluo, si jeunes qu’on les suppose étudiants,
arrêtent les automobiles, disons plutôt qu’un arrête et que l’autre se repose….
Coté rouge, tu t’arrêtes, coté vert tu passes, c’est bien ça, non ! bon,
trêve de plaisanterie, on est immobilisés sur la route, les moteurs stoppés, et on attend....
bizarre, bizarre
de longues
minutes s’égrènent, puis enfin une voiture de service arrive, feux clignotants
allumés, elle escorte à la vitesse de l’escargot une interminable file de
voitures, s’arrête sur le bas coté et les automobiles passées, repart nous
entraînant dans son va et vient infernal.
Après
plusieurs virages, une route en montagne russe, probablement un pont ou un
tunnel …. et quelques coins de maisons à éviter, nous voici enfin arrivés à Å,
village bien connu des cruciverbistes, mais aussi dernier hameau habité de
l’archipel. (île de Moskenes)
Mais
pourquoi donc me suis-je inquiétée, un énooorme parking nous tend les bras,
quoique déjà bien rempli pour la nuit, gratuit et qui plus est, non interdit,
mais là n’est pas le sujet. Un chemin de quelques centaines de mètres, balisé,
nous mène au
cœur du village dont
l’ensemble des 31 maisons appartient au patrimoine national.
Les mouettes aux cris moqueurs ont accroché leurs nids à des fenêtres, je ne parierai pas de trop sur la stabilité de cette construction !
Deux musées différents, l’un sous forme d’écomusée fait découvrir la vie quotidienne d’un authentique port de pêche : fabrique d’huile de foie de morue, forge, boulangerie, cabane de pêcheurs, séchage du poisson, l’autre : « Lofoten Tørrfiskmuseum » le musée du poisson séché , expose et explique tout ce qui permet de préparer le stockfish, un reportage y avait été tourné par une équipe de Thalassa à la fin du siècle dernier… (Tant de temps que ça ?... hé oui c’était dans les années 1995… )
Après une promenade agréable au milieu de ce kaléidoscope de couleurs, massifs gris, végétation, maisons de bois rouge et eau bleue des fjords, nous rejoignons le véhicule, mais alors et les musées ? arrivés trop tard, ils sont fermés déjà depuis près de 90 minutes…
Nous quittons ce parking trop goudronné, trop grand, trop plein, trop à l’Est… et reprenons la route en sens inverse. Il n’y a pas une parcelle, pas un coin de terre qui ne soit pas « envahi » par ces dormeurs sur roues, je sens que ça ne sera pas facile ce soir…….
Moskenes…. De là un ferry part
plusieurs fois par jour pour Bodo qu’il relie en moins de 4 heures, notre
souhait initial était de descendre et visiter l’archipel sur les deux jours,
puis de prendre ce bateau le matin du 8 pour rejoindre le Saltstraumen. Malgré
plusieurs tentatives de réservation depuis notre domicile, la carte de crédit
ne passa pas…..
aucune réponse ne sera faite
à mes mails, nous partîmes donc sans….. réservation, espérant avoir tout de
même un bateau, mais…..
….mais quand, dès Solvær j’ai vu le nombre de véhicules circulant dans l’archipel, j’ai crains, la barrière de la langue n’arrangeant rien, qu’on n’arrive jamais à obtenir un billet pour cette traversée, si tous avait déjà leur sésame en poche ! De plus, le prix était très dissuasif (5,99m = 586K) (6,20m, le nôtre = 1400K) + 183K pour un adulte + une taxe de réservation pendant l’été de 100 K ou 350 K selon la longueur, (ce qui pouvait monter respectivement à environ 150€ ou….. 265 € si l’on a affaire à un employé zélé)
Nous ne prîmes pas le risque de rester indéfiniment sur les quais de Moskenes, préférant s’imprégner de la beauté de ces îles en les parcourant aller-retour, sous le soleil….revenir par Narvik et rejoindre Saltstraumen pour 17 h, heure de la marée du 8.
Après un arrêt photos à Tind , nous arrivons à Reine, un petit parking panoramique permet d’en apprécier toute sa beauté.
Reine hameau de 650 habitants.
Joyau des Lofoten, le site est grandiose, ce minuscule village est bâti au pied
de montagnes sculptées par les glaciers de l’ère tertiaire, quelques neiges
éternelles, les rorbuer aux couleurs étincelantes se mirant dans les eaux
turquoise du Kikefjord donnent un charme indéfinissable à ce village, élu le
plus beau paysage de Norvège.
