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ZalIbou         Mercredi 13 Mars.

     Tous les matins au petit déjeuner, nous trouvons une bouteille de Bissap sur notre table. Le Bissap est une boisson sucrée à base de fleurs d’hibiscus, très aimée par les Africains, d’un petit goût acidulé avec un parfum de fruit rouge, ça se laisse boire ….

     La voiture de Ibou n’a pu être réparée à temps, ça sera donc avec Zal que nous continuerons le voyage.

                      Au-revoir Ibou  nous n’avons eu malheureusement pas eu le temps de t’apprécier. En souvenir, juste une photo lorsque Lundi matin tu chargeas les valises sur le toit de ton minuscule véhicule. Par contre, grand murmure de satisfaction, celui de Zal est beaucoup plus spacieux et confortable, un Ford Transit de 12 places.

     Bonjour Zal    

     Zal est un homme de 43 ans, marié et père de… quatre enfants.

     7 heures. Nous remontons vers le Nord en direction de Djourbel, en empruntant une piste très rouge. Arrêt au milieu d’une forêt de palmiers rôniers.

Le rônier est un palmier pouvant atteindre 30m de haut et posséder plusieurs troncs. Les feuilles en éventail servent à faire des paniers, des chapeaux, du papier, les racines : des nasses, des balais, des cordages, le bois, noir, dur, solide et imputrescible sert dans la construction des charpentes. Egalement utilisé dans l’alimentaire, les jeunes plants sont cuisinés comme légumes, les fruits consommés crus ou cuits.

 

Au milieu des palmiers rôniers   Au milieu des palmiers rôniers

Les taxis-motos


     Les petites villes très matinales sont déjà bien animées, adolescents se rendant au collège, ouvriers à leur travail.

Envol de pélicans     A Samba Dia, Douga s’approvisionne en bouteilles d’eau, Zal nous montre les motos stationnées, ce sont des « motos-taxis » moyen de transport certainement beaucoup utilisé, peu doivent pouvoir posséder leur  propre véhicule, encore moins se procurer le précieux carburant qui est, vu le salaire moyen d’un sénégalais (100 euros mensuel) d’un coût prohibitif, essence : 1,35€, gas oil : 1,20€…

        Un peu plus loin, un envol de pélicans ou de spatules, puis ce sont des sacs de sel à vendre sur le bord de la route.

        10 Heures. Diouroup, un peu avant Fatick. Un sacré marché ! en milieu rural les marchés sont hebdomadaires, chaque petite ville a le sien, ce qui fait que nous en traverserons plusieurs. 

        Les femmes y achètent des légumes, vendent leurs productions, on peut y voir toutes les marchandises possibles et inimaginables, allant de la bassine plastique en passant par les chèvres, poulets, riz, coton, stands d’épices qui titillent nos narines, vannerie, poterie, une débauche de couleurs, une débauche d’odeurs.  

 

Marché de Diouroup   Marché de Diouroup   Marché de Diouroup

Marché de Diouroup   Marché de Diouroup

  Marché de Diouroup   Marché de Diouroup   Marché de Diouroup   

        Nous déambulons à la queue-leu-leu parmi cette immense foule colorée, tentant de se frayer un chemin entre les étals des vendeurs, lorsque le drame survient : Jean-Claude pris de convulsions et de tremblements s’écroule, il perd assez rapidement connaissance, Jean-Pierre et Jean-Luc le soutiendront, lui poseront la tête sur les genoux, Myriam, d’un sang-froid exemplaire, lui passe de l’eau sur la figure, rapidement la foule s’agglutine autour de ces « toubabs » Sincèrement attristés par ce qui arrive, les gens nous demandent ce qui se passe, hélas, nous n’en savons rien ! selon Monique sa femme, il n’a jamais eu ce genre de malaise.

       Une fois Jean-Claude allongé dans le véhicule, Zal prend la direction de l’hôpital de Fatick, à 15 kms de là, un homme à qui on demande l’adresse, spontanément, monte avec nous pour nous indiquer le chemin, je dois dire qu’à ce moment là, personne n’en mène large ….

        Petit à petit, Jean-Claude reprend ses esprits, arrivé à cet hôpital, il est pris en charge dans la minute !......Là on prend conscience du manque de moyens dans ce pays, il faut aller à la pharmacie acheter un cathéter et un perfuseur que Monique réglera. Jean-Claude est mis sous perfusion. Le médecin urgentiste vient à notre rencontre nous donner de ses nouvelles, la crise est passée, il va bien !.... mais il veut le garder un peu en observation. Une prise de sang est effectuée, il faut aller la régler au laboratoire une rue plus loin, Myriam accompagnera Monique partout lors de toutes ces démarches aussi bien du coté santé que du coté « assurances »

        Bravo Myriam, félicitations pour tout ce que tu as fais.

