Dimanche 1er Décembre
2019.
A 8 heures, le chauffeur de l’agence passe me prendre à mon
domicile, pour le transfert Nantes-Roissy, aéroport où je fais déjà la
connaissance de mes premiers compagnons, Chantal et Yannick. Le temps de correspondance
de 1h45 est tout juste suffisant pour arpenter les terminaux, emprunter la
navette, passer tout le touin-touin au scanner, les contrôles de police et
enfin arriver en salle d’embarquement pour Hanoï. Celle-ci est tout au fond du
terminal, à peine suis-je arrivée que j’entends m’appeler au haut-parleur,
qu’est-ce qui se passe déjà !!! Je le saurais plus tard, Salaun,
l’organisateur du voyage a omis de remettre à chacun le justificatif prouvant
que le voyage dure moins de 15 jours, car au-delà de cette durée le visa est obligatoire. Ce sont les premiers du
groupe à s’être enregistrés qui ont essuyé les plâtres. Au moment ou nos
futurs amis niçois et nous-mêmes arrivons, les employés n’ont plus qu’à
rechercher d’après une liste de participants pré-établie, d’où l’appel !
Comme me dira Cécile plus tard « On a bien cru qu’on ne partirait
pas ! »
Le vol s’effectue
sur un Airbus A350 de la Compagnie Vietnam-Airlines, celui-ci qui a décollé à
13 heures, sous le brouillard, dure à peine… 11 heures, je me trouve à coté
d’un jeune papa vietnamien et de sa fillette de 6/7 ans, il vit en France depuis quelques
années, on fait un peu connaissance, il me demande ou je vais, paraît offusqué
de savoir que je m’apprête à visiter le Vietnam en seulement 12 jours.
« C’est beaucoup trop court, tant il y a à voir ! » D’accord
jeune homme, mais je ne possède pas la machine à remonter le temps !
L’équipage est vietnamien, la majorité des passagers également, quant aux films
présentés sur l’écran de bord, asiatiques, anglais, peu sont sous-titrés, j’en
ai rapidement fait le tour.
Arrivée à 6h10 à
l’aéroport de Noibai, les formalités de police se font en un temps éclair, celui-ci
n’est pas très grand, ma valise récupérée, ouf !!! j’aperçois un souriant garçon,
une pancarte à la main. Je vous présente Chû, jeune homme de 35 ans,
marié et père de deux enfants, qui sera notre guide pendant ce périple au
Vietnam, il a étudié le français à l’Université et représente le Réceptif Images-Travel.
Le groupe se compose
de 24 personnes, 11 couples : Bernadette et Bruno, Marie-José et Didier,
Caroline et Mounir, Annick et Jean-Claude, Françoise et Gilles, Chantal et
Yannick, Geneviève et Robert, Josette et Jean Gil, Martine et Jean-Pierre,
Annie et Didier, et notre couple phare : des fraîchement mariés venus de
Belgique : Laetitia et Marc. Cécile, une charmante jeune femme voyageant
seule sera mon binôme, et parfois mon ange gardien.
Nous venons d’horizons différents,
beaucoup de bretons, mais aussi du Centre, du Midi, des Alpes. Je situerais
notre moyenne d’âge aux alentours de 60 ans, allant de 34 ans à 75 ans.
Chû nous demande d’être attentifs « Je vais vous donner un adhésif portant un chiffre, que vous collerez sur l’étiquette de valises, numéro à retenir pour chaque couple » C’est ainsi que le chiffre 13 m’est désigné, en espérant qu’il ne me portera pas la poisse !..
Quelques lignes sur ce pays : Peuplé de 97 millions d’habitants, répartis en 54 ethnies, mais très fier d’héberger bientôt 100 millions d’âmes, grâce à une économique forte et un bon taux de croissance en constante augmentation. Le Vietnam est ainsi parvenu à diminuer la pauvreté de façon spectaculaire. Le pays exporte à grande échelle du riz, mais aussi du café, du caoutchouc, du maïs, du soja, de la patate douce et de la banane. Certaines zones du delta du Mékong ont été déforestées….. pour laisser place à d’immenses bassins de crevettes. Le tourisme est la principale source de revenus, avec aujourd’hui près de 16 millions de visiteurs, principalement des Asiatiques (chinois, coréens…)
Le Vietnam vit sous un régime du parti
unique : le communisme. Le culte des ancêtres est fortement ancré et
ritualisé, c’est l’aîné de sexe masculin qui est responsable de l’entretien de
l’autel. Profondément influencés par le mode de pensée confucéen, les membres
d’un village ou d’une communauté s’assurent entre-eux protections et conseils,
les enfants doivent respect et obéissance à leurs parents. Quoique le pays
pratique le bouddhisme à 75 %, et le caodaïsme, mouvement inspiré du
bouddhisme, le christianisme (restes de la
colonisation française) est pratiquée par 7 % de la population, mais on trouve
aussi des taoïstes, des confucianistes, des musulmans, des hindous.
