Cette page  en version imprimable

 

   *  Samedi 16 Mars.  Ce matin, sur Djoudj, un  gros nuage joue à  cache-cache avec le soleil,  le spectacle du lever est nettement moins lumineux, mais néanmoins joli …..Sur le fleuve, un pêcheur jette son filet, déjà !  

  Le soleil se lève sur Djoudj    De bonne heure, déjà un pêcheur

  

Prêt pour le départ  Départ dès 8 heures, car il faudra être au bord du lac Rose aux plus chaudes heures de la journée. 

  Une jeune femme, employée de l’hôtel nous accompagne jusqu'à Thiès, elle va passer quelques jours dans sa famille à l’occasion du décès d’un de ses proches.

   L’heure de faire demi-tour vers Dakar a sonné, revoilà les 60 kms de piste d’ici Saint-Louis, dans cette région de rizières et de champs d’oignons se cachent aussi des singes. Profitant de ce long intermède routier entre Djoud et Thiès,  Douga parle un peu de son pays : le Sénégal n’a que deux universités, une à Dakar et l’autre à Saint-Louis, les modalités du permis de conduire sont les mêmes que chez nous, mais le permis à point n’existe pas, nous leur achetons principalement des haricots-verts, des mangues, du phosphate. Quant aux vieux véhicules criant grâce, ils viennent pratiquement tous de chez nous, ils auront une seconde vie grâce au rafistolage des garagistes, mais récemment une loi a interdit au pays d’importer les automobiles de plus de 8 ans.

   Il profite aussi de ces kilomètres avalés pour surligner sur les cartes données le premier jour, l’itinéraire que nous avons fait, il y note également  son adresse. Surprenant ! toutes les adresses que nous obtiendrons ont une boîte postale, le métier de « facteur » n’existe donc pas au Sénégal, quant à son adresse mail, elle se termine par fr…… et non pas sn... comme on aurait pu le supposer, tout dépend de l’opérateur utilisé.

  A 11heures, petite pause, histoire de se dégourdir les jambes.

  A peine le pied posé hors du véhicule qu’un marchand ambulant revêtu d’un boubou noir, une quantité impressionnante de bracelets autour du poignet, vient nous proposer sa marchandise « 10 minutes seulement ! » a dit Douga, ça me paraît bien compromis quand je vois les filles choisir… pour sitôt changer d’avis … « Celui là est joli ! » « Oui mais celui là n’est pas mal non plus ! » « Et si je t’en prends trois, tu fais quel prix ?  »  …..avec une patience d’ange, le marchand qui n’a que ses bras pour tout étal, prend… fait voir… enlève… remet…. heureusement le serviable Zal aide au marchandage.

 

Quel dilemne de devoir choisir !   Zal au secours de Sylvie


Stand de poteries et de vannerie  

Jeune femme qui fait du crochetUne heure plus tard, nous stoppons de nouveau, cette fois ce sont devant des stands d’artisanat de vannerie et de poteries, beaucoup d’articles,  énormément de choix, allant du simple plateau à la sympathique petite cage à oiseaux, en passant par toutes sortes de corbeilles et paniers.
      Et  allons-y !... faisons nous plaisir …. après tout, les valises ne sont-elles pas élastiques ?  ….

Pour s’occuper et ne pas perdre son temps en attendant le client, une jeune femme fait du crochet, elle orne un boubou blanc.

Des gamins se bousculent à l’entrée du véhicule, nous distribuons quelques bonbons, en tentant d’en donner à la fillette en retrait par rapport aux garçons.

 

 

Les enfants s'accrochent au véhicule   Les enfants s'accrochent au véhicule

L'entrée du restaurant Rex


         

   Voici Thies, ville jumelée avec Caen.

   Nous déjeunerons à l’hôtel Rex, la salle du restaurant est jolie, aérée, fraiche, en son centre un énorme caoutchouc,

   Au menu :  le thiéboudiène (plat national) ce plat est réalisé avec un poisson : le thiof appelé plus communément mérou … (tiens ça me dit quelque chose ça ! dans le Saloum j’avais donc pêché ce poisson national, le plus renommé au Sénégal pour sa chair ferme et fine…) ce thiof est farci avec de l’ail, du persil, du piment, du citron vert, avec comme accompagnement du riz, des carottes, des oignons, du chou.