Nous
voici de retour à
Ramberg, réputée pour sa belle plage
de sable blanc, il est 20h30, il est bien évident que nous n’avons pas le temps
de visiter Nusfjord et Ballstad avant de rejoindre Eggum, aussi nous tentons de
nous pauser dans ce village de la cote Ouest, le parking pique-nique étant un
lieu idéal. Venant en contre-sens, nous y pénétrons par la sortie…. et nous
installons face à l’Océan, au pied des rochers.
Le lendemain
matin, en allant vider ma poubelle je vois un panneau à l’entrée, il y est
inscrit en anglais « Ne considérez pas cette aire comme un camping.
Après une courte pause, nous vous souhaitons une bonne journée »……A peine 200 mètres plus
loin, il y avait le camping ! quelle belle tolérance, car nous étions une
douzaine de CC à y avoir passé la nuit (en majorité des français ! pas de
commentaires je vous prie
….) sans compter les nombreux polonais
qui ont dormi dans leurs voitures, les tentes montées à la hâte sitôt les 12
coups de minuit sonnés, et ce garçon enveloppé dans un duvet, couché sur un
rocher…..
Sacrée
ambiance ! A minuit il fait très bon, nettement meilleur qu’à 19 heures où
le vent nous cinglait, il fait presque grand jour, j’
engueule, pardon !
je sermonne…. ma petite voix qui m’a fait douter, car il n’y a pas un nuage,
ou si peu….. (voir page bivouac)
Magique, somptueux, féérique, fantastique….. je ne trouve plus mes mots…. on est au bon moment, au bon endroit …. Alors que je croyais nos voisins endormis, à minuit, tous ces touristes surgissent des véhicules, contemplent, immortalisent le spectacle.
Quoique celui-ci soit unique, moi qui adore le flamboiement, l’embrasement du ciel lorsque l’astre s’approche, descend et se cache derrière l’horizon, je suis un peu frustrée, le soleil restant bien au-dessus de cette ligne, les couleurs sont beaucoup moins rougeoyantes, mais trop heureuse de l’avoir vu si resplendissant, je ne vais pas bouder mon plaisir, ni faire la difficile..
Jeudi 7
Juillet.
Grand soleil, mais températures fraîches au lever (15°) nous rappelant qu’on
est tout de même 300 kms au-dessus du Cercle Polaire. L’eau ne doit pas être
chaude,
mais rien n’empêchera cette jeunesse polonaise de prendre non pas un bain de
minuit, mais un bain matinal et revigorant en guise de toilette.
A quelques kilomètres de Ramberg, au terminus d’une route montagneuse de 6 kms, voici :
Nusfjord Quelques rorbuer se serrent
les uns contre les autres autour du port en forme de fer à cheval, formé par un
étroit bras de mer, au pied de hautes montagnes. Dans le fjord, des élevages à
saumon.
Deux parkings, le premier est réservé aux bus, le second accessible après un petit raidillon peut accueillir une douzaine de CC où il semblerait possible de passer la nuit.
Les 50 bâtiments d’origine, fin du 19ème et début du 20ème et le site du vieux Nusfjord, village de pêcheurs le mieux conservé de Norvège, ont été classés en 1975 sous la Protection Culturelle de l’Unesco. Village toujours actif, de gros tonnages de poisson continuent à y être débarqués pendant la saison hivernale. Les cabanes de pêcheurs sont là aussi louées aux estivants.
Entre
1906 et 1910 Nusfjord comptait plus de 1000 pêcheurs, mais le record fut
l’année 1908, où il en fut enregistré 1538, répartis sur 362
bateaux. Cette intense activité en entraînait beaucoup de secondaires, telle
que la présence de 47 navires de commerce. Les 103 cabanes de cette époque
étaient surpeuplées et certains pêcheurs devaient dormir avec les cochons…
Plusieurs internautes le disent !… le site internet du village le dit !… Nusfjord pour préserver et développer son village dans l’avenir a créé un droit d’entrée : 50 NOK. Ce péage donne le droit de visiter les très anciens bâtiments, tels que salle de séchage, stock de poissons, boulangerie, etc….. mais, nous ne verrons rien de tout ça, pas d’employé, pas de bureau, pas de barrière, quant aux bâtiments, ils sont bien évidemment fermés, à n’y rien comprendre…. 9h15 serait-il trop tôt ? mais personne non plus lors de notre retour une heure plus tard !