Impensable de faire un reportage sur le Vietnam sans parler de quelques dates clés qui ont malheureusement émaillé notre époque contemporaine : le 20ème siècle. A commencer par l’occupation française qui débuta en 1858, la Cochinchine devient colonie française. Puis ce sont les japonais qui l’occuperont de 1940 à 1945. Ho Chi Minh proclama l’Indépendance en 1945, ce qui provoqua la guerre d’Indochine de 1946 à 1954 et la division du pays à la hauteur du 17ème parallèle, avec comme conséquence une guerre civile de 21 ans. En 1975 Saigon tombe, le pays se réunifie, c’est le début de l’exode des « boat people ».
Lundi 2 Décembre 2019.
(Point N° 1 carte itinéraire) A cette heure très matinale, il fait déjà 21 °, Chû qui a froid nous recommande de garder nos anoraks… Oupps… c’est donc avec celui-ci sur le dos que je m’apprête à découvrir un pan de cette Capitale. Ma première impression ! que de scooters, ça pullule, je dirais même que ça grouille dans tous les sens !... et je devrais m’habituer à cette image de ces gens portant presque tous un masque sur le visage, précaution contre l’ahurissante pollution, oui sans doute ! ce vêtement fait partie de leur garde-robe, on en trouvera sur les marchés, de toutes les couleurs et imprimés de toutes sortes de dessins.
Durant les 30
minutes qui mène à l’hôtel, Chû donne quelques consignes et informations
« Le
chauffeur et moi-même sommes des personnes affiliées à la Société Salaun, personnellement
je le suis depuis six ans. Le chauffeur se prénomme Dat, signifiant la
Réussite, mon prénom Chû, qui se prononce Chou, veut dire « le petit
génie de la joie » Dans le taôisme, il y a un génie qui vit dans le ciel
et qui s’occupe de mon génie terrestre, mon nom de famille TRAN est celui d’une
dynastie, la dynastie la plus courante est celle des N’GUEYN, 50 % de la
population vietnamienne porte ce nom.
Tous les jours, vous aurez droit gratuitement à deux bouteilles d’eau, une dans le bus, l’autre dans votre chambre d’hôtel. En face de celui-ci il y a une banque où vous pourrez changer vos euros au cours moyen de 1 euro = 25000 dongs. Il y a aussi des ATM, distributeurs automatiques. Le Wifi fonctionne très bien. Si vous désirez téléphoner, rappelez-vous qu’en France il est 6 heures plus tôt »
Circulation. Les scooters arrivent de
partout, les casques sont obligatoires mais tous n’ en portent pas. Les ronds
points sont embouteillés entraînant une jolie pagaille, c’est à qui klaxonne le
plus, si bien que je doute de son utilité. En ville, aux feux tricolores, les
passages pour piétons, « en théorie »
devraient nous permettre de passer, mais
le vietnamien qui n’en a cure ne s’arrête pas. A chaque fois il faudra,
protégés par Chû, forcer ensemble le passage obligeant les scooters à s’arrêter
pour nous laisser passer, ce n’est pas une petite sinécure….
Le bus traverse à présent le fleuve Rouge, dont le nom
provient des alluvions de terre qu’il charrie. D’une longueur de plus de 1000
kms il prend sa source en Chine, traverse le Vietnam, avant de se jeter dans la
mer Orientale, formant le delta du fleuve Rouge. Chü est très
pointilleux sur le sujet, la mer que nous occidentaux, appelons la Mer de
Chine, s’appelle au Vietnam Mer Orientale.
Gare à vous si vous lui parlez de la
Mer de Chine ! celle-ci
faisant l’objet de revendication par les nations porte un nom différent selon
le pays qu’elle borde. Ce fleuve qui assure l’irrigation indispensable à la
culture du riz, est aussi connu pour ses violentes crues pendant la mousson,
c’est alors la moitié des terres du delta qui se trouve menaçée par la montée
des eaux.