 

Le caoutchouc au centre de la salle    Au menu, le plat national


   Ce midi, cas rarissime !.. nous ne déjeunons qu’entre « touristes » Douga pas en forme.... est parti se reposer, quant à Zal, il ira mener la jeune femme à la gare routière, c’est qu’elle est loin d’être arrivée chez elle !.....

Superbes bougainvilliers   Le repas terminé, Douga donne le signal du départ,  nous avons encore au moins 90 mns de route avant d’arriver sur les berges du lac, donc pas de traîne ! Du coton

       Pauvre Zal !  confronté à des embouteillages au cours de son trajet supplémentaire à la gare… il a eu à peine le temps d’avaler deux bouchées de poisson, nous avons bien essayé de plaider en sa faveur en demandant de lui laisser quelques minutes, mais nenni !

   Une fois de plus, le portable de Douga  sonne, il nous apprend que Jean-Claude et Monique sont toujours sur Dakar, à la « Clinique de la Madeleine » semble-t-il, ça nous effraie, que s’est-t-il passé ? mais Douga nous rassure en  nous disant qu’ils vont sans doute rentrer sur Nantes avec nous demain soir, qu’on les retrouvera probablement à l’embarcadère de l’île de Gorée demain matin. On en déduit que l’état de Jean-Claude n’a pas dû être jugé assez grave pour justifier un rapatriement.

       Conseil, lorsque vous prenez cette assurance santé, demandez bien la différence entre « assistance » et « rapatriement » le cas de nos amis nous aura servi de leçon, on ne demande jamais assez de renseignements à l’achat du voyage.

   Il est un peu plus de 15 h, lorsqu’après quelques kilomètres de piste, bordée de superbes bougainvilliers et de champs de coton, nous arrivons au bord du lac Rebta, appelé plus couramment  « lac rose »  (point N° 11 carte itinéraire)




   Ce lac, situé à 35 kms au NE de Dakar, entouré de dunes, à quelques centaines de mètres de l’Océan Atlantique mesure 5 kms de long et 800 de large. Son eau est particulièrement salée (380g au litre) Il doit sa couleur à une cyanobactérie, algue microscopique qui secrète un pigment rouge pour résister au sel.  Plus il fait chaud, plus l’évaporation est forte, plus la concentration en sel augmente, et plus les algues augmentent leur sécrétion de pigment. La couleur rose est donc variable en fonction de la lumière, du vent et de la température.

   Depuis 1970, le sel y est exploité, mais cette surexploitation pourrait bien causer sa perte. Au 15ème siècle la superficie du lac était de 15 km², aujourd’hui elle est de 4 km² et ne cesse de diminuer.

 

Le lac rose     Le lac rose

 

Les ramasseurs de sel   Les hommes, des Sénégalais mais aussi des Guinéens et des Maliens, le corps enduit de beurre de karité pour éviter de se brûler la peau, debout dans leur pirogue, ou immergé dans l’eau jusqu’à mi-buste (car ici contrairement aux marais salants la cristallisation du sel ne se fait pas en surface, mais au fond du lac, Femmes qui rapportent le sel sur leur tête à la bergeheureusement peu profond) transpercent avec un bâton à pointe de fer la croûte immergée.

   Avec une pelle et un tamis ils en extraient le sel qu’ils déversent dans leur pirogue à fond plat pouvant contenir 1 tonne environ.

   Puis ce sont les femmes, qui à l’aide de bassines en plastique d’une vingtaine de litres posées sur leurs têtes, ramènent depuis la pirogue ce lourd chargement sur la berge, en font des tas numérotés qui sècheront et blanchiront au soleil pendant quelques jours.

   Un véritable travail de forçat pour cette population qui n’est certainement pas rémunérée en prorata à ses efforts.

   Le sel est ensuite mis en sac et vendu par les grossistes. Cette activité qui emploie 170 hommes et 300 femmes, fait vivre environ 2000 personnes, 800 pirogues sont utilisées pour une récolte annuelle de 50 000 tonnes. Ce sel n’est pas consommable, une partie est réservée aux conserveries de poisson, l’autre est vendu aux pays voisins, il semblerait aussi que la France leur en achète pour mettre sur ses routes en hiver.