         Le médecin ne voulant pas trop se prononcer, Douga lance la procédure « rapatriement » vu les lieux où l’on doit poursuivre le voyage (brousse et désert) plus la chaleur, il ne veut pas prendre de risques.

        Plus de trois heures ont ainsi passé, c’est avec le cœur gros que nous leur disons au-revoir, Jean-Claude est désolé pour le désagrément qu’il nous a causé

       « Pas grave Un village de brousseJean-Claude, le principal c’est que tu ailles bien !  »

       Nous les laissons dans cet hôpital, non sans avoir pris le soin d’échanger nos coordonnées, mais Douga nous rassure, un véhicule de l’assistance va venir sous Un village de broussepeu les chercher, et il est probable qu’ils reprendront l’avion dès ce soir.


        Et nous reprenons la route !.... Douga s’inquiète de savoir si nous avons faim.

        La réponse est unanime : « Aucune importance, on se passera bien de déjeuner ! » on est bien conscients qu’il va falloir d’une manière ou d’une autre rattraper ce retard.

        Soucieux de notre bien être et conscients qu’on doit tout de même être sinon affamés, du moins assoiffés, « il faut boire, il faut boire ! » sera son leitmotiv durant tout le voyage…. il achète en tendant le bras hors du véhicule, les petits marchands courent vers lui !….oranges et bananes, de quoi, nous dit-il « calmer nos estomacs en attendant le restaurant » que nous n’atteindrons que dans trois bonnes heures, forcément !…

     La route d’ici Touba est jalonnée de villages regroupés en concession, faits de huttes en bambous, certains clôturés par une palissade.

     Zal double de drôles de transports en commun : les « taxis-brousse »

 

Un taxi-brousse  Un taxi-brousse  Un taxi-brousse

 

        Au loin des femmes battent le millet, Douga nous demande de préparer quelques cadeaux (stylos, bonbons) Souriantes et disponibles, elles nous invitent à partager cet instant, cette parcelle de leur train-train quotidien.

       Elle pileront à plusieurs reprises les épis mis dans un mortier de bois, jusqu'à l'obtention de grains très fins qui serviront de semoule pour le couscous. Ce travail est certainement dur pour ces femmes, le pilon n'ayant pas l'air d'être léger. Quant au bébé, il profite là d'un bercement régulier et saccadé !...



Arrivée sur Touba



     Nous arrivons en vue de Touba, ville sainte où l’alcool et le tabac y sont prohibés, où il faut avoir une tenue décente et ne pas se laisser aller à des marques d’affection osés ! La mosquée est visible à plusieurs kilomètres. Zal nous faire prendre conscience de ses dimensions en en faisant le tour.
           Pour les Sénégalais, le pèlerinage à Touba équivaut à celui de la Mecque. (carte itinéraire N°
4)

 

 

 


 

     Cette énorme construction entièrement recouverte de marbre est liée à l’histoire du « Mouridisme »

 

     Le « mouridisme » est l’ensemble des doctrines culturelles, morales et religieuses de la communauté mourdie. La tradition mourdie est grandement marquée par la culture africaine et plus précisément wolof, le terme mourdie signifie « la volonté » et «  celui qui veut » sous entendu en quête de l’agrément de Dieu. Mouride en wolof veut dire aspirant, postulant.

 

     « Travaille comme si tu ne devais jamais mourir. Prie Dieu comme si tu devais mourir demain » une doctrine chère aux mourides.

 

Portrait d'Ahmadou Bamba     La confrérie des Mourides, particulièrement présente au Sénégal, fut fondée au début du 20ème siècle par le cheikh Ahmadou Bamba, elle joue un rôle économique et politique important. Le président Abdoulaye Wade élu en 2000 est le premier président mouride du pays.

     Par l’enseignement coranique aux enfants, elle assure logement, nourriture et apprentissage intellectuel, A une période où la colonisation avait grandement perturbé l’équilibre social, Ahmadou Bamba prôna l’orthodoxie envers les enseignements du Coran et de la tradition du prophète Mahomet, la valorisation de la science et du travail. La théologie des mourides est inspirée de Dieu, de l’islam authentique.

     Aujourd’hui l’actuel calife, né est 1923 est le Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké.

 

     Vous voulez tout connaître… sur cette mosquée, son fondateur, le mouridisme, les califes, les pratiques de la prière, etc !…. je ne peux que vous conseiller de visiter le site officiel, quant La mosquéeà moi je vous en fais un résumé en quelques lignes.       http://www.mosqueetouba.org/

 

     Les origines de Touba : Cheikh Ahmadou Bamba venait souvent dans une forêt, il y découvrit un endroit où seuls les lions et autres bêtes venaient se désaltérer. Après une retraite spirituelle il indiqua qu’il fallait y construire une cité et une mosquée pour l’adoration d’Allah, des piquets furent plantés pour marquer le terrain de la future mosquée, et des cases construites. L’endroit fut baptisé « Touba » nom synonyme de Félicité et Bonheur.