Nous passons
devant des gens qui mangent dehors sur des tables et des tabourets, si bas,
qu’on dirait faits pour des poupées. Sur
les vitres des boutiques, on
peut voir le mot PHO, ces restaurants vendent des bols de soupes, ce plat très populaire
dans le pays est réalisé avec des nouilles, vermicelle à base de farine de
riz, de la viande de porc, de bœuf auxquelles sont rajoutés des carottes
découpées, des oignons, etc… Cette soupe qui s’avale à toute heure de la
journée se mange avec des baguettes.
Nous arrivons devant l’hôtel où nous irons nous
reposer dans quelques heures, mais, pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du
jour, nous sommes seulement venus récupérer Laetitia et Marc, nos amis belges,
qui, malins, ont préféré arriver la vieille pour se reposer un peu et non pas visiter
après une nuit dans l’avion, comme nous nous apprêtons à le faire.
Pendant ce
temps, Chû, qui fera preuve d’une organisation sans commune, est allé à
la réception avec sa feuille de participants, celle-ci comporte nos noms, date
de naissance et numéro de passeport, il fait ôter les valises du bus, et nous
les retrouverons directement dans nos chambres respectives, d’où les numéros, Chapeau
Chû, j’ai rarement vu organisation si au top !
Le Vietnam est un pays où beaucoup d’habitants améliorent leur ordinaire avec des pourboires, telles que la dame-pipi, le chauffeur du cyclo-pousse, de la jonque, le porteur de valises, le conducteur de la barque, etc…. pour l’instant Chû s’occupe de ceux-ci et bientôt, il nous demandera, une contribution unique pour tous ces petits boulots, libre à chacun de modifier ou refuser sa proposition, nous laissant ainsi disponibles pour la seule chose qui nous importe : découvrir le pays sans être harcelés de toutes parts. J’ai beaucoup apprécié cette façon de faire.
Hanoi en quelques
lignes : La ville fut fondée par l’empereur Ly Thai To en 1010. Au
15ème siècle, les artisans se sont regroupés par activité, donnant
au vieux quartier le visage qu’il a conservé encore aujourd’hui. Elle
devint la capitale de l'Indochine française de 1902 à 1953, puis celle
de la République démocratique du Viêt Nam
de 1954 à 1976, et enfin de la République socialiste du Viêt
Nam.
Ha Noi, signifie « la ville en dedans du fleuve ». Aujourd’hui avec 10 millions d’habitants, sa densité de population atteint des records, et pourtant on continue de s’entasser, rehaussant les immeubles. Dans certains quartiers, des « maisons-tubes » dont la façade n’excède pas 4 mètres de large, s’élèvent sur ….8 étages et plus ! C’est probablement l’une des raisons pour que les restaurants où nous irons déjeuner ne seront accessibles, bien souvent qu’au 2ème, voir 3ème étage.
Malgré les bombardements des Américains, lors du conflit Nord-Sud, dans les années 1960, Hanoï échappa, pour l’essentiel aux destructions, il entra dans le 21ème siècle avec un patrimoine peut-être décrépi ! mais néanmoins conservé.
Il n’est même pas 9 heures que nous sommes déjà arrivés devant le mausolée de Hô Chi Minh, situé à l’Ouest de la Place Ba Dinh, la plus grande place du Vietnam. Cette vaste esplanade est plantée de 168 carrés d’herbe évoquant le damier des rizières du delta. C’est ici même, que le 2 Septembre 1945, Ho Chi Minh proclama la naissance de la République démocratique du Vietnam.
Le mausolée est un imposant
édifice gris construit dans la pierre des montagnes de marbres de Da Nang. Munis
de nos audiophones, même un peu éloignés, nous entendons les explications de Chû.
Depuis 1975, ce mausolée expose le corps embaumé du grand homme, dépouille qu’
il est possible de voir le matin, suivant des consignes très strictes.
On peut
photographier les soldats gardant le mausolée, nous assisterons d’ailleurs à
une relève de la garde, mais il ne faut pas les approcher de trop près, la
limite est matérialisée par une ligne jaune située sur la place, à quelques
mètres du trottoir, sinon un des soldats qui surveille siffle pour vous faire
reculer, et je puis vous assurer qu’il ne chôme pas !