   Je suis frustrée, Douga fait arrêter Zal à plusieurs reprises, mais toujours assez loin  des ramasseurs de sel « A cause des marchands ambulants qui se tiennent à proximité, et dont vous ne vous dépêtrerez pas » nous dit-il. Quoique déçue, il faut admettre que c’est une charmante attention de sa part que de vouloir nous éviter cet harcèlement fréquent sur ce site. Je confirme cette véracité pour avoir plus tard lu quelques témoignages de touristes importunés.

Les photos seront prises avec des bons zooms et parfois en roulant.


Les pirogues  Admirables femmes   Homme qui ramasse le sel au fond du lac   Tas de sel

 

Une partie du groupe devant le lac   La pirogue, son tamis et son sel  Abri de fortune au bord du lac

 

   Le lac est surtout connu du monde entier avec le rallye Paris-Dakar qui y célébrait ici son arrivée.

   Nous quittons Zal et prenons place dans un véhicule tout terrain « Vous allez vivre les émotions d’un vrai Paris-Dakar » nous dit Douga.

Vue panoramique sur la dune et le lac   Et c’est parti !.... le véhicule rapidement… escalade ces dunes de sable « Accrochez-vous, ça va secouer ! » nous prévient le chauffeur. A l'intérieur du tout-terrain

   Nous avons bien du mal à tenir assis, de plus les grains de sable emportés sous nos chaussures roulent sous nos pieds.  

   Du sommet d’une crête, nous admirons la superbe vue sur le désert, le lac Rose d’un coté,  l’Océan de l’autre. Le conducteur repart, tel un tigre il recule, prend son élan, grimpe une dune d’une bonne dizaine de mètres et stoppe net en haut de celle-ci.

   Waouah !.....  Alors que jusque là, nous ne voyions que du sable, voilà qu’apparaît brutalement, sorti de nulle part, caché derrière la dune, un village…… un village fait de petites constructions de parpaings, bien souvent sans toit, de paillottes recouvertes de chaume, d’un terrain de foot délimité par des pneus, tout ça entièrement bâti dans le sable, mais est-ce bien réel, n’est-ce pas un mirage ? non sans doute, sinon l’hallucination serait collective….

 

Que cache cette dune ??   Village de sable Village de sable


   Nous apprécions admiratifs ce panorama, Sylvie un peu moins,car à la manière des montagnes russes, il va falloir redescendre la dune, qui je l'admets, a une dénivelé trés important, elle n'est pas trop à l'aise !..... Nous ! «  T’as pas le choix, t’es embarquée, faudra que tu suives »  A peine le temps de dire ouf que le conducteur du tout-terrain a dévalé cette forte pente, Sylvie respire, nous aussi !....

   C’est dans ces dunes qu’a été construit le podium d’arrivée des concurrents du rallye, il y est toujours.  

    La balade se terminera plus calmement en roulant sur la plage, les cheveux au vent, pendant quelques kilomètres en bordure de l’Océan.

Un de nos jolis bungalows    Une petite photo souvenir :  voici de bien sympathiques concurrents du Paris-Dakar   seule photo où le guide est avec nous tous, car bien souvent c’était lui qui était réquisitionné, ou bien il manquait l’un de nous.


    Nous allons directement à notre hôtel où nous retrouvons Zal et nos valises : « Le Campement du lac Rose » http://www.campement-lacrose.com/

    Les bungalows individuels et circulaires sont coiffés de chaume, les murs ornés de fresques colorées représentant une girafe, une femme sénégalaise, des djembés, un pêcheur, un masque… : les symboles du Sénégal !

    Le jardin est doté de nombreux bougainvilliers, de palmiers, les allées bordées de petits buis sont dallées, nos valises leur en sont reconnaissantes….  Au sol autour des arbustes, des plantes rampantes qui font office de pelouse, bien taillées.  Des hamacs à l’ombre sous une grande paillotte aérée, vous invitent au repos par ces journées chaudes. 

 

Le restaurant de l'hôtel   Les jardins

Grande paillotte pour le repos  Les jardins  La piscine

  

Décoration et graffitis du restaurant Quelques marches mènent au restaurant bâti sur une dune, ses murs sont recouverts de peintures de djembés, de graffitis, des noms de quelques uns des pilotes des différents rallyes, témoignage d’une époque révolue. A coté une grande piscine.