Ce
village préservé est certes magnifique, mais sans doute victime de son succès,
plusieurs des rorbuer ceinturant le port sont loués.
C’est gênant aussi bien pour nous qui, en nous baladant sur les planches étroites, avons presque le nez aux fenêtres des cabanons (sinon c’est direct à la baille !) que pour ces gens qui voient passer sous celles-ci un incessant va et vient de promeneurs, quand ce n’est pas plusieurs cars de touristes.
Chacun est dans son droit, c’est un village public avec en principe un droit d’entrée, et eux leurs locations payées espéraient probablement plus de tranquillité ….
Un petit
pari ? Qui croyez vous de l’ouïe ou de
l’odorat gagnera : le ricanement incessant des mouettes accrochées aux
anfractuosités
des rochers ou l’odeur de la morue mise à sécher devant les rorbuer ? Ici
et là quelques têtes sont accrochés aux poteaux de bois.
Nous finissons notre visite par le magasin général, celui-ci construit en 1907 a conservé son mobilier d’origine, avec étagères, placards, tiroirs. C’est à la fois, magasin de souvenirs, équipement pour la pêche, épicerie, boulangerie, bureau de poste, vente de timbres.
J’y fais quelques emplettes : pain, poisson séché, cartes postales, timbres postes, j’y trouve même un peson pour valises, c’est peu dire ! le timbre coûte 12 NOK, soit environ 1,50€ ou + selon le cours obtenu ….waouah … quant à la carte postale, je la trouverais à 9 NOK. A ce tarif j’espère que mon courrier arrivera bien à destination.
La valeur de l’euro en Norvège. Prévoyants, ayant eu par le passé moults tracas du coté retraits en tous genres, vieux baroudeurs tout de même ! j’avais au préalable changé 70€ auprès de ma Banque, c’est certain, j’ai dû payer quelques frais, mais un dicton ne dit-il pas « vaut mieux tenir que courir » Et nous n’aurons pas couru… cette somme nous a amplement suffi pour les 6 jours passés en Norvège, car tout, absolument tout se règle en carte de crédit. Le gas oil que nous trouvions à ± 14 NOK le litre, réglé avec celle ci nous sera débité ± 1,76€.
30
kms plus loin
Ballstad (île de Vestvågøy). Un des plus grands ports de
pêche des Lofoten, cette petite ville de 1100 habitants est plutôt le domaine
des chalutiers et des hangars de chantier naval, elle abrite également une
fabrique d’huile de foie de morue. Sur un des murs d’un hangar, on aperçoit la
plus grande peinture murale du monde.
Un peu avant Gravdal, sur le bord de la 818, perchée sur une butte une haute église de bois attire notre attention : c’est :
l’église de Buksnes construite en 1905 en
remplacement de la précédente frappée en 1902 par la foudre et réduite en
cendres, à l'évidence le clergé était déterminé à consacrer dans l’urgence un nouveau lieu
de culte. Le vicaire de la paroisse avait des idées d’architectures bien
arrêtées, après avoir fait influence de son autorité, il obtint le droit de
bâtir une église de forme innovante et moderne, de style « dragon » la
faisant ainsi se distinguer des autres églises des îles Lofoten.
Bâtie sur un terrain instable, son ossature pose problème, elle bénéficiera de rénovation en 1960, puis de nouveau en 1997. Dommage qu’elle ne soit pas ouverte…
Retour à droite par la 815, cette route méconnue, peu fréquentée mais qui longe le littoral de près est superbe, étroite et sinueuse, que demander de mieux pour y faire la pause déjeuner !
Henningsvær. Les quelques kilomètres de
la 816 qui y mènent, sont à mon avis, les plus beaux de cet archipel, mais
aussi les plus fréquentés. Très peu ! trop peu.. de possibilités
d’arrêts, de toute façon occupés….pour un certain temps, vu le déballage….
Cette route serpente parmi les roches, longe une mer émeraude, des plages de sable blanc fréquentées par de nombreux baigneurs, escalade une multitude de ponts.
Au bout,
relié depuis 1983 par un énième pont : Henningsvær, ce village de 500
habitants, surnommé « la Venise des Lofoten » a été construit sur
un groupe d’îles, entourées par les eaux du fjord Vestfjord au pied du mont
Vågakaillen.