Nguyë Cung (l’oncle Hô) est né en 1890. Après ses études, il quitte le Vietnam en 1911 et s’installe à Paris en 1917. En 1941 après avoir pris le nom d’Hö Chi Minh (celui qui éclaire) il fonde la Ligue pour l’indépendance du Viét Nam, dans le but de combattre à la fois les Japonais et les Français qui ont la mainmise sur l’Indochine. L’Indépendance est signée en mai 1954 mais le pays se retrouve divisé entre le Nord qu’il dirige et le sud soutenu par les Américains. Il ne verra pas la fin du conflit 21 ans plus tard en 1975, puisqu’il décède en 1969. Saigon, capitale du Sud est rebaptisée Hö Chin Minh-Ville en 1975 en son honneur.
Autour du
mausolée, de nombreux arbres et fleurs ont été plantés, en faisant un grand
espace vert bien agréable, ceux-ci sont des cadeaux offerts par différentes
régions, en remerciement à ce père de la Nation qui a offert l’Indépendance à
son peuple. On dénote la présence de nombreux bambous, l’arbre symbolique du
pays.
Autour de la
place s’élèvent les façades des organes politiques et diplomatiques du pays,
tel que cet édifice surmonté du drapeau rouge avec son étoile jaune :
l’Assemblée Nationale, où siègent près de 500 élus qui travaillent aux intérêts
du peuple, aujourd’hui c’est une femme qui en est la présidente. Ce building
de style moderne est considéré comme une œuvre typique de la nouvelle
période de développement du pays. Le bâtiment jaune est le ministère des Affaires étrangères, à
coté voici des ambassades, un peu plus loin on aperçoit le monument aux martyrs
héroïques, inauguré en mai 1994.
Au Nord, se trouve le palais présidentiel, où vit et travaille le président, il est toutefois interdit de se stationner devant, Dat ne va donc faire que passer !
Petite anecdote : Jacques Chirac est venu en
1997 lors de la conférence des pays francophones, à cette occasion la France à
financé et inauguré le musée ethnographique, très beau musée qui montre
l’habitat traditionnel et les us et
coutumes de ces 54 ethnies.
A quelques mètres au sud du mausolée, je m’apprête à
découvrir la Pagode au Pilier Unique
(Chua Mot Cot) Grand emblème de la ville, ce temple doit son origine à un rêve
que l’empereur Ly Thaï To, désespéré de ne pas avoir de descendant mâle, aurait
fait une nuit, il aurait vu Quan Am, la déesse de la fertilité, assise sur un
lotus lui tendant un garçon.
Peu après, Ly Thaï To, prenait une paysanne comme
nouvelle épouse, celle-ci lui donna un fils. Pour exprimer sa gratitude, il fit
construire en 1049 ce petit temple dont la forme évoque la fleur sur laquelle
était apparue la déesse de la compassion, il représente la pureté, à l’image
d’un lotus en fleur dans une mare boueuse.
Ce pavillon en bois à la toiture élégamment relevée est posé sur un unique pilotis au milieu du bassin. Celui-ci était à l’origine en bois, mais les français, lors de l’évacuation de Hanoï en 1954 l’ont détruit. Aujourd’hui ce pilier est en pierre et mesure 1,25m de diamètre. Le petit sanctuaire est resté un modèle unique.
Arrive fatalement
le moment d’aller aux toilettes. Ce ne sera pas un problème au Vietnam, on en
trouvera à peu près partout, avec ou sans papier, avec chasse d’eau ou
réservoir à coté, siège à l’occidental ou à la turque sur un socle surélevé. Mais attention
à ne pas jeter le papier utilisé dans la cuvette sous risque de la boucher,
des poubelles, bien souvent pleines, sont mises à disposition. Chû
avec la pointe d’humour qui le caractérisera nous fait adopter ces indispensables
arrêts à sa façon, en nous disant « On va aller chanter » quatre mots qui vont
certainement résonner différemment un bon moment, dans ma tête !
En quittant cette pagode, Chû attire notre attention sur un panneau où différents dessins représentent « La cause et ses conséquences » De quoi méditer ! intéressant d’autant que c’est sous-titré en anglais. !
Tout près de la, il nous emmène voir le temple
bouddhiste Chua Dien Huu, petit temple dont l’intérieur
répand une certaine atmosphère, on y croise quelques croyants qui, insensibles
à notre présence, prient, celui-ci est très riche, décoré, coloré, un serpent
rôde au-dessus de ma tête, sur des assiettes, des offrandes de fruits.