   Le dernier Paris-Dakar au Sénégal a eu lieu en 2007. A la suite de l’assassinat, par la branche Al-Qaïda, de quatre français en Mauritanie en Décembre 2007, notre gouvernement demandera l’annulation de l’édition 2008. Depuis il se déroule principalement en Amérique du Sud. 

Pour le Sénégal, et plus particulièrement pour la région du lac Rose qui à cette occasion remplissaient les hôtels et campements, cette décision entraînera des pertes considérables, notamment dans l’industrie touristique et hôtelière  ainsi que dans l’artisanat. 

Aujourd’hui la population éprouve un sentiment de frustration et d’usurpation (puisque le rallye porte encore le nom de Dakar…) elle était également fière de cette course, même si malheureusement elle en payait parfois un lourd tribut humain.

Dromadaires pour une balade dans les dunes


   Je loupe mon rendez-vous avec Sylvie, Myriam et leurs maris. Après avoir déposé leurs valises, ils désirent aller au marchand d’artisanat situé à l’entrée de l’hôtel 

  « Je vous y rejoins d’ici quelques minutes » leur dis-je, mais je ne les retrouverais pas, bizarre, bizarre ! Ce n’est pas grave, je me promène dans les jardins, dans les dunes, à la rencontre de ce marchand qui propose des balades à dos de dromadaire, puis m’assoit au bord de la piscine en attendant l’heure du dîner. 

  C’est alors qu’arrive Zal, nous engageons la discussion, je lui donne son pourboire, et lui demande s’il sait où sont passés les autres ?  les rencontrant dans les jardins,  il les avait emmenés au village tout près de là, il me propose alors de m’y emmener à mon tour
       « Ce n’est pas loin, tu viens, je t’emmène ? »  me dit-il, mais à contre-coeur je dois refuser, la fin du voyage étant proche je n’ai presque plus de CFA et c’est bientôt  l’heure du dîner.

  Sur ce coup là je ressens une petite frustration, j’aurais aimé voir ce village artisanal, j’aurais aimé lui faire plaisir, mais lui faire perdre son temps alors je ne désirais rien acheter, ce n’est pas dans ma façon d’agir, d’autant que je savais  pour l’avoir vu à l’œuvre, qu’il était heureux de marchander pour nous.

 Ci-dessous photos de Sylvie : magasin d’artisanat du village et Zal marchandant pour son compte.

 

Le village artisanal   Marchandage

 

  Une partie du groupe avec Zal Puis, énorme surprise, qui vois-je arriver accompagnés de Nicole, Sylvie et Jean-Luc ! : Monique et Jean-Claude !….

   Je suis très heureuse de les retrouver en bonne forme et de voir qu’ils ont réussi à nous rejoindre dès ce soir. Monique racontera que l’assistance leur avait proposé de passer la dernière nuit dans un grand hôtel de Dakar mais qu’ils avaient demandé à nous rejoindre.

   Au déjeuner, avec ZalA une demi-heure près, ils ont loupé la folle balade dans les dunes, mais que ce fut bon de les retrouver ! Même si pour eux ce voyage a un goût d’amertume, je reste persuadée qu’ils conserveront un excellent souvenir du temps passé en notre compagnie, fût-il bref, pas vrai Monique ?

   Contre toute attente, ça sera donc avec un groupe reconstitué que nous nous mettons à table pour ce dernier dîner.

        Ce soir, il nous faut refaire les valises, les tenir prêtes à être canedassées, y mettre les objets interdits en cabine, Zal m'apporte sa tige de palmier, qui va déformer mon sac de toile, tant elle est longue ! .... je le remercie en lui donnant ce que j'ai pu récupérer comme savons ou shampooing durant le voyage.

        Son geste m'a fait plaisir, et réciproquement mon geste lui a fait plaisir.

        Voltaire n'a t-il pas dit : "Le bonheur est souvent la seule chose qu'on puisse donner sans l'avoir et c'est en le donnant qu'on l'acquiert."

       Quant à Douga, il est venu, avant le repas, me demander chocolat et lait en poudre que je lui avais promis quelques jours auparavant, ceux-ci étaient prévus à l'origine pour mon usage personnel, mais dont je n'ai finalement pas eu besoin.


Cette page  en version imprimable

 

              L'île de Gorée