 

     Malgré l’opposition de l’administration coloniale qui chercha à contrecarrer le projet en lui imposant des conditions draconiennes, telles que la construction d’une ligne de chemin de fer de 50 Kms reliant Djourbel à Touba, mais c’était sans compter sur la détermination de Cheik Mouhamadou Moustapha et de ses mourdies, donc malgré ces obstacles la première pierre fut posée le 4 Mars 1932, et 31 ans plus tard : le 7 Juin 1963 la mosquée fut inaugurée devant plus de 70 000 personnes.

 

 

La mosquée      La mosquée

 

Un des quatre mausolées    

La mosquée     Sur l’esplanade : quatre mausolées recouverts d’un dôme vert ou violet, ceux des quatre califes, fils et petits fils d’Amadou Bamba qui s’y sont succédés de 1927 à 2010.

 

     Le troisième calife (Cheikh Abdoul Ahad Mbacké) fit transformer la route de Touba en véritable autoroute, il fit tracer des rues, certaines furent goudronnés, fit construire un lotissement, creuser de nombreux puits et forages, qui modernisés et dotés d’une énorme pompe alimenteront le château d’eau, cette eau sacrée servant aux nombreux pèlerins.

 

     La mosquée est pourvue de 4 minarets de 66 m de haut placés aux angles du bâtiment, ornés d’un croissant lunaire, ainsi que d’un 5ème de 87 m, le plus élevé de toute l’Afrique de l’Ouest, celui-ci porte le nom de « Lamp Fall » en hommage au cheikh Ibrahima Fall. 10 000 croyants peuvent y prier à l’unisson. Le Coran est lu dans la mosquée 28 fois chaque jour.

 

     Elle abrite le tombeau du fondateur de la confrérie mouridisme, Amadou Bamba disparu en 1927 après avoir été contraint, par les Français !.... à l’exil au Gabon pendant 33 ans, tombeau que les fidèles viennent toucher pour se purifier.

 

Superbes colonnes  Un des minarets   Plafond doré à la feuille

 

 

La salle de prière     L’intérieur est recouvert de tapis soyeux, les colonnes et plafonds richement colorés sont dorés à la feuille, sa   construction à demandé plus de 4800 tonnes de pierres, de sable et d’acier.


     Aujourd’hui elle est recouverte de marbre rose provenant du Portugal et de marbre clair provenant de Carrare (Italie) 6000 tonnes de marbre ont ainsi déjà été utilisés.


     Ses restaurations successives sont rendues possibles grâce à la générosité des mourides, le calife actuel a invité le 4 Mars 2013 ses disciples à s’acquitter d’une cotisation symbolique de 500 francs CFA comme contribution aux travaux d’agrandissements, il serait aussi question de porter le nombre de minarets à sept.

 

     Nous faisons connaissance du guide officiel qui nous fera visiter cette gigantesque mosquée.

 

     Le sol de l’esplanade recouvert de marbre est à cette heure brûlant, les chaussures étant proscrites sur ce territoire sacré, il nous faut donc absolument des chaussettes, pour dénicher ces trésors…. Sylvie fait descendre sa valise. Les gardiens de la mosquée enveloppent alors nos têtes et nos épaules de foulards, nous ficèlent avec des paréos par-dessus nos bermudas nous recouvrant ainsi de la tête aux pieds, les hommes eux se contentant d’enfiler un pantalon.

 

Nous ! vêtus de manière décente.     Nous, vêtues de manière décente !

 

     C’est ainsi affublées, ressemblant quelque peu aux  « Vamps » !..  que nous suivons ce guide, sous un franc soleil affichant une température probable de + de Une des entrées45 °

 

     Ses explications seront presque toutes données depuis l’esplanade,  il nous est interdit de pénétrer dans les mausolées ou dans la salle de prière, nous sommes des « impurs »  Pour que les visiteurs ne les abîment pas avec leurs pieds nus !..... les tapis soyeux ne sont mis en place que le Vendredi, jour de prière.

 

     C’est un euphémisme de dire qu’on a chaud, on est à la limite de l’ébullition !  on se croirait dans un hammam.

 

     Cette mosquée est un chef d’œuvre, une splendeur, la voir se mérite, je puis vous assurer qu’on l’a bien mérité !!!

 

            Adieu foulard… adieu paréo…. nous vous laissons et vous quittons sans pleurs et sans regrets !

 

          Nous reprenons notre progression vers le Nord, en direction de Lompoul à la rencontre des populations Peuls.

 

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