Dat nous dépose à
présent devant l’entrée du
Temple de la Littérature (Van Mieu) d’une superficie de
54 000 m², quel joli nom ! Ce temple est dédié à Confucius, un philosophe
né en l’an 551 avant notre ère en Chine. Son enseignement eut un tel impact sur
la Chine et les pays d’Extrême-Orient qu’il fut nommé « Dieu
Suprême » Confucius a été honoré comme « l’Enseignant de dix mille
générations »
Construit en 1070 pendant le règne de Ly Than Tong, le
temple fit fonction de 1076 à 1779 d’enseignement supérieur, créant ainsi la
première Université. C’est là que les fils de sang royal, et de mandarins passaient
les concours impériaux leur permettant d’accéder aux plus hautes fonctions de
l’Etat et aussi de s’enrichir. A partir de 1165, les lauréats reçurent le
titre de « grand lettré ».
Plus tard le
roi Ly donnera aux enfants de paysans, si ceux-ci étaient assez intelligents,
l’occasion de participer à ces concours organisés à l’époque tous les trois
ans. Il n’y pas de mandarines, car interdits aux femmes. L'allée principale
(Hoàng Dao) avec des portes étaient réservée aux seigneurs, tandis que les
petites allées de côté (Ling Dao) servaient aux domestiques, serviteurs et
soldats.
ì Passée la magistrale
porte d’entrée qui porte la phrase « Debout
pied-à-terre ! » inscription qui s'adresse à tous sans
distinction de rang ou de naissance, j’ai comme une impression de déjà vu, pas
étonnant ! ce temple dédié à Confucius, a été calqué sur le temple de sa
ville chinoise natale. Le complexe s’inspirant de celui du philosophe suit la
disposition traditionnelle des temples chinois : une succession de cinq cours,
ponctuées de portes alignées sur un axe Nord-Sud, le tout agrémenté de bassins
et de jardins.
Du temps de l'Indochine française, il était appelé par les coloniaux « La pagode des Corbeaux »
Cette porte franchie, je me trouve dans
une cour joliment fleurie et bordée d’arbres donnant au jardin un aspect
spacieux et frais. ì C’est
la cour Nhap Dao
(Entrée dans la voie) construite récemment (19ème siècle) sous la
dynastie N’Guyen. La première leçon que devaient apprendre les étudiants était
de se comporter avec respect, l’acquisition de la connaissance viendrait plus
tard.
ì Puis voici la Porte
du Juste Milieu, et un peu plus loin ì le
Pavillon de la Constellation de la Littérature
(Khue Van Cac) qui symbolise l’élévation vers le ciel et se mire dans le bassin
du lac de la Clarté céleste qui, lui symbolise la terre. A l’étage supérieur de
ce pavillon datant de 1805, quatre soleils rayonnants font face aux points
cardinaux.
Au milieu de la troisième cour,
j’admire un grand bassin rectangulaire appelé le ì Puits
de la clarté céleste. De part et d’autre
de celui-ci, abritées par une petite toiture en tuiles, se trouvent 82 stèles
de pierre où sont inscrits, les noms, les dates des résultats d’examen de 1307
diplômés de l’académie confucéenne sous les dynasties Lé et Mac, entre 1442 et
1779. Ces candidats ont ainsi reçu le titre le plus élevé (tien si) équivalent
à celui de docteur.
Chaque stèle est juchée sur la carapace d’une tortue,
symbole de longévité et d’éternité, de l’union de la terre et du ciel. (le
ventre carré figure la terre, tandis que la carapace évoque la voute céleste,
le Yin et le Yang). Ces stèles ont été inscrites à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, le
9 mars 2010.
ì La porte
Dai Thann (porte de la grande synthèse) s’ouvre sur la quatrième cour.
Les pavillons comportent des statues et des autels en témoignage de gratitude
aux soixante-douze disciples de Confucius. Ces statues, qui avaient été reléguées
à la Révolution, ont été replacées ici à la fin des années 1990.