Quelques lignes d’histoire. Milieu des années 1800, Henningsvær est considéré comme le port de pêche le plus important des Lofoten. En 1842, un certain Dreyer achète le village avec ses maisons, ses rorbuer, ses casiers à poissons… il le développera en y créant une infirmerie, installa un médecin, construisit une chapelle et un phare, puis fit venir la première ligne télégraphique.
A
sa mort en 1882, le comté de Nordland en deviendra propriétaire. S’en suivra,
avec le déclin de la pêche, une période de maigres années, l’économie
s’appauvrit, mais en 1920, la morue abonde, Henningsvær revit et s’enrichit,
des nouvelles entreprises voient le jour. 1922 verra l’arrivée de l’électricité,
quand à l’approvisionnement en eau potable venue du continent, ça sera quelques
années plus tard.
Une grande aire de stationnement à l’entrée, où il fût plus facile d’y entrer que d’en sortir, un véhicule s’étant installé sur l’unique voie de dégagement…. Solution idéale pour trouver à se stationner quand un parking est plein…..
Une balade sur la promenade en bois qui longe le port nous fait voir cet aspect de la vie de celui-ci : chalutiers, culture de la morue séchée, maisons rouges de pêcheurs sur pilotis. Ce village regroupe une collection de peintures, une exposition de photo des Lofoten prise vers 1900, un atelier de production de verre, et une fabrique artisanale de bougies.
Kabelvâg. En 1120 Le roi Øystein fit
construire la première église de Vagan pour accueillir les très nombreux
pêcheurs.
A la fin des années 1890, 3000 à 4000 pêcheurs venaient passer l’hiver dans ce port de pêche alors très important, ils venaient fréquemment dans cette église de bois et avaient même priorité sur les fidèles de la cité. Celle d’aujourd’hui, grand bâtiment à fière allure qui prône le paysage, fut construite en 1898, surnommée la « cathédrale des Lofoten » de par sa grande taille, elle peut contenir 1200 personnes.
En même temps que nous, arrive une cinquantaine de touristes finlandais, probablement un voyage organisé, aille ! aille ! on va se trouver ensemble à l’intérieur, pas très commode pour les photos, mais tout comme moi, ils sont surpris… une fois la porte d’entrée poussée, il faut s’acquitter d’un droit (30 Kouronnes) Ils repartiront, probablement étonnés par cette pratique, n’ayant pas l’habitude de raquer pour visiter une église.
L’autel présente trois motifs de Gethsémani, le plus grand au milieu représente Jésus agenouillé en train de prier et un ange venu pour lui donner communion. L’orgue a été construit à Oslo en 1898. Superbes fonds baptismaux.
Nous quittons les Lofoten, à regret,
il a fait si beau ! prenons la E6 qui nous mènera demain du coté de Bodo
et trouvons à nous pauser quelques kilomètres après Narvik, à Ginnasluoka sur
un parking en contrebas. Sur celui-ci une stèle commémorative : une plaque
de marbre et un monument de granit en souvenir des français, britanniques et
autres alliés qui périrent
lors de la bataille de Narvik.
Celle ci fut
la première victoire que les Alliés remportèrent contre les Allemands en 1940.
Et pourquoi cette bataille navale ? A cause du fer que les Allemands
faisaient transiter par ce seul port praticable en hiver, en provenance des
mines de Kiruna, les glaces ne l’obstruant pas. Il leur était alors impératif
de sécuriser cette ligne d’approvisionnement, pour les Alliés, il fallait la
couper…
Le lieu est là encore idyllique, l’Ofotfjord enjambé par l’élégant pont Skjombrun avec les sommets enneigés en toile de fond. Nous sommes six ou sept CC. (voir page bivouac)
Le soleil commence à teinter le paysage, malgré la présence de quelques nuages effilochés, il est au rendez-vous.
Je prends une
première photo à 22 heures, je le surveille, le regarde descendre, continuer sa
course vers l’Ouest, mais ce n’est pas possible, il va se planquer derrière la
montagne !.... j’ai peur qu’il ne m’échappe et je prendrais la dernière photo à
23h50…. Pour cette fois, ça ne sera pas le soleil de minuit, mais celui de
minuit moins 10…
Demain, nous continuerons la descente de la E6 vers Bodo et le Salstraumen, courant de marée unique au monde.