Puis voici ì Le grand pavillon de cérémonie (Bai Duong) bâtiment trapu avec une toiture aux pans incurvés, qui abrite l’autel de Confucius. C’et ici que le souverain offrait des sacrifices devant ses mandarins au son des trompettes et des gongs, devant une tablette votive du philosophe. L’autel avec sa profusion de couleurs rouge et or en jette ! J’aperçois des sculptures de tortues, des bronzes représentant des phénix (oiseaux) des dragons, une licorne, des fruits et des lotus. De ci, de là, des poteries de porcelaine contiennent des bonzaïs.
Deux grues qui flanquent l’autel de part et d’autre symbolisent le transport de l’âme au ciel, si elles sont si lustrées, c’est à cause des visiteurs qui ne manquent pas de les caresser, geste censé leur porter chance.
Juste derrière le
pavillon de cérémonie, voici ì Le temple de Confucius, l’endroit le plus sacré, dont l’entrée était
même interdite au souverain. Une statue du philosophe encadré de quatre de ses
disciples revêtus de robes somptueuses, occupe le milieu de la salle dans une
semi-obscurité. Encore aujourd’hui, en remerciement de leurs succès, les
étudiants allument les encens et prient devant ces statues.
Je finis cette visite après avoir traversé la
cinquième cour, en pénétrant dans un des deux bâtiments construits en 1999 dans
le style traditionnel pour évoquer le camp des Lettrés où séjournaient les
candidats durant la période des examens (le Collège National) A gauche se
trouve un clocher, à droite une tour renfermant un tambour. Au milieu de cette
cour, j’aperçois une exposition de grandes feuilles de calligraphies, que c'est
poétique ! !
Dat nous amène désormais à proximité du vieux quartier, ce faisant il repasse devant le Mausolée d’Ho Chin Minh, le palais présidentiel, où il ne doit toujours pas s’arrêter. C’est alors que Chû nous diligente vers les cyclo-pousses, grâce à son intervention de s’arranger pour les pourboires, nous ne sommes et ne serons jamais harcelés, comme je l’ai hélas déjà vécu, parfois happée brutalement par le bras.
Auparavant, il
attire notre attention sur une superbe
fresque, dommage ! nous ne suivons celle-ci que de
cours instants. Réalisée en tesselles (petits éléments cubiques de céramique) provenant
du village de Bàt Tràng, connu depuis des temps anciens comme important centre
de production de céramique, elle a été inaugurée en 2010 pour célébrer les 1000
ans de la fondation de Hanoï. Construite en seulement trois ans, sur le muret adossé à l’ancienne digue
construite initialement par les Français durant l’époque coloniale, digue qui
servait de protection face aux crues régulières du fleuve Rouge durant la
saison des pluies.
Ce kaléidoscope raconte sans interruption sur 6,5 kms et 95
cms de haut l’histoire de Hanoï depuis sa fondation par Ly Thai To, parle des
cultures vietnamiennes, présente des paysages connus, notamment la baie
d’Halong, montre des dessins d’enfants sur la thématique « Hanoï, ville de
la paix »
Nous voici arrivés dans Le vieux quartier et prenons possession de nos
cyclo-pousse pour une balade dans ce labyrinthe, où vivent les uns sur les
autres 3,5 millions d’habitants, celle-ci devrait durer une cinquantaine de
minutes. C’est ici que le cœur d’Hanoï bouillonne, royaume des commerces de
poche improvisés autour d’un brasero ou d’une bassine d’huile fumante, mais
aussi des boutiques de contrefaçon, de restaurants. Sincèrement, vous dire par
quelles rues je suis passée, je ne le saurais !!
Au 15ème siècle, chaque quartier rassemblait
les artisans exerçant un même métier. Certaines de ces rues portent encore le
nom des marchandises qui y sont fabriquées : la rue de sucre, de la soie,
du fer, du coton. Hélas aujourd’hui beaucoup de maisons manquent des équipements
les plus élémentaires. Les commerces empiètent ou sont installés à même sur le
trottoir, quand ce ne sont pas les scooters qui y sont stationnés par centaines.
Ma première vision est pour cet enchevêtras de câbles
électriques, puis j’aperçois ces femmes, le traditionnel chapeau conique sur la
tête, ces vendeuses de fruits, de légumes ou de fleurs, avec bien souvent
comme seule production, le contenu de leurs paniers suspendus aux extrémités
d’une perche portée en balancier sur l’épaule, ou le vélo tant chargé que je
me demande comment elles arrivent à le guider !
Et pourtant, si l’on n’y prend
pas garde, cette ribambelle de petits métiers pourrait, à plus ou moins longue
échéance, disparaître, au profit de boutiques plus modernes et d’hôtels, c’est pour
cela que le Ministère de la Culture qui a décidé de la conservation et la
restauration du Vieux Quartier, l’a classé au titre du Patrimoine Historique
National en Avril 2004.
Je ne suis pas très rassurée ! les rues que le conducteur
emprunte ne sont pas piétonnes, la circulation y est incessante et chaotique,
il doit bien souvent se faufiler entre un scooter, une voiture, faire gaffe au
marchand ambulant, et cadeau : on en prend plein les poumons !...
lorsque c’est un couple qui est transporté, le conducteur descend de son vélo
et pousse celui-ci, dès lors que la route devient un peu plus dangereuse,
comme par exemple lorsqu’il faut la traverser, aille ! aille, aille, c’est
dans ces moments que je vois arriver sur moi de tout cotés les scooters !
Ici c’est un étal de viande à même la rue, viande en constante proximité avec la pollution des motos et l’abondance des déchets, on est très loin des règles d’hygiènes en vigueur chez nous !.. Chû nous affirmera, plus tard, que ces gens s’approvisionnent deux fois par jour dans des endroits frais, c’est à espérer …
On n’est qu’à trois semaines de Noël, la rue où je passe maintenant présente à foison des habits du petit homme rouge, les décorations rutilent.
Là ce sont des copines
qui jouent aux cartes, j’aurais bien aimé me joindre à elles, mais pas de
chance, elles sont déjà quatre !... Y a pas !....les rues de ce vieux quartier confèrent une
ambiance inimitable à la ville. J’ai pris beaucoup de plaisir à effectuer cette
balade, même si étant lanterne rouge, j’ai alors mis ma vie entre les mains de
cet homme.
Arrive l’heure du déjeuner, celui-ci se prend au restaurant Pink Lotus, situé tout au nord des vieux quartiers. Les tables sont dressées pour quatre convives, je fais alors plus ample connaissance avec Marc et Laetitia, le couple de jeunes mariés belges et Cécile, mon futur binôme. Aille ! dans l’incapacité de manger avec les baguettes, j’ose…. demander un couteau ! que voulez-vous, je n’allais pas rester devant mon assiette pleine !...
Chû pense, et à juste raison, qu’après ce vol de plus de 10 heures, sans oublier que les uns et les autres venant de Région, on a encore quelques heures de plus dans les jambes, il va nous envoyer sitôt le repas, dans nos chambres, profiter d’un temps de pause avant le dîner de ce soir. Il exploite ce trajet nous emmenant à l’hôtel pour nous parler de la légende du lac de l’Epée restituée, ce lac, HÒ Hoàn Kièm était le lieu favori des Hanoïens et de la cour Impériale, qui y effectuaient des promenades agréables.
La légende du lac de l’Epée
restituée.
Le Vietnam était depuis 300 ans un royaume paisible, mais en 1407 ce petit pays
fût envahi par les Mings, une puissante dynastie chinoise, et le peuple
vietnamien souffrit alors des impôts et de la famine. C’est alors qu’un
pêcheur, nommé Le Thanh, tira des eaux, dans ses filets, par trois reprises une
barre de fer qui se révélera être une épée.
Le pêcheur troublé, décida de
rejoindre les troupes du roi Lê Loi pour combattre à ses cotés, en laissant
l’épée chez lui. Le roi de passage chez ce pêcheur remarqua cette épée qui
brillait et décida de la prendre. Une inscription était gravée dessus « Par
la volonté du ciel » Il est dit que c’est grâce à elle que le roi
repoussa l’envahisseur chinois en 1428. Devenu roi Lê Thài Tó, est considéré au
Vietnam comme un héros national.
La paix revenue, alors que le roi se promenait sur
le lac, une tortue apparût et lui demanda de redonner l’épée sacrée à
l’Empereur du Royaume des eaux, ce qu’il accepta. Cet acte signifie que le
peuple vietnamien préfère la paix et ne prendre les armes qu’en cas de grande
nécessité, ce qui sera le cas quelques siècles plus tard durant la guerre
d’Indochine contre l’occupant français, puis lors de la terrible guerre du
Vietnam, contre l’assaillant américain.
Un brin malicieux, Chû nous demande pourquoi l’épée a été restituée dans un lac et non dans la mer ? « Ben, voyons, c’est pour plus facilement la retrouver et se défendre, si par malheur les Chinois nous attaquaient de nouveau ! »
Puis c’est l’installation pour une nuit à l’hôtel Santa Barbara 23, Quan Thanh, Ba Dinh.
Selon l’organisation sans faille de Chû, nous avons retrouvé nos valises dans
nos chambres respectives, il nous accorde 15 minutes pour réagir au moindre
problème, après « je vais rentrer dans mon château » nous
dit-il, car il ne loge pas dans le même hôtel que nous.
Je dispose d’ un peu
plus de trois heures devant moi, et commence par passer à la Banque située en
face, car celle-ci ferme à 16h30, changer mes euros en dongs. Ca se complique
déjà pour retraverser vers l’hôtel, car effectivement, quoique j’ai le feu
vert, ils ne s’arrêtent pas au passage pour piétons, je vis déjà mon petit
moment de frayeur, voyant tous ces scooters foncer sur moi, mais ouf, je suis arrivée entière de l'autre coté !!!
Environ 40 minutes avant le rendez-vous de ce soir, je prends la grande décision d’aller me promener seule, sans toutefois changer de trottoir. Mais vite je déchante…. les accotements sont occupés à tout touche par les scooters ou les commerces, parfois même recouverts de déchets glissants, par moment je dois empiéter sur le bord de la chaussée, au risque de me faire percuter, les bordures des trottoirs sont cassées, et pour gagner de précieuses minutes, les scooters n’hésitent pas à utiliser ces bordures usées et à rouler à bonne allure sur ces trottoirs. Je ne me sens en sécurité nulle part, ce qui fait qu’au bout d’un peu plus de 10 minutes, je rebrousse chemin et vais ainsi rester à contempler cette anarchie routière pendant quelques minutes, assise sur les marches de l’hôtel.
18h30, c’est l’heure du rendez-vous fixé par Chû. Munis de nos audiophones, nous le suivons à travers une courte promenade dans la ville illuminée.
Arrêt devant le monument du roi Ly Thai To, situé dans un jardin à
proximité du fabuleux lac de l’Epée restituée. Cette statue de bronze fût coulée
sans soudure en 2004, en hommage à ce roi né en 974 qui chassa les chinois alors envahisseurs du Vietnam, à force de
batailles, ainsi qu’en commémoration
au 50ème anniversaire de la libération de Hanoï, du règne des
colonialistes français. Cette
statue pèse 14 tonnes, son socle 20 tonnes, elle mesure 10,10m de haut (6,80m +
3,3 m de socle) sa hauteur calculée en centimètres correspondant au chiffre
1010, année de la construction de la citadelle de Than Long (ancien nom de Hanoï
signifiant envol du dragon) Elle porte les dates de sa naissance et de sa mort.
Lý Thái Tổ est le fondateur légendaire de la Dynastie Lý qui fut une grande dynastie vietnamienne, cet homme bon, vénéré encore aujourd’hui par les écoliers décréta l’amnistie générale, fit brûler les instruments de torture. Ce fut seulement avec l'avènement des Lý, en 1009 que la monarchie instaura un pouvoir vraiment stable.
De
ce monument à rejoindre les rives du lac Hoan Kiem, il n’y a qu’un pas, son
pourtour est bordé d’arbres centenaires où tous les matins, les Hanoïens font
leur gymnastique, pratiquent le taï-chi où se promènent tout simplement.
La balade
est agréable, il fait bon, et tout est si illuminé, j’aperçois ainsi le Caù
Thé Hùc brillant de mille feux, joli petit pont bouddhiste peint de couleur
rouge, son nom signifie « Au-devant des lueurs matinales » Construit
en bois fin en l’honneur du héros national Trân Hung Dao et des grands maîtres
de la littérature. Celui-ci mène au temple Ngoc Son bâti au milieu du lac, mais
aujourd’hui la végétation en gène la vision.
Dat
à présent nous dirige vers le restaurant Minh Anh, To Hién Thành St, nous
y dégustons des spécialités vietnamiennes, news, rouleaux de printemps, l’inévitable
Pho et finissons par un ananas flambé.
Puis c’est le retour à l’hôtel, pour une nuit, qui je l’espère, sera réparatrice. Demain, la journée promet d’être superbe avec une incursion en baie d’Halong. Auparavant nous irons découvrir un marché local et un centre artisanal tenu par des employés un peu spéciaux.
Bonne nuit, à